Rapport d`évaluation de la Bibliothèque nationale et universitaire de

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Rapport d`évaluation de la Bibliothèque nationale et universitaire de
Section des établissements
Rapport d'évaluation de la Bibliothèque
nationale et universitaire de Strasbourg
janvier 2009
Rapport d'évaluation de la Bibliothèque
nationale et universitaire de Strasbourg
Le Président de l’AERES
Section des établissements
Le Directeur
Michel Cormier
Jean-François Dhainaut
janvier 2009
2
Sommaire
Histoire, contexte et identité
5
I – Une histoire mouvementée
5
II – Un statut particulier
6
Le gouvernement et la gestion
7
I – Budget, finances et comptabilité
7
1 ● Une situation propice aux interrogations et inquiétudes
7
2 ● Des budgets “gestionnaires” mais qui manquent d’ambition
7
3 ● Une situation financière modeste mais convenable
8
II – Gouvernance et ressources humaines
9
1 ● Une réorganisation récente
9
2 ● La gestion des ressources humaines
11
4 ● Le dialogue social
12
3 ● La formation professionnelle
12
La politique immobilière
13
I – La situation actuelle : des locaux inadaptés
13
II – La BNU Nouvelle
13
1 ● Un projet ambitieux
13
2 ● Un financement non finalisé
14
3 ● Une grande attente en interne
16
La politique documentaire
17
II – Les usages et les publics
17
I – La richesse des fonds et le caractère national de la BNU de Strasbourg
17
1 ● Les prêts et entrées
17
2 ● Les publics
18
III – L’accroissement des collections
19
2 ● Les dépenses d’acquisition
19
1 ● L’accroissement des collections
19
3 ● Les dons et le dépôt légal
IV – Les collections de la BNU de Strasbourg dans le contexte documentaire strasbourgeois
1 ● La rude fraternité avec les bibliothèques d’université
2 ● Les relations courtoises mais lointaines avec la CUS (Communauté urbaine de Strasbourg)
20
20
20
3 ● Les autres collectivités
janvier 2009
19
21
3
V – La carte documentaire
VI – Le système d’information
1 ● Le système d’information
21
23
et les chantiers numériques
23
2 ● La numérisation
24
25
La politique culturelle : une meilleure lisibilité
Conclusion, recommandations
27
I – Les points forts
27
II – Les points faibles
27
III – Les recommandations
27
Liste des sigles
29
Organisation de l’évaluation
39
Observations de l’administrateur
31
4
Histoire, contexte et identité
I – Une histoire mouvementée
La Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (BNU de Strasbourg) a été fondée en 1871 sous le nom
de Kaiserliche Universitäts - und Landesbibliothek (c’est-à-dire Bibliothèque impériale de l’université et du land). Elle
devait remplacer la prestigieuse Bibliothèque de la ville de Strasbourg détruite pendant la guerre. Afin de compenser
cette perte, de nombreux donateurs de différents pays apportèrent leur concours pour reconstituer et enrichir la
nouvelle bibliothèque, désormais destinée à constituer un pôle important de la science allemande. Disposant d’un
budget conséquent, elle enrichit rapidement ses collections avec des fonds allemands et européens mais aussi orientaux
(arabes, hébreux, égyptiens..). Un bâtiment monumental et emblématique, marqué de l’empreinte architecturale
wilhelminienne, est ainsi édifié entre 1889 et 1895 pour accueillir et abriter dignement ces riches collections.
Après la première guerre mondiale et le retour de l’Alsace-Lorraine à la France, l’Etat français, en considération
de la richesse du fonds, confère à la bibliothèque le statut unique de Bibliothèque nationale et universitaire. Entre les
deux guerres, la BNU de Strasbourg fait connaître ses richesses à travers des expositions et la publication de catalogues.
Durant la 2nde guerre mondiale, la bibliothèque perd 40 000 volumes, qui seront compensés par les dommages de guerre
et les dons qui lui parviennent à nouveau.
L’une des conséquences de cette histoire mouvementée est la diversité des collections acquises par la BNU de
Strasbourg au fil du temps : des fonds anciens imprimés antérieurement à 1810 représentant les différents domaines de la
connaissance, les œuvres majeures de la littérature allemande et européenne, des incunables, des fonds religieux du fait
de la place importante de la Réforme à Strasbourg, des manuscrits remarquables, des papyrus, des ostraca, un cabinet de
numismatique.
La dotation faite par l’empire allemand et la politique d’acquisition menée par la suite ont fait de la BNU de
Strasbourg la deuxième bibliothèque de France.
Son histoire a ainsi déterminé son originalité. Héritière du système allemand centré sur la bibliothèque du Land,
la BNU de Strasbourg reproduit le modèle de ces bibliothèques régionales à la fois patrimoniale, érudite et universitaire,
drainant des publics académiques mais aussi des publics larges aux intérêts variés.
Le système français ne compte qu’un seul autre exemple, inspiré par la BNU de Strasbourg, et créé en référence
au modèle bibliothéconomique germanique, celui de la Bibliothèque communautaire et interuniversitaire (BCIU) de
Clermont-Ferrand qui a associé des ressources municipales et universitaires dans un même bâtiment sous l’autorité du seul
bibliothécaire universitaire dès 19021. Ces deux exemples puisant à la même source sont restés uniques et sans postérité
dans l’histoire des bibliothèques françaises, qui s’est tournée vers le modèle anglo-saxon de la bibliothèque de campus.
Quelques chiffres sont utiles pour juger de son importance et de la diversité de ses fonds :
- 3 000 000 volumes, 1 100 000 ouvrages antérieurs à 1920 dont plus de 60 000 titres concernant l’Antiquité, un
fonds important de 240 000 volumes en sciences religieuses, les collections germaniques les plus importantes
en France, une riche collection d’ouvrages alsatiques, un pôle d’excellence documentaire sur les questions
concernant l’Europe développé à partir de 1992 ;
- 25 000 titres acquis chaque année ;
- 305 000 prêts d’ouvrages par an ;
- 16 500 inscrits ;
- une large plage d’ouverture : 72 heures hebdomadaires.
1 Cf. Préface du Manuel de Bibliothéconomie d’Arnim Graesel. Paris, 1897, traduit et adapté par Jules Laude, Bibliothécaire de
Clermont-Ferrand.
5
II – Un statut particulier
Différents décrets jalonnent l’histoire de la BNU de Strasbourg.
Le décret de 1973 met l’accent sur le caractère interuniversitaire de l’institution. Puis, le décret du 15 janvier
1992 dote les trois universités strasbourgeoises d’une nouvelle organisation documentaire sous la forme de Services
communs de la documentation (SCD) et conserve le statut particulier de la BNU de Strasbourg attribué par le décret
du 23 juillet 1926. Dans un paysage documentaire universitaire en mutation, elle conserve donc son statut de bibliothèque
nationale et universitaire que lui avait accordé l’empereur d’Allemagne en 1872.
Le décret de 1992 confirme que la BNU de Strasbourg est un établissement public national à caractère administratif
doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, placé sous la tutelle du Ministère de l’enseignement supérieur
et de la recherche (MESR). Ce même texte fixe également ses missions. La BNU de Strasbourg est ainsi “destinée à l’usage
du public, notamment des universitaires, comme bibliothèque générale encyclopédique et de recherche”.
Le décret essaie, par ailleurs, de concilier cette mission avec celle des acteurs universitaires de la documentation
en confiant à la BNU de Strasbourg le rôle “de mettre en œuvre la coopération documentaire entre les universités de
Strasbourg”. Cette dernière mission, du fait de la configuration complexe ainsi instituée, n’a pas été remplie.
En outre, le MESR a conféré à la BNU de Strasbourg le statut de Centre d’acquisition et de diffusion de l’information
scientifique et technique (CADIST) pour les ouvrages de sciences religieuses, de langue et de culture allemandes.
Enfin, la BNU de Strasbourg bénéficie d’une part, dans le cadre d’un partenariat avec la Bibliothèque nationale de
France (BNF), du dépôt légal éditeur pour les ouvrages portant sur les sciences religieuses, les langues germaniques et les
traductions françaises de titres allemands et néerlandais, et d’autre part, du dépôt légal imprimeur pour les documents
imprimés dans la région d’Alsace.
Ces éléments de recontextualisation sont indispensables pour comprendre aujourd’hui les particularités de cet
établissement mais aussi les difficultés auxquelles il est confronté.
Doté d’un très riche patrimoine, sa place dans le paysage documentaire a évolué sans que soit défini avec clarté
comment il devait appréhender ces changements.
Si le décret de 1992 confirme sa dimension nationale en lui conservant sa mission de bibliothèque générale
encyclopédique, ses moyens la contraignent à des choix difficiles : par exemple, est-il opportun ou non de passer à
une large utilisation de la documentation électronique ; ou encore, est-il nécessaire d’acquérir des ouvrages déjà
acquis par les universités ou la bibliothèque municipale, et demain par la médiathèque ?
Plus implicitement, le décret évoque également son caractère régional, effectivement indiscutable au regard
de la richesse des fonds alsatiques et allemands. Toutefois, la coopération entreprise avec les autres établissements
de la région (bibliothèque de Colmar, de Sélestat par exemple) reste encore à poursuivre.
En outre, la dimension universitaire est réelle. La BNU de Strasbourg est, pour de nombreuses disciplines des
universités strasbourgeoises, la bibliothèque de référence, mais le dialogue institutionnel avec les trois universités
a été et s’avère souvent difficile. En 2000, le rapport de l’Inspection générale des bibliothèques (IGB) soulignait à
cet égard le fait que la BNU de Strasbourg “avait été récusée comme service de coopération obligatoire” pourtant
institué par le décret, et appelait en priorité “la coordination des acquisitions sur le site de Strasbourg”.
La BNU de Strasbourg est enfin un lieu culturel structurant au sein de la ville de Strasbourg représenté par un
monument emblématique. Cependant, cet espace est trop étroit pour les collections abritées et surtout il n’est plus aux
normes de sécurité. La question de sa réhabilitation se pose aujourd’hui : afin que les différents acteurs continuent à
se mobiliser pour le financement de cette opération lourde, il faut aider la BNU de Strasbourg à se réinventer un destin,
et à redéfinir sa place et ses missions.
Dans ce contexte, la création de la nouvelle Université de Strasbourg (UDS) constitue un moment important pour
redéfinir la cohérence globale d’une politique documentaire avec tous les acteurs nationaux, régionaux, et universitaires. Il
serait nécessaire de préciser à nouveau les missions attribuées à la BNU de Strasbourg au regard du Service interétablissements
de coopération documentaire (SICD) universitaire, et d’envisager une révision du décret de 1992.
6
Le gouvernement et la gestion
I – Budget, finances et comptabilité
1

Une situation propice aux interrogations et inquiétudes
L’état de la logistique budgétaire, financière et comptable suscite des interrogations au sein de l’établissement
comme auprès de ses tutelles universitaires et financières.
Dès sa prise de fonction en 2006, l’administrateur, alerté sur la situation financière déficitaire de l’établissement
à l’examen notamment des résultats et du compte financier pour l’exercice 2005, vuide infra, a sollicité, auprès de sa
tutelle, une mission d’expertise budgétaire. Les conclusions sont attendues, tandis que l’établissement a d’ores et déjà
procédé à l’enregistrement de la reconduction d’une subvention exceptionnelle de 0,150 M€ (au-delà de la dotation
contractuelle, comme cela avait été le cas pour les exercices 2006 et 2007, de manière à mieux préparer le BP 2008).
On observera aussi, qu’en l’absence de secrétaire général, l’ensemble de la logistique budgétaire et financière
repose sur la compétence et l’engagement d’une seule cadre B, assistée de deux adjoints administratifs. Ainsi, même si
les conservateurs et directeurs des services documentaires sont associés pour essayer de construire une culture budgétaire
dans l’établissement, l’essentiel de la procédure de formation du budget primitif et de préparation des Décisions
budgétaires modificatives (DBM), se déroule entre l’administrateur et la responsable financière. On comprend dès
lors que le service peine à s’extraire du quotidien. Nonobstant, on retiendra que le budget primitif et le compte
financier sont soumis à délibération du Conseil d’administration dans un calendrier conforme à la réglementation, en
novembre n-1 et en mars n+1 et qu’ils sont transmis aux autorités de contrôle et de tutelle dans les mêmes conditions.
Le nombre des DBM reste limité à deux ou trois par exercice ce qui traduit une prévision convenable de la dépense et
exprime une bonne maîtrise de la logistique budgétaire.
2

Des budgets “gestionnaires” mais qui manquent d’ambition
L’évolution budgétaire de 2004 à 2008 apparaît suffisante pour caractériser la situation budgétaire de la BNU
de Strasbourg et identifier la crise de 2005.
Le budget de l’établissement s’établit autour de trois millions d’euros. Les ressources procèdent des subventions
de fonctionnement et d’équipement de l’Etat, de celles des collectivités territoriales, notamment pour le domaine des
Alsatiques, de celles de divers organismes, comme la BNF au titre des pôles associés, et enfin de l’activité même de la
BNU de Strasbourg.
Les subventions de l’Etat font ici l’objet d’une analyse de caractérisation.
Dotations de l’Etat en millions d’euros (source : DGES)
La série fait apparaître deux temps, différents, dans l’évolution des dotations budgétaires de l’établissement.
Une première période, de 2002 à 2005, se caractérise par une stagnation des dotations de fonctionnement qui
culmine avec la rupture de l’exercice 2005. En contrepoint, les subventions d’investissement demeurent constantes,
à niveau élevé, jusqu’à l’attrition brutale de 2005. Cependant la caractérisation de cette évolution budgétaire doit
s’apprécier, en miroir, avec la situation financière confortable de l’établissement durant cette même période, telle
qu’elle sera analysée plus avant.
7
A l’effort de gestion, entrepris depuis 2006, correspond une reprise vigoureuse de l’engagement budgétaire de l’Etat.
Au final, on doit constater que l’établissement dispose, au travers des subventions de l’Etat, des moyens de son
fonctionnement et d’un investissement de maintenance, sans que ne transparaisse, à ce stade, l’ambition d’un projet
de BNU Nouvelle.
3

Une situation financière modeste mais convenable
L’examen des comptes financiers sur une série de cinq exercices fait apparaître les résultats suivants, exprimés
en Fonds de roulement comptable (FRC) et millions d’euros.
L’analyse de ces résultats appelle des observations de nature différente.
Une anomalie explicable
Jusqu’en 2005, la situation financière était saine et solide. En 2005, le budget se caractérise par une singularité
financière : l’Etat a diminué sa subvention, entraînant une baisse du fonds de roulement de 1,060 M€.
Pour l’essentiel, cette anomalie correspond à une orientation stratégique de l’établissement visant à développer son
activité culturelle en valorisant ses collections patrimoniales, et à répondre, par là même, à l’attente des collectivités. La
BNU de Strasbourg s’est ainsi dotée d’une salle d’exposition en étage dans le bâtiment République, alors même qu’elle
savait ne pas disposer du budget d’investissement nécessaire pour le faire. Cette réalisation, lourde et onéreuse, par les
modifications structurelles induites, est malheureusement très peu conforme aux critères muséographiques et aux normes
de sécurité. Elle est donc faiblement utilisable et utilisée.
Dans le même esprit, l’exposition consacrée à “Schiller et l’idéal européen” afin d’inaugurer cette salle a été
une opération coûteuse pour l’établissement. Sur une dépense globale de 95 397€, la BNU DE STRASBOURG a réuni
50 000€ de recettes externes provenant des trois collectivités, partenaires habituels de ces manifestations, de la
fondation Bosch et des autorités allemandes (Auswärtiges Amt). Mais près de la moitié des dépenses, 45 397€, est
demeurée à la charge de l’établissement, sans compter la part de mobilisation des personnels.
L’ensemble de ces actions explique en effet le prélèvement sur le fonds de roulement opéré en 2005.
Un redressement certain mais fragile
Les résultats pour les exercices budgétaires 2006 et 2007 montrent que l’établissement, conscient d’une situation
critique, a procédé à un rigoureux effort de gestion pour la redresser, notamment en diminuant la masse des emplois
contractuels. L’entreprise a réussi puisque le fonds de roulement comptable constaté dépasse, à nouveau, au
31 décembre 2007, le million d’euros.
Cependant les résultats de cette bonne gestion financière demeurent fragiles pour deux raisons principales.
Tout d’abord, l’établissement a bénéficié en 2006 et 2007 d’une subvention spéciale (d’un montant 0,150 M€) “pour
faire face aux situations d’urgence alors rencontrées”. Dès lors, on doit en conclure, sous un strict aspect comptable, que
près de 30% des 1,018 M€ du FRC procèdent de cette dotation budgétaire exceptionnelle. Ainsi, c’est bien la combinaison
d’une gestion rigoureuse de l’établissement et de l’effort budgétaire de sa tutelle qui a permis de redresser la situation
financière de la BNU DE STRASBOURG.
De plus, le programme de rétroconversion des catalogues a pris du retard, environ une année, compte tenu des
difficultés d’exécution rencontrées par l’entreprise MEDEA en charge du projet. Les crédits destinés à cette opération,
et non consommés au cours de l’exercice, sont enregistrés dans le fonds de roulement comptable dont ils viennent
augmenter le volume. Au 31 décembre 2007, le montant s’élève à 0,591 M€, formant 58% du FRC. Bien entendu,
ces ressources doivent être conservées pour leur destination, ce qui ouvre la question des réserves mobilisables de
l’établissement.
Quel montant de réserves mobilisables ?
Ce point, crucial pour déterminer le fait de savoir si l’établissement se trouve dans une situation de crise et
d’urgence ou de simple tension, a fait l’objet d’un examen attentif tant avec l’administrateur qu’avec le contrôleur
financier et la responsable du service financier. Il se fonde sur l’analyse des fonds affectés au sein du FRC de manière
à déterminer le niveau des réserves disponibles.
8
La décomposition du FRC, telle qu’elle s’exprime dans le compte financier pour 2007, ou encore dans la décision
budgétaire modificative du 14 mars 2008, fait apparaître les éléments suivants :
Ainsi, la BNU de Strasbourg disposerait-elle de 158 000 € de réserves mobilisables, correspondant à 23 jours de
fonctionnement, ce qui est insuffisant et justifierait de qualifier de grave la situation financière de l’établissement.
Cependant l’analyse et la réflexion méritent d’être poussées au-delà.Si les crédits de rétroconversion doivent demeurer
affectés, vuide supra, en dépit d’un étalement dans le temps du programme, de douze à dix-huit mois supplémentaires,
on doit s’interroger sur le sens de l’affectation des crédits de maintenance. Le raisonnement les concernant doit prendre
en compte deux hypothèses.
Dans la première, que nous retenons comme hypothèse de travail et d’évaluation principale, le projet immobilier
de BNU Nouvelle est engagé de manière irréversible, sur le fondement d’une enveloppe budgétaire spécifique et de
crédits gérés par le recteur, maître de l’ouvrage. Dès lors la question des mises en sécurité, de la maintenance lourde
qu’elle appelle et d’une opération sur les fenêtres, tombe d’évidence et de manière naturelle. Ces 247 000 € viennent
abonder les réserves disponibles, portant le montant du fonds de roulement non affecté à 0,410 M€, couvrant 60 jours
de fonctionnement et formant ainsi une sécurité de fonctionnement suffisante.
Dans la seconde, si d’aventure le projet immobilier de BNU Nouvelle devait être abandonné ou même reporté
de manière durable, la seule question à laquelle établissement comme tutelle se trouveraient confrontés serait celle
de la mise aux normes et en sécurité pérenne des locaux, de manière à en maintenir l’ouverture pour les années à
venir. Dès lors les 0,247 M€ ne correspondraient qu’à une très faible part d’une opération lourde dont la réalisation
nécessiterait de mobiliser plusieurs millions d’euros et dont la maîtrise d’ouvrage ne pourrait être confiée à la BNU de
Strasbourg. Le problème serait à appréhender autrement.
Dans les deux hypothèses, il apparaît bien que les réserves réellement disponibles de l’établissement s’élèvent
à 410 000 €, offrant à la BNU de Strasbourg, comme à sa tutelle, une marge de sécurité et les conditions d’une gestion
sereine mais qui doit demeurer prudente, comme ce fut le cas durant les deux derniers exercices. On peut ajouter que
le principe de fongibilité des crédits, hors masse salariale limitative, en renforce la démarche.
En conclusion :
Après une période de relative aisance financière, la BNU de Strasbourg a connu en 2005 une crise budgétaire
et financière, sans que la dépense alors réalisée ait produit un investissement convaincant. Cette crise est aujourd’hui
terminée. Cependant, les ressources budgétaires, pour un établissement patrimonial à vocation nationale et européenne,
demeurent modestes, plus conformes aux nécessités d’une gestion courante qu’à la préparation scientifique et culturelle
du projet de BNU Nouvelle.
Ainsi, dans ce domaine, comme dans tous les autres, l’avenir et l’évolution de la BNU de Strasbourg demeurent-ils
liés et suspendus au projet documentaire, scientifique, culturel et immobilier de la BNU Nouvelle.
II – Gouvernance et ressources humaines
La BNU de Strasbourg est dirigée par un administrateur choisi parmi les conservateurs de bibliothèques et
nommé par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche.
Il est nommé pour 5 ans, mandat renouvelable une fois. L’administrateur actuel est en poste depuis janvier 2006.
1

Une réorganisation récente
La réorganisation des services est le fruit d’un processus qui a pris du temps et qui est, de ce fait, consensuel. En
effet, dès 2004, un projet de refonte de l’organisation est entrepris. Son élaboration est confiée à un cabinet externe ; le
personnel est associé à la démarche. Le projet est discuté au Comité technique paritaire (CTP) et en Assemblée générale.
Les modifications sont profondes. Alors que l’ancienne organisation était thématique et centrée sur les collections,
la nouvelle suit une logique plus transversale et fonctionnelle. L’objectif est de dégager des moyens humains pour la
conservation des collections et du patrimoine afin de répondre au mieux à sa mission de service au public.
9
L’organigramme le plus récent (avril 2008) présente quatre directions :
- La Direction des services au public (5 personnels d’encadrement et 44 personnes)
- La Direction de la conservation et du patrimoine (7 personnels d’encadrement et 15 personnes)
- La Direction du développement des collections (11 personnels d’encadrement et 15 personnes)
- La Direction du système d’information (6 personnels d’encadrement et 16 personnes) regroupe le Centre de
ressources informatiques (CRI), le Système intégré de gestion de bibliothèque (SIGB), le service de catalogage
et de conversion des catalogues ce qui permet un travail en commun entre informaticiens et bibliothécaires.
L’administrateur est entouré de :
- Une adjointe (conservatrice générale des bibliothèques)
- Un secrétariat de direction (deux adjoints administratifs et un magasinier)
- Un chargé de mission BNU Nouvelle (conservateur général des bibliothèques)
- Une personne chargée de la formation continue et de la communication interne (conservatrice)
- Une personne chargée de l’action culturelle, des relations internationales et de la communication externe
(conservateur).
La réorganisation a impliqué un renforcement au profit de la direction, utilisant trois postes de conservateurs à des
missions d’encadrement d’administration générale. On devra s’interroger sur le bon usage de ces emplois scientifiques de
haut niveau.
L’administrateur est “normalement” assisté d’une équipe chargée du suivi des affaires générales (30 personnes) :
- Un secrétaire général
- Un secrétaire général adjoint
- Un correspondant formation
- Un responsable des affaires financières
- Deux personnes chargées des affaires immobilières (un adjoint administratif et un ITRF)
- Le service logistique
- Le service technique
La situation des affaires générales est toutefois extrêmement préoccupante. En effet, le poste de secrétaire
général est vacant depuis 2007.
L’absence de supérieurs hiérarchiques est pointée par toutes les personnes interrogées comme l’un des problèmes
essentiels de gouvernance interne engendrant plusieurs conséquences fâcheuses.
Elle fait apparaître l’administrateur comme omniprésent renforçant de fait le caractère centralisé de l’organisation.
Il est ainsi amené à devoir prendre en charge des questions qui relèveraient normalement de la compétence du secrétariat
général, et ceci au détriment de la réflexion sur la politique de son établissement et du développement des contacts
extérieurs. Le phénomène se répercute aussi sur son adjointe dont la charge de travail s’est considérablement alourdie.
Par conséquent, les différents services n’ont pas l’appui hiérarchique qu’ils sont en droit d’attendre pour les
prises de décision importantes.
La perception relayée par le personnel est celle d’une surcharge de travail, sentiment amplifié par la réorganisation
des services.
La nouvelle organisation rationalisée, formalisée dans un organigramme clair, résume la volonté de donner
une nouvelle dynamique à l’établissement tout en mobilisant des énergies pour préparer le chantier de la BNU
Nouvelle. Mais pour assurer une bonne gouvernance de l’établissement, il est indispensable que l’administrateur
puisse retrouver rapidement des collaborateurs efficaces aux affaires générales qui seront les relais du pilotage et
de la politique d’établissement.
10
2

La gestion des ressources humaines
Les emplois
Les titulaires
La BNU de Strasbourg emploie, à ce jour, 140 personnes dont 102 titulaires dont 1 gagé et 20 contractuels ETP.
Elle compte 64 personnels de bibliothèque, dont 18 conservateurs, 3 personnes relevant du ministère de la
Culture (affectées néanmoins sur des postes MESR), 27 ATOSS, 7 ITARF. 26% d’entre eux sont de catégorie A (soit un
cadre A pour quatre personnes), 20% de catégorie B, et 54% de catégorie C.
Il faut noter une présence importante de personnels administratifs (près de 30%). L’objectif de l’établissement est
de réduire le nombre des personnels administratifs au profit de la filière des bibliothèques, de réduire la catégorie C au
profit de la catégorie B.
De plus, la moyenne d’âge est élevée puisque la majorité des personnels titulaires appartient à la tranche d’âge
des 55-60 ans. Leur remplacement devrait conduire à un rajeunissement de la pyramide des âges.
Le mouvement de personnels se fait essentiellement par le départ à la retraite. Cette stabilité démontre un
sentiment d’appartenance très fort à la BNU de Strasbourg. Il n’est pas rare de rencontrer des personnes qui ont fait toute
leur carrière à la BNU de Strasbourg. Les demandes de mutation sont ainsi peu nombreuses, sauf pour les magasiniers, qui
ont manifesté un sentiment d’exclusion lors de la réorganisation interne et face aux mutations futures induites par la
réalisation de la BNU Nouvelle.
Cette situation générale permet une adhésion remarquable du personnel aux projets entrepris et une mobilisation
des énergies, mais elle engendre peut-être aussi une certaine routine.
Les contractuels
Le nombre de contractuels est élevé : 46 agents non-titulaires (soit 20 ETP), dont 14 sont des contractuels-étudiants
employés sur le créneau 19-22 heures. Ils sont attachés à des taches diverses répondant à des besoins quantitatifs :
développement du Prêt entre bibliothèques (PEB), plus large ouverture au public, ou à des besoins qualitatifs au travers
de fonctions spécialisées.
Une politique de réduction de ces emplois, qui génèrent une masse salariale importante (400 000 euros en
2007) dans un contexte budgétaire tendu, a été entreprise en 2006-2007 et doit se poursuivre pour 2008. Cependant,
l’attribution par le ministère au printemps 2008 d’un crédit supplémentaire de 150 000 euros va permettre d’effectuer
des recrutements pour la préparation, le récolement, le dépoussiérage et le reconditionnement des collections en vue
du déménagement du site République.
La gestion des emplois
Plusieurs axes déterminent la politique de l’emploi :
- le soutien aux priorités : le chantier de la BNU Nouvelle, la prise en charge des nouveaux bâtiments ;
- un rééquilibrage entre catégories au profit de la catégorie B ;
- un renouvellement des missions des magasiniers ;
Dans le projet de contrat quadriennal 2009-2012, l’établissement attire l’attention de sa tutelle sur le besoin en
personnel résultant de la prise en compte du chantier et de ses conséquences (préparation des collections, déménagements,
gestion des nouvelles surfaces). La surcharge de travail ressentie par tout le personnel du fait des travaux futurs laisse
penser qu’une aide est nécessaire sur ce point.
Une politique d’évaluation du personnel, à partir de la réalisation d’entretiens individuels, a également été
conduite par l’administrateur. Mais, là encore, l’absence du Secrétaire général adjoint, chargé de la gestion des
ressources humaines, freine une gestion dynamique des personnels.
11
3

La formation professionnelle
Le chantier de la formation du personnel a été ouvert par l’administrateur actuel qui y voit un moyen de favoriser
l’adaptation à l’emploi. Un plan de formation discuté en CTP est élaboré chaque année. Les dépenses consacrées à ce
poste sont en croissance.
La préparation aux concours est organisée pour assurer une réelle promotion.
Le personnel regrette, de manière fondée, de ne pouvoir avoir accès aux formations des universités de
Strasbourg.
4

Le dialogue social
La direction actuelle s’est impliquée dans le dialogue social. Le Comité technique paritaire (CTP) est vécu
comme une instance de dialogue avec l’administration. Il s’est réuni trois fois en 2007, et les procès verbaux ont été
diffusés sur Intranet.
Un Comité hygiène et sécurité (CHS) a été créé, mais il n’a toutefois pas été consulté formellement sur le projet
de la BNU nouvelle.
Des outils de communication interne ont été développés : comptes rendus de la direction, feuilles d’information,
intranet.
L’absence d’une structure de type “Commission paritaire d’établissement” susceptible de discuter des promotions
et autres actes liés à la gestion des personnels (et que l’on trouve dans les universités) pose question, même si la BNU de
Strasbourg est un EPCA.
12
La politique immobilière
I – La situation actuelle : des locaux inadaptés
La BNU de Strasbourg dispose de trois implantations dans l’espace urbain de la ville de Strasbourg :
 Un imposant édifice, classé monument historique, occupant une place privilégiée, porteuse de sens et d’identité
au sein de la ville de Strasbourg, sur la place de la République (13 000 m2).
Par le passé, et en fonction de l’évolution des besoins, des réaménagements ont déjà été réalisés, notamment
en 1950, qui ont profondément abîmé l’esthétique intérieure de la bibliothèque et ont aussi été traumatisants pour
l’édifice : percement d’une structure indépendante en acier pour augmenter les charges d’origine et intégrer des
étagères Strafor dans les étagères d’origine Lippmann. Ce point technique a des conséquences structurelles
majeures dans la reprise et la rénovation de l’édifice.
En bref, ce bâtiment n’est plus conforme aux règles de sécurité des biens et des personnes, et en particulier à
la tenue au feu. Un diagnostic effectué en 2003 a mis en évidence une stabilité au feu de durée très limitée (10 à
15 minutes). L’inadéquation des locaux est indiscutable au regard du grand nombre d’usagers, de l’importance des
stockages et de la difficulté de l’accès aux magasins de stockage pour le personnel. Dès 2000, l’Inspection générale des
bibliothèques (IGB) avait noté : “Les salles publiques ne sont pas fonctionnelles et ses magasins seront prochainement
saturés. L’administrateur redoute les effets d’un sinistre dans un bâtiment dont les études de sécurité ont montré les
faiblesses”.
 Des bâtiments à proximité immédiate de l’édifice historique, 3 et 5 rue Joffre, reliés à ce dernier par une
galerie souterraine (5 200 m2). Ces bâtiments accueillent l’administration de l’établissement, des magasins de
stockage et une salle de consultation de documents spécifiques (cartes, numismatique, papyrus…).
 Un bâtiment dénommé “Cardosi” situé rue Fischart. Ce bâtiment a été transféré, il y a quelques années, à
titre gracieux, par l’Etat au Conseil général (CG). Il a été conçu à l’origine comme un lieu d’archivage (3 500 m2).
Le bâtiment de la République est ainsi intimement lié à l’histoire de cette bibliothèque prestigieuse, et à son
inscription dans la ville. Mais son état est préoccupant au regard des normes de sécurité. Les magasins sont saturés et
ne permettent pas une évolution de la politique d’enrichissement de cette bibliothèque qui veut conserver sa vocation
encyclopédique et qui alimente la recherche strasbourgeoise.
II – La BNU Nouvelle
1

Un projet ambitieux
Les problèmes de structure et de tenue au feu évoqués ci-dessus ont entraîné une réflexion sur les travaux à
programmer pour éviter la fermeture de l’établissement. L’importance des travaux à réaliser dans ce cadre a conduit
l’établissement, suivi par sa tutelle, à concevoir un projet plus large permettant une réhabilitation de l’ensemble en
même temps qu’une rationalisation des surfaces. Des études de modernisation, extension et restructuration ont été
engagées en 2004 (étude de programmation) et inscrites au contrat triennal “Strasbourg, ville européenne” afin de
répondre à l’objectif prioritaire pour l’Etat de mise en sécurité des biens et des personnes. Le rectorat est le maître
d’ouvrage de cette opération.
Aujourd’hui, le projet BNU Nouvelle est devenu la préoccupation majeure en interne, inondant largement
discours et écrits.
13
Les objectifs du projet
Au-delà des questions architecturales, le projet vise à donner un souffle nouveau à la BNU de Strasbourg dans
la réalisation de ses missions afin de lui permettre de :
- redevenir une grande bibliothèque patrimoniale en conservant ses collections dans de meilleures conditions ;
- enrichir les fonds qu’elle met à la disposition de la communauté universitaire en Sciences humaines et
sociales. Le projet favorise les espaces de libre accès et la qualité de la consultation pour les usagers ;
- développer sa vocation régionale en enrichissant la documentation régionale par acquisitions et dons ;
- accepter le transfert des collections du Conseil de l’Europe (270 000 volumes) et devenir la référence française
de la documentation européenne ;
- organiser des expositions pour valoriser ses collections patrimoniales. Mais la BNU de Strasbourg peut aussi
devenir, à la demande de la prochaine Université de Strasbourg, un des lieux de la culture scientifique, “une
interface prestigieuse entre l’université et la ville” selon les propos du président de l’Université Louis Pasteur.
Le contenu du projet
Pour des raisons pratiques évidentes, les différents scénarii entraînant la réalisation des travaux et la continuation
de l’activité dans le bâtiment de la République ont été repoussés.
Le projet retenu, portant sur 30 000 m2 de surfaces, prévoit le phasage suivant :
a- l’aménagement du bâtiment Cardosi après libération par les archives départementales ;
b- l’aménagement du site de la République avec fermeture de celui-ci durant les travaux. Cette fermeture
implique que les magasins soient vidés et que soient trouvés des espaces qui permettent la consultation provisoire
durant cette période. L’administrateur de l’établissement est à la recherche de ces lieux de substitution. Cette partie
des travaux est la plus importante tant sur le plan de la réalisation qu’en termes de financement ;
c- l’aménagement du site Joffre.
La capacité antérieure des espaces de consultation était de 762 places. Avec la nécessaire fermeture d’une
salle, elle est en réalité de 500 places atteignant fréquemment le niveau de saturation. Le projet augmente ainsi
cette capacité d’environ 15% avec 565 places, auxquelles il faut ajouter la salle de formation des usagers et les salles
de travail en groupe (650 places au total).
Les magasins, également arrivés à saturation, ne peuvent plus accueillir de nouveaux fonds. Le total des fonds
existants représente à ce jour 56 kml répartis sur une surface de 10 157 m2 auquels il faut ajouter 690 m2 de magasins
spécifiques (type chambre forte).
Le projet propose un accroissement sur une durée d’une vingtaine d’années afin d’atteindre une capacité de
81 kml (3 477 à Cardosi en magasins clos, 12 823 à Joffre également en magasins clos déjà existants à ce jour et
44 975 en documents en accès libre et magasins clos à la République). Pour optimiser les surfaces, le programme
prévoit deux types d’accès libre : des surfaces pour documents en libre accès traditionnel et des surfaces en libre
accès en magasins ouverts, offrant un stockage plus dense.
Les travaux les plus lourds concernent le bâtiment historique place de la République, pour lequel sont prévus
une déconstruction et un nouvel aménagement des espaces intérieurs.
De prime abord, ce projet peut paraître démesuré par rapport à l’objectif initial qu’était la mise en sécurité.
Mais cette mise en sécurité indispensable, par son importance, entraîne logiquement une restructuration d’une plus
grande ampleur. Le scénario retenu semble le plus raisonnable et permet une véritable modernisation de l’ensemble.
2

Un financement non finalisé
En 2005, le cabinet Aubry et Guiguet Programmation avait estimé l’ensemble des opérations à 48,7 M d’euros.
La première tranche de l’opération a été inscrite pour 17 M d’euros au contrat triennal “Strasbourg, ville
européenne” 2003-2005 dont, compte tenu de la mise en place partielle des crédits, la part principale a été reportée
au contrat triennal 2006-2008 (soit 14,5 dont 8,5 M d’euros pour l’Etat).
14
La seconde tranche de l’opération a été inscrite au CPER 2007-2013 pour un montant de 18 M d’euros (dont
9,5 M d’euros de l’Etat au titre des constructions et 1 M d’euros en premier équipement).
Le résumé des inscriptions budgétaires “acquises”, représentant au total 35 M d’euros, est le suivant :
Triennal 2003-2005 2 M€ Triennal 2006-2008 14,5 M€ CPER 2007-2013 17 M€ CPER 1er équipement 1 M€ Lors
des études d’Avant-projet sommaire (APS), des recherches d’économie ont été conduites par le maître d’ouvrage, le
rectorat, le conducteur d’opération, la Direction départementale de l’équipement (DDE) du Bas Rhin, les architectes
- urbanistes l’Agence Michelin et associés - ANMA - et la BNU de Strasbourg.
Nonobstant, le montant de l’opération dans sa totalité est estimé aujourd’hui à 75 M d’euros. Le coût de
restructuration et de mise en sécurité sur le bâtiment de la République s’élève à 61 M d’euros. Le budget complémentaire
nécessaire pour cette opération est ainsi de 26 M d’euros. Cet écart est, entre autres éléments, imputable à une
sous-estimation des dépenses par le cabinet de programmation en 2005, en particulier en ce qui concerne les travaux
structurels sur le bâtiment de la République, à l’augmentation des coûts prévisionnels des travaux, mais aussi au
remplacement de la subvention du CG par la “cession” du bâtiment Cardosi.
Compte tenu de ces données financières, Monsieur le Recteur de l’Académie de Strasbourg a décidé, à ce jour,
de ne pas valider l’APS et ne de pas engager les études d’avant-projet détaillé.
L’importance du budget complémentaire est telle qu’elle en rend le bouclage difficile. Très récemment, l’Etat
a donné un signe de son appui réitéré au projet puisque la DGES vient d’attribuer la somme de 150 000 euros à la BNU
de Strasbourg “pour préparer le chantier de réhabilitation et accompagner l’extension des surfaces sur Cardosi”.
Cependant, on reste loin du budget requis.
Les collectivités locales (Région Alsace, Département du Bas-Rhin et Communauté urbaine de Strasbourg)
avaient déjà exprimé leur réticence lors de l’inscription du projet dans les différents contrats considérant que l’opération
relevait prioritairement de la compétence de l’Etat du fait du statut de la BNU de Strasbourg, Bibliothèque nationale et
universitaire.
En outre, le CG du Bas-Rhin souhaiterait obtenir une compensation financière pour la cession du bâtiment
Cardosi à l’Etat. Une négociation sur ce point est probablement possible.
Toutes les collectivités attendent aujourd’hui, pour s’engager davantage, un signe fort de l’Etat, une saisine
officielle assortie d’une proposition de financement. Au-delà de l’engagement financier, elles souhaitent réellement
contribuer à la mise en place d’un véritable projet documentaire sous-tendu par une stratégie qui fasse de la BNU
de Strasbourg et de la région Alsace, en partenariat avec les centres de Colmar et de Sélestat, un véritable pôle
documentaire à dimension européenne.
Les trois universités de Strasbourg quant à elles, tout en défendant la place universitaire de la BNU de
Strasbourg, craignent que les inscriptions aux différents contrats ne diminuent arithmétiquement leur propre
enveloppe du fait de la qualification universitaire de la BNU DE STRASBOURG.
Au final, les difficultés de positionnement et d’engagement pourraient être levées si tous les acteurs et les
partenaires avaient une vision claire et partagée de l’avenir de la BNU de Strasbourg, de ses missions et de son
projet documentaire. Dans les explications fournies, l’accent est davantage mis sur le contenant que sur le contenu,
sur les travaux que sur les ambitions concernant la politique documentaire.
A ce titre, une meilleure communication sur le projet BNU Nouvelle serait opportune, de type présentation
publique, plaquette d’information ou tout autre moyen à imaginer qui permettrait certainement à tous et à chacun de
mieux se l’approprier.
15
3

Une grande attente en interne
Au sein de l’établissement, la BNU Nouvelle occupe et préoccupe les esprits de chacun des personnels. La
réalisation des travaux est fortement attendue, avec enthousiasme et parfois avec crainte ; la mobilisation est générale
pour réaliser le déménagement dans de bonnes conditions. Mais l’absence, à ce jour, d’une information définitive sur la
réalisation du projet rend les choses difficiles pour l’administrateur de l’établissement. Il ne faudrait pas que ces espoirs
soient déçus et que l’attente soit exagérément longue.
En conclusion, il faut souligner que la rénovation du bâtiment de la place de la République s’avère nécessaire pour
permettre à la BNU de Strasbourg de conserver ses collections dans de bonnes conditions et fournir un accès sécurisé au
public. Mais, cette rénovation ne peut pas être dissociée d’une réflexion approfondie sur le projet documentaire en
partenariat avec tous les acteurs, et notamment avec les composantes de la future Université de Strasbourg.
16
La politique documentaire
Forte d’une collection très riche, le positionnement documentaire de la BNU de Strasbourg est atypique dans
le paysage bibliothécaire français. Son existence confère ainsi une dimension particulière au paysage documentaire
strasbourgeois et pose un certain nombre de questions touchant au caractère national de la bibliothèque ; à l’évaluation de
ses performances quant à ses publics réels ; à son insertion dans un dispositif local élargi ; et à sa place dans un contexte
européen historiquement très sensible à Strasbourg.
I – La richesse des fonds et le caractère national de la BNU de Strasbourg
L’ex Landesbibliothek, devenue deuxième bibliothèque de France, justifie le caractère national de son appellation
par l’ampleur, la richesse et la qualité de ses collections, tant anciennes et précieuses que modernes. Son patrimoine est
particulièrement riche et ne se limite pas aux imprimés : 200 000 ouvrages antérieurs à 1810, un important fonds de
manuscrits de provenance très variée (dont des manuscrits indiens, arabes) et grandes collections papyrologiques
(5 200 papyrus et 5 000 ostraca) ; un peu plus de 2 000 incunables (2026) dont 478 imprimés à Strasbourg ; nombreuses
gravures et collections de cartes (4 000 cartes d’Alsace) ; 39 000 monnaies et médailles…
De plus, la BNU de Strasbourg est Cadist et Pôle associé de la BNF pour les sciences religieuses et l’aire culturelle
germanique, ce qui lui permet de recevoir des dotations fléchées en provenance du MEN et de la BNF pour enrichir ses
collections. Il est à noter que sa candidature, portée conjointement avec l’UMB dans le cadre d’EUCOR, pour le Cadist
“Antiquité” n’a pas été retenue au profit de la Bibliothèque de la Sorbonne.
La dimension de ces fonds s’apprécie différemment selon l’échelle de référence retenue : si la BNU de
Strasbourg fait partie du petit nombre des bibliothèques possédant des collections de plus d’un million de documents
et peut prétendre à ce titre à un statut éminent dans le paysage documentaire français, elle n’est pas plus importante
que bien des bibliothèques des Länder allemands dont elle a été le strict équivalent. Le statut national donné à la BNU
de Strasbourg s’explique par l’histoire de l’Alsace, et la nécessité de donner une dimension particulière à ce symbole
culturel et identitaire.
Aujourd’hui, on peut considérer cette étape comme achevée et le statut national de la bibliothèque justifié par
l’intérêt unique de ses collections, ce qui légitime une attention particulière de l’Etat. D’autres acteurs ont émergé
depuis la création de la BNU de Strasbourg grâce aux lois de décentralisation (1982), au développement européen
(Traité de Maastricht 1992) et la récente Loi sur les libertés et responsabilités des universités (2007), marquée à
Strasbourg par la création d’une université unique, nouvelle, le projet d’un PRES européen et la participation de
l’université au réseau EUCOR1 (dans lequel la BNU de Strasbourg a sa place pour la documentation).
Ces évolutions majeures créent un nouveau contexte que la BNU de Strasbourg doit pouvoir intégrer dans la
définition même de son fonctionnement, de ses missions documentaires et de son avenir.
II – Les usages et les publics
1

Les prêts et entrées
Cette collection particulièrement riche est manifestement utilisée comme l’indiquent les éléments statistiques
des prêts et communications sur place. Le nombre des prêts (330 000 en 2005 2) est supérieur à ceux cumulés des deux
universités de SHS et de sciences juridiques (203 000 prêts), et représentent 43% de la totalité des transactions de
documents, hors PEB (Prêt entre bibliothèques), réalisées par l’ensemble BNU de Strasbourg et des trois SCD. Le
nombre de prêts par lecteur est de 19 pour la BNU de Strasbourg (17 pour Strasbourg 1, 12,6 pour Strasbourg 2 et
6,7 pour Strasbourg 3) à rapprocher de la moyenne nationale de 16,3. Il convient toutefois de signaler que ces prêts
sont en baisse régulière depuis 4 ans et s’élevaient, en 2007, à 274 000.
1 Confédération européenne des universités du Rhin supérieur : http://www.eucor-uni.org/site/Presentation-10.html
2 Source ASIBU : http://www.sup.adc.education.fr/asibu/
17
En ce qui concerne le PEB, la BNU de Strasbourg est le premier service de PEB de France pour les Sciences
humaines et sociales (SHS) avec 18 000 transactions dont 15 000 au titre du PEB fournisseur (envoi de documents ou de
copies à la demande d’établissements extérieurs). La BNU de Strasbourg assure la plus grande part de la fourniture de
PEB au sein du réseau universitaire strasbourgeois (67% en 20051 et cette mission est d’ailleurs une de ses prérogatives
pour le domaine des SHS, comme il en est convenu avec les universités Marc Bloch et Robert Schuman. A ce titre, la
création d’un service de PEB à l’Université Schuman du fait de la rétroconversion de fonds spécifiques (121 000 notices)
mériterait d’être associée et étroitement articulée à celui de la BNU de Strasbourg pour éviter toute redondance en
termes d’usage des ressources humaines. Cette activité témoigne de la place de la BNU de Strasbourg au sein du réseau
des bibliothèques universitaires françaises et, tout particulièrement, du réseau strasbourgeois. La BNU de Strasbourg
connaît aussi une fréquentation soutenue avec 350 000 entrées du fait de ses larges plages horaires d’ouverture, en soirée
notamment, et de son nombre important de jours d’ouverture (276 en 2007).
2

Les publics
Les publics de la BNU de Strasbourg sont essentiellement académiques (65%). 24% des étudiants des universités
de Strasbourg fréquentent la BNU de Strasbourg. La majorité d’entre eux est certes rattachée à l’Université Marc
Bloch, mais les pourcentages pour les autres universités sont assez équilibrés et non négligeables (29% pour l’Université
Robert Schuman et 27% pour l’Université Louis Pasteur). La présence des étudiants en Sciences et Santé s’explique par
l’usage de la BNU de Strasbourg comme salle de travail et de préparation aux examens et concours. Le cadre et les
équipements y semblent, en effet, très favorables et appréciés des étudiants.
La fréquentation de ces publics est ainsi largement avérée par la présence massive des étudiants constatée par
les personnels et par les experts lors de leurs visites de la bibliothèque. Tout a été fait pour cela : la BNU de Strasbourg
a adapté ses horaires et les a étendus jusqu’à 22 heures en semaine. Elle a agi, dans ce domaine, à l’avant-garde des
bibliothèques universitaires, en permettant l’accès aux salles et aux collections en soirée, en employant des vacataires
étudiants et des personnels dédiés à la sécurité des personnes et des biens. Son calendrier annuel d’horaires d’ouverture
est aussi organisé en fonction des calendriers de fonctionnement de l’université et on peut dire, sur cet aspect de son
fonctionnement, que la BNU de Strasbourg est totalement intégrée au rythme universitaire.
Les enseignants-chercheurs ne représentent que 4% des usagers mais les doctorants atteignent 14%. La BNU de
Strasbourg a volontairement redirigé ses services auprès de ces jeunes chercheurs (mise en place d’une salle de travail
réservée aux chercheurs, conditions de prêt plus favorables..) et les positionne aujourd’hui comme un public prioritaire.
Les autres publics sont des lecteurs relevant de catégories plus assimilables à ceux fréquentant les bibliothèques
municipales dans d’autres villes. On citera en particulier les érudits locaux pour l’usage des alsatiques (qui utilisent
aussi les riches fonds patrimoniaux de la Bibliothèque municipale), les enseignants du primaire et du secondaire, et le
grand public cultivé à la recherche d’une documentation dans le domaine des SHS.
Un dernier public, celui des lecteurs européens (Suisse, Allemagne en particulier) et étrangers, est assez mal
évalué même si sa présence est connue des personnels au travers des demandes de communication, de PEB et autres
renseignements sur les fonds. La BNU de Strasbourg envisage de réaliser des enquêtes sur son lectorat qui devraient
permettre d’avoir une vision plus précise de son impact sur celui-ci. Idéalement, une enquête menée en parallèle à la
Bibliothèque municipale, une année après son ouverture, serait fort instructive quant au recoupement et à la
complémentarité des usages des publics des deux établissements. Pour intensifier son rayonnement, la BNU de Strasbourg
développe ses relations internationales avec un certain nombre de pays européens.
D’une manière générale, il est intéressant de noter que l’ensemble de ses publics s’inscrit dans une dynamique
annuelle permanente puisque, avec 29% de primo-inscrits en 2007, la BNU de Strasbourg confirme qu’elle sait renouveler
son public.
1 ASIBU 2005
18
III – L’accroissement des collections
1

L’accroissement des collections
Les monographies :
Les acquisitions annuelles de monographies de la BNU DE STRASBOURG atteignent 23 000 à 25 000 exemplaires
sur ces dernières années, ce qui place l’établissement dans le peloton de tête des cinq établissements français réalisant
les plus fortes acquisitions dans le domaine des SHS.
Les périodiques :
La BNU de Strasbourg dispose de la deuxième collection de périodiques des Bibliothèques universitaires (BU) françaises
(plus de 31 000 titres) après la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC). Sa collection vivante
s’élève à près de 6 000 titres (5913 en 2007) avec les dons et de dépôt légal (dont 2091 abonnements payants) ce qui la place
au tout premier rang des BU françaises dans le domaine des SHS.
Les ressources électroniques :
125 bases de données dont 41 abonnements courants, et 9 500 titres en ligne au travers de 16 bouquets.
2

Les dépenses d’acquisition
La BNU de Strasbourg dépense plus d’un million d’euros pour sa documentation (1 030 937 en 2007), ce qui ne
représente qu’un tiers du budget de l’établissement. Rapportées au volume d’acquisition des bibliothèques universitaires,
ces dépenses représentent 28% de l’ensemble des dépenses universitaires (27,5 en intégrant l’INSA et l’IUFM1 sachant que
l’Université Louis Pasteur en assure un peu plus de la moitié (50,2%) ce qui est une situation courante, les SCD scientifiques
étant traditionnellement les plus “dépensiers” compte tenu des coûts très élevés de la documentation scientifique. Il faut
souligner, en regard, la part de la BNU de Strasbourg dans les dépenses documentaires en SHS qui s’élève à 56% du total
des dépenses dans le domaine réalisées par cet établissement et les universités Marc Bloch et Robert Schuman2. De fait,
la présence de la BNU de Strasbourg joue un rôle fort dans l’équilibre documentaire entre les sciences humaines et sociales
et les sciences dites “dures”. Elle contribue ainsi nettement à alimenter le fonds SHS dans l’académie d’Alsace, la dépense
dans ce domaine étant supérieure de plus de 10% à la moyenne des dépenses constatées dans ce domaine en France dans
les autres académies.
3

Les dons et le dépôt légal
Dons et dépôt légal constituent une part très significative de l’accroissement documentaire de la BNU de
Strasbourg. Le bénéfice du dépôt légal n’est pas lié au caractère national de la BNU de Strasbourg, mais s’inscrit dans
le dispositif classique du Dépôt légal imprimeur dont plusieurs grandes bibliothèques de province sont attributaires.
Le Dépôt légal du deuxième exemplaire éditeur, récemment révisé en concertation avec la DGES, dote les Cadist
et Pôles associés des ressources déposées relevant du champ de leurs spécialités : dans ce cas, les exemplaires concernant
les sciences religieuses et l’aire germanique.
1 ASIBU 2005
2 ASIBU 2005. Il convient de souligner que seules sont prises en compte les dépenses des SCD hors les autres dépenses documentaires
des composantes des universités qui ne sont pas recensées
19
La question des dons :
Une bibliothèque importante comme la BNU de Strasbourg suscite de nombreux dons de la part de particuliers
comme d’institutions diverses. C’est une véritable chance pour acquérir des fonds nouveaux et enrichir le potentiel
documentaire d’une bibliothèque, mais cette opportunité peut aussi être la source de problèmes délicats, l’ampleur
et l’intérêt variés de ces dons étant à évaluer systématiquement pour éviter une accumulation d’ouvrages difficile à
gérer à moyen terme. La situation actuelle qui prévaut laisse supposer que la politique en la matière est très ouverte
depuis de nombreuses années. Parmi les derniers dons acceptés figurent la donation des livres du Conseil de l’Europe,
soit 270 000 ouvrages, les archives de l’Assemblée nationale (documents touchant à l’aire germanique soit 150 mètres
linéaires provisoirement déposés au Centre technique du livre de l’enseignement supérieur - CTLES), les
17 000 volumes du Centre d’études germaniques (CEG), et les 3 000 ouvrages du Centre d’études et de recherche des
institutions chrétiennes. L’importance quantitative de ces dons et la fréquence à laquelle la BNU de Strasbourg est
sollicitée pour les intégrer nécessiteraient l’établissement d’une charte d’acceptation des dons élaborée à partir
des objectifs prioritaires de la politique documentaire. Typiquement, les dons de fonds européens ou en provenance
de pays satellites constituent une source potentiellement illimitée susceptible de mettre très rapidement à mal la
capacité de traitement et de stockage de la BNU de Strasbourg dont les espaces sont déjà notoirement saturés.
L’établissement de critères d’acceptation permettrait de resserrer le champ et d’établir une progression réaliste et
raisonnée.
IV – Les collections de la BNU de Strasbourg dans le contexte documentaire
strasbourgeois
La BNU de Strasbourg se définit comme “une bibliothèque générale encyclopédique et de recherche en Sciences
humaines et sociales”1 . A ce titre, elle s’appuie sur la sédimentation historique de ses collections, leurs particularités
thématiques et les demandes des publics pour déterminer sa politique documentaire et de service. Ce positionnement
doit être éclairé au vu de l’ensemble du champ documentaire sur le site de Strasbourg.
1

La rude fraternité avec les bibliothèques d’université
La BNU de Strasbourg n’a historiquement pas réussi, pour des raisons dont la description complète ne rentre pas
dans le champ de cette évaluation, à devenir “La” bibliothèque universitaire de Strasbourg ou, à tout le moins son
SICD2, ainsi qu’en témoigne la création des SCD (Services communs de la documentation) à partir de la parution du
décret de 19853 définissant l’organisation de l’autonomie documentaire des universités. De ce fait, la coexistence
des potentiels documentaires s’est organisée sans aucune politique d’ensemble. Si les présidents des universités
strasbourgeoises considèrent que la BNU de Strasbourg fait indissolublement partie du potentiel de recherche et de
formation des universités, les entités ont toutes conservé leurs politiques et élaboré leurs propres voies de développement.
Le paysage documentaire universitaire est ainsi perfectible : de nombreuses collections de SHS (et notamment de Droit)
sont particulièrement éclatées et la nouvelle université aurait besoin de créer des locaux pour les rassembler et les gérer
d’une manière optimale. La coopération entre la BNU de Strasbourg et les bibliothèques universitaires s’est ainsi effectuée
d’une manière minimaliste jusqu’à la récente discussion sur la carte documentaire privant le public académique d’un
dispositif réellement cohérent.
2  Les relations courtoises mais lointaines avec la CUS (Communauté urbaine de Strasbourg)
La Ville et la Communauté d’agglomération de Strasbourg s’intéressent à la politique d’action culturelle de la
BNU de Strasbourg et la soutiennent financièrement lors de l’organisation de manifestations.
1 Décret 92-45 du 15 janvier 1993. Article 5
2 Idem
3 Décret 85-694 du 4 juillet 1985 relatif aux services de la documentation des établissements d'enseignement supérieur relevant du ministère
de l'Éducation nationale
20
La Ville a cependant conçu et réalisé son ambitieux projet de nouvelle bibliothèque municipale (18 000 m2) de
manière totalement indépendante, et il ne semble pas qu’aient été réellement anticipés, avec les partenaires (BNU DE
STRASBOURG et universités), les impacts de ce grand établissement de lecture publique sur le paysage documentaire du
site. En effet, toutes les études de sociologie des publics montrent le rôle important des Bibliothèques municipales (BM)
dans l’accueil des publics étudiants. De manière plus gênante encore, la BM a retenu les collections de langue et de
littérature européennes comme l’une des priorités de son plan de développement des collections. Même si la cible
de ces collections est le grand public, il serait tout à fait dommageable pour la cohérence documentaire locale que
cette politique se mette en place sans associer la BNU de Strasbourg, dont les fonds sont d’ores et déjà très riches
dans ce domaine. Une voie royale de coopération documentaire, aujourd’hui délaissée, est ici tracée pour l’avenir des
relations entre ces deux établissements. La coopération patrimoniale et culturelle gagnerait aussi à être développée
notamment sur la question du patrimoine alsacien que les deux établissements entretiennent comme un point fort de
leurs collections.
3

Les autres collectivités
La Région et le département sont impliqués dans le développement de la BNU de Strasbourg au travers du CPER.
Même si la BNU de Strasbourg ne peut entrer dans le champ de ses prérogatives culturelles, le Conseil général est un
soutien attentif et un pourvoyeur de fonds fidèle.
La Région, qui participe aussi au CPER, a récemment créé une commission “Culture et Livre” qui vise à développer
des projets communs dans le domaine du livre. A cette occasion, l’administrateur de la BNU de Strasbourg a proposé
la création d’une bibliothèque numérique régionale1 , ce qui impliquerait d’ailleurs que le retard en la matière soit
rattrapé. Ce projet constitue un moyen fort de fédérer les énergies et de composer une collection cohérente associant
des partenaires multiples, publics comme privés. La Région dispose ainsi d’un embryon de politique, mais ne possède
pas, pour la mettre en œuvre, d’établissement dont elle puisse orienter, ou contribuer fortement à orienter, sa politique.
Ce défaut fragilise son action et freine des développements culturels qui bénéficieraient à toute la région et bien au-delà
en valorisant de manière brillante l’image culturelle de l’Alsace.
V – La carte documentaire
Décidé en commun par le Conseil d’administration de la BNU de Strasbourg et les universités sous l’impulsion
de la DGES, le lancement de l’étude de la carte documentaire constitue un pilier indispensable à la clarification du
dispositif documentaire du site strasbourgeois. Cette étude implique les universités de Strasbourg, réunies dans leur
SICD et la BNU de Strasbourg. Placée sous la coordination d’un conservateur spécialement nommé pour organiser ce
travail, celle-ci a duré un an pour le seul comptage des monographies ; la méthode employée s’inspire de celle utilisée
pour réaliser la carte documentaire parisienne du Quartier latin, adaptée et affinée pour répondre aux besoins spécifiques
des objectifs locaux. L’idée générale qui fait consensus entre les commanditaires de l’opération est que cette étude doit
fournir une véritable “carte d’état major” des différentes collections et de leur ampleur, et faire apparaître les points
forts et faiblesses du dispositif.
S’il est bien clair que cet outil est indispensable pour réaliser un état des lieux précis, il est tout aussi évident
qu’aucune conclusion d’ampleur ne sera spontanément tirée de cette description générale des acquisitions documentaires.
Cet état des lieux permettra d’avoir une vision plus claire de la documentation conçue comme un ensemble, et de préparer
la réflexion devant conduire à la prise de décisions en fonction d’objectifs politiques qui restent à déterminer et à
rendre publics.
L’étude fait apparaître un certain nombre de points importants concernant :
Les pôles d’excellence qui sont :


Pour la BNU de Strasbourg : les Alsatiques ; les sciences religieuses ; les langues et littératures d’Europe ; la
philosophie; l’Antiquité et la dimension germanique qui s’applique à l’ensemble des collections.
Pour le SICD : les sciences et santé ; le droit ; l’économie et la gestion ; les sciences humaines : sociologie,
psychologie, sciences de l’éducation, géographie, STAPS…
1 Cf. infra. La numérisation
21
Les secteurs à la répartition plus équilibrée qui sont l’histoire ; l’histoire de l’art ; et les sciences politiques.
Concernant le champ des Alsatiques, la BNU de Strasbourg représente 82% des acquisitions ; toutefois, le périmètre
du calcul est faussé quant à ce domaine, le partenaire majeur étant la Bibliothèque municipale qui possède les collections
les plus comparables à la BNU de Strasbourg. Une véritable politique de site impliquerait une collaboration et un partage
des rôles entre ces deux institutions, beaucoup plus qu’avec l’université.
On pourrait se risquer à une caractérisation rapide des deux types de collections au vu des accroissements : la BNU
de Strasbourg est un établissement possédant une forte dimension littéraire, et relevant largement de ce qu’il était
convenu d’appeler les “humanités”. Le SICD reflète, pour sa part, et de façon tout à fait attendue, les axes pédagogiques
et de recherche de l’université.
Parmi les différents scénarios envisageables, outre celui d’un partage très fin et pointilliste ménageant les
positionnements actuels, figure celui d’une véritable répartition prenant acte des points forts et des équilibres. Les
lignes en sont quasiment tracées par l’analyse des acquisitions et il semble que l’on peut aller au-delà d’un simple
partage des niveaux qui demeure en retrait et n’éclaircit pas le paysage. On pourrait objecter la question des dons
qui figurent en bonne place de l’accroissement de la BNU de Strasbourg, mais il serait possible d’envisager, dans un
système global, mutualisé et cofinancé, de les répartir à l’échelle d’un réseau intégré de bibliothèques.
Une telle approche impliquerait la redéfinition de la mission documentaire de la BNU de Strasbourg en l’orientant
sur les champs disciplinaires dans lequel elle excelle et en l’articulant à un dispositif global dont elle serait un maillon
essentiel. L’intérêt de ce dispositif, ordonné autour de la mission universitaire complétée par des missions patrimoniales,
culturelles et régionales tournées vers le grand public, serait de clarifier l’offre documentaire, et de renforcer les spécialités
sans disperser les efforts. L’objectif de couvrir de manière satisfaisante l’étendue des champs de la connaissance se
pense plus au niveau du réseau qu’à celui d’un établissement aussi riche et foisonnant qu’il soit.
Les suites à donner à cette carte documentaire relève donc de décisions politiques, mais appellent aussi un certain
nombre de compléments de réflexion concernant :
La conservation partagée
Il s’agit d’un élément important qui contribuera aussi à clarifier le paysage documentaire : qui conserve quoi ? Ce
travail peut commencer par la gestion des collections de périodiques imprimés dont la conservation peut être répartie
dans les différents sites strasbourgeois. Comme le signale l’administrateur de la BNU de Strasbourg, les capacités de
stockage étant limitées, la création d’un dépôt de conservation commun aux établissements strasbourgeois (a minima
BNU de Strasbourg et Université mais auquel la Ville pourrait aussi s’associer pour sa BM) voire de dimension régionale
pour l’Alsace sur le schéma du CTLES (Centre technique du livre de l’enseignement supérieur en Ile de France) est un
projet fédérateur qui contribuerait à une meilleure gestion des stocks et au partage des rôles.
La Charte documentaire et les plans de développement des collections par établissement
Une charte documentaire commune à la BNU de Strasbourg et aux universités serait incontestablement le résultat
le plus réussi de la carte documentaire. Au-delà de la reconnaissance des frontières, elle dessinerait une véritable
politique documentaire globale répartissant les compétences, unifiant les modes de traitement et soulignant la valeur
ajoutée de chaque participant. Elle se déclinerait en plans de développement des collections précisant dans le détail
les partages disciplinaires ainsi que les niveaux pris en compte dans chaque entité.
Les ressources électroniques :
L’étude des ressources électroniques pose quelques questions : il apparaît que la BNU de Strasbourg dépense
environ 10% de ses ressources pour ces accès (la moyenne nationale est de 18% dans les bibliothèques universitaires).
125 bases de données dont 41 abonnements courants et 9 500 titres en ligne au travers de 16 bouquets. C’est
dans ce domaine que l’effort de mutualisation est le plus net : sur les 41 abonnements payants de la BNU de Strasbourg,
16 bases et bouquets de périodiques sont souscrits en relation avec le SICD (39%) du total. Les contrats auprès des
mêmes fournisseurs recouvrent parfois des périmètres de ressources différents (c’est le cas pour CAIRN et JSTOR avec
des choix différents entre l’université et la BNU de Strasbourg). Certains accords sont financés à 50% par la BNU de
Strasbourg et l’Université Robert Schuman ce qui paraît très avantageux pour l’université compte tenu du potentiel
22
d’usagers supérieur à celui de la BNU DE STRASBOURG. En effet, ces ressources ne sont actuellement consultables par
le public BNU de Strasbourg qu’à l’intérieur des locaux de la bibliothèque. L’accès distant n’est pas possible aujourd’hui
pour des raisons techniques et juridiques. Dans ce domaine, il est tout à fait envisageable qu’une politique de site se
mette en place, voire qu’un service unique, commun aux différentes bibliothèques, pilote une politique à la dimension
du site. On peut parfaitement concevoir des économies d’échelle dans la gestion de ressources intéressant au premier
chef la communauté universitaire desservie par le SICD et la BNU de Strasbourg dans laquelle un seul acteur agirait en
tant qu’acquéreur pour une population préalablement définie. Compte tenu des ressources engagées dans ce domaine
par les bibliothèques d’université (1 million par la seule Université Louis Pasteur (ULP), ce service pourrait parfaitement
être administré par un service universitaire moyennant la définition de modalités de recueil des besoins et d’évaluation
des résultats. Il ne semble pas, en effet, que la BNU de Strasbourg soit un acteur de premier plan dans ce domaine,
compte tenu des secteurs qu’elle couvre et de son public moins homogène que celui d’une université.
Les statistiques d’usage attestent d’ailleurs d’une consultation plutôt faible au regard des dépenses engagées ;
certes, le domaine des SHS n’est en rien comparable à celui des sciences dites “dures”, mais la montée en puissance
de ces ressources commence à s’affirmer dans le milieu universitaire. L’accès distant pour la population universitaire
est un non-sujet si le dispositif universitaire incluait clairement la BNU de Strasbourg. Il ne se pose que pour les autres
publics hors annuaire LDAP (Lightweight directory access protocol) commun et pourrait faire l’objet d’une approche
spécifique, ressource par ressource.
Pour conclure, on peut souligner que la lecture présente de la carte documentaire faite par les différents
acteurs tient plus des positions respectives de chacun prenant acte de leurs pôles d’excellence sans entrer dans une
réelle collaboration active, c’est-à-dire un partage effectif des compétences d’acquisition.
Il faut également constater que les volets documentaires des projets rédigés par les partenaires n’ont pas été
échangés ni présentés par l’un à l’autre au cours d’une rencontre. Deux politiques conduites en parallèle sous-tendent
encore les projets actuels, et il semble nécessaire d’acter ce travail à un niveau politique. En effet, les suites à donner à
cette étude de la carte documentaire passent par une rencontre à l’initiative du rectorat et qui a été repoussée plusieurs
fois sine die. La restructuration des universités strasbourgeoises au profit de la création de l’université unique pourrait
fournir d’ici quelque temps l’opportunité de relancer le processus et de reprendre le travail de clarification et de
spécialisation nécessaire. La carte documentaire constitue un travail de qualité, qui fournit des informations intéressantes,
qu’une forte incitation politique pourrait conduire à approfondir bien au-delà des remarques formulées ici.
VI – Le système d’information et les chantiers numériques
1

Le système d’information
La BNU de Strasbourg ne possède pas de système d’information au sens d’un portail global gérant les accès à
tous les types d’information et permettant une recherche sur l’ensemble des ressources. Elle dispose de nombreux
outils gérant ces accès notamment un SIGB dont les performances ne sont pas optimales dans la configuration technique
actuelle ; son changement envisagé dans le cadre du projet d’établissement 2005-2008 n’a pas été réalisé, la dépense
excédant les ressources allouées. La BNU de Strasbourg a étudié plusieurs pistes d’évolution allant du renouvellement
complet du système (nouveau logiciel commercial ou logiciel libre) au passage à une nouvelle version du même logiciel.
Cette dernière piste s’avérant la moins coûteuse, est actuellement privilégiée pour une mise en œuvre rapide
annoncée en 2008. Dans le même temps, le SICD a entamé une réflexion pour la mise en chantier d’un SIGB unique
pour les bibliothèques universitaires et les études actuelles visent les logiciels libres, en particulier le logiciel Koha
auquel la BNU de Strasbourg s’est aussi intéressée dans sa recherche de solution et qu’elle a abandonné, faute de
ressources humaines suffisantes. En effet, la mise en place d’un logiciel libre de gestion de bibliothèque permet
d’économiser des coûts de maintenance importants (30 à 50 K€ annuels en moyenne), mais mobilise des ressources
humaines et des compétences d’informaticiens pour réaliser les développements, les paramétrages et l’évolution du
système. Si cette solution est, de fait, très lourde pour un seul établissement, elle est beaucoup plus supportable
pour une fédération d’établissements ; ainsi, il semble très important que la BNU de Strasbourg ne demeure pas en
dehors de cette démarche conduite par le SICD, même si pour des raisons de calendrier, elle sera vraisemblablement
conduite à prendre des décisions plus rapides pour assurer le maintien de son service. Il serait en effet souhaitable que,
d’ores et déjà, une réflexion commune préside à l’étude des besoins de chaque bibliothèque qui pourrait devenir le
socle d’un cahier des charges pour un outil partagé.
23
Au-delà du catalogue, cœur du système d’information des bibliothèques dans l’ère de l’imprimé, le système
d’information mobilise des ressources en ligne aujourd’hui en pleine expansion. Son architecture combine des outils
de recherche donnant accès aux ressources électroniques acquises à titre payant (bases de données, plates-formes de
recherche de périodiques), sélectionnées parmi les ressources gratuites disponibles sur le Web (exemple le DOAJ,
Directory of open access journals…), mais aussi produites par les établissements (système de GED, gestion électronique
de documents) mettant en ligne des corpus numérisés (production scientifique et pédagogique des universités, numérisation
d’ouvrages libres de droit relevant du patrimoine des bibliothèques…). Ces ressources sont combinées à des applications
logicielles facilitant les accès (moteurs de recherche fédérée) et fournissant des services (personnalisation de la recherche
et de l’environnement : fils rss, alertes, lieux de discussion, outils de travail collaboratifs…). La conception d’un système
d’information est aujourd’hui au cœur de l’activité des bibliothèques pour valoriser leur potentiel et fournir des outils de
transfert et d’élaboration des connaissances. Un outil de ce type ne se conçoit pas isolément mais à l’échelle d’une vaste
communauté de chercheurs. A ce titre, la situation du site strasbourgeois est exceptionnellement favorable et fournit
l’opportunité de mettre en œuvre un dispositif commun à l’ensemble des publics (étudiants, enseignants, chercheurs,
érudits et professionnels) en mutualisant compétences et ressources documentaires. A ce stade, il paraîtrait éminemment
dommageable qu’un tel système se développe en parallèle et sans concertation entre la BNU de Strasbourg et son
partenaire universitaire.
2

La numérisation
La BNU de Strasbourg disposant d’un patrimoine exceptionnel, les opportunités de numérisation de corpus
documentaires sont multiples et constituent un potentiel d’activités et de rayonnement de premier plan. Si la conservation
des documents peut constituer une source de sélection des documents à numériser aux fins de réaliser des supports de
substitution, elle ne saurait définir à elle seule une politique. Le projet de bibliothèque numérique d’Alsace, proposé
par l’administrateur de la BNU de Strasbourg dans le cadre du groupe de travail initié par la Région, constitue la
préfiguration d’une réelle politique ambitieuse fédérant les ressources des bibliothèques de la région au-delà du périmètre
universitaire en associant les BM mais intéresse aussi des sociétés privées comme le quotidien Les Dernières Nouvelles
d’Alsace ainsi que l’a manifesté son directeur. Ce projet de grande envergure, soutenu par l’administrateur dans son
projet de contrat quadriennal, devrait associer les partenaires au sein d’un conseil scientifique qui en définirait le périmètre
et les priorités. La Région et le réseau EUCOR sont à cet égard des acteurs clés qui pourraient ainsi prendre une part
active dans le soutien au développement concerté de la politique documentaire, et dans l’optique d’une bibliothèque
numérique européenne. Quant à la mise en œuvre des opérations de numérisation, l’université dispose au sein de
l’actuelle Université Louis Pasteur, d’une plate-forme de numérisation qui pourrait servir aux projets de la BNU de
Strasbourg. Là encore, typiquement, la numérisation et la création d’une plate-forme sont des projets fédérateurs
permettant mutualisation et économie d’échelle.
Plusieurs pistes fortes de mutualisation s’ouvrent à elles et à son partenaire universitaire avec un partage des
compétences et du pilotage que l’on pourrait proposer de la manière suivante:


sous l’égide de l’université : la gestion des ressources électroniques ; la construction du système d’informatisation
et la numérisation ;
sous l’égide de la BNU de Strasbourg : le développement patrimonial : accroissement, expertise, organisation,
promotion, formations ; la conservation et notamment la conservation partagée ; et la politique culturelle.
Ce partage passe par une définition préalable des besoins et la mise en œuvre d’une instance de concertation
et de coordination garantissant à chaque acteur sa capacité à infléchir le dispositif pour la prise en compte des besoins
de ses usagers et de ses objectifs.
La redynamisation nécessaire du dispositif documentaire de Strasbourg, dont la création de la nouvelle université
fournit l’opportunité, incite à repositionner la BNU de Strasbourg de manière plus précise pour lui permettre de mener à
bien ses projets multiples, et notamment la BNU Nouvelle, qui témoignent d’une belle ambition.
24
La politique culturelle :
une meilleure lisibilité
L’action culturelle est une dimension forte de l’activité de la BNU de Strasbourg qui, suivant les propos de
l’administrateur, “serait aisément transformée en équipement culturel à part entière” s’il donnait un accord systématique
à toutes les sollicitations qu’il reçoit. Ce phénomène est un signe encourageant en ce qu’il témoigne de sa place éminente
en tant que marqueur culturel dans le paysage strasbourgeois et alsacien.
La BNU de Strasbourg organise un grand nombre d’activités culturelles, les plus importantes étant les expositions
donnant lieu à l’édition de catalogues richement illustrés et d’un contenu scientifique de haut niveau. Cinq expositions
ont été réalisées en 2007 d’une ampleur inégale, les deux plus importantes étant consacrées au poète André Weckmann,
et à l’humaniste protestant Jean Sturm pour le 500ème anniversaire de sa naissance. D’autres manifestations sont
organisées dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine (visites organisées de la bibliothèque), des lectures
en allemand (en partenariat avec le Goethe Institut) et des conférences.
De grands projets sont en préparation dans le cadre du Quadriennal 2009-2012 :
- 14-18 : Orages de papier : les collections de guerre des bibliothèques
- Ens infinitum : à l’école de Saint François d’Assise
- Lika, Dorette, Hella et les autres : femmes affichistes en Alsace
- Célébration du 500ème anniversaire de Calvin
La BNU de Strasbourg envisage de créer sa propre revue pour affirmer mieux encore sa vocation culturelle et faire
connaître davantage ses activités. Cette initiative pertinente découle d’une prise de conscience du fait que la BNU de
Strasbourg est un établissement peu connu en dehors du périmètre alsacien et de ses proches voisins outre-Rhin, malgré
ses efforts en matière de communication. En effet, si le prestige et la qualité de ces expositions est incontestable, leur
fréquentation n’est pas à la hauteur de leur mérite. 2 518 visiteurs pour l’exposition Sturm, 1 368 pour Weckman, sont
des chiffres qui attestent d’un succès réel mais en-deçà de ce que la BNU de Strasbourg pourrait légitimement attendre.
Un effort de visibilité est à entreprendre et la construction d’un nouveau bâtiment y contribuera puissamment. Par
ailleurs, ainsi qu’un de ses membres l’a suggéré, la BNU de Strasbourg gagnerait à élargir son activité culturelle au-delà
du patrimoine alsacien, thématique sur laquelle elle est en “concurrence” directe avec la Bibliothèque municipale, pour
l’ouvrir sur des aspects plus méconnus de ses collections (dans le domaine de l’Antiquité par exemple). Cette démarche
lui permettrait de développer de nouveaux partenariats.
Un autre vecteur de son activité pourrait aussi, dans le cadre de sa collaboration étroite avec l’université, résider
dans la mise en valeur du patrimoine de l’université ainsi que de son activité de recherche vivante. La BNU de Strasbourg
servirait notamment à la diffusion de la Culture scientifique et technique avec le concours de la composante scientifique
de l’université, notamment sur toutes les thématiques eu croisement du rapport entre sciences et société, que ce soit
dans le domaine de la médecine qui ne lui est pas étranger ou des pôles forts de la recherche à Strasbourg (Chimie…).
Cette identification de la BNU de Strasbourg comme une vitrine de l’activité scientifique et du patrimoine peut
vivement intéresser la Région qui ne dispose pas d’équipement culturel en régie directe.
Détentrice de collections exceptionnelles qui lui ont valu le statut de bibliothèque nationale, la BNU de
Strasbourg révèle une identité avant tout régionale. Elle pourrait à ce titre être un élément fort de cohésion du
système documentaire local et régional. Sa dimension universitaire doit également rester prioritaire, et exige une
collaboration étroite avec ce qui sera dans quelques mois l’Université de Strasbourg.
Par ailleurs, son action doit s’harmoniser avec celle de la BM compte tenu de leur positionnement voisin à
l’égard du grand public cultivé et du domaine patrimonial local.
Ces éléments justifieraient une accélération de la modernisation de l’établissement et une concentration des
moyens sur les priorités qui s’y rapportent.
25
Les dimensions, à la fois régionale, nationale et européenne de son action gagneraient à être relayées et
soutenues par un acteur local fort qui, en l’espèce, pourrait être la Région dont les préoccupations culturelles ont
le même périmètre.
Un partenariat fort avec les différents acteurs territoriaux permettrait d’asseoir de manière stable l’activité de
la BNU de Strasbourg au sein d’un réseau local, national et européen. L’opportunité de la révision du décret de 1992
fournit à cet égard une occasion historique de clarifier son positionnement.
26
Conclusion, recommandations
I – Les points forts




Un fonds patrimonial exceptionnel associé à un monument historique emblématique ;
Une bibliothèque de référence pour la communauté universitaire strasbourgeoise et aussi germanique ;
Des compétences fortes dans le domaine patrimonial et dans la restauration des documents anciens ;
Un sentiment d’appartenance marqué à l’institution et une adhésion forte au projet BNU Nouvelle ;

Une accessibilité adaptée à ses différents publics.

Des locaux aujourd’hui inadaptés et ne répondant pas aux normes de sécurité ;
II – Les points faibles





Une salle d’exposition d’une grande pauvreté qui ne permet pas une valorisation du patrimoine ;
Une tendance à une approche “autarcique” de ses missions ;
Des ressources budgétaires modestes au regard de ses ambitions ;
Une administration fragilisée par des absences conjoncturelles du personnel d’encadrement ;
Des retards avérés en matière de modernisation (numérisation, SIGB...).
III – Les recommandations







Initier la constitution d’une instance de concertation et de coordination formalisée pour instaurer le dialogue
avec l’université ;
Mieux répartir la gestion des différentes logistiques administratives ;
Engager la rénovation immobilière ;
Se concentrer sur ses pôles d’excellence en termes d’enrichissement de son fonds et établir une politique
d’acceptation des dons à partir des objectifs prioritaires de la politique documentaire ;
Concevoir et mettre en oeuvre une politique plus ambitieuse de valorisation de ses richesses documentaires
articulée avec les opérateurs locaux, l’université, la Ville et la Région en particulier ;
Redéfinir le pilotage de l’établissement dans le cadre de la nouvelle donne universitaire ;
Mettre en place des outils permettant une auto-évaluation de l’établissement.
27
28
Liste des sigles
A
APS
ATOSS
Avant-projet sommaire
Administratifs, techniques, ouvriers sociaux et de santé
BCIU
BDIC
BM
BNF
BNU DE STRASBOURG
BP
BU
Bibliothèque communautaire et interuniversitaire
Bibliothèque de documentation internationale contemporaine
Bibliothèque municipale
Bibliothèque nationale de France
Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
Budget primitif
Bibliothèque universitaire
CADIST
CEG
CG
CHS
CPER
CR
CTLES
CTP
CUS
Centre d’acquisition et de diffusion de l’information scientifique et technique
Centre d’études germaniques
Conseil général
Comité hygiène et sécurité
Contrat de projets état-régions
Centre de ressources informatiques
Centre technique du livre de l’enseignement supérieur
Comité technique paritaire
Communauté urbaine de Strasbourg
DBM
DDE
DGES
Décision budgétaire modificative
Direction départementale de l’équipement
Direction générale de l’enseignement supérieur
EPCA
ETP
EUCOR
Établissement public à caractère administratif
Équivalent temps plein
Confédération européenne des universités du Rhin supérieur
FRC
Fonds de roulement comptable
IGB
INSA
ITARF
ITRF
IUFM
Inspection générale des bibliothèques
Institut national des sciences appliquées
(Personnels) Ingénieurs, techniques et administratifs de recherche et de formation
Personnels) Ingénieurs et techniques de recherche et formation
Institut universitaire de formation des maîtres
LDAP
Lightweight directory access protocol
B
C
D
E
F
I
L
29
M
MESR
Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche
PEB
PRES
Prêt entre bibliothèques
Pôle de recherche et d’enseignement supérieur
SCD
SICD
SIGB
SHS
Service commun de la documentation
Service interétablissements de coopération documentaire
Système intégré de gestion de bibliothèques
Sciences humaines et sociales
UDS
Université de Strasbourg
P
S
U
30
Observations de l’administrateur
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32
33
34
35
36
37
38
Organisation de l'évaluation
L’évaluation de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg s’est déroulée du 16 au 18 avril 2008.
Le comité d’évaluation était présidé par Geneviève Gourdet, Présidente honoraire de l’Université de Nice Sophia
Antipolis.
Ont participé à l'évaluation :
François Cavalier, directeur de la bibliothèque de Sciences Po ;
Jean-Claude Moreno, directeur de l’école d’architecture Paris Val de Seine ;
Hélène Vincent, doctorante, Université Pierre-Mendès-France, Grenoble.
Michel Cormier, directeur de la section des établissements, Annick Cartron, déléguée scientifique et
Margot Arrault, chargée de projet, représentaient l’AERES.
L’évaluation porte sur l’état de l’établissement au moment où les expertises ont été réalisées.
Delphine Lecointre a assuré la PAO.
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