L`ENTRETIEN DES SURFACES ENGAZONNEES

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L`ENTRETIEN DES SURFACES ENGAZONNEES
L’ENTRETIEN DES SURFACES ENGAZONNEES
Raisonner les interventions
Les interventions sur les surfaces engazonnées, et surtout leur fréquence, sont très différentes selon les types
d’espaces . Ainsi les gazons de terrains de sports (foot, rugby, golf, tennis…) sont l’objet d’une maintenance
maximale (interventions quasi quotidiennes), alors que les interventions sur un gazon privatif (pelouse d’un jardin
particulier) ou un gazon d’espace de détente en périphérie urbaine seront beaucoup moins rapprochées.
Le fascicule n°35 du CCTG (Cahier des Clauses Techniques Générales) distingue :
-
les gazons régulièrement entretenus (entretien soigné sur gazon d’ornement, entretien courant sur gazon
d’agrément)
-
les gazons peu entretenus (entretien rustique sur gazon pour grands espaces verts)
Opérations pouvant être effectuées pour l’entretien d’un gazon soigné, courant, rustique (extrait du CCTG) :
Entretien soigné
Entretien courant
Entretien rustique
(gazons
d’ornement)
(gazons
d’agrément)
(gazons
grands
verts)
X
Tonte
Découpe
bordures
X
des X
X
Arrosage
X
X
Défeutrage
X
X
Roulage
(X)
(X)
Aération par
X
(X)
pour
espaces
(X)
(X)
perforation
Aération
par (X)
Scarification
(X)
Décompactage
Sablage
(X)
(X)
(X)
(X)
X
X
(X)
Terreautage
Regarnissage
Fauchage
(X)
X
On peut constater que les gazons peu entretenus sont l’objet d’un très petit nombre d’interventions, pour des raisons
d’ordre esthétique, écologique ou économique : 2 à 4 tontes ou fauches par an , avec enlèvement rapide des produits
de tonte, pas d’arrosage, de fertilisation ni de regarnissage.
Nous traiterons donc surtout ici des gazons régulièrement entretenus. Les textes entre guillemets sont extraits du
CCTG, fascicule 35 (commentaires en italiques).
1.
LA TONTE
Pourquoi tondre ?
- en coupant l’extrémité des graminées, la tonte supprime la dominance apicale, entraînant la formation de
nouvelles feuilles qui contribuent à augmenter la densité du gazon.
-
Une pelouse tondue présente un meilleur aspect esthétique. Mais un gazon tondu ras et souvent devient plus
fragile.
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La tonte s’effectue pendant les périodes de croissance, soit généralement de mars à novembre selon les régions et les
facteurs climatiques (on peut être obligé de tondre en décembre ou février).
Comment tondre ?
La meilleure qualité de coupe est obtenus par les tondeuses à lames hélicoïdales, qui ont tendance par contre à
coucher le gazon quand les tontes sont trop espacées (plus d’une semaine).
Les tondeuses à lames rotatives permettent de tondre moins souvent (par exemple deux tontes par mois), mais
l’extrémité des feuilles , plus abîmée, est plus sensible aux attaques des cryptogames.
La hauteur de coupe est liée à la saison et aux espèces semées : de 2 mm (Agrostis sur green de golf) à 10 cm
(Fétuque Elevée sur hippodrome) ; une coupe à 4 ou 5 cm est considérée comme satisfaisante, à condition de ne pas
enlever plus d’un tiers de la hauteur de la feuille (jamais plus de la moitié) ; remonter la hauteur de coupe en été et fin
d’automne ; désinfecter les lames en cas de maladies
« La coupe doit être régulière et franche.
Elle est régulière quand le gazon constitue un tapis homogène sans ondulation ni trace, elle est franche lorsque les
extrémités des feuilles ne sont pas mâchées.
Si le CCTP prévoit l'enlèvement des produits de tonte, ceux-ci sont évacués immédiatement après chaque opération.
Le maître d’œuvre peut exiger l'enlèvement des produits de tonte même si le CCTP ne le prescrit pas, lorsque ces
déchets sont de nature à gêner la repousse du gazon.
L'évacuation des produits de tonte est comprise dans le prix de la tonte.
Lorsque les tontes sont laissées sur place, elles sont réparties uniformément sur toute la surface de la pelouse.
Dans tous les cas les travaux comprennent l'enlèvement des divers déchets (papiers, cailloux, feuilles, bois mort...) sur
les surfaces intéressées et l'enlèvement des herbes projetées sur les aires non engazonnées. »
Faut-il ramasser les produits de tonte ?
Pour des raisons économiques (temps de travaux) et écologiques (quoi faire des déchets, souvent pollués par les
traitements ?) le ramassage systématique des produits de tonte est aujourd’hui controversé et il n’est pas simple de
prendre la bonne décision, si tant est qu’il y en ait une...
Ne pas ramasser les produits de tonte permet de gagner du temps, mais surtout de restituer au sol de la matière
organique ; certaines études montrent que cette pratique permet de diminuer de 25 à 30 % les apports d’engrais azoté.
Mais « le ramassage des déchets après chaque tonte permet de limiter :
-
le développement du feutrage,
-
le développement des maladies cryptogamiques,
-
la dissémination des graminées indésirables (par exemple : pâturin annuel). »
On pourrait envisager :
-
Un ramassage systématique avec mise en décharge pour les gazons d’ornement ou espaces très sollicités et donc
sensibles au feutrage et aux maladies cryptogamiques (terrains de sports) ; un nombre croissant de gestionnaires
choisissent de ramasser une fois sur deux lorsque les tontes sont fréquentes.
-
Un ramassage lors des tontes par temps humide et des tontes avec système « recycleur » (temps sec) pour les
gazons d’agrément. (le « recycleur » ou « mulching » est un système permettant , par des passages répétés de
l’herbe dans le carter, de projeter uniformément sur le sol des déchets très finement « hachés »).
-
Des tontes systématiques avec « recycleur » pour les gazons peu sollicités et pour lesquels la qualité esthétique
n’est pas primordiale.
2. LA DÉCOUPE DES BORDURES
Cette intervention permet de maintenir le tracé des circulations lorsqu’aucune séparation n’a été prévue entre le gazon
et la circulation ; le cas est fréquent pour des allées en sable stabilisé.
« La découpe des bordures doit respecter le tracé initial.
Sauf stipulations différentes du CCTP, les découpes des bordures sont effectuées :
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-
une fois par mois en période de pousse active de l'herbe, pour un entretien soigné,
-
deux fois par an, pour un entretien courant,
-
une fois par an pour l’entretien rustique. »
3. L’ARROSAGE
L’eau et le sol (rappel…)
Toute l’eau qui tombe sur le sol n’est pas utilisable par la plante , une partie ruisselle en surface, une partie est retenue par
les particules du sol, une partie descend vers le sous-sol .
Seule la fraction d’eau retenue par le sol est « utile » ; mais une fraction encore adhère fortement aux particules du sol, une
autre est « libre » et donc réellement utilisable. Un calcul, après analyse de sol, permet de connaître la quantité maximale
d’eau libre qu’un sol peut retenir, en intégrant une « marge de sécurité » ( RFU, Réserve Facilement Utilisable).
La plante absorbe l’eau du sol et transpire ; d’autre part, le soleil et le vent entraînent l’évaporation d’une partie de l’eau du
sol : ce double phénomène est nommé évapotranspiration potentielle (ETP), et s’exprime en mm.
la dose d’arrosage
La dose d’eau à apporter correspond à la différence entre la quantité d’eau évapotranspirée (ETP) et la quantité d’eau
apportée par les pluies naturelles (P) ; si P est supérieur à la RFU, on ne retiendra que la valeur de la RFU. S’il ne pleut pas,
la dose compensera intégralement l’ETP.
la fréquence d’arrosage
La fréquence des apports en eau sera fonction de la pluviométrie naturelle (P), de la pluviométrie des arroseurs (Pa) ,
de la RFU et de la vitesse de filtration (VF) ; elle dépendra également de la périodicité des bilans hydriques (jour,
semaine, mois). Si les arrosages sont espacés, on veillera à fractionner la dose en plusieurs apports de 5 à 8 mm (au
delà de ces valeurs, il est probable que le sol ne pourra retenir l’eau, et que celle-ci percolera.
Arrosage automatique
Les programmateurs électroniques et vannes électriques permettent une simplification des interventions d’arrosage,
mais bien souvent la programmation est effectuée un peu au hasard, ce qui entraîne soit des carences en eau soit un
gaspillage important.
Les programmateurs actuels sont dotés d’une fonction « water budget » permettant d’adapter rapidement les doses
d’arrosage aux besoins réels.
Exemple :
-
parcelle engazonnée d’une surface de 1200 m²
-
débit total des arroseurs (un seul type d’appareils) : 10.8 m3/h
-
pluviométrie des arroseurs : 10 800/1200 = 9 mm (rappel : un volume d’1 litre d’eau sur 1 m² correspond à une
hauteur d’eau de 1 mm).
-
Dose d’arrosage : il est plus simple avec la fonction « water budget » de fixer la dose à 5 mm ou à 10 mm (le
système fonctionnant en % et par pas de 10 %, en établissant une dose à 10 mm on obtient 1 mm = 10% et pour
une dose à 5 mm on obtient 1 mm = 20%). Si la dose est fixée à 5 mm , il faudra régler le temps d’arrosage à
(dose/pluviométrie, soit 5/9) 0,55 h, soit (x 60) 33 minutes.
-
Pour faire varier le temps d’arrosage en fonction des besoins, il suffira d’afficher le % d’augmentation ou de
diminution de la dose :
-
5 mm = 100%
-
6 mm = + 20%, soit 120%
-
4mm = - 20%, soit 80%
Il conviendra de fractionner les apports (apporter la dose en plusieurs cycles) lorsque l’on craint le ruissellement (sols
en pente), le flacage (sols lourds), ou la percolation (sols sableux).
« La quantité d'eau apportée à chaque opération est telle que le sol est humidifié sans excès et de façon homogène sur
la totalité de la profondeur prospectée par les racines du gazon.
La fourniture de l'eau est à la charge du maître de l'ouvrage.
Si le CCTP prévoit l'arrosage, il indique les objectifs à atteindre…
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Les quantités d'eau apportées à chaque arrosage et l'intervalle de temps entre ceux-ci ont une grosse influence sur la
profondeur d'enracinement.
Les arrosages trop fréquents et superficiels provoquent un enracinement superficiel induisant pour le gazon une
sensibilité plus importante à l'arrachement et à la sécheresse.
Par ailleurs, les arrosages trop abondants favorisent le lessivage de certains éléments nutritifs et l'apparition de
maladies cryptogamiques…
Lorsque l'installation le permet, les arrosages se feront entre 22 heures et 7 heures…
Le fractionnement des quantités d'eau à apporter aux surfaces enherbées est indispensable pour limiter le
ruissellement (sur un gazon d'ornement de qualité, le taux de percolation des sols est rarement supérieur à 5 mm par
heure. La dose d'arrosage doit toujours être égale au maximum à 80 % du taux de percolation)…
Il est en général admis que l'épaisseur du sol mouillée par l'arrosage est égale à trois fois la quantité d'eau distribuée
exprimée en millimètres. Ainsi, les fréquences d'arrosage, associées aux doses d'arrosages doivent permettre
d'apporter une quantité d'eau suffisante pour mouiller la totalité de l'épaisseur du sol exploitée par l'essentiel des
racines. »
4. LES TRAITEMENTS
Contre les adventices
Selon l’environnement du terrain (sites sans espaces verts, sites naturels, friches …), des herbes indésirables, dont les
graines sont transportées par le vent (« adventices ») et les animaux , peuvent s’installer dans des proportions plus ou
moins importantes. La plupart d’entre elles (dicotylédones) pourront être supprimées par traitement herbicide sélectif ;
mais il n’existe pas de traitements sélectifs des graminées entre elles vraiment satisfaisants.
Traitement des jeunes gazons :
-
Ioxynil (240 g/ha) + Mécoprop (720 g ha), après quelques tontes ou dès le stade trois feuilles.
Traitement des gazons établis :
-
2,4 D (500 g ha) + Mécoprop (2000 g/ha)
-
2,4 D (200 g/ha) + 2,4 MCPA (300 g ha)
-
sur trèfle et vivaces en grand nombre : Dicamba
-
autres matières actives : fluroxypyr, clopyralid
Quelques recommandations :
-
traiter pendant la croissance active (avril/mai, septembre), en évitant impérativement les périodes trop chaudes
pour le 2.4 D sous forme d’ester.
-
Traiter par temps calme (pas de vent) , sur un gazon ressuyé, environ 3 jours après une tonte.
-
Traiter en basse pression , et utiliser des volumes d’eau importants (600 à 1000 litres / ha).
-
Attendre 4 à 6 jours avant de tondre.
contre les maladies
Les maladies les plus fréquemment constatées sont des maladies cryptogamiques :
-
Fil rouge, Fusarioses, Helminthosporiose, Les Rouilles
Le meilleur moyen de lutte contre ces maladies est préventif : pas d’apport excessifs en azote, arrosages raisonnés,
respect des hauteurs de tonte, désinfection des lames, défeutrage…
Les produits de traitement anti-cryptogames sont des fongicides.
L’épandage d’un engrais spécifique en même temps qu’un traitement fongicide renforce l’efficacité de ce dernier.
Se méfier de l’accoutumance des parasites aux produits de traitement : en cas d’échec de traitement, changer de matière
active.
Contre les mousses
Agir d'abord sur les facteurs favorisant le développement des mousses : acidité, humidité, compaction, ombre.
Proscrire les produits à base de sulfate de fer : taches sur dallages, mais surtout acidification rapide... N'apporter de la
chaux qu'après analyse du pH. Un fractionnement des apports en azote (à petites doses) contrarie beaucoup les
mousses...mais augmente la fréquence des tontes. En général, ne pas favoriser l'humidité, défeutrer (engin à lames ou
fléaux) et décompacter (aérateur à broches); un sablage (40 tonnes/ha) permet de pérenniser l'aération.
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Si un traitement s’avère nécessaire, deux matières actives possibles : cyanamide calcique et dichlorophène.
Contre les ravageurs
Les principaux dégâts occasionnés aux gazons sont causés par les vers de terre, les vers blancs, les tipules et les
noctuelles.
Les vers de terre sont plutôt des auxiliaires par leur activité d’aération du sol et de production de matière organique ;
la concentration en surface de leurs déjections peut rendre la pelouse glissante, mais la lutte chimique, notamment par
le carbaryl, est interdite.
Les vers blancs (Phylloperta horticola) sont les larves des hannetons ; ils rendent les gazons plus sensibles à la
sécheresse en consommant les racines . On peut traiter au chlorpyriphos-éthyl, ou avec Heterorhabdilis bacteriophora
en lutte biologique.
Les larves de tipules et noctuelles se nourrissent de matières végétales en décomposition et rongent les racines,
notamment en sols humides, pauvres en humus et par hivers doux. L’activité est plus importante au printemps. Le
traitement au chlorpyriphos-éthyl ou à la bifentthrine peut être efficace ; en lutte biologique, Steinernema carpocapsae
donne de bons résultats contre les larves de tipule.
5. LA FERTILISATION DES GAZONS
Les gazons peu entretenus ne sont pas fertilisés. Les gazons entretenus régulièrement sont fertilisés en fonction de la
sollicitation, de la fréquence et de la hauteur de tonte : plus un gazon est sollicité (fréquentation) et tondu, plus il devra
être fertilisé.
Les éléments minéraux
-
L’azote , qui favorise la croissance du gazon ; il intervient dans la division cellulaire et sur la couleur. En cas
de carence importante on observe une nécrose des extrémités des feuilles.
-
Le Phosphore, indispensable pour le développement racinaire. Une carence provoque une nervation rouge.
-
Le Potassium , qui joue un rôle important dans l’activité chlorophyllienne : il permet la synthèse des glucides
et leur accumulation sous forme de réserves. Il augmente aussi la résistance du gazon au froid, aux maladies
et au piétinement ; en cas de carence la gazon est clairsemé.
-
Le Calcium, intervient dans la structure de la plante, pour la composition des parois cellulaires, rarement en
manque dans le sol.
-
Le Magnésium, pour la coloration du feuillage (chlorophylle); il est important pour la nutrition des gazons.
-
Le Soufre, qui favorise la résistance au froid et joue un rôle dans la coloration du feuillage, c’est un élément
dont la consommation est équivalente à l’azote.
-
Les oligo-éléments , indispensables au fonctionnement métabolique de la plante.
Les besoins, le plan de fertilisation
Ils sont proportionnels aux quantités exportées par les tontes. On estime que l’azote, le phosphore et le potassium (N,P
et K) sont consommés selon un rapport de 3/1/2,5 ou 3/1/3 (lorsque le gazon consomme 3 unités d’azote, il en
consomme 1 de phosphore et 3 de potasse). Il faudra donc restituer les éléments fertilisants en respectant ce rapport.
« Selon la qualité voulue, les gazons entretenus régulièrement reçoivent 2 à 3 apports d’engrais pour un total
d’unités fertilisantes/ha/an de :
. azote : 100 à 150,
. anhydride phosphorique : 50 à 80,
. potasse : 100 à 150
Les époques d’application sont, en général, la sortie de l’hiver, la fin de l’été et la fin d’automne. Les engrais à
action lente sont recommandés pour éviter les excès de pousse. »
Il serait simple d’utiliser des engrais dont la formulation respecte le rapport d’équilibre NPK , par exemple un engrais
20.7.16 ou 20.7.20, mais les besoins du gazon sont différents selon les saisons : il faut plus d’azote au printemps pour
favoriser la croissance, et plus de potasse à l’automne pour renforcer la résistance du gazon au froid, à l’humidité et
aux maladies ; les besoins en phosphore sont constants.
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Ainsi, il conviendra d’utiliser au printemps un engrais de type 20.5.8, et à l’automne un engrais de type 10.5.20 ; si un
troisième apport est effectué, on pourra utiliser un engrais de type 15.5.15.
Le plan de fertilisation (ou plan de fumure) consiste à prévoir, pour une année :
-
les types d’engrais
-
les dosages par apport
-
les époques d’apport
-
le poids d’engrais à commander
Il conviendra de vérifier que les quantités apportées correspondent aux besoins, c’est à dire soit respectent
l’équilibre 3/1/2,5 (ou 1/0.35/0.8), soit répondent aux préconisations consécutives à une analyse de sol.
L’évolution technologique et les disponibilités commerciales permettent aujourd’hui de n’utiliser que des engrais à
libération lente :
-
azote organique de synthèse (IBDU, UF, CDU)
-
engrais NPK enrobés de polymère
-
engrais N ou NPK enrobés de soufre (SCU)
-
engrais N ou NPK filmés
Les coûts sont certes plus élevés, mais d’une part les quantités sont moindres et d’autre part les éléments migrent
moins et permettent une large réduction de la pollution et des coûts induits (stockage des eaux de drainage,
dépollution…).
Exemple de plans de fertilisation selon les types d’espaces (attention à la texture des sols) :
Espaces verts extensifs (plaines de
jeux, camping…)
50 U de N/ha/an
2 apports : mars/avril , mai
Gazons « communs »
100 U de N/ha/an
3 apports : mars/avril, mai, septembre
Gazons d’ornement
150 U de N/ha/an
4 apports : mars/avril, début mai, juin, septembre
Terrains de sports (honneur)
200 U de N/ha/an
6 apports : mars, avril, mai, juin, août, octobre
Greens de golf
250 U de N/ha/an
1 apport mensuel de mars à novembre
Les amendements
Les amendements sont destinés à modifier la texture des sols et ont une action sur la structure :
6.
-
Apports de sable : « alléger » les sols lourds, augmenter la capacité drainante des sols, entretien de la
planéité. Les sables apportés seront des sables roulés, d’une granulométrie de 0/2 à 0/4 (ou 2/4 en sols
limoneux).
-
Apports calciques : ils permettent de corriger l’acidité des sols (augmenter la valeur du pH, dont la valeur
optimale pour un gazon est de 6,5) ; une correction importante sera toujours progressive (fractionner les
apports de chaux).
-
Apports humiques : ce sont les seuls amendements intégrant une part de fertilisation ; la matière organique
apportée sera toujours très décomposée (terreau) et peut être enrichie en population bactérienne et en
ferments pour entretenir une bonne activité biologique. Un apport annuel de 80g/m² peut être satisfaisant,
mais ne pas envisager un amendement humique sur un sol asphyxié.
INTERVENTIONS MÉCANIQUES SUR UN SOL ENGAZONNÉ
Défeutrage
Les débris de tiges, feuilles et racines de gazon constituent à la surface du sol une couche de déchets organiques peu
ou mal décomposés : le feutre. Si cette couche est épaisse et compactée, elle retient l’eau et les éléments fertilisants,
constituant ainsi une réserve dans laquelle les racines viennent puiser, cessant de l’alimenter en profondeur (remontée
racinaire). Le gazon est alors affaibli, très sensible au manque d’eau . Par ailleurs, le feutre constitue un milieu
favorable au développement des maladies cryptogamiques.
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Lorsque la couche de feutre atteint une épaisseur de 10 mm, il faut l’éliminer.
« Cette opération de régénération s'effectue par un passage croisé pendant les périodes de tallage pour assurer une
régénération rapide du gazon (printemps) (*). Les déchets sont évacués immédiatement après l'opération. Les
machines à utiliser sont des régénérateurs (ou défeutreuses) dont l'axe horizontal est équipé de lames verticales
coupantes dont la profondeur de travail dans le feutre est de 10 à 20 mm.
La scarification contribue au défeutrage.
* Il est recommandé d’effectuer un défeutrage au moins une fois par an. Il est éventuellement précédé par un
désherbage sélectif et traitement des mousses. »
Roulage
Le roulage, destiné à régulariser la surface du sol et de rechausser les plantes arrachées, est rarement conseillé en
raison de la fréquence des interventions mécaniques.
« Le roulage est une opération qui est pratiquée exceptionnellement pour supprimer les déformations créées par
l’action gel - dégel, par le piétinement d’un sol imbibé, ou autre...
En règle générale, il n’est pas nécessaire de rouler un gazon. En cas de besoin, le roulage doit être effectué avec un
rouleau spécifique à gazon. Le rouleau utilisé a une grande largeur de travail pour éviter de marquer le sol, et un poids
au centimètre de génératrice n’excèdent pas 2 kg ; tout autre matériel, notamment du type compacteur à jante lisse
utilisé en TP est proscrit. Le roulage est effectué avec une vitesse d’avancement faible.
Le sol à travailler doit être largement ressuyé mais humide (*).
* On ne roule pas un sol dans les conditions suivantes :
- sol gelé (risque de dégâts occasionnés à la végétation en place),
- sol détrempé (eau en excès stockée dans le sol),
- sol trop plastique (sol déformable et risque élevé de compactage),
- sol sec (action inefficace). »
Aération (carottage, perforation, scarification)
Lorsque les sols engazonnés sont compactés (sols sportifs, espaces à forte fréquentation) il est impératif d’intervenir
pour assurer une bonne circulation de l’air et l’eau. Les opérations de défeutrage et de décompactage, permettent
d’aérer le sol. Trois autres types d’intervention permettent de compléter cette aération :
-
le carottage : il « consiste à extraire des carottes de 6 à 12 cm de longueur et 10 à 20 mm de diamètre. Le
nombre de trous varie de 60 à 500 au m² suivant les gazons et suivant les appareils. Les carottes sont
émiettées ou ramassées. ».
-
la perforation : opération identique, mais sans extraction ; des broches viennent perforer le sol.
-
La scarification : cette intervention « consiste à faire des incisions ou fentes de 8 à 10 cm de profondeur dans
le sol pendant les périodes de pousse active de l'herbe.
* Un sablage est conseillé, il a pour but de compenser l’élimination des carottes et d’améliorer la
perméabilité du sol.
Décompactage
Des engins spécifiques (sous-soleuse vibrante, décompacteur à broches) permettent d’assurer une aération plus
profonde (25 à 30 cm) ; l’opération déforme les sols et peut provoquer des cisaillements sur les racines : elle n’est
donc pas à renouveler trop souvent (un rythme annuel est rarement préconisé sauf pour les terrains de sports).
Sablage/terreautage
« Le sablage et éventuellement le terreautage sont souvent effectués à l'occasion du défeutrage, de la scarification ou
de l'aération. Ces opérations permettent de limiter le feutrage et le compactage, d'améliorer la perméabilité de surface
et de rectifier la planimétrie.
La qualité de ces apports est importante. Il faut choisir des sables siliceux, lavés, de granulométrie de 0/2 à 0/4 mm.
Les terreaux doivent être indemnes de graines, de plantes adventices indésirables et de produits herbicides.
Les quantités et les époques d'épandage varient avec les types de gazon et sont précisées par le CCTP. En règle
générale, il est préférable de faire des apports légers et assez fréquents (*).
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* Dans le cas de gazon sur dalle, une attention particulière est apportée aux contraintes de surcharge de la dalle. »
Regarnissage
Le semis de regarnissage permet de restaurer les gazons dégradés par la sécheresse, l’ombre, le froid, le piétinement…
Il consiste en un apport de graines de gazon adaptées à l’usage et à la situation.
« Les semis de regarnissage sont effectués à l'automne ou au printemps, après une scarification ou une aération. Ils
sont généralement suivis d'un sablage ou d'un terreautage, d'une fertilisation et d'arrosages fréquents pendant la
période d'établissement.
Les doses des semis varient suivant l'état de dégradation du gazon, de 1 à 2 kg pour 100 m² .
Comme pour les terrains de sport, le regarnissage des gazons d'ornement et d'agrément devrait être effectué
régulièrement. Cette opération permet non seulement de régénérer des gazons dégradés, mais également d'améliorer
des gazons médiocres par l'incorporation de cultivars performants. »
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maladies
Fil rouge
-
helminthosporiose Fusariose froide
-
Fusarioses
estivales
-
Rouilles des
gazons
-
Ronds de sorcières -
Les maladies du gazon
symptômes
facteurs favorables
taches de 5 à 35 cm, blanchâtres à brunes
- air humide, brouillard, rosée
les feuilles sèchent, rosissent et se décolorent par la pointe
- alimentation insuffisante (azote)
filaments rouges, amas muqueux
- plantes blessées, affaiblies
-
prévention
apport d’azote
éviter le stress
arroser le matin, plus longtemps et
moins souvent, nettoyer le matériel
apport de potasse
fertilisation équilibrée (attention à
l’azote nitrique de printemps)
défeutrer
arroser le matin, plus longtemps et
moins souvent
Choix des graminées
Azote à action lente, faible apport en
automne
Apport de potasse
Eviter l’excès d’eau, l’air stagnant et
l’ombre
défeutrage, maîtrise du PH
éviter les coupes trop rases, ramasser
les déchets
arrosages matinaux, éviter les excès
d’azote au printemps
augmenter la fréquence de tonte pour
évacuer les limbes attaqués
ramasser les déchets de tonte
arrosages copieux mais espacés
-
aérations ponctuelles
fertilisation équilibrée
-
été : flétrissement et dépérissement
printemps et automne : brunissement du feuillage
petite tache brun rouge à noir, d’abord ronde puis évoluant en
plages irrégulières
« brûlures de cigarettes » sur feuilles (centre blanc cerné par
une étroite bande noire ou brun rouge)
taches circulaires de 2 à 40 cm
couleurs concentriques : extérieur vert sombre, intérieur
blanc, reverdissement au centre
mycélium blanchâtre cotonneux
-
alternance humide/sec
azote nitrique
compaction, mauvais drainage
lumière faible
-
-
-
taches circulaires, irrégulières, de 5 à 90 cm, souvent au
même endroit d’année en année
feuillage vert-jaunâtre, le centre reste vert ou peut reverdir
mycélium rose
-
forte humidité, drainage et
aération insuffisants
azote ammoniacal en excès
feutre
alternance froid/doux, neige
fondante
humidité avec température élevée
suivie d’une période sèche
feutre, azote ammoniacal
sol et eau d’arrosage trop alcalins
seules les parties aériennes sont atteintes, chlorose puis
dessèchement de la feuille
pustules pulvérulentes rousses sur feuilles
la couleur passe du vert au jaune orangé (été) puis au beige
brun (automne)
grand anneau de 50 cm à plusieurs m, d’un vert plus foncé
agrandissement d’année en année
apparition des fructifications par temps humide
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temps doux et humide avec
alternance de périodes sèches
températures de 10 à 25 °C
carences diverses et stress, trop
d’azote, tontes hautes et espacées
sol mal aéré
déséquilibre NPK
carences en N et Fe
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Denis MARCHE / Entretien des surfaces engazonnées
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espèces sensibles
Fétuques rouges,
Ray-grass anglais
Presque toutes
Surtout pâturin
des prés, agrostis,
puis fétuques
rouges, ray-grass
anglais
Agrostis,
pâturins, fétuques
Pâturins, raygrass anglais,
fétuques
Denis MARCHE / Entretien des surfaces engazonnées
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