Les caractéristiques des 11/17 ans

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Les caractéristiques des 11/17 ans
Outil
Juin 2010
Réseau « les 11/17 ans»
Les réseaux d’échanges de pratiques et de savoirs
Les 11/17 ans et les structures ouvertes
1/ Quelques éléments pour caractériser cette tranche d’âge
11- Des situations très diversifiées
Ce qui frappe, c’est d’abord une très grande hétérogénéité :
- dans l’âge où se situe la puberté (différent suivant le sexe mais aussi on voit des jeunes de 15
ans qui sont encore enfants et des plus jeunes déjà formés).
- dans l’éveil sexuel (décalage entre cet éveil et la puberté réelle, qui peut s’expliquer par des
environnements socioculturels différents),
- dans la modification des comportements (les jeunes réclament le statut d’adolescent dès 1112 ans ou l’appellation de jeunes de plus en plus tôt et adoptent les comportements
correspondants),
- dans les milieux socioéconomiques (Les choix professionnels doivent se faire dans cette
période pour beaucoup de jeunes, statistiquement davantage dans les milieux les moins
riches, plus tard pour plus riches. Les « jeunes de la cité » acquièrent une identité à part : ils
ont des modes de socialisation particuliers, les phénomènes de groupe, de bande, sont plus
prégnants, leur présence dans l’espace public est plus marquée).
Cette hétérogénéité peut être constatée aussi :
- en fonction des époques (Avant guerre, la fin de la scolarité intervenait à 12, puis 13, puis 14
ans. Aujourd’hui, elle a lieu plus tard pour la grande majorité).
- en fonction des pays : les enfants de l’Intifada, de la guerre, les enfants soldats, les enfants
au travail, les différences entre pays riches et pays pauvres (pour une fille, avoir un enfant à
22 ans, c’est aujourd’hui considéré comme tôt dans un pays riches, déjà tard dans un pays
pauvre).
- en fonction des cultures (rites initiatiques dans certains cas …)
12 - Des caractéristiques communes
Sans parler d’homogénéité cette tranche d’âge recouvre une période dont les bornes se justifient en
référence à différents éléments :
- les étapes du cursus scolaire : changement de statut (écolier, collégien, lycéen) du regard
des autres, des attentes de la société (apprendre à devenir responsable), changement des
enjeux de la scolarité (l’échec ou la réussite deviennent fondamentaux à court terme pour
l’avenir)
- des changements physiques (capacité reproductrice et l’émergence de la pulsion
sexuelle).Parfois cause de malaise, si ce n'est de souffrance, voire de traumatismes car ils ne
sont pas maîtrisés par le jeune, qui peut alors aller jusqu'à les refuser (prise de poids ou
amaigrissement importants, habillement,…)
- des changements psychologiques : succession de pertes, de deuils à faire (perte des images
parentales idéalisées, perte de sa place et de son insouciance d'enfant, pour certains perte
des rêves : orientation scolaire plus ou moins choisie) … Cela suppose une véritable
construction identitaire, où besoin de dépendance et désir d’autonomie se disputent le
terrain,
- des changements affectifs : ils se traduisent par un éloignement des parents pour se tourner
vers d’autres modèles adultes, et vers les pairs avec qui il expérimente des sentiments
nouveaux dans leur nature et leur intensité émotionnelle. Ce mouvement occasionne des
sentiments de vide affectif liés à la peur de perte d’amour des parents et d’abandon d’un
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côté, et à l’incertitude et aux aléas des investissements affectifs, amicaux et amoureux, de
l’autre.
des changements intellectuels sont tout aussi radicaux : vers 12-13 ans, une nouvelle forme
d'intelligence apparaît, les structures de l'intelligence opératoire formelle se mettent en
place. (Avant 12 ans, l'enfant se trouve au stade opératoire concret. A partir de 12 ans,
l'accès au stade opératoire formel lui donne la capacité de raisonner par hypothèses,
d'envisager l'ensemble des possibles et d'appréhender le réel comme un simple cas
particulier, pouvant être différent. Il devient capable de manier la méthode expérimentale, la
démonstration et l'argumentation, de comprendre les probabilités et la réciprocité, de faire
des raisonnements hypothético-déductifs).
des modifications du regard de l’adulte. L’adulte renvoie de manière générale une image
négative des jeunes (par rapport à leurs comportements, par rapport au jugement scolaire,
par rapport au regard ambivalent de la société qui valorise la jeunesse (éternelle) tout en lui
opposant la peur (la Justice peut le punir dès 13 ans). Les jeunes des cités incarnent dans la
représentation collective ces comportements délinquants, ce désœuvrement, ces difficultés
d’insertion synonymes d’insécurité).
Il n'est plus un enfant et n'est pas encore un adulte, mais il revendique les deux statuts : garder la
toute-puissance que confère l'enfance et bénéficier en même temps de l'autonomie des adultes.
Pour supporter sans trop de dommages toutes ces perturbations, le jeune trouve le moyen de se
protéger psychologiquement en aménageant son rapport à lui-même et aux autres, à travers ce que
l'on appelle des mécanismes de défense. Ceux-ci sont visibles dans les façons de réagir si
caractéristiques de ces tranches d'âges.
Certains de ces changements peuvent expliquer certains comportements : une difficulté d'accès à la
pensée formelle peut être un facteur explicatif de comportements d'incivilités, de passages à l'acte
répétés, par impossibilité de se détacher du réel. Elle peut générer des difficultés relationnelles par
l'absence d'intégration de la notion de réciprocité dans les échanges sociaux et affectifs. Se
produisant en même temps que l'émergence des pulsions sexuelles, ce foisonnement des idées peut
porter aussi sur cet aspect de la pensée qui occasionne, pour certains, honte et culpabilité. Il vaut
mieux alors éviter de penser, s'inhiber intellectuellement.
Mais ces changements apportent aussi de nouvelles capacités qui peuvent avoir des conséquences
positives sur le développement. Outre les possibilités d'apprentissage qu'elles ouvrent, elles
permettent une prise de conscience de soi et l’élaboration de son propre système de valeurs. La
construction identitaire repose sur cette articulation entre individualité et intégration sociale.
2/ Les besoins à prendre en compte
21 - Besoin d’être considéré comme un individu à part entière
Dans cette période d’incertitudes ou de modifications profondes il est essentiel de tenir compte d’un
certain nombre d’éléments :
- chaque individu à ses propres caractéristiques,
- les ados aspirent à être grands, et avoir leur propre culture, leur propre langage,
- les repères, les références, le sentiment d’appartenance évoluent,
- le contexte socio-économique accroît l’incertitude du lendemain.
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22 - Besoin d’accéder à l’autonomie.
Pouvoir choisir librement les règles de son comportement pour développer sa vie sociale, en ne
confondant pas autonomie et individualisme (qui isole les individus les uns des autres).
Pour, développer l’autonomie, donc pour lutter contre l’individualisme, il s’agit de renforcer les
tendances naturelles de l’adolescent à :
-
donner son avis, même si on ne lui demande pas ;
accepter/refuser, ou si l’on préfère, refuser dans un premier temps pour pouvoir accepter
dans un second temps ;
changer de modèles éducatifs : l’idéal de l’adolescent n’est plus d’être institutrices pour les
filles et pompiers pour les garçons, ou faire comme papa ou maman ;
penser à soi, c’est à dire que ces actes ont des conséquences à court, moyen et long terme,
et que l’on n’a d’existence que dans le regard des autres ;
développer des cercles de relations et d’expérimentation.
23 - Besoin de confronter ses points de vue
Les apprentissages ne passent plus principalement par l’écoute et la reproduction de « modèle »,
mais par la confrontation. L’adolescent repousse les limites, pour voir quelles sont les « vraies »
règles. Face à des animateurs par exemple, qui vont adopter un discours dit « éducatif » de façade,
–« il ne faut pas faire ça », « soit cool avec les autres », « hé… respect quoi »–, les mythes et les
phrases toutes faites s’effondrent rapidement, et fort heureusement. La confrontation est un moteur
des apprentissages où sont repoussés les systèmes de vérité incohérents.
24 - Besoin d’explorer, d’expérimenter, de prendre des risques
L’adolescent s’essaie, explore ses possibilités, prend des risques. Il tâtonne, fonctionne selon un
système empirique d’expérimentation, donc d’échec et/ou de réussite. D’où une prise de risque qu’il
va devoir apprendre à gérer. Sans cet apprentissage, l’adolescent perd de son autonomie, puisque
ces risques peuvent lui être nuisibles, où altérer sa perception des réalités. Il est important de ne pas
tout cadrer, de permettre à l’adolescent de juger une réalité, donc de s’y mesurer.
25 – Besoin d’être valorisé dans ses apprentissages
Mais en même temps que l’adolescent a besoin de prendre des risques dans le contexte actuel il a
aussi besoin d’être rassuré sur ses capacités.
Il convient donc de savoir s’appuyer sue les potentialités nouvelles liées à cet âge et de valoriser les
acquis, les progrès, les réussites…
26 - Besoin d’apprendre à se projeter, à anticiper
L’adolescence est également l’âge des premières projections réalistes. Les adolescents sont amenés
à se projeter sur leur devenir, à organiser leur temps, à définir des priorités, à penser par étapes.
Si ces apprentissages ne sont pas faits à cet âge, nous avons alors :
-
des pratiques consuméristes
des adolescents pris par « l’urgence »
la fuite en avant par rapport aux difficultés rencontrées
des adolescents qui ne savent pas construire de stratégie à moyen ou long terme
27 - Besoin d’entreprendre
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L’âge de l’adolescence est lié à celui de l’aventure. Aventure qui ne se fait plus seulement par
l’imaginaire, le jeu basé sur l’activité encadrée dans une structure. L’aventure se fait « dans le
monde », sur le territoire dans lequel il vit.
Si le territoire ne peut offrir cette aventure, alors elle sera recherchée ailleurs : jeux vidéos / télé,
alcools / drogues, sur la route (scooter, roller), sur d’autres territoires, etc.

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