Classements des cabinets d`avocats, fautil faire confiance

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Classements des cabinets d`avocats, fautil faire confiance
8/12/2015
[Direction juridique] L'actualité actuEL DJ : Classements des cabinets d'avocats, faut­il faire confiance ?
Classements des cabinets d'avocats, faut­il faire
confiance ?
08/12/2015
Outil des directions juridiques pour choisir au mieux un spécialiste reconnu d'une
matière et connaisseur de leur secteur d'activité, les classements de performance des
avocats doivent être utilisés avec parcimonie.
Les classements sont devenus un véritable marché. Et figurer sur ces podiums proposés par des
organes de presse et des éditeurs est un enjeu pour les professionnels du droit. Les méthodologies
utilisées pour les réaliser sont souvent complexes et différentes d’un classement à l’autre. Si les
opérateurs assurent qu’aucune contrepartie financière n’est demandée pour y figurer, certaines voix
s’élèvent pour dénoncer le contraire. Tour d’horizon.
Classements d'abord anglo­saxons...
Nés d’une pratique anglo­saxonne, les classements de performance des avocats se multiplient en
France depuis une dizaine d’années. Cela fait 28 ans que le Britannique Legal 500 propose un
décryptage du marché d’abord anglo­saxon puis français. En s’appuyant sur l’analyse des dossiers
communiqués et sur des entretiens réalisés avec des clients pour connaître leurs avis sur la qualité
de service et le prix de leurs conseils, Lucie Tripon scrute, tous les ans, la place parisienne. Elle
établit des classements en droit fiscal, fusions acquisitions, droit social, contentieux commercial, droit
des entreprises en difficultés et en financement de projet. Legal 500 s’avère très exigeant avec les
cabinets. Ceux qui ne mettent pas suffisamment à jour leur présentation ou qui ne répondent pas aux
questionnaires ne sont pas maintenus dans les classements. Chaque printemps depuis 1990,
Chambers publie son palmarès hexagonal des meilleurs cabinets d’avocats, en suivant, à peu près,
la même méthode.
Les Américains s’intéressent aussi de plus en plus aux avocats français avec notamment le
classement Best Lawyers. Existant depuis 2010, publié une fois par an, ce classement entre pairs ne
fait pas l’unanimité. Sa méthodologie de sélection, basée sur les avis des confrères, est décriée par
certains professionnels et diffère de celles de Chambers et Legal 500. Cependant, l’Américain
cherche à améliorer son processus en modérant les avis des avocats avec ceux de leurs clients.
...ensuite français
Du côté français, tout comme Chambers et Legal 500, l’équipe d’Option Droit & Affaires établit 5
catégories de classements annuels : private equity, M&A, fiscal, contentieux et restructuring. Une
méthodologie précise est suivie : un questionnaire est envoyé aux cabinets, un entretien confidentiel
est ensuite effectué avec les avocats spécialistes de la matière, puis une enquête confidentielle est
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menée auprès des clients. Les classements sont ensuite validés par les 300 membres du Cercle
Montesquieu. Les cabinets qui n’ont pas répondu mais bénéficient d’une pratique reconnue dans leur
matière sont aussi mentionnés dans un tableau à part afin que les clients aient une vision globale du
marché. A préciser qu’il est gratuit de figurer et d’être classé dans Chambers, Legal 500 et Option
Droit & Affaires, un abonnement payant pouvant fournir un profil plus détaillé du cabinet.
Enfin Décideurs, connu pour être le leader historique sur le marché français, a démultiplié la pratique
des classements d’avocats en couvrant environ 23 secteurs d’activités (banque & finance, gestion de
patrimoine, énergie & environnement, fiscalité des entreprises ou bien encore propriété
intellectuelle, etc.). Aujourd’hui sa méthodologie est remise en cause publiquement par l’Ordre des
avocats de Paris. Dans une motion adoptée le 24 novembre dernier, le conseil de l’Ordre a rappelé
qu’aussi intéressantes que soient ces sollicitations, elles sont « incompatibles avec les règles
déontologiques dès lors qu’elles trouvent leur source dans des partenariats, qui ne sont, avec ces
opérateurs, basés que sur leurs propres intérêts économiques et financiers ». A ce titre, le conseil de
l'Ordre dénonce en particulier les offres faites par Leaders League (Magazine Décideurs ­ Décideurs
Juridiques ­ Trophées du droit) qui semblent reposer principalement sur une proposition
commerciale. Une charge dont les principaux intéressés se défendent vivement, expliquant qu'être
classé ne nécessite pas une contrepartie financière et que les cabinets d'avocats deviennent clients
uniquement lorsqu'ils demandent une fiche annuaire et une présence éditoriale au sein des
magazines.
Micro­enquêtes orientées
D’autres éditeurs ont préféré établir des classements effectués grâce à des micro­enquêtes
orientées, particulièrement, sur les fusions­acquisitions et le private equity. Private Equity Magazine
propose ainsi un classement basé sur le nombre d’opérations effectuées par un cabinet durant
l’année dans ses domaines. Tandis que le Magazine des Affaires analyse tous les deals effectués par
chaque cabinet entre janvier et décembre puis classe les structures en volume et en valeur. Enfin, CF
News propose un point trimestriel des opérations par cabinets ainsi que des prix. Font figures
d’exceptions le classement de la Global Arbitration Review (GAR) qui concerne uniquement le
domaine de l’arbitrage international, ainsi que ceux très spécifiques de l’International Financial Law
Review (IFLR) classant les 100 meilleurs cabinets en corporate dans plus de 120 juridictions. Ces
micro­enquêtes se basent sur des données considérées, a priori, comme objectives puisque chiffrés
et factuelles. Néanmoins, les rankings diffèrent d’une enquête à l’autre, que ce soient les
classements par taille de cabinet ou par chiffres d’affaires.
Les avis des clients pris en compte
Force est de constater que les avis des clients, parfaitement confidentiels, sont devenus un élément
central de ces classements de performance. Longtemps Chambers a été le seul à le faire...
Aujourd’hui, c’est devenu une condition sine qua non pour se faire classer.
Les enquêteurs sollicitent l'opinion des clients et les interviewient. Legal 500, Option Droit & Affaires,
GAR, IFLR et Décideurs demandent explicitement des contacts clients dans les questionnaires
adressés aux avocats. Sans ces contacts clients, les cabinets sont automatiquement pénalisés. Best
Lawyers, Expert Guides, Who’s Who Legal, se basent d’abord sur les votes des avocats entre eux
mais pondèrent leur liste avec un retour du marché côté clients. Certains classements, comme le
palmarès du Monde du Droit repose même exclusivement sur ce point, ce sont les clients qui
classent leurs conseils.
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Delphine Iweins
Ecrit par
Delphine Iweins
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Relation avec les avocats
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