Un fonds pour investir et repenser notre tourisme

Transcription

Un fonds pour investir et repenser notre tourisme
10/10/2014
Valais
Un fonds pour investir et repenser notre tourisme - Valais - Actualités - Le Nouvelliste Online - Quotidien Valaisan
Valais
23.05.2012, 00:01 - Valais
Actualisé le 23.05.12, 06:33
Un fonds pour investir et repenser notre tourisme
L'APRES-WEBER
L'AVENIR DU TOURISME - "Avec la Lex Weber, inapplicable dans les faits,
estime Philippe Lathion, il sera toutefois très difficile d'atteindre un modèle
économique idéal qui correspond à nos qualités, à nos produits, à nos
compétences." ANDREE-NOELLE POT
Les résidences secondaires plus que jamais d'actualité en Valais, mais en complément de nouveaux hôtels et résidences de tourisme. Un
modèle ambitieux qu'entendent financer les créateurs du Mountain Resort Real Estate, fonds d'investissement suisse richement doté, imaginé
par Philippe Lathion, président de Télénendaz. Interview.
Un fonds d'investissement pour relancer le tourisme va- laisan, une idée séduisante que vous êtes en situation de concrétiser?
PHILIPPE LATHION : Deux ans que j'y travaille. La Lex Weber ne nous a rien appris, contrairement à ce que prétendent certains esprits bienpensants. Cela fait plus de dix ans que j'analyse la santé et l'attractivité des grandes destinations touristiques du continent. La surreprésentation
des résidences secondaires dans le modèle économique valaisan est une évidence depuis longtemps, même si ce modèle a aussi ses vertus. Encore
eût-il fallu poser les bonnes analyses politiques pour rendre notre tourisme moins dépendant des R2!
Votre constat, c'est que nous sommes coincés entre deux modèles incompatibles avec les systèmes cantonal et fé- déral...
Je rentre d'un voyage de travail en Autriche avec des exemples à peine croyables. Le frère du champion du monde de ski Léonard Stock y développe
ainsi un hôtel de luxe avec 4000 mètres carrés de spa, des extensions familles et même wellness familles. Coûts de construction: 700 euros le m 3 ,
spa inclus. L'équivalent chez nous dans la même catégorie: 2000 euros, mais sans la première des pierres du spa! Lui, on lui demande 15% de
fonds propres avec un prêt sur vingt-cinq ans à 0,5%. Ici, pour nos banques, c'est du 40% de fonds propres et sur quinze ans. En résumé, en
Autriche, vous pouvez vivre en famille de l'hôtellerie, en y associant même deux générations. En Valais, oubliez!
Et le crédit hôtelier de la Con- fédération?
100 millions pour l'ensemble du pays: nettement insuffisant, qui plus est avec des conditions d'attribution rigides et inadaptées.
L'autre modèle, moins qualitatif et plus quantitatif, c'est la résidence de tourisme, très en vogue en France voisine...
Un seul propriétaire, le tout en location, avec en prime un marketing très poussé. C'est l'autre modèle, moins intéressant vu la qualité de nos
produits, mais également profitable. Grâce à la Loi Demessin, avec remboursement de TVA et déductions possibles de l'investissement sur cinq ans,
c'est au final le fisc français qui encourage le tourisme hexagonal en stations, avec des rendements nets de l'ordre de 4 à 5% pour des projets de
type Villages "Pierre et Vacances" ou autres, très présents à Val d'Isère, Avoriaz etc. Le résultat? Des d'immeubles pleins d'un bout à l'autre d'une
saison qui assurent ainsi le nombre d'abonnements de remontées mé-caniques indispensable à la survie de ces stations. Chez nous, nous n'avons
ni les conditions autrichiennes pour le haut de gamme, ni les conditions françaises pour le tourisme de masse.
Le modèle suisse, et plus particulièrement valaisan, reste donc à inventer...
C'est forcément un panachage de ces deux modèles, auquel doit s'ajouter celui qui fait notre spécificité, à savoir les résidences secondaires. Car
avec le modèle autrichien de luxe, on peut toujours rencontrer des problèmes de rentabilité au gré de la conjoncture. Et avec le système français,
même s'il est valorisé par les catalogues des grands opérateurs, et même s'il est généralement bon marché, des problèmes de fidélisation à long
terme se posent, ce qui est grave vu la pléthore de l'offre mondiale. Le volet résidences secondaires reste donc vital pour garantir chez nous une
base régulière des nuitées et des ventes d'abonnements de remontées mécaniques. D'ailleurs, en Savoie, ils ont dû créer une commission régionale pour traiter du problème de manque de résidences secondaires, les seules à amener précisément cette fidélisation des vacanciers dans la
durée.
Si on vous comprend bien, on doit construire aujour-d'hui de nouveaux hôtels, des résidences de tourisme, et de nouvelles résiden- ces
secondaires. Et le fonds d'investissement que vous défendez serait le moteur de cette politique touristique new look?
http://www.lenouvelliste.ch/fr/valais/valais/un-fonds-pour-investir-et-repenser-notre-tourisme-498-459011
1/2
10/10/2014
Un fonds pour investir et repenser notre tourisme - Valais - Actualités - Le Nouvelliste Online - Quotidien Valaisan
Les infrastructures du tourisme hivernal sont là. Nos stations ont globalement les moyens de les entretenir, mais elles doivent à présent trouver des
solutions afin d'améliorer tout ce qui va autour: l'événementiel, la qualité, la diversité des activités. Pour se muer en acteurs performants d'un
tourisme désormais totalement internationalisé. Le problème avec les milieux de type Weber ou écologistes, ce ne sont pas les résidences
secondaires, mais une réalité politique, presque philosophique: sur le fond, ils ne veulent plus d'une économie touristique qui permette aux familles
de montagne de vivre de l'hôtellerie, du ski et des vacances.
Vous êtes en train de nous expliquer qu'en Suisse, ni les autorités fédérales, ni les gouvernements cantonaux, ni les milieux économiques, ni
la mouvance Weber n'ont compris qu'il s'agissait d'a-bord d'un modèle économique à promouvoir, et pas simplement de slogans réduc- teurs à
balancer au bon peuple ou à contrer...
Je l'ai dit aux conseillers fédéraux Schneider-Ammann et Leuthard. Les milieux politiques et économiques n'ont pas fait le travail dans le dossier
Weber. Bien sûr qu'il y a trop de résidences secondaires çà ou là! Mais l'important n'est pas là. Si les cantons alpins veulent demeurer des acteurs
profitables pour notre économie touristique, nous devons profiler nos destinations avec un bon équilibre entre hôtellerie, résidences de tourisme et
résidences secondaires. Avec la Lex Weber, inapplicable dans les faits, il sera toutefois très difficile d'atteindre ce modèle idéal qui correspond à nos
qualités, à nos produits, à nos compétences. En conséquen-ce, nos domaines skiables vont péricliter et sortir peu à peu des circuits de réservations.
Au mieux, ils seront condamnés à jouer le bas de gamme, et personne n'y gagnera. On sera dans la survie, plus dans la compétitivité!
Ces nouveaux hôtels, ces villages de vacances qui nous manquent, votre fonds im- mobilier en cours de constitution, Moutain Resort Real
Estate, se propose de les fi- nancer si vous obtenez l'ac- cord de la FINMA, l'autorité fédérale de surveillance des marchés financiers...
En acquérant un terrain, éventuellement en droit de superficie, notamment des communes ou des sociétés de remontées mécaniques, directement
concernées par un concept de développement durable, on sort du domaine spéculatif et on contourne tous les problèmes. En effet, on contrôle alors
à la baisse les coûts de construction en se rapprochant des conditions "à l'autrichien-ne". En retour, on garantit aussi aux stations des
abonnements en masse aux remontées. On offre enfin aux in- stitutionnels qui financent (caisses de pension etc.) des revenus durables sur du long
terme. Ce type de propriétaire, contrairement aux particuliers, ne sera pas étranglé par les obligations de remboursement. Et puis, en n'étant pas
une PPE, en étant destiné qu'à la seule location, et en étant, c'est très important, un fonds suisse, on évite également l'écueil de la Lex Koller.
L'objectif de votre fonds? 50, 100 millions? Qui vous soutient?
Une première tranche de 50 millions est suffisante pour sélectionner les projets, lancer les premières réalisations. Et l'intérêt pour le développement
futur du fonds est aujourd'hui tel que tous les espoirs sont permis. Nous sommes axés sur des investisseurs institutionnels au-dessus de tout
soupçon. A la direction du projet, GEFI Suisse et Solufonds sont des pointures incontestables dans le domaine, la BCVd est dépositaire, la BCVs
distributrice, PWC réviseur. Que du haut niveau!
Le danger, c'est le lobby des grandes banques qui pourrait voir d'un mauvais oeil la concurrence d'un tel fonds et faire pression sur la FINMA?
C'est vous qui le dites. C'est possible, mais je veux croire à la sagesse de la FINMA. J'espère obtenir une autorisation définitive dans les prochains
mois. Il y va de l'avenir économique des régions périphériques suisses, car le fonds ne sera pas limité au Valais. Notre règle d'or, l'investissement lié
à un vrai rendement, constitue une garantie claire du sérieux de notre démarche. Si on ne crée pas un nouveau modèle économique pour le
tourisme alpin suisse, si on ne va pas chercher d'autres centaines de milliers de nuitées malgré la concurrence internationale, nous nous
condamnerons nous-mêmes à jouer en deuxième division, hiver comme été. Il ne s'agit plus aujourd'hui de s'écharper entre pro et anti-Weber: il
faut sauver le tourisme suisse avec un modèle économique repensé, intelligent, adapté à nos outils présents et futurs, et surtout, conforme aux
compétences maintes fois prouvées de nos professionnels de la branche.
Le Valais touristique va se réformer en profondeur sans créer une nouvelle loi sur le tourisme.
Valais Promotion
La société de promotion du Valais devrait voir le jour au début 2013. La deuxième lecture de la loi fixant sa création se déroulera lors de la session
de juin du Grand Conseil. Le principe ne devrait pas poser de problème, puisque, lors de la première lecture en novembre dernier, l'organisme
commun aux secteurs du tourisme, de l'agriculture, du commerce et de l'in dustrie, appelé Valais/Wallis Pro- motion, avait été accepté par 105 oui et
7 non.
L'actuel Valais Tourisme va se transformer en une Chambre de tourisme, un point qui sera présenté jeudi lors de l'assemblée générale de cette
entité.
Le financement
La loi sur le tourisme proposée au peuple avait été refusée, en grande partie, en raison des questions financières. L'étude d'un nouveau modèle de
financement a été confiée à un groupe présidé par Luc Fellay, le président de Champéry. "Notre rapport doit être prêt à la fin août. Le projet
pourrait ainsi être présenté durant l'automne au Grand Conseil" , déclare le président. L'entrée en vigueur pourrait alors intervenir en 2014.
Une "boîte à outils" fiscale sera proposée. On y trouvera la taxe de séjour, la taxe sur les résidences secondaires, la taxe sur les transactions
immobilières, la taxe de promotion touristique et la taxe d'hébergement. Chaque commune sera libre d'utiliser le ou les outils qui lui conviennent.
L'argent ainsi récolté restera dans les communes, alors que Valais Promotion sera financé par l'Etat.
Une société spécialisée zurichoise a été mandatée pour évaluer les conséquences chiffrées de cette stratégie pour plusieurs communes, dont les
romandes Sion, Nendaz, Bagnes et Cham-péry.
Par Entretien JEAN-FRANÇOIS FOURNIERJEAN-YVES GABBUD
http://www.lenouvelliste.ch/fr/valais/valais/un-fonds-pour-investir-et-repenser-notre-tourisme-498-459011
2/2

Documents pareils

Analyse du marché immobilier valaisan et de son évolution

Analyse du marché immobilier valaisan et de son évolution les prix de l’offre (annonces). Par contre, les prix de transactions pour le logement en propriété ont encore légèrement progressé ces derniers mois, à faible niveau. Ceci est le signe d’un marché ...

Plus en détail