dossier zoom - Orchestre National de Lille

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dossier zoom - Orchestre National de Lille
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+33 (0)3 20 12 82 40
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ZOOM
FAMILLISSIMO
HALLOWEEN
SAM 31 OCT. 16h / Lille, Auditorium du Nouveau Siècle
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Dukas l’Apprenti sorcier Berlioz
Symphonie fantastique (extraits : Un bal, Marche au Supplice, Songe d’une
Nuit de Sabbat)
Direction Maxime Pascal
Dans le cadre de RENAISSANCE avec lille3000
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Rédaction Ghislain Abraham intervenant pédagogique o.n.l.
Crédits photos
Gravure Der ZauberLehrling de E. Schütz, photos D.R.
Gravure Berlioz dirigeant l’orchestre d’Andreas Geiger, 1846 © BNF, bibliothèque-musée de l’Opéra.
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orchestre national de lille – Place Mendès France, Lille (licence n°2-1083849)
Association subventionnée par le Conseil régional Nord-Pas de Calais, le Ministère de la Culture et de la Communication,
la Métropole Européenne de Lille et la Ville de Lille
➊
L’APPRENTI SORCIER
Une perle de la musique française
Comme de nombreux compositeurs qui l’ont précédé (Beethoven,
Schubert, Schumann, Berlioz, Massenet, Gounod…), Paul Dukas a
trouvé l’inspiration pour cette œuvre dans la littérature abondante du
poète et philosophe allemand Johann von Goethe (1749-1832). Il
s’agit ici d’une ballade* intitulée Der Zauberlehrling (littéralement
L’Apprenti
sorcier),
dont
voici
un
bref
résumé
:
« Un jeune apprenti, profitant de l’absence de son maitre, tente
d’utiliser ses talents de sorcier pour animer, grâce à une formule
magique qu’il a retenue, un balai extraordinaire. Le balai obéit à
l’apprenti et va puiser, à sa place, de l’eau à la rivière pour remplir les
cuves de la maison. Son zèle inlassable provoque une inondation
terrible, et le malheureux élève s’affole car il a oublié la formule
magique qui permet d’arrêter le balai. Il s’empare alors d’une hache et coupe le balai en deux
morceaux. Hélas, les deux morceaux du balai se relèvent et se remettent au travail, déclenchant un
véritable déluge. Dépassé, l’apprenti sorcier appelle au secours son maitre, qui fait tout rentrer dans
l’ordre. »
Il s’agit donc bien d’un poème symphonique* même si l’auteur ajoute le sous-titre ‘Scherzo
Symphonique’. Dukas y retranscrit fidèlement, image après image, le texte original de nature
fantastique. Il y décrit merveilleusement l’histoire, évoque chaque instant du conte avec un talent inouï
qui transporte l’auditeur au milieu du déluge en le plaçant au centre de cet atelier magique.
La pièce est construite en trois parties (introduction – développement – conclusion). L’introduction,
courte et lente, dépeint l’atmosphère étrange, mystérieuse et pleine de sortilèges qui règne dans la
maison du sorcier. Elle est évoquée musicalement par les violons avec sourdine*, la harpe et les cordes
graves. Les bois amorcent des bribes du thème du « balai ». La partie centrale, quant à elle, fera
entendre le thème du « balai enchanté » (joué aux 3 bassons* à l’unisson*), celui léger et insouciant de
« l’apprenti » (joué au piccolo* et aux bois aigus) et de celui de l’eau et de l’inondation (motifs
rapides en ondulation joués au cordes). La conclusion reprend l’atmosphère mystérieuse du début.
Sous des apparences de musique « facile » à destination des enfants, impression renforcée par la
version universellement connue mise en image par les Studio Disney en 1940 pour le film Fantasia, se
cache un véritable chef d’œuvre symphonique. Dukas prouve ici son sens de la perfection aussi bien
sur le plan formel qu’au niveau de l’orchestration claire et brillante, éléments qui font la renommée de
la musique française.
! EN BREF
Titre L’Apprenti sorcier, scherzo symphonique
Compositeur Paul Dukas (1865-1935), français
Date de création 18 mai 1897, Paris
Genre poème symphonique
Durée 12’
➋
AVEC BERLIOZ, LA SYMPHONIE C’EST
FANTASTIQUE !
Afin d’expliquer son audacieuse Symphonie fantastique au public,
le jeune Hector Berlioz présente ainsi l’argument de cette
‘symphonie à programme’: « Un jeune musicien, d’une
sensibilité maladive et d’une imagination ardente, éprouve une
passion volcanique pour une femme. Il imagine la retrouver au
cours d’un bal... Puis il se prend a rêver, un soir d’été a la
campagne, qu’elle lui voue le même amour... Mais dans un accès
de désespoir amoureux, il s’empoisonne avec de l’opium. La dose
de narcotique, trop faible pour lui donner la mort, le plonge dans
un lourd sommeil accompagne des plus horribles et étranges
visions : ses sensations, ses sentiments, ses souvenirs se traduisent
dans son cerveau malade en pensées musicales. La femme aimée
est devenue pour lui une mélodie et comme une idée fixe qu’il
retrouve et entend partout... Il rêve qu’il a tue celle qu’il aime,
qu’il est condamne a mort et qu’il assiste a sa propre exécution... Il se voit au Sabbat, au milieu
d’une troupe affreuse d’ombres, de sorciers, de monstres de toute espèce réunis pour ses
funérailles...».
Largement autobiographique, Berlioz s’inspire des ses amours contrariées avec la jeune actrice
irlandaise Harriet Smithson et livre une partition d’une grande audace qui va révolutionner la musique
symphonique. Construite en 5 mouvements au lieu des 4 que l’on trouvait jusqu’alors dans une
symphonie, Berlioz innove également sur le plan de l’orchestration* en démultipliant les instruments
(2 harpes, 2 tubas, 4 bassons, 2 timbaliers…) pour un total de près de 85 musiciens, ce qui ne s’était
jamais fait avant lui. Il tire le meilleur parti de toutes les ressources de l'orchestre en proposant des
combinaisons de timbres* inédites et en employant des instruments rares pour l'époque comme les
cloches d’église, la caisse claire*, les cymbales* ou la harpe.
Dans le cinquième mouvement de la Symphonie intitulé Songe d'une nuit de Sabbat, Berlioz imagine
son héros participant bien malgré́ lui, pour ses funérailles, à une grande assemblée satanique. Il le voit
entouré d'ombres, de sorciers, de monstres. On entend des bruits étranges, gémissements, éclats de
rire, cris lointains auxquels d'autres cris semblent répondre. La mélodie de « la femme aimée »
réapparait mais elle a perdu de son caractère de noblesse et de timidité; ce n'est plus qu'un air de danse
grotesque et diabolique. Le rythme se déchaine, les trombones et tubas jouent un rôle central dans
cette atmosphère infernale en énonçant gravement le Dies Irae* qui se transforme en une mélodie
sautillante. Les coups de cloches d'église viennent rompre le silence de l'orchestre.
! EN BREF
Titre Symphonie fantastique, op.14
Compositeur Hector Berlioz (1803-1869), français
Date de création décembre 1830, Paris (première version)
Genre symphonie en 5 mouvements
Durée 50’ en tout
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PETIT DICTIONNAIRE MUSICAL
(retrouvez ici tous les mots signalés*)
Ballade : à l’origine, c’est un poème médiéval dont chaque strophe se termine par le même vers
(refrain). Il existe quantité de ballades, la plus célèbre d’entre elles étant peut-être « la Ballade des
pendus » de François Villon (1462). A l’époque romantique, les poètes renouvellent ce genre ancien
en reprenant des sujets médiévaux et légendaires.
Basson : instrument à anche* double (comme le hautbois) il est la basse de la famille des bois. Il est
formé d’un long tuyau conique plié en deux mesurant 1,30 m de haut (2,70 m si on le dépliait
complètement !). A l’orchestre national de lille, les musiciens jouent du fagott (version allemande du
basson, plus moderne et plus sonore, différente du basson dit « basson français » qui devient rare dans
les orchestres symphoniques).
Caisse claire : instrument de la famille des tambours dont la peau du dessous est munie de fils qui
entrent en vibration et donne au tambour un son plus clair.
Cymbales : instruments de la famille des percussions composés d’une paire de fins disques de métal
que l’on frappe l’un contre l’autre (cymbales frappées). Il existe aussi des cymbales que l’on pose sur
un pied et que l’on frappe dessus avec des baguettes (cymbales sur pied).
Dies Irae : locution latine signifiant Jour de Colère faisant référence à la colère de Dieu le Jour du
Jugement dernier. Traditionnellement dans la liturgie catholique, on utilise ce chant issu du grégorien
(illustration ci-dessous) à l’occasion de messes pour les défunts (Requiem). Le début de cette mélodie
immédiatement reconnaissable est reprise dans de nombreuses compositions musicales.
Orchestration : opération de réécriture d’une œuvre musicale qui consiste à confier à différents
instruments, voire à un orchestre entier, une musique écrite à l’origine pour un seul instrument.
Piccolo : de l’italien Piccolo signifiant « petit ». Aussi appelé « petite flûte », c’est le plus petit
instrument à vent de l’orchestre. Il est construit en bois d’ébène. Il joue des sons suraigus qui se
détachent nettement du reste de l’orchestre.
Poème symphonique : pièce orchestrale généralement courte et en un seul mouvement basée sur un
texte littéraire. Il peut s’agir d’un poème, d’un récit, d’un événement historique. La musique va
évoquer ou décrire un lieu, une action ou un personnage. C’est Franz Liszt qui établit les standards de
ce nouveau genre musical (il en compose une quinzaine) très en vogue chez les Romantiques.
Sourdine : accessoire que l’on pose sur l’instrument dans le but d’assourdir le son, de le rendre moins
puissant.
Timbre : il s’agit du son de l’instrument, avec les caractéristiques sonores qui lui sont propres
Unisson : phénomène sonore qui survient lorsqu’au moins 2 chanteurs ou 2 instruments jouent
strictement la même chose de manière synchronisée.