Folia veterinaria

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EMÉTIQUES ET ANTIÉMÉTIQUES
Le vomissement est induit par la stimulation du centre du vomissement situé dans le bulbe
rachidien. Les stimuli proviennent surtout du tractus gastro-intestinal via des neurones
afférents parasympathiques et sympathiques, et du labyrinthe. La stimulation des récepteurs
dans le tractus gastro-intestinal est principalement causée par la distension, l’irritation,
l’inflammation et les variations de l’osmolarité du contenu gastro-intestinal. Les stimulations
émanant du labyrinthe expliquent les vomissements pouvant accompagner les troubles de
l’équilibre et le mal de voyage. A proximité du centre du vomissement proprement dit se
situe la «chemoreceptor trigger zone» (CTZ) qui échappe à la barrière hémato-encéphalique
et est stimulée par des métabolites parmi lesquels les cétones, par des toxines ou par des
médicaments véhiculés dans le sang. La CTZ est en relation avec le centre du vomissement
proprement dit.
La neurotransmission au niveau du centre du vomissement implique notamment la 5hydroxytryptamine ou sérotonine (récepteur 5-HT 1A) et des récepteurs alpha-2-adrénergiques
expliquant les vomissements liés à l’usage des agonistes alpha-2-adrénergiques. L’activation
de la CTZ implique d’autres neuromédiateurs comme la dopamine (récepteur D2), la
noradrénaline, la 5-HT (récepteur 5-HT3), l’acétylcholine (récepteur muscarine M1) et des
opiacés endogènes. La neurotransmission des stimuli émanant du labyrinthe est assurée par
l’acétylcholine et l’histamine, respectivement via des récepteurs M1 et H1 centraux. Ceci
explique l’action antiémétique des antagonistes de ces neurotransmetteurs. Il existe
cependant d’importantes différences selon les espèces. Ainsi, l’apomorphine, un agoniste des
récepteurs dopaminergiques , induit des vomissements chez le chien et l’homme, mais pas
chez le chat, le porc ou le cheval. Des agonistes alpha-2-adrénergiques tels que la xylazine
sont de puissants émétiques chez le chat, mais sont moins actifs chez le chien.
Au niveau du tractus gastro-intestinal, les mécanismes afférents impliquent des récepteurs 5HT3, surtout lors de vomissements induits par des substances cytotoxiques. La sérotonine
provient des cellules entérochromaffines des muqueuses intestinales. La composante
efférente du reflexe vomitif véhiculée par le nerf pneumogastrique (nerf vague) et les
neurones myentériques, implique des récepteurs périphériques à la motiline et des récepteurs
D2, 5-HT4, M2.
A l’exception des agonistes alpha-2-adrénergiques et des phénothiazines, les agonistes et
antagonistes de ces neurotransmetteurs ne sont pas enregistrés en médecine vétérinaire en
Belgique, et ne sont donc pas repris dans le Répertoire Commenté des Médicaments à Usage
Vétérinaire. Les substances actives auxquelles se réfère cet article sont reprises dans le
Répertoire humain. En général, on ne dispose pas de données pharmacothérapeutiques chez
les animaux de compagnie.
Emétiques
Les émétiques les plus importants sont l’apomorphine et la xylazine.
L’apomorphine, agoniste des récepteurs dopaminergiques, est un émétique à action centrale
(CTZ et système vestibulaire), surtout utile et efficace chez le chien en cas d’intoxication par
la voie orale. Parmi les effets secondaires les plus importants, on compte la dépression
respiratoire, la sédation, la bradycardie, l’hypotension et la salivation. Le dosage chez le
chien et le chat est de 0,02 – 0,04 mg/kg iv ou de 0,04 – 0,1 mg/kg im ou sc. Il n’existe plus
de spécialité à base d’apomorphine en Belgique.
La xylazine, agoniste alpha-2-adrénergique, est un vomitif efficace, particulièrement chez le
chat. Le dosage chez le chien et le chat est de 0,2 mg/kg iv ou de 0,45 mg/kg im. Ces faibles
doses n’entraînent pas de sédation prononcée. Les informations plus détaillées se trouvent
dans le Répertoire vétérinaire.
Antiémétiques
Les antiémétiques suivants sont abordés: les anticholinergiques, les phénothiazines, les
antagonistes 5-HT3, les antihistaminiques H1, le métoclopramide et le dompéridone.
Les anticholinergiques tels que l’atropine ou l’hyoscine (scopolamine) bloquent les
récepteurs muscariniques (M1) dans le centre du vomissement et les centres vestibulaires. Ils
inhibent également les récepteurs muscariniques périphériques M2 et M3. En raison de leur
action inhibitrice vis-à-vis de ces récepteurs, les anticholinergiques ont comme effet
secondaire principal l’atonie du tractus gastro-intestinal. Leur efficacité antiémétique étant
faible, ils sont peu utilisés pour cette indication.
Les phénothiazines sont actives lors de vomissements d’origine centrale et périphérique. Il
s’agit d’antagonistes des récepteurs alpha-1- et alpha-2-adrénergiques, des récepteurs
histaminiques Hl- et H2 et des récepteurs cholinergiques M1. L’acépromazine est la seule
phénothiazine commercialisée en Belgique sous forme de médicament à usage vétérinaire, et
dont l’usage est suffisamment documenté. Les effets secondaires suivants sont rapportés:
hypotension engendrée par l’inhibition des récepteurs alpha-1-adrénergiques, sédation et
symptômes extrapyramidaux tels que trémulation et rigidité aux doses élevées. Pour la
prévention et le traitement des vomissements associés au mal de transports, la dose chez le
chien et le chat est de 0,5 - 1 mg/kg po. En cas de gastrite, la dose de 0,2 - 0,4 mg/kg sc ou
im, ou 50 µg/kg iv 3x/jour 30 minutes avant le repas..
Les anatgonistes 5-HT3, dont l’ondansétron et le granisétron, sont utilisés en médecine
humaine comme antiémétiques dans le contexte de la chimiotherapie anticanceréreuse. Ils
sont très efficaces mais très onéreux pour un usage vétérinaire. Leur action repose
principalement sur l’antagonisme des récepteurs 5- HT3 dans le centre du vomissement, et
surtout dans l’intestin.
Les antihistaminiques H1 inhibent les récepteurs histaminiques dans la CTZ et les centres
vestibulaires. Ils sont surtout utilisés dans le traitement et la prévention des vomissements
liés à des troubles de l’équilibre (mal des transports) chez le chien et le chat. Les substances
actives utiliseés sont la diphenhydramine (2 - 4 mg /kg po ou par voie im, toutes les 8 heures)
ou du dimenhydrinate (8 mg/kg po ou par voie im, toutes les 8 heures). Chez l’homme, ces
substances sont bien assimilées lorsqu’elles sont administrées oralement mais la
biodisponibilité est plutôt minime en raison de la dégradation dans le foie (effet de premier
passage). Les principaux effets secondaires sont la dépression et des effets
anticholinergiques.
Le métoclopramide est un antiémétique à action centrale et périphérique qui agit par
antagonisme des récepteurs à la dopamine D2, et des récepteurs 5-HT3. Outre son effet antiémétique résultant d’une action centrale, le métoclopramide stimule la vidange gastrique et
le péristaltisme intestinal sans influencer les sécrétions gastro-intestinales. Chez le chien, la
demi-vie plasmatique est d’environ 90 minutes. Les effets secondaires connus sont les
modifications du comportement, aussi bien l’hyperactivité que la sédation, la désorientation,
la stimulation de la sécrétion de prolactine (sécrétion lactée), l’hypotension temporaire. Le
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dosage chez le chien est de 0,2 - 0,4 mg/kg toutes les 6 - 8 heures po, par voie sc ou par voie
im. Le métoclopramide est moins indiqué chez le chat.
L'association du métoclopramide et des anti-muscariniques est contre-indiquée vu l'action
antagoniste de ces substances.
Le dompéridone est également un agent anti-dopaminergique semblable au métoclopramide.
Il est couramment utilisé chez le chien et le chat (0.5 mg/kg 2à 3x/j) pour ses effets antiémétiques et gastro-procinétiques.
La responsabilité de l’usage des spécialités à usage humain relève de l’application du
« système de la cascade » (voir Folia Veterinaria 2003 n°3 et Folia Veterinaria 2004
n°3).
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