L`odyssée de Sarah An#1819C - Société d`histoire de Drummond

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L`odyssée de Sarah An#1819C - Société d`histoire de Drummond
DE KINGSEY À BOSTON, VIA LE MIDDLE WEST AMÉRICAIN
L'ODYSSÉE DE SARAH ANN PARKER
par
Yolande Allard
Mai 2008
Table des matières
Introduction
3
Chapitre premier
Kingsey en liesse, 15 août 1900
6
Chapitre 2
L'héritage de Sarah Ann
16
Chapitre 3
La trajectoire sociale de Sarah Ann
Conclusion
27
39
Annexe 1
Le poème The Founding of Kingsey
40
Annexe 2
La famille de Robert Abercrombie et de Thankful Bragg
42
Annexe 3
La notice nécrologique de William Augustus Parker
43
Annexe 4
La famille de Ralph Waldo Abercrombie et de Sarah Ralph
Bibliographie partielle
44
45
2
Introduction
Née à Kingsey en 1827, décédée à Boston en 1910, Sarah Ann Parker (née Abercrombie) a connu une
trajectoire de vie singulière. D'abord, une enfance et une adolescence au sein d'une famille
nombreuse et bouleversée par l'abandon du père. Puis ce fut l'exil dans le Middle West américain où
son mari et ses enfants perdent la vie lors d'un raid amérindien. Veuve, dans la mi-quarantaine, elle
épouse un Bostonnais cultivé et bien nanti de 32 ans son aîné. Au décès de ce dernier, Sarah Ann
rachète la ferme ancestrale de Kingsey qu'elle transforme en un admirable domaine. Durant la belle
saison, elle y accueille ses nombreux et distingués amis musiciens, chanteurs, poètes, ou
dramaturges, et se retire à Boston durant l'hiver. Au fil des années, elle prolonge de plus en plus la
durée de ses séjours à Kingsey où elle retrouve son passé, ses racines, la vraie substance de sa vie.
Dans sa résolution de partager les fruits de cette expérience merveilleuse, elle réunit sur sa propriété,
le 15 août 1900, quelque 1500 voisins, amis et anciens résidants. Une journée entière, portés par la
musique des orchestres de Richmond et de L'Avenir, ils seront tour à tour invités à admirer les
précieux souvenirs du passé exposés dans une cabane de pionniers, à apprendre l'histoire des
défricheurs dans le dédale d'un poème épique de 46 quatrains, à assister au dévoilement d'un
monument commémoratif, à écouter le grondement de deux canons écossais, à chanter, à danser, à
boire et à manger.
À ce jour, deux articles ont dévoilé l'essentiel de l'odyssée de Sarah Ann. D'abord, celui rédigé par
Donna Roach intitulé « Sydenham Church and Elmwood », publié en 1966 dans le premier volume de
Annals of Richmond County and Vicinity. Plus récemment, en 1996, J. Clifford Moore, rappelle des
pans de l'histoire de sa grand-tante Sarah Ann et la restauration du domaine de Kingsey dans un livre
intitulé The Life and Times of a High School Principal in Rural Quebec. En ce qui a trait au
déroulement et l'ampleur du rassemblement tenu le 15 août 1900, moult détails sont consignés dans
les journaux de l'époque tels le Stanstead Journal, le Richmond Guardian et le Sherbrooke Daily
Record, puis repris dans le deuxième volume de Annals of Richmond County and Vicinity sous la
plume de A. A. Carson. De son côté, la Société d'histoire de Richmond conserve des artéfacts
précieux tels le carton d'invitation et le programme de la journée intitulé « 1800-1900 Kingsey
Centennial ».
Le présent article vise à documenter les antécédents familiaux et la trajectoire sociale qui ont forgé le
patriotisme de Sarah Ann dont la manifestation la plus évidente s'est déroulée le 15 août 1900. La
première partie rappelle cette grande fête célébrant le 100e anniversaire du peuplement de Kingsey.
La deuxième partie scrute les origines de Sarah Ann, Écossaise par son père, Irlandaise par sa mère,
ainsi que l'environnement multiethnique de son enfance et de son adolescence. Enfin, la troisième
partie décrit son parcours en boucle qui passe d'abord par le Middle West américain, puis par Boston
pour se terminer à Kingsey où s'écoulent les 25 dernières années de sa vie active.
Le dépouillement des documents publics usuels s'est avéré fructueux. De tous les registres d'état civil
tenus par les églises catholiques et protestantes des Cantons de l'Est, ce sont ceux des églises
anglicanes St. George (Drummondville) et St. Paul (Kingsey) qui ont été les plus instructifs. De même
les registres fonciers conservés au Bureau de la Publicité et des Droits de Drummondville qui ont
précisé la fréquence et l'étendue des transactions des Abercrombie et des Ralph. Ajouté à cela, les
statistiques et les informations d'ordres ethnique, religieux, occupationnel colligés dans divers
recensements du Canada entre 1825 et 1901, ainsi que les cartes et les journaux d'époque qui
témoignent de l'effervescence certaine de Kingsey au XIXe siècle.
Afin de nous imprégner de l'environnement parcouru par Sarah Ann entre 1850 et 1880, nous nous
sommes rendues au Wisconsin, plus précisément dans le comté de Fond du Lac où plusieurs
membres de sa famille se sont également expatriés. Tous les centres d'archives et bibliothèques visités
nous ont témoigné un accueil chaleureux, particulièrement ceux de Madison, Metomen, Brandon, Alto,
Fairwater. Puis, nous nous sommes dirigées vers le Minnesota afin de consulter les archives de la
société d'histoire de St. Paul qui détient, entre autres, une liste exhaustive des militaires et des civils
massacrés par les Indiens entre 1862 et 1865.
3
Notre voyage en sol américain s'est terminé à Boston où nous avons reçu une collabo-ration
empressée de la Société d'histoire et de généalogie de la Nouvelle Angleterre, du Centre d'archives
de l'Église congrégationaliste et du Centre d'information du cimetière Forest Hills.
Merci à celles et ceux qui ont répondu à nos demandes d'information : Ruth Cote Abercrombie,
Elisabeth E. Allison, Sophie Boissonneault, Kathy Curtis, Twliaha De Boer, Paul DesTroimaisons,
Peter Drummey, Denise Duquette, Carolyn Essig, Paisley Harris, M. Hansen, Esther Healy, Lucie
Houle, Barry Husk, Dave Johnson, Michael Leclerc, Diane Lemire, Hélène Liard, Tylor S. Loest, Dean
Louder, Françoise Martel, Michèle Paquin, Donna Roach Prescott, Tyler Resch, Tom Rice, Jody
Robinson, Stefan Songstad, Karen Staulters, James Sweeney, Joshya Taylor, Gérard Tremblay,
Barbara Vande Brink et Janet Weymouth.
Un merci spécial à Elizabeth Moore Mastine, Diana Moore et Maryan Greenlay (Township Sun) qui ont
mis à notre disposition des photographies dévoilant les traits de Sarah Ann Parker et de quatre de ses
soeurs, ainsi qu'une vue d'ensemble d'Elmwood alors qu'on célébrait le centenaire de Kingsey. Enfin,
la révision bénévole et spontanée de la terminologie et de la présentation du contexte historique par
Julie Paquin a favorisé une version plus conviviale; nous lui en sommes reconnaissants.
Ce travail a bénéficié d'une subvention de la Fondation Bélanger-Gardner.
Y.A.
4
Cinq des sept soeurs ABERCROMBIE
Coll. Elizabeth Moore Mastine
NANCY CLARISSA
VICTORIA
CAROLINE
68 ans
61 ans
66 ans
MARGARET SARAH ANN
60 ans
73 ans
Cette photographie est prise à Elmwood, probablement dans le cadre du grand rassem-blement
soulignant le centenaire de Kingsey, tenu le 15 août 1900.
Les cinq soeurs Abercrombie sont alors veuves. En respect des convenances de l'époque, elles
portent dignement d'épaisses robes de taffetas noir boutonnées jusqu'au cou et jusqu'aux poignets,
sans le moindre bijou pour les égayer. Une courte biographie de chacune d'elles ainsi que des six
frères et soeurs absents au moment de la photo, apparaît à l'annexe 4.
5
Chapitre premier
KINGSEY EN LIESSE
Le 15 août 1900, alors qu’une bruine chaude enveloppe le canton de Kingsey, Lady Parker, qui a reçu
à son baptême le nom de Sarah Ann Abercrombie, s’affaire aux derniers préparatifs d’une immense
fête qui rassemblera, le jour même, de 1500 à 2000 personnes1. Il y a déjà vingt ans que cette dame
au port altier s’est portée acquéreur de la ferme de ses ancêtres Abercrombie qu’elle a appelée
Elmwood Farm en raison des nombreux ormes dont les frondaisons répandent une ombre
bienfaisante.
Coll. Diana Moore
Coll.Coll.
Diana
Moore
Diana
Moore
Pour atteindre Elmwood, de Drummondville ou de Richmond, les invités doivent emprunter le premier
sentier tracé de la rive orientale de la Saint-François, large, plein d’imprévus, isolant les habitations
plutôt que de les grouper. À mi-chemin d’un immense platin2 enrichi d’alluvions déposées par les
crues printanières, s’élèvent les nombreux bâtiments de ferme et la vieille maison des Abercrombie que
Sarah Ann a minutieusement restaurés. Pour la circonstance, ils sont tendus de tissus rouges, blancs
et bleus3, de même que le nouveau pavillon de musique construit sur deux niveaux, dont les murs de
l’étage supérieur sont tapissés de livres4.
Afin de permettre au plus grand nombre de participer à cette
fête tant attendue, plusieurs magasins de la région affichent
« FERMÉ ». Le journaliste du Richmond Guardian rapporte que
la frénésie s’est généralisée à un point tel que « la ville
[Richmond] s’est vidée de tous véhicules sur roues, utilisant,
au besoin, des chevaux tarés et éclopés »5.
À 14 heures, plus de 400 attelages clinquants ont franchi
l’entrée d’Elmwood. Il faut voir l’inextricable fouillis de buggies
et de bêtes broutant l’herbe et martelant le sol de leurs sabots
en marge de l’aire où s’agglutinent les invités6.
Bac utilisé par les invités en provenance de
L'Avenir, d'Ulverton ou de Kirkdale pour
franchir la rivière Saint-François. Calixte
Jutras en est le passeur permanent de
1888 à 1947.
6
100 ans, ça se fête!
Femme de caractère, profondément attachée à ses racines, Sarah Ann poursuit depuis quelques
années le projet de célébrer le courage et la débrouille des pionniers du canton de Kingsey. C’est en
mai 1800 que les Wadleigh ont ouvert la première enclave de colonisation non autochtone de tout le
comté de Drummond, suivis de près par les Moore, les Wentworth et les Abercrombie.
Comme c’est le cas pour une centaine d’autres cantons situés entre la plaine du Saint-Laurent et la
frontière américaine (45e parallèle), l’histoire du peuplement de Kingsey n’est devenue possible
qu’avec l’ouverture, en 1792, des Eastern Townships. Le 7 juin 1803, une proclamation publiée à la
Gazette officielle du Québec crée officiellement le canton de Kingsey, sa dénomination rappelant celle
d’un village du comté de Buckinghamshire, en Angleterre7.
Le canton de KINGSEY et son comté d'appartenance, Drummond.
Le territoire de Kingsey est décrit par l’arpenteur général Joseph Bouchette8, en 1815, de qualité
moyenne, les meilleures terres étant bordées par la rivière Saint-François, celles-là mêmes choisies
par les Wadleigh, Moore, Wentworth et Abercrombie.
Le noyau s’agrandit au fil du labeur d’autres immigrants venus des îles Britanniques et des
seigneuries du Saint-Laurent. La population se chiffre à 2 403 en 1861, puis décline inexorablement,
victime des départs outre frontière. En 1900, alors qu’on célèbre les 100 ans de Kingsey, on n’y
recense plus que 1521 personnes, dont moins de 30 % sont d’expression anglaise9.
7
Aux membres de la classe politique, aux familles expatriées, à tous les résidants de Kingsey et des
cantons limitrophes, et à de nombreux amis et connaissances, on a adressé l’invitation suivante :
The One Hundredth Anniversary of the settlement of
Kingsey, P. Q.
will be observed at Elmwood Farm, on the grounds of
Mrs. S. A. Parker
on Wednesday August 15th. Nineteen hundred.
-----------------There will be a Basket Collation
an Exhibition of Relics
with addresses and other Exercises, bonfires and fireworks
A movement will be initiated
having for its object the formation of a
Historical Society
------------------Your attendance is respectfully invited.
-------------------A reply is kindly requested to the Secretary
W. W. Wadleigh.
Assistée du révérend Sykes, pasteur de l’église anglicane St. Paul et de deux descendants Wadleigh,
G. Wilton et William Wilfrid, Sarah Ann a élaboré un programme riche d’activités culturelles et festives
qui puissent soutenir l’enthousiasme des invités tout au long de la journée et de la soirée.
10 h
Signature de l’adresse et exposition d’antiquités
Dès leur arrivée sur le site, les invités sont conviés à signer l’adresse rédigée à l’intention de Lady
Parker sur laquelle l’artiste de grande renommée, F. C. Coburn10, a peint, entre autres, une cabane en
bois rond typique de l’époque des pionniers.
C’est d’ailleurs dans une réplique grandeur nature de cette cabane que Sarah Ann a réuni des
instruments aratoires et forestiers primitifs, des artéfacts amérindiens, des armes à feu et divers objets
significatifs de la culture britannique. On peut citer un bol à punch datant des années 1780 apporté
d’Angleterre, une paire de ciseaux à moucher les chandelles et un appuie-porte en cuivre, ces trois
derniers objets ayant été prêtés par les Wadleigh. De leur côté, les Evans ont confié un livre de prières
utilisé par la famille depuis cinq générations ainsi que le recueil des mémoires du révérend Evans,
repêché miraculeusement des eaux glacées du Saint-François11. Un chapeau de dame et des pièces
d’artisanat créées par Jane Trenholme Nuns côtoient un volume imprimé en 1710, tiré de la
bibliothèque du révérend George Abbott et une Bible imprimée en 1706, prêtée par dame Judd de
Kingsey Falls12.
8
12 h
Ripaille et boustifaille
Sous trois bâches, on a dressé de longues tables soutenues par des tréteaux et recouvertes des plus
beaux linges en lin. Tout au long de la journée, elles sont regarnies de mets et de rafraîchissements qui
ne cessent d’impressionner les convives.
Il fait bon entendre les conversations animées et voir se délecter tout ce beau monde endimanché, les
femmes dans leur jupe énorme et déployant des ombrelles au-dessus de leur tête pour se protéger du
soleil, leurs fillettes vêtues de même en miniature, les garçons portant la culotte de golf et le
traditionnel col Eaton, large et rigide, et tous les hommes coiffés d’un canotier ou d’un chapeau
melon13.
14 h
Dévoilement du monument commémoratif
Les révérends Bothwell de L’Avenir, Wurtele d’Acton Vale et
Sykes de Kingsey, sont d’abord invités à s’exprimer sur le sens
de cette activité commémorative. Puis, le maire de Kingsey, G.
Wilton Wadleigh, dévoile le monument taillé dans un morceau
de granit et ciselé dans l’atelier de C. J. Hill de Richmond14, sur
lequel est sobrement inscrit :
THIS STONE
COMMEMORATES THE
FIRST
SETTLEMENT
OF KINGSEY
IN 1800
ERECTED
1900
15 h
Discours et hommages
Ce sont les politiciens qui ouvrent la séance des discours, messieurs William J. Watts, député de
Drummond à Québec, Edward McCabe, conseiller du Comté de Drummond et Clarence C. Cleveland,
ex-député fédéral de Richmond-Wolfe.
S’enchaîne la lecture des lettres et des télégrammes adressés par les absents, Sir Wilfrid Laurier,
premier ministre du Canada, Sydney A. Fisher, ministre de l’Agriculture, Louis Lavergne, député
fédéral de Drummond-Arthabaska, Henry T. Duffy, député de Brome à Québec, Norman Trenholme,
juge originaire de Kingsey, William W. Lynch, juge de la Cour supérieure de Bedford, Edward J.
Hemming, ex-bâtonnier du Barreau d’Arthabaska15.
Enfin, au nom du 25e président des États-Unis, William McKinley, le Pr J. A. Torrey de Boston salue
les pionniers de Kingsey pour l’heureux destin qu’ils ont façonné, et souhaite que le siècle naissant
prodigue ses bénédictions sur leurs descendants.
9
Le révérend Sykes invite alors Victoria Hamilton16, une nièce de Sarah Ann, à déclamer un poème de
46 quatrains17 (voir annexe 1) écrit pour la circonstance par un ami de longue date de l’hôtesse, le Pr. J.
A. Torrey, qui a d’ailleurs séjourné à plusieurs reprises à Elmwood au cours des vingt dernières
années. Le huitième quatrain évoque avec éloquence l’environnement sauvage de Kingsey et le dur
labeur des pionniers en quête d’un gagne-pain et de liberté :
Man, restless man, has wandered far and wide,
And every soil and every climate tried,
With sweat of brow content to work if he
May gain a living and its liberty.
Sept quatrains rappellent l’arrivée de la famille du capitaine WADLEIGH. D’origine anglaise, ce dernier
a d’abord fait carrière dans la marine marchande britannique. Il s’installe quelque temps dans le
Vermont, avant d’entreprendre, avec sa famille, la périlleuse descente de la rivière Saint-François pour
s’arrêter à Kingsey le 13 mai 180018.
1805 - Frontière septentrionale des rangs III, IV et V du canton de Kingsey
Sept km séparent les Wadleigh des Wentworth
Légende:
--------------------------------------------------------------Carte reconstituée à partir du cadastre original
C = lots réservés à la Couronne britannique
du canton de Kingsey déposé au Bureau de la
K = lots destinés au soutien du clergé protestant
Publicité et des Droits (Drummondville).
Trois quatrains relatent l’accueil chaleureux réservé au pionnier MOORE en 1802 qui abat quelques
arbres, essouche un morceau de terre et construit une cabane avant d’aller chercher sa famille à
Londonderry (NH). Le retour se fait durant l’hiver, profitant de la rivière gelée pour transporter tous
leurs effets sur un traîneau19.
Deux quatrains rapportent l’expédition depuis le lointain Connecticut du pionnier WENTWORTH, avec
femme et enfants. Avant d’entreprendre, à Sherbrooke, la descente de la Saint-François jusqu’à Kingsey,
en 1804, il troque son cheval pour une vache20.
Quatre quatrains sont dédiés aux ABERCROMBIE, arrivés à Kingsey durant une tempête de neige de
mars 1805. Né à Paisley (Écosse), Robert Abercrombie était tisserand de son métier avant de
s’enrôler dans la marine impériale. Il fut fait prisonnier à Boston. Libéré, il épousa une Américaine et
installa sa famille au Vermont avant d’obtenir une concession dans Kingsey, à titre de loyal sujet
britannique.
10
Alors qu’on célèbre la ténacité de ces défricheurs, le 15 août 1900, les cabanes en rondins ont depuis
longtemps été remplacées par des maisons de charpente qui, au dire du journaliste enthousiaste
délégué par le Richmond Guardian, ressemblent aux somptueuses demeures bordant le Rhin et les
célèbres lacs anglais du Cumberland et du Westmoreland21.
La séance des discours se termine par un hommage vivement senti à l’hôtesse, Sarah Ann. De sa
voix chaude et admirablement timbrée, le révérend Sykes lit l’adresse faisant état des efforts
inlassables qu’elle a déployés pour la réalisation de ce grand rassemblement. L’assistance acquiesce
à cette évidence par des applaudissements nourris. On acclame avec encore plus de chaleur les
passages relatant son patriotisme et son engagement à l’avancement de sa communauté22.
Puis, circulent des plateaux chargés de punch et de limonade qui permettent à tous les invités de
porter un toast à Sarah Ann, afin qu’elle soit comblée de bénédictions de santé et de prospérité. Un
dernier toast se veut une action de grâces pour les échappées de ciel bleu qui ont repoussé
définitivement le temps chagrin de la matinée.
17 h
Canonnade
Pour la circonstance, Sarah Ann a fait déposer, au cœur de la fête, deux canons offerts par le ministre
de la Milice et de la Défense, F. W. Borden23. Livrés l’hiver précédent à la gare de Richmond, ils ont
été tirés sur la rivière Saint-François jusqu’à Elmwood, dès que la glace fut suffisamment épaisse.
Pesant plus de deux tonnes, ces canons de fer
avaient été fondus en Écosse, en 1811, pour armer
les navires de guerre britanniques. Devenus désuets, ils
avaient été entreposés au fort de Québec24.
Le 15 août 1900, ils tonnent une dernière fois. Puis,
dans l’un d’eux, on insère l’adresse enluminée signée
par tous les invités présents ainsi qu’une pièce en or
de dix dollars. Et, solennellement, on en cèle la
Coll. Yolande Allard
bouche25.
19 h
Place au divertissement
Les activités protocolaires terminées, on laisse libre cours au divertissement. En alternance, l’orchestre de
L’Avenir, dirigé par le notaire Saint-Amant, et l’orchestre de Richmond et sa chorale dirigés par M.
Brown, interprètent des pièces pleines d’entrain et de gaieté. Tous les invités passant pour avoir du
talent acceptent de bonne grâce de chanter, de jouer du piano ou du violon, de tirer des sons
agréables de l’harmonica. L’effervescence est telle que les voix, la musique et les pas trépidants des
danseurs retentissent à des lieues à la ronde. À vrai dire, « L’air résonne du bruit d’une fête joyeuse;
[...] et tout est gai comme la cloche qui sonne un mariage »26.
Alors que, par-delà la rivière, le soleil disparaît derrière les champs, la chaleur d’août se transforme
peu à peu en une fraîcheur légère et bienfaisante. Quel bonheur de voir sourire tous ces visages,
familiers et étrangers, à la clarté indécise d’innombrables lanternes chinoises, ou prêter l’oreille au
crépitement d’un feu de joie allumé en bordure de la rivière. Mais ce sont les feux d’artifice qui font
jaillir de toutes parts des exclamations enthousiastes27.
Enfin, lorsque le dernier invité s’est retiré et que l’aube se pointe, Sarah Ann peut se dire : Mission
accomplie... et davantage encore! En effet, elle a gravé à jamais dans le paysage et dans la mémoire
de plusieurs centaines de concitoyens et d’amis la valeur de l’héritage laissé par les pionniers de
Kingsey.
11
Richmond
Guardian
12
Chapitre 2
L'HÉRITAGE DE SARAH ANN
Par son père, Sarah Ann Abercrombie est d'origine écossaise. Par sa mère, elle a du sang irlandais.
De plus, son enfance et son adolescence se déroulent sur le front pionnier où la vie exige
persévérance et solidarité entre voisins issus de toutes origines. Bref, les conditions sont réunies pour
forger un caractère fort et un esprit indépendant.
L'ascendance écossaise
Comme nous l'avons vu plus tôt, les Abercrombie de
Kingsey sont apparentés aux tisserands des somptueux
châles Paisley28. Plusieurs membres de la famille
auraient fait une carrière sous les armes, dont un grandoncle de Sarah Ann, le général James Abercrombie, et son
grand-père, Robert.
Sarah Ann s'enorgueillit particulièrement de sa filiation
avec James Abercrombie, bien qu'il soit le commandant
en chef des forces britanniques défaites en juillet 1758, à
la bataille de Fort Carillon. À son retour en Écosse, James
est élu député-gouverneur du château de Stirling29 situé à
60 km au nord de Paisley.
C'est à Stirling que naît, en 1854, l'aïeul Robert Abercrombie. À l’âge de 21 ans, il s’enrôle dans la
marine britannique et traverse l’Atlantique sur un navire, nommé Somerset, qui sombre dans le port
de Boston. Les rescapés sont faits prisonniers. Quant à Robert, il est placé sous la garde d’Abial
Bragg, un aubergiste de Charleston.
En janvier 1779, Robert épouse la fille d'Abial Bragg, Graty Elizabeth, qui meure peu après avoir
donné naissance à son deuxième enfant. Robert se marie alors avec sa belle-sœur, Thankful Bragg.
De ce mariage naîtront huit enfants30, les quatre premiers à Keene (NH), les quatre derniers à
Stoddard (NH), dont le cadet, Ralph Waldo, le père de notre protagoniste.
Selon la tradition familiale, Robert Abercrombie reçoit une terre dans le canton de Kingsey en
reconnaissance de ses états de service durant la guerre d’indépendance. Depuis Stoddard, il
entreprend avec sa famille un périple de plus de 150 km par monts et par vaux qui les mène d'abord à
Sherbrooke. Puis, en mars 1805, il charge femme, enfants et bagages sur des traîneaux qui glissent
allègrement sur la rivière Saint-François encore gelée jusqu'à l'eldorado de Kingsey où il compte
établir ses six fils âgés de 5 à 16 ans31. (Voir annexe 2)
Un aller-retour au Vermont
À une date inconnue, la famille Abercrombie retourne aux États-Unis. Les facteurs météo-rologiques
ont pu avoir un effet dissuasif sur leur enracinement en sol canadien. De 1806 à 1809 et de 1814 à
1819, les saisons de végétation sont marquées par des gels tardifs au printemps et hâtifs en automne,
qui détruisent les récoltes. Le climat ne redevient normal qu’en 1820. L’année 1816 est ainsi décrite
par Alden Learned, un résidant du canton d’Eaton :
The 6th of June, 1816, it commenced to snow, with the wind from the north-west,
and it snowed for three days, the weather as cold as winter. The leaves were all
killed and nearly all the birds died. On account of the cold summer and hard
frosts for two or three years in succession, provisions of all kinds were very high,
13
flour selling from $ 15 to $ 18 per barrel. Many of the farms were left vacants,
and half of the settlers left the country32.
Le second essai dans le Bas-Canada sera une réussite. Les Abercrombie quittent Barnet (VT) pour
rejoindre Sherbrooke où ils s’embarquent cette fois sur des radeaux et descendent la Saint-François
jusqu'à Kingsey, leurs bœufs suivant la rive33. Tous deux dans la soixantaine, Robert et Thankful
retrouvent, en bordure de la rivière, leur terre défrichée qu'ils ont baptisée du nom d’Abercrombie
River Farm. Deux de leurs fils, Robert Spence et Ralph Waldo, se fixent également dans Kingsey.
L'aîné, Robert Spence, conjugue, en alternance, le travail de la terre en saison chaude et celui de la
forêt en hiver. Il peut compter sur une source d'approvisionnement remarquable en bois de pin,
d'épinette, de pruche et de cèdre34. Au printemps, des milliers de billes coupées sur ses terres de
l'arrière-pays (rangs 9 et 10) sont lancées dans la branche sud-ouest de la rivière Nicolet. Des
draveurs dirigent les billes flottantes vers l'embouchure de la Saint-François. À destination, elles sont
attachées les unes aux autres pour former des radeaux qui glissent sur le fleuve en direction de
Québec35.
Dès 1845, Robert Spence met sur pied sa propre scierie sur sa terre du 9e rang, traversée par un
ruisseau facile à harnacher et dont le débit est suffisamment gros pour produire l'énergie hydraulique
indispensable aux activités du moulin. Le ruisseau alors exploité porte le nom de « Ruisseau
Abercrombie » qui a été officialisé, en 1968, par la Commission de Toponymie du Québec36.
L'ascendance irlandaise
Sarah Ann Abercrombie est d'ascendance irlandaise par sa mère, née Sarah Ralph, dont les parents
exploitent une ferme dans le 6e rang du canton de Wickham.
La famille Ralph, composée du père John, de la mère Ann et de trois enfants, tous catholiques, a
émigré d'Irlande au début des années 1820. Dès leur arrivée au Canada, ils s'installent dans le canton
de Wickham pour y pratiquer l'agriculture et l'élevage37. En 1832, comme c'est la coutume, les parents
se donnent à leur fils John jr quelques jours avant son mariage avec sa voisine Mary McCabe38.
Contrairement à des milliers de Canadiens atteints par la fièvre de l'émigration vers les États-Unis, les
Ralph prennent définitivement racine dans les Cantons de l'Est, réalisant ainsi leur rêve de posséder,
bien à eux, une maison, des animaux de ferme et de la terre. Au moins trois générations exploitent
avec succès la ferme ancestrale dont la superficie atteint, au gré des achats et des échanges, plus de
160 ha39. Leur présence continue dans Wickham se traduit par l'appellation Chemin Ralph (aujourd'hui
Route Caya) la route qui longe leur domaine40.
14
Les Ralph sont prompts à jouer des poings. Plus souvent qu'à leur tour, ils sont mêlés aux bagarres
qui éclatent dans l'hôtel de Gabriel Desrochers, situé au carrefour de Weatland, à moins de cinq km
de leur ferme. L'historien de L'Avenir, Jean-Charles Saint-Amant, rapporte ainsi les conséquences de
leur caractère emporté :
Cet hôtel [Weatland] fut le théâtre d’exploits fameux [...] le père John Ralph,
homme très intelligent, mais n’ayant pas assez le high wine en horreur, y fut le
héros de plusieurs scènes que l’on se rappelle encore, mais que la postérité
pourra ignorer sans inconvénient41.
Ferme de John Ralph
(6e rang, canton de Wickham)
Ferme de Robert Abercrombie
(3e rang, canton de Kingsey)
Dans un bouillon de culture
Sarah Ann grandit dans un environnement laborieux et multiethnique. Trois décennies à peine après
l’arrivée du premier colon sur les rives de la Saint-François, plusieurs enclaves de peuplement
ponctuent le canton de Kingsey jusqu’au-delà du 9e rang. Qu’ils soient Américains, Anglais, Écossais,
Irlandais ou Canadiens-français, ces intrépides pionniers partagent le même objectif : survivre et
prospérer en terre nouvelle.
Comme nous l'avons vu plus tôt, ce sont des Américains qui ont « bûché » les premières clairières.
Sans attendre les autorisations du gouvernement, les Wadleigh ont construit leurs cabanes en bois
rond et ensemencé leurs premiers champs le long de la Saint-François marquant ainsi, dès 1800, la
naissance du peuplement du canton de Kingsey. Ils sont suivis de près par les Moore, les Wenworth
et les Abercrombie qui reçoivent également des terres en raison des services rendus à la Couronne
britannique.
Cependant, pour agrandir leurs emblavures42, ils doivent négocier avec des spéculateurs tels
Longmore43 et Stayner44 qui ont obtenu, par lettres patentes, 40 % de la superficie totale du canton de
Kingsey. L'imprécision de l'arpentage et l'impossibilité d'identifier le propriétaire authentique du lot
convoité ou occupé entraînent parfois de longs et ruineux débats. À titre d'exemple, la dispute qui
oppose John Reid et Edmund Longmore, ce dernier sommant Reid de quitter, sans délai, le lot 16 du
6e rang reçu, parmi tant d'autres, du Roi George III, en 1803. Reid conteste devant les tribunaux en
disant qu'il ne laissera certainement pas le lot sans être payé pour son labeur ou qu'il l'achètera au
prix établi par la loi45.
Dans les années 1820, des Britanniques venus directement d’Europe débarquent à Québec et se
dirigent vers les Cantons de l'Est. Près d’une centaine d’entre eux s’établissent dans Kingsey comme
agriculteurs ou viennent rejoindre des membres de leurs familles qui ont transité par les États-Unis.
15
De ce contingent britannique, les Anglais forment un noyau important. Les plus connus sont les
Trenholm dont l’aïeul William, accompagné d’un de ses fils également prénommé William, défriche
une terre en front de la Saint-François aux limites des cantons de Kingsey et de Shipton. Sur son
domaine du 3e rang, Richard Beard46 a troqué son ancien métier de constructeur de bateaux pour
cultiver pas moins de 100 ha, principalement en seigle et en pommes de terre destinés à nourrir un
des plus beaux cheptels de la région.
En ce qui concerne les Irlandais, plusieurs viennent seuls et trouvent à s’engager comme bûcherons,
journaliers ou ouvriers agricoles. Quelques familles, telles celles de John Lynch et Peter Lynch, louent
des lopins dans le 5e rang, entourés des Sheridan, McDonald, Donoghoe et Cogley. Dans l'arrièrepays, on retrouve des Scott, Johnson, Doving, Gibson et McKain, tous locataires de leur
emplacement, comme les Lynch.
Les Écossais sont les moins nombreux parmi les colons des Îles britanniques. Les Hais, Aldrich,
Henderson et Brooks s’établissent en front de la rivière, alors que des Sprawl, Haddock, Johnson, et
Robinson forment, comme les Irlandais, une enclave distincte dans les 9e et 10e rangs.
Dans ce microcosme anglophone s’insère, en 1825, une seule famille canadienne-française, celle de
Louis Bousquet47. Cependant, plusieurs compatriotes de Gentilly, de Saint-Grégoire ou de
Bécancour48 les rejoignent et s'installent sur des terres de 20 à 40 ha situées dans les 6e, 7e, 8e et 9e
rangs49. Si bien qu’en 1831, les Canadiens français comptent pour le tiers des effectifs de Kingsey50.
Leur poids économique est cependant moindre que leur nombre, de même que leur capacité à contrôler
l'organisation sociale mise en place par les anglophones.
Cette mosaïque ethnique impressionne par sa diversité, mais aussi par la jeunesse de sa pyramide
d’âge. En effet, en 1831, les enfants de moins de 14 ans forment plus de la moitié de la population de
Kingsey51. Une forte proportion de ceux d’âge scolaire fréquente l’une ou l’autre des quatre écoles
construites avec l’aide de l’État qui assume également une partie des salaires des instituteurs et des
institutrices52. Ainsi, dans l’école du 3e rang fréquentée par Sarah Ann, pas moins de 30 garçons et 26
filles mettent de côté les travaux de la ferme et viennent apprendre les rudiments de la lecture, de
l’écriture et du calcul auprès de mademoiselle Weir53.
Du sang bleu à Kingsey
Si l’expression « avoir du sang bleu » exprime une origine noble, on peut affirmer que le sang bleu
coule dans les veines de la famille Cox qui entend bien d’ailleurs le signifier à son entourage.
Apparenté aux Longmore, détenteurs privilégiés de quelque 4 400 ha du canton de Kingsey, Sir
Edmund Cox règne dans Kingsey près d’un demi-siècle. Seizième titulaire du titre de baronnet54, Cox
affiche également son rang de capitaine qu’il a obtenu au sein du 8 7th Regiment of Foot pour sa
bravoure en Birmanie et celui de lieutenant-colonel du Townships Royal Volunteers.
Sa femme, Eleanor Mary, est apparentée aux Faunce-De-Laune du Kent par son père, le capitaine
Edmund Faunce, qui a d’ailleurs hérité du manoir anglais de Sharsted Court55. À Kingsey, la résidence
des Cox détonne dans les styles architecturaux généralement adoptés par les colons. Laissons
l'historien Saint-Amant nous la décrire :
[...] sur une terre située à un endroit admirable où la Saint-François, faisant un
détour gracieux, forme une anse tranquille encadrée de hautes falaises [...] c’est
là qu’il [Edmond Cox] se fit construire une maison dont la forme étrange fait
penser un peu aux châteaux crènelés du moyen âge56.
Dans la mort comme dans la vie, les Cox stupéfient leur entourage. À la suite du décès de Sir
Edmund, survenu le 26 août 1877, son corps est déposé dans une tombe de métal placée dans une
voûte en pierre soigneusement scellée. Ces précautions auraient été prises pour éviter que ses
gendres, considérés de classe inférieure, ne puissent être enterrés avec les Cox de souche. Cette
obsession des classes sociales est aussi partagée par Eleanor Mary qui aurait confié à un voisin qu'à
son arrivée au ciel, si elle y trouvait ses domestiques, elle préfèrerait n’y pas rester57.
16
Une agriculture polyvalente
Les familles pionnières installées en bordure de la rivière Saint-François pratiquent une agricul-ture
polyvalente qui repose sur une combinaison spécifique de cultures et d'élevage. Les surfaces
défrichées sont donc suffisamment grandes pour être scindées en pâturages et en champs pour une
variété de cultures. Ainsi, en 1831, Richard Beard cultive 100 ha, dame Trenholm 60 ha, John
Wadleigh 48 ha, Daniel Moore, Francis Blake et Ralph Waldo Abercrombie chacun 40 ha. Ils obtiennent
des rendements élevés d’avoine, de seigle et de maïs destinés à nourrir le bétail. La pomme de terre,
qui donne si généreusement, sert tant à l’alimentation humaine qu’à la bouillie des porcs, les surplus
étant transformés en whisky blanc dans la distillerie Boats du premier rang58.
Sur ces fermes bien établies, on a recensé, en 1831, des troupeaux appréciables. Ainsi dans les
pâturages de John Wadleigh paissent 37 bovins et 73 moutons. De plus, John peut compter sur six
chevaux, tant pour les travaux des champs que pour les déplacements au village. Toutes espèces
confondues (bovins, chevaux, moutons, porcs), Dame Trenholm59, Richard Beard60, Daniel Moore61 et
Ralph Waldo Abercrombie rivalisent en nombre et en qualité avec John Wadleigh.
Les colons de souche récente, en particulier les Canadiens-français et les Irlandais, s'acharnent sur
les trois à quatre malheureux hectares défrichés qu'ils ont semés de seigle, de maïs, mais surtout de
pommes de terre pour la consommation domestique. Leur cheptel est composé de quelques bovins et de
quelques porcs, rarement d’un cheval. Ils doivent travailler dans les chantiers ou ailleurs pour « faire
vivre leur terre ».
Une production artisanale variée
La survie à Kingsey, relativement isolé des grands centres urbains, est facilitée par la présence de
remarquables artisans tels les charpentiers Logan et Simon Wentworth, les forgerons Helphy Wentworth
et Thomas Reid qui battent l'enclume respectivement dans les 3e et 1er rangs. Quant à la confection
de chaussures et de harnais de cuir, elle procure un revenu d’appoint au cultivateur William Huard du
5e rang. On peut également faire appel aux services du charron62 Joseph Boats et du maçon François
Beaudoin63. Les moulins de Melzor Wentworth (3e rang), Joseph Boats (1er rang) et Vincelaus Pope (6e
rang) abritent sous le même toit des meules pour moudre le grain, des scies pour transformer les
billes en madriers et des cardes pour démêler la laine. Deux fours en pierre construits par Melzor
Wentworth (sur le site de son moulin) et Mathias Wadleigh (4e rang) servent à raffiner les cendres de
bois franc en perlasse64 très prisée sur le marché d’exportation65.
Une économie quasi captive
Bien que le canton de Kingsey soit délimité par le tracé de la rivière Saint-François, il s'avère risqué
d'utiliser son cours pour écouler les surplus agricoles en raison des nombreux rapides et des chutes
qui en brisent le cours. La description éloquente à ce sujet, livrée par Joseph Bouchette, arpenteurgénéral du Bas-Canada, nous apprend, entre autres, que les grandes chutes de Brompton « ont
environ deux milles de longueur; comme les batteaux vides peuvent les descendre du côté de l’ouest
seulement, on retire la cargaison et on la transporte jusqu’au pied des chutes, où l’on recharge les
batteaux ». Puis, aux petites chutes de Brompton, situées 12 km en aval, « on répète les mêmes
opérations, parce qu’il n’y peut passer que des bâtiments légers; en cet endroit, le portage n’a pas
plus de 125 toises ». Trente kilomètres plus loin, aux rapides de Kingsey, le portage y est aussi
inévitable, car c’est « un endroit resserré de la rivière, au milieu de laquelle est un gros rocher qui est
couvert quand l’eau est très haute, et c’est alors seulement que les batteaux chargés peuvent y
passer; le courant se précipite à travers ce canal avec beaucoup d’impétuosité, et conserve sa
violence pendant plus d’un mille au-dessous »66.
C'est donc par voies terrestres, peu commodes pour le
transport des marchandises plusieurs mois par année,
qu'on expédie les surplus de beurre, de céréales et de
perlasse.
17
Le premier sentier, tracé en 1802 par Elmer Cushing, suit
tous les détours de la rive orientale de la rivière SaintFrançois67. Les pionniers d’origine américaine (Wadleigh,
Moore, Wentworth, etc.) empruntent la ROUTE CUSHING
à partir de Sherbrooke, leurs effets personnels fixés sur
le dos de leurs bœufs. D’autres profitent de la rivière
gelée pour faire le trajet en traîneau68.
En 1815, le marchand Joseph Carmel de Nicolet ouvre
une route d’hiver connue sous le nom de CARMEL’S
ROAD qui relie sa municipalité à Kingsey69.
En 1830, suite à une requête d’habitants de TroisRivières et à l’intervention de Richard Beard de Kingsey,
on inaugure la ROUTE DE SAINT-GRÉGOIRE. Les
autorités coloniales approuvent également le
parachèvement des 30 km reliant Kingsey à Richmond
jusque-là carrossable par intermittence70.
18
La rupture du noyau familial
La famille de Sarah Ann fait bonne figure dans ce Kingsey encore fruste, mais peuplé de gens
infatigables, dont les modes de vie contrastent et s'entrechoquent à l'occasion. En effet, un gouffre
idéologique sépare les colons venus de la Nouvelle-Angleterre qualifiés de Yankees rebelles, et les
colons d'origine britannique respectueux des lois, des traditions et de la hiérarchie sociale71.
Si les Abercrombie sont regardés de haut par la gentry, dont les Cox, la qualité de leur cheptel et les
rendements de leurs champs sont enviés par des centaines de colons de l'arrière-pays. De plus, les
père et mère de Sarah Ann impressionnent par leur prestance. Des cheveux et une barbe de jais
encadrent le teint hâlé de Ralph Waldo dont la taille dépasse les l m 80. Très grande également,
Sarah arbore une chevelure abondante aussi foncée que celle de son mari72. Bien que Sarah soit de
religion catholique, le couple s'est marié en l'église anglicane de Sherbrooke73. Âgée de 29 ans, Sarah
était alors enceinte de Sarah Ann, le sujet de notre recherche, qui naîtra deux mois plus tard. Un fils,
prénommé Ralph jr, était né l'année précédente à Smithfield (RI)74.
Ralph Waldo avait d'abord installé sa famille sur une terre du 5e rang de Kingsey située à la sortie du
French Village, juste en face de celle de son frère Robert Spence75. Mais à compter de 1830, la famille
emménage sur la ferme ancestrale située en bordure de la rivière76. Une belle ferme de plus de
100 ha, dont 40 ha sont consacrés à la culture77. De quoi bien nourrir son cheptel et sa famille alors
composée de sa mère Thankful, sa femme Sarah et cinq enfants âgés de quatre mois à quatre ans. Six
autres enfants verront le jour à l'Abercrombie River Farm. (Voir annexe 4).
En 1843, quelque 15 ans après leur arrivée dans Kingsey, Ralph Waldo quitte le foyer familial
prétextant la livraison d'un ballot de fourrures à Montréal. Il ne revient jamais78. Sarah est alors âgée
de 45 ans. Pour l'époque, c'est déjà une femme entre deux âges à qui échoient, du jour au lendemain,
l'intendance de deux fermes et l'éducation de onze79 enfants issus de 16 ans de vie conjugale. Elle
lève la tête, animée par l'ardeur combattive et le feu du sang irlandais qui coule dans ses veines.
Si les travaux des champs sont confiés aux fils de la maison, c'est Sarah Ann, du haut de ses 16 ans
qui assiste sa mère d'une étoile à l'autre. La liste des tâches à accomplir est exhaustive. Comme le dit
si bien l'historienne Micheline Dumont: « Une ferme n'est pas complète sans son potager et son
indispensable caveau à légumes, sans le poulailler, le four, la cuisine d'été, les plates-bandes autour
de la maison, tous des lieux où s'activaient les femmes ». À l'intérieur de la maison, les corvées sont
également nombreuses selon madame Dumont:
La fumée monte de la cheminée : qui pensez-vous entretient le feu? L'absence
de fils électriques nous permet d'imaginer les bougies qu'il faut fabriquer, les
lampes qu'il faut nettoyer et remplir, les essoreuses à manivelle, les fers et les
bouillottes qui chauffent sur le tablier du poêle, les blocs de glace qu'il faut
transporter, les cuisinières qu'il faut nettoyer80.
Enfin, de leur campagne profonde, à des kilomètres d'un cabinet de médecin, elles doivent soigner les
maux de poitrine et les maladies intestinales qui constituent la grande cause de mortalité infantile.
Dès qu'ils atteignent l'âge adulte, les enfants de Sarah jugent qu'ils feraient plus facilement fortune
ailleurs que dans les Cantons. Attirés par la prospérité que connaît l'industrie forestière dans la région
des Grands Lacs81, ils tentent leur chance dans le Wisconsin réputé, tout comme le Michigan, pour
ses forêts denses et inépuisables82. Ainsi, au moins six de ses onze enfants foulent le sol du
Wisconsin :
1. John quitte le premier le nid familial dans la jeune vingtaine. Durant cinq ans, il travaille à
Boston comme livreur pour Baker & Eaton. Puis, il rejoint, au Wisconsin, son cousin Robert
Canning Abercrombie qui a quitté Kingsey en 1854. D'abord commerçant de grains et
cultivateur, John Abercrombie se consacre exclusivement au commerce du bois à compter de
1866;
19
2. L'aîné de la famille, Ralph Jr, travaille à Boston avant de tenter sa chance dans le Wisconsin.
Puis, il s'établit sur une ferme du Rhode Island où il décède prématurément à l'âge de 42 ans;
3. À l'âge de 19 ans, Thankful Mary, épouse un commerçant de bois du Wisconsin, le veuf
Asaph C. Everest;
4. Daniel séjourne quelque temps au Wisconsin où il épouse, en 1873, la fille de son beau-frère
Asaph C. Everest, née du premier mariage de ce dernier avec Clara Drury. Daniel et Anna
Keith reviennent à Kingsey peu après leur mariage;
5. Caroline Amelia habite chez son frère John alors qu'elle enseigne au Wisconsin. En 1865, elle
épouse le veuf Wm H. Dunbar, un fermier prospère de Metomen (Wis);
6. Margaret Susan rejoint le clan Abercrombie avec son mari James Hamilton, également
travailleur forestier.
Les Abercrombie ne sont pas les seuls à partir. À l'instar d'autres cantons anglophones, Kingsey est
soumis à des vagues récurrentes d'émigration qui entraînent jeunes et moins jeunes vers des
horizons prometteurs, en particulier les États du Middle West américain. Malgré tout, la population de
Kingsey ne cesse de croître pour atteindre, en 1861, un sommet jamais inégalé, soit 2403 habitants.
Cependant, l'augmentation est la résultante non seulement d'un taux de natalité élevé, mais aussi de l'arrivée
massive de Canadiens-français des seigneuries qui forment près de la moitié des effectifs83.
Kingsey a maintenant franchi la phase pionnière. Le lot de défrichement prend un petit air de métairie.
Sur sa terre poussent le blé, l'avoine, le seigle, le maïs, les légumes. Sur ses gras pâturages paissent des
bovins et des moutons84. On a creusé un caveau pour entreposer les surplus du potager, on a érigé
une grange-étable pour abriter les animaux et le fourrage, on a élevé des clôtures. Enfin, la maison de
charpente a remplacé la cabane en bois rond.
Néanmoins, Kingsey s'est arrêté à mi-chemin du progrès à défaut de système adéquat de transport:
les chemins demeurent dans un état déplorable une grande partie de l'année et la Saint-François est
impraticable en raison des nombreux rapides et chutes qui ponctuent son parcours. De plus, en dépit
des pressions exercées, le tracé du Grand Trunk Rw85 a implacablement ignoré Kingsey. Autant
d'obstacles freinent son insertion dans les marchés des grandes villes de la vallée du Saint-Laurent et
de la Nouvelle-Angleterre.
Bref, au milieu du XIXe siècle, le manque de perspectives d'avenir à Kingsey convainc Sarah Ann de
quitter elle aussi le toit familial, laissant derrière elle, sa mère Sarah ainsi que ses frères Daniel et
Albert Edward, tous deux préférant une modeste aisance à l'exil.
20
_
Lac
Winnebago
Saint Paul
(Minnesota)
Comté de
FOND DU LAC
30e état des États-Unis, où il fut admis en 1848, le Wisconsin est bordé au nord par le lac Supérieur, à l'est par le
lac Michigan, au sud par l'Illinois et à l'ouest par l'Iowa et le Minnesota. En 2000, il comptait 5 363 675 habitants.
Tout au long de ses 150 ans d'histoire, l'agriculture et l'exploitation forestière sont demeurés les principaux moteurs
de son développement. Le territoire du Wisconsin est divisé en 72 comtés, dont le comté de Fond du Lac où
s'établissent, durant les décennies 1850 et 1860, les Abercrombie de Kingsey.
21
Chapitre 3
LA TRAJECTOIRE SOCIALE DE SARAH ANN
Comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent, Sarah Ann épaule bravement sa mère à la suite
du départ de Ralph Waldo. Il n'y a pas de répit puisque les travaux domestiques et les corvées
agricoles retombent sur un plus petit nombre de bras à chaque départ d'un frère ou d'une soeur vers
les États-Unis. En l'espace de quinze ans, ils sont neuf à quitter Kingsey.
Victimes du tomawak
Selon l'histoire transmise de génération en génération, Sarah Ann aurait épousé, à une date et dans
un lieu inconnus, un dénommé Forrest. Le couple aurait eu deux enfants, lesquels seraient morts,
ainsi que leur père, dans un raid amérindien survenu dans le Middle West américain. Sarah Ann se
serait sauvée du massacre in extrémis86.
Les historiens consultés à ce sujet87 sont d'avis que ladite agression meurtrière n'a pas eu lieu dans
l'état du Wisconsin, car les relations entre les colons et les Autochtones étaient certes tendues à cette
époque, mais elles n'auraient jamais dégénéré en carnage. Les Indiens Ojibwe étaient d'ailleurs
parqués dans l'une ou l'autre des quatre réserves créées par le traité de 1854 Bad River, Red Cliff,
Lac du Flambeau et Lac Courtes Oreilles88.
Il est plus probable que Sarah Ann ait été impliquée dans un soulèvement des Indiens Sioux du
Minnesota. Constamment irrités par la fourberie des marchands de fourrures, par les délais indus des
négociations avec le gouvernement fédéral et par la mauvaise gestion des agences indiennes, les
Sioux étaient rapides à brandir le tomawak de guerre. Ce qui débuta, à l'été de 1862, comme une
simple intrusion des Sioux dans une ferme d'Acton, se termina six semaines plus tard avec, comme
bilan, plus de 500 décès parmi les colons de la vallée de la rivière Minnesota et au moins autant de
morts parmi les Sioux89.
Chose certaine, le 12 juin 1860, Sarah Ann Forrest habite une pension de famille à St. Paul avec son
fils Geo, âgé d'un an90. Puis, nous perdons sa trace en dépit des nombreuses recherches faites dans
divers centres d'archives et de généalogie du Wisconsin et du Minnesota. Les registres de mariages,
naissances et sépultures, en particulier ceux de la Vallée de la rivière Minnesota, ont été partiellement
détruits durant la période des soulèvements amérindiens. Il nous a donc été impossible de lever le
voile sur le mystérieux mariage de Sarah Ann à un dénommé Forrest et la fin tragique de ce dernier
avec ses deux enfants.
La rencontre d'un Bostonnais distingué
Quoi qu'il en soit, nous retrouvons notre protagoniste à quelque 2000 km du drame, en 1870. En effet,
au recensement de Boston91, Sarah Ann Forrest, veuve et couturière, demeure chez sa soeur Nancy
Clarissa. Elle fait alors la connaissance de William Augustus Parker, un homme d'affaires cultivé et
veuf de son état. Ils uniront leur destinée le 28 novembre 1872.
Né en 1795 à Dunstable92, une agglomération rurale de la vallée de la rivière Merrimack, William
Augustus a grandi au sein d'une famille d'au moins six enfants : deux frères, Samuel (cordonnier) et
Thomas (manoeuvre) et trois soeurs, Hannah, Sarah et Miriam93. À la fin de l'adolescence, il participe,
en sol américain, à la guerre qui oppose Napoléon 1er à l'Angleterre. Les hostilités prennent fin en
novembre 1814. William Augustus est alors âgé de 19 ans. Bien que son engagement ait été de
courte durée, à titre bénévole, il s'investit dans l'avancement des dossiers des anciens combattants de
la région de Boston jusqu'en 188094.
Jeune adulte, William Augustus travaille comme apprenti dans le prestigieux atelier d'imprimerie et
d'édition de Samuel T. Armstrong95. Au terme de sa formation, il met sur pied sa propre imprimerie au
22
42, rue Congress, au coeur du quartier commercial de Boston96. Il pratique ce métier avec passion
jusqu'à un âge avancé. Dans son testament, rédigé en 1874, il lègue à la Société typographique
Franklin la somme de 5000 $, dont les intérêts seront adjugés à des compagnons malades et
infirmes97.
L'intérieur de l'église des Disciples, avenue Warren, Boston.
William Augustus appartient à une branche de l'Église unitarienne, connue sous le nom d'Église des
Disciples, très engagée dans les mouvements d'éducation et de réformes. Elle est dirigée par un ami
proche, James Freeman Clarke98, qui célèbre le mariage de William Augustus avec Sarah Ann. William
Augustus s'emploie activement dans la promotion de l'école du dimanche de l'Église des Disciples et
facilite sa pérennité par un don testamentaire de 3000 $.
En mai 1817, William Augustus Parker avait épousé
Hooper Charlestown. De ce mariage est né un fils
William Farwell, victime en bas âge d'une maladie qui
jamais ses facultés mentales. William Farwell rend
Kingsey, en présence de sa belle-mère, Sarah Ann.
Hannah
unique,
altère à
l'âme à
À une date inconnue, William Augustus s'est marié en
secondes noces à Susan Earl, d'origine écossaise. Le couple
n'aura jamais d'enfant. Susan est décédée le 27 octobre 1871,
à l'âge de 71 ans.
Le jeudi 28 novembre 1872, après un intervalle d'un an de deuil
comme l'exige l'étiquette, William Augustus (77 ans) convole en Épitaphe de Wm Farwell Parker,
troisièmes noces avec le sujet de notre recherche, Sarah Ann décédé le 19 octobre 1898, à
Forrest (45 ans).
l'âge de 80 ans, et inhumé dans
le cimetière jouxtant l'église
anglicane St. Paul (Kingsey).
23
41, avenue Warren
À l'occasion de leur mariage, Sarah Ann et William Augustus emménagent dans une résidence, dont
on termine à peine la construction, située au 41, avenue Warren99.
L'avenue Warren s'inscrit dans le quartier South End ouvert depuis peu au développement domiciliaire
pour agrandir les limites du « vieux » Boston jusque-là concentré dans la péninsule de Shawmut. Les
urbanistes s'inspirent des plus belles places de Londres pour dresser les plans du Columbia Square,
de l'Union Place et de bien d'autres parcs sur lesquels s'alignent des rues et des avenues larges et
ombragées100.
Alors que l'architecture publique et religieuse est
dominée par un style victorien sophistiqué, les
maisons en rangée de la rue Warren reflètent la
déclinaison Second Empire qui se distingue, entre
autres, par les toits en mansarde et les jolies consoles
ouvragées.
Le recours à des fenêtres en
encorbellement sur les quatre niveaux exprime
fortement la verticalité de ces maisons qui serrent les
rangs à l'infini101.
C'est au 41, avenue Warren, que William Augustus
Parker rend l'âme le 18 avril 1881, des suites de
l'érysipèle, une maladie infectieuse provoquant de
brûlantes éruptions et des irritations cutanées102.
Les toits en mansarde à pente raide permettent
d'utiliser aisément les combles (4e étage). Ils sont,
ici, recouverts de bardeaux d'ardoise.
Sa dépouille est conduite au cimetière Forest Hills, haut perché dans la banlieue méridionale de
Boston. Ce remarquable cimetière-jardin, qui s'étend sur une superficie de 110 ha, a été dessiné, en
1848, par Henry A. S. Dearborn, dans le style pittoresque anglais. La porte principale, aux proportions
monumentales, s'ouvre sur un réseau d'allées sinueuses bordées d'une grande variété d'arbres
matures qui se reflètent dans le paisible lac Hibiscus103. Par le sentier Alder, situé à mi-chemin entre
l'entrée et le lac, on accède au lot n0 3369 d'une superficie de 20 m2, sur lequel s'élèvent un
prestigieux monument en pierre et en marbre ainsi que trois petites stèles qui marquent les lieux
d'inhumation de William Augustus Parker et de ses deux dernières épouses, Susan et Sarah Ann104.
24
Le cimetière-jardin FOREST HILLS (Boston)
Accès principal et chapelle Forsyth.
Monogramme P
pour PARKER
Trois stèles miniatures portant les inscriptions
SUSAN (à gauche), HUSBAND (au centre),
SARAH (à droite), au pied desquelles gisent
William Augustus Parker et ses deux dernières
épouses, Susan Earl et Sarah Ann Abercrombie.
Effigie de la
Déesse de la Raison
Monument, en forme de fût tronqué, surmonté d'un parchemin, qui porte l'inscription
PARKER sur sa base. La face principale est consacrée à WILLIAM AUGUSTUS PARKER
DIED APRIL 18, 1881, AGED 85 YRS. 7 MOS. 24 DYS.
25
Le retour aux sources
Sarah Ann est âgée de 53 ans lorsque son mari décède. Dans son testament, William Augustus
témoigne affectueusement de sa confiance envers sa « jeune » épouse : « My beloved wife, Sarah
Ann Abercrombie Parker [...] shall have the sole care and management of all the estate, [...] having
entire confidence in her integrity and believing that she will execute this trust with faithfulness and
ability105 ».
Libre de toute attache et riche, Sarah Ann choisit de s'investir à fond dans la restauration de la ferme
ancestrale des Abercrombie qu'elle compte habiter durant la belle saison. Elle gagne sa campagne de
Kingsey dès les premiers signes du printemps la tête remplie de projets qu’elle réalise avec ses
domestiques, Lafayette et Emma Leavitt, et son fermier attitré, Frank Duplace106.
Coll. Société d'histoire de Drummond
En front sur la rivière Saint-François, Sarah Ann achète un lopin de 20 ha contigu au ruisseau qui
faisait dans le passé la frontière orientale de la propriété107, portant la superficie totale d'Elmwood à
120 ha. Elle agrandit d'abord la vieille maison recouverte de planches à clin par l'ajout d'une véranda
éclairée par de petites vitres de couleurs variées. Puis, elle y greffe une grande annexe briquetée, de
sorte que les deux parties prennent la forme d'un L108.
L'approvisionnement en eau potable est assuré par une source à fort débit qui jaillit du coteau du 4e
rang. C'est l'ancêtre Robert Abercrombie, dès 1821, s'était porté acquéreur du terrain en bordure du
ruisselet alimenté par cette source pour s'assurer de l'exclusivité de son utilisation109. Forte de cet
approvisionnement intarissable d'eau fraîche, Sarah Ann fait installer une large baignoire ainsi qu’un
cabinet d’aisance à l'intérieur de la maison110.
Ajouté à cela un poulailler, une laiterie, une grange et une étable bien propres, un grand potager et
des clôtures solides, Elmwood prend maintenant l'allure d'une métairie moderne.
Kingsey en 1880
La courbe démographique du canton de Kingsey est en décroissance depuis 1860 en raison, comme
nous l'avons plus tôt, de l'émigration vers les États-Unis. Non seulement la population totale a-t-elle
diminué de plus du tiers de ses effectifs, mais la saignée a surtout pénalisé la communauté
anglophone qui ne regroupe plus que 561 personnes111. La francisation gagne du terrain même au
sein des familles souches puisque Daniel et Albert Edward Abercrombie, ainsi que leurs enfants
déclarent au recenseur parler le français en plus de leur langue maternelle112.
Pour braver l'ennui, Sarah Ann crée un microcosme culturel nourri de concerts, de séances de poésie et
de pièces de théâtre qui ont lieu dans un grand pavillon construit sur deux niveaux à proximité de sa
résidence. De nombreux artistes et amis viennent séjourner à Elmwood où la question des visites ne
pose aucun problème, car la maison est spacieuse, les domestiques nombreux et le fait d'avoir à
26
nourrir plusieurs bouches supplémentaires n'entre pas en ligne de compte sur cette terre
d'abondance. Ils sont accueillis à la gare de Richmond par leur hôtesse conduisant elle-même ses
chevaux attelés sur un boghei dont les côtés du toit rétractable s'abaissent en cas de mauvais temps.
Le plus familier d'entre eux est le professeur J. A. Torrey, accompagné de sa femme et de sa fille113.
Distingué gentilhomme arborant une toison blanche et une barbe abondante, Torrey est un diacre
rattaché au Berkeley Temple Congregational Church de Boston, communauté de foi à laquelle
appartient Sarah Ann.
L'église anglicane St. Paul
Lorsqu'elle séjourne à Kingsey, Sarah Ann fréquente l'église St. Paul, construite en 1844 grâce à la
générosité des paroissiens, mais aussi de la Church Missionary Society basée en Angleterre114.
Sur un terrain cédé par Edmund Longmore,
avantageusement situé à l'intersection de cinq
routes, l'architecte William Footner a dessiné un
temple pouvant asseoir 150 personnes115 et dont
l’espace continu de la nef et du chœur favorise la
liturgie de la Parole. Accolé au chevet, l'autel est
baigné de la chaude lumière des trois verrières en
lancette qui symbolisent la Trinité. Le plancher du
sanctuaire est recouvert de tapis
Même par grand froid, la température ambiante est
acceptable grâce au long tuyau, chauffé à blanc
par le poêle placé au centre de la nef, qui serpente
la voûte jusqu'à la cheminée extérieure116.
Archives
du Diocèse
de Québec
de l'Église
anglicane dusupérieur
En 1861, on recense 559 anglicans dans le canton de
Kingsey.
Leur
nombre
est nettement
Canada (Université
Bishop's)
117
à celui de toutes les autres dénominations protestantes réunies . Pour s'assurer la présence
permanente d'un pasteur, on construit un confortable presbytère et une écurie118. L'optimisme est tel,
qu'on achète des fonts baptismaux décents en plus de restaurer l'église119.
Les problèmes financiers tenaillent le conseil de Fabrique dès les années 1870. Et pour cause, le
nombre d’anglicans desservis par St. Paul décroît inexorablement. En 1900, alors qu'on célèbre le
centenaire de Kingsey, ils ne sont plus que 78 paroissiens, la plupart très âgés120.
En poste de 1882 à 1904, le révérend Sykes, qui se trouve presque sans assistance à ses services,
doit user d'ingéniosité et de diplomatie pour garder l'église, le presbytère et les dépendances en bon
état. Dans son rapport de 1896, il relate ainsi ce qu'il qualifie lui-même d'un coup de maître :
Durant l'été, alors que j'exprimais à madame Sarah A. Parker mon souci de
restaurer l'église, elle me promit de verser 50 $ pour repeindre l'extérieur si le
travail était fait avant la venue de l'Évêque pour la Confirmation.
Intérieurement, je me suis dit « c'est fait », et je l'aurais fait moi-même plutôt
que de perdre ce don de 50 $121.
Le pasteur Sykes embauche un peintre au coût de 60 $. Cependant, les murs couverts de deux
couches de peinture mettent en évidence la laideur des bardeaux tordus et décolorés de la toiture. Il
sollicite la générosité de tous pour refaire la toiture, cette fois en tôle dont l'éclat rivalise avec celui de
la peinture fraîche122.
La fierté des paroissiens et de leur pasteur monte d'un cran à la vue de leur église "endimanchée". Mais,
semble-t-il, la cure de rajeunissement n'est pas encore terminée. Laissons la parole au révérend
Sykes : « Lady Parker était d'avis qu'il était regrettable d'arrêter un travail si bien amorcé. Elle
s'engagea pour la restauration complète de l'intérieur de l'église estimée à 120 $ »123. Sans tarder, on
revêt la voûte d'un lambris de bois pour donner encore plus d’intimité à l’intérieur. Sur les murs, on
applique des couleurs sobres, rehaussées par une large bordure de motifs peints au pochoir. Enfin, les
27
bancs et le mobilier sont vernis124. L'opération est un succès. L'église St. Paul a retrouvé en quelques
mois les attributs qui lui faisaient défaut depuis plusieurs années.
Coll. Société d'histoire de Drummond
L'église anglicane St. Paul (Sydenham).
L'architecte William Footner a emprunté au style gothique les
arcatures en pointe des ouvertures et les contreforts qui
courent tout le long de l'édifice. Percé au centre du mur
occidental, le portique est surmonté d'une tour dans laquelle
est suspendue, depuis 1908, une cloche de 195 kg commandée à la fonderie Meneely.
La générosité de Sarah Ann se manifeste de nouveau en 1898 par un don qui prévient la fermeture
de l'église pour cause d'arrérages des redevances dues au diocèse125. Enfin, dans l'enceinte paroissiale,
elle commandite, en 1904, une salle multifonctionnelle agrémentée d'une cuisine, d'un réfectoire et
d'une bibliothèque de 600 livres. Un don s'élevant à 3000 $126.
28
1906 : Annus horribilis
L'invincible lady, comme ses contemporains se plaisaient à la qualifier, est terrassée, le 1er août 1906,
par une thrombose dont les dommages cérébraux la laissent très diminuée127. Elle ne quitte plus sa
résidence de Boston. Sa soeur Victoria, veuve de John Colborne Moore depuis dix ans, prend les
commandes d’Elmwood entourée, d'un côté, par son beau-frère Joseph Henry Moore et, de l'autre, par
sa belle-soeur Anna Keith (veuve de Daniel Abercrombie).
En 1906 également, le feu consume la ferme de John Gilman Moore (fils de Victoria), située en
bordure de la rivière Saint-François, deux km en aval d’Elmwood. Presque tout y passe : la maison, les
bâtiments, les instruments aratoires, une partie du cheptel et même les clôtures en bois de cèdre.
Sarah Ann invite alors John Gilman, sa femme Lucy Jane et leurs sept enfants à se réfugier à
Elmwood. Ils y séjourneront gratuitement pendant six ans128.
Quel bonheur pour les enfants Moore de jouer dans la
cabane en bois rond remplie d'antiquités, de glisser sur
le parquet ciré de la grande salle de spectacle, de jouer
la gamme de DO sur le piano, d'admirer les couchers
de soleil assis dans le kiosque à musique suspendu audessus de la rivière, d'observer le soleil filtré par les
carreaux colorés de la véranda ou de simuler des
batailles mettant à contribution les deux canons129.
BOSTON, SATURDAY , DECEMBER 10, 1910
De son côté, à Boston, Sarah Ann voit ses forces
l'abandonner. Elle rend finalement l'âme le 10
décembre 1910. La rubrique nécrologique du Boston
Daily Globe annonce ainsi son décès :
In this city, Dec. 10, Sarah A., widow of
William A. Parker, in her 83th year. Funeral
services at her late residence, 41 Warren av.
on Tuesday, at 2 o'clock. Relatives and
friends invited to attend.
À la surprise de tous, Sarah Ann est décédée intestat130. Ses biens sont alors séparés entre ses
frères et soeurs ou, s'ils sont décédés, à leurs enfants survivants. En tout, 22 héritiers se partageront
le fruit de la vente des immeubles de Kingsey et de Boston, certains en recevant le 1/9, d'autres le
1/72.
Lors de l'encan tenu le 21 mai 1912, Elmwood Farm est adjugée à un entrepreneur forestier131. Pour
la somme de 4300 $, Alexandre Mercure met la main sur une confortable résidence de campagne et
sur une coupe de bois qui alimentera son moulin à scie situé à Drummondville.
De 1937 à 1948, Elmwood est exploitée successivement par Joseph Capistran et son gendre, JeanBaptiste Ducharme, lequel dispose du dernier canon encore exposé en face de la maison132. C'est
l’armurier Nelson Andrews de Lennoxville qui s'en porte acquéreur.
29
Trois décennies plus tard, l'armurier Andrews
vend le canon à l'enchère. Il est adjugé à
Jean-Marie Guèvremont, qui le restaure avec
soin avant d’en faire don à la municipalité de
Saint-Félix-de-Kingsey. On l’installe par la
suite dans le parc jouxtant l’église catholique.
Le deuxième canon n'a pas encore été
retrouvé.
Coll. Société d'histoire de Drummond
Saint-Félix-de-Kingsey, mars 2008.
Une vue d’Elmwood Farm, vers 1920.
Depuis près de 100 ans, Sarah Ann repose à Boston aux côtés de William Augustus Parker dont la
rencontre a été déterminante dans sa quête d'identité. C'est à Kingsey, terre de ses ancêtres, qu'elle
s'est sentie revivre en restaurant petit à petit Elmwood, et en commémorant la bravoure et le courage
des pionniers de multiples façons, la plus spectaculaire étant le grand rassemblement du 15 août
1900.
Stèles du cimetière Forest Hills (Boston)
sous lesquelles gisent Wm Augustus Parker
(HUSBAND) et Sarah Abercrombie (SARAH)
30
Les ABERCROMBIE de Kingsey
Légende
N Rivière Nicolet(embranchement SW)
A
Ruisseau Abercrombie
S-F Rivière Saint
-François
Carte reconstituée à partir de la carte topographique #74
du Département de la Milice et de la Défense, 1919.
1
Abercrombie River Farm
Elmwood Farm
renommée
2
Ferme Robert S. Abercrombie
3
Ferme Albert Abercrombie
4
Ferme Daniel Abercrombie
31
Conclusion
La trajectoire de Sarah Ann est l'aboutissement d'une histoire familiale à double culture, elle-même
insérée dans une histoire sociale bigarrée. En effet, par ses parents elle a du sang écossais et
irlandais, lequel favorise l'indépendance d'esprit et l'ardeur combative. Et dans le Kingsey de son
enfance et de son adolescence, elle doit faire face aux conflits idéologiques opposant les pionniers
américains et britanniques. Les premiers prônent une tradition égalitaire et plutôt anarchique issue de
la révolution américaine, alors que les émigrants venus directement de Grande-Bretagne souhaitent
perpétuer les lois, les traditions et la hiérarchie de la mère patrie. Les plus notoires de ces derniers
étant Edmund Longmore et le Colonel Cox.
Dans la vingtaine avancée, libérée de son devoir de fille aînée au service d'une famille monoparentale, Sarah Ann prend mari et pays dans l'environnement hostile du Middle West américain où ses
deux enfants et son mari meurent sous les tomawaks. Elle fuit la scène du drame et trouve refuge
chez sa soeur Nancy Clarissa, à Boston, où elle refait plus tard sa vie avec un compagnon qui lui
prodigue tendresse et richesse.
Mais c'est sur la terre de ses ancêtres, à Kingsey, que Sarah Ann trouve le havre tant cherché dans
ses rêves. Un lieu paisible pour panser ses blessures où seuls le bruissement des feuilles et le
murmure de l'eau calme rompent le silence. Avide d'amitiés dans son isolement, elle construit un
pavillon abritant une bibliothèque et une salle de concert où défilent des artistes de la région et
d'ailleurs. En de nombreuses occasions elle délie de bonne grâce les cordons de sa bourse pour
soulager les malheurs d'autrui ou pour sauvegarder le patrimoine immobilier, entre autres, l'église
anglicane St. Paul.
Cet attachement à son histoire, à ses racines, fait naître le projet de célébrer dignement l'oeuvre des
pionniers. Le 15 août 1900, Sarah Ann, malgré le poids de ses 73 ans, réunit à Elmwood plus de 1500
invités avec qui elle partage des agapes et des activités festives grandioses sans pour autant sacrifier
son objectif d'enseigner le passé. Ainsi, a-t-elle fait rédiger à la mémoire de ces héros un poème de 46
quatrains, elle a élevé un monument commémoratif en pierre et, dans une cabane en bois rond, elle a
réuni des artéfacts éloquents de leur labeur et de leur raffinement. Autant d'empreintes indélébiles de
l'inestimable contribution des colons défricheurs dans le paysage et dans l'historiographie régionale
par une grande dame qui mériterait une inscription dans la toponymie de Kingsey.
32
Annexe 1
VERSES READ AT THE KINGSEY CENTENNIAL
1
Here, where for ages in the elder day,
The red-man held an undisputed sway,
Flowed then as now, yon ever coursing stream
'Neath the sun's arden' or the moon's pale beam.
12
Their sturdy sons, to wander still inclined,
Pierced by land hunger and a restless mind,
For broader lands and richer vales were fain,
Nor home nor love their ardor could restrain.
2
The same bright stars are shining overhead,
The hills and vales with nature's carpet spread,
Here autumn hangs her leafy banners bright,
And winter's pall wraps all the world in white.
13
3
All else how changed! Where once roamed free and
wild,
The untutored Indian, nature's simple child,
Where wolf and wild-cat and the prowling bear
With him the howling wilderness did share.
14
4
Now all is peace, The woods resound no more
With savage warcrys as in days of yore,
The hum of honest labor now is heard,
Attuned to rustling tree or song of bird.
15
The land of Promise ever in their view,
They sought fresh fields and looked for pastures
new,
So, restless fared they forth to land afar,
Their constant guide the steadfast polar star.
Spring's gentle zephyrs wooed the wanderers
forth
Their footsteps evertending to the North,
Vermont's green hills could not their feet restrain,
Nor the fair slopes that fringe the broad
Champlain.
Onward, still onward, till St. Francis' stream,
Revealed the happy country of their dream,
Here Capt. Wadleigh, rover of the sea,
Came with his faithful wife and family.
5
So, evermore on this revolving sphere,
The various seasons rule the circling year,
A like man's presence or his absence fails
To change the law that through all space prevails.
16
He down the stream his perilous way did wend,
Till at this spot he reached the river's bend,
Nor further did his pilgrimage extend,
"For here", said he, "shall be my journey's end".
6
The earth, thro' countless ages, by God's plan,
Was made and furnished for the abode of man,
A school to fit him by its toil and strife,
For life on earth and for the eternal life.
17
In this fair vale to which his steps were steered
Ere summer waned a humble cot he reared,
Turned up the soil and reaped the fruitful ground,
With grateful heart that here a home was found.
7
Tho' nature changes not, the human race
Has left its imprint upon nature's face;
And, since God set him here to till the ground
Has learned her secrets and her treasures found.
18
Oh, the wild winter, when with wife and child,
Against the door the drifting snow was piled,
But love bound closer still child, wife and sire,
Nor did they lack for shelter, food or fire.
8
Man, restless man, has wandered far and wide,
And every soil and every climate tried,
With sweat of brow content to work if he
May gain a living and his liberty.
19
But winter ceased at last his cruel reign,
And spring returned with verdure in her train,
And the brave captain without pause or rest,
From seed to harvest time his labor pressed.
9
So, whilom came to this fair continent,
A hardy race for home and freedom bent,
Dairing the billows of the ocean flood,
Threading the mazes of the pathless wood.
20
Two years the brave adventurer sternly wrought,
Summer's fierce heat and winter's cold he fought.
Friendless and neighborless but not afraid,
Some monarch he of all that he surveyed.
10
First of the pilgrim band who settled here
Came in the eighteenth century's closing year,
Who feared no danger and who spared no toil,
To clear and till a rich and virgin soil.
21
The second year of the new Century came,
Bringing a new pilgrim, Moore by name,
Who left the rugged hills of Londonderry
To plant a home beside the Kingsey Ferry.
11
For faith and freedom with a purpose grand
Their fathers in New England took their stand,
But scant return, wrung from unwilling soil,
Repaid them for their hardship and their toil.
22
Companionship long time did Wadleigh crave,
And warmest welcome to the stranger gave,
Opened his heart and home, gave helping hand
Nor grudged a share of the broad fertile land.
33
23
The following year in 1803,
Moore journeyed back for wife and family;
A winter's jaunt, at thought of which we shiver,
Along the pathway of the frozen river.
35
They raised their flax, they fed their herds and flocks,
They carded, spun and wove, knit mitts and socks,
They sold their crops, their sugar and their ash,
Took pay in truck for there was little cash.
24
The following year in 1804,
Following the trail along St. Francis shore
Came yet another no less brave and true,
To cast his lot beside the other two.
36
Their goods were boated up stream or down,
Far as Three Rivers - then the market town,
Or else to Windsor on the horses back,
Thro' forest paths with saddle bag and pack.
25
From far Connecticut, to this northern wild,
On horseback, Wentworth treked with wife and child,
His horse exchanged at Sherbrooke for a cow,
He came where dwell his children's children now.
37
What change from methods of the elder day!
From South to North no more a trackless way,
The Magic carpet of the Arabian Nights,
The seven league books and other curious blights.
26
The stormy March of 1805,
Saw Abercrombie these shores arrive,
The river's ley pavement bore his sledge,
And here he settled near the water's edge.
38
Are outstript daily by the palace car.
A single night's repose and here you are!
By steam and fire and the electric wire,
We conquer Time and bring all nations higher.
27
His native Paisley early he did leave.
Dowered and trained with skill to spin and weave,
Listed for service to the British Crown,
Was taken prisoner into Boston town.
39
Wouldst read the history of those early times
Such as is hinted in these ragged rhymes,
Go search the memory of some aged crone,
For there the story's writ and there alone.
28
Later, from Barnet in Vermont he came,
Resolved in Canada to stake his claim,
And in the King's Dominion spend his life,
A happy home to make for weans and wife.
40
Scant are the annals traced on lettered page,
Tradition fails would we its help engage;
The busy present crowds the vanishing past,
The record half erased is fading fast.
29
With numerous children and his faithful spouse,
Not light the tasks his brood to feed and house,
Six likely lads whose ages ranged between
The five years child and youth of stout sixteen.
41
Such were, we deem, the sturdy men and free,
Who planted here fair Freedom's spreading tree;
No less of honor or of praise belong
To the stout dames whose fame deserves a song.
30
Then later came the Blakes, the Beans, the Brocks,
And the two Britons, Beard and Col. Cox.
And women too whose names we can't rehearse,
Sharing man's lot for better of for worse.
42
We deprecate the hardships of their day,
But is our lot the happier? Who can say:
'tis well if we their children emulate
The virtues which inspired and made them great.
31
Longmore and Lonsdale, Trenholm, Sharp and Towne,
With Lodge and Evans, Denison and Brown,
Good men and true, with their industrious wives,
Who here to sturdy labor gave their lives.
43
Theirs was a strenuous life, ours one of ease,
How know we which hath greater charm to please,
Theirs had the power the manly pulse to stir,
Has ours more lasting fruit in character.
32
But time would fail us to make record here,
Of pioneers who followed year by year,
Of bold adventure, or of death and birth,
Or sickness, sorrow, labor, sport and mirth.
44
Our age gives larger scope and broader views,
With universal knowledge, world-wide views,
And yet our life, more complex far than theirs
With greater knowledge brings us greater cares,
33
Of how they felled the forest, cleared the land,
Grub-howed the sod and sowed with liberal hand,
Fished in the river, hunted far and free,
Or gathered honey of the wilding bee.
45
But what is life that does not make for love.
That is not fired with passion from above
Land, Labor, life, - Ah, what do these avail,
If virtue falter, or if freedom fail!
34
Tracked the wild game or snared it in the trap,
Punctured the maple for its sugary sap,
Sold the sweet stuff or kept it for their use,
Made home brewed beer of spicy roots or spruce.
46
Clear-eyed they saw their goal and strove to win it,
The world is better for their living in it,
So in our day may we like them aspire,
Unto the brighter goal of our desire.
Author: Pr J. A. Torrey, Boston.
34
Annexe 2
La famille de Robert Abercrombie et de Thankful Bragg
Robert
Abercrombie
Né à Stirling (Écosse), le 21 août 1751. Décédé à
Kingsey (QC) le 14 juin 1830. À l’âge de 21 ans,
Robert s’enrôle dans la marine britannique et
traverse l’Atlantique sur un navire nommé Somerset
qui sombre dans le port de Boston. Les rescapés
sont faits prisonniers, dont Robert placé sous la
garde de l'aubergiste Abial Bragg, de Charleston
(banlieue de Boston). En janvier 1779, Robert
épouse la fille d'Abial Bragg, Graty Elizabeth, qui
meurt peu après avoir donné naissance à son
deuxième enfant. Le 26 janvier 1786, Robert
épouse, en secondes noces, sa belle-soeur
Thankful Bragg.
Thankful Bragg
Née le 3 décembre 1757 à Petersham (MA),
décédée le 27 décembre 1852. Les deux époux
sont d'abord inhumés dans le cimetière familial
du Brook Farm, puis au cimetière publique
Maplewood.
Monument du cimetière Maplewood
(Kingsey) élevé à la mémoire
de Robert Abercrombie,
sa femme Thankful et leur fils Daniel.
Huit enfants sont nés de l'union de Robert et Thankful :
1.
Elizabeth
Née en 1786 à Keene (NH), décédée en 1844, mariée le 23 juin 1803 à Luther B. Bailey
(1782-1843), cultivateur de Troy (VT). Onze enfants naîtront de cette union : Mary, Hiram,
Betsey, Amanda, Alvira, Heaton, Levi P., Charles F., Chandler, Luther, John A.
2.
Mary Polly
Née en 1788 à Keene (NH), mariée en 1810 à James Bailey, cultivateur de Troy (Vt). Dès
1815, le couple indigent est pris en charge par la municipalité de Peacham qui paie les frais
médicaux de Mary Polly. L'année suivante, Peacham rembourse les coûts de déportation de
toute la famille au Canada. Mary Polly meurt en 1824 des suites d'une pneumonie. James se
remarie deux fois, d'abord à Betsey Brock, puis à Rachel Burbank. De ses trois unions, James
aura dix enfants : Robert, James Jackson, Thankful, Betsey, Axsah, Angeline, Julia, Hannah,
Ann et Rachel.
3.
Robert Spence
Né le 9 août 1789 à Keene (NH), décédé le 28 janvier 1878 à Kingsey (QC). Marié le 27 mars
1820 à Mary Bean (1792-1866), fille du Col. John, de Wheelock (VT). Robert Spence aurait
étudié la médecine à Peacham avant d'émigrer dans le canton de Kingsey où il s'adonne au
commerce du bois en plus d'y pratiquer l'agriculture. De l'union de Robert Spence et de Mary,
naîtront 8 enfants : John Bean, Mary Polly, Hannah Ames, Noami, Robert Canning, George
Norman, Sarah Fifield et William Theodore.
4.
John
Né c. 1791 à Keene (NH), décédé après 1830.
5.
George
Né c. 1792 à Stoddard (NH), décédé durant la guerre de 1812.
6.
James
Né c. 1794 à Stoddard (NH), décédé après 1830.
7.
Daniel
Né en 1798 à Stoddard (NH), se noie dans la rivière Saint-François en mai 1830. Inhumé dans
le cimetière Maplewood, Kingsey (QC).
8.
Ralph Waldo
Né en 1800 à Stoddard (NH), marié le 11 mars 1827 en l'église anglicane d'Ascot (Sherbrooke)
à Sarah Ralph (1798-1879), fille de John et de Ann Cassidy du canton de Wickham. Ralph
Waldo aurait étudié à l'université du Vermont avant de s'installer dans le canton de Kingsey
pour y pratiquer l'agriculture. En 1843, il abandonne à jamais femme et enfants soi-disant pour
livrer un ballot de fourrures à Montréal. Onze enfants sont nés de l'union de Ralph Waldo et de
Sarah : Ralph jr, Sarah Ann, Thankful Mary, John N., Daniel, Nancy Clarissa, Caroline Amelia,
Hannah Naomi, Victoria, Margaret Susan et Albert Edward.
35
Annexe 3
NÉCROLOGIE DE WILLIAM AUGUSTUS PARKER
RECENT DEATHS. Mr. William A. Parker, probably the oldest printer in Boston, died at two o'clock
this morning, at his residence on Warren avenue, aged eighty-six. He learned his trade with Samuel T.
Armstrong, at one time lieutenant governor of Massachusetts, and has nearly all his life worked in this
city, where he was well known and respected by members of the craft. He served a short term during
the war of 1812, and attended the final meeting of the veterans in this city on June 17 last. He was one
of the charter members of the Franklin Typographical Society, and took a great interest in its welfare,
being a regular attendant at its meetings until within a year or two. At the inauguration of the Franklin
statue in this city he was one of the aged printers engaged in work in the representation of an old time
printing office upon an old-fashioned press, striking off fac-similes of the first issue of Franklin's paper
along the route of the procession. He was at one time connected with the business department of the
Youths' Companion, when published by N. P. Willis, senior, but later he worked at his trade until quite
advanced in years, failing health compelling his retirement from business.
36
Annexe 4
La famille de Ralph Waldo Abercrombie et Sarah Ralph
Ralph Waldo
Abercrombie
Né en 1800, à Stoddard (NH), fils de
Robert Abercrombie et de Thankful
Bragg. A épousé Sarah Ralph, le 11
mars 1827, en l'église anglicane du
canton d'Ascot (Sherbrooke).
Sarah Ralph
Née en 1798, en Irlande, fille de John
Ralph, cultivateur dans le canton de
Wickham, et de Ann Cassidy.
Décédée le 7 juillet 1879, à Kingsey
(QC), inhumée dans le cimetière de
l'église anglicane St. Paul (Kingsey).
11 enfants sont nés du mariage
de Ralph Waldo et de Sarah :
1.
RALPH jr
Ferme Ballou, Smithfield
2.
OUR MOTHER
SARAH
ABERCROMBIE
DIED
JULY 8TH, 1879
AGED 81 YEARS
Né le 10 février 1826, décédé le 11 septembre 1868. A épousé Susan
Carpenter Ballou, née 17 mai 1831 à Smithfield (RI), décédée le 3
novembre 1924. Les deux époux sont inhumés dans le cimetière Union,
North Smithfield. Ralph jr habite successivement Woonsocket (RI),
Boston (MA), Fond du Lac (WI), Smithfield où il pratique l'agriculture. Sa
veuve et ses trois fils vivent à Worchester (MA) en 1880. Quatre enfants
sont issus du mariage de Ralph jr et de Susan : 1) Susan A., née c. 1859;
2) Révérend Ralph W., né c. 1863; 3) Révérend Edward E., né c. 1865;
4) Henry B., né c. 1867.
SARAH ANN
Née le 10 mai 1827, décédée le 10 décembre 1910 et inhumée dans le
cimetière Forest Hills, Boston. A épousé, en premières noces, à une date
et en un lieu inconnus, un dénommé Forrest, décédé avec leurs deux
enfants dans un raid amérindien survenu dans Middle West américain.
A épousé en secondes noces, à Boston, le 28 novembre 1872, le veuf
William Augustus Parker, imprimeur de son métier. Le couple n'a pas
eu d'enfant.
3.
THANKFUL MARY
Née le 10 avril 1828 à Kingsey (QC), décédée avant 1912. A épousé le
11 novembre 1857, à Fond du Lac (WI), le veuf Asaph C. Everest, un
marchand de Fond du Lac, de 12 ans son aîné. Trois enfants sont issus
du mariage de Thankful Mary et Asaph C. :
1) Kate, née c. 1859; 2) Albert, né c. 1861 3) Byron.
Fond du Lac WI
37
4.
JOHN N.
Bibliothèque
de Brandon
5.
DANIEL
Monument à la
mémoire de Daniel
et de Anna Keith
6.
Né le 15 avril 1829 à Kingsey (QC), décédé entre 1880 et 1912. De 1851
à 1855, John N. est employé par la compagnie de messagerie Baker &
Eaton, de Boston. Par la suite, il émigre à Brandon (WI) pour y pratiquer
d'abord l'agriculture et le commerce du grain. Il déménage par la suite à
Metomen (WI) où il se consacre au commerce du bois. Il avait épousé, en
novembre 1851, Harriet Earl du Maine. Quatre enfants sont issus du
mariage de John et de Harriet : 1) Lewis Ralph, né c. 1856; 2) John A., né
c. 1857; 3) Guida, née c. 1860; 4) Charles H., né après 1860.
Né le 19 mai 1830 à Kingsey (QC), nommé d'après son oncle paternel
noyé dans la rivière Saint-François quelques jours auparavant, décédé le
23 décembre 1902. A épousé à Metomen (WI), le 10 novembre 1873,
Anna Keith Everest née le 2 juin 1848 du premier mariage de Asaph C.
Everest, décédée le 25 juin 1929. Les deux époux sont inhumés au
cimetière privé Moore de Kingsey. Trois enfants sont issus du mariage de
Daniel et de Anna Keith : 1) Charles Everest, né c. 1875; 2) Clara Mary,
née le 21 juillet 1876; 3) Frederic Bicknell, né le 13-12-1877.
NANCY CLARISSA
Née le 5 octobre 1831 à Kingsey (QC), décédée entre 1880 et 1912.
A épousé Charles Dodd. Le couple a vécu à Boston (MA). Deux enfants
sont issus de l'union de Nancy Clarissa et de Charles :
1) Mary E., née c. 1853; 2) Albert, né c. 1860.
7.
CAROLINE AMELIA
Née le 29 décembre 1833 à Kingsey (QC), décédée après 1912.
A épousé à Utica (WI) le 12 novembre 1865 le veuf William H. Dunbar,
cultivateur de Metomen (WI), né le 31 janvier 1831 à Onandage (NY).
Caroline Amelia enseignait à Metomen et habitait chez son frère John N.
avant son mariage avec William H. Dunbar, duquel sont issus deux
enfants : 1) Mary B. (Blanche); 2) Charles H.
8.
HANNAH NAOMI
Sheldon (VT)
Née le 13 mai 1837 à Kingsey (QC), décédée après 1912. A épousé à
Underhill (VT) le 1er janvier 1869, le révérend Dennis H. Bicknell, né le 9
décembre 1837 à Underhill. Dennis H. a participé à cinq importantes
batailles durant la guerre civile américaine et a été promu Sergent-Major
en 1866. À la suite de ses études en théologie à l'université du Vermont, il
joint l'Église Méthodiste épiscopalienne qui l'assigne auprès de diverses
communautés du Vermont, dont Sheldon. Vers 1884, il adhère à l'Église
congrégationaliste de l'État de Washington. Le couple n'a pas eu d'enfant.
38
9.
VICTORIA
Née le 8 août 1838 à Kingsey (QC), décédée le 28 mars 1915. A épousé
le 25 mars 1862, John Colborne Moore, né à Kingsey le 9 novembre
1838, décédé le 12 décembre 1896. Les deux époux sont inhumés dans
le cimetière St. Paul de Kingsey. John Colborne pratique l'agriculture
quelques années avant d'entreprendre une carrière dans la fonction
publique à Ottawa. Quatre enfants sont issus du mariage de Victoria et de
John Colborne : 1) John Gilman, né en 1863; 2) Dora Ella, née en 1868;
3) Rév. Arthur Henry, né en 1869; 4) Mary Caroline, née en 1879.
L'histoire des Moore de Kingsey est documentée dans le livre de J. Clifford Moore, The Life
and Times of a High School Principal in Rural Quebec, 1996, 107 p.
10.
MARGARET SUSAN
Née le 10 décembre 1839 à Kingsey (QC), décédée en août 1910 à
Boston (MA). A épousé en l'église Congrégationaliste de Danville, le 22
septembre 1859, l'écossais James Hamilton, né c. 1837, décédé le 9
février 1899. James est travailleur forestier à Ripon (WI). Une fille unique
est issue du mariage de Margaret Susan et de James, soit Victoria qui a
épousé John Jones.
11.
ALBERT EDWARD
Né le 26 mars 1842 à Kingsey (QC), décédé le 28 octobre 1901 à Kingsey.
A épousé en l'église Congrégationaliste de Durham, le 21 janvier, 1873
Elisabeth Atkinson, fille de Joseph, cultivateur du canton de Durham et
de Eliz Irwin. Albert Edward a toujours pratiqué l'agriculture à Kingsey.
Huit enfants sont issus de son mariage avec Élisabeth : 1) Augustus
Parker, né en 1874; 2) Sarah Jane, née en 1875; 3) Ralph, né en 1877;
4) Lulu May, née en 1880; 5) Corinna Bell, née en 1882; 6) Mary, née en
1884; 7) Albert Edward et 8) Arthur Elsworth, tous deux nés en 1887.
Les époux Moore et leur fille aînée
reposent dans le cimetière jouxtant
l'église anglicane St. Paul (Kingsey).
VICTORIA ABERCROMBIE
WIFE OF J. C. MOORE
DIED MAR 28, 1915
AGED 77 YEARS 5 MO'S
& 11 DAYS
JOHN COLBORNE
MOORE
DIED DEC. 12, 1895
AGED 58 YEARS 1 MO.
& 3 DAYS
IN LOVING
REMEMBRANCE OF
DORA ELLA
ELDEST DAUGHTER OF
JOHN C. & VICTORIA
MOORE
FELL ASLEEP IN JESUS
FEB. 9TH 1888
AGED 19 YEARS
8 MO'S & 24 DAYS
39
Bibliographie partielle
Ouvrages généraux
Annals of Richmond County and Vicinity, vol. 1 - 2, Richmond County Historical Society, 1968.
Authentic List of the Victims of the Indian Massacre and War 1862 to 1865. Minnesota Historical Society, St. Paul
(MN), 8 p.
Blegen, Theodore C. and Philip D. Jordon, With Various Voices: Recording of North Star Life, Itaska Press,
1949.
Blegen, Theodore C., Minnesota, A History of the State,University of Minnesota Press, 1975.
Bouchette, Joseph. A topographical Description of the Province of Lower Canada, London, W. Faden, 1815.
Carley, Kenneth, The Sioux Uprising of 1862, Minnesota Historical Society Press.
Descôteaux, Daniel, Autour du clocher de Kingsey, Saint-Félix-de-Kingsey, D. Descôteaux, 1978.
Drapeau, Stanislas, Études sur le développement de la Colonisation du Bas-Canada, Québec, L. Brousseau,
1863, p. 214.
Dumont, Micheline, « Femmes dans un paysage », Revue d'études des Cantons de l'Est, no 20, CRCE,
printemps 2002, p. 33.
Flandreau, Chars. E., « The Scalping-Knife - A Reminiscence of the Sioux Uprising in Minnesota Twenty-three
Years Ago » in Chicago Times, Aug. 22, 1885. « New Ulm - Celebrating the Anniversary of Stirring and
Tragic Events in Its History » in Chicago Times, Aug. 23, 1885.
Freeman, Samuel, The emigrant’s hand book, and guide to Wisconsin in 1851, comprising information respecting
Agricultural and Manufacturing Employment.
Glossaire des génériques en usage dans les noms géographiques du Canada. Bulletin de terminologie 176,
Ministère des Approvisionnements et Services Canada, 1987, 311 p.
Janelle, Thérèse, Saint-Frédéric de Drummondville (1815-1997), Société d’histoire de Drummondville, 1997, 72
pages.
Kesteman, Jean-Pierre, Peter Southam, Diane Saint-Pierre, Histoire des Cantons de l’Est, Éditions de l’IQRC,
PUL, 1998, 829 p.
Kinsmen of Another Kind : Dakota-white relations in the Upper Mississippi Valley, 1650-1862, Gary Clayton
Anderson, Minnesota Historical Society Press, 1997.
Lavoie, Yolande, L’émigration des Québécois aux États-Unis de 1840 à 1930, Éditeur officiel du Québec, 1979,
57 p.
Linteau Paul-André, René Durocher, Jean-Claude Robert, Histoire du Québec contemporain, de la
Confédération à la crise (1867-1929), Ed. Boréal Express, 1979, 659 p.
List of survivors who sought refuge at Fort Ridgely, 1862. Minnesota Historical Society records.
List of Lands granted by the Crown in the province of Quebec from 1763 to December 31st, 1890, Quebec, C. F.
Langlois, 1892.
Martel, Jules, « La route de la Saint-François embranchements vers Nicolet », in Les Cahiers Nicoletains, vol. 1,
no 2, Société d’histoire régionale de Nicolet, juin 1979, p. 5-13.
Moore, J. Clifford, The Life and Times of a High School Principal in Rural Quebec, 1996.
Paul, Barbara D. and Justus F. Paul, Wisconsin History - An Annotated Bibliography, Greenwood Press,
Westport (CT), 1999, 428 p.
Report of the Incorporated Church Society of Diocese of Quebec : 1868 to 1906. Archives of the Eastern
Townships Research Centre, Bishop's University.
Saint-Amant, Jean-Charles, Un coin des Cantons de l'Est - Histoire de l’envahissement pacifique mais irrésistible
d’une race, Drummondville, Ed. La Parole, 1932, 532 p.
Smith, Wm Rudolph, A Historical, documentary and descriptive history of Wisconsin to 1854.
The CANADAS, as they at present commend themselves to the enterprise of EMIGRANTS, COLONISTS and
CAPITALISTS. From original documents furnished by John Galt, London, Effingham Wilson, Royal
Exchange, 1832.
The Storied Province of Quebec, vol. II, Toronto, Dominion Publ. Co, 1931.
40
Documents publics
Bureau de la Publicité et des Droits (Drummondville), divers actes notariés reliés aux Abercrombie et aux Ralph
et plans cadastraux.
Recensements du Canada, canton de Kingsey: 1825, 1831, 1851, 1861, 1871, 1881, 1891, 1901.
Recensements du Canada, canton de Wickham: 1825, 1831, 1871, 1881, 1891, 1901.
Registres naissances, décès et mariages église St. George (Drummondville).
Répertoire des naissances, mariages et sépultures de l'église catholique Saint-Frédéric, Drummondville, 18151875.
Répertoire des naissances, mariages et décès de l'église anglicane St. Paul, Kingsey.
Répertoire des naissances, mariages et décès des Protestants du comté de Richmond 1820-1925.
Rôles d'évaluation, canton de Wickham : 1874, 1881.
Rôles d'évaluation, canton de Kingsey : 1878.
Journaux
Sherbrooke Daily Record, Aug. 15, 1900, p. 1, col. 1 : « KINGSEY CENTENNIAL TODAY – People from all the
Surrounding Country Assemble to Participate in the Celebration ». - Aug. 16, 1900, p. 1 : « 100th
ANNIVERSARY, Kingsey Centennial Celebration Yesterday Was a Grand Success ».
Richmond Guardian, Aug. 17, 1900 : « KINGSEY CENTENNIAL CELEBRATION ».
The Townships Sun, February 1984, p. 12-13 : « A Short History of Kingsey » by J.C. Moore.
The Stanstead Journal, Aug. 16, 1900, p. 2, col. 6 : « About our neighbours».
Centres d'archives, Sociétés de généalogie et Sociétés d'histoire
Allison, Elisabeth E., Registrar and Historiographer, Episcopal Diocese of Vermont.
Boissonneault, Sophie, Cartothèque Université Sherbrooke.
Curtis, Kathy, Société historique de Stantead, Stanstead (QC).
Drummey, Peter, Massachusetts Historical Society, Boston (MA).
De Boer, Twliaha, Brandon Public Library, Brandon (WI).
Harris, Paisley, Wisconsin University, Fond du Lac (WI).
Healy, Esther, Richmond Historical Society, Melbourne (QC).
Hansen, M., Wisconsin Historical Society, Madison (WI).
Lauder, Dean, Université Laval, Québec (QC).
Leclerc, Michael, New England Historic Genealogical Society, Boston (MA).
Liard, Hélène, Société d'histoire de Sherbrooke, Sherbrooke (QC).
Loest, Tylor S., Brandon Public Library, Brandon (WI).
Resch, Tyler, Bennington Museum, Bennington (VT).
Robinson, Jody, Centre de recherche des Cantons de l'Est, Lennoxville (QC).
Staulters, Karen, Troy Conference Archivist of the United Methodist Church, Troy (VT).
Sweeny, James, Quebec Diocesan Archives, Anglican Church of Canada, Lennoxville (QC).
Taylor, Joshua, New England Historic Genealogical Society.
Vande Brink, Barbara, Fairwater Historical Society an Museum, Fairwater (WI).
Weymouth, Janet, Maine Genealogical Society.
Congregational Library, 14, Beacon St., Boston (MA).
Fond du Lac County Genealogical Society, North Fond du Lac (WI).
Milwaukee Public Museum web site. www.mpm.edu
Minnesota Historical Society, St. Paul (MI).
Société de Généalogie des Cantons de l'Est, Sherbrooke (QC).
Société de Généalogie de Drummondville, Drummondville (QC).
Société d'histoire de Drummond, Drummondville (QC).
State Historical Society of Wisconsin, web site. www.wisconsinhistory.org.
41
Notes et références
1
« Kingsey Centennial Celebration » in Richmond Guardian, 17 août 1900 : 1200 à 1500 personnes. — « 100 th
Anniversary » in Sherbrooke Daily Record, 16 août 1900 : 2000 personnes.
2
Platin : Terre basse, plate et herbeuse, située en bordure d'un cours d'eau qui l'inonde de façon saisonnière.
Source: Glossaire des génériques en usage dans les noms géographiques du Canada. Bulletin de
terminologie 176. Ministère des Approvisionnements et Services Canada, 1987.
3
D. Roach, « Sydenham Church and Elmwood » in Annals of Richmond County and Vicinity, vol. 1, p. 166.
4
J. C. Moore, The Life and Times of a High School Principal in Rural Quebec, 1996, p. 8 et 46.
5
Traduction libre de : The town was literally stripped of everything on wheels, and all the ancient decrepit plugs
in sight were impressed into the service of the late comers. in « Kingsey Centennial Celebration » op. cit.
6
Loc. cit., 420 attelages à 14 h.
7
L’agglomération anglaise de Kingsey est incluse dans le comté de Buckinghamshire, de même le canton de
Kingsey du Bas-Canada qui s’inscrit dans la circonscription électorale de Buckinghamshire et comprend, en
1805, les comtés de Yamaska, Drummond, Nicolet, Lotbinière, Sherbrooke et Mégantic.
8
J. Bouchette, A topographical Description of the Province of Lower Canada, London, W. Faden, 1815, p. 321324.
9
Recensement du Canada, canton Kingsey : 1901.
10
Frederick Simpson Coburn (1871-1960), natif d’Upper Melbourne (C.-E.), a fait des études en art à Montréal,
puis à New York, à Berlin, à Londres et à Anvers. De retour au pays, il s’installe, en 1914, dans son village
natal. J.P. Kesteman et coll., Histoire des Cantons de l'Est, PUL, 1998, p. 448.
11
Ce précieux document écrit « in a copper plate hand » rappelait l’histoire des Evans avant 1832. En 1848,
alors qu’il traversait la rivière Saint-François entre Richmond et Melbourne, le révérend Henry Evans glissa
sous la glace avec ses effets personnels, dont ledit livre historique qui fut ultérieurement repêché.
12
J. C. Moore, « A short History of Kingsey », in The Townships Sun, February 1984, p. 13. — A. A. Carson, « A
Day to be remembered – Aug. 15, 1900 » in Annals of Richmond County and Vicinity, vol. 2, Richmond
County Historical Society, 1968, p. 205. — «100th ANNIVERSARY» op. cit. p. 1.
13
D. Roach, « Sydenham Church and Elmwood », op. cit., p. 166.
14
J. C. Moore, « A short History of Kingsey », op. cit., p. 13.
15
« A Day to be remembered – Aug. 15, 1900 » op. cit., p. 206.
16
Victoria Hamilton est la fille unique de Margaret Susan Abercrombie (soeur cadette de Sarah Ann Parker) qui
a épousé James Hamilton, le 22 septembre 1859, en l’église congrégationa-liste de Danville. Le couple a par
la suite émigré à Ripon (Wisconsin). Victoria Hamilton a épousé John Jones.
17
« Verses Read at the Kingsey Centennial August 15th, 1900 » in Richmond Guardian, Aug. 17, 1900, p. 8.
Les 46 quatrains sont retranscrits à l'annexe 1.
18
J.-C. Saint-Amant, Un coin des Cantons de l'Est. Histoire de l’envahissement pacifique, mais irrésistible d’une
race. Drummondville, Ed. La Parole, 1932, p. 451: Wadleigh suivit un chemin de chantier et transporta son
ménage à dos de bœufs [...] son fils Rufus, est le premier enfant de race blanche à naître dans Kingsey; [...]
et le premier protonotaire du district d’Arthabaska [...] le capitaine Wadleigh appartenait probablement à la
catégorie des loyalistes qui, vers cette époque, traversèrent la frontière pour rester sujets anglais. — J. C.
Moore, The Life and Times..., op. cit., p. 39 : Wm Wadleigh est né à Newcastle-on-Tyne, une agglomération
du nord de l'Angleterre. À l'âge de 13 ans, il s'engage dans la marine marchande au sein de laquelle il gravit
tous les échelons de mousse à capitaine.
19
J.-C. Saint-Amant, Un coin des Cantons de l'Est..., op. cit., p. 451 : Quand Collena, la femme de William
Moore, arriva, la cabane était à peine finie et elle fut obligée d’attendre, pour entrer, que son mari eût scié une
ouverture. Cette première nuit dans la forêt fut passée dans une cabane : un simple couvrepied tenait lieu de
porte. — J. C. Moore, The Life and Times..., op. cit., p. 41 : William et Eleanor étaient cousins germains,
William né en 1763 était le fils du lieutenant-colonel Robert Moore, Eleanor, née en 1767, était la fille du
colonel Daniel Moore de Bedford (NH). Les deux époux sont inhumés dans le cimetière privé Moore.
20
J. C. Moore, The Life and Times..., op. cit., p. 41 : Melzar Wentworth descend d'un pèlerin du Mayflower arrivé
aux États-Unis au début du XVIIe siècle. Il construisit le premier moulin à farine de Kingsey pour nourrir,
entre autres, ses 22 enfants nés de deux lits.
21
Traduction libre de: Beautiful, even showy, residential buildings, which seem like the abodes of the rich that
are seen margining the Rhine and the far-famed lakes of the English Cumberland and Westmoreland. Tiré de
« Kingsey Centennial Celebration » op. cit.
22
A. A. Carson, « A day to be Remembered - Aug. 15, 1900 » op. cit. p. 206-207. - « 100th ANNIVERSARY »,
op. cit., p. 1.
23
Frederick William Borden, médecin, député de Kings (Nouvelle-Écosse) et ministre de la Milice et de la
Défense sous le gouvernement Laurier, de 1896 à 1911. Source : Dictionnaire biographique du Canada, vol.
XIV, 1911-1920.
24
« About our neighbors », in The Stanstead Journal, Rock Island, August 16, 1900, Vol. LV, no 34, col. 6.
42
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59
60
D. Roach, « Sydenham Church and Elmwood », op. cit., p. 166.
Tiré du poème composé par Lord Byron (1788-1824), intitulé « Le pèlerinage du chevalier Harold », cité dans
« Kingsey Centennial Celebration » op. cit.
A. A. Carson, « A Day to be remembered – Aug. 15, 1900 » op. cit. p. 206. — D. Roach, « Sydenham Church
and Elmwood », op. cit., p. 166.
Vingt-septième quatrain du poème lu le 15 août 1900 (voir version complète du poème en annexe 1).
The Encyclopedia of Canada, vol. 1, Univ. Ass. of Canada, Toronto, 1948, p. 3.
J. C. Moore. The Life and Times of a High School Principal in Rural Quebec, 1996, p. 42.
Vingt-sixième quatrain du poème lu le 15 août 1900 (voir version complète du poème en annexe 1).
L. S. Channell, History of Compton County and sketch of the Eastern Townships, District of St. Francis and
Sherbrooke County, Cookshire, L. Channell, 1896, p. 67. Tiré de: J.-P. Kesteman et col., Histoire des
Cantons de l’Est, P.U.L., 1998.
J. C. Moore, The Life and Times... op. cit., p. 42
S. Drapeau, Études sur le développement de la Colonisation du Bas-Canada, Québec, L. Brousseau, 1863, p.
214.
Bureau de la Publicité et des Droits (Drummondville) : A-469 du 13 septembre 1822 et B-651 du 13 août
1846.
Bureau de la Publicité et des Droits (Drummondville) : B-483 du 13 septembre 1845. Carte topographique
31H/16.
Recensements du Canada, canton de Kingsey : 1825 et 1831.
Bureau de la Publicité et des Droits (Drummondville) : A-517. Registres de l'église catholique Saint-Frédéric :
mariage 23 juillet 1832 de John jr Ralph et de Mary McCabe, fille de Edward et Mary Creagan.
Bureau de la Publicité et des Droits (Drummondville) : divers actes passés entre 1832 et 1880 ainsi que le
plan officiel du canton de Wickham mis à jour en 1893.
J.-C. Saint-Amant. Un coin des Cantons de l’Est. Histoire de l’envahissement pacifique mais irrésistible d’une
race. Drummondville, Ed. La Parole, 1932, p. 142.
Ibid., p. 131-132.
Emblavure : Terre, champ, semi en blé (sens étymologique) et, par extension, en toute autre céréale. Source :
OLF, Grand dictionnaire terminologique.
George Longmore, médecin, officier et fonctionnaire d'origine écossaise qui obtient, en 1803, des lettres
patentes pour 4400 ha de terre répartis dans les rangs III, IV, V, VI, VII, VIII et IX du canton de Kingsey.
Dictionnaire biographique du Canada: Longmore (Longmoor) George. List of lands granted by the Crown in
the province of Quebec from 1763 to December 31st, 1890, Quebec, C. F. Langlois, 1892.
Thomas Allen Stayner reçoit 5000 ha répartis dans les rangs X, XI, XII et XIII. En plus de ses fonctions de
maître général des Postes, Stayner était membre de l'Institution Royale pour l'avancement des sciences et
juge de paix pour le district de Trois-Rivières. Dictionnaire biographique du Canada : Stayner, Thomas Allen.
List of lands granted by the Crown, op. cit.
www.fungold.com/noella/bioreid.htm. Document original conservé aux Archives nationales du Québec (TroisRivières), greffe du notaire J.-B. Vincent, 11 février 1836.
C. S. Delaney, «French Village» in Annals of Richmond County and Vicinity, vol. 2, Richmond County
Historical Society, 1968, p. 209.
Recensement du Canada, canton de Kingsey : 1825.
Daniel Descôteaux, Autour du clocher de Kingsey, Saint-Félix-de-Kingsey, 1978, p. 46-49.
C. S. Delaney, «French Village» op. cit., p. 210.
Recensement du Canada, canton de Kingsey : 1831.
Loc. cit. : 225 garçons et 201 filles de moins de 14 ans.
J.-P. Kesteman et col. Histoire des Cantons de l’Est, op. cit., p. 179.
Recensement du Canada, canton de Kingsey : 1831.
L’appellation « Sir » qui précède le prénom de Edmund Cox découle de son titre de baronnet, un titre
britannique qui se transmet de manière héréditaire à l’aîné des fils.
Sharsted Court est un manoir d'inspiration Queen Ann dont une partie remonte au XVe siècle. Il est construit
dans le Kent (S-E de Londres).
J.-C. Saint-Amant, op. cit., p. 154. La résidence Cox, aujourd’hui disparue, s’élevait sur le chemin de la
Rivière, à l' est de l’intersection de la route Saint-Jean.
D. Roach, «Sydenham Church and Elmwood», in Annals of Richmond County and Vicinity, vol.1, Richmond
County Historical Society, 1966, p. 165.
Joseph Boats s’inscrit comme charron dans le recensement de 1831. Sur son emplacement situé dans le 1er
rang, il exploite également un moulin pour moudre ou pour scier, selon la demande, ainsi qu’une distillerie.
Selon le recensement de 1831, dame veuve Trenholm possède 36 bovins, 6 chevaux, 30 moutons, 28 porcs.
Richard Beard est inscrit comme constructeur de bateaux (shipwright) et cultivateur dans le recensement de 1831.
Il possède 34 bovins, 5 chevaux, 36 moutons, 22 porcs.
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Selon le recensement de 1831, Daniel Moore possède 32 bovins, 4 chevaux, 60 moutons, 11 porcs.
Charron : Construit et répare des voitures hyppomobiles et des roues en bois. Source : OLF, Grand
dictionnaire terminologique.
Recensement du Canada, canton de Kingsey : 1831.
Perlasse : sous-produit de la potasse (cendres de bois-franc) raffinée dans des fours en pierre. Mise en
tonneaux, la perlasse était expédiée en Europe et aux États-Unis pour la fabrication de savons, d'engrais, de
vitrs ou de produits pharmaceutiques. Source: J.-P. Kesteman et col. Histoire des Cantons de l'Est... op. cit.,
p. 149.
Recensement du Canada, canton de Kingsey : 1831.
Description topographique du Canada, Londres, W. Faden, 1815. Nous reproduisons ici une partie du texte
original de Joseph Bouchette. Le style et l'orthographe sont donc ceux de l'époque où il a été écrit.
J. Martel, « La route de la Saint-François embranchements vers Nicolet », in Les Cahiers Nicolétains, vol. 1,
no 2, Société d'histoire régionale de Nicolet, juin 1979, p. 6.
Delaney, C. S. « French Village », op. cit., p. 209.
J. Martel, « La route de la Saint-François... », op. cit., p. 6-8.
Ibid., p. 9-10.
J.-P. Kesteman et col., Histoire des Cantons de l’Est, op. cit., p. 176-178.
J. C. Moore, The Life and Times... op. cit., p. 42.
Mariage certificate : Church of England, Ascot township, March 11, 1827.
Certificat de baptême, église anglicane St. George, Drummondville.
Bureau de la Publicité et des Droits (Drummondville) : A-172. French Village est aujourd'hui connu sous le
nom de Saint-Félix-de-Kingsey.
Bureau de la Publicité et des Droits (Drummondville) : A-690. Suite au décès de son père (Robert
Abercrombie) Ralph Waldo hérite de la ferme familiale.
Recensement du Canada, canton de Kingsey : 1831.
J. C. Moore, « A short History of Kingsey », in The Townships Sun, February 1984, p. 12. Plusieurs actes
notariés enregistrés au Bureau de la Publicité et des Droits (Drummondville) confirment la fugue de Ralph
Waldo : 1846 (B-2394) «he having more than 3 years since left her and gone to part unknown»; 1854 (B2929) «absent in unknown countries for several years»; 1855 (B-3151) «absent in unknown countries for 12
hears or more»; 1865 (B-7920) «absent of this country for many years past»; 1868 (B-13555) «long ago
absent from this country.
Ralph jr (17 ans), Sarah Ann (16 ans), Thankful Mary (15 ans), John (14 ans), Daniel (13 ans), Nancy Clarissa
(12 ans), Caroline Amelia (10 ans), Hannah Naomi (6 ans), Victoria (5 ans), Margaret Susan (4 ans) et Albert
Edward (1 an).
M. Dumont, « Femmes dans un paysage », Revue d'études des Cantons de l'Est, no 20, CRCE, printemps
2002, p. 33.
Y. Lavoie, L’émigration des Québécois aux États-Unis de 1840 à 1930, Éd. officiel du Québec, 1979, p. 22.
Y. Roby, Les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre, 1776-1930, Sillery, Ed. Septentrion, 1990, p. 18.
Recensement du Canada, Canton de Kingsey : 1861.
Loc. cit.
En 1854, la compagnie ferroviaire Grand Trunk met en service une ligne qui, partant de Richmond, traverse la
région des Bois Francs pour aboutir à Lévis. Source: J.-P. Kesteman et col., op. cit., p. 230.
D. Roach, « Sydenham Church and Elmwood », in Annals of Richmond County and Vicinity, vol. 1, p. 166.
Historiens consultés : Carolyn Essig, St. Paul (MN), David Johnson, New Ulm (MN), Thomas K. Rice, White
Bear Lake (MN), Stefan Songstad, Minneapolis (MN).
Notes de Carolyn Essig, 21-03-2008.
Loc. cit.
Recensement 12-06-1860, St. Paul, Comté de Ramsey (MN).
Recensement 29-06-1870, Boston, Comté de Suffolk (MA).
Nés en 1795, ses parents se prénomment Farwell et Olive. Ses grands-parents paternels, Josiah et Phebe,
habitent également à Dunstable.
Bureau de la Publicité et des Droits (Drummondville) B-45677 : W. A. Parker gratifie ses frères et soeurs de
dons substantiels dans son testament du 11-05-1874. Samuel, Thomas et Hannah (veuve) recevront chacun
2000 $, alors que Sally et Miriam recevront chacune 50 $, lequel montant sera majoré à 2000 $ en cas de
veuvage.
« Recent Deaths », in Boston Evening Transcript, 18-04-1881.
Samuel Turell Armstrong (1784-1850), imprimeur à succès, maire de Boston et gouverneur du
Massachusetts. Appleton Encyclopedia, http://famousamericans.net.
Boston Directories : 1862-1871.
Testament de W. A. Parker, op. cit.
J. W. Thomas, James F. Clarke, apostle of German culture to America, Boston, J. W. Luce & Co, 1949.
44
99
Boston Directories : 1866-1874.
Michael Leclerc, Boston Genealogical Society, December 2006. www.southendhistoricalsociety.org
101
B. A. Humphreys et M. Sykes. L'architecture du Canada, Sélection du Reader's Digest (Canada), 1976, p. 7.
- Mieux comprendre le patrimoine architectural pour mieux le préserver, Association québécoise
d'urbanisme, 1999, p. 14-15.
102
Certificat de décès enregistré en la cité de Boston en 1881. L’érysipèle est également connu sous le nom de
« feu de saint Antoine », l’anachorète égyptien du IIIe siècle devenu célèbre auprès des pèlerins du MoyenÂge pour son pouvoir de guérison des virulentes irritations cutanées engendrées par l’érysipèle. Source :
Jose Maria A. Jaén, Le Chemin de Saint-Jacques, Ed. Everest, 2004, p. 118.
103
Susan Wilson, Garden of Memories, A guide to Historic Forest Hills, Boston, Forest Hills Educational Trust,
s.d., p. 12-23.
104
Fiche du lot 3369 classée dans les archives du cimetière Forest Hills.
105
Testament de W. A. Parker, op. cit.
106
Recensement du Canada, canton de Kingsey : 1891.
107
Bureau de la Publicité et des Droits (Drummondville) : B-19754.
108
J. C. Moore, The Life and Time... op. cit., p. 8.
109
Bureau de la Publicité et des Droits (Drummondville) : A-173, 2-03-1821.
110
J. C. Moore, The Life and Time... op. cit, p. 8.
111
Recensements du Canada, canton de Kingsey : 1851 (2262 personnes dont 1184 francophones), 1861
(2403 personnes dont 1148 francophones), 1871 (1907 personnes dont 1329 francophones), 1881 (1536
personnes dont 1015 francophones):
112
Recensements du Canada, canton de Kingsey : 1901.
113
D. Roach, «Sydenham Church and Elmwood», op. cit., p. 166.
114
R. A. Clark, Our Saints and our Storie, A History of the Churches in the Greater Parish of St. Francis of
Assisi, s. é., 1996, p. 28-29.
115
Report of the Incorporated Church Society of Diocese of Quebec for the year ending 31-12-1900. Archives
du Centre de recherche des Cantons de l'Est, Université Bishop's.
116
J. C. Moore, The Life and Times... op. cit., p. 85-86.
117
Recensement du Canada, canton de Kingsey : 1861 Anglicans = 559, Méthodistes = 233, Presbytériens et
Congrégationalistes = 40, Église d'Écosse = 125.
118
Le presbytère mesure 37 pi. sur 27 pi, l'annexe 18 pi. sur 30 pi., ils sont couverts partiellement de brique et
de bois, coût : 1400 $. L'écurie : 210 $. Source : Report of the Incorporated Church Society..., op. cit., 3112-1868.
119
Ibid., 31-12-1870.
120
Ibid., 31-12-1900.
121
Ibid., 31-12-1896.
122
Loc. cit.
123
Canadian Ecclesiastical Gazette, Circular to the Clergy of the Diocese of Quebec, #1-2, 4-01-1851 and 4-021851.
124
Report of the Incorporated Church Society... op. cit., 31-12-1896 - Ultérieurement, tout l'intérieur de l'église
fut lambrissé, le bois posé de diverses façons : horizontalement dans la voûte, en diagonale sur les murs,
verticalement au-dessous de la cimaise.
125
Ibid., 31-12-1898.
126
Ibid., 31-12-1905 and 31-12-1906.
127
Loc. cit. : Mrs. Parker has been stricken with paralysis. - Death registered in the City of Boston for the year
1910.
128
J. C. Moore, The Life and Times... op. cit., p. 4-5.
129
Ibid., p. 6-8.
130
Intestat : Se dit de la personne qui meurt sans avoir fait de testament. Source : OLF, Grand dictionnaire
terminologique.
131
Bureau de la Publicité et des Droits (Drummondville) : B-45690, enr. 6-07-1912.
132
Bureau de la Publicité et des Droits (Drummondville) : B-77858, B-95140, B-102940.
100
45

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