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No. 2 - Décembre 2011
ISSN 1682-184X
SOMMAIRE
Editorial
3
La gouvernance des banques coopératives,
un atout concurrentiel
4
L'identité coopérative
10
Raiffeisen en Autriche
13
La coopération comme base du
développement
18
Édition:
UNION INTERNATIONALE RAIFFEISEN
Secrétariat Général
Adenauerallee 121
53113 Bonn
République Fédérale
d'Allemagne
Tel.: +49-(0)228-8861 364
Fax: +49-(0)228-8861 356
E-mail: [email protected]
Rédaction:
Paul ARMBRUSTER
(responsable)
et
Odile SOT-LANZRATH
Parution
en anglais, français,
espagnol et allemand
Visitez notre site web: http://www.iru.de/
Les articles publiés n'engagent que la responsabilité de
leurs auteurs.
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-- Editorial -- Editorial -- Editorial -- Editorial --
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Chère lectrice,
Cher lecteur,
L’année 2012 a maintenant été proclamée officiellement « Année Internationale des Coopératives » par
les Nations-Unies. Avec cette année des coopératives, les Nations-Unies rendent hommage à
l’importance économique et sociale des coopératives
dans de nombreux pays. À une époque où des
problèmes économiques et financiers sévissent dans
de nombreuses régions du monde, un retour aux
valeurs coopératives fait déjà son apparition.
Le monde entier saisit cette occasion pour,
conformément aux raisons avancées par l’ONU,
vanter les mérites des différents systèmes
coopératifs ainsi que leur efficience et les présenter
au public comme une forme économique riche de
tradition et moderne.
Autant Friedrich Wilhelm Raiffeisen et les autres
pionniers de la coopération n’auraient pu s’imaginer
que leur idée d’autoassistance organisée sous forme
d’entreprise et les principes de Raiffeisen –
durabilité, solidarité, confiance mutuelle et aide à
l’autoassistance – accompliraient une telle marche
triomphale autour du monde et auraient aussi une
fonction qui lie les peuples, autant nous ne pouvons
nous permettre de nous reposer sur nos lauriers,
malgré toute reconnaissance internationale. Albert
Einstein a dit un jour : « Plus que le passé, c’est
l’avenir qui m’intéresse, car c’est là que j’ai l’intention
de vivre ». Les responsables de nos coopératives et
de nos organisations coopératives ont toujours
honoré cet engagement. L’adaptation aux
changements des conditions-cadres et des intérêts
des sociétaires a toujours été un défi permanent
dans les coopératives et les organisations
coopératives.
Le monde économique et politique a changé à une
vitesse fulgurante. On a l’impression qu’en ce qui
concerne les crises, les séquences se
raccourcissent de plus en plus. Ce qui est exigé
dans une telle situation, c’est aussi bien la fiabilité
que la réflexion et la vision à long terme. Cela
signifie que nous devons non seulement réfléchir à
nos coopératives et à leur forme et leur rôle futur
mais aussi à la manière dont nous pouvons aider les
personnes des régions les plus affectées dont les
problèmes économiques ne peuvent pas nous laisser
indifférents. Ce n’est que s’il y a un avenir pour tous
dans ce monde que nous pourrons conserver notre
propre bien-être.
Les coopératives comptent parmi les institutions les
plus durables. Comme l’explique notre Viceprésident, outre les valeurs vécues au quotidien, les
structures internes des coopératives, qui doivent être
saines, en sont le garant. Les exemples de la France
et de l’Autriche montrent à quel point l’idée
coopérative est universelle aujourd’hui. En France,
les différentes organisations coopératives ont
préparé le terrain pour l’avenir des coopératives
françaises dans un document commun. Nous
pouvons tirer profit de ces idées. Après l’ouverture
des pays de l’Est, le Groupe Raiffeisen autrichien a
très vite pris l’initiative d’assumer une responsabilité
économique – particulièrement à une époque
d’inaction pessimiste. Les personnes et les
entreprises des Etats d’Europe centrale et orientale
en sont aujourd’hui très reconnaissants. Le rapport
final veut démontrer avec combien de prudence il
faut agir dans la promotion internationale des
structures coopératives, malgré toutes les raisons
d’être fiers de ce qui a déjà été achevé.
L’équipe de l’IRU souhaite à toutes et à tous un
Joyeux Noël et offre ses meilleurs voeux pour l’année
2012, cette année spéciale pendant laquelle nous
voulons nous rencontrer en Mai à Bonn.
Paul Armbruster
Secrétaire Général
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LA GOUVERNANCE DES BANQUES COOPÉRATIVES,
UN ATOUT CONCURRENTIEL
Etienne Pflimlin,
Vice-Président de l'IRU
Président d’honneur de la
Confédération nationale du Crédit Mutuel
Paris / France
Plusieurs consultations lancées récemment
par les régulateurs et les instances communautaires ou internationales (Comité de Bâle,
Comité européen des contrôleurs bancaires
et Commission européenne1) sur la gouvernance des établissements bancaires ont permis aux banques coopératives françaises de
rédiger des réponses communes mettant en
avant les points communs de leur gouvernance2.
d’hommes et de femmes qui se sont réunis
pour prendre leur destin économique en main
et mettre en commun des moyens, selon un
principe de solidarité entre leurs membres.
Le trait commun caractéristique de toutes ces
organisations réside dans leur projet, à savoir
le développement d’une activité au service de
leurs membres. Sociétés de personnes, leur
forme juridique, comme leur finalité, placent
toujours le développement local et le service
à leurs membres comme un objectif prioritaire. Plusieurs lois ont progressivement
dessiné un droit coopératif français (lois du
10 septembre 1947, 14 août 1992, 30 janvier
2008…). De même le droit communautaire a
également reconnu l’entreprise coopérative
qui figure dans le traité de Rome et dont la
liberté d’établissement a été renforcée par la
création du statut de la société coopérative
européenne4.
Les banques coopératives jouent un rôle fondamental dans le financement de l’économie
européenne : on compte ainsi 4200 banques
coopératives, qui occupent une part de marché d’environ 20 %. En France, elles représentent près des 2/3 de l’activité de banque de
détail et jouent un rôle irremplaçable de proximité avec leurs clients et leurs territoires.
Parmi les clients des banques coopératives
françaises, plus de vingt millions sont sociétaires3 et près de 50000 administrateurs
bénévoles élus par eux participent ainsi
directement à la gouvernance de ces établissements –une gouvernance démocratique
d’entreprise.
La gouvernance d’entreprise au sein des
banques coopératives, conjuguée à la
proximité, géographique vis-à-vis des
sociétaires-clients, permet bonne gestion et
maîtrise des risques. L’équilibre des pouvoirs
(administrateurs élus/ dirigeants salariés ;
organisation régionale /organe central), la
Les banques coopératives et plus largement
les coopératives ont été fondées à l’initiative
4
Les organisations des différentes banques
coopératives françaises sont variables : au
Crédit Mutuel et au Crédit Agricole on trouve
3 niveaux territoriaux ; dans les Caisses
d’épargne, le niveau local se matérialise par
les Sociétés locales d’épargne (SLE) et dans
le réseau des Banques Populaires, il existe
deux échelons (régional et national). Quel que
soit le nombre de niveaux, le sociétariat se
caractérise par la réunion des qualités de
propriétaires, de salariés et d’investisseurs
(assimilation entre les partenaires).
Contrairement aux sociétés de capitaux, dans
lesquelles prévaut le principe de proportionnalité des droits de vote par rapport à la
détention du capital, les sociétés coopératives
sont organisées selon le principe démocratique « une personne, une voix ». Ainsi, chaque
sociétaire dès qu’il possède une part sociale
et quelle que soit la quote-part de capital qu’il
détient, a droit à une voix en assemblée
générale.
Les banques coopératives se sont ainsi progressivement constituées comme des réseaux
non-centralisés de sociétés coopératives de
crédit, locales et régionales, dont l’unité et la
cohérence sont assurées sur le plan politique,
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structure non centralisée des réseaux bancaires, composés de caisses locales, de banques
régionales de plein exercice, et l’existence
d’un organe central garantissent une bonne
connaissance des risques, au plus près du
terrain, une responsabilisation des personnes
décisionnaires et un contrôle consolidé.
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par l’organe central ou l’association fédérale
regroupant l’ensemble des Caisses régionales. De même, sur le plan prudentiel, la liquidité et la solvabilité, le contrôle des risques,
la stratégie de développement sont assurés
par l’organe central, tête de réseau du groupe5. Ce mode d’organisation renferme intrinsèquement trois caractéristiques qui viennent
garantir une gouvernance fondée, à tous les
niveaux, sur un équilibre des pouvoirs : la
règle et la pratique du double regard, la responsabilité devant les sociétaires, et les
pouvoirs de l’organe central.
En premier lieu, cette gouvernance s’articule
de longue date autour d’un équilibre entre,
d’une part, le conseil d’administration et son
président (représentant les sociétaires) et,
d’autre part, le directeur général.
La règle – et la pratique – mutualiste du
« double regard », associant un président élu à
un directeur général exécutif a conduit, bien
avant la loi bancaire nationale française imposant à l’ensemble des banques deux dirigeants
responsables (règle dite des « quatre yeux »)
et la loi relative aux nouvelles régulations
économiques (NRE), à dissocier dans les
Caisses les fonctions de définition des
orientations stratégiques et de contrôle de
leur mise en œuvre, qui incombent au conseil
d’administration et à son président, des
responsabilités exécutives exercées par la
direction générale.
L’équilibre des pouvoirs qui résulte de cette
caractéristique propre à la gouvernance des
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faisant d’elles des banques universelles. Si
l’isomorphisme est largement porté par la
réglementation dans une logique coercitive,
les banques coopératives n’échappent pas non
plus à un isomorphisme mimétique. La relative uniformisation des produits bancaires
(gamme et tarification), la volatilité de la
clientèle ont contribué au renforcement de la
concurrence entre banques, y compris entre
banques coopératives, et au resserrement des
marges. En effet, les clients sont aujourd’hui
multi bancarisés, de plus en plus informés,
plus matures en matière de besoins bancaires,
plus exigeants et n’hésitent pas à faire appel à
plusieurs banques et à les mettre en concurrence.
entités coopératives est encore renforcé par
le principe de responsabilité des administrateurs et présidents de Caisses locales et
régionales devant les sociétaires, résultant de
leur mode d’élection et par des profils sociogéographiques d’élus très variés. Afin de faciliter l’exercice de leurs mandats, de nombreuses actions de formation sont mises en
œuvre, tant en matière de connaissance des
métiers que des produits bancaires, concernant le rôle de l’élu, les approches managériales...
Comme toute entreprise, la coopérative doit
respecter l’ensemble des règlementations et
comme toute banque, la banque coopérative
doit respecter la réglementation bancaire. En
situation permanente de concurrence dans le
marché, elle se positionne, noue des alliances, propose des services, toujours plus
innovants, plus différenciés. Elle recherche
des diversifications porteuses (téléphonie,
télésurveillance…), comme toute entreprise,
et, comme toutes les autres coopératives, elle
s’efforce de maintenir l’originalité de son
modèle social et de son gouvernement
d’entreprise démocratique dans un monde
pluriel, mais de plus en plus banalisé.
Le rôle fondamental joué par les banques
coopératives dans le financement de l’économie au sein des pays de l’Union, et en France
en particulier a souvent été salué par les
autorités communautaires6. Et si les banques
coopératives n’ont pas été épargnées par la
crise, elles n’en sont pas à l’origine, et ont su
mieux y résister du fait de l’importance de
l’activité de banque de détail, d’une diversification des activités (assurance, télésurveillance, transaction immobilière,…), d’une
moindre dépendance des réseaux à l’égard des
marchés financiers7 et d’une gouvernance
particulière. Le Crédit Mutuel a su conserver
sa bonne notation par les agences financières
lors de la crise.
Le système bancaire français reste donc
marqué par la diversité des acteurs et une coexistence de différents statuts juridiques,
mais est fortement influencé par une tendance à l’homogénéisation (CECEI, 2008). En
effet, les spécificités et restrictions d’activité
des banques coopératives ont progressivement disparu depuis la loi bancaire de 1984
Cette bonne tenue a même été saluée par la
revue The Banker qui lui a décerné le prix
« Banque de l’année-en France » pour 2010.
6
Il est parfois reproché aux coopératives de
convoquer l’histoire, l’engagement, la solidarité8 pour se décrire. Or si elles font appel à
la mémoire, c’est parce que l’engagement de
millions de personnes participant au processus démocratique dans les coopératives reste
vivant. Les sociétaires élisent leurs administrateurs : 500000 sociétaires du Crédit
Mutuel se mobilisent chaque année dans les
Assemblées Générales de Caisses locales et
élisent les 24000 administrateurs qui donnent
plusieurs heures par semaine, bénévolement.
Ces 2000 assemblées locales et régionales
constituent le lieu privilégié d’information,
d’échange et de débat avec les sociétaires, au
cours desquelles les président(e)s rendent
compte, notamment, des activités, des résultats et de la stratégie des Caisses. Nous ne
pouvons trouver mieux que le terme « engagement » pour qualifier cette responsabilité
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Ainsi, le Crédit Mutuel fonctionne selon le
principe de subsidiarité. Les 2000 Caisses
locales sont autonomes, dirigées par des
salariés et pilotées par 24000 administrateurs élus. Tout ce qu’elles ne peuvent réaliser par elles-mêmes est délégué au niveau
régional. Les 18 Fédérations régionales et
leurs 700 administrateurs gèrent leur organisation et font appel au niveau national pour les
opérations qu’elles ne peuvent atteindre
seules. Le Président de la Confédération
nationale a un rôle de fédérateur en interne et
de représentant national, européen et international en externe. Chacun est leader à son
niveau, sa légitimité tenant au fonctionnement
démocratique de l’ensemble.
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individuelle mise au service d’une collectivité. La « solidarité » est toujours difficile à
apprécier, mais toutes les organisations
coopératives disposent de structures d’accompagnement qui viennent soutenir les
sociétaires-clients, sans que cela soit fait
dans le cadre d’une relation clientèle classique. Loin de toute politique spectaculaire de
communication destinée à frapper le consommateur9, et bien qu’elles ne communiquent
que très peu, les coopératives restent fières
de leur organisation autant que fidèles à leurs
valeurs fondatrices.
La question de la confiance et de l’adhésion
des sociétaires au projet est fondamentale.
Les sociétaires adhèrent au projet, c’est la
force de ce système. Ce qui est appelé
« l’affectio mutualis » dans le rapport
« Coopératives et mutuelles : un gouvernement d’entreprise original » publié par l’IFA
en 2006.10
Contre le modèle unique
La crise financière a bousculé de très gros
établissements et a conduit à une réflexion
pour améliorer l’efficacité de la supervision
du secteur financier au niveau européen et
international.
A l’heure des excès et des dérives boursières,
certains qui reprochent encore le manque
d’actionnariat moqueraient le sociétariat et le
fonctionnement démocratique ? La coopérative appartient à tous ses membres ; l’objet de
nos entreprises n’est pas le versement de
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dividendes à des actionnaires, mais avant tout
la qualité du service et la satisfaction de nos
sociétaires-clients dans une relation durable.
contrôle interne efficace obtient des performances remarquables. Il est enfin intéressant
de souligner le revirement des analystes qui
hier encore stigmatisaient la banque de détail
qualifiée d’obsolète et aujourd’hui appellent à
un recentrage des activités bancaires.
Il est parfois reproché aux coopératives et aux
mutuelles de fermer leurs capitaux pour se
rendre non opéables. La réalité est plus complexe, et d’abord parce qu’aucun statut ne
protège contre la mauvaise gestion. Construites par adhésion volontaire de femmes et
d’hommes à un projet, nos entreprises sont
indépendantes des marchés boursiers car les
capitaux accumulés sont pilotés par les
représentants élus des sociétaires adhérents
en usufruit de la saine gestion d’hier. Alors
que la cotation en Bourse représenterait pour
certains l’alpha et l’oméga de la réussite économique et de la transparence managériale, il
conviendrait de faire deux remarques : la
plupart des entreprises ne sont pas cotées
(PME, entreprises familiales, grandes entreprises en commandite etc.) alors qu’elles
représentent la très grande majorité de
l’emploi en Europe ; la cotation ne signifie
pas automatiquement OPAbilité et elle n’a
jamais protégé de l’échec, ni des manquements à l’éthique (plusieurs scandales récents
en témoignent).
Au total, c’est le bon fonctionnement de la
gouvernance d’entreprise au sein des banques
coopératives qui, conjugué à la proximité
géographique et culturelle vis-à-vis des
sociétaires-clients, permet bonne gestion et
maîtrise des risques. C’est l’équilibre des
pouvoirs, savamment orchestré au sein de
chaque groupe coopératif, la structure non
centralisée des réseaux et l’existence d’un
organe central qui, ensemble, garantissent une
dynamique de développement, une bonne
connaissance des risques et surtout un
engagement responsable des dirigeants.
Parce que son projet est prometteur dans
l’économie de marché, la banque coopérative
n’a pas à concilier sa vocation mutualiste avec
une évolution capitaliste, mais à maintenir la
conciliation des intérêts entre l’investisseur
et le consommateur qui ne font qu’un en son
sein : le sociétaire. Et son modèle original de
gouvernance démocratique d’entreprise est un
atout majeur à cette fin, à la fois ancré dans
ses racines et porteur d’avenir.
D’un point de vue organisationnel et managérial, les règles de gouvernance démocratique sont parfois entachées de suspicion quand
à leur efficacité (FMI, 2007) alors que des
agences internationales de notation telles que
Standard and Poor’s et Moody’s ont su
constater- et souligner, parfois tardivementqu’une banque coopérative bien gérée avec un
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Consultations lancées en 2010 pour la Commission
européenne et le Comité de Bâle, et en janvier 2011 pour
le CEBS.
8
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De nombreuses idées et arguments avancés ci-après
sont issus de ces consultations menées entre banques
coopératives françaises.
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leurs filiales directes ou indirectes, ainsi qu’à celles des
établissements qui leur sont affiliés ».
Document de consultation sur les possibles
modifications à la directive sur les exigences en capital
publié le 26 février 2010 : « les entreprises non cotées,
telles que les mutuelles, les coopératives et les caisses
d’épargne jouent un rôle vital dans le système financier et
l’économie européenne ».
6
Les sociétaires, à la fois „actionnaires“ et clients,
participent chaque année à l’assemblée générale de leur
caisse locale, de leur banque régionale ou de leur société
locale d’épargne et élisent leurs représentants aux
Conseils qui les administrent.
3
Cooperativa europea ; Directive 2003/72/CE et
Règlement (CE) No 1435/2003 du 22 juillet 2003.
4
Article L511-31 Code monétaire et financier. « Les
organes centraux… sont chargés de veiller à la cohésion
de leur réseau et de s’assurer du bon fonctionnement des
établissements qui leur sont affiliés… prennent toutes
mesures nécessaires, notamment pour garantir la liquidité
et la solvabilité de chacun de ces établissements…
peuvent également décider d’interdire ou de limiter la
distribution d’un dividende aux actionnaires ou d’une
rémunération des parts sociales aux sociétaires… veillent
à l’application des dispositions législatives et réglementaires… et exercent un contrôle administratif, technique et
financier sur leur organisation et leur gestion… étendu à
5
Johnston Birchall and Lou Hammond Ketilson,
International Labour Organization 2009.
7
Hervé Juvin, Les sociétés coopératives de banque et
d’assurance : des géants à la recherche de leur âme,
Rapport d’Eurogroup Institute, décembre 2006 ;
Territoires et marché, L’Agefi hebdo du 8 février 2007.
8
Sauf peut-être la récente campagne TV 2010 du Crédit
Mutuel sur le non-commissionnement des chargés de
clientèle et sur le caractère coopératif de la banque.
9
Rapport Coopératives et mutuelles : un gouvernement
d’entreprise original, Institut français des
administrateurs (IFA) sous la direction d’Etienne Pflimlin,
Paris 2006.
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L’IDENTITÉ COOPÉRATIVE
Etienne Pflimlin
Vice-Président de l’IRU
Président d’Honneur de la
Confédération Nationale du Crédit Mutuel
Paris / France
Les récentes crises se sont illustrées par une
attente de la part du monde politique et des
citoyens pour des entreprises plus proches
des attentes des consommateurs, plus
responsables vis-vis des salariés et respectueuses de l’environnement.
quant au rôle des coopératives, notamment en
matière de réalisation des Objectifs du
Millénaire pour le développement ; d’encourager la création de coopératives dans le
monde et d’établir un environnement politique et juridique favorable au renforcement et
à la stabilité du mouvement coopératif.
Les coopératives ont des atouts pour
répondre à ces attentes tout en respectant les
objectifs d’équilibre financier et de rentabilité. Les coopératives sont des organisations
dirigées par des administrateurs bénévoles
élus par les sociétaires pour représenter les
intérêts de tous au sein de l’entreprise. Elles
gèrent et organisent la production, la distribution ou l’achat de produits et services pour
leurs membres appelés à s’impliquer dans la
gestion.
Il y a plus de 8 ans maintenant, M. Kofi
Annan, alors Secrétaire général de l’ONU,
déclarait le mouvement coopératif comme
« l’une des plus vastes composantes organisées de la société civile – qui contribue de
manière cruciale à satisfaire un large éventail
d’aspirations et de besoins de l’humanité. Les
coopératives fournissent des services essentiels dans des domaines aussi divers que la
santé, le logement ou le crédit bancaire; elles
encouragent l’éducation et l’égalité entre les
sexes; elles protègent l’environnement et
défendent les droits des travailleurs. À travers
toutes ces activités et bien d’autres encore,
elles améliorent la qualité de vie des habitants
et des collectivités dans plus de 100 pays1. Et
avec leurs centaines de millions de membres
compétents et dévoués, elles sont pour le
système des Nations Unies et les gouvernements à tous les niveaux les indispensables
Dans sa résolution 64/136, l’Assemblée
générale de l’ONU a déclaré 2012 comme
« Année internationale des coopératives », en
reconnaissance des contributions des coopératives au développement socioéconomique,
notamment en matière de réduction de la
pauvreté, de création d’emplois et d’intégration sociale. « L’Année » a pour objectifs
d’étendre la prise de conscience du public
10
Les idées de F. W Raiffeisen ont fait du
chemin.
En faisant preuve d’une forte utilité sociale,
en innovant économiquement, les coopératives ont souvent réussi à sortir renforcées des
temps de crise. Aujourd’hui encore, les banques coopératives, qui sont restées fidèles à
leurs valeurs, ont su se démarquer et ont su
démontrer leur capacité de résistance (leur
résilience) face à la crise.
Les coopératives représentent un modèle
d’entreprise dans les deux sens du terme : au
sens où toute une série de règles, de modes
de fonctionnement et de principes construisent ce modèle ; mais aussi bien entendu au
sens exemplaire du terme. Ce double modèle
a une identité forte qu’il convient, au-delà de
son caractère pluriel, de réaffirmer et de promouvoir.
La coopérative est une entreprise d’avenir et
retrouve tout attrait pour les politiques publiques. Mais pour assurer sa pérennité, l’entreprise coopérative doit s’ouvrir sur son environnement et appliquer les règles propres à
toute entreprise, tout en restant fidèle à ses
valeurs.
Concurrentielles, les entreprises coopératives s’adaptent et répondent aux besoins du
marché en perpétuelle évolution. Elles inves-
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partenaires des efforts accomplis pour parvenir à un développement économique et social
équilibré et largement partagé ».
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tissent naturellement dans tous les secteurs, y
compris dans ceux dits porteurs, tels que
celui des nouvelles technologies : les ecoopératives se multiplient.
Pour faire face à la mondialisation des marchés, les entreprises coopératives ont su se
restructurer, se renforcer, se développer en
constituant des groupes qui englobent parfois
des sociétés de statuts différents. Ces rapprochements permettent de résister à la concurrence et d’occuper un nouveau positionnement stratégique sur les marchés.
Des entreprises souvent locales mais aussi à
vocation nationale et parfois à dimension
internationale : ainsi les stratégies des entreprises coopératives prennent de plus en plus
une dimension transnationale. En Europe, les
coopératives ont pris progressivement en
considération le marché global et ont œuvré
pour que l’Union européenne reconnaisse le
statut de la société coopérative européenne
afin de permettre une sécurisation de leurs
modèles, leur développement et l’élargissement de leurs activités2.
L’évidence de la réalité coopérative dans
toutes ses dimensions – valeurs, principes de
fonctionnement et pratiques quotidiennes –
est tellement forte que sa complexité nous
échappe parfois et que nous avons beaucoup
de mal à communiquer à l’extérieur3. Dans le
contexte actuel, où ce modèle montre à quel
point, à la fois il est fidèle à ses racines, et
tout à fait adapté aux crises de confiance
actuelle de nos sociétés – nous devons être
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porteurs d’un message de confiance et considérer que nous avons davantage d’ignorants
que d’adversaires en face de nous.
leurs de responsabilité, de solidarité et de
transparence. Ce sont des sociétés de personnes ayant pour finalité première de rendre des
services individuels et collectifs à leurs
membres. Des engagements réciproques et
durables se nouent entre la coopérative et ses
membres qui sont à la fois associés et clients,
producteurs ou salariés. »
D’où la nécessité que nous avons ressentie,
de faire une Déclaration sur l’identité coopérative qui a représenté plus d’un an de réflexion collective et qui a essayé d’être conçue
comme un outil pédagogique afin de faire
comprendre de façon aussi simple que possible cette réalité complexe.
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Dans le monde, les moyens d’existence de 3 milliards de
personnes (soit la moitié de la population mondiale)
dépendent d’entreprises coopératives.
Les récentes Assises du Mouvement coopératif français4 ont été l’occasion de se doter
d’une nouvelle identité - le Groupement National de la Coopération devenant « CoopFR,
les entreprises coopératives » - et de rendre
publique sa Déclaration sur l’identité coopérative et sa Charte des engagements réciproques.
En Europe, on recense :
- 288 000 entreprises coopératives, présentes dans la
quasi-totalité des pays,
- 5 millions d’emplois.
2
On peut distinguer quatre grandes familles
coopératives :
- les coopératives d’usagers (de consommateurs, d’HLM,
de copropriété),
- les coopératives d’entrepreneurs et d’entreprises
(coopératives agricoles, artisanales, maritimes, les
coopératives de commerçants, de transporteurs),
- les coopératives de salariés,
- les banques coopératives.
3
La Déclaration intitulée « Qu’est-ce qu’une
coopérative ? » est un outil grand public, pédagogique, qui réaffirme les principes coopératifs à partir des valeurs mises en pratiques
au quotidien par les coopératives: Démocratie, Service, Proximité, Transparence, Pérennité, Responsabilité, Solidarité.
En France, on compte :
- 21 000 entreprises coopératives françaises emploient 1
million de salariés dans tous les secteurs d’activités.
Leur chiffre d’affaires cumulé, de près de 274 milliards
d’euros en 2009, équivaut à 14,4% du PIB(1), filiales
incluses. Elles sont leaders sur de nombreux marchés :
• les coopératives agricoles représentent 40% de
l’agroalimentaire en France avec des marques connues et
reconnues (Yoplait, Banette, Delpeyrat, Nicolas Feuillate,
etc) ;
• les coopératives de commerçants représentent près d’un
quart du commerce de détail (Leclerc, Système U, Krys,
Intersport, etc) ;
• les banques coopératives sont parmi les premiers
groupes bancaires français (Crédit Agricole, BPCE, Crédit
Mutuel) constituent plus de 60% des dépôts bancaires.
4
Sous-titrée « Engagements réciproques entre
la coopérative et ses membres », la Charte
coopérative, quant à elle, est destinée aux
coopérateurs. Elle rappelle les droits et les
devoirs qui lient la coopérative et ses membres. Ces documents rappellent ainsi que :
« Les coopératives constituent un modèle
d’entreprise démocratique fondé sur des va-
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RAIFFEISEN EN AUTRICHE
Österreichischer Raiffeisenverband
Vienne / Autriche
L’organisation Raiffeisen en Autriche compte
actuellement 1.609 coopératives et environ
2,04 millions de sociétaires ainsi qu’un grand
nombre de filiales tant au niveau national qu’à
l’étranger.
Le 125ème anniversaire de la fondation de la
première coopérative Raiffeisen est célébré
en 2011.
Les principaux champs d’activité de
l’organisation Raiffeisen autrichienne sont
les services bancaires et financiers prestés
par 553 coopératives bancaire et de crédit et
aussi par des banques au niveau régional et
national ainsi qu’à l’étranger. Les banques
Raiffeisen sont à leur tour propriétaires d’un
grand nombre de filiales et de participations
dans le secteur des services financiers et
industriels.
Dans le secteur agricole, on compte 84
entrepôts coopératifs avec leur organisation
au sommet, Raiffeisen Ware Austria (RWA),
121 laiteries coopératives, 34 caves
coopératives, 72 autres coopératives de
transformation, 161 coopératives d’élevage et
de pâturage, 58 coopératives de machines,
391 coopératives d’énergie et 110
coopératives aux opérations diverses.
1. Les Banques Raiffeisen – numéro UN en
Autriche
Le groupe autrichien des Banques Raiffeisen
avec un total du bilan de 225 milliards d’euros
au 31.12.2010 est le leader du marché en
Autriche. Sa part dans le segment des dépôts
totaux est de 27,7 %. En Autriche, Raiffeisen
est la “most trusted brand” et jouit de la plus
grande sympathie de toutes les banques
autrichiennes.
La Raiffeisen Zentralbank Österreich AG
(RZB) est la banque centrale du groupe
bancaire Raiffeisen de l’Autriche (RBG). Elle
est le holding de gestion et de contrôle de
tout le consortium RZB, la Raiffeisen Bank
International AG (RBI) y compris. La RZB
fait fonction d’organisateur de synergies et de
solutions communes entre le RBG et la RBI.
Le portefeuille de participations de la RZB
correspond au rôle de la RZB en tant
qu’institut au sommet du groupe bancaire
Raiffeisen de l’Autriche et en tant que plateforme entre le groupe bancaire Raiffeisen de
l’Autriche et la RBI avec son réseau en
Europe centrale et orientale.
La gestion des risques fait partie intégrante du
contrôle global bancaire dans la RZB. La RZB
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dispose d’un système de principes de risque
ainsi que de processus de mesure et de supervision des risques qui ont tous pour but de
gérer et contrôler les risques de toutes les
banques et sociétés spécialisées du consortium. En outre, La RZB réalise un contrôle
actif de qualité et assume, par l’intermédiaire
de l’audit, sa responsabilité de révision
comme auditeur interne de la RZB AG et
comme auditeur du groupe RZB/RBI. De
vastes contrôles sur la légalité, la régularité et
l’utilité sont effectués en permanence. L’une
des prestations de service centrales de la RZB
est la publicité centrale pour le groupe
Raiffeisen. Elle assume la responsabilité de la
promotion stratégique de la marque du groupe
bancaire Raiffeisen de l’Autriche et du
consortium RZB.
Grâce aux activités de marketing constantes
et communes, Raiffeisen détient aujourd’hui
en Autriche le pourcentage le plus élevé de
clients dans le pays et son image de marque a
également atteint un niveau record.
propriétaires. La fusion, réalisée en 2010,
des champs d’activité principaux de la RZB –
en particulier des opérations avec les clients
commerciaux autrichiens et internationaux –
est entrée en vigueur au 10.10.2010.
L’objectif de la fusion était de renforcer la
banque au moyen du large réseau de distribution de la Raiffeisen International en Europe
centrale et orientale ainsi que la vaste gamme
de produits de la RZB pour qu’elle soit l’une
des banques universelles de pointe de la
région. Toutes les opérations liées à la
fonction des instituts au sommet du groupe
RGB continuent à être assumées par la RZB.
Au 31.12.2010, le groupe consolidé de la
RBI comprenait un total de 132 unités de
consortium, entre autres 21 banques et toute
une série d’institutions financières et d’entreprises de services bancaires et similaires.
Actuellement et en commun avec ses filiales,
la RBI veille sur environ 15 millions de
clients dans les pays suivants: Hongrie, Pologne, Slovaquie, République Tchèque, Bulgarie, Croatie, Russie, Ukraine, Roumanie,
Serbie, Bosnie-Herzégovine, Slovénie,
Kosovo, Biélorussie, Albanie, Kazakhstan et
Autriche.
En Autriche, Raiffeisen est la banque
- la plus connue,
- considérée comme étant la plus sympathique et
- de la plus haute actualité publicitaire.
2. La Raiffeisen Bank International (RBI)
La RZB ne se concentre pas seulement sur
l’Europe centrale et orientale, elle offre aussi
ses prestations de services dans le monde
entier. Elle dispose de filiales à Pékin et
Singapour ainsi que de représentations à HôChi-Minh-Ville, Hong Kong, Mumbai et
Indirectement, la RBI est la propriété de la
RZB à 78,5% et, par conséquent, fait partie
du consortium RZB. Le reste des participations est entre les mains de différents
14
La Raiffeisen International est maintenant une
filiale totalement consolidée de la RZB. Les
actions sont négociées à la Bourse de Vienne.
Au 31.12.2010, diverses banques filiales,
sociétés de leasing et un bon nombre d’entreprises de services financiers de 17 marchés
faisaient partie du consortium de la Raiffeisen International. L’excédent annuel avant
imposition de l’année 2010 s’est élevé à
1,285 milliards d’euros. 56.000 employés
s’occupent de plus de 15 millions de clients
dans quelque 3.000 suc-cursales. De cette
manière, la Raiffeisen International dispose
de l’un des plus grands réseaux de distribution
de toutes les banques occidentales en Europe
centrale et orientale.
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Séoul. En outre la RZB est présente dans les
centres financiers les plus importants du
monde avec des sociétés financières à New
York, une banque à Malte, une filiale à Londres ainsi que des représentations à Bruxelles, Francfort, Milan, Paris, Stockholm et
Madrid. Avec son réseau en Europe centrale
et orien-tale, la Raiffeisen International Bank
Holding est maintenant l’un des groupes
bancaires de pointe dans la région. Cette
position de mar-ché a été sécurisée pour
l’avenir grâce à la fusion avec les unités
commerciales opérati-ves de la société-mère
RZB.
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coopèrent avec beaucoup de succès avec la
Bay Wa AG. Les entrepôts Raiffeisen ont
réalisé l’année dernière un chiffre d’affaires
d’environ 2,4 milliards d’euros. Les entrepôts
Raiffeisen comptent aujourd’hui 123.000
sociétaires dans leurs 84 coopératives. Leurs
activités principales sont le commerce avec
des produits agricoles et sylvicoles, le
commerce avec des moyens d’exploitation
agricoles tels que semences, fourrage mixte,
engrais, produits phytosanitaires, le
commerce avec des produits énergétiques,
des matériaux de construction, le commerce
avec la technologie agraire et les services de
réparations.
4. Les coopératives laitières
Aujourd’hui comme par le passé, le secteur
laitier occupe une place importante dans
l’agriculture autrichienne. Plus de 90% du lait
autrichien est transformé dans des
coopératives.
L’Autriche compte environ 100 entreprises
de transformation du lait; 90% de la quantité
totale de lait sont transformés dans les 10
entreprises de transformation du lait les plus
grandes. En 2010, les laiteries coopératives
ont réalisé un chiffre d’affaires d’environ 2,1
milliards d’euros, la part à l’exportation était
de 44%.
3. Les coopératives d’approvisionnement
et de ventes Raiffeisen
5. Les coopératives énergétiques
Les entrepôts autrichiens avec leur institut
national Raiffeisen Ware Austria (RWA)
Etant donné la hausse des prix de l’énergie et
les obligations prises dans le cadre des
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coûts plus favorable et d’un résultat financier
beaucoup plus élevé. Les activités à l’étranger
se concentrent surtout sur l’Europe du SudEst ainsi que sur l’Europe occidentale.
accords climatiques internationaux, l’utilisation de sources d’énergie renouvelables
acquiert de plus en plus d’importance en
Autriche. Des institutions coopératives se
sont engagées très tôt dans le développement
et la mise en exploitation de coopératives de
chaleur à distance et de biomasse.
Aujourd’hui, les coopératives Raiffeisen et
leurs entreprises ont une position dominante
sur le marché dans ce secteur. Le nombre
croissant de coopératives énergétiques est la
preuve du développement dynamique de ce
secteur.
Avec environ 19.000 collaborateurs et
distributeurs exclusifs et, au niveau du
consortium, 7 millions de clients avec près de
15 millions de contrats dans 20 marchés,
UNIQA compte parmi les groupes
d’entreprises les plus dynamiques en Europe
centrale.
6.2. AGRANA Beteiligungs-AG (S.A. de
participation)
Il s’agit là tout d’abord de coopératives de
chaleur à distance et de biomasse qui assurent
l’approvisionnement régional en chaleur avec
une biomasse locale et écologique et de
grande valeur ajoutée pour la région. Il existe
en outre toute une série de projets et
d’engagements d’entreprises Raiffeisen dans
l’utilisation industrielle de la biomasse, par
exemple la production de bioéthanol ou de
biodiesel, l’énergie solaire ou éolienne en
Autriche et à l’étranger.
La S.A. de participation AGRANA travaille
dans le secteur du sucre, de l’amidon, des
fruits et de l’énergie renouvelable. Le chiffre
d’affaires du dernier exercice était de 2,0
milliards d’euros. Avec l’achat du groupe
ATYS, AGRANA occupe maintenant une
position dominante au niveau mondial pour la
transformation de fruits. Une usine de
bioéthanol a été mise en marche le 1er juin
2008 à Pischldorf en Autriche; elle assure
l’approvisionnement de l’Autriche en
bioéthanol. En outre, une usine d’amidon de
blé est actuellement en construction.
6. Participations
6.1. UNIQA-Group Austria
6.3. Autres secteurs de participation
Le groupe d’assurances UNIQA a atteint en
2010 un volume prime de 6,22 milliards
d’euros (+8,4%), dont 38,5% provenant de
l’extérieur de l’Autriche. Le résultat des
opérations normales a pu être accru
considérablement avec 153 millions d’euros
en raison de la croissance, d’une relation des
Le groupe Raiffeisen autrichien a d’autres
participations importantes dans le secteur de
la construction avec la STRABAG AG, une
entreprise occupant une position dominante
au niveau européen.
16
1. Les projets actuels de coopération au
développement de l’organisation
Raiffeisen autrichienne
En coopération avec le contingent KFOR de
l’Armée fédérale de l’Autriche, l’organisation
Raiffeisen autrichienne a lancé des projets
coopératifs au Kosovo. Concrètement, il
s’agit d’une fromagerie coopérative, d’une
coopérative d’horticulteurs, d’une coopérative de femmes pour la transformation des
produits horticoles ainsi que d’une laiterie
coopérative. Ces activités coopératives au
Kosovo ont déjà conduit à la création de
plusieurs autres coopératives.
En Autriche, Raiffeisen donne un appui
considérable à l’intégration d’émigrants.
Raiffeisen contribue également de manière
décisive au succès de projets sociaux internationaux en Europe centrale et orientale.
En outre, dans le cadre de l’aide à la reconstruction après la catastrophe causée par le
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Dans le secteur des media il détient une
participation majoritaire au deuxième quotidien le plus important d’Autriche ainsi qu’à
diverses revues mensuelles et hebdomadaires
connues, à des sociétés de radiodiffusion
télévisuelle et à des agences de publicité. Il
est aussi très engagé dans le secteur alimentaire, la gastronomie, le tourisme, les établissements de soins, la restauration en entreprise, les énergies renouvelables ainsi que
dans le secteur de transformation des aliments (moulins par exemple).
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Tsunami en Asie du Sud-Est, des organisations d’infrastructure et des coopératives ont
été créées et encouragées au Sri Lanka.
8. L’Initiative Raiffeisen pour la
protection du climat (RKI)
En 2007, des institutions coopératives de
pointe de l’Autriche ont fondé l’Initiative
Raiffeisen pour la protection du climat
(Raiffeisen Klimaschutzinitiative (RKI))
comme plate-forme pour les projets de
protection du climat. Elles ont su gagner
Franz Fischler, ancien Commissaire à
l’Agriculture de l’UE, à la présidence de la
RKI.
Avec la RKI, l’importance de la protection du
climat est définie comme champ d’action
central des coopératives Raiffeisen. En outre,
cette plate-forme sert à développer et à
coordonner de multiples projets de protection du climat. La RKI fonctionne avec
beaucoup de succès. Des actions et des
projets communs sur le thème de l’épargne
d’énergie, de la durabilité et de la protection
du climat ont été mis en pratique. Les projets
les plus importants à cet égard se trouvent
dans le secteur des services financiers, de la
construction et de l’habitat, de l’énergie et
des combustibles ainsi que les projets pour
les jeunes et les écoles (www.raiffeisenklimaschutz.at).
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LA COOPÉRATION COMME BASE DU DÉVELOPPEMENT
Quels services les coopératives peuvent-elles rendre et
de quel cadre régulateur ont-elles besoin?
Paul Armbruster
Secrétaire Général de l’Union Internationale Raiffeisen (IRU),
Directeur de la Division des Relations Internationales de la
Confédération Coopérative et Raiffeisen Allemande (DGRV),
Bonn / République Fédérale d’Allemagne
En décembre 2009, l’Assemblée générale
des Nations Unies a décidé de proclamer
l’année 2012 « Année internationale des
coopératives », en hommage à la
signification mondiale des coopératives
pour le développement économique et
social. Les coopératives peuvent apporter
une contribution considérable à la
réduction de la pauvreté et à l’amélioration
de la structure économique et sociale. Mais
à cette fin, elles doivent véritablement
s’engager pour leurs membres et s’orienter
sur leurs objectifs et leurs besoins.
La coopération n’est pas une invention
récente. Dans l’histoire de l’humanité, les
individus ont collaboré dans un but commun
dans toutes les cultures, dans toutes les
régions du monde et en tous temps.
Différentes formes de collaboration en ont
émergé : des associations ad hoc, des
coopérations établies à long terme, et des
formes informelles ou traditionnelles.
dans une autre partie de ce dossier. Laissezmoi donc juste dire ceci : Friedrich Wilhelm
Raiffeisen a tout d’abord été guidé par ses
convictions chrétiennes selon la devise:
« Chaque fois que vous avez agi ainsi à l’égard
du plus humble de mes frères, c’est à moi que
vous l’avez fait. ». Son idée initiale de
l’ « Association pour le Pain » (Brodverein)
était basée sur la notion de charité. En tant
que juge libéral, Hermann Schulze-Delitzsch
par contre pensait que les individus devaient
trouver eux-mêmes une solution à leurs
problèmes. Raiffeisen a lui aussi bientôt
réalisé que l’action charitable ne pouvait pas
éliminer la misère de manière durable. Les
individus doivent à la fois avoir la volonté et
obtenir la chance de s’aider eux-mêmes.
L’autoassistance, l’autoresponsabilité et
l’autoadministrations, les « trois A », sont
devenus les principes fondamentaux de
l’action coopérative.
Aujourd’hui les coopératives sont des
éléments importants de l’économie et de la
société dans de nombreux pays. Elles
facilitent et assurent l’accès au marché,
offrent des économies d’échelle et des
L’émergence du système coopératif moderne
au 19ème siècle et le rôle des pionniers
Raiffeisen et Schulze-Delitzsch sont traités
18
Les coopératives ont besoin de bons
partenaires
Les systèmes coopératifs couronnés de
succès comprennent plusieurs niveaux: les
coopératives locales et les centrales et
fédérations régionales ou nationales. Elles
fonctionnent suivant le principe de
subsidiarité qui place l’autoresponsabilité audessus de l’action de l’Etat, mais elles doivent
aussi être auditées et contrôlées. Dès 1872,
Raiffeisen a écrit: „L’organisation est le seul
moyen de maintenir les associations de prêt à
long terme ; grâce à elle, les différentes
associations ne sont plus seules et ne sont
plus soumises aux hasards et vicissitudes du
temps“. Les coopératives d’épargne et de
crédit doivent avoir une licence et sont
soumises à la régulation et au contrôle des
organes étatiques. Même les montants
d’épargne les plus minimes doivent être
protégés et c’est là que, outre la supervision
bancaire, le système de protection des dépôts
joue aussi un rôle important. Un audit
coopératif exhaustif est la clé du succès de
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positions de marché indépendantes. Elles se
basent sur la stabilité, la confiance et la
fiabilité. Les coopératives ont une influence
positive sur la structure sociale et
économique d’un pays. Dans de nombreux
pays, les coopératives du secteur financier, du
commerce, de l’artisanat et de l’agriculture
sont le pilier de l’activité économique. Elles
se basent sur l’initiative et la force
économique locales et contribuent de
manière essentielle au développement.
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tout système coopératif moderne. Les
membres manquant d’expérience dans le
domaine économique et financier ont
particulièrement besoin d’un soutien par
l’audit car les problèmes de gouvernance sont
souvent la plus grande faiblesse des
coopératives. Les exemples les plus récents
pour la mise en place de systèmes d’audit
coopératif sont le Brésil et El Salvador. Dans
le cadre d’une approche systémique
exhaustive, des caisses centrales ont été
fondées et – en coopération avec des
universités – des possibilités de formation
ont été créées pour le personnel des
coopératives.
Précisément à cause de la mondialisation,
l’importance de l’économie locale et
régionale s’accroît en tant que partie
intégrante du développement de l’ensemble
de l’économie qui dépend de différents
facteurs (ressources disponibles, savoir-faire
technique, infrastructure, existence d’un
secteur financier fonctionnant bien et de
marchés efficients). Pour permettre aux
individus de participer au développement, il
faut leur donner la chance de s’aider euxmêmes. L’Etat met en place le cadre politique
(économique) au sein duquel le
« développement » peut avoir lieu. Cela
demande une Bonne Gouvernance (Good
Governance) car les coopératives ont besoin
d’une marge de manoeuvre flexible ainsi que
de la disposition du monde politique et du
gouvernement à la créer.
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L’autodétermination au lieu de
l’instrumentalisation
armées ont reçu des terres et créé des
coopératives. Cela n’était cependant pas
motivé par l’idée d’autoassistance mais par
des objectifs politiques. Au Vénézuéla, la
politique de promotion étatique a conduit à la
création d’un grand nombre de coopératives
destinées avant tout à recevoir des aides de
l’Etat et non pas à améliorer de manière
durable les possibilités d’emploi et de
production des membres. Pendant la
« Révolution bolivarienne », plus de 280.000
coopératives ont été créées et enregistrées
entre 2001 et 2009, mais selon des experts
vénézuéliens, moins de 10 pour cent sont en
fonctionnement.
Dans les débats sur la politique de
développement, les opinions sur les
coopératives divergent fortement jusqu’à nos
jours. D’une part leur rôle en tant
qu’ « instrument » du développement est
totalement surestimé, d’autre part elles sont
rejetées sans discernement. Il a souvent été
tenté de transférer un type d’organisation, qui
s’est développé organiquement, sans tenir
compte des conditions spécifiques d’un pays
en développement déterminé ou des besoins
de sa population, ou bien même de l’utiliser
comme instrument de l’Etat ou
d’organisations donatrices. Les conditions
endogènes, telles que la cohésion sociale et
les aspects économiques comme base de
l’entrepreneuriat ont été autant ignorées que
le cadre légal nécessaire définissant les
conditions exogènes.
L’image en partie négative des coopératives
n’est pas seulement due aux mauvaises
expériences faites dans l’économie planifiée ;
elle est surtout le résultat de
l’instrumentalisation par les gouvernements
et les donateurs dans la coopération au
développement qui souvent manquent de
compréhension pour le principe de
subsidiarité et n’ont aucun respect pour
l’autodétermination des coopératives ou de
leurs membres. C’est ainsi que, par exemple,
pour remplir les conditions des contrats de
paix au El Salvador après 1992, des anciens
combattants de la guérilla et des forces
20
Les coopératives ne peuvent pas remplacer
l’action de l’Etat et n’ont pas de mandat
public. C’est pourquoi dans de nombreux cas
elles n’ont jamais été ce qu’en fait elles
doivent être : entreprises de leurs membres,
fonctionnant pour leurs membres, appartenant
à leurs membres, financées et contrôlées par
leurs membres.
La coopération est d’une immense
importance, spécialement dans ce monde
globalisé mais divisé économiquement et
socialement. Seul un pays dans lequel les
individus ne participent pas seulement à la
génération de valeur mais aussi à son
utilisation et où en même temps les
producteurs bénéficient aussi des avantages
de la mondialisation, pourra se développer à
long terme. Ce n’est que s’il existe des
institutions et règlements que l’effet appelé
« trickle-down » pourra vraiment se produire.
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• Chaque coopérative doit être
efficiente et présenter de l’attrait pour
ses membres. Une orientation
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• Mais cela, les coopératives ne peuvent
l’atteindre seules que de manière
limitée: elles doivent faire partie de
réseaux de type subsidiaire car alors
elles peuvent bénéficier des
prestations des entreprises centrales
et des fédérations spécialisées.
• L’“unique“ devoir de l’Etat est là de
créer un cadre légal et régulateur
adéquat pour les activités
coopératives.
Ce qui compte, c’est la situation sur place
L’une des leçons les plus importantes tirée de
la mise en place de structures coopératives
est la suivante : chaque pays est différent,
chaque culture est différente. C’est pourquoi
il ne peut pas y avoir de modèle standard.
Mais il y a des expériences qui peuvent être
partagées :
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économique conséquente, une
organisation interne adéquate et une
direction et un personnel bien formés
sont donc nécessaires.
Les coopératives sont là un élément
structurel important qui non seulement établit
le contact entre leurs membres et le marché
mais aussi leur permet de participer à la
génération de valeur et ainsi à l’augmentation
des revenus et du bien-être en résultant. Les
coopératives d’épargne et de crédit, les
coopératives agricoles d’achat et de vente ou
les coopératives de transformation et les
coopératives commerciales et industrielles
créent des circuits économiques locaux et
établissent le lien avec l’économie nationale
et internationale.
Il existe mondialement de nombreux
exemples de structures coopératives
couronnées de succès qui sont nées de forces
et d’initiatives propres ou bien ont été
encouragées « avec précaution » de
l’extérieur. La condition essentielle à cet
effet était et reste que les coopératives
s’orientent sur les objectifs et les besoins de
leurs membres.
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Comme l’expérience le prouve, la formation
de coopératives peut aussi être encouragée
sans que des structures soient imposées
« d’en haut ». L’important, c’est que dans
chaque pays les coopératives et les personnes
qui les soutiennent développent un modèle
propre adapté à leur situation.
En résumé: La discussion sur le rôle des
coopératives ne devrait pas nous pousser à les
réintroduire en tant qu’instrument de
gouvernement ou d’organisations
humanitaires. L’important pour la promotion
de coopératives, c’est de donner aux individus
la chance de s’aider eux-mêmes en commun
et de manière organisée. Cependant, cela ne
doit pas se faire sous forme d’une promotion
externe intensive de coopératives individuelles et séparément des structures systémiques
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existantes ou en cours de formation.
Autrement, ces coopératives courent le
risque de tomber dans l’égoïsme, une
tendance observée dans de nombreux pays et
qui a contribué à l’échec de l’approche
coopérative. La solidarité est une
caractéristique non seulement de la
coopérative individuelle mais aussi de
l’ensemble du réseau coopératif. C’est
pourquoi les projets coopératifs doivent
toujours avoir en vue les structures du
système décisives pour un succès durable et
les intégrer et les renforcer dans la mesure du
possible.
(Extrait d’un dossier de Oikokredit
Deutschland en coopération avec la
rédaction de WELT-SICHTEN, 10-2011)
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