La stratégie d`utilisation de la scintigraphie corporelle à l`iode
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La stratégie d`utilisation de la scintigraphie corporelle à l`iode
R.C. Munsch La stratégie d’utilisation de la scintigraphie corporelle à l’iode : intérêt de l’iode 123. René-Claude Munsch Service Médecine Nucléaire - Centre Hospitalier - Valence Résumé Dans la prise en charge des cancers thyroïdiens différenciés (CDT), la place de la scintigraphie corporelle à l’iode paraît devoir évoluer et ne plus être systématique du moins pour les CDT de bon pronostic lorsque les anticorps anti-Tg sont négatifs. Dans les autres cas, elle reste indiquée, réalisée de préférence avec de l’iode 123 pour éviter l’effet de sidération (stunning). La scintigraphie post-thérapeutique reste par contre la plus informative, même après administration "à l’aveugle". Deux propositions d’arbre décisionnel sont faites pour les CDT de "bon" pronostic et les CDT de « mauvais » pronostic après chirurgie et dose ablative d’iode 131 et lorsque les anticorps anti-Tg sont négatifs. Anticorps anti-Tg négatifs / 131I / 123I / Scintigraphie diagnostique / Scintigraphie post-thérapeutique ðDans le cadre du suivi des cancers thyroïdiens différenciés, la scintigraphie "corps entier" à l’iode est réalisée soit à titre diagnostique, soit à titre thérapeutique. Elle ne peut valablement s’envisager que si le geste chirurgical antérieur a été total ou subtotal (pas ou peu de parenchyme résiduel) ; plus précisément, elle n’est pas indiquée lorsque le geste initial n’a été que partiel (lobectomie ou lobo-isthmectomie…) SCINTIGRAPHIE ÀTITRE DIAGNOSTIQUE ðSon "rendement" diagnostique va en fait dépendre de la capacité du tissu néoplasique, local ou à distance, à capter l’iode significativement après avoir éliminé (iodurie) toute cause de surcharge iodée extrinsèque . Schématiquement, la fixation iodée tumorale est d’autant plus importante que la tumeur est différenciée, que le sujet est jeune, qu’il s’agit de métastases viscérales, que leur taille est modérée. La moindre différenciation (vésiculaire), la diffusion ganglionnaire, Correspondance : Docteur René-Claude Munsch - Médecine-Nucléaire - Centre Hospitalier 179 Boulevard Maréchal Juin - 26953 Valence Cedex 9 Tel: 04 75 75 74 98 Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2003 - vol.27 - n°4 187 La stratégie d'utilisation de la scintigraphie corporelle à l'iode : intérêt de l'iode 123 le caractère "oncocytaire", l’âge, la répétition des doses (par sidération ou effet "stunning") diminuent voire annihilent la fixation tumorale. Cette dernière diminue généralement au cours de l’évolution (effet répétitif, tendance à l’indifférenciation progressive, atteintes des mécanismes de transport de l’iodure…) La scintigraphie diagnostique peut être proposée : En post-opératoire "immédiat" ðAprès thyroïdectomie "subtotale" ou mieux "totale", l’examen scintigraphique va apprécier l’importance des reliquats cervicaux ainsi que l’éventuelle diffusion métastatique loco-régionale ou à distance. Elle sera réalisée (après élimination de principe d’une grossesse) en bonnes conditions d’hyperstimulation, soit trois à quatre semaines après l’intervention, sans introduction d’une opothérapie substitutive. L’isotope le plus souvent utilisé est l’iode 131, avec une activité de 2 à 5 mCi (74 à 185 MBq) ; des doses plus importantes augmentent certes le rendement diagnostique mais risquent de diminuer l’efficacité de l’éventuelle dose thérapeutique "à venir" par phénomène de sidération (inhibition transitoire de la fixation iodée du tissu tumoral après administration d’une première dose, même faible, dont le mécanisme n’est pas encore bien élucidé). Le balayage est réalisé à 48 voire 72 heures, c’est à dire au moment où les fixations digestives sont moindres (intérêt néanmoins d’une préparation intestinale la veille et de boissons juste avant l’examen pour "rincer" l’oropharynx et le trajet œsophagien). L’iode 131, reste le plus fréquemment utilisé mais présente des inconvénients pratiques et notamment : - Même à doses modérées, l’effet de sidération n’est pas négligeable et surtout apparaît peu prévisible. - La nouvelle réglementation sur la gestion des déchets devient contraignante et oblige, ou obligera rapidement, à un recueil des urines avec toutes les difficultés que cela sous entend chez des patients le plus souvent en ambulatoire, parfois âgés, peu coopérants… 188 - Les caractéristiques physiques de l’iode 131 le rendent peu approprié aux gamma caméras . En découle une relative piètre qualité iconographique. Par contre, il a pour avantages un faible coût et une période appropriée. Actuellement, un certain nombre d’équipes utilisent l’iode 123 dont les caractéristiques physiques sont beaucoup plus adaptées aux détecteurs , ne nécessitant pas de changements de collimateurs (examens pouvant s’intégrer dans une activité routinière, osseuse par exemple), autorisant des images beaucoup plus fines et résolutives, probablement plus discriminatives, avec toutefois deux inconvénients : un coût notablement plus élevé et une période plus courte interdisant des clichés tardifs. Des études comparatives récentes ont montré des scores diagnostiques sensiblement équivalents entre l’iode 131 (5 mCi) avec des clichés à 72 heures et l’iode 123 (2 mCi) avec des clichés à 24 heures. Nous proposons l’utilisation de l’iode 123 pour les raisons suscitées (pas d’effet stunning, qualité des images, commodités de réalisation, facilité de gestion des déchets) avec un protocole un peu différent utilisant 4 mCi (en fait, en "jouant" sur les dates de calibration et de livraison, il est possible, en sélectionnant les jours, d’obtenir 4 mCi pour une facturation de 2) ; les clichés sont réalisés à 24 ou mieux 36 heures après sérieuse préparation intestinale (protocole en annexe) sur une caméra double têtes ( cristaux de 5/8 de pouce) avec des collimateurs haute résolution, basse énergie et d’éventuels compléments au collimateur "sténopé". Le surcoût est alors modéré, largement compensé par les commodités d’utilisation et la qualité des documents, avec un score diagnostique au moins aussi bon, un effet stunning non constaté (études à affiner) et ce, malgré l’absence de clichés très tardifs (ce qui pourrait amener à méconnaître des fixations à cinétique lente qui toutefois sont plus le fait de certaines localisations métastatiques déjà traitées, donc se situant dans un contexte différent). Quel que soit l’isotope, la scintigraphie diagnostique post-opératoire initiale doit-elle, actuellement, toujours être réalisée ? Autrefois systé- Médecine Nucléaire - matique, le restant encore dans certaines "écoles", il s’avère aujourd’hui que l’on puisse s’en passer lorsqu’on s’achemine, de toute façon, vers une administration d’iode thérapeutique (signes d’agressivité anatomopathologique,multifocalité,métastases connues, jeune âge…), la scintigraphie postthérapeutique ayant alors toute chance d’être plus discriminative. De même, il semble raisonnable d’envisager de s’en passer lorsqu’il existe de faible signes d’agressivité locale (microfoyer papillaire de "rencontre" par exemple…) avec un geste chirurgical initial large, des explorations complémentaires vierges (radiographie thoracique, échographie cervicale soigneuse…),une thyroglobuline (Tg ) basse et interprétable (absence d’interférence avec des anticorps spécifiques) ; il ne semble pas néanmoins que le consensus soit établi… Par contre, l’indication semble ne pas être discutée si : - Une irathérapie est envisagée ; la décision sera alors prise en fonction des données scintigraphiques et/ou biologiques et du contexte (jeune âge, grossesse à venir…) - Les autres techniques de surveillance posent problèmes : Tg plus difficilement interprétable en raison d’une immunisation existante, échographie cervicale de réalisation mal aisée (cous courts, délabrements chirurgicaux, hétérogénéïté préexistante des éventuels reliquats parenchymateux même de petite taille…) - Il est souhaité, ce qui peut être légitime, une iconographie de départ qui pourra servir d’état des lieux initial en vue d’éventuelles comparaisons évolutives ultérieures. En suivi évolutif après sevrage hormonal ðLa scintigraphie corporelle s’intègre alors dans un protocole de surveillance obligatoirement associé aux déterminations de la Tg et aux données échographiques cervicales haute résolution. Elle doit être réalisée après sevrage hormonal, donc arrêt thérapeutique, avec ses conséquences connues, le but étant la récupération d’une hyperstimulation endogène significative qui peut, dans certains cas (sujets âgés,TSH indétec- Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2003 - vol.27 - n°4 R.C. Munsch table de base sous freinage prolongé, éventuelles tumeurs sécrétantes…) être retardée. On préconise un sevrage de 4 semaines en LT4, le plus souvent avec relais, pendant les 2 ou 3 premières semaines, par de la LT3. Personnellement, nous utilisons 4 semaines d’abstinence en LT4 et les deux premières semaines 50 µg de LT3. Le but est d’obtenir une TSH > 25 µU/mL. Le protocole est identique à celui déjà décrit ; le choix isotopique reste sensiblement identique, de même que les bases d’interprétation. Il semble admis actuellement que : - L’évolution de la Tg après sevrage apparaît plus sensible que la scintigraphie diagnostique dans le dépistage des métastases (mais un peu moins pour le diagnostic de parenchyme résiduel cervical, ce qui est assez cohérent). - La scintigraphie diagnostique après sevrage apparaît légèrement plus sensible que celle réalisée sous TSH recombinante (rh TSH) mais jamais de manière significative du moins pour les données actuelles de la littérature. Dans ces conditions, les indications de la scintigraphie diagnostique après sevrage paraissent laisser progressivement place à celles réalisées sous rh TSH et, en l’occurrence, paraissent superposables même si la pénibilité du sevrage peut, à elle seule, légitimer un suivi plus exhaustif et donc une systémisation scintigraphique. Nous proposons donc de détailler les indications scintigraphiques diagnostiques essentiellement après rh TSH. En suivi évolutif sousTSH recombinante ðLa scintigraphie diagnostique, effectuée selon les modalités précédemment décrites, est alors réalisée sans sevrage en LT4 mais après administration, à J–2 et J–1 en intra-musculaire, de 0,9 mg de TSH recombinante avec réalisation scintigraphique à J+2 (iode 131), 36 heures (iode 123) couplés aux déterminations de Tg et anticorps antiTg et TSH à J–2 et à J+2. Les données de la littérature accordent une sensibilité généralement supérieure à la scintigraphie après sevrage (sauf dans les métastases sécrétantes ou l’indication de la rh TSH est Médecine Nucléaire - alors évidente) mais sans gain réellement significatif sauf pour Ladenson et al qui retrouvent une supériorité de la scintigraphie après sevrage dans 29 % des cas contre 5 % des cas après rh TSH mais avec concordance dans 66 % des cas. (hypothèses avancées : moindre disponibilité de l’iode sous traitement et diminution de la clairance de l’iode après sevrage). Donc pas de certitudes absolues mais la nette amélioration de la qualité de vie des patients apportée par l’utilisation de la rh -TSH, ses rares et gérables effets secondaires, font que le sevrage sera de moins en moins proposé, malgré l’aspect financier (d’ailleurs à pondérer par les inconvénients du sevrage). Certaines équipes travaillent aussi à des protocoles mixtes, plutôt d’ailleurs à visée « thérapeutique », notamment dans le cadre de métastases connues et sensibles (rachis…) : sevrage thyroxinien partiel et potentialisation par rh-TSH, le but étant une défreination modérée et une stimulation endogène partielle complétée par la rh-TSH pour obtenir malgré tout une bonne hyperstimulation (donc une bonne fixation et une efficacité thérapeutique attendue maximale). Signalons que l’existence de métastases osseuses connues, susceptibles d’entraîner des phénomènes compressifs par réaction oedèmateuse, justifient la mise en route d’un traitement corticoïde (60 à 100 mg/jour) de J–2 à J+2. L’interprétation de la scintigraphie diagnostique est indissociable des valeurs de la Tg, du moins en l’absence d’anticorps anti-Tg, et des données de l’échographie cervicale. Schématiquement et lorsque les anti-Tg sont négatifs, la Tg, avec une valeur seuil allant de 2 à 5 ng/mL (variabilité en fonction des auteurs et de la méthode de dosage utilisée) apparaît aussi discriminative dans le dépistage de métastases à distance que la scintigraphie diagnostique sauf pour la mise en évidence de récidives locales et/ou locorégionales (notamment ganglionnaires) mais avec alors un score prépondérant de l’échographie cervicale utilement complétée de la cytologie écho-guidée. Si la Tg est supérieure à 10 ng/ mL (équipes et techniques confondues), la sensibilité scintigraphique devient un peu inférieure, tous sites confondus, à celle de la Tg. Aucune technique n’est, en elle même, suffisante et leur association est significativement intéressante : Robbins et al retrouvent à l’association Tg-scintigraphie, lorsque la Tg est basse (≤ seuil de 2 ng/mL) une valeur prédictive de 97 % ce qui signifie en clair 3 % au plus de risque d’avoir une métastase à distance. Néanmoins, il peut être licite de savoir si, dans certaines conditions (absence d’anticorps anti-Tg, cancers initialement de bons pronostics, Tg de base basse…), la scintigraphie diagnostique doit être systématiquement réalisée car : - Si la Tg est basse, sa discrimination est aussi bonne que la scintigraphie sauf au niveau locorégional mais l’échographie cervicale et la cytologie sont alors très performantes ; l’apport diagnostique scintigraphique peut devenir discutable, du moins sa répétition systématique. - Une fixation résiduelle du lit thyroïdien n’a pas de valeur pronostique certaine ; elle est néanmoins probablement gênante car à l’origine d’une détectabilité de la Tg basale (point à controverses…) - Si la Tg est haute (significativement > 10 ng/mL) les scores diagnostiques sont proches mais l’indication scintigraphique diagnostique peut être considérée comme superflue dans la mesure où l’on va s’acheminer vers une irathérapie systématique avec réalisation, secondaire, d’une scintigraphie corporelle post-thérapeutique que toutes les équipes s’accordent à trouver très supérieure pour la localisation métastatique. - Le fait de ne pas réaliser de scintigraphie diagnostique permet d’éviter l’effet stunning, sauf en cas d’utilisation d’iode 123. SCINTIGRAPHIE CORPORELLE POST -THÉRAPEUTIQUE ðEn diagnostic, environ deux tiers des métastases thyroïdiennes captent l’iode et sont accessibles à la radiothérapie interstitielle. Un tiers échappe donc mais environ 90 % de ces localisations deviennent visibles après administration d’une dose thérapeutique sur les balayages corps entier réalisés entre J+4 et J+8. La sen- Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2003 - vol.27 - n°4 189 La stratégie d'utilisation de la scintigraphie corporelle à l'iode : intérêt de l'iode 123 sibilité de la scintigraphie post-thérapeutique est donc incontestablement supérieure et de nombreux travaux font d’ailleurs état des bons résultats de doses thérapeutiques données en "aveugle" notamment lorsque les taux de Tg étaient litigieux (valeurs intermédiaires). Les "récupérations" topographiques par la scintigraphie post-thérapeutique semblent essentiellement être le fait des localisations viscérales notamment pulmonaires, de manière plus inconstante pour les atteintes ganglionnaires. Encore 3 à 4 % des métastases restent inapparentes après doses thérapeutiques : rôle de la dédifférenciation tumorale ? Absence de transporteurs ? Limites méthodologiques ? C’est vraisemblablement alors l’indication du recours à la scintigraphie diagnostique au FDG. Le "score" de la scintigraphie postthérapeutique est donc élevé ; nous proposons sa réalisation en deux temps : J+4 et J+8 ; en effet certaines métastases présentent des cinétiques de fixation différentes, parfois tardives, même lorsque le traitement freinateur est réintroduit progressivement à partir de J+5 ou lors de l’utilisation à visée thérapeutique de la rhTSH. Les clichés tardifs permettent alors de "récupérer" quelques localisations à cinétique lente ou retardée qui auraient pu être méconnues et de mieux apprécier leur cinétique de fixation (en vue d’une estimation dosimétrique). PRÉCONISATION ACTUELLE DE LA SCINTIGRAPHIE CORPORELLE ðIl est difficile de formaliser une attitude consensuelle car la prise en charge des cancers thyroïdiens différenciés ne cesse d’évoluer avec l’arrivée de nouveaux outils diagnostiques : détermination de la Tg, échographie cervicale performante, apports cytologiques récents (recherche des cellules thyroïdiennes dans les ganglions, recherche de la Tg dans le liquide de rinçage des ponctions ganglionnaires), mise en évidence (auparavant suspectées) par le FDG de métastases non iodofixantes, progrès génétiques… le tout s’intégrant dans un contexte de vieillissement global de la population. Néanmoins, 190 si les cancers initialement de mauvais pronostic justifient encore de tous les moyens diagnostiques et notamment de la scintigraphie corporelle postthérapeutique, il est envisageable de proposer une surveillance"allégée" pour les cancers de bon pronostic du moins si : - La surveillance clinique est régulière et conforme aux recommandations actuelles. - La surveillance échographique est réalisée par un opérateur averti. - Le cytologiste est rodé aux diagnostic thyroïdien. - Les déterminations de Tg sont interprétables, sans anticorps ou avec une interférence faible avec des anticorps dosés, des tests de récupération cohérents et une méthode de dosage identique. Proposition pour les cancers thyroïdiens différenciés de bon pronostic ðCe sont classiquement des cancers récidivant peu, essentiellement sur le mode ganglionnaire local d’où le rôle prépondérant de l’échographie et de la cytologie. Ces cancers sont caractérisés par : - un bon pronostic, - une chirurgie initiale adéquate, totale ou subtotale, - une complémentation initiale par de l’iode 131 entraînant une"carte blanche", - une Tg sous freinage indétectable ou très basse, en l’absence d’anticorps anti-Tg. bleau I reflète ces propositions, Le ta tab très largement inspirées de celles de M. Schlumberger récemment faites aux journées d’endocrinologie (2002). Les nouveautés : - La scintigraphie diagnostique disparaît au profit, lorsque la Tg augmente, d’une scintigraphie d’emblée postthérapeutique. - La "stratégie" est basée sur la notion d’une valeur seuil de Tg, probablement à déterminer par chaque équipe, pouvant évoluer "normalement" de 1 à 5 ng/mL. Dans les cas ou le geste initial n’a pas comporté une complémentation Médecine Nucléaire - d’emblée isotopique, le suivi échographique (et radiographique pulmonaire) devra être soigneux, l’interprétation de la Tg (souvent dosable) étant plus malaisée ; toute augmentation de cette Tg devra faire envisager des investigations complémentaires et l’indication d’une dose d’iode 131. De même, la présence d’anticorps antiTg plaide pour la réalisation d’emblée ou secondairement, d’une radiothérapie métabolique. Essai de propositions pour les cancers thyroïdiens différenciés de "mauvais" pronostic ðCe sont ceux qui présentent le plus de risques de récidives (même si la morbidité reste globalement faible), se produisant pour 2/3 d’entre elles pendant la première décennie, voire pendant les deux premières années dans le cas de carcinome vésiculaire. La prise en charge initiale doit être chirurgicalement totale, avec expertise ganglionnaire, systématiquement suivie d’une irathérapie ablative dont les effets bénéfiques sont incontestables. Il n’existe pas de consensus actuel dans la prise en charge thérapeutique. Le tableau II est emprunté à Marie Laure Lalanne-Mistrih lors de sa présentation au 10ème symposium du club thyroïde. Les nouveautés : - La scintigraphie diagnostique tend à disparaître au profit d’emblée de scintigraphie post-thérapeutique. - Là aussi, nécessité d’un seuil à déterminer pour l’interprétation de la Tg qui reste le critère décisionnel, si les anticorps anti-Tg sont négatifs toutefois. - Les atteintes ganglionnaires plaident plus pour une chirurgie préalable que pour une irathérapie première en raison de la moindre réponse constatée. - Apparition de nouvelles techniques d’imagerie : FDG, détection per-opératoire. - Plus"discutable", certaines équipes ne préconisent pas d’irathérapie itérative si la fixation constatée sur les scintigraphies diagnostiques ou postthérapeutiques ne montre qu’une fixation cervicale… Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2003 - vol.27 - n°4 - Ta b leau I yr oïde de bon pr onostic aav vec anticorps anti-Tg négatifs Pr oposition d'arbr e décisionnel pour les cancer cancerss de la th thyr yroïde pronostic Proposition d'arbre R.C. Munsch Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2003 - vol.27 - n°4 191 La stratégie d'utilisation de la scintigraphie corporelle à l'iode : intérêt de l'iode 123 - Ta b leau II Pr oposition d’arbr e décisionnel pour les cancer yr oïde de mauv ais pr onostic aav vec anticorps anti-Tg négatifs : Proposition d’arbre cancerss de la th thyr yroïde mauvais pronostic D’après Mar ie-Laur e LALANNE-MISTRIH 10 ème Symposium "Club Th yr oïde" Götebor g, 2002 Marie-Laur ie-Laure Thyr yroïde" Göteborg, Après chirurgie et dose ablative d’iode 131 CONCLUSION ðIl n’existe pas actuellement de consensus formel pour la prise en charge 192 des cancers thyroïdiens différenciés. Les avancées récentes ont vu l’apport de nombreux moyens diagnostiques autres que la scintigraphie corporelle qui garde toutefois tout son intérêt en post-thérapeutique. Seul le recul Médecine Nucléaire - permettra néanmoins de juger de la validité des propositions actuelles, notamment celles, simplifiées, des cancers de bon pronostic. Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2003 - vol.27 - n°4 R.C. Munsch ANNEXE 1 Préparation en vue de la réalisation d’une scintigraphie corporelle - Le jour précédent : "régime sans résidu" Sont permis viandes, poissons, œufs, pâtes, riz, semoule, fromages secs, gelée de fruits, biscottes, biscuits secs… Sont interdits laitages, jus de fruits, légumes, fruits, céréales… - La veille de l’examen, boire 2 litres de Klean-Prep (sachets à se procurer en pharmacie). - Le matin de l’examen, thé ou tisane bien sucrés permis. Radioactive Iodine whole body scan (RIWB) strategy in malignant thyroid diseases : an approach to Iodine-123 utilisation. The management of differentiated thyroid carcinoma includes a RIWB periodic scan. Nevertheless, the scan may be avoided if the expansive malignant intrathyroidal lesion, treated by total thyroidectomy, has favorable prognosis criteria and there are not antithyroglobulin antibodies circulating. Indeed RIWB scan must be used periodicaly in follow-up of the other cases, scanning, if possible, with iodine-123 in order to avoid the stunning effect. The RIWB postherapeutic scan (after administration of a high activity of 131I) gives, of course, the best information concerning the eventual remaining post-chirurgical thyroid tissue and the eventual localisation of metastases. Therefore two different propositions has be done in the follow-up of patients with malignant thyroid lesions depending on the prognosis criteria. Negative anti-Tg antibodies / 131I / 123I / Radioactive iodine whole body scan RÉFÉRENCES 1. Thyroid nodule task force. AACE/ AAES médical/surgical guidelines for clinical practice management of thyroid carcinoma. Endocr pract 2001 ; 7, 3 : 203-220. 2. 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