La Réunion au Womex 2008

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La Réunion au Womex 2008
Muzikalité
La Réunion au Womex 2008
Les journées du patrimoine / MDC Prod / La Mobilité / Musique et Business
Édito
Sommaire
C’est ma tournée !
Plainte quotidienne des musiciens dans un milieu insulaire comme celui de La Réunion : « on
ne joue pas assez… ! » Nous avons pourtant un territoire relativement bien équipé en
salles et lieux de spectacles, petits, moyens ou grands, bien mieux pourvu que de
nombreux départements de province, avec notamment deux SMAC (scènes de
musiques actuelles) et beaucoup de lieux pluridisciplinaires devant essayer d’équilibrer
leurs programmations entre tous les genres et entre artistes locaux et spectacles venant
de l‘extérieur… Mais cela reste forcément insuffisant pour satisfaire la demande des
centaines de groupes en activités à La Réunion et, plus particulièrement, de ceux qui
essaient de vivre de leur musique .
Sortir du département, avec le budget nécessaire aux billets d’avion quelle que soit la
destination, est loin d’être aussi facile que de n’importe quel département français où
un musicien peut prendre la route ou le rail pour aller chercher des débouchés dans les
régions voisines ou même plus loin. Jouer une ou plusieurs fois dans l’année sur une
des scènes de la vingtaine de lieux professionnels de l’île n’est déjà pas donné au premier
groupe venu. Alors que faire le reste du temps pour rencontrer le public et essayer de
faire connaître et apprécier sa création ?
Édito
p.2
Telex p.3
Studios p.4
MDC Prod
Actu.
Les journées du patrimoine p. 5/6
Mobilité
Partir en tournée p.7
Les fêtes foraines et leurs podiums gratuits restent un débouché important mais
évidemment davantage réservé à ceux qui sont déjà premiers du hit-parade local qu’à
des découvertes et des prises de risque artistique, vu que l’objectif est quand même
d’attirer du monde aux attractions payantes.
Ultime recours pour artistes en manque de public : les bars, clubs et autres hôtels ou
restaurants qui essaient d’apporter un plus à leur clientèle en proposant des animations
musicales. Un milieu très fluctuant avec nombre d’établissements qui s’ouvrent et qui
se ferment chaque année au gré des difficultés économiques ou des plaintes de voisinage
pour tapage nocturne. Le gros de cette activité pour les groupes en quête de « gigs » se
concentre actuellement davantage dans la zone balnéaire de l’ouest et le sud de l’île
tant le chef-lieu Saint-Denis est de plus en plus sinistré (et même carrément sinistre…),
avec la disparition systématique de tous les petits lieux qui accueillaient des artistes.
Formation
Bien sûr, c’est loin d’être l’idéal pour un artiste ayant un minimum d’exigences pour
présenter son travail : conditions d’accueil, techniques, administratives et financières
très limitées, public pas forcément très attentif, horaires élastiques…Mais, néammoins,
ces lieux restent indispensables à la vie ou à la survie d’un certain nombre de musiciens.
L’inverse est malheureusement moins évident même si on peut penser qu’une zone
balnéaire et des lieux touristiques verraient vite leur clientèle diminuer sans l’apport
d’une activité artistique de qualité.
Permettre à cette activité de trouver un équilibre doit donc être une priorité d’utilité
publique. Une concertation s’avère de plus en plus indispensable entre pouvoirs publics,
acteurs culturels, artistes, instances touristiques et patrons d’établissements pour
résoudre un certain nombre de problèmes. Cela était le thème d’un des débats des
rencontres professionnelles au dernier festival Sakifo à Saint-Pierre où quelques bonnes
idées lancées en trop petit comité ne doivent pas rester sans lendemain.
Billet
Le plus gros problème semble être de permettre aux artistes de pouvoir jouer dans un
cadre légal. La plupart des établissements n’ont pas les moyens de payer des charges
sociales qui vont quasiment doubler le montant du cachet attendu, ou alors ils doivent
se limiter à des artistes en solo ou duo. Le travail au noir des artistes reste donc
monnaie courante dans la plupart de ces lieux avec, heureusement, une salutaire
tolérance. Si la loi était appliquée au pied de la lettre, beaucoup ne programmeraient plus
d’artistes qui seraient encore les premières victimes. Certains rares artistes arrivent
quand même, en faisant eux-mêmes leurs déclarations, à se maintenir en régime
d’intermittents avec des montants de cachets dérisoires une fois les charges réglées.
Mais ceux qui font cet effort sont aussi souvent concurrencés par d’autres qui, ayant une
activité professionnelle à côté, sont prêts à jouer à n’importe quel prix ou même
gratuitement dans les mêmes lieux.
Il apparaît évident que, comme cela se fait pour soutenir d’autres corporations, un
dispositif d’aide aux charges sociales doit être trouvé. Cela avait été le cas au début des
années 90 où le Comité du Tourisme, le Ministère de la Culture et la SACEM avaient
mis en place un fonds spécifique. Tout le monde s’y retrouvait : les établissements et les
artistes pouvaient travailler dans un cadre légal avec des cachets minimum, les touristes
et la clientèle locale trouvaient davantage d’animation dans leurs lieux de loisirs et on
comptait beaucoup plus de musiciens intermittents du spectacle qu’aujourd’hui alors que
les groupes étaient beaucoup moins nombreux. Une mauvaise gestion d’un
intermédiaire de l’époque avait fait capoter tout le système et renvoyé à la précarité des
dizaines de groupes. Vu l’évolution du milieu et tous les efforts de professionnalisation
faits par ailleurs n’est-il pas temps de relancer une réflexion sur le sujet ?
Alain Courbis
2 / Muzikalité N° 32
Waïo Mizik et fiche technique micros p.8/9
Export
Reggae made in Réunion et Womex 2008 p.10/11
Disques
Les chroniques du trimestre p.12/13
Patrimoine
Claude Vinh San sur Takamba p. 14
Musique et business p.15
Détours d’horizon
Festivals p.16
Muzikalité, le bulletin d’information du Pôle Régional
des Musiques Actuelles de la Réunion - N°32
oct/nov/dec 2008
Éditeur : PRMA - 6 bis rue Pasteur - BP 1018
97481 Saint-Denis CEDEX
Tél : 0262 909460 / Fax : 0262 909461
E-mail : [email protected]
Site internet : www.runmusic.com
Directeur de la publication : Dominique Carrère
Rédaction : Olivier Pioch
Ont collaboré à ce numéro :
Alain Courbis, Fanie Précourt, Matthieu Meyer.
Couverture : womex 2008 - Bylal Cadjee.
Distribution gratuite - Tirage : 5000 ex.
ISSN : 1622-2598 - Dépôt Légal N° DL226
Imprimeur : Forma4
...TELEX....................................
:: Groove Lélé décroche le prix Alain-Peters
:: Un prix transatlantique pour Meddy Gerville
Le festival Sakifo (début août dernier, à Saint-Pierre de la Réunion) a décerné son
prix Alain-Peters à Groove Lélé, un groupe talentueusement mené par Willy Philéas
en digne successeur de son père, feu Granmoun Lélé. Sur la scène Orange du
festival, la formation a conquis un jury composé de professionnels de la musique. Ce
prix, dont la deuxième édition se tenait cette année, est soutenu par la Région
Réunion et a pour but d'encourager un groupe émergent de la zone Océan Indien.
Pour sa première édition l’an dernier, c’est Lo Griyo qui l’avait emporté.
Créé conjointement par l'organisme Chamber Music
Orchestra et le service culturel de l'Ambassade de
France aux Etats-Unis, le programme CMA/FACE
French-American Jazz Exchange est destiné à soutenir
des projets de collaboration entre jazzmen français et
américains, la SACEM et Cultures France. Une dizaine
de projets viennent d'être retenus pour l'année 2008.
Parmi les heureux lauréats le pianiste réunionnais
Meddy Gerville pour un projet avec le bassiste américain Matthew Garrison. (source:
magazine Jazzman septembre 2008)
Une nouvelle avancée significative pour Meddy Gerville dont le dernier album” Fo
kronm la vi” reçoit un très bon accueil et qui, après une prestation remarquée au
dernier festival de Marciac, sera programmé au prochain JVC Jazz Festival de Paris
(jeudi 16 octobre à 19h30 au Divan du Monde à la même affiche que le groupe
SAKESHO de Mario Canonge et Michel Alibo) et également sur la scène "off" du
prochain WOMEX à Séville en Espagne le 30 octobre.
www.meddygerville.com
www.myspace.com/meddygerville
:: Gaël Rakotondrabe, pianiste Mon(s)tr(u)eux
Le jeune pianiste réunionnais Gaël Rakotondrabe a été sacré lauréat du concours
de piano du festival de jazz de Montreux ; un concours imaginé dès 1999 par Claude
Nobs, fondateur et directeur du festival helvète, pour donner un « coup de pouce »
aux jeunes musiciens et leur permettre de se frotter à d’autres musiciens de même
âge et de même niveau. Remarqué pour sa prestation lors du Sakifo festival de SaintPierre, début août, au côté du groupe Cocorosie, le Saint-Leusien aura donc
également séduit l’exigeant public de Montreux. En récompense, il a obtenu un
double sésame plutôt intéressant pour la suite de sa carrière : l’enregistrement
d’un CD en Suisse et une invitation sur la grande scène du festival l’an prochain.
Pour plus d’infos sur cet artiste : www.myspace.com/gaelrakotondrabe
:: Davy Sicard super star
"Kabar",nouvel album pour Davy Sicard Chez Up Music
(Warner) dont la sortie est prévue le 22 septembre.
Une distribution internationale, une programmation
sur France Inter et un engouement médiatique sur le
tubesque "Papillon" accompagne la sortie de ce disque.
:: Kaf Malbar a fait le plein au TPA
S’il fallait une preuve que les artistes réunionnais peuvent assurer dans les grandes salles, Kaf Malbar vient
de l’apporter en remplissant le théâtre en plein air
(TPA) de Saint-Gilles sous son nom de scène KM
David. Après avoir surclassé Hélène Ségara lors du
Miel Vert du Tampon (20 000 personnes quand
même !) et fait déborder le Cabaret Sauvage, à Paris,
la nouvelle coqueluche du ragga-dance hall « made in
Réunion » a donc joué à guichet fermé à Saint-Gilles.
JP. Bouchiat
Kaf Malbar : un artiste qui n’en finit plus de monter et
qui devrait donner des ailes à ses copains réunionnais.
Pour plus d’infos sur cet artiste : www.myspace.com/kafmalbarofficial
:: Votez pour Toguna !
En route pour une tournée qui passera par le festival Angaredona de Madagascar et
le Japon, Toguna sera à Paris, le 23 septembre, au théâtre du Châtelet, pour la
cérémonie des Césaire de la musique. Les Réunionnais y sont nominés dans la
catégorie « Meilleur groupe ». Les votes sont à présents ouverts sur :
www.trophees-negritude.com/vote/mg.html. A vos claviers !
Plus d’infos sur le groupe : www.myspace.com/toguna et [email protected]
:: Nouvel album pour Lindigo
Dernière recrue de l’écurie Cobalt, label de Philippe
Conrath (également aux manettes du festival
Africolor), Lindigo vient d’enregistrer à Paris les
quinze titres de son troisième album intitulé
« Lafrikindmada ». « Produit dans l’esprit de leur furie
Jean-Noel Enilorac
live qui porte jusqu’à la transe » (dixit Conrath), l’album sera fin octobre dans les bacs réunionnais et en distribution Harmonia Mundi
au niveau national. Dans la foulée, le groupe est programmé le 11 décembre, pour
le festival Africolor, à la Dynamo de Banlieues Bleues, à Pantin, avec Salem Tradition
et Lo Griyo.
www.africolor.com
L.Valigny
Vous trouverez infos et extraits audio sur www.myspace.com/davysicard
:: Olivier Ker Ourio à domicile
La sixième édition du Festival de Jazz en Plein Air aura lieu du 26 septembre au 11
octobre sur la commune de Saint Paul. De nombreux groupes réunionnais sont à
l'affiche de l'évènement dont West Coast Band, Jozefinn', Jean-Claude Maitre,
Kadam’ba aux cotés de Stanley Jordan, Belmondo Quintet, Spyro Gyra et Olivier
Ker Ourio Quartet "Oversea". L'harmoniciste, de retour de Paris où il est installé
depuis 1992 jouera le 8 octobre au TPA et le 11 au Casino. Il animera entre ces
deux dates une série de Master class au CRR de Saint-Denis puis repartira enchanter
les scènes de la rue des Lombards pour une série de concerts.
www.kerourio.com
SORTIE TAKAMBA
PRÉVUE DÉBUT OCTOBRE
Claude Vinh San
et le Jazz Tropical
Communiquez vos infos musicales au PRMA :
[email protected]
[email protected]
Muzikalité N° 32
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S
tudio
du son et du bon !
MDC Prod
Sur les hauteurs de Saint-Louis, Christopher Mac Donald a installé son studio dans une dépendance de sa maison.
Loin du bricolage, les artistes qui enregistrent ici témoignent de la qualité du son.
C’est un drôle de bonhomme que ce Christopher Mac Donald.
Et c’est un drôle de studio que son MDC Prod. Père d’origine
écossaise, Chinois par sa mère, Christopher est né à
Madagascar mais vit à la Réunion depuis l’âge de cinq ans.
Passionné de musique, le jeune homme s’est rapidement
orienté vers la technique : « Je traîne dans les studios depuis
l’âge de quinze ans. Comprendre le pourquoi du comment
des machines a toujours été une vraie passion. »
Avant d’ouvrir son studio, c’est en live que Christopher
officiait : au Palaxa, au théâtre en plein air (TPA) de SaintGilles, mais aussi dans les kabars. Ses mentors se nomment
alors Claude Emsallem, Jean-Claude Amouny, Pascal
Manglou… Des figures bien connues dans le milieu du son,
qui l’ont pris sous leurs ailes et lui sont restées fidèles quand
sa carrière a vraiment décollé.
Aujourd’hui, Christopher continue d’assurer les tournées
de Ziskakan, Meddy Gerville, Fabrice Legros ou Alex
Sorres. Dernièrement, KM David, star montante du raggadance hall, a fait appel à lui pour la captation de son concert
au TPA. Produit par MaronR Production, le DVD devrait
sortir en fin d’année.
Christopher Mac Donald. (Photo : D.R.)
Mais c’est dans son studio des hauteurs de Saint-Louis, au
milieu des machines, que Christopher est le plus dans son
élément. Au rez-de-chaussée de sa coquette maison, il a aménagé un lieu étonnamment accueillant ; insoupçonnable
quand on y descend par l’étroit escalier, confortable et
cosy, mais, surtout, équipé du dernier cri.
Là, Christopher a enregistré trois albums d’Ousanousava,
dont le dernier qui fait un carton. Mais aussi un DVD pour
Dominique Barret (« Un vrai mixage 5.1 ; le premier à la
Réunion ! »). Gondwana et Blanc-Blanc sont des habitués des
lieux. Emily Minatchy y a même enregistré un duo avec
Dominique Barret pour le Téléthon.
Son meilleur souvenir : « J’ai eu la chance d’enregistrer Emilie Loizeau en duo avec Danyèl Waro pour un album à
paraître en février prochain chez Universal. L’ingé-son d’Emilie, Jean-Baptiste Bruhnes, m’a contacté par le bouche
à oreille et a été convaincu par la qualité de mon matériel. » C’était en juillet 2008 ; une éternité ! Car
Christopher n’aime rien moins qu’aller de projet en projet.
Le prochain est alléchant : Erick Benzi, un des plus grands arrangeurs de variété en France (Noah, Garou, Kaas, Dion,
Pagny, Sardou, Goldman…), va investir son studio dans les prochaines semaines pour diriger un stage de
composition. En novembre, Ziskakan y enregistrera aussi son prochain album… qui sera réalisé par Erick Benzi.
« Cette soudaine notoriété m’oblige évidemment à changer de braquet. Mon matériel est déjà parmi les plus
performants à la Réunion mais il va falloir encore investir. Je compte acquérir un système Digidesign Icon ;
un matériel qui n’existe pas à l’heure actuelle ici. En outre, je vais faire des travaux pour doubler la surface du
studio. »
Côté tarifs, compter à partir de 350 euros la séance de huit heures et de dix à quinze jours pour la réalisation d’un
album complet.
MDC Prod : 3, chemin Hermence Combet, à Saint-Louis. Contacts : 06 92 86 81 67
[email protected] / www.mdcprod.com / www.myspace.com/mdcprod1
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A
J o u r n é e s d u Pa t r i m o i n e
La musique au Panthéon
Pour les Journées du Patrimoine, le Département et l’association Kréol’Art proposent une expo
événement aux Archives départementales. Egalement au programme : une série de concerts
organisés par la Ville de Saint-Denis.
La cuisine française fera-t-elle son entrée au patrimoine
mondial comme en court la rumeur depuis quelques
mois ? Rien n’est moins sûr ! Mais la musique en
revanche est déjà au Panthéon. A preuve, les
prochaines Journées du Patrimoine, organisées une
fois l’an par le ministère de la Culture (cette année,
les 20 et 21 septembre), feront une place de choix à
cet art du divertissement qui n’a de mineur que
certains accords – n’en déplaise à Gainsbourg et
consorts.
A cette occasion, le PRMA tiendra, comme
d’habitude, un stand dans la cour de la Villa du
Département, à Saint-Denis. Les visiteurs y
trouveront les disques de la collection patrimoniale
Takamba, quelques exemplaires de Muzikalité et
toute l’information utile aux artistes. Mais le vrai
événement, c’est l’exposition de partitions originales
qui aura lieu aux Archives départementales, du 20
septembre au 23 janvier. Une expo événement
proposée par le Département et l’association
Kréol’Art.
« C’est une pierre de plus à l’édifice du patrimoine
réunionnais, explique Catherine Chane-Kune,
directrice de la Culture au Conseil général. Cette
exposition préfigure ce que seront les prochaines
Archives de la musique ; un lieu d’écoute, de travail
et de recherche qui sera bientôt ouvert au sein même
des Archives Départementales. »
Intitulée « Une musique populaire d’origine savante,
deux siècles de partitions réunionnaises »,
l’exposition entend démontrer que la musique
populaire réunionnaise n’est pas seulement de
tradition orale.
« Il s’agit du premier inventaire de partitions originales présentes à la Réunion, explique Nadine Rouayroux,
directrice des Archives départementales. La plus ancienne date de 1777 ! Les documents viennent de nos
propres archives mais aussi de fonds privés. »
Les amateurs et les artistes locaux ont en effet largement contribué au collectage des documents. Partenaire de
l’opération, l’association Kréol’Art a mis à disposition un fonds impressionnant constitué par deux passionnés
(Fanie Précourt et Arno Bazin) qui sont également des collaborateurs de longue date du PRMA.
« On entend souvent dire que la musique réunionnaise est de tradition orale, explique Fanie Précourt. C’est vrai
pour partie. Mais la musique écrite a un rôle considérable. A l’origine, la bonne société de l’époque
s’encanaillait sur les danses de salon, les valses, polkas et autres mazurkas. Les musiques classique, religieuse et
militaire ont aussi beaucoup apporté. Les quadrilles de la fin du XIXe siècle ont enfanté le séga des années 1960.
Il y a une vraie filiation qu’on aurait tort de minimiser. »
L’exposition propose un parcours en musique à travers les partitions. Equipés d’un casque, les visiteurs
pourront ainsi écouter les morceaux qu’ils auront sous les yeux. Une manière ludique et pour le moins efficace
de concilier l’écrit et l’oralité !
Heures d’ouverture et contact des Archives : 9-17 h, joignables au 02.62.94.04.14
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J o u r n é e s d u Pa t r i m o i n e
La musique au Panthéon
Des concerts à Saint-Denis
La ville de Saint-Denis tenait elle-aussi à marquer ces Journées du Patrimoine. Les 20 et 21 septembre, trois scènes seront
dressées sur les rues de Paris, Sainte-Anne et de la Victoire (qui seront fermées à la circulation) pour rendre hommage
aux « piliers du séga ». Tous les concerts sont gratuits.
En voici le programme :
Jaqueline Farreyrol, Pierrette Payet, Michel Adélaïde, Henry-Claude Moutou, Benoite Boulard, Maxime
Laope, Marie-Armande Moutou - (extrait d’un sciècle de musique réunionnaise - B. Ladauge, Lacaze 2004)
Michou (pochette de disque 45 t.)
Samedi 20 septembre de 18 h à 22 h
Scène de la Mairie
Scène Rue Sainte-Anne
Scène Rue Sainte-Marie
Henry Claude et Marie Armande Moutou
Michel Admette
Michou
Triomphale de l’Ouest
Dimanche 21 septembre de 16 h à 19 h
Scène de la Mairie
Scène Rue Sainte-Anne
Scène Rue Sainte-Marie
Bernadette Ladauge
Jacqueline Farreyrol
Narmine Ducap
Les Cuivres du Sud
Gaby Laï-Kune
Micheline Picot
Narmine Ducap (collection Takamba)
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obilité
M
Voyager moins cher en tournée.
C’est un casse-tête auquel sont confrontés tous les groupes en tournée : comment voyager pas cher quand on
a réussi à obtenir quelques dates hors de la Réunion ? Pour les artistes comme les particuliers, le prix du billet
d’avion est souvent dissuasif. Heureusement, Région, Département et DRAC disposent d’un budget au titre de
l’aide à la mobilité. Suivez le guide !
Vous voulez faire une tournée mais les billets
d’avion sont trop chers ? La DRAC, la Région
et le Département peuvent vous aider ! En
effet, ces trois collectivités disposent de
budgets spécifiques pour l’aide à la mobilité
des artistes.
Côté DRAC, un fonds d’échange (abondé par
l’Etat et le Département) a été spécialement
créé à cet effet. Avec un budget de 150000
euros (pour les seuls projets à but culturel
toutes disciplines confondues) en 2008, la
priorité est donnée aux projets ayant un fort
enjeu artistique et économique. Sachez
cependant qu’environ un projet sur cinq est
rejeté. Au final, si votre dossier est accepté,
vous pourrez recevoir jusqu’à 80 % du prix
du billet (montant plafonné à 15 250 euros
par projet ou 914 euros par billet).
Côté Département, l’effort consacré à la
mobilité des artistes (hors sa participation au
fonds d’échange cité plus haut) est d’environ
45 000 euros par an. Seuls les groupes érigés en
association peuvent bénéficier d’une subvention. Son montant varie de 25 % à 80 % du prix du billet. L’an dernier,
cinq groupes (et pas seulement des têtes d’affiches !) en ont bénéficié pour un total de quarante-neuf billets
subventionnés.
Tous ces financements sont évidemment accordés en fonction de critères artistiques et économiques bien pesés.
En clair : inutile de demander une subvention pour un dîner-dansant en métropole, vous ne l’obtiendrez pas ! En
revanche, si vous avez un projet de développement à l’export qui tient la route, vous pourrez peut-être l’obtenir.
En outre, depuis cette année, les aides de la DRAC et du Département peuvent être cumulées. En jouant sur les
deux tableaux, vous pouvez donc faire prendre en charge la totalité de vos billets.
Enfin, la Région a également son propre mode de financement. En 2007, son budget « mobilité » consacré aux
artistes atteignait 80 000 euros. Condition : être une association. Dès lors, jusqu’à 80 % du prix du billet peuvent
être pris en charge. Là aussi, les critères sont relativement stricts : le dossier doit être en béton et contenir au
moins cinq dates d’envergure nationale. L’an dernier, pour la musique, quinze groupes en ont bénéficié.
DRAC et Département se déterminent en fonction d’un dossier qui doit obligatoirement comprendre une lettre
de motivation, les contrats ou invitations des scènes où vous devez vous produire et un devis de l’agence de
voyage. Pour la DRAC, un formulaire de demande doit également être rempli.
Pour la Région, les dossiers sont instruits de la même manière que n’importe quelle demande de subvention
associative (en novembre donc). Mais une ligne budgétaire spécifique de « promotion culturelle à l’export » a été
créée pour les cas d’urgence (une invitation en cours d’année à un grand festival, par exemple). Dans ce cas, le
dossier de demande est instruit immédiatement et, en cas d’accord, la Région paye directement le billet à l’agence
de voyage.
Contacts utiles
Région (affaires culturelles et sportives) : 02 62 92 22 96 / www.regionreunion.com
Département (promotion culturelle et sportive) : 02 62 94 87 00 / www.cg974.fr
DRAC : 02 62 21 91 71 / www.la-reunion.culture.gouv.fr
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ormation
WaïoMizik invente le coaching musical à la car te
Yado Carpaye et Ludovic Clain viennent d’ouvrir une nouvelle école de musique à Sainte-Clotilde.
WaïoMizik propose trois formules innovantes pour apprendre la musique sans se prendre la tête.
Explications.
Laurence Beaumarchais - Photo D.R.
Seul Réunionnais diplômé d’Etat de musiques actuelles (c’est-à-dire amplifiées), Ludovic Clain s’est associé à Yado
Carpaye pour ouvrir une nouvelle école de musique à Sainte-Clotilde. Inaugurée en août, la structure
propose trois formules d’apprentissage à la carte (les WaïoPass) en fonction des besoins de chacun.
« Qu’il s’agisse d’apprendre la batterie, le piano, la guitare ou le chant, nos trois WaïoPass sont destinés aux
apprentis musiciens qui ont des emplois du temps changeants et qui recherchent de la souplesse, explique
Ludovic Clain. C’est une approche complètement novatrice de la musique. Sur un minimum de vingt créneaux
possibles par semaine, nous proposons un accès libre à toutes les disciplines, avec un suivi personnalisé et des
bilans périodiques. En outre, nous assurons trois créations scéniques originales par an. »
Dans le détail, le WaïoPassStudio donne accès au cours de guitares, voix, batteries/percussions et
claviers/M.A.O sur simple réservation. Basé sur un carnet contenant trente-deux coupons, il permet
d'apprendre les instruments au rythme de chacun. Les cours se font par groupes de quatre, avec un seul mot
d’ordre : le plaisir dans la pratique !
Le WaïoPassScène est consacré au jeu en groupe. Basé sur un carnet de douze coupons, il permet
d'apprendre pas à pas toutes les astuces qui font la réussite d’un concert : douze séances avec un coach scène
pour apprendre à communiquer avec les autres, prendre de l’assurance et enrichir son vocabulaire scénique.
Enfin, le WaïoPassSoliste est réservé aux musiciens qui souhaitent aguerrir leur technique instrumentale.
Accessible aux débutants comme aux professionnels, il est basé sur un parcours de douze séances, avec des
objectifs définis à l’avance, pour mieux aborder l'instrument, mettre en place un programme intensif de
travail, maîtriser rapidement un répertoire en vue d’un concert ou d’un examen…
Occasion d’un bilan ou d’un nouveau challenge, ces trois WaïoPass sont encadrés par des pédagogues
parfaitement initiés à la pratique des instruments et de la scène. Côté tarifs, compter 650 euros le carnet de
32 coupons WaïoPassStudio, 360 euros le carnet de 12 coupons WaïoPassScène et 720 euros le
carnet de 12 coupons WaïoPassSoliste.
Inscriptions au 77, avenue de Lattre de Tassigny, Sainte-Clotilde.
Contacts : 06 92 76 67 82 / 02 62 97 20 08
www.waiomisik.com / [email protected]
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ormation
L a f i c h e t e c h n i q u e d e Ya n n L e r a y *
Chaque trimestre, retrouvez la fiche technique d’un professionnel du son
Tout ce que vous n’avez jamais osé demander sur les micros
Le microphone dynamique
Micro et préampli sont les pièces maîtresses de la chaîne du
son. Grâce à eux, les ondes sonores qui se déplacent dans l'air
se transforment en signal électrique. Une bonne prise de son
au départ simplifie beaucoup la suite.
•
Les grandes familles de micros
Les micros dynamiques (ou à bobine mobile)
4. Aimant
1. Onde sonore
Essentiellement conçus pour la scène, ils supportent de très
2. Membrane souple 5. Signal électrique
fortes pressions sonores et ne craignent pas les chocs. Mais ils
3. Bobine
ont tendance à « colorer » le son entre 5 kHz et 10 kHz (le
son est plus fin à plus de 30 cm de la source). En studio, ils sont
utilisés pour la prise de son rapprochée des batteries.
Le microphone à condensateur
Les micros à condensateur (ou électrostatique)
Munis d’une membrane, ils ont besoin d’une alimentation de 48
volts fournie par les préamplis. Ces micros sont ceux qui
transmettent le moins de coloration acoustique, le champ de
leur sensibilité est bien plus étendu. Mais ils sont plus fragiles et
saturent facilement. Ils sont souvent utilisés en studio avec un
filtre anti-pop.
Les micros à électret
Proches voisins du micro à condensateur, ils disposent d'un
4. Condensateur
1. Onde sonore
composant à polarisation permanente : l'électret. Mais la charge
de polarisation diminue dans le temps, ce qui se traduit par une
2. Membrane avant 5. Résistance
perte de sensibilité au fil des années. Ils nécessitent une
3. Armature Arrière 6. Signal électrique
alimentation, soit fantôme, soit par pile.
Les micros à ruban
Ils sont très fragiles et sensibles, en particulier dans le cas de fréquences sonores extrêmement basses. Le plus
souvent utilisés pour la prise de son rapprochée et uniquement en studio car ce sont les plus coûteux.
• Quelques trucs pour bien choisir
La taille de la capsule
En général, la bande passante et le rapport signal-bruit sont fonction de la taille du diaphragme qui est abrité par la
capsule. Plus la capsule est grande, plus les basses fréquences sont précises. Les micros à capsule de petite taille
(< 1,25 cm) sont extrêmement précis dans toute la gamme audible, mais avec un faible rapport signal-bruit. A utiliser
pour les mesures. Les capsules moyennes (1,25 cm <> 2 cm) travaillent dans la gamme de 20 Hz à 18 kHz, avec
un rapport signal-bruit exploitable en enregistrement. Enfin, les capsules de grande taille (> 2 cm) ont le meilleur
rapport signal-bruit et sont d’une plus grande sensibilité, mais qui diminue fortement à partir de 14 kHz.
La directivité
Elle décrit la réaction d’un micro face aux sources sonores. Les micros cardioïdes sont unidirectionnels : ils
prennent le son d'une seule direction, à l’avant de la capsule. Les hyper-cardioïdes présentent un champ de
sensibilité encore plus étroit et s’utilisent pour les enregistrements très focalisés. Les omnidirectionnels recueillent
les sons provenant de toutes les directions avec la même précision. Les bidirectionnels (ou en 8) sont sensibles sur
les deux faces opposées du micro et rejettent les sons venant sur les côtés ; idéal pour un duo. Enfin, les canons
ont une directivité ultra-cardioïde pour capter les sons lointains.
• Un micro pour chaque usage
Voix : Shure SM 58 (idéal sur scène), Shure Beta 58 (accentue un peu les hauts médiums ; éviter sur voix
féminine), Sennheiser E-855 (pêchu et clair), Shure Beta 87 A (exceptionnel pour les concerts), AKG C 414 B-XL
II (bon à tout faire en studio), Neuman U87 A et M149 (la Rolls des studios).
Batterie : Shure Beta 52 A et Audio-Technica ATM 25 (pour la grosse caisse), Shure SM 57 (caisse claire), Shure
SM 57, Shure Beta 57, Audio-Technica ATM 41 et Sennheiser MD 421 (pour les Toms), AKG C 391 B (Charley),
AKG C 391 B et Oktava MK012 (OverHeads).
Basse : généralement prise avec un DI (Direct Box).
Guitare : Beyer Dynamique M88 TG, Sennheiser E609 et Shure SM 57.
Cuivres : Shure Beta 57, Shure SM 81, AKG C 1000 S, Audio-Technica ATM 33.
Percussions : Shure SM 57, Shure Beta 57, Sennheiser MD 421.
Accordéon : Shure Beta 57 et Shure Beta 52A.
* du studio Maryann’s à La Possession
Muzikalité N° 32
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xport
L a R éu ni on , nou vel l e n ati on R as taf ar i ?
Dans la foulée de quelques belles locomotives, de jeunes groupes ont trouvé dans la nation Rastafari le creuset idéal
pour chanter la paix entre les peuples. La Réunion et le reggae ? Un pléonasme dans cette île métissée.
Il y a plusieurs années déjà, les dreadlocks faisaient leur apparition à la Réunion. Plus qu’un effet de mode, la coupe
jamaïcaine a débarqué dans l’île avec les premiers amplis. Bon gré mal gré, la musique acoustique faisait alors une place
aux guitares électriques. Et une jeunesse en quête de nouveauté trouvait dans la nation Rastafari l’occasion d’exprimer
son idéal d’amour et de paix.
Baster et Ti Fock en étaient les porte-drapeaux. Mais aussi Ti Rat & Rouge Reggae, Kom Zot, Racine des Iles, Gondwana,
Ousanousava, Natty Dread, Ras Amadeus Bongo…
Si quelques-uns se sont perdus en route, la plupart ont gardé le cap sur Zion.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Le reggae réunionnais se porte bien, merci pour lui ! Comment pourrait-il en être autrement
dans cette île métisse où la tolérance est un art de vivre et la « zen attitude » un modèle de société ?
Derrière quelques locomotives lancées à toute berzingue, de nombreux groupes attendent patiemment leur tour sur
le quai. Certains déraillent en cours de route (la rançon du dynamisme !) mais d’autres tracent leur chemin sans se
soucier d’une industrie musicale qui semble parfois oublier qu’un train peut en cacher un autre…
Ces nouveaux TGV s’appellent Message Roots, Toguna (une vraie révélation !), Zionlight, 2R Band Family, Black
Nation, Verzonroots, Ker Faya ou encore Benjam et Miohjah du collectif Jah-Jah Records... ; une communauté Rasta
qui porte fièrement la voix de son mentor jusque dans le cirque de Cilaos.
Si le reggae Old school a toujours droit de cité, quelques mélanges avec le maloya traditionnel (Patrick Persée), le rock
(Manléo), le jazz ou le R’nB (Défoul la mêm) et même le hip-hop (Jeedey) témoignent des capacités d’innovation des
artistes locaux. En outre, la scène ragga-dance hall fait preuve d’un réel dynamisme avec des artistes comme Maylan,
Kaf Malbar (artiste à suivre) ou le collectif portois Zambrokal Riddim (Volcan Vocal, Dadinio et TM12, notamment).
Reste que ce sont les plus grosses cylindrées qui continuent inlassablement d’ouvrir la voie. Leur succès à l’export
témoigne de la vitalité de la scène réunionnaise et de l’intérêt qu’elle suscite chez les programmateurs européens. Sur
scène, ceux-là sont régulièrement invités en première partie des plus grands : Third World, Israël Vibration, Pablo
Moses, K2R, Tiken Jah Fakoly (un fidèle des scènes réunionnaises).
Ne reste plus qu’à donner la même chance aux plus jeunes. Sur les traces de leurs aînés, ils contribuent eux-aussi à
faire de la Réunion une nouvelle Zion. Qu’on se le dise : la Réunion est une Rastafari Nation !
Faites tourner !
•
Rouge Reggae
•
Kom Zot
Quelques dates à retenir pour les fans de Kom Zot en métropole et à la
Réunion : le 27 septembre à la Cigale à Paris (75), le 3 octobre au C.A.T. à
Bordeaux (33), le 4 octobre au Jet Lag à Toulouse (31), le 4 octobre au JR
Royal Palace (banlieue parisienne), le 11 octobre à la Maison de la
Boulangerie à Toulouse (31), le 15 novembre au Kabardock (Le Port,
Réunion) et le 21 décembre à Beaumont (Réunion). Des concerts à Metz,
Rennes et Nancy restent encore à confirmer.
Plus d’infos sur : www.kom-zot.fr (on peut aussi y acheter leur dernier
album, « Fé in Zès »)
Intitulée « Black Cause », la tournée de Rouge Reggae devrait faire du bruit
en métropole. Ils seront le 7 octobre à l'Elysée Montmartre à Paris (75) en
première partie d’Anthony B, le 8 à Saint-Jean (56), le 11 au C.A.T. à
Bordeaux (33), le 17 au gymnase de Thenon (24), le 18 au Palace à Louhans
(71), le 20 au Parc des expositions de Bordeaux (33), le 21 au Bikini à
Toulouse (31), le 24 au Volume à Nice (06).
Plus d’infos sur le groupe : www.rougereggae.com
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xport
Wo m e x 2 0 0 8 : L a R é u n i o n f a i t s o n s h o w
C’est l’événement de l’année pour les musiques du monde ! Après Berlin (1994, 1999, 2000), Bruxelles
(1995), Marseille (1997), Stockholm (1998), Rotterdam (2001), Essen (2002, 2004), Séville (2003) et
Newcastle Gateshead en 2005, la quatorzième édition du World Music Expo (Womex, pour les initiés)
aura lieu pour la troisième année consécutive à Séville, en Espagne, du 29 octobre au 2 novembre prochain.
Ce salon est dédié aux professionnels de la musique du monde et constitue un point de
rencontre incontournable.
Pour l’occasion, le PRMA et la Région tiendront stand commun. Ils seront accompagnés par
les managers des groupes les plus en vue et considérés parmi les mieux structurés
actuellement à la Réunion.
Pour mieux les faire connaître aux professionnels du spectacle et du disque, une belle
promotion a été assurée par le PRMA avec le soutien financier de la Région : outre une
page de pub dans le dernier numéro de Mondomix, le PRMA vient d’éditer une plaquette
promotionnelle qui sera remise à chaque manager, avant le départ, lors d’une conférence
de presse organisée début octobre.
Sur le stand (décoré aux couleurs de la Réunion), les visiteurs repartiront avec des cartes
postales originales et une compilation réunissant dix artistes aux styles différents : Meddy
Gerville, René Lacaille, Baster, Salem Tradition, Lindigo, Gramoun Sello, Ziskakan, Tiana,
Apolonia et Zong.
En outre, une vidéo de ces dix groupes passera en boucle et Meddy Gerville assurera
quelques live dont il a le secret sur la scène des showcases "off" du Womex le 30 octobre.
Last but not least, une adresse MySpace a été spécialement créée pour l’événement.
Pour plus d’infos, rendez-vous donc sur : www.myspace.com/reunionislandwomex2008
et sur www.womex.com
Muzikalité N° 32
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isques
Kayanmbé
Eliasse
« Tiéba » - CD Run
« Wo Ji De » - Kayanmbé tour
« Marahaba » - Autoproduction
L o r s q u e
Christophe
« Tiéba » Durand
(«
grand
homme » en
Djoula) découvre
le kamél’n’goni
durant un court
exil à Mayotte, le
Réunionnais
d’adoption n’a plus qu’un rêve : mélanger le
maloya de la Réunion à la sonorité magique de
cette guitare traditionnelle africaine. En 2001, le
rêve devient réalité : Woba Kélé est né ; avec
un son bien à lui, l’afro-maloya des origines teinté
de sonorités extatiques proches de la transe
électro. L’année 2005 est une consécration avec
des concerts au festival Donia de Madagascar et
au Nancy Jazz Pulsations. Depuis, le groupe a
enregistré avec Ras Mélé, Alex ou encore Sabiah.
Mélange de blues, rap et afro-maloya, ce premier
album convie des musiciens talentueux (Fabrice
Legros, Jérôme Calciné, Davit Atès, Youric
Delacuvellerie) et la belle voix d’Alex.
www.myspace.com/wobakele
Fondé en 1989, à
l’initiative
de
Maximin Boyer,
Kayanmbé
n’a
cessé de marquer
le paysage musical
local depuis la sortie de Kaskavel
(qui figure maintenant sur les
compilations des « plus belles chansons
créoles ») en 1993. S’illustrant dans le registre
séga-maloya, le groupe a su ensuite conquérir un
large public avec l’album « Plantèr », lors d’une
tournée 2003 / 2004 qui l’a mené de l’océan
Indien à l’Asie en passant par l’Europe. Fort de
cette expérience durant laquelle les rencontres
se sont multipliées, Kayanmbé s’attaque alors à
« Wo Ji De », sixième album, récemment
enregistré dans le Guangzhou (Chine). 2008
s’annonce pleine de promesses pour ces huit
musiciens qui ont fait le choix de se tourner vers
une musique métisse marquée par la world
music et la tradition réunionnaise.
Contacts : 06 92 26 27 44
[email protected]
Auteur, compositeur et musicien
multicarte, Eliasse
Joma fait son
apprentissage à
de
l’ombre
Maalesh, artiste
phare de l’archipel
comorien. A ses
côtés, il découvre
les grandes scènes de la world music avant de
former son propre groupe en 2005. Sa maîtrise
musicale et sa voix cristalline ont déjà conquis
un large public. Sur ce premier album, les
guitares électroacoustiques, basse électrique et
autres percussions (Djembé, Goma, Calebasse)
s’accompagnent parfois d’un violon et d’une flûte
traversière pour donner naissance à un style de
musique particulier, le « Za N’Goma », mélange
de rythmes afro-comoriens et de sonorités
blues. Entre ballades et jolies mélodies, Eliasse
chante son pays, ses traditions et la corruption
de sa classe politique. Un album séduisant et très
abouti.
Contacts : [email protected]
www.eliasse-music.com
Meddy Gerville
Tipari
Apolonia
« Fo kronm la vi » - Music Export Association
« Tipari » - Autoproduction
« Mon l’univers » - JBE Mizik
Faut-il
encore
présenter Meddy
Gerville ? Son jazz
métissé, mélange
d’harmonies
sophistiquées, de
liberté créatrice et
de
rythmes
c h a l o u p é s
empruntés
au
maloya, a donné à ce jeune trentenaire une
notoriété qui a largement dépassé les frontières
de la Réunion. Dès son premier album, en 1997,
l’artiste s’est entouré de noms prestigieux :
Louis Winsberg, Nicolas Folmer, Linley Marthe,
mais aussi Jean-Marie Ecay, Horacio « El
Negro » Hernandez ou Matthew Garrison. Pour
son sixième album, intitulé « Fo kronm la vi »,
on retrouve les musiciens habituels : Jérôme
Calciné (percussions), Jim Célestin (saxophone),
Laurent Lebeau (batterie) et Michel Alibo (basse)
accompagnés de quelques guests tels Stéphane
Guillaume, Frédéric Piot, Vincent Philéas, Olivier
Babaz et Julie Salamagnou. Une réussite.
Tipari est né
d’une rencontre
entre
deux
personnalités qui
ont décidé de
croiser leurs parcours musicaux.
Réunionnaise
exilée à Paris,
Corine Thuy-Thy
a choisi les textes pour donner corps à un
paysage vocal empreint de nostalgie, d’émotion
et
de
poésie.
Kevin
Reveyrand
compose des musiques métisses, teintées
d’influences orientales et de rythmes africains.
Ces deux instrumentistes explorent un chemin
ponctué de découvertes, d’enthousiasme et de
jolis échanges artistiques. Quatre complices
talentueux complètent le casting : Taofik Farah
(guitare), Francis Arnaud (cajon/ percussions),
Fred Soul (percussions/ mélodica) et Gisela
Razanajatovo (chœurs). Un premier album qui
témoigne d’un univers musical original et dense.
Un peu de lumière dans la grisaille parisienne.
Dix-sept ans après
ses débuts sur
scène,
la
formation de Jean
Bruno
Escyle
remet le couvert
avec « Mon
l’univers
»,
huitième album,
commercialisé en
mai dernier. Enregistrés au studio « Lakazmonmon » de Saint-Paul, ce onze titres résume
l’atmosphère d’Apolonia ; une formation
résolument Séga qui n’hésite pas à s’enrichir
d’apports du monde entier. Vivant et travaillé
(comme le sont les performances scéniques du
groupe), l’album est composé de ségas de bonne
facture, de romances créoles et de titres
originaux ouverts sur les rythmes extérieurs. On
y retrouve Bernard Permal (Batterie), JeanFrançois Legros (batterie), Jean-François
Fauchard (accordéon), David Smith (sax) et
Jérôme Calciné (percussions). Fabrice Legros et
Jean-François Suzanne prêtent leurs voix aux
chœurs.
Contacts : 06 92 56 50 47
[email protected]
www.meddygerville.com
Contacts : [email protected]
www.tipari.com
Woba Kélé
12 / Muzikalité N° 32
Contacts : 06 92 86 49 25
[email protected]
isques
Expérience maloya
Verzonroots
« La ballade de Clara Morgane » - Evil Ways
« Expérience maloya – volume 1 » - KDM Family
« Ver in zon’ pli roots » - Autoproduction
Des voix saturées
façon Noir Désir,
des
guitares
électrisées façon
AC/DC,
des
textes osés façon
Wampas, l’énergie
de la Mano Negra
et le « joli petit
cul » de Clara
Morgane. Voici rapidement résumé le premier
album des Showdus : un onze titres (très)
énervé, plein d’histoires à l’humour corrosif et
aux images olé-olé. Un univers à mi-chemin du
punk-rock et de la trash BD ; ce dont témoigne
ce très joli titre « Les tribulations éthyliques
d’une goutte de Ricard vers son destin
tragique ». Lauréats du Tremplin Rougail Rock
2007, Nicolas Guéniot (guitare/chant), Quentin
Fortier (basse/Kazoo) et Hauf Gaspard
(batterie) prouvent une nouvelle fois qu’on peut
faire du rock déjanté à la Réunion. A noter :
l’album contient une piste multimédia avec deux
clips et un titre en version Claraoké (sic).
Jusqu’à présent,
c’est pour le séga
que les Réunionnais s’invitaient
chez leurs voisins
mauriciens afin de
« met’ensemb »
leur savoir-faire.
Pour la première
fois, des artistes
mauriciens ont fait le chemin en sens inverse
pour une « Expérience maloya » commune aux
deux îles sœurs. Aux côtés de Benjam, Danyèl
Waro, Luciano Jopierre (Sens Unik), Marlène &
David (Mosaïk) et Olivier Araste (Lindigo), on
retrouve un trio mauricien composé de Laura
Beg, Alain Ramanisum et Nitin Chinien. Ces huit
premiers titres (le volume 2 est attendu)
forment un répertoire d’amitié et de partage ;
un vibrant hommage aux sources afro-malgaches
du maloya traditionnel qui s’autorise quelques
incursions dans un électro-maloya d’inspiration
plus moderne auquel Benjam apporte en outre
une petite note de reggae.
Depuis sa naissance en 2002,
sous la houlette
de
Christophe
Fruteau de Laclos,
Samuel Célestin,
Jean Amémoutou
et Charles Titus, le
g r o u p e
Verzonroots s’est
toujours attaché à véhiculer une vision
« domienne » du son jamaïcain : un reggae 6/8
métissé de maloya, de bossa et de séga. Après
« Caroline » en 2003, puis « La mizik nout péi,
Oté ! » en 2005, leur troisième album,
« Ver in zon’ pli roots », est paru récemment
dans la foulée d’une tournée en terre jamaïcaine.
Enregistré au Kabardock, ce troisième volet
d'une trilogie initiale Vert, Jaune et Rouge
contient quinze titres allant du reggae au ragga
via le seggae. Laurence Beaumarchais, Moogli,
Zorteil, Macmalaman, les Zoreilles Dehors et les
sœurs de Fami Mélodi viennent y apporter leur
concours.
Contacts : www.les-showdus.com
[email protected]
Contact : 06 92 66 53 84
Contacts : 06 92 25 48 60
www.myspace.com/verzonrootsreunion
Malouz
Atep
Patrick Lartin
« Kolé boutey » - Autoproduction
« Tropical Bomb » – Discorama
« Patrick Lartin & dalons la cour » – Autoproduction
Le groupe Malouz,
contraction
de
maloya et de
blues, est né à
Saint-Leu,
en
2006, à l’initiative
du
chanteurcompositeur
Roberto Morel.
Les sons du roulèr
et du kayamb
mélangés aux riffs de guitares sont la marque de
fabrique du groupe. Remarqué sur scène pour
ses ballades gentiment champêtres (une
véritable visite guidée de la Réunion), Malouz
obtient son billet pour la Clameur des Bambous
2007 et pour le casting Mozaïc (NRJ). Après
quelques dates sur la scène du Bato Fou, en Off
du festival Sakifo et dans divers lieux de concerts
à la Réunion, le groupe s’offre ici son premier
album. « Kolé boutey », c’est son nom, contient
onze titres de saveur inégale où la forme prime
parfois sur le fond. Mais les musiciens se font
plaisir et la prise de son, signée David Smith, est
plutôt bonne.
Figure du hip-hop
à la réunion, Atep
est un rappeur
précoce. Il crée
son
premier
groupe (Save Our
Soul) en 1988, à
l’âge de 11 ans…
Trois ans plus
tard, sa première
scène le confronte à 5 000 spectateurs pour un
concert junior. Depuis, petit Atep est devenu
grand. Après un premier maxi en 2000 avec son
compère Laz (« Réunionnais et fier de l’être »),
c’est en solo que le rappeur signe chez Warner
Music France, en 2005, pour l’album « Seul
contre tous ». Son titre phare, « La ! La !
La ! », casse alors la baraque dans tous les clubs
de France. 2008 est l’année de son troisième
album : « Tropical Bomb ». A noter quelques
featurings intéressant avec Elephant Man et
Nicky B (stars du ragga-dance hall jamaïcain) mais
aussi Maldonne, Damoun, Chien Denis, Malkijah
et Laz.
En voilà du séga !
Patrick Lartin et
ses « dalons la
cour » ont un art
certain (sinon un
certain art) pour
mettre la bonne
humeur
dans
n’importe quel
soirée dansante. Un bon séga d’ambiance avec
des textes simples et sans prise de tête, qui
s’autorise quelques traits d’humour à pas
comptés (il faut les trouver mais quand on y est,
c’est la franche rigolade). Outre Gilles Bouget
(guitare/chant), les « dalons » s’appellent tous
Poulot : Patrice et Giovanni aux claviers, Isaac à
la batterie et Charles à la basse. Sans oublier
Dalila & David aux chœurs et, bien sûr, Patrick
Lartin au chant et à la compo. Avec ses solos de
guitares et ses nappes de synthé, c’est le disque
idéal pour qui a besoin d’échapper aux tracas du
quotidien.
Contacts : 06 92 08 81 23
www.myspace.com/atepmusic
Contact : 06 93 94 85 52
Les Showdus
Contacts : 06 92 72 90 11
www.myspace.com/malouz974
Muzikalité N° 32
/ 13
atrimoine
P
C l a u d e V i n h S a n c h e z Ta k a m b a
Cla ud e Vinh San et l e Jazz Tropical
Dernier opus du label Takamba du PRMA, « Claude Vinh San et le Jazz Tropical » sera dans
les bacs début octobre. L’album réunit vingt-cinq titres collectés par Arno Bazin et un livret
très instructif signé Fanie Précourt.
Accordéoniste, auteur, compositeur et interprète, Claude Vinh San a fêté,
en 2007, cinquante ans de carrière à la tête de l’orchestre Jazz Tropical.
Une longévité qui s’explique notamment par l’essence et le choix des
répertoires qu’il véhicula à la Réunion, plus particulièrement entre 1957 et 1971.
Populaires et festifs, ces enregistrements vinyles et 78 tours renvoient à
l’âge d’or de l’accordéon chromatique au sein des bals créoles et
témoignent de l’influence des répertoires européens sur les compositions
d’alors.
Entre variété et musette, Claude Vinh San et son orchestre ont suscité,
de longues années durant, l’engouement du public réunionnais tout en
valorisant le patrimoine musical local du début du XXème siècle.
Ardent militant de la « chansonnette créole » instaurée par Georges
Fourcade (des paroles en créole sur des mélodies dansantes héritées des
quadrilles créolisés), Claude Vinh San s’est toujours attaché à dépeindre
des scènes de la vie courante réunionnaise, sans intention de les
critiquer, profitant de l’humour que renferme la langue créole. Cette
même démarche le conduisit à composer des maloyas qu’il qualifie de « dansants », en opposition aux « maloyas
racines » qui évoquent la souffrance, la ségrégation et le colonialisme.
Innovant en terme d’instrumentation et d’arrangements, Claude Vinh San s’attela également à revisiter les tubes à la
mode du moment. Sous ses doigts, des chansonnettes créoles réputées intouchables devinrent des Twists endiablés
(« Nounoute à cause », « P’tit fleur fanée »). Il plaqua même un air créole sur le célèbre « Meunier tu dors » !
A travers cette réédition de disques 78 et 45 tours, le label patrimonial Takamba du PRMA propose de redécouvrir
les ségas, les maloyas et les danses de salon qui firent, dans les années 1960 à la Réunion, la renommée de Claude
Vinh San et de son orchestre ; un artiste qui fait définitivement partie du patrimoine réunionnais.
« Claude Vinh San et le Jazz Tropical » (Takamba / PRMA) : 25 titres + livret 48 pages. Disponible début octobre
au PRMA et chez tous les bons disquaires.
EN BREF
Simon Lagarrigue chez Maloyallstars
La jeune équipe de Maloyallstars
Production vient de sortir le
cinquième album de sa collection
dédiée au maloya traditionnel de la
Réunion : un CD consacré à Simon
Lagarrigue et la troupe Résistance.
Personnage clef du maloya, Simon
Lagarrigue a toujours milité pour la
reconnaissance de la culture créole et
sa valorisation. Cet album est le premier entièrement
consacré à un artiste qui reste habituellement dans
l’ombre. Un document patrimonial de premier choix, issu
d’un collectage de terrain effectué en 2007 et de rééditions
de vinyles datant des années 1970. Pour vous le procurer,
contactez Stéphane Grondin : 06 92 01 72 44 ou
[email protected], Distribution : Piros
14 / Muzikalité N° 32
Narmine garde le cap
Sortie en juillet, la précédente édition
du label Takamba, un double-album
consacré à Narmine Ducap, suscite
les éloges de la presse nationale !
Intitulée « Narmine Ducap, ségas
instrumentaux (1966-1976) », la
galette a bénéficié d’une telle
couverture médiatique qu’elle est déjà
en rupture de stock.
Que les fans se rassurent, une réédition est d’ores et déjà
programmée par le PRMA.
illet
B
La Réunion de la musique et du business
Musique et communication font parfois bon ménage : quelques groupes prêtent leur voix à des marques ou à des institutions pour
créer le "buzz". Chacun y trouve son compte. Et la musique dans tout ça ?
Partout dans le monde, la musique a toujours eu maille à partir avec les institutions. A La
Réunion comme ailleurs, puisqu’il est de tradition qu’un groupe « accompagne » un candidat
lors des élections locales… Sarkozy avait Enrico Macias ; chez nous, les orchestres en cuivre
ou des ségatiers populaires ont souvent soutenu des prétendants à des postes politiques.
La collaboration entre le monde des affaires et les artistes est une réalité incontournable.
Il est à noter que si les artistes ont toujours eu des mécènes plus ou moins désintéressés,
il est finalement assez nouveau que musique et business fassent aussi bon ménage.
Depuis quelques années, des départements de synchronisation se sont créés chez les
éditeurs pour placer les musiques comme fonds sonores des spots publicitaires. Certains
artistes en tirent des revenus non négligeables en droits d'auteurs.
Fait plus marquant : la prise de position des opérateurs des télécommunications. Cette
évolution correspond à un déplacement historique des "tuyaux", du cd physique aux
formats numériques. Rappelons au passage que les médias ont toujours eu un rôle au sein
des maisons de production. Dans les années 50, les radios CBS et RCA rachètent les deux
majors historiques du disque aux Etats- Unis, Columbia et Victor. L'évolution actuelle n'est
qu'une suite logique de ce mouvement: les nouveaux médias remplacent les anciens.
Orange met en place une plateforme de téléchargement; des opérateurs internet proposent en métropole des formules de téléchargement illimité ; les offres de partenariats sur les sorties d'albums se multiplient avec
les acteurs de la téléphonie... C'est aussi le cas à la Réunion. De fait, quand la musique fait des « ménages », chacun y trouve son
compte, l’artiste comme l’annonceur.
Le dernier album d’Ousanousava est assez emblématique de cette nouvelle tendance. Les abonnés peuvent en effet télécharger
gratuitement depuis leur mobile ou sur le site de l'opérateur un morceau en exclusivité. En échange, la galette d’Ousanousava n’aura
jamais été aussi bien médiatisée notamment avec un clip professionnel diffusé sur les deux télévisions locales. Et les ventes s’envolent.
Dans la foulée, un opérateur concurrent a jeté son dévolu sur Davy Sicard pour la sortie de son nouvel album. Le principe est le même et les
retombées pour les deux parties tout aussi intéressantes. On attend que le troisième opérateur rentre dans la danse. Cela ne saurait tarder.
Dans ces cas, les mélomanes trouvent leur compte. Mais il faut bien constater que la liberté de création n'est pas toujours au
rendez-vous. Que dire, par exemple, de la nouvelle publicité d’un célèbre constructeur automobile ! Dans toutes les boîtes aux
lettres de la Réunion, un CD aux couleurs de la marque vante les « Promos bleues » chantées par Dominique Barret sur le modèle
des « Mots bleus » de Christophe.
« Découvrez les promos bleues, celles qui rendent les gens heureux. Les promos bleues sur toute la gamme, pour tous les hommes
et toutes les femmes ». Sans commentaire…
Dans un autre registre plus participatif, les artistes locaux n’hésitent pas non plus à prêter leur voix
à des initiatives citoyennes.
De l’éphémère « Si t’as ton ticket, c’est total respect », matraqué dans les bus de la Cinor (qui s’en
souvient encore ?), au « Respect pou travayèr lanviron’man », enregistré par Verzonroots pour
la société de tri sélectif Cycléa les exemples ne manquent pas et montrent l’utilité respective que
chacun retire de ces partenariats. Verzonroots a bénéficié d'une publicité sans précédent avec
une image qui correspond à son souci de protection de l'environnement , la possibilité de créer
un titre qui sonne déjà comme un tube et qui lui permet de disposer de moyens qui facilitent la
production de son nouvel album dont il garde la maîtrise.
Evidemment, les esprits chagrins pourront toujours reprocher aux musiciens d’accepter les
conditions posées par leurs financeurs mais on ne peut que souligner le soutien précieux que
constitue cet échange de bons procédés. La survie de certains est souvent à ce prix.
L’essentiel est d’ailleurs que la musique n’y perde pas son âme. Pour cela, la meilleure garantie reste encore de produire des
morceaux de qualité.
« Pour un flirt avec toi, je ferai n’importe quoi », chantait Michel Delpech. Attention quand même à ne pas aller trop loin.
Muzikalité N° 32
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...DÉTOURS D’HORIZON
•
MANAPANY
L’anse de Manapany, à Saint-Joseph,
accueille, les 26, 27 et 28
septembre, la huitième édition du
Manapany Surf Festival : « La »
manifestation phare du Sudsauvage à la Réunion. Un
anniversaire en fanfare et tout en
glisse avec de prestigieuses têtes
d’affiche et une foultitude
d’artistes locaux.
Au programme : le Jamaïcain
Omar Perry (fils du légendaire Lee
« Scratch » Perry), le Malgache
Rossy (inventeur d’un style
musical bien à lui, le « Mitapolaka »
littéralement « faire le fou ») et les
Touffes Krétiennes (une fanfare
joyeusement
foutraque
et
insolemment groovy). Côté locaux, on suivra : la fanfare Byin Mayé, les
Racines Cuivres de Serge Latérade, le big band électro-disco-funk de
Saint-John & les Cosmoboys, les Z’ears, Vacuum Road (vainqueurs du
Rougail Rock 2008), Warfield (pour les amateurs de pogo), les Showdus
(un seul mot d’ordre : l’énergie !), Anne Kane (rock-électro progressif),
les Jeunes Mariés, Lo Griyo, Toguna, Mounawar (Découverte 2008
Printemps de Bourges), Yaëlle Trulès, Rumeurs du Monde, Kaf Malbar,
Tapok, Gautier Lajoinie, Kalouban’, Lao (révélation de la dernière
Clameur des Bambous), Mangalor et enfin la compagnie Baba Sifon pour
un spectacle dédié aux instruments.
Comme d’habitude, trois scènes sont ouvertes au public : le Ti’ Coin
Charmant pour les concerts payants (pas chers), Latérit (sous chapiteau)
et Lézard Vert pour les concerts gratuits.
Le PRMA sera présent sur un stand sur le site du festival pour répondre
aux demandes d'informations sur les musiques actuelles, proposer ses
documentations et vendre les albums de sa collection Takamba
consacrée au patrimoine musical de l'Océan Indien.
Par ailleurs une rencontre professionnelle sur le thème de
"l'enseignement des musiques actuelles" aura lieu à l'école de musique
de Saint-Joseph le vendredi 26 septembre à partir de 1O H.
Plus d’infos sur www.manapanysurfestival.com.
Billets en vente sur place ou sur www.otebiye.com.
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SAINT-PIERRE (1)
La capitale culturelle du sud de la Réunion fait
sa fête au Slam ! Du 17 au 20
septembre, l’association Slamlakour
organise le premier championnat de Slam
de l’océan Indien ; une discipline entre
chanson et poésie, popularisée
notamment en France par Grand Corps
Malade. Après une petite mise en bouche
à la salle Canter de Saint-Denis (le 17), les
joutes verbales se dérouleront au Centre
culturel Lucet Langenier de Saint-Pierre.
Au programme : une projection-débat du
film « Slam », de Marc Levin (Caméra d’or
à Cannes et Grand prix du festival de
Sundance en 1998), suivie de quelques performances scéniques (le 18),
championnat interscolaire (le 19) et grand slam international en deux
manches (le 20). Entre autres invités de prestige, on notera la présence
de Marc Smith, créateur « historique » du mouvement, en 1984, dans un
bar de Chicago.
Plus d’infos au 02 62 35 32 00 ou
[email protected]
16 /Muzikalité N° 32
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BOURGES
Les sélections pour l’opération « Découvertes du
Printemps de Bourges et de la FNAC 2009 » viennent
de démarrer. Les artistes désirant poser leur
candidature doivent envoyer les documents suivants
avant le 3 octobre : la fiche d'inscription complétée et
signée (disponible au PRMA), un CD de quatre titres
originaux (ou maquette de qualité professionnelle),
une biographie (présentation de l'artiste), une photo
de l'artiste, une fiche technique et un plan de scène.
La sélection est ouverte à tous les styles de musiques
actuelles mais une bonne expérience de la scène est
nécessaire. Une vidéo de scène serait appréciée… Les
candidatures seront examinées par un jury national
après présélection locale. Le groupe retenu sera invité au Printemps de
Bourges, du 21 au 26 avril, et se verra offrir une semaine de formation
au Studio des Variétés (Paris).
Le formulaire d’inscription est téléchargeable sur www.runmusic.com
ou dispo au PRMA auquel il faudra d’ailleurs adresser le dossier complet
6 bis rue Pasteur – BP 1018 – 97 481 – Saint-Denis cedex
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SAINT-BENOIT
Le Studio Madoré de Saint-Benoît fête ses dix ans en novembre. Pour
l’occasion, la sympathique équipe en charge de cet équipement
municipal (un des rares à la Réunion) a mis les petits plats dans les
grands. Outre une exposition rétrospective en images, une série de
concerts est programmée, au studio, les 21, 22 et 23 novembre. Enfin,
une compilation promotionnelle devrait être éditée à 500 exemplaires.
Elle regroupera notamment Rouge Reggae, Benjam, Urbain Philéas,
Lindigo ou encore Tapok. Autant d’artistes qui sont nés ou qui ont
grandi avec le studio avant de faire leur chemin.
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SAINT-PIERRE (2)
A Saint-Pierre comme ailleurs, le bug de l’an 2000 n’a pas eu lieu. Mais
s’il est un lieu qui crée le buzz actuellement à la Réunion, c’est bien le
Bug. Prisée des aficionados de techno, la toute petite salle (140
personnes maxi) fait les choses en grand et porte l’étendard du
clubbing underground avec dynamisme et talent. 100% techno sous la
houlette de Greg et Titard (les tauliers du début), le club est une
deuxième patrie pour des noms aussi prestigieux que Jack de Marseille,
Jef-K, Stephanovith ou Damon Wild. Pierrot ayant repris le gouvernail,
le Bug s’est métissé, ouvert à d’autres musiques. Pour résumer : le mardi
c’est rock, le mercredi house-cool, le jeudi groovy, le vendredi ça dépend
de l’humeur du patron et le samedi c’est techno party de 23h à 5h du
mat (j’ai des frissons). Le tout pour 5 euros l’entrée, avec un cocktail de
bienvenue. Mais qu’est-ce qu’on attend ?
Le Bug : 4, rue des Bons Enfants, à Saint-Pierre.
Contacts : 06 92 07 94 07
[email protected] / www.myspace.com/lebugreunion
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FESTIVAL ROIR : Louhans (71)
Après avoir invité le Mauricien Reynald (frère
de Kaya) pour sa première édition l’an
dernier, le festival ROIR (Roots Océan Indien
Reggae) met la Réunion à l’honneur cette
année. Organisé par Ras Amadeus Bongo
dans la petite ville de Louhans, ce festival se
réduit en fait à une soirée, mais quelle soirée ! Le 18 octobre, sur la
scène du Palace, Bongo assurera la première partie avec Dofé (un
groupe métropolitain composé de deux Réunionnais) avant de céder la
place à Ti Rat & Rouge Reggae dans le cadre de leur tournée nationale.
Dans la foulée, on pourra découvrir Ptiyo (chanson à texte) et Ganjah Man
élè Jah Métiss. Plus d’infos à l’adresse suivante : [email protected]