Réussir un changement de métier

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Réussir un changement de métier
Emploi
LUNDI 7 NOVEMBRE 2005 | L’AGEFI SERVICES | WWW.AGEFI.COM
2%
Telle est
l’augmentation
du niveau
des salaires
annoncée
par l’UBS et
le Credit Suisse
pour 2006.
Ï
LES
Î JEUNES DIPLÔMÉS
brèves
Le CSFB s’apprête à recruter
massivement en Europe
>EMPLOI
Encore à la traîne
Le Credit Suisse First Boston va engager 200 juniors en Europe, dont une dizaine de suisses.
Interview de Stephanie Ahrens, european head of graduate recruitment, à Londres.
Î Comment évolue le marché
du travail dans l’investment
banking?
Stephanie Ahrens: La guerre des
talents est virulente cette année.
Chacun se bat pour obtenir
les meilleurs. Le Credit Suisse
First Boston recrutera massivement des jeunes collaborateurs talentueux en Europe où
il compte intensifier sa présence.
Pour les jeunes diplômés,
c’est un moment en or aussi
parce que l’investment banking
connaîtra une forte expansion
au cours des 3 à 5 prochaines
années en Europe.
ÎCombien de jeunes diplômés
Ð
7
allez-vous recruter?
Nous recruterons environ 200
jeunes collaborateurs, dont une
dizaine de Suisses qui travailleront en Suisse ou à Londres.
Ils nous rejoindront à travers
un programme de «trainee» ou
comme analyste. Nous apprécions particulièrement les candidats à l’esprit ouvert, flexible
et fortement analytique, qui ont
confiance en eux-mêmes et
aiment s’intégrer dans une
équipe. Mais nous recherchons
surtout les personnalités dotées
d’un parcours international,
de fortes compétences en communication, et qui aiment la
conduite des projets.
Î Comment formez-vous vos
nouvelles recrues?
Le programme «trainee» débute
par huit semaines de formation
à Londres pour se familiariser
avec l’approche financière et les
besoins d’une banque d’investissement. Le jeune collaborateur rejoint ensuite le bureau où
il a été recruté et où il est alloué
à un groupe, à un pays et à secteur comme le private equity,
le trading ou la recherche pendant 6 ou 8 mois. Par la suite,
il suit encore une formation
pour développer ses aptitudes
au travail en équipe, au leadership avant de retourner sur le
terrain. Au bout de trois ans,
il devient associé.
ÎQuelle formation recherchez-
vous?
Le diplôme, ce n’est pas le plus
important: une formation en
finance, en économie ou en
histoire de l’art… L’essentiel,
c’est la personnalité. On ne peut
pas la changer. En revanche,
nous pouvons développer les
compétences analytiques de nos
collaborateurs. Les candidats
doivent cependant faire preuve
de sens critique, de capacités
supérieures à la moyenne en
mathématiques et s’intéresser
aussi aux marchés financiers.
Î Comment se déroule votre
processus de sélection?
Après lecture des dossiers, un
business manager sélectionne
les jeunes diplômés qu’il souhaite rencontrer.
Les entretiens ont alors lieu en
deux rounds. La première manche, en Suisse durant une journée, consiste en trois interviews
et un test à choix multiples pour
vérifier les capacités mathématiques du candidat. En cas de
réussite, une journée d’Assessment Center à Londres où il
faut analyser une étude de cas
et interagir en équipe. Le jour
suivant, nous sommes fixés.
L’ensemble du processus prend
deux semaines. Les étudiants
ont besoin d’une réponse rapide.
ÎOffrez-vous des possibilités
de stages?
De janvier à mars et de juin à
septembre, nous offrons des
stages rémunérés à Zurich, à
Londres et à travers l’Europe.
Nous aidons aussi les stagiaires
à s’établir durant 10 semaines
à Londres. Suivi par un mentor,
le jeune collaborateur accomplit
un travail semblable à celui
d’un analyste et reçoit aussi
une formation. C’est donc une
manière très intéressante de
découvrir la banque d’investissement avant la fin des études.
Cela nous permet aussi d’évaluer si l’étudiant est prêt pour
faire carrière avec nous. Le processus de sélection pour les
stages est simplifié et, dès le 1er
septembre de chaque année,
il est possible de postuler en
ligne en déposant CV et lettre de
motivation sur notre site internet www.csfb.com/standout. ■
Propos recueillis par
GIUSEPPE MELILLO
Î LA RUBRIQUE CARRIÈRE DE DANIEL HELD
Réussir un changement
de métier, ça se prépare!
On estime actuellement en moyenne que chacun exerce 3 à 4 métiers différents durant sa carrière.
DANIEL HELD
Dr. ès Sc. Econ,
Co-fondateur
Qualintra SA,
enseignant
à l’Université.
IL SUFFIT d’interroger certains
corps de métier au sujet de leur
formation initiale et de leur
parcours. On se rend vite compte
de l’extraordinaire diversité
que l’on peut trouver parmi des
gestionnaires de fortune, des
informaticiens, des responsables
en ressources humaines, des
consultants, coachs ou autres
thérapeutes en médecine douce
ou développement personnel,
pour ne citer que quelques exemples. Ceci montre que les opportunités qui s’offrent à nous sont
de plus en plus vastes et que
nous sommes de moins en
moins prisonniers de notre
formation initiale. Ce ne sera
cependant pas le cas dans des
métiers pour lesquels les conditions d’accès sont régies par des
examens et concours de type
corporatiste (ex. diplomatie,
médecine, avocats, …).
Une base volontaire ou non
Les changements de métier peuvent être déclenchés sur une
base volontaire ou involontaire.
Les facteurs volontaires sont liés
à la découverte d’une nouvelle
vocation, d’une motivation profonde pour un type d’activité. Les
facteurs involontaires pour leur
part peuvent être liés soit à une
évolution de son entreprise ou
du marché de l’emploi, soit à un
«ras-le-bol» ou à un "burn-out".
Pour réussir un changement de
métier, quatre conditions doivent être remplies. La première,
c’est celle d’une aptitude fondamentale à exercer la profession concernée. Le métier doit
en effet mettre en valeur un
certain nombre d’atouts dont
nous disposons et exposer le
moins possible nos limites. La
deuxième, c’est celle d’une
motivation réelle à réussir le
changement souhaité et à s’investir pleinement pour son projet. La troisième, c’est d’acquérir
et de pouvoir intégrer rapide-
mesure les risques pourraient
être transformés en opportunités, de manière à augmenter les
chances de succès. Si le résultat
de cette analyse n’est pas clairement positif, mieux vaut revoir
son projet professionnel.
Le rôle clé de la formation
La formation est dans la plupart
des cas une condition nécessaire
pour réussir un changement de
métier. Il est souvent indispensable qu’elle soit suivie d’abord,
ce qui signifie qu’il faut vraiment
être au clair avec son objectif et
l’engagement qu’on prend en se
lançant dans une voie donnée.
Les changements de métier
qui réussissent sont ceux qui
ont une cohérence.
ment et sûrement les connaissances nécessaires. La dernière,
c’est évidemment que le marché
offre certaines opportunités de
réalisation de ce projet – des
emplois ou un besoin.
Avant de se lancer dans une
démarche souvent lourde, il est
bon d’évaluer au préalable les
opportunités et les risques associés. Dans une analyse sans complaisance, les opportunités (les
possibilités d’emploi et de réalisation de soi) doivent être bien
plus importantes que les risques
associés (p.ex. des doutes sur la
finalité, des limites dans ses aptitudes, un métier en disparition.
Il s’agit aussi de voir dans quelle
Dans des métiers relationnels –
p.ex. la formation, la vente, les
ressources humaines – des changements peuvent nous être proposés sur la seule base de nos
aptitudes personnelles. Cependant, ces métiers autant que
d’autres ont leurs exigences professionnelles et il est indispensable d’accompagner le changement par une solide formation
complémentaire.
Les changements de métier qui
réussissent sont ceux qui ont
une cohérence: avec nos préférences (p.ex. créer, avoir des relations, organiser, analyser, …),
avec nos attentes envers un
métier (p.ex. en termes de sécu-
rité, de rémunération, de statut
mais aussi de ce que nous voulons apporter) et finalement avec
ce que nous avons à apprendre
dans notre vie. Il existe toujours
un fil rouge quelque part qui
donne une cohérence à un parcours professionnel, même si
celle-ci n’apparaît qu’au 2e ou 3e
degré. Elle repose en effet souvent plus sur un système de
valeur, sur une manière de
résoudre des problèmes ou de
vivre la temporalité (entre l’instantané et le long terme) que sur
le métier lui-même.
Dans cette perspective, on peut
donc considérer que l’activité
qu’on exerce à un moment
donné n’est qu’une forme particulière de ce que nous avons à
apprendre et/ou à apporter. Si la
logique de notre parcours nous
échappe, un bilan de compétences et de carrière pourrait
nous être utile.
Un feedback sincère
avant de valider son projet
Un changement de métier se
décide parfois sur un coup de
tête, mais il ne réussit que dans
la durée. Nous vous invitons
donc à bien valider la pertinence
de votre objectif au regard des
critères définis, en partageant
aussi votre projet avec des proches ou des professionnels afin
d’obtenir un feedback sincère
sur les dimensions que vous
souhaitez vraiment valider. Si au
cours de cette démarche, votre
conviction et votre motivation
augmentent, il ne reste plus qu’à
définir un vrai plan d’action et
à vous mettre en route.
■
La hausse de 1,5% de la croissance économique attendue
l’an prochain en Suisse ne sera
pas suffisante pour convaincre les entreprises à embaucher, estime l’Institut Créa
rattaché à l’Université de
Lausanne. Ce n’est qu’en 2007
que le dynamisme plus marqué de l’activité économique
devrait rejaillir sur l’emploi.
>GRANDES BANQUES
Les salaires
en hausse de 2%
L’UBS puis le Credit Suisse
ont annoncé qu’ils augmenteraient de 2% leur masse
salariale en 2006. La mesure
prendra effet dès le 1er mars
au sein de la première banque
helvétique – qui a augmenté
ses salaires de 2,3% en 2005 –
et le 1er avril au Credit Suisse
(+1,75% de hausse en 2005).
Les augmentations annoncées
sont individuelles et basées
sur la fonction ainsi que la
performance, ont précisé les
deux établissements chacun
de leur côté.
>TRAVAIL
Prolonger la carrière
Pour parer le risque de voir en
Europe d’ici 2050 autant de
personnes à la retraite qu’en
activité, il faut améliorer les
perspectives d’emploi des 5064 ans, ont souligné les participants à un colloque de
l’OCDE. Le travail des seniors
doit être valorisé. Une formation spécifique dès 40 ans
devrait contribuer à éviter
les problèmes d'emploi ultérieurs. Les incitations à sortir
du marché du travail avant
l’âge de la retraite, les pensions
d’invalidité et les allocations
chômage sans recherche d’emploi sont autant de moyens
à bannir. La délégation helvétique à Bruxelles a rappelé
qu’avec un niveau de participation des 50-64 ans de 72%
au marché de l’emploi, la
Suisse se situait «dans le
peloton de tête».
>ENSEIGNANTS
Pénurie prévisible
d’ici 15 ans
Les enseignants pourraient
venir à manquer d’ici une
quinzaine d’années dans les
lycées. Selon l’Office fédéral
de la statistique, un tiers
des professeurs actuels ont
plus de 50 ans et prendront
leur retraite d’ici là, alors que
le nombre d’élèves devrait
croître de 10%.
>50 ANS ET PLUS
Les cantons latins
innovent
Partant du constat que divers
éléments liés à la vie professionnelle provoquent des
effets néfastes sur la santé
des personnes de 50 ans et
plus, la Conférence romande
des affaires sociales et de la
santé (CRASS) vient de lancer
un programme «50 ans et
plus» dans les cantons latins.
Il s’intègrera dans plusieurs
projets pilotes qui visent
notamment à influencer les
politiques publiques sur les
conditions de travail, le chômage et la retraite.
(Sources: ats/agefi)