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Forêt de Fontainebleau : vers un Parc national ? Document approuvé par l’ensemble du Comité de pilotage du projet « Fontainebleau Parc national » Le 18 septembre 2010 Sommaire Introduction ........................................................................................................................................... 3 I. Les travaux du Comité de pilotage.................................................................................................. 5 A. Le contexte écologique. ................................................................................................................. 5 B. Le contexte social et économique. ................................................................................................. 6 C. Le contexte politique et juridique................................................................................................... 7 1. La loi du 14 avril 2006........................................................................................................... 7 2. Le Parc naturel régional du Gâtinais français et le projet de Parc naturel régional du Bocage gâtinais. ............................................................................................................................. 8 II. Est-il possible, utile et souhaitable de poursuivre la démarche vers un Parc national dans le massif de Fontainebleau ?..................................................................................................................... 9 A. Un Parc national à Fontainebleau : est-ce possible ? ..................................................................... 9 B. Un Parc national à Fontainebleau : est-ce utile ? ......................................................................... 11 C. Un Parc national à Fontainebleau : est-ce souhaitable ? .............................................................. 13 Conclusion............................................................................................................................................ 15 Liste des annexes ................................................................................................................................ 16 1 Le présent rapport expose les fruits des contributions et des débats du Comité de pilotage du projet « Fontainebleau Parc national », créé en janvier 2010 pour établir un diagnostic global des divers enjeux du projet de Parc national sur le massif forestier de Fontainebleau, et ébaucher les grands principes sur lesquels pourrait s’appuyer l’instauration d’un Groupement d’intérêt public. Compte tenu du nombre des personnes, élus, représentants d’associations et d’organismes économiques qui ont souhaité participer aux travaux du comité de pilotage, celui-ci s’est constitué en collèges (annexe 1), au sein desquels ont été présentés et débattus les points de vue des participants. 2 Introduction Le débat sur l’opportunité et la faisabilité d’un Parc national sur le massif forestier de Fontainebleau est ancien (annexe 30). Le massif de Fontainebleau est l’un des sites les plus riches de France métropolitaine en termes de biodiversité (annexes 2 et 3). Cette richesse est reconnue internationalement. C’est à Fontainebleau qu’a été créée, en 1948, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), et la première résolution prise par cette instance a été, douze ans avant que la loi ne définisse l’objet en France, de demander le classement de la forêt en Parc national. Cette richesse a aussi justifié la multitude des statuts de protection dont le massif bénéficie (annexe 4). Après la promulgation, en 1960, de la loi relative aux Parcs nationaux, le débat est resté ouvert. En 1999, Jean DORST, alors Directeur général du Muséum national d’Histoire naturelle, s’est vu confier par le ministre en charge de l’Environnement la présidence d’une Commission sur l’avenir de la forêt de Fontainebleau (annexe 7). Son rapport concluait que le statut de Parc national ne rencontrait aucun obstacle juridique. Cette position était confirmée par le rapport de Jean UNTERMAIER en date du 3 mars 1999, qui démontre (annexe 8) que la loi du 22 juillet 1960 est parfaitement applicable au massif de Fontainebleau. Jean DORST estimait toutefois que cette application serait difficilement compatible avec ce qui était la vision des Parcs nationaux en vigueur à cette époque, du fait de la situation périurbaine et du contexte socioculturel du massif. Il avait donc suggéré la création de la Réserve de Biosphère. La question demeurait pourtant ouverte, et le rapport de Bernard GLASS, « Un projet territorial, patrimonial et partagé pour le massif de Fontainebleau » (annexe 9), publié le 25 octobre 2001, à la suite d’une lettre de commande du directeur du cabinet de Dominique Voynet, ministre de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, précise que « Le rapport “Dorst” a esquissé des pistes en la matière, mais aucune ne paraît répondre dès à présent à l’ensemble des enjeux à courts et à moyens termes du territoire concerné ». Le cadre international dans lequel s’inscrivent les Parcs nationaux français a connu de notables évolutions. Les travaux du WCPA (World Council on Protected Areas) de l’UICN, qui font à cet égard référence, ont conduit à élargir la notion d’aires protégées, notamment en prenant davantage en compte les relations entre les populations locales et la nature. C’est pourquoi, en 2003, le Comité français de l’UICN a pris position en faveur de la création en France de Parcs nationaux périurbains (annexe 11), en évoquant expressément comme prioritaires le massif des Calanques (le classement y est en cours de mise en œuvre), et le massif de Fontainebleau. La définition française des Parcs nationaux a elle aussi été modernisée dans le même sens. La loi du 14 avril 2006 a profondément modifié l’esprit et le mode de gouvernance des Parcs nationaux français. Le contexte dans lequel s’inscrivaient les rapports DORST et GLASS n’est donc plus d’actualité. En 2007, le Grenelle de l’environnement insiste dans ses conclusions sur la nécessité de compléter le dispositif français des Parcs nationaux. L’article 23 de la loi 2009-967 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement déclare ainsi : « Une stratégie nationale de création d’aires protégées terrestres identifiant les lacunes du réseau actuel sera établie afin que 2% au moins du territoire terrestre métropolitain soit placé dans les 10 ans sous protection forte ». La 3 création d’un premier Parc national dans une forêt de plaine était prioritaire. Dans l’inventaire réalisé par le Muséum d’histoire naturelle et l’Office national des Forêts en vue de choisir celui-ci, la forêt de Fontainebleau a été sélectionnée avec six autres massifs. Elle n’a pas été retenue dans la sélection finale, notamment en raison des présumées fortes oppositions locales, et le choix du gouvernement, après une large concertation, s’est porté sur un massif situé entre Champagne et Bourgogne. Ce choix n’excluait pas que d’autres démarches puissent ultérieurement être envisagées. Ces évolutions récentes ont concouru à la relance du débat sur l’opportunité de créer un Parc national sur le massif de Fontainebleau. A l’instigation de Frédéric VALLETOUX, Maire de Fontainebleau, le 23 janvier 2010, les « Entretiens du Parc national », première journée de discussions, ont réuni l’ensemble des acteurs institutionnels, associatifs et scientifiques concernés par ce projet. A l’issue de cette journée, sur proposition du maire de Fontainebleau, les personnes présentes ont décidé la création du Comité de pilotage du projet « Fontainebleau Parc national », dont l’animation a été confiée à François LETOURNEUX, Président du Comité français de l’UICN (annexe 12). Ce Comité de pilotage a travaillé, pendant près de neuf mois, afin de recueillir les éléments de consensus, et les avis particuliers, sur trois questions : - Un Parc national dans le massif de Fontainebleau est-il utile ? - Un Parc national dans le massif de Fontainebleau est-il souhaitable ? - Un Parc national dans le massif de Fontainebleau est il possible ? 4 I. Les travaux du Comité de pilotage Au cours des mois écoulés, les conclusions des travaux des collèges, les contributions reçues et les débats des séances plénières, ont permis de dégager des points de consensus de plus en plus larges. A. Le contexte écologique. L’exceptionnelle richesse du massif forestier de Fontainebleau est universellement reconnue. En 1861, un décret acte la création en son sein d’une réserve artistique de 1097 hectares, ce qui constitue la première mesure volontaire de protection de la nature dans le monde. L’intérêt porté à la protection du massif par l’Union internationale pour la Conservation de la Nature dès sa création en 1948, à Fontainebleau, sur l’initiative de l’UNESCO, a été rappelé plus haut. En 1999, le rapport DORST décrivait ce massif forestier ainsi : « La variété et la richesse de sa faune, de sa flore, de ses peuplements, de son histoire, de ses monuments et de ses paysages en font un patrimoine biologique, esthétique et culturel irremplaçable de réputation mondiale ». La gestion et la protection de ce milieu exceptionnel suscitent néanmoins des difficultés. Des problèmes sont régulièrement soulevés, qui mettent en avant certaines situations qui pourraient trouver leur solution dans l’établissement d’un statut de Parc national. Il s’agirait, dans un premier temps, de veiller au respect des règles de protection existantes. De nombreux statuts de protection sont aujourd’hui en vigueur sur le massif (annexe 4). Certains estiment que la mise en oeuvre par l’ONF et les divers organismes ad hoc des règles de protection existantes peut être considérée comme satisfaisante, la création d’un Parc national pouvant, selon eux, briser un équilibre qui a été long à trouver, en ajoutant seulement une structure de plus. D’autres, à l’inverse, jugent que les moyens mis en oeuvre aujourd’hui pour la protection du massif ne suffisent pas pour faire respecter les règles de protection existantes, qu’ils considèrent dans certains cas inadaptées, et que la création d’un Parc national pourrait mobiliser des moyens supplémentaires. Hormis la majorité des membres du Collège des Usagers, un consensus s’est établi au sein du Comité de pilotage, sur le fait que l’instauration d’un Parc national donnerait une cohérence aux dispositifs existants, et pourrait améliorer leur coordination et leurs conditions d’application. De plus, des évolutions sont à prévoir, notamment du fait du réchauffement climatique, qui nécessiteront la mise en place de dispositifs adaptés. Concernant le périmètre d’un éventuel Parc national, chacun s’accorde à dire que l’aire d’adhésion devrait être la plus étendue possible, tandis que la zone cœur se limiterait à une partie du massif, et non à sa totalité, et serait articulée autour des réserves biologiques existantes. Au-delà de cette position de principe, le Comité de pilotage a pris la décision de ne pas examiner les options techniques de périmètre ou de réglementation, qui relèveront du Groupement d’Intérêt Public, s’il est décidé de le mettre en place. D’autre part, l’amélioration de la gestion des flux routiers est une des conditions essentielles à l’instauration d’un Parc national sur le massif forestier de Fontainebleau. Les membres du Comité de pilotage s’accordent sur le fait que la traversée du massif par trois infrastructures routières 5 importantes, empruntées par un nombre très important de poids lourds, est une source de problèmes pour la connectivité des milieux naturels, la circulation des espèces sauvages, et la pratique des activités sportives et récréatives. Certains estiment que le coût considérable des infrastructures nécessaires pour apporter des solutions viables et pertinentes les rend irréalistes, en l’état actuel des finances publiques. D’autres, en revanche, espèrent que la mise à disposition de ressources financières supplémentaires et l’appropriation accrue du territoire par les acteurs locaux, permettront d’envisager des projets qui sont aujourd’hui hors de portée. Un consensus s’est établi sur le fait qu’un éventuel Parc national ne pourrait pas faire l’économie d’une réflexion ambitieuse autour de cette question, afin d’y apporter des réponses nouvelles et proportionnées, incluant les questions liées à la réglementation de ces flux (limitations de vitesse, report de péages…). Mais les améliorations possibles immédiatement ne doivent pas être différées. Les services départementaux sont ainsi mobilisés sur le massif de Fontainebleau. Ils ont poursuivi les aménagements de sécurisation initiés par l'Etat sur le réseau routier : carrefours giratoires (sur les RD606, RD607, RD137 et RD138), réduction de voies, ou encore limitation de la vitesse sur des tronçons de routes. B. Le contexte social et économique. La présence et la participation de nombreux usagers du massif de Fontainebleau au sein du Comité de pilotage « Fontainebleau Parc national » démontrent l’importance de la fonction sociale du massif. Les usages sont une partie extrêmement importante dans l’histoire du patrimoine et de la valeur du massif. En aucun cas l’établissement d’un Parc national ne serait synonyme d’une mise sous cloche de la forêt. Chacun s’accorde à dire que le massif de Fontainebleau est un terrain d’exception. Le massif est aussi un patrimoine culturel exceptionnel, résultat d’une construction historique. Le statut de Parc national serait un des outils pertinents pour permettre d’assurer sa gestion et sa protection. Le classement en Parc national est incontestablement l’un des plus prestigieux internationalement, même si ce n’est pas le seul. De fait, l’Association des Amis de la Forêt de Fontainebleau suggère que le massif forestier soit classé au titre de Patrimoine mondial de l’UNESCO, en accompagnement du classement, déjà acquis, du château. C’est une ambition légitime. Elle sera examinée sans aucun doute avec une attention particulière par les instances nationales et internationales, la liste d’attente des dossiers d’ores et déjà présentés par la France étant déjà relativement longue. Le classement du massif en Parc national serait un argument de poids en faveur du dossier de candidature. Il témoignerait que l’Etat prend tous les moyens à sa disposition pour conserver les valeurs qui lui paraissent justifier l’octroi du label « UNESCO ». Il donnerait en effet, de ce fait, des gages sur la protection à long terme du massif. Certains s’inquiètent du fait que la notoriété accrue du territoire dans le cadre d’un Parc national pourrait poser des problèmes, en termes de gestion des flux touristiques. Créer un Parc national augmenterait pour eux immanquablement la fréquentation alors que celle-ci a déjà atteint un niveau critique. On prendrait alors le risque à leurs yeux de faire de la forêt une « base de loisirs géante », et d’aboutir, à l’inverse de l’objectif recherché, à la destruction d’un milieu naturel 6 d’exception. Au contraire, d’autres affirment que le label de Parc national est le seul à être adapté au territoire d’exception qu’est la forêt de Fontainebleau. De plus, le massif est déjà un site mondialement connu. La fréquentation du massif est déjà de 17 à 20 millions de visites par an (selon les estimations de l’Office National des Forêts). Elle est en forte augmentation depuis des décennies : le nombre des Franciliens qui se rendent dans les forêts de la région ouvertes au public s'est ainsi accru de 30% en 30 ans. La poursuite de cette augmentation est inéluctable, ne serait-ce que compte tenu des perspectives de croissance de la population régionale. En revanche, ce label d’excellence pourrait susciter chez les visiteurs des comportements plus respectueux. La sensibilisation du public pourrait notamment être mieux assurée par les membres du personnel du Parc. Et les moyens supplémentaires mis en oeuvre dans le cadre d’un Parc national pourraient permettre de mieux faire face à l’afflux des visiteurs. Le statut de Parc national sur le massif de Fontainebleau pourrait permettre, selon la majorité des membres du Comité, de mieux en gérer la fréquentation. En la matière, des améliorations sont possibles, notamment du fait de la mobilisation de moyens financiers et humains supplémentaires. D’autre part, les membres du Comité de pilotage s’accordent à dire, en se fondant sur l’exemple d’autres Parcs nationaux français et étrangers, que les pratiques actuelles resteront possibles, mieux encadrées, et pour certaines encouragées. Pour autant, il peut y avoir des conflits entre usages, des risques de débordement ou des nuisances avérées qui devront de toutes manières être considérés. Les usages trop intensifs peuvent constituer une menace pour le milieu, menace qui, in fine, constitue un grave désagrément pour les usagers eux-mêmes (les rochers et les sentiers trop utilisés se dégradent, jusqu’à devenir parfois impraticables, par exemple). La question prioritaire de l’érosion devra ainsi être traitée. Chacun s’accorde également sur le fait que la grande majorité des usagers du massif n’est pas encadrée : le besoin de dispositifs pédagogiques adaptés est donc indéniable. Les activités militaires devront également être intégrées à la réflexion. Il est évident pour le Comité de pilotage que le Parc national devra, sous peine d’être sans objet et sans justification, être à même de résoudre les problèmes évoqués, comme la surfréquentation, l’érosion ou encore les conflits sur l’utilisation des espaces, et en particulier des sentiers. Enfin, la question de l’économie du bois, aspect essentiel de la forêt de Fontainebleau, devra être abordée. La forêt de Fontainebleau correspond en effet à 5 à 6 millions de recettes annuelles liées au bois avec une richesse importante : le chêne à grains fins. Cela ne s’oppose pas en principe à la création d’un Parc national. C. Le contexte politique et juridique. 1. La loi du 14 avril 2006. Les élus, et avec eux la majorité des membres du Comité de pilotage, sont convaincus que la mise en place d’un Parc national sur le massif forestier de Fontainebleau peut être un véritable projet de territoire, porté en concertation par tous les acteurs locaux. La loi de 2006 a créé un contexte nouveau, en renforçant le rôle des élus locaux dans l’initiative et la gouvernance. Cela justifie que les positions aient pu évoluer depuis les démarches précédentes. Pour la première fois dans les délibérations autour d’un possible Parc national sur le massif, il y a un large consensus des élus 7 locaux, du fait notamment des évolutions dues à la loi de 2006 et des aspirations nouvelles de la société. Les communes ont explicitement exprimé leur volonté de s’engager sur des domaines posant problème, comme la sécurité routière, selon une démarche politique de recherche de l’intérêt général. Certains membres affirment cependant que la loi du 14 avril 2006 ne change qu’en façade la gouvernance des Parcs nationaux. Ils précisent que l’Etablissement Public du Parc, maintenu sous la tutelle de l’Etat, et essentiellement financé par lui, serait de facto soumis à des normes internationales de plus en plus contraignantes en matière de protection du milieu. La création d’un Parc national pourrait alors selon eux correspondre à un abandon de souveraineté des acteurs locaux. D’autres leur répondent que les acteurs locaux sont désormais majoritaires au sein de l’Etablissement Public du Parc. Le directeur du Parc national est certes nommé par le ministre de tutelle, mais sur proposition des acteurs locaux. En ce sens, la création d’un Parc national constitue pour ces acteurs locaux une formidable opportunité de définir eux-mêmes ce qu’ils souhaitent pour leur territoire (annexe 13). Enfin, l’intégration des associations, des professionnels concernés, et de toutes les communes environnantes à la rédaction d’une charte permettra d’élaborer un projet de territoire cohérent à l’échelle du massif. Chacun s’accorde par ailleurs à dire que la gestion d’un éventuel Parc national devrait s’appuyer largement sur l’ONF, qui a fait ses preuves dans la gestion de la forêt de Fontainebleau. Le massif de Fontainebleau est en effet un espace qui nécessite une gestion forestière active. La mise en place d’un Groupement d’Intérêt Public, si elle est décidée, n’engage pas ses membres de manière définitive. Le processus est bien entendu réversible (annexe 14). 2. Le Parc naturel régional du Gâtinais français et le projet de Parc naturel régional du Bocage gâtinais. La proximité du Parc naturel régional du Gâtinais français et le projet de Parc naturel régional du Bocage gâtinais ne constituent pas un obstacle à l’établissement du statut de Parc national sur le massif de Fontainebleau. En effet, les Parcs nationaux et les Parcs naturels régionaux sont deux outils distincts de protection du territoire. Ils diffèrent dans leur processus de création, ainsi que dans leurs démarches. Si les textes réglementaires interdisent toute superposition géographique, les Parcs nationaux et les Parcs naturels régionaux n’entrent néanmoins pas dans une logique de concurrence. Au contraire, ils se rejoignent dans leur volonté commune de préservation du patrimoine. Les exemples français de synergie entre un Parc national et un Parc naturel régional, ne manquent pas. Ainsi, neuf parcs naturels régionaux et le Parc national des Cévennes ont créé en 2000 une association, l’IPAMAC1 (InterPArcs du Massif-Central), qui a pour objectif le développement économique et social de l’ensemble des territoires protégés concernés. Ses actions sont financées par les parcs qui en sont membres, et sont soutenues par l’Etat, au titre de la Convention Interrégionale du Massif-Central, ainsi que par l’Europe, au titre du programme Leader +. Les espaces naturels protégés étant perçus aujourd'hui comme des destinations de grande qualité environnementale, le tourisme est pour les Parcs naturels une opportunité de développement. Ils ont ainsi engagé la promotion d’un 1 http://www.parcs-massif-central.com/ 8 tourisme durable, économiquement viable, qui respecte et préserve les ressources naturelles, culturelles et sociales. En 2002, les Parcs naturels du Massif-Central ont ainsi signé la « Charte européenne du tourisme durable dans les espaces protégés ». Les séjours touristiques des Parcs naturels du Massif-Central s'appuient sur des valeurs fortes, comme la qualité environnementale, ou encore l’éco-citoyenneté. Ils s’engagent de ce fait à promouvoir des comportements responsables. De plus, depuis 2006, les dix parcs naturels de l’IPAMAC établissent une cartographie des continuums écologiques sur le territoire du Massif-Central, afin d’établir des bases communes de connaissance, et donc de valorisation de la trame écologique du Massif-Central, au sein de la trame verte et bleue nationale. Cela permettra, à terme, d’évaluer l’impact de phénomènes tels que les changements climatiques. Les parcs naturels sont soutenus en ce sens par les conservatoires d’espaces naturels, ainsi que par leurs partenaires institutionnels, à savoir le Commissariat du Massif-Central et les DIREN. Le Parc National des Pyrénées et les Parcs naturels régionaux des Pyrénées ariégeoises et des Pyrénées catalanes ont également mutualisé leurs compétences. Afin de les encourager à travailler en concertation le Commissaire de Massif a affecté prioritairement les crédits aux actions concertées. La relance de la filière bois constitue ainsi une action collective, avec la labellisation du pin à crochet, et la mise en œuvre de nouvelles technologies de stockage, de séchage, et de traitement du bois. Pour Raymond Trilles, Vice-président du parc naturel des Pyrénées catalanes « il faut avoir une cohérence de massif. (…) Cette concertation, cet échange, ce travail en commun va permettre d'être plus efficace»2. II. Est-il possible, utile et souhaitable de poursuivre la démarche vers un Parc national dans le massif de Fontainebleau ? A. Un Parc national à Fontainebleau : est-ce possible ? Personne, au sein du Comité de pilotage, ne conteste le fait que le massif de Fontainebleau possède les qualités justifiant son classement en Parc national, telles qu’elles sont définies dans l'article L. 331-1 du Code de l'Environnement : "Un parc national peut être créé à partir d'espaces terrestres ou maritimes, lorsque le milieu naturel, particulièrement la faune, la flore, le sol, le soussol, l'atmosphère et les eaux, les paysages et, le cas échéant, le patrimoine culturel qu'ils comportent présentent un intérêt spécial et qu'il importe d'en assurer la protection en les préservant des dégradations et des atteintes susceptibles d'en altérer la diversité, la composition, l'aspect et l'évolution". Concernant la compatibilité du classement en Parc national avec les infrastructures routières et ferroviaires existantes sur le massif de Fontainebleau, le Code de l'Environnement ne prévoit aucune disposition spécifique. D’une manière générale, ces infrastructures sont considérées comme inévitables dans la région Ile-de-France. Leur impact écologique pourrait être réduit grâce à la 2 http://villagesducapcir.blogs.lindependant.com/archive/2010/06/07/les-parcs-des-pyrenees-en-faveur-d-undeveloppement-du-massi.html 9 création du Parc, qui disposerait de moyens financiers supplémentaires, et pourrait proposer des mesures nouvelles. Un grand nombre d’activités sont pratiquées sur le massif, et chacune d’entre elles peut apparaître comme perturbatrice : pollution chimique, productions de déchets, érosion, surfréquentation, piétinement, prélèvements sauvages, etc. Néanmoins, le constat est le même dans les Parcs nationaux existants. Le GIP des Calanques a démontré que le tourisme et la proximité des agglomérations ont engendré des pressions multiples et intenses sur son territoire. Le site classé des Calanques est un des lieux les plus visités de France, avec plus de 1,3 million de visiteurs par an sur 7 200 hectares. La croissance de la fréquentation s’est ainsi traduite par l’érosion du sol, la régression de l’herbier de posidonie, ou encore la pollution de l’eau. Le classement du site des Calanques en Parc national est cependant en cours. D’autre part, si certaines activités présentent des inconvénients ou des perturbations du milieu avérés, le Parc national apparaît comme une solution nouvelle. Une des seules conditions posées par les élus et les associations est qu’il n’y ait pas de contraintes nouvelles pour le public et les usagers du massif. Ces inquiétudes avaient constitué la principale pierre d’achoppement des précédents débats autour de l’établissement du statut de Parc national sur le massif. Un Parc national sur le massif forestier de Fontainebleau est compatible avec la continuité des activités traditionnelles. Les règles et le mode de gouvernance ne représentent pas un obstacle à leur poursuite. Le décret de création et la charte fixent en effet, dans la zone cœur, les conditions dans lesquelles les activités existantes peuvent être maintenues. La loi de 2006 démontre la compatibilité du statut du Parc avec ces activités, et non l’intention d’imposer des contraintes nouvelles, qui ne seraient en rien justifiées. L'article L. 331-4-1 du Code de l'Environnement n’impose pas une réglementation générale et absolue mais au contraire une réglementation adaptée : « La réglementation du parc national et la charte prévues par l'article L. 331-2 peuvent, dans le cœur du parc : 1° Fixer les conditions dans lesquelles les activités existantes peuvent être maintenues ; 2° Soumettre à un régime particulier et, le cas échéant, interdire la chasse et la pêche, les activités commerciales, l'extraction des matériaux non concessibles, l'utilisation des eaux, la circulation du public quel que soit le moyen emprunté, le survol du cœur du parc à une hauteur inférieure à 1 000 mètres du sol, toute action susceptible de nuire au développement naturel de la faune et de la flore et, plus généralement, d'altérer le caractère du parc national. Elles réglementent en outre l'exercice des activités agricoles, pastorales ou forestières ». La pratique réglementaire actuelle des Parcs nationaux est de fait relativement libre. Dans le cas du Parc de la Guadeloupe3, dont le décret de création a été mis en conformité avec la loi de 2006, les activités agricoles existantes à la date de publication du décret et régulièrement exercées, et les activités artisanales et commerciales existantes, ou prévues au programme d’aménagement, sont autorisées. En ce qui concerne la régulation de la faune sauvage par exemple, l'article 9 du décret de création du Parc national des Cévennes, modifié après la loi de 2006, permet les activités 3 http://www.guadeloupe-parcnational.fr/site.html 10 cynégétiques. D’autre part, dans la situation particulière du massif de Fontainebleau, on ne peut se priver de cette régulation, en l’absence de grands prédateurs, et au regard des risques pour la circulation routière. Par ailleurs, la réglementation du Parc national ne changera rien à la situation de la cueillette des champignons ou de fleurs puisque les articles R. 331-1 et R. 331-2 du Code forestier, l'interdisent dans tous les bois et forêts de France. Plus généralement, les conditions dans lesquelles s’appliqueraient à la situation particulière du massif de Fontainebleau les dispositions législatives et réglementaires générales relatives aux parcs nationaux seraient nécessairement adaptées. Ainsi, le statut de forêt de protection, qui aurait permis des dispositions réglementaires très contraignantes, allant jusqu’à l’interdiction de la fréquentation a-t-il été appliqué avec discernement, et dans des conditions qui ne sont pas discutées. En outre, des contraintes sur les usages, largement acceptées, existent déjà dans les réserves. Si le GIP est créé, il lui appartiendra de dessiner les contours du dispositif spécifique à Fontainebleau. En outre, si le projet de charte du Parc national est élaboré par l’établissement public, il est transmis pour avis aux collectivités territoriales intéressées et à leurs groupements. Elles sont invitées à concourir à la mise en oeuvre de la charte à laquelle elles ont souscrit, et cette politique partenariale ne se limite pas aux seules collectivités. L'Etablissement public du Parc national peut également proposer à d'autres personnes morales de droit public de s'associer à l'application de la charte, par la signature d'une convention. Enfin, dans le cadre d'un projet contribuant à la mise en oeuvre de la charte, des contrats de partenariat peuvent être conclus entre l'Etablissement public et des personnes morales de droit privé. En somme, aucun argument juridique ne s’oppose, a priori, à la mise en place d’un statut de Parc national sur le massif de Fontainebleau. B. Un Parc national à Fontainebleau : est-ce utile ? Le massif de Fontainebleau remplit trois fonctions importantes : une fonction environnementale de préservation de la biodiversité, une fonction sociale, du fait des usages sportifs, culturels et de loisirs, et une fonction économique, de tourisme et de production de bois. Ces pratiques telles qu’elles sont menées actuellement à Fontainebleau ne remettent pas en cause la fonctionnalité écologique du massif. La création d’un Parc national pourrait, au contraire, permettre d’améliorer la compatibilité des ces trois fonctions. Un Parc national sur le massif forestier permettrait tout d’abord de coordonner les régimes de protection, actuellement superposés et sans grande cohésion. Aujourd’hui, la gestion et la gouvernance du massif ne peuvent être assurées de manière cohérente. La multiplicité des comités, officiels ou non (Comité scientifique et des usagers de la forêt de protection, Comité de pilotage Natura 2000, Comité des réserves biologiques, Comité forêt-patrimoine, etc.), témoigne de la difficulté, malgré la bonne volonté et l’efficacité de l’ONF réduit à ses propres forces, de coordonner la gestion du massif. Le statut de Parc national permettrait, en y associant les collectivités locales, d’homogénéiser la surveillance et la coordination dans ce domaine des différents services de l’Etat, et d’assurer la 11 représentation de l'ensemble des acteurs, grâce notamment au Conseil d'administration du Parc national. Celui-ci est composé de représentants de l'État, de représentants des collectivités territoriales intéressées et de leurs groupements, d'un représentant du personnel ainsi que de membres choisis pour partie pour leur compétence nationale et pour l'autre partie pour leur compétence locale dans les domaines d'activité du Parc national. Le Conseil d'administration est en outre assisté par un Conseil scientifique, qui apporte son expertise sur les inventaires, les études et recherches, et d’un Conseil économique, social et culturel, composé de représentants d'organismes, d'associations et de personnalités, qui, en raison de leur objet ou de leur qualité, participent à l'activité économique, sociale et culturelle dans le Parc ou concourent à la vie locale, ainsi que des représentants des habitants et des usagers du Parc. Les moyens financiers spécifiques affectés au Parc national peuvent permettre, d’autre part, d’accomplir dans de meilleures conditions les tâches d'accueil, d'information et de gestion du public. Les moyens financiers actuels, au regard de l'importance de la fréquentation du massif, sont insuffisants pour réaliser un travail cohérent et complet de prévention, d'information et d'éducation. Comme cela se passe dans les parcs nationaux existants, le Parc pourrait en outre démultiplier son action en organisant l’intervention, par convention assortie d’une charte de bonne conduite, d’agents privés qui dispenseraient auprès de leurs clients ou membres une information agréée par le Parc. Cela est d’autant plus important que la fréquentation de la forêt de Fontainebleau, qui est, selon une étude du CREDOC (annexe 10), la « forêt la plus attractive de l'Ile-de-France » est, comme mentionné plus haut, amenée à augmenter en toute hypothèse. Il paraît nécessaire d’anticiper l’augmentation de la fréquentation sur ce territoire fragile, qui va être de plus en plus sollicité. Des mesures doivent indubitablement être prises pour protéger ce milieu d’exception. Une étude complète, que seul le Groupement d'Intérêt Public pourrait réaliser, devrait permettre de déterminer quelles activités, compatibles avec la protection du site, peuvent justifier des mesures réglementaires particulières. Dans la zone cœur, le maintien des activités de loisirs existantes sera soumis à la condition que ces activités continueront à être exercées dans les mêmes circonstances qu’aujourd’hui, afin que le massif de Fontainebleau ne connaisse pas de nuisances aggravées. Dans les Parcs nationaux existants, la pratique des activités de montagne, par exemple, est maintenue et se développe normalement. Selon le Collège des Naturalistes et des Scientifiques, la zone cœur du Parc national de Fontainebleau pourrait être polynucléaire, avec des continuités écologiques entre ses différents noyaux. L’architecture du Parc national pourrait donc selon eux être élaborée autour des trois zones suivantes : une zone de réserves polynucléaires consacrée à la préservation de la biodiversité, au sein d’une zone cœur polynucléaire dans laquelle cette préservation restera un objectif essentiel, mais dont la valorisation sera utilisée à des fins touristiques, paysagères et même économiques, et une aire d’adhésion, dont la gouvernance devra s’appuyer sur les concepts du développement durable, selon des enjeux écologiques, économiques et sociaux. 12 C. Un Parc national à Fontainebleau : est-ce souhaitable ? Les caractéristiques propres au massif de Fontainebleau, son exceptionnelle richesse écologique, son aura internationale, mais aussi son caractère périurbain et son attrait touristique, justifient l’intégration du projet dans une stratégie globale en faveur de la biodiversité. Au niveau international, une telle initiative serait très favorablement accueillie. L’importance écologique et le renom de la forêt de Fontainebleau, sa place dans l’histoire de la conservation du patrimoine naturel et culturel, les souhaits exprimés depuis longtemps par l’UICN en témoignent. Un Parc national à Fontainebleau s’inscrirait dans les perspectives les plus modernes de création d’aires protégées. Ainsi, le manifeste dit « de Séville »4, publié par les gestionnaires des parcs périurbains européens, en mai 2010, fait état des nouvelles politiques actives de préservation, de reconquête et mise en valeur des espaces naturels situés dans la périphérie immédiate des métropoles européennes. Les collectivités territoriales urbaines sont désormais parties prenantes dans la lutte contre la perte de biodiversité comme elles le sont en matière de changement climatique. L’Andalousie a ainsi permis une collaboration entre le Ministère de l’environnement et le Ministère des Travaux Publics et de l’Habitat en matière de planification stratégique, afin de développer, aux portes des villes, un réseau d’espaces naturels, de Parcs et de forêts protégés. Lors de sa participation au Congrès Mondial de la Nature de Barcelone, en 2008, FEDENATUR, qui regroupe des organismes gestionnaires d’espaces naturels protégés soutenus par des autorités locales ou régionales, et qui milite pour des parcs naturels périurbains, a réclamé pour les habitants des villes le droit de jouir des services environnementaux, sociaux et économiques fournis par la nature préservée. Elle a souligné l’intérêt de les intégrer dans les politiques publiques, de les valoriser et de les sauvegarder Cette nouvelle vision justifie l’intérêt de concilier les exigences du label « Parc national » et les activités humaines dans une zone périurbaine comme celle de Fontainebleau. Au niveau national, toutes les grandes associations de conservation de la nature, ainsi que les organismes scientifiques, soutiennent aujourd’hui la démarche à l’œuvre à Fontainebleau. Les réticences qui s’étaient exprimées il y a une dizaine d’années, dans un contexte différent, de la part de certains d’entre eux sont aujourd’hui entièrement levées. Alors que les conclusions du Grenelle préconisent le doublement de la superficie du territoire national faisant l’objet de mesures de protection forte, et qu’une stratégie nationale est en cours d’élaboration pour y parvenir, un projet comme celui de Fontainebleau prend tout son sens, s’il est vrai que les critères de valeur et de représentativité écologique doivent être mieux pris en compte. Même si la priorité est mise, en ce qui concerne les milieux forestiers, sur le classement d’un massif entre Bourgogne et Champagne, le projet de Fontainebleau peut parfaitement prendre rang pour la suite. La secrétaire d’Etat chargée de l’écologie et ses services ont d’ailleurs exprimé leur intérêt pour la démarche en cours, tout en insistant sur le chemin restant à parcourir pour achever de les convaincre (annexe 37). 4 Le manifeste de Séville est disponible sur ce site : http://www.fedenatur.org/docs/news/64.pdf. 13 Au niveau régional et local, enfin, si des réticences parfois fortes sont encore exprimées par plusieurs organisations d’usagers, les élus du territoire et les agents économiques expriment au contraire leur souhait très vif de voir la démarche se poursuivre. Pour eux en effet, un Parc national sur le massif de Fontainebleau s’inscrirait de manière tout à fait cohérente dans un projet de développement local. Les schémas d’aménagement régionaux actuellement appliqués ou en projet (Schéma Directeur de la Région Ile-de-France, Grand Paris) insistent sur l’importance de doter la région capitale d’une trame verte et bleue, pour en faire la première éco-région d’Europe. Un Parc national sur le massif forestier permettrait de mettre en relation, de corréler l’attractivité du territoire, et les thématiques environnementales. La Ville de Fontainebleau est reconnue pour son attractivité touristique, en regard notamment de la diversité de son patrimoine. Le château et la forêt de Fontainebleau attirent respectivement 300 000 et 17 millions de visiteurs chaque année. Le château de Fontainebleau est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1981, et l’extension de ce classement à la forêt est vivement souhaitée. D’autre part la Ville de Fontainebleau a mis en œuvre de multiples projets s’incarnant dans un projet de territoire durable, au sein de la région Ile-de-France (annexe 16). 14 Conclusion Les travaux du Comité de pilotage mis en place à l’initiative de Frédéric VALLETOUX, maire de Fontainebleau, se sont achevés, dans un climat très ouvert et très constructif dont chacun doit être ici remercié. Personne, au sein de ce comité, ne s’oppose plus à ce que la démarche de réflexion se poursuive, même si des opinions divergentes parfois tranchées sur l’intérêt et l’opportunité de la réalisation d’un Parc national, dont il a été rendu compte dans la première partie de cette note, ont été émises par certains de ses membres. Les nouvelles dispositions législatives, l’évolution des concepts internationaux, l’adhésion des élus au projet, conduisent aujourd’hui à des conclusions différentes de celles tirées lorsque la question avait été posée il y a une dizaine d’années. Il est possible d’envisager le classement du massif de Fontainebleau comme Parc national. Même si la forêt bénéficie déjà aujourd’hui de nombreuses mesures de protection, et si sa gestion domaniale apporte des garanties, il serait utile de mieux coordonner, de mieux valoriser ces mesures, d’en rendre l’application plus efficace et mieux comprise. Il serait utile aussi de mieux organiser la fréquentation du massif, qui devrait continuer à croître fortement. Un Parc national serait à même, par son statut, sa gouvernance, les moyens qu’il mettrait en place, de remplir ces fonctions. Enfin, les élus du territoire, et avec eux de nombreux acteurs économiques et sociaux, expriment aujourd’hui le souhait que la démarche se poursuive, et puisse aboutir. Ils rejoignent ainsi l’opinion internationale, et les conclusions du Grenelle de l’environnement. Il nous apparaît donc à la fois possible, utile et souhaitable de poursuivre la démarche engagée, et de constituer sans attendre le Groupement d’intérêt public qui en constitue l’étape suivante. 15 Liste des annexes Annexe 1 : Tableau de Composition des Collèges Annexe 2 : Diagnostic écologique du Massif de Fontainebleau page 23 Annexe 3 : Proposition d’inventaire des habitats naturels page 27 Annexe 4 : Classification des Statuts de protection en vigueur sur le massif page 45 Annexe 5 : Présentation de l’association des Maisons du Bornage page 60 Annexe 6 : Conseil Général de Seine-et-Marne, Contrat de projet Fontainebleau Forêt Patrimoine page 19 page 61 Annexe 7 : Rapport DORST page 69 Annexe 8 : Rapport UNTERMAIER page 78 Annexe 9 : Rapport GLASS page 89 Annexe 10: La fréquentation des forêts publiques en Ile-de-France page 96 Annexe 11 : Résolution de l’UICN de 2003 page 106 Annexe 12 : Note de cadrage du Comité de pilotage « Fontainebleau Parc national » page 109 Annexe 13 : Les modalités de gouvernance au sein des Parcs nationaux français page 112 Annexe 14 : Les modalités de création d’un Groupement d’Intérêt Public page 114 Annexe 15 : Le syndicat mixte d’aménagement et de gestion du Parc naturel régional du Gâtinais français page 118 Annexe 16 : Les démarches environnementales engagées par la Ville de Fontainebleau page 119 Annexe 17 : Des exemples de Parcs nationaux périurbains page 120 16 Ensemble des contributions reçues durant les travaux du Comité de pilotage : Collège des Usagers : Annexe 18 : Contribution des Amis de la Forêt de Fontainebleau Annexe 19 : Avis des Amis de la Forêt de Fontainebleau sur les garanties et conditions pour la page 122 création d’un Parc national page 129 Annexe 20 : Position du Club Alpin de Fontainebleau page 131 Annexe 21 : Informations transmises par le Club Alpin de Fontainebleau page 135 Annexe 22 : Position des principales associations représentant l’escalade page 139 Annexe 23 : Contribution de Jean-Yves BOURGEOIS, Président du Comité départemental de Cyclotourisme de Seine-et-Marne page 142 Annexe 24 : Contribution de l’association Mountain Bikers Foundation page 143 Annexe 25 : Contribution du Club Sportif Balise77 page 146 Annexe 26 : Contribution de l’association des Sylvains Randonneurs page 148 Annexe 27 : Contribution de l’association Du caractère pour Bourron-Marlotte page 149 Annexe 28 : Compte-rendu de la deuxième réunion du Collège page 151 Annexe 29 : Contribution du Comité Départemental de la Fédération Française de la Montagne et de l'escalade de Seine et Marne page 156 Annexe 30 : Motion finale du Collège des usagers page 157 Collège des Naturalistes et des Scientifiques : Annexe 31 : Contribution de l’ensemble des membres du Collège Annexe 32 : Contribution de Monsieur Nougarède, page 161 17 Les racines des conflits bellifontains page 167 Annexe 33 : Contribution de Messieurs Siblet, Tournafond et Bricker page 195 Collège Economie et Tourisme : Annexe 34 : Relevé de conclusions de la deuxième réunion du Collège Annexe 35 : Eléments portant sur la mise en conformité des activités des personnes morales page 205 de droit privé se trouvant dans le périmètre du parc et le règlement du parc, selon l’exemple du GIP des Calanques page 208 Annexe 36 : Annexe 4 au pré-projet de charte du GIP des Calanques, MARcœur 40 relatives aux activités commerciales et artisanales page 211 Annexe 37 : Activités touristiques dans les Parcs nationaux page 213 Collège des Elus : Annexe 38 : Délibération de la Commune de la Rochette Annexe 39 : Courriers de Monsieur Frédéric Valletoux et de Madame Chantal Jouanno, page 215 Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie page 220 Annexe 40 : Relevé d’intentions issu de la dernière réunion du Collège des élus page 223 Annexe 41 : Courrier de Monsieur J.J Boussaingault, Président du PNR du Gâtinais français, à Frédéric Valletoux, Maire de Fontainebleau page 224 Ensemble des relevés de conclusions des séances plénières du Comité de pilotage, ainsi que des réunions du Comité directeur : Annexe 42 : Relevé de conclusions de la première séance plénière du Comité de pilotage page 225 Annexe 43 : Relevé de conclusions de la première séance du Comité directeur Annexe 44 : Relevé de conclusions de la deuxième séance plénière du Comité de pilotage et du Comité directeur. page 230 page 232 18 Tableau de composition des Collèges ANNEXE 1 : Collège Elus NOM Prénom Fonction Organisme BLANT Alain Ville de Veneux-les-Sablons Maire-adjoint BOIXIERE BOUCHER Jean-Claude Evelyne Ville de Grez-sur-Loing Ville d’Avon Maire BOURLOT Jean-Pierre Ville de Grez-sur-Loing Maire-adjoint BOUSSAINGAULT Jean-Jacques PNR du Gâtinais français Président DELPORTE DEY Nicole Jean Ville de Bois-le-Roi Conseil général 77 Maire GUILMAULTFANCHINI HUGOT Emmanuelle PNR du Gâtinais français Directrice Odette Communauté de communes Fontainebleau-Avon Présidente LAPREE Jean-Christophe Ville de Fontainebleau Maire-adjoint LE POULAIN Jean-Pierre Ville d’Avon Maire LE QUELLENEC Corinne Ville de Bois-le-Roi Maire-adjointe LECLERCQ Thierry Ville de Bois-le-Roi Conseiller municipal LUCAN Jean Ville de Grez-sur-Loing Maire-adjoint MAROTTE Pascal Ville de Moret-sur-Loing Maire-adjoint MONCHECOURT Sylvie Ville de Montigny-sur-Loing Maire MORISSEAU PINçON Claude Dominique Ville de Montigny-sur-Loing Ville de Bourron-Marlotte Premier adjoint SEPTIERS THOMA Patrick Cédric Ville de Morêt-sur-Loing Ville de Fontainebleau Maire TRIOLET Catherine Ville de Recloses Maire Service environnement Vice-président Conseillère municipale Conseiller municipal 19 VILGRAIN VALLETOUX Juliette Frédéric Ville de Bourron-Marlotte Ville de Fontainebleau Maire VELLER Alain Ville de Nangis Maire-adjoint honoraire - Conseiller municipal YVROUD Pierre Ville de La Rochette Maire Maire - Conseiller régional Collège Naturalistes et Scientifiques NOM Prénom Organisme Fonction BRUNEAU DE MIRE Philippe DHERISSARD Guillaume Société Nationale de Protection de la Nature Sol et Civilisation Administrateur Directeur LAGARDE LOISON Claude Odile ONF Université Paris Diderot Paris VII LUX Stéphanie Natureparif Responsable de la gestion des milieux naturels Responsable de site de la Station Ecologique Forestière Directrice NOUGAREDE Olivier Institut National de Recherche Agronomique SIBLET Jean-Philippe Association des Naturalistes de la Vallée du Loing MAHUZIER Sylvain TOURNAFOND TURQUET Président Directeur Olivier Association des Naturalistes de la Vallée du Loing Comité Natura 2000 Président Hubert Nature Environnement 77 vice-président de NE77 Collège Usagers NOM AUDOUARD Yves Prénom C.D.O.S. 77 Organisme Membre du Bureau Fonction AVENAS BOUREAU-TOTH Victor Catherine ONF Club Alpin Fontainebleau Ingénieur de l'agriculture et de l'environnement JAMET Nicolas Association Tri-Aventure 20 BAUCHARD Denis Association des Amis de la forêt de Fontainebleau Président BEAUREGARD Jean-Claude Comité Départemental de la Montagne et de L'Escalade BIELIKOFF Serge Association Du caractère pour Bourron-Marlotte Vice-président Président BOURGEOIS CHAPIROT Jean-Yves Christian Comité Départemental de Cyclotourisme de Seine-et -Marne Club Alpin Fontainebleau Président Président COLAS Stéphane Vélo-club Fontainebleau-Avon Président COURVOISIER Stéphane CDOS77 Responsable sport et nature GERAT Philippe Sylvains Randonneurs Président HUET Francis CD Equitation Secrétaire JUBREAUX LOPEZ Jean Philippe Retraite Sportive Féréopontaine - Comité Départemental de la Retraite Sportive CODERANDO 77 Président Président MELCHIOR Antoine Comité de Défense des Sites et Rochers d'Escalade Président MORIN Marc Association Moutain Bikers Foundation Représentant local MOUNNIER Alain Club Alpin MOURNES ONDET Sylvette Christian Comité Départemental Handisport 77 PAPIN Jean PERSE Philippe Comité Départemental de la Montagne et de l'Escalade de Seine-et-Marne Président BALISE 77 Président POT Claude Comité Départemental de la Fédération Sportive et Culturelle de France Président RORA José CD de Course d'orientation de Seine-et-Marne Président SAINT LOUBERT Jean Association des Amis de la forêt de Fontainebleau Président d’honneur SENECHAL Benoît Club Alpin Fontainebleau Comité directeur MARTIN Jean-Michel Réserve de Biosphère de Fontainebleau Secrétaire Général ORSEL Gérard Comité Départemental de Golf de Seine-et-Marne Président PRIOUX Pierre-François Rallye Tempête - Association Nationale des Chasseurs de Grand Gibier Président - Lieutenant de Louveterie VILLIBORD Alain Comité Départemental de Triathlon de Seine-et-Marne Président Comité Départemental de Tourisme Equestre Présidente Vice-président 21 TAILLEBOIS Maryse C.D.O.S. 77 Vice-présidente TENDRON Gérard Association des Amis de la forêt de Fontainebleau Vice-président BLAND Prénom François ONF Directeur territorial BARADEL Bénédicte Chambre de Commerce et d'industrie de Seine-et-Marne Directrice affaires Institutionnelles CORBIN Olivier Nemorosa Directeur DE LAUBESPIN Leonel Syndicat des Propriétaires privés Forestiers Sylviculteurs Président DOURTHE FLE Rémi Jean-Claude EPIC Fontainebleau-tourisme CDOS 77 Directeur Comité Directeur FRAILE Patricia Ecole des Mines - Délégation de Fontainebleau Chargé de mission environnement développement durable LECCIA Pascal Centre des jeunes dirigeants Président PAVIOT PECHOUX Jean-Pierre Sylvain Chambre des Métiers et de l'artisanat Syndicat National des Professionnels de l'Escalade et du Canyon Directeur secteur économie antenne sud77 Moniteur d'escalade POCHON Patrick Chambre d’agriculture de Seine-et-Marne Collège Economie et Tourisme NOM Organisme Fonction RETAUD-BIANCHINI Corinne Chambre de Commerce et d'industrie de Seine-et-Marne Directrice Commerce Tourisme VALLEE VIRELY Association Connaissance du Gâtinais ONF-Fontainebleau Secrétaire Général Directeur Gérard François : Comité Directeur 22 ANNEXE 2 : Diagnostic écologique du Massif de Fontainebleau *** Philippe Bruneau de Miré L’héritage bellifontain. Le Massif de Fontainebleau présente une biodiversité d’une richesse exceptionnelle, tant par les habitats que par les espèces qui le peuplent. Cette richesse tient à plusieurs facteurs : La situation géographique : Elle est placée à l’exacte limite du domaine atlantique et du domaine continental. A l’ouest la Forêt de Rambouillet se situe franchement dans le domaine atlantique, à l’est la Forêt de Sourdun appartient au domaine continental. Il s’ensuit la juxtaposition d’habitats et de leurs espèces appartenant à l’un et l’autre domaine, cependant parfois moins caractérisés car en limite d’aire, ce qui leur vaut de n’avoir pas toujours été retenus en tant que tels par les documents de la Directive. Cet appauvrissement est compensé par un apport très remarquable d’éléments latéméditerranéens, favorisés par la nature et l’orientation du substrat et par un microclimat particulier. La géomorphologie : Elle a pour origine un empilement de strates géologiques remaniées par l’érosion. Au-dessus d’une base de calcaires et de marnes surtout affleurante au Nord du Massif s’est déposée une puissante assise de sables dits de Fontainebleau partiellement grésifiée en surface sous forme tabulaire et en grande partie recouverte de calcaire lacustre. Une intense érosion pluviale a provoqué une désagrégation partielle de la calotte calcaire et la fracture des tables de grès par entraînement des sables sous-jacents, à l’origine de la formation de chaos rocheux et des sables calcarifères. Ceux-ci ont eux-mêmes été remaniés par une érosion éolienne provoquant des accumulations de sables soufflés siliceux parfois édifiés en dunes et sans doute à l’origine de l’orientation des reliefs. Il s’ensuit une mosaïque de terrains calcaires, d’un colluvium de sables calcarifères, de platières gréseuses imperméables ménageant des mares pluviales, de chaos rocheux et de sables purement siliceux entraînant la conjonction d’une végétation acidiphile et calcicole. Les droits d’usage : En l’absence de points d’eau autres que saisonniers, le massif ne se prêtait guère à l’habitat permanent. Les villages du bornage d’un domaine royal à vocation principalement cynégétique, occupaient des terres pauvres mais bénéficiaient de divers droits dont celui de pacage dans le massif. Il s’ensuit une juxtaposition de zones boisées souvent disposées en étoiles et consacrées en partie à la chasse et de landes ouvertes à la vaine pâture et même à des champs cultivés comme le montre par exemple l’arrière-plan d’une toile de Théodore ROUSSEAU représentant BelleCroix. Ce patchwork bien mis en évidence dans la carte de DE FER a créé une multiplicité d’habitats et d’écotones, conditions particulièrement favorables à la biodiversité. 23 Les grands types de végétation spontanée Il convient d’observer que la végétation subit naturellement des changements constants et ne peut se conserver en l’état que si un facteur externe vient bloquer cette évolution. Ceci dit, d’une manière très schématique, on peut ramener la végétation spontanée à quelques grands types adaptés à la nature du substrat. Les landes graminéennes : C’est essentiellement un milieu pionnier entretenu par la pâture, surtout développé dans des conditions de relative aridité due à la perméabilité des sables mais peuplant aussi les zones marécageuses aux sols superficiels. Il s’agit d’une étape transitoire instable, accessible au reboisement, mais dont l’exemplarité et la richesse du peuplement entomologique et floristique atteste le caractère ancestral. Elle est consacrée par la toponymie « les canches » se référant à la couverture graminéenne. Elle tire sans doute son origine dans une pression importante de pâture liée à une faune sauvage abondante réfugiée dans une zone inculte ayant précédé les fortes implantations humaine du pourtour et dont le relais a été pris par le pâturage principalement ovin. La bruyère : Plus stable que le précédent car moins accessible au reboisement, c’est une formation acidiphile occupant les sables en place ou soufflés plutôt que les calcarifères. Son extension a été assez grande pour donner son nom à la forêt de Bière, mais le piétinement provoqué par une forte fréquentation peut occasionner un retour au stade précédent. Bien que relativement plus pauvre, elle abrite elle aussi une faune originale en constante régression en Europe de l’Ouest. La bétulaie : Elle tend à s’installer en peuplements clairs dans les secteurs principalement de bruyère où elle est parfois supplantée par le Tremble. Tout en hébergeant sa propre faune associée, elle ne semble pas altérer la biodiversité de secteurs plus ouverts mais est particulièrement sensible à l’enrésinement. La chênaie pubescente : Cette formation thermophile originale qui caractérise bien le massif occupe typiquement les versants calcaires exposés au Sud. Mais, à la faveur de sables calcarifères on la rencontre également dans les sols colluviaux plus profonds où le chêne pubescent est plus ou moins introgressé ou associé au chêne sessile. Elle représente alors une étape pionnière de la forêt. C’est également un boisement clair dont les sujets n’atteignent que rarement une grande dimension et qui laisse filtrer la lumière ce qui la rend favorable au maintien d’une faune édaphique. Dans les conditions propices elle prépare à l’installation de la hêtraie. La hêtraie : C’est la forêt climacique typique qui peuple essentiellement l’ensemble du plateau calcaire mais qu’elle déborde largement dans les secteurs de forêt ancienne où elle s’associe au Houx. En versant Nord elle supplante la chênaie pubescente, mais à la différence de cette dernière n’offre qu’un sous-bois très appauvri. Toutefois à Fontainebleau la hêtraie se trouve en limite d’aire, surtout dans la partie occidentale, et n’est que pauvrement représentée dans le Sud Essonne. 24 Effets de l’anthropisation Cette description sommaire, très réductrice, est une approche plus paysagère que scientifique. Elle connaît et ne tient pas compte de multiples variations. Pour un aperçu plus approfondi il faut se reporter à l’ouvrage de Marcel BOURNERIAS sur les groupements végétaux du Bassin parisien, ou sur la liste des habitats de la Directive qui figure en annexe. Cette situation de base a été profondément remaniée par l’homme dès son établissement. Durant la période historique pour des besoins utilitaires, c’est le reboisement en chêne principalement pédonculé qui a affecté les secteurs les plus fertiles du massif. On assiste alors à une compétition incessante entre le hêtre et le chêne qui impose l’intervention de l’homme pour maintenir ce dernier. C’est ce qui a conduit le gestionnaire à pratiquer des coupes rases où le hêtre, essence d’ombre, ne reconquiert que difficilement sa position d’origine tandis que le chêne ne se développe bien qu’en pleine lumière. Une autre introduction, plus récente, a été celle de résineux, plus particulièrement le Pin sylvestre et le Pin maritime, ce dernier dans les terrains pauvres en calcaire. Elle a touché essentiellement les milieux non boisés restés vacants. Celle-ci a débuté surtout dès le Directoire dans le but de lutter contre l’érosion et la formation de dunes provoquées par l’entraînement des régiments de cavalerie, puis s’est amplifiée plus tard pour satisfaire les besoins de l’industrie minière. Affectant principalement les « déserts », elle a donné lieu aux protestations que l’on sait, à l’origine des premières réserves pour des motifs paysagers. Elle s’est accélérée encore après la dernière guerre devant les impératifs de financement du gestionnaire, affectant ainsi la plupart des habitats disponibles. Enfin, l’un des effets des plus dommageables a été le cloisonnement des habitats provoqué par le développement d’un faisceau routier et ferroviaire particulièrement dense, auquel s’ajoute un réseau de sentiers ne ménageant que peu de place à des zones de quiétude pour la grande faune. L’évolution de la biodiversité Grâce à la création des réserves artistiques et biologiques la diversité biologique de la faune aproxylique, d’une exemplarité unique en Europe de l’Ouest, a été préservée à Fontainebleau alors qu’elle se trouvait menacée ailleurs en Ile-de-France dans des forêts en exploitation. Toutefois la faible superficie des surfaces « utiles » ne constitue pas pour autant un gage de pérennité. L’introduction de chênes, souvent inexploités mais protégés sous l’Ancien Régime jusqu’à atteindre le stade de vieilles écorces, a favorisé l’expansion d’une faune de xylophages déjà au moins en grande partie préexistante. Le pin, introduit, a permis l’arrivée d’un nouveau cortège d’espèces qui lui sont associées étudié par MEQUIGNON (Travaux des Naturalistes de l’ANVL) et qui se poursuit encore aujourd’hui. D’autres apports récents semblent être liés à des changements climatiques. L’arrivée de certaines espèces, notamment des oiseaux, en provenance d’Europe centrale ou du bassin méditerranéen pourrait faire penser à un réchauffement au moins estival. Mais on peut aussi l’attribuer à une péjoration de leurs conditions de vie dans leurs habitats d’origine. Chez les insectes on constate 25 de même l’apparition d’espèces méditerranéennes ou sarmatiques, contrebalancée par la disparition d’espèces boréales. Mais la régression a touché également nombre d’espèces d’affinités méditerranéennes, en sorte cette évolution reste ambiguë. Parallèlement l’arrivée des résineux a eu des effets négatifs car leur plantation s’est effectuée aux dépends de surfaces à l’origine peu ou non boisées. Par leur sempervirence ils ont éliminé la végétation naturelle en interdisant au sol toute photosynthèse hivernale ainsi que les germinations printanières. D’autant plus que les pins ont trouvé dans ces mêmes milieux désormais non entretenus par le pacage un terrain propice à une multiplication subspontanée très envahissante. En sorte que, paradoxalement, le seul facteur en dehors des couverts denses limitant spontanément leur expansion a été l’hyperfréquentation de ces mêmes espaces dégagés très recherchés par un public avide de soleil. Il n’est pas surprenant donc, après le départ de l’armée, que certaines espèces ne subsistent plus guère aujourd’hui que dans de telles conditions comme dans les terrains d’entraînement de la gendarmerie. Cette situation inquiétante a été prise en compte par le gestionnaire qui, à la faveur de zones d’intérêt écologique ou des réserves biologiques dirigées, a effectué ponctuellement le contrôle du pin. Ces opérations lourdes qui doivent être renouvelées constamment ne peuvent être supportées par lui seul et exigent des financements particuliers. Mais le mal est fait et le pin s’est implanté jusque dans les réserves biologiques intégrales, stérilisant ainsi des vides de régénération de la forêt naturelle et provoquant une acidification liée aux aiguilles de pin. En outre, en l’absence du piétinement des troupeaux, les sables tendent à s’encroûter en surface de mousses et de lichens qui limitent l’accès et le développement d’une flore et d’une faune arénicoles. Ainsi nombre d’espèces semblent avoir disparu ou sont aujourd’hui cantonnées au bord des routes, dans les parcs de stationnement des voitures, le long des sentiers ou des aires de jeux. Peut-on accepter de renoncer à ce patrimoine hérité d’une période révolue ? L’exemplarité voire l’endémisme de celui-ci pourrait pousser à le sauvegarder. Mais il est clair que son maintien exige des mesures qui s’accordent difficilement avec une sylviculture de rente telle que récemment pratiquée. 26 ANNEXE 3 : Propositions d’inventaire des habitats naturels dans le massif de Fontainebleau par Philippe BRUNEAU de MIRE, CSRPN (rédigées avec le concours de Gérard ARNAL & Olivier JUPILLE (CBNBP)). Dans le cadre de l’inventaire des habitats naturels de l’Union Européenne, le M.E.D.D. a publié une série d’ouvrages intitulé ‘Cahiers d’Habitats’ « visant à faire la synthèse des connaissances, au plan scientifique et au plan de la gestion, de chaque habitat naturel et de chaque espèce figurant aux annexes I et II de la directive ‘Habitats’ ». Ce travail très documenté, destiné à adapter au territoire français le document Eur 15, a malheureusement utilisé pour sa cartographie un maillage départemental où la Seine et Marne, voire l’Essonne, sont dans de nombreux cas représentées par des points d’interrogation ou simplement ignorées. Ceci résulte de leur situation en limite d’aire, à l’articulation d’un secteur atlantique et d’un secteur continental, où l’interprétation des habitats est parfois malaisée. Mais cette situation ambiguë favorise la richesse patrimoniale du massif de Fontainebleau, d’autant que des conditions édaphiques originales (substrat sableux / gréseux) s’ajoutant à un mésoclimat particulier entraînent l’insularité de certains habitats qui revêtent de ce fait un net caractère d’exemplarité. Ainsi, les habitats du massif de Fontainebleau apparaissent-ils parfois imprécis voire sous-évalués dans le document. Il n’est pas inutile, à l’occasion de la préparation des DOCOB, de tenter de passer en revue les habitats naturels présents dans le massif. La fiche Natura 2000 disponible sur internet concernant le massif de Fontainebleau FR 1100795, transmise à l’Union Européenne, indique la présence des habitats suivants (mais sans référence à leurs codes) : Types d’habitats présents : - Landes sèches européennes - Pelouses sèches semi-naturelles et faciès d'embuissonnement sur calcaires (Festuco Brometalia) (sites d'orchidées remarquables) - Hêtraies acidophiles atlantiques à sous-bois à Ilex et parfois à Taxus (Quercion roboripetraeae ou Ilici-Fagenion) - Hêtraies du Asperulo-Fagetum - Pelouses calcaires de sables xériques - Marais calcaires à Cladium mariscus et espèces du Caricion davallianae - Forêts de pentes, éboulis ou ravins du Tilio-Acerion - Lacs eutrophes naturels avec végétation du Magnopotamion ou Hydrocharition - Landes humides atlantiques septentrionales à Erica tetralix - Formations à Juniperus communis sur landes ou pelouses calcaires - Pentes rocheuses siliceuses avec végétation chasmophytique - Dunes intérieures avec pelouses ouvertes à Corynephorus et Agrostis 27 Soit au total 12 habitats majeurs dont 4 prioritaires. Cette liste doit être précisée et complétée. C’est pourquoi on a cru devoir ajouter (en italiques), lorsqu’ils ont été omis, les habitats les plus spécifiques, absents ou peu représentés ailleurs, et remarquables pour le nombre d’espèces protégées qui s’y rencontrent et qui paraissent pour cela devoir être pris en considération. Du fait de leur situation géographique, beaucoup des habitats énumérés ne sont pas vraiment typiques, voire ont été méconnus ou sont discutables. Pour les définir, on a utilisé les codes de la Directive Habitats (= UE), déclinés par les cahiers d’habitats (= CCH) ou, à défaut, ceux du Code Corine – Biotopes (= CCB) ou utilisés par BOURNERIAS dans son Guide des Groupements végétaux de la région parisienne. Il s’agit, bien entendu, d’un catalogue non exhaustif et s’ouvrant à une large discussion. Enumération des habitats selon les « cahiers d’habitats » (les habitats sont classés dans l’ordre de la directive) UE 2170 = CCB 16.26 Dunes à Salix repens ssp. argentea (Salicion arenariae) Localisation : dune du Chalumeau près de Larchant. Remarque : l’une des 3 stations continentales en France de cet habitat gravement dégradé, jadis marqué par une végétation d’hygrophytes du 4010 : Drosera intermedia, aujourd’hui disparu, avec Osmunda regalis, qui se maintient encore. L’enlèvement des pins qui l’ont envahi est une nécessité urgente. UE 2330 – Dunes intérieures avec pelouses ouvertes à Corynephorus et Agrostis CCH 2330 – 1 Pelouses ouvertes pionnières des dunes sableuses intérieures Localisation : dunes, anciennes carrières de sable, sablons. Exemples : Les Béorlots, Polygone d’Artillerie, Blomont-les-Roches, etc. Espèces indicatrices : Corynéphore blanchâtre Corynephorus canescens Mibore minime Mibora minima Spergule printanière Spergula morisonii Teesdalie nudicaule Teesdalia nudicaulis Jasione des montagnes Jasione montana Agrostide des sables Agrostis vinealis Aïra caryophyllé Aira caryophyllea Aïra précoce Aira praecox Remarque : cité dans les ‘Cahiers’ du Bassin Parisien malgré l’indication de la Biscutelle qui n’appartient pas à la flore de Fontainebleau, cet habitat est représenté par les affleurements de sables décalcifiés éoliens ou non qui abrite de nombreuses espèces d’insectes particulières (Pelor curtus, Sphingonotus caerulans, par ex.). UE 3110 - Eaux oligotrophes très peu minéralisées des plaines sablonneuses (Littorelletalia uniflorae) CCH 3110-1 Eaux stagnantes à végétation vivace oligotrophique planitiaire à collinéenne des régions atlantiques, des Littorelletea uniflorae Localisation : mares temporaires profondes sur platières rocheuses. 28 Exemples : les Couleuvreux, le Coquibus. Espèces indicatrices : Eleocharis multicaulis Scirpe à tiges nombreuses Pilularia globulifera Pilulaire à globules Juncus capitatus Jonc en tête Baldellia ranunculoides Baldellie fausse-renoncule Luronium natans Flûteau nageant (1) Ranunculus ololeucos Renoncule à pétales entièrement blancs Ranunculus tripartitus Renoncule tripartite Remarque : cet habitat, ailleurs généralement développé sur substrat sableux, est ici caractéristique comme le suivant des mares de platières de Fontainebleau sur dalle gréseuses. Il comporte de nombreuses espèces protégées. (1) espèce de l’annexe II de la Directive, plus observée à Fontainebleau depuis au moins 25 ans. UE 3130 - Eaux stagnantes, oligotrophes à mésotrophes avec végétation des Littorelletea uniflorae et/ou des Isoeto-Nanojuncetea CCH 3130-4 Communautés annuelles oligotrophiques à mésotrophiques, de bas-niveau topographique, planitiaires, d'affinités atlantiques, des Isoeto-Juncetea Localisation : rives de mares temporaires sur platières gréseuses ensoleillées. Exemples : Belle-Croix, les Couleuvreux, Meun. Espèces indicatrices (à Fontainebleau) : Crassula vaillantii Bulliarde de Vaillant Ranunculus nodiflorus Renoncule à noeuds fleuris Sedum villosum Orpin velu Ophioglossum azoricum Ophioglosse du Portugal Radiola linoides Radiole faux-lin Anagallis tenella Mouron délicat Remarque : cet habitat également décrit sur substrat sableux est représenté en Seine-et-Marne par une version sur substrat rocheux, accompagnant les mares temporaires souvent caractérisées par la présence du crustacé phyllopode Tanymastix stagnalis dont l’aire disjointe couvre à la fois Fontainebleau et le littoral méditerranéen. Il offre de grands rapports avec le 3170 - * Mares temporaires méditerranéennes sur silice dont il n’est peut-être qu’une variante climatique où les Isoètes manquent, mais où se retrouvent certaines des autres caractéristiques. UE 3140 - Eaux oligo-mésotrophes calcaires avec végétation benthique à Chara spp. Localisation : anciennes exploitations de sables et granulats, plaine de Chanfroy Espèces indicatrices : Characées diverses Pilularia globulifera Pilulaire à globules Remarque : végétation pionnière de mares d’extraction. La distinction entre CCH 3140-1 et 3140-2 n’est pas évidente. UE 3150 - Lacs eutrophes naturels avec végétation du Magnopotamion ou de l'Hydrocharition CCH 3150-2 Plans d’eau eutrophes avec dominance de macrophytes libres submergés Localisation : mares ou étangs alimentés par la nappe phréatique. Exemples : marais de Larchant, mare aux Cerfs, mare aux Evées. 29 Espèces indicatrices : Lemna trisulca Lentille d'eau à trois lobes Utricularia vulgaris Utriculaire vulgaire Utricularia australis Utriculaire négligée Ceratophyllum demersum Cératophylle immergé Ceratophyllum submersum Cératophylle submergé Remarque : habitat particulièrement bien caractérisé à Larchant, frangé de roselières et cariçaies, abritant notamment des charançons aquatiques du genre Bagous ou apparentés. UE 4010 - Landes humides atlantiques septentrionales à Erica tetralix CCH 4010-1 Landes humides atlantiques septentrionales à Bruyère à quatre angles Localisation : platières rocheuses ensoleillées, habitat atlantique typique seulement aux Couleuvreux et au Coquibus (mare aux joncs) Espèces indicatrices : Erica tetralix Bruyère à quatre angles Calluna vulgaris Callune Molinia caerulea Molinie bleue Ulex minor Ajonc nain Genista anglica Genêt d’Angleterre Juncus squarrosus Jonc rude Potentilla erecta Potentille tormentille Sphagnum sspp. Sphaignes Remarque : habitat localisé à l’ouest du massif, probablement en régression. UE 4030 = 31.2 Landes sèches européennes. CCH 4030-7 Landes atlantiques subsèches Localisation : bruyères sèches de la forêt de Fontainebleau et des Trois-Pignons Espèces indicatrices : Ajonc nain Ulex minor Bruyère cendrée Erica cinerea Callune vulgaire Calluna vulgaris Hélianthème en ombelle Halimium umbellatum Potentille des montagnes Potentilla montana Laîche à pilules Carex pilulifera Genêt poilu Genista pilosa Potentille tormentille Potentilla erecta Remarque : habitat particulièrement menacé par l’extension du Pin sylvestre. Contrairement à l’affirmation du ‘Cahier d’Habitats’, ces landes ne peuvent être rapportées au 4030-9 Landes nordatlantiques sèches à subsèches en raison de la présence caractéristique de l’Hélianthème en ombelle et de la Potentille des montagnes ; cependant il n’est pas niable que des transitions existent entre les différents types de landes présentées sous le 4030. CCH 4030-10 Landes acidiphiles subatlantiques sèches à subsèches. Localisation : massif des Trois Pignons. Exemple : Genevraie de Baudelut. Espèces indicatrices : Callune vulgaire Calluna vulgaris Genêt d’Allemagne Genista germanica Genêt d’Angleterre Genista anglica Genêt poilu Genista pilosa 30 Genêt sagitté Genista sagittalis Agrostide capillaire Agrostis capillaris Canche flexueuse Deschampsia flexuosa Cuscute du thym Cuscuta epithymum Danthonie décombante Danthonia decumbens Fétuque filiforme Festuca filiformis Fougère aigle Pteridium aquilinum Genévrier commun Juniperus communis subsp.communis Germandrée scorodoine Teucrium scorodonia Laîche à pilules Carex pilulifera Laîche des sables Carex arenaria Luzule des champs Luzula campestris Nard raide Nardus stricta Patience petite oseille Rumex acetosella agg. Violette des chiens Viola canina Remarque : il semble qu’on doive entrer dans cette catégorie la genevraie de Baudelut installée sur sables acidiphiles et probablement sur un site anciennement artificialisé (ancienne garenne). Ce peuplement ne peut pas être classé en habitat UE 5130 (Formations à Juniperus communis sur landes ou pelouses calcaires). UE 5110 = CCB 31.82 Formations stables xéro-thermophiles à Buxus sempervirens des pentes rocheuses (Berberidion p.p.) CCH 5110-1 Buxaies des plaines atlantiques et subatlantiques Localisation : Cet habitat ne semble pas exister sous sa forme typique dans le massif de Fontainebleau mais seulement en vallée du Loing au Sud de Nemours (Souppes notamment) où il est particulièrement menacé. Il pourrait exister aussi en vallée d’Essonne près de Malesherbes. Espèces indicatrices : Buis Buxus sempervirens Genévrier commun Juniperus communis subsp. communis If commun Taxus baccata Prunier mahaleb Prunus mahaleb Camérisier Lonicera xylosteum Fragon piquant Ruscus aculeatus Garance voyageuse Rubia peregrina Prunellier Prunus spinosa Rosier des chiens (agrégat) Rosa canina agg. Viorne lantane Viburnum lantana Remarque : on pourrait considérer comme une forme appauvrie de cet habitat certains versants rocailleux de la vallée de l’Essonne. UE 5130 = CCB 31.88 Formations à Juniperus communis sur landes ou pelouses calcaires CCH 5130-2 Junipéraies secondaires planitiaires à montagnardes à Genévrier commun Localisation : Bordure de plateaux de calcaire de Beauce. Exemple : point de vue de Hurlevent Espèces indicatrices : Bruyère à balais Erica scoparia Genévrier commun Juniperus communis subsp. communis Ajonc d’Europe Ulex europaeus Bourdaine Frangula alnus Genêt à balais Cytisus scoparius Fusain d’Europe Evonymus europaeus Garance voyageuse Rubia peregrina Ronce à feuilles d’orme Rubus ulmifolius Remarque : cet habitat existe en bourrelet au rebord de plateaux calcaires mais a été progressivement éliminé par les pins ; cependant le genévrier se maintient çà et là en forêt en situation sèche, parfois en 31 peuplements denses, dans des milieux acidiphiles qui ne correspondent pas à la définition de l’habitat (vide supra). UE 6110* = CCB 34.11 * Pelouses rupicoles calcaires ou basiphiles de l’Alysso-Sedion albi CCH 6110-1 * Pelouses pionnières des dalles calcaires planitiaires et collinéennes Localisation : dalles et affleurements rocheux ou sablo-calcaires. Exemple : platière de Meun, pentes du Marchais près de Larchant, Chanfroy, etc. Espèces indicatrices : Ail à tête ronde Allium sphaerocephalon Céraiste nain Cerastium pumilum Érophile du printemps Erophila verna Germandrée petit chêne Teucrium chamaedrys Minuartie hybride Minuartia hybrida Orpin âcre Sedum acre Orpin blanc Sedum album Pâturin bulbeux Poa bulbosa Pétrorhagie prolifère Petrorhagia prolifera Potentille du printemps Potentilla neumanniana Sabline grêle Arenaria leptoclados Saxifrage à trois doigts Saxifraga tridactylites Scille d’automne Scilla autumnalis Thym précoce Thymus praecox Trèfle scabre Trifolium scabrum Remarque : largement répandu, cet habitat est particulièrement caractérisé en bordure d’affleurements rocheux, même de grès, en raison de la proximité de la couverture de calcaire de Beauce. UE 6120* = CCB 34.12 * Pelouses calcaires de sables xériques CCH 6120-1 * Pelouses pionnières à post-pionnières sur sables silico-calcaires plus ou moins stabilisés Localisation : habitat des plaines sablonneuses épargnées par les pins. Exemples : Polygone d’Artillerie, plaine Macherin, Chanfroy, etc. Espèces indicatrices : Silène conique Silene conica Alysson faux alysson Alyssum alyssoides Brome des toits Bromus tectorum Céraiste à cinq étamines Cerastium semidecandrum Céraiste nain Cerastium pumilum Corynéphore blanchâtre Corynephorus canescens Laîche des sables Carex arenaria Luzerne naine Medicago minima Mibore minime Mibora minima Micropyrum délicat Micropyrum tenellum Pétrorhagie prolifère Petrorhagia prolifera Plantain scabre Plantago scabra Porcelle glabre Hypochaeris glabra Aïra caryophyllé Aira caryophyllea subsp. caryophyllea Spergule à cinq étamines Spergula pentandra Teesdalie nudicaule Teesdalia nudicaulis Trèfle des champs Trifolium arvense Véronique de Dillenius Veronica dillenii Véronique printanière Veronica verna Remarque : un des habitats les plus représentatifs du massif et l’un des plus riches en espèces arénicoles, malheureusement en très forte régression sous la poussée des pins. UE 6210 – Pelouses sèches semi-naturelles et faciès d’embuissonnement sur calcaires (Festuco- 32 Brometalia) [ sites d’orchidées remarquables] CCH 6210 - 12 Pelouses calcicoles méso-xérophiles atlantiques sur calcaires tendres ou friables Localisation : pelouses de rebord de plateaux calcaires secs. Exemple : belvédère de la plaine de Chanfroy, pentes du Marchais à la Chapelle le Reine, bois de Nanteau. Espèces indicatrices : Brome dressé Bromus erectus Brunelle à grandes fleurs Prunella grandiflora Brunelle laciniée Prunella laciniata Bugrane rampante Ononis spinosa ssp. Maritima (= O. repens) Bugrane natrix Ononis natrix Cardoncelle sans épines Carduncellus mitissimus Chlore perfoliée Blackstonia perfoliata Cirse tubéreuse Cirsium tuberosum Coronille naine Coronilla minima Fétuque marginée Festuca marginata subsp. marginata Fumana couché Fumana procumbens Koelérie pyramidale Koeleria pyramidata Laîche de Haller Carex hallerana Petite-centaurée rouge Centaurium erythraea Laîche glauque Carex flacca Polygala du calcaire Polygala calcarea Remarque : habitat bien représenté dans le Sud de la Seine-et-Marne, moins caractérisé à Fontainebleau où il occupe une situation au-dessus de 6120. CCH 6210 – 23 Pelouses calcicoles méso-xérophiles à tendance pré-continentale Localisation : comme le précédent. Exemple : revers du plateau près le Vallée Chaude dans le massif des Trois-Pignons. Espèces indicatrices : Brome dressé Bromus erectus Brunelle à grandes fleurs Prunella grandiflora Fétuque de Léman Festuca lemanii Germandrée des montagnes Teucrium montanum Germandrée petit chêne Teucrium chamaedrys Globulaire allongée Globularia bisnagarica Hippocrépide à toupet Hippocrepis comosa Koelérie grêle Koeleria macrantha Koelérie pyramidale Koeleria pyramidata Lin à feuilles menues Linum tenuifolium Polygale amer Polygala amarella Séséli des montagnes Seseli montanum Thym précoce Thymus praecox Remarque : variante du précédent. CCH 6210 – 28 Pelouses calcicoles xérophiles atlantiques psammophiles et thermophiles Localisation : flore herbacée accompagnant souvent des boisements clairs. Exemple : plaine de Chanfroy, pente de Hurlevent. Espèces indicatrices : Ail à tête ronde Allium shaerocephalon Bugrane petite Ononis pusilla Fléole de Boehmer Phleum phleoides Fumana couché Fumana procumbens Hélianthème des Apennins Helianthemum apenninum Koelérie à grandes fleurs Koeleria macrantha 33 Laîche humble Carex humilis Orobanche de la germandrée Orobanche teucrii Petite coronille Coronilla minima Renoncule graminée Ranunculus gramineus Sabline à grandes fleurs Arenaria grandiflora Trinie glauque Trinia glauca Véronique couchée Veronica prostrata Violette des rocailles Viola rupestris Remarque : habitat accompagnant le plus souvent le pré-bois à Chêne pubescent. CCH 6210 – 39 Pelouses calcaro-siliceuses sèches du Tertiaire parisien Localisation : pelouses calcaréeuses des monts, parfois plus ou moins boisées. Exemple : les Norgevaux Espèces indicatrices : Alysson faux alysson Alyssum alyssoides Armérie des sables Armeria arenaria Armoise champêtre Artemisia campestris Bothriochloa ischème Dichanthium ischaemum Fléole de Boehmer Phleum phleoides Genêt sagitté Genista sagittali Koelérie blanchâtre Koeleria albescens Minuartie sétacée Minuartia setacea Orobanche lisse Orobanche laevis Pétrorhagie prolifère Petrorhagia prolifera Sabline à grandes fleurs Arenaria grandiflora Scabieuse blanchâtre Scabiosa canescens Scille d’automne Scilla autumnalis Séséli annuel Seseli annuum Silène otitès Silene otites Véronique en épi Veronica spicata Remarque : variante du précédent, comme lui signalé et répandu à Fontainebleau UE 6410 – Prairies à Molinia sur sols calcaires, tourbeux ou argilo-limoneux (Molinioncaeruleae) CCH 6410 – 13 ? Moliniaies acidiphiles subatlantiques à pré-continentales Localisation : les molinies à Molinia caerulea et Juncus acutiflorus occupent une place importante à Fontainebleau, tout spécialement sur les platières de grès. Exemple : platière des Couleuvreux, rives de mares forestières, etc. Espèces indicatrices : Molinie bleue Molinia caerulea Scorsonère humble Scorzonera humilis Jonc à fleurs aiguës Juncus acutiflorus Jonc aggloméré Juncus conglomeratus Agrostide des chiens Agrostis canina Renoncule flammette Ranunculus flammula Succise des prés Succisa pratensis Remarque : Parmi les habitats élémentaires proposés pour le 6410, aucun ne semble s’appliquer précisément à cette formation particulière sur dalle gréseuse (canches). UE 6430 - Mégaphorbiaies hydrophiles d'ourlets planitiaires et des étages montagnard à alpin CCH 6430-4 Mégaphorbiaies eutrophes des eaux douces Localisation : marais de Larchant ; marais d’Arbonne ( ?). Espèces indicatrices : 34 Calystegia sepium Liseron des haies Urtica dioica Ortie dioïque Myosoton aquaticum Stellaire aquatique Phalaris arundinacea Baldingéra faux-roseau Eupatorium cannabinum Eupatoire chanvrine Symphytum officinale Consoude officinale Epilobium hirsutum Épilobe hérissé Epilobium parviflorum Épilobe à petites fleurs Iris pseudacorus Iris faux-acore Galium palustre Gaillet des marais Stachys palustris Épiaire des marais Galium aparine Gaillet gratteron Alliaria petiolata Alliaire officinale Lamium album Lamier blanc Rubus caesius Ronce bleuâtre Solidago gigantea Solidage géant Lythrum salicaria Lythrum salicaire Artemisia vulgaris Armoise vulgaire Remarque : Végétation développée sur les atterrissements vaseux et le long des digues UE 7110 - Tourbières hautes actives. CCH 7110-1 * Végétation des tourbières hautes actives Localisation : platière des Couleuvreux Espèces indicatrices : Sphagnum magellanicum Sphaigne de Magellan Erica tetralix Bruyère à quatre angles Remarque : il s’agit d’une végétation sciaphile (ou ombrotrophe), oligotrophe, que la présence de Sphagnum magellanicum conduit à rapporter à l’habitat de tourbières hautes actives, mais il n’est pas typique à Fontainebleau car alimenté par ruissellement des eaux pluviales sur la table des grès, d’où un battement saisonnier important de la nappe peu compatible avec ce type de formation. Il serait plus logique de parler de tourbières de couverture (7130), mais cet habitat nordique n’est pas formellement reconnu en France. On pourrait aussi hésiter à inscrire ces bombements à sphaignes dans les tourbières de transition (UE 7140), mais il n’est pas évident qu’il s’agisse d’un milieu dégradé sous la pression anthropique autrement que par l’apport de l’ombrage d’essences allochtones. On est en en fait en présence d’un habitat particulièrement remarquable, spécifique à Fontainebleau, où l’importance de l’impluvium dû à la présence d’une vaste table de grès imperméable permet le maintien, en dépit du réchauffement climatique, de plusieurs espèces boréales en limite d’aire d’insectes aquatiques (Hydroporus notamment) associés à la présence de Sphaignes non ou peu soumises, grâce à l’ombrage, à l’assèchement estival. UE 7210 - * Marais calcaires à Cladium mariscus et espèces du Caricion davallianae. CCH 7210-1 * Végétations à Marisque Localisation : marais de Larchant, marais d’Arbonne Espèces indicatrices : Cladium mariscus Marisque Phragmites australis Roseau commun Carex elata Laiche élevée Lythrum salicaria Lythrum salicaire Lysimachia vulgaris Lysimaque vulgaire Thelypteris palustris Thélyptéris des marais 35 Remarque : habitat d’extension variable en fonction du niveau d’étiage. UE 8230 – Roches siliceuses avec végétation pionnière de Sedo-Scleranthion CCH 8230 – 4 Pelouses pionnières continentales et subatlantiques acidiclines des dalles siliceuses sèches et chaudes Localisation : affleurements rocheux, dalles de grès. Exemple : Chanfroy, platière de Melun, etc. Espèces indicatrices : Orpin blanc Sedum album Orpin réflechi Sedum rupestre Scille d’automne Scilla autumnalis Pâturin bulbeux Poa bulbosa Petite oseille Rumex acetosella Scléranthe pérenne Scleranthus perennis Véronique vernale Veronica verna Spargoute à 5 étamines Spergula pentandra Drave vernale Draba verna Téesdalie Teesdalia nudicaulis Remarque : habitat, répandu à Fontainebleau mais non répertorié, plutôt inféodé aux pelouses sablonneuses arides à proximité des dalles rocheuses UE 9120 = CCB 41.12 - Hêtraies atlantiques acidophiles CCH 9120-1 Hêtraies-Chênaies collinéennes hyperatlantiques à If et à Houx (=Hêtraies à Ilex et Taxus, riches en épiphytes dans la version EUR 15) Remarque : cet habitat, strictement sublittoral, ne peut pas être retenu pour Fontainebleau ; en revanche, si le Houx est donné comme constante de la Hêtraie Chênaie acidophile (UE 9120 ; Bournérias : 62) il est aussi considéré comme caractéristique de la Hêtraie calcicole (UE 9150 ; Bournérias : 65). A Fontainebleau il accompagne les Hêtraies anciennes, le plus souvent sur calcaire de Beauce (ex. : les Grands Feuillards), mais peut former des boisements purs acidiphiles après dégradation par sénescence de vieilles hêtraies (ex. : plaine de la route des 2 Sœurs), se rapprochant ainsi de l’habitat supraméditerranéen : UE 9380 (= CCB 45.8), Forêts d’Ilex aquifolium ; mais il n’est pas nécessaire de citer cet habitat autrement que pour mémoire puisque situé en totalité en RBI. La présence du Houx, pour intéressante qu’elle soit pour attester des boisements anciens, ne peut donc caractériser à Fontainebleau à elle seule un habitat. CCH 9120-2 Hêtraies-chênaies collinéennes à Houx Localisation : versants acidophiles le plus souvent exposés au nord des éboulis rocheux boisés. Exemples : Rocher des Demoiselles (parcelle 148), les Hauteurs de la Solle (parcelle 253), rochers des canches de Recloses. Espèces indicatrices : Houx Ilex aquifolium Néflier Mespilus germanica Myrtille Vaccinium myrtillus Canche flexueuse Deschampsia flexuosa Remarque : habitat atlantique, non répertorié par les Cahiers d’habitats en Seine-et- Marne. Il est l’un des habitats préférentiels de Limoniscus violaceus, espèce inscrite à l’annexe II. 36 UE 9130 = CCB 41.13 - Hêtraies de l’Asperulo-Fagetum. CCH 9130-2 Hêtraies-chênaies à Lauréole ou Laîche glauque Localisation : versants des plateaux au niveau de l’affleurement de marnes. Exemples : Bois Gautier (parcelles 1 à 4), Château de la Rivière à Thomery, (?) bois de la Rochette près Melun. Espèces indicatrices : Lauréole Daphne laureola Laîche glauque Carex flacca Primevère acaule Primula vulgaris Tamier Tamus communis Mercuriale pérenne Mercurialis perennis Mélique uniflore Melica uniflora Remarque : habitat atlantique, répartition à préciser en Seine-et-Marne. CCH 9130-3 Hêtraies-chênaies à Jacinthe des bois Localisation : boisements frais. Exemples : les Hauteurs de la Solle près de la Fontaine Sanguinède (parcelle 262) ; massif des 3 Pignons, le Coquibus (parcelle 28). Espèces indicatrices : Jacinthe des bois Hyacinthoides non-scripta Mélique uniflore Melica uniflora Aspérule odorante Galium odoratum Euphorbe des bois Euphorbia amygdaloides Houx Ilex aquifolium Fragon Ruscus aculeatus Remarque : habitat atlantique, peu typique en Seine-et-Marne et répartition à préciser dans le département. L’aspérule odorante semble aujourd’hui manquer (mais elle a été signalée à Fontainebleau par Henry FLON en 1926 et Raymond GAUME en 1949). CCH 9130-4 Hêtraies-chênaies subatlantiques à Mélique ou à Chèvrefeuille Localisation : largement répandues sur les plateaux. Espèces indicatrices : Mélique uniflore Melica uniflora Oxalide petite oseille Oxalis acetosella Chèvrefeuille Lonicera periclymenum Véronique des montagnes Veronica montana Circée de Paris Circaea lutetiana Remarque : cet habitat n’est pas typique à Fontainebleau : parmi les caractéristiques l’Oxalide est très localisée, l’Aspérule odorante paraît manquer, le Millet diffus est rare. Répartition à préciser en Seine-et-Marne. UE 9150 = CCB 41.16 Hêtraies calcicoles médio-européennes du Cephalanthero-Fagion. Bournérias : 65 Localisation : en bordure de plateaux de calcaire de Beauce. Exemple : versant nord et occidental des Monts de Fays. Espèces indicatrices (à Fontainebleau) : 37 Hêtre Fagus sylvatica, souvent en peuplements purs Mélique uniflore Melica uniflora Mélitte à feuilles de Mélisse Melittis melissophyllum Céphalanthères Cephalanthera spp. Ancolie vulgaire Aquilegia vulgaris Digitale jaune Digitalis lutea Belladone Atropa belladona Remarque : il s’agit d’un habitat non répertorié en Seine-et-Marne par les Cahiers d’habitats et atypique à Fontainebleau, dont le caractère submontagnard est attesté par sa faune (ex. Tropiphorus carinatus, charançon à tendances montagnardes). UE 9160 = CCB 41.24 Chênaies pédonculées ou chênaies-charmaies subatlantiques et médioeuropéennes du Carpinion betuli CCH 9160-1 Chênaies pédonculées calcicoles continentales Localisation : à préciser ; il s’agit ici de l’association Chênaie pédonculée à Scille à deux feuilles qui est présente, notamment dans les bas versants en bordure de Seine. Exemple : forêt de Barbeau (parcelles 6 et 20). Espèces indicatrices : Chêne pédonculé Quercus robur Frêne commun Fraxinus excelsior Érable sycomore Acer pseudoplatanus Scille à deux feuilles Scilla bifolia Ornithogale des Pyrénées Ornithogalum pyrenaicum Jonquille Narcissus pseudonarcissus Remarque : cet habitat atypique n’est pas recensé en Ile-de-France mais seulement en ChampagneArdenne. Il est classé par Bournérias dans les chênaies charmaies. CCH 9160-2 Chênaies pédonculées neutrophiles à Primevère élevée Localisation : parties basses ± humides, notamment dans le Nord de la forêt et en bordure de Seine. Espèces indicatrices : Ficaire Ranunculus ficaria Renoncule à tête d’or Ranunculus auricomus Sanicle d’Europe Sanicula europaea Mercuriale pérenne Mercurialis perennis Remarque : habitat du NE, non signalé en Ile-de-France par les Cahiers d’habitats ; peut être considéré comme une forme ici appauvrie car en limite d’aire. CCH 9160-3 Chênaies pédonculées neutroacidiclines à méso-acidiphiles Localisation : sous forme de l’association à Stellaire holostée, c’est un des habitats les plus répandus sur le plateau sur sols limoneux. Espèces indicatrices : Chêne pédonculé Quercus robur, souvent associé au Chèvrefeuille des bois Lonicera periclymenum Chêne sessile Chèvrefeuille des bois Lonicera periclymenum Remarque : la naturalité de cet habitat peut être contestée, car il est clairement sous la dépendance de l’exploitation forestière. 38 UE 9190 = CCB 41.51 Vieilles chênaies acidiphiles des plaines sablonneuses à Quercus robur Localisation : essentiellement des anciennes réserves artistiques non exploitées en dehors de celles situées sur le plateau beauceron (par ex. : la Tillaie). Exemple : carrefour des Gorges d’Apremont (parcelles 718, 719 pp.), les 2 Soeurs (parcelle 262 pp.), la Tête à l’Ane (parcelle 283), etc. Espèces indicatrices : Chêne pédonculé Quercus robur Bouleau pubescent Betula pubescens Bouleau verruqueux Betula pendula Bourdaine Frangula alnus Saule à oreillettes Salix aurita Molinie bleue Molinia caerulea Tormentille Potentilla erecta Remarque : on peut, faute de mieux, faire entrer dans cette catégorie les vieilles chênaies fortement marquées par la présence de Bourdaine et de Sorbiers mais aussi plus ou moins infiltrées de hêtres comme dans les habitats précédents ; ces boisements, longtemps livrés à eux-mêmes, constituent l’habitat privilégié d’espèces inscrites à l’annexe II telles que Limoniscus violaceus, Osmoderma eremita, Cerambyx cerdo, Lucanus cervus, ainsi que de nombreuses espèces protégées. UE 91EO Forêts alluviales à Alnus glutinosa et Fraxinus excelsior* = CCB 44.911 Bois d'Aulnes marécageux méso-eutrophes CCH 91E0-1* Saulaies arborescentes à Saule blanc Localisation : marais de Larchant, au SE du marais. Espèces indicatrices : Saule blanc Salix alba Baldingère Phalaris arundinacea Phragmite Phragmites australis Iris faux-acore Iris pseudacorus Saule pourpre Salix purpurea Ortie dioïque Urtica dioica Ronce bleue Rubus caesius Lierre terrestre Glechoma hederacea Consoude officinale Symphytum officinale Laîche des rives Carex riparia Sureau noir Sambucus nigra Morelle douce amère Solanum dulcamara Angélique des bois Angelica sylvestris Gaillet gratteron Galium aparine Canche cespiteuse Deschampsia cespitosa Remarque : accompagné de nombreuses autres espèces de Saules, cet habitat est notamment représenté à l’état résiduel dans le sud du marais où subsistent quelques Saules blancs ; il est susceptible de se réimplanter après la coupe des peupliers plantés le long des digues. Il abrite de nombreuses espèces rares dont c’est l’unique station connue actuellement en Ile-de-France (par ex. Ovalisia dives, Necydalis major). CCH 91E0 -11 Aulnaie à hautes herbes Définition : Bois marécageux mésotrophes et méso-eutrophes d'Alnus glutinosa de dépressions marécageuses, avec Carex elongata, Thelypteris palustris, Dryopteris cristata, Osmunda regalis, Solanum dulcamara, Calystegia sepium, Ribes nigrum, et souvent, dans les variantes acidoclines, 39 Betula pubescens. La constance de Carex elongata est caractéristique sur le continent, elle l'est moins en Grande Bretagne. Les grandes laîches, Carex paniculata, C. acutiformis, C. elata, dominent souvent la strate herbacée dans les types les plus humides. Localisation : marais de Larchant Remarque : cet habitat peut ne pas être considéré comme typique ; en effet, ainsi que dans l’habitat précédent, le marais présente la particularité d’offrir un battement du niveau d’eau pluriannuel et non annuel comme c’est le cas dans la plupart des marais ; ces cycles longs permettent successivement la croissance des ligneux suivie de leur asphyxie, d’où une production exceptionnelle de bois mort et une faune saproxylique d’une grande richesse, pratiquement unique en Ile-de-France. CCB 41.71 Chênaies blanches occidentales et communautés apparentées CCB 41.711 Bois occidentaux de Quercus pubescens Définition : Formations à Quercus pubescens subsp. pubescens des régions subméditerranéennes et supra-méditerranéennes de France et de stations chaudes dans des régions plus septentrionales. Bournérias : 66, à rapprocher de UE 91I0 Bois eurosibériens steppiques à Quercus spp. Localisation : c’est le bien connu pré-bois à chêne pubescent, habitat calcicole situé principalement sur les revers S et W des plateaux calcaires, mais aussi sur les fonds sablocalcaires. Exemples : Petit Mont Chauvet (parcelle 57), Mont Merle (parcelle 68), Queue de Vache (parcelle 609), Bois Rond (parcelle 618), etc. Espèces indicatrices : Chêne pubescent Quercus pubescens Chêne pédonculé Quercus robur Amélanchier Amelanchier ovalis Alisier de Fontainebleau Sorbus latifolia Sabline à grandes fleurs Arenaria grandiflora ssp. triflora Dompte-venin Vincetoxicum hirundinaria Aspérule des teinturiers Asperula tinctoria Alisier blanc Sorbus aria Euphorbe ésule Euphorbia esula ssp. tristis Potentille montagnarde Potentilla montana Phalangère à fleurs de lys Anthericum liliago Remarque : bien que non répertorié dans la Directive Habitats ni dans les Cahiers d’Habitats, cet habitat remarquable, classique et fréquemment décrit (BOURNERIAS, GAUME, VIROT, etc.), ne peut être ignoré ; on pourrait le rattacher à un habitat cité de Basse-Autriche avec lequel il présente de nombreux points communs ; il se caractérise au sol par une végétation disjointe, plus ou moins pénétrée par des éléments du xerobromion. Le cortège floristique est l’un des plus riches de Fontainebleau. Le tapis herbacé qui l’accompagne se rapporte pour l’essentiel aux habitats UE 6210*28 et 39 qui lui confèrent un statut prioritaire. La faune au sol présente un caractère continental accru. 40 TABLEAU RECAPITULATIF Directive Habitats Cahiers d’habitats Commentaires Habitat Code Types d’habitats UE Code CCH Habitat de la directive considéré comme représenté dans le massif de Fontainebleau Dunes à Salix repens subsp. argentea (Salicion arenariae) 2170 Dunes intérieures Dunes intérieures avec pelouses ouvertes à Corynephorus et 2330 Pelouses ouvertes pionnières 2330 - 1 3110 Eaux stagnantes à végétation vivace 3110 – 1 Agrostis Eaux oligotrophes très peu minéralisées des plaines oligotrophique planitiaire sablonneuses (Littorelletalia uniflorae) Eaux stagnantes, oligotrophes à mésotrophes 3130 Communautés annuelles oligotrophiques de 3130 – 4 bas niveau topographique Version sur substrat rocheux, accompagnant les mares temporaires Eaux oligo-mésotrophes calcaires avec végétation benthique à 3140 Chara spp. Lacs eutrophes naturels avec végétation du Magnopotamionou 3150 Plans d’eau eutrophes avec dominance de Hydrocharition macrophytes submergés 3150 – 2 41 Landes humides atlantiques septentrionales à Erica tetralix 4010 Landes humides atlantiques Septentrionales 4010 – 1 Landes sèches européennes 4030 Landes atlantiques subsèches 4030 – 7 Landes acidiphiles subatlantiques sèches à 4030 –10 + genevraie de Baudelut ? subsèches Formations à Juniperus communis sur landes ou pelouses 5130 Junipéraies secondaires planitiaires 5130 – 2 6110 Pelouses pionnières des dalles calcaires 6110 – 1 calcaires Pelouses rupicoles calcaires ou basiphiles du Alysso-Sedion planitiaires albi 6210 - 39 Pelouses sèches seminaturelles 6210 Pelouses calcaro-siliceuses sèches du tertiaire parisien Mégaphorbiaies hygrophiles d’ourlet planitiaires 6430 Mégaphorbiaies eutrophes des eaux douces 6430 - 4 Marais calcaires à Cladium mariscus et espèces du Caricion 7210 Végétations à Marisque 7210-1 8230 Pelouses pionnières continentales acidiclines 8230 - 4 davallianae. Roches siliceuses avec végétation pionnière du SedoScleranthion Forêts alluviales à Alnus glutinosa et Fraxinus excelsior des dalles siliceuses 91EO Saulaies arborescentes à saule blanc 91EO – 1 Aulnaie à hautes herbes 91EO-11 42 Habitat de la directive considéré comme représenté dans le massif de Fontainebleau Formations xérothermophiles à Buxus sempervirens des 5110 pentes rocheuses Prairies à Molinia sur sols calcaires, tourbeux ou 6410 Buxaies des plaines atlantiques et subatlantiques 5110 - 1 Pas typique à Fontainebleau Moliniaies acidiphiles subatlantiques 6410 - 13 Présence à étudier à Fontainebleau argilolimoneux Tourbières hautes actives 7110 Hêtraies atlantiques acidophiles à sous-bois à Ilex 9120 Pas typique à Fontainebleau Hêtraies-Chênaies Collinéennes 9120 – 2 Non répertorié en 77 par les cahiers d’habitats Hêtraies de l’Asperulo-Fagetum 9130 Hêtraies-Chênaies à Lauréole 9130 – 2 Répartition à préciser en 77 Hêtraies-Chênaies à Jacinthe des bois 9130 – 3 Peu typique en 77 et répartition à préciser Hêtraies-Chênaies subatlantiques à Mélique 9130 - 4 Pas typique à Fontainebleau et répartition à préciser en 77 Hêtraies calcicoles médioeuropéennes du Cephalanthero- 9150 Non répertorié en 77 par les cahiers d’habitats et pas Fagion typique à Fontainebleau Chênaies pédonculées subatlantiques et médioeuropéennes du 9160 Carpinion betuli Chênaies pédonculées calcicoles continentales 9160 - 1 -Non répertorié en IDF par les Cahiers d’habitats et pas 43 Chênaies pédonculées à Primevère élevée typique 9160 – 2 Chênaies pédonculées neutroacidiclines à mésoacidiphiles Vieilles Chênaies acidophiles des plaines sablonneuses à -Non répertorié en IDF par les Cahiers d’habitats 9160 - 3 9190 -Naturalité contestable Retenu faute de mieux pour caractériser les vieilles Quercus robur chênaies de Fontainebleau Habitat posant problème (soit non ou mal répertorié en 77 ou en Ile-de-France / soit pas typique dans le massif de Fontainebleau ou pas naturel / soit à confirmer) Bois occidentaux de Quercus pubescens Habitats de la directive (version Eur 15) cités à tort du massif de Fontainebleau Hêtraies-Chênaies collinéennes hyperatlantiques à If et à Hêtraies à Ilex et Taxus, riches en épiphytes 9120-1 Houx Forêts de pentes, éboulis, ravins du Tilio-Acerion 9180 strictement sublittoral étage collinéen à montagnard Habitat prioritaire 44 ANNEXE 4 : Classification des statuts de protection s’appliquant sur le massif forestier de Fontainebleau Sources : http: //bibliothequeenligne.espaces-naturels.fr/outilsjuridiques/?arbo=Sommaire Office National des Forêts, Direction Territoriale Ile de France Nord Ouest, Dispositif ISO 14 001 de la DT : Protection des espaces naturels SOMMAIRE : I Espaces protégés par une réglementation A. Un site naturel classé au titre de la loi du 2 mai 1930 B. Un statut de forêt de protection C. Des arrêtés préfectoraux de protection de biotope D. Des réserves biologiques E. Des Réserves Naturelles Régionales F. Espace classé boisé G. Régime Forestier II Espaces protégés au moyen de la maîtrise foncière Des Espaces Naturels Sensibles III Espaces protégés par un engagement contractuel (soumis à une certaine obligation de résultats mais sans contraintes et en privilégiant les incitations, les moyens contractuels) A. Un Parc Naturel Régional (PNR du Gâtinais Français) B. Zonage NATURA – 2000 au titre de la directive européenne « oiseaux » C. Zonage NATURA – 2000 au titre de la directive européenne « habitats » D. Le statut UNESCO de la réserve de Biosphère M.A.B IV Zones inventoriées (espaces ayant été retenus lors d’un inventaire) A. Zone d’Importance pour la conservation des oiseaux (ZICO) B. Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique, types 1 et 2 45 I Espaces protégés par une réglementation A. Un site naturel classé au titre de la loi du 2 mai 1930 Espaces d'application : • Les monuments naturels et les sites dont la conservation ou la préservation présente, au point de vue artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque, un intérêt général. Objectifs : • La conservation ou la préservation d'espaces naturels ou bâtis présentant un intérêt certain au regard des critères prévus par la loi (artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque). Un site classé ne peut être ni détruit, ni modifié dans son état ou aspect sauf autorisation ministérielle ou préfectorale spéciale, après avis de la Commission Départementale des Sites, Perspectives et Paysages. Toutefois, cette dérogation ne peut être accordée pour des travaux attentatoires à l’intégrité du site. Par état du site on entend la destination des terrains concernés (vocation agricole, forestière …) et par aspect est désigné l’apparence extérieure du site, notamment sur un plan esthétique ou paysager. 46 B. Un statut de forêt de protection Espaces d'application : • Tous bois et forêts quels que soient leurs propriétaires (collectivités publiques ou personnes privées). Objectifs : • Assurer la conservation des forêts reconnues nécessaires au maintien des terres sur les montagnes et sur les pentes, à la défense contre les avalanches, les érosions et les envahissements des eaux et des sables ; • Protéger les bois et forêts, quels que soient leurs propriétaires, situés à la périphérie des grandes agglomérations, ainsi que dans les zones où leur maintien s'impose, soit pour des raisons écologiques, soit pour le bien-être de la population ; • Les forêts de protection sont soumises à un régime forestier spécial déterminé par décret en Conseil d’Etat, et garantissant la conservation des territoires forestiers. Ce décret porte notamment sur l’aménagement, l’exercice des droits d’usage et de pâturage, le régime des exploitations. Tout changement d’affectation du sol de nature à compromettre la conservation ou la protection des bois est interdit, de même que le défrichement, les fouilles, les emprises d’infrastructure publique ou privée ; 47 • La fréquentation par le public de toute forêt de protection peut être réglementée ou même interdite s’il s’avère nécessaire d’assurer ainsi la pérennité de l’état boisé. Ces mesures sont prises par arrêté du préfet, sur proposition du directeur d’agence de l’Office National des Forêts. C. Des arrêtés préfectoraux de protection de biotope Espaces d'application : • Les milieux naturels peu exploités par l'homme et abritant des espèces faunistiques non domestiques et/ou floristiques non cultivées protégées au titre des articles L. 411-1 et L. 411-2 du code de l'environnement. Objectifs : • Prévenir la disparition des espèces protégées par la fixation de mesures de conservation des biotopes nécessaires à leur alimentation, à leur reproduction, à leur repos ou à leur survie. Ces biotopes peuvent être constitués par des mares, des marécages, des marais, des haies, des bosquets, des landes, des dunes, des pelouses ou par toutes autres formations naturelles peu exploitées par l'homme. 48 • Un arrêté de protection de biotope peut également avoir pour objet l'interdiction de toute action portant atteinte de manière indistincte à l'équilibre biologique des milieux et notamment l'écobuage, le brûlage, le broyage des végétaux, la destruction des talus et des haies, l'épandage de produits antiparasitaires. D. Des réserves biologiques Fontainebleau : réserve dirigée intégrale Espaces d'application : • Les forêts relevant du régime forestier et gérées à ce titre par l'Office national des forêts : o réserve biologique domaniale : domaine forestier de l'Etat o réserve biologique forestière : autres forêts relevant du régime forestier (mentionnées à l'article L. 141-1 du Code forestier), principalement forêts de collectivités (forêts communales, départementales, régionales…). Objectifs : • Réserves biologiques dirigées : protéger et assurer la gestion conservatoire d'habitats naturels particulièrement intéressants ou rares, d'espèces rares ou menacées de la faune et de la flore, voire d'autres ressources du milieu naturel (gisements de minéraux, etc.). 49 • Réserves biologiques intégrales : laisser libre cours à la dynamique spontanée des habitats, aux fins d'étude et de connaissance des processus impliqués, ainsi que de conservation ou développement de la biodiversité associée (entomofaune saproxylique, etc.). Objectifs particuliers : la constitution d'un réseau national de réserves biologiques intégrales représentatif de la diversité des types d'habitats forestiers présents dans les forêts gérées par l'ONF. • Permettre une meilleure connaissance du milieu naturel, en servant de sites privilégiés d'étude pour les scientifiques. • Réaliser des actions de sensibilisation et d'éducation du public. E. Des Réserves Naturelles Nationales http://www.reservesnaturelles.org/reserves/region.asp?arbo=1.0&id=14 9 : marais de Larchant ; 137 : étang du Follet Espaces d'application : • Tout ou partie du territoire d'une ou de plusieurs communes, dont la conservation de la faune, de la flore, du patrimoine géologique ou paléontologique ou en général, du milieu naturel présente une importance particulière. • Le domaine public maritime et les eaux territoriales et intérieures françaises peuvent être classés en réserve naturelle régionale (RNR). • Sous réserve que leurs propriétaires manifestent leur intention de conserver leur agrément, les réserves naturelles régionales intègrent les réserves naturelles volontaires, catégorie de réserves supprimée par la loi " démocratie de proximité " du 27 février 2002. Les réserves naturelles volontaires constituées de terrains privés étaient créées à la demande expresse des propriétaires. La loi du 27 février 2002 relative à la démocratie de proximité confère désormais aux conseils régionaux la compétence pour créer des réserves naturelles régionales de leur propre initiative ou pour répondre à la demande des propriétaires. 50 Objectifs : • Sont pris en considération les objectifs définis à l'article L 332-1 du code de l'environnement. Effectuée en 2001, l'évaluation de la contribution des réserves naturelles volontaires à la politique de sauvegarde de la flore de la faune et des habitats donne une définition intéressante des différents enjeux de ces outils et des objectifs qui doivent être poursuivis : o Contribution à la protection des ZNIEFF. o Préservation des habitats d'intérêt communautaires. o Contribution à quelques plans et programme d'actions nationaux ( plan d'action des zones humides ) o Contribution aux engagements internationaux comme les directives européennes ( en 2001, la moitié des réserves naturelles volontaires est incluse dans des périmètres Natura 2000 ). F. Espace classé boisé Espaces d'application : • Les bois, forêts et parcs, qu'ils relèvent ou non du régime forestier, qu'ils soient enclos ou non et attenants ou non à des habitations. Ce classement peut également s'appliquer à des arbres isolés, des haies ou réseaux de haies, des plantations d'alignements. • Les espaces protégés à ce titre doivent obligatoirement faire l’objet d’un article du règlement du PLU Objectifs : • La protection ou la création de boisements ou d'espaces verts, particulièrement en milieu urbain ou péri-urbain. • Deux obligations : la pérennisation de la destination boisée (interdiction de défrichement) et l’encadrement administratif des coupes et abattages. Néanmoins l’autorisation du maire n’est pas à recueillir pour l’enlèvement des arbres dangereux, et pour les coupes prévues dans un aménagement. G. Le régime forestier • C’est le statut de protection le plus ancien, depuis la promulgation du code forestier de 1827. C’est avant tout un régime juridique de gestion, mais il devient de plus en plus de nos jours un régime juridique de protection du milieu naturel. • Le régime forestier peut se définir comme « l’ensemble des règles spéciales d’ordre public, dérogeant au droit commun ou exorbitant du droit commun, qui – à raison de la vocation productive, écologique et récréative des bois et forêts et de leur appartenance à des personnes 51 morales déterminées – les fait bénéficier d’une protection renforcée et les soumet à un encadrement de leur gestion afin d’assurer leur conservation et leur mise en valeur tant dans l’intérêt supérieur de la Nation que dans l’intérêt immédiat et futur des collectivités, communautés d’habitants et personnes morales propriétaires » , La forêt et le droit, Jacques LIAGRE. • Le régime forestier est donc un statut permettant de conjuguer efficacement protection et gestion des espaces naturels forestiers. II Espaces protégés au moyen de la maîtrise foncière Des Espaces Naturels Sensibles 8 : le marais d’Episy, au sud-est de la forêt de Fontainebleau Espaces d'application : • Les sites, paysages et milieux naturels rares ou menacés ; les champs naturels d'expansion des crues ; les habitats naturels ; les parties naturelles de la zone dite des cinquante pas géométriques ; les sentiers figurant sur le plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée ; les chemins et servitudes de halage et de marchepied des voies d'eau domaniales concédées ; les chemins situés le long des autres cours d'eau et plans d'eau ; les bois et forêts ; les espaces, sites et itinéraires figurant au plan départemental des espaces, sites et itinéraires relatifs aux sports de nature. • La sensibilité est le plus souvent d’ordre paysagère et est laissée à l’appréciation des élus. Les intérêts biologiques sont plus ou moins bien pris en compte, et quand ils le sont, c’est le plus souvent par la création d’une réserve naturelle volontaire. 52 Objectifs : o La préservation de la qualité des sites, des paysages, des milieux naturels et des champs naturels d'expansion des crues ; o La sauvegarde des habitats naturels ; o La création d'itinéraires de promenade et de randonnée ; o La création d'espaces, sites et itinéraires relatifs aux sports de nature. Depuis 1985 les Conseils Généraux peuvent voter l’instauration d’une taxe sur les constructions, reconstructions et agrandissements des bâtiments, dont le produit est affecté à l’acquisition des espaces naturels sensibles. III Espaces protégés par un engagement contractuel (soumis à une certaine obligation de résultats mais sans contraintes et en privilégiant les incitations, les moyens contractuels) A. Un Parc Naturel Régional (PNR du Gâtinais Français) http://pagesperso-orange.fr/..mairiedeboutigny/IMAGES%20BOUTIGNY/Boutigny_plan3.jpg Espaces d'application : • Créé à l’instigation du Conseil Régional , un Parc naturel régional est un territoire rural, reconnu au niveau national. Son territoire est classé par décret du Premier ministre, pris sur rapport du ministre chargé de l’Environnement pour une durée maximale de dix ans renouvelable, et bénéficie d’une marque de qualité . Objectifs : • Les Parcs naturels régionaux (PNR) concourent à la politique de protection de l'environnement, d'aménagement du territoire, de développement économique et social, d'éducation et 53 de formation du public et constituent un cadre privilégié des actions menées par les collectivités publiques en faveur de la préservation des paysages et du patrimoine naturel et culturel. La Charte est le contrat qui concrétise le projet de protection et de développement élaboré pour le territoire du Parc. Ce document, signé pour dix ans, fixe les objectifs à atteindre, les orientations des actions à mener et les mesures permettant leur mise en œuvre. Un Parc naturel régional, ne disposant pas d’un pouvoir réglementaire spécifique, ne modifie en rien les règles générales applicables au droit de propriété, à la chasse, à la pêche. L’ensemble des acteurs intervenant sur le territoire du Parc (agriculteurs, forestiers, chefs d’entreprise) sont incités, par des conventions passées entre le Parc et les organisations professionnelles, à une meilleure prise en compte de l’environnement et des paysages dans leurs pratiques. Au cas où les dispositions de la Charte ne seraient pas respectées, un recours au tribunal administratif peut être engagé par l’organisme de gestion du Parc contre la réalisation d’un équipement ou d’un aménagement. B. Zonage NATURA 2000 au titre de la directive européenne Oiseaux http://www.ile-de-france.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/IDF_Natura2000.pdf Le réseau Natura 2000 a pour objectif de contribuer à préserver la diversité biologique sur le territoire de l’Union Européenne. Il assurera le maintien ou le rétablissement dans un état de conservation favorable des habitats naturels et des habitats d’espèce de la flore et de la faune sauvage d’intérêt communautaire. Les sites constituant ce réseau sont désignés par chacun des Etats membres 54 en application des directives européennes dites « oiseaux » et « habitats » de 1979 et 1992, inscrites en droit français par l’ordonnance du 11 avril 2001. Les sites désignés au titre de la directive « oiseaux » sont dénommées Zones de protection spéciale (ZPS). Il s’agit de sites maritimes et terrestres particulièrement appropriés à la survie et à la reproduction d'espèces d'oiseaux sauvages figurant sur une liste arrêtée par le ministre chargé de l'environnement ou qui servent d'aires de reproduction, de mue, d'hivernage ou de zones de relais à des espèces d'oiseaux migrateurs. Objectifs : Conserver ou rétablir dans un état favorable à leur maintien à long terme les habitats naturels et les populations des espèces de faune et de flore sauvages qui ont justifié la désignation du site Natura 2000. -Eviter la détérioration des habitats naturels et les perturbations de nature à affecter de façon significative les espèces de faune et de flore sauvages qui ont justifié la désignation du site Natura 2000. Les mesures permettant d'atteindre les objectifs ainsi définis sont prises dans le cadre de contrats ou de chartes Natura 2000 ou en application de dispositions législatives, réglementaires et administratives, notamment celles relatives aux Parcs nationaux, aux réserves naturelles, aux biotopes, aux sites classés ou encore à la police de la nature. C. Zonage NATURA 2000 au titre de la directive européenne Habitats-Faune-Flore http://www.ile-defrance.ecologie.gouv.fr/IMG 55 La directive " Habitats " du 22 mai 1992 détermine la constitution d'un réseau écologique européen de sites Natura 2000 comprenant à la fois des zones spéciales de conservation classées au titre de la directive " Habitats " et des zones de protection spéciale classées au titre de la directive " Oiseaux " en date du 23 avril 1979. Les sites désignés au titre de la directive Habitat-Faune-Flore sont dénommés Zones spéciales de conservation (ZSC). Il s’agit de sites maritimes et terrestres qui comprennent des habitats naturels ou des habitats d'espèces de faune et de flore sauvages dont la liste est fixée par arrêté du ministre en charge de l'environnement et dont la rareté, la vulnérabilité ou la spécificité justifient la désignation de telles zones et par-là même une attention particulière. Un document d'objectifs (DOCOB) est rédigé par le préfet de département assisté par un opérateur technique, comme l’ONF, en faisant une large part à la concertation locale. Il définit pour chaque site, les orientations et les mesures de gestion et de conservation des habitats et des espèces, les modalités de leur mise en œuvre et les dispositions financières d'accompagnement. La France s’est engagée auprès des élus et des acteurs socio-économiques à ne pas utiliser de contraintes réglementaires. Ainsi, les acteurs ayant en charge la gestion et l’entretien des milieux naturels adhèrent individuellement et librement au document d’objectifs par la signature de « contrats Natura 2000 » leur permettant d’être rémunérés pour les travaux et services rendus à la collectivité . Les dispositions relatives aux sites Natura 2000 sont applicables sur le territoire européen des Etats membres D. Le statut UNESCO de la réserve de Biosphère M.A.B 56 Espaces d'application : • Les espaces portant sur des écosystèmes ou une combinaison d'écosystèmes terrestres, côtiers et marins, reconnus au niveau international dans le cadre du Programme de l'UNESCO (United Nations for Education, Science and Culture Organisation) sur " L'Homme et la Biosphère " (dit aussi programme MAB : Man and Biosphere). • Les réserves de biosphère sont constituées de trois zones : Une aire centrale bénéficiant d’un statut légal dans la loi nationale, assure à long terme la conservation des paysages, des écosystèmes et des espèces de la réserve de biosphère Une zone tampon dans laquelle les activités sont peu perturbatrices Une aire de transition, siège des activités économiques et sociales qui doivent s’orienter vers un développement durable. En France, la responsabilité des réserves de biosphère est généralement confiée à un établissement public ayant un rôle d’information, d’animation locale, de négociation et de coordination. Objectifs : • Constituer un réseau mondial de sites modèles d'étude et de démonstration des approches de la conservation des ressources naturelles et du développement durable. • Les réserves de biosphère sont des espaces qui sont destinés à remplir trois fonctions complémentaires : contribuer à la conservation des paysages, des écosystèmes, des espèces et de la variabilité génétique ; encourager un développement économique respectant la nature et la culture locale ; mettre en place des projets de recherche qui aident à la gestion des territoires ; assurer une surveillance continue de l’environnement pour connaître l’état de la planète ; encourager la formation et l’éducation ; favoriser l’implication des populations dans la prise des décisions concernant leur région. 57 IV Zones inventoriées (espaces ayant été retenus lors d’un inventaire) A. Zone d’Importance pour la conservation des oiseaux (ZICO) • Dès les années 1980, la France a initié un inventaire scientifique des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux sur son territoire afin de mettre en oeuvre la directive « Oiseaux » du 2 avril 1979. Cet inventaire a été réalisé par la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) et le MNHN pour le compte du ministère chargé de l'Environnement, avec l'aide des groupes ornithologiques régionaux. Les ZICO hébergent des effectifs d’oiseaux sauvages jugés d’importance européenne. Publié en 1994, cet inventaire a identifié en France 285 zones, dont 277 d’importance internationale, couvrant une superficie totale d'environ 4,7 millions d'hectares, dont 4,4 millions d'hectares de superficie terrestre, soit 8,1% de la superficie du territoire national. Dans les ZICO la surveillance et le suivi des espèces constituent un objectif primordial. Cet inventaire constitue le préliminaire à la désignation des Zones de Protection Spéciale (ZPS). ( Source : http://inpn.mnhn.fr/inpn/fr/biodiv/zico/index.htm). 58 B. Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique, types 1 et 2 Voir carte précédente Espaces d'application : • Les secteurs de l'ensemble du territoire national, terrestre, fluvial et marin (départements d'outre-mer compris) particulièrement intéressants sur le plan écologique, notamment en raison de l'équilibre ou de la richesse des écosystèmes qu'ils constituent, de la présence d'espèces végétales ou animales rares et menacées. • Les ZNIEFF de type 1 ont une superficie en générale limitée, caractérisée par la présence d’espèces, d’association d’espèces ou de milieux rares, remarquables, ou caractéristiques du patrimoine naturel, régional ou national. • Les ZNIEFF de type 2 sont de grands ensembles naturels (massifs forestier, estuaires…) riches et peu modifiés, ou qui offrent des potentialités biologiques importantes. Objectifs : • Mieux connaître le patrimoine naturel en contribuant à l'inventaire des richesses écologiques, faunistiques et floristiques du territoire national. • Etablir un inventaire cartographié constituant une des bases scientifiques majeures de la politique nationale de protection de la nature. • Avoir une base de connaissances associée à un zonage accessible à tous dans l'optique d'améliorer la prise en compte des espaces naturels avant tout projet, de permettre une meilleure détermination de l'incidence des aménagements sur ces milieux et d'identifier les nécessités de protection de certains espaces fragiles. 59 ANNEXE 5 : Les Maisons du Bornage Association de loi 1901 fondée en 1996, les Maisons du Bornage ont pour principale activité l’Education à l’environnement. Des maisons thématiques, créées autour du massif forestier de Fontainebleau, servent de support aux animations (La Maison des Insectes, la Maison de l’Eau et de la Forêt). L’Education à l’environnement, réalisée sous la forme d’animations Nature, en forêt ou en intérieur, permet à nos animateurs, tous titulaires d’un diplôme universitaire, de transmettre leur passion et leur savoir à tous les publics de 2 à 90 ans (les écoles, les centres de loisirs, les familles, les adultes, mais également les Instituts Médicaux Educatifs, les Focel, les Offices de Tourisme, Nature et découvertes…) Le maintien et la préservation de la qualité de l’environnement forestier passe par la sensibilisation et la responsabilisation des publics, à la fragilité de notre patrimoine naturel et architectural. Projet réalisé dans le cadre des actions Interreg IIB SOS II. Source : http://blog.maisonsdubornage.fr/2010/01/ 60 ANNEXE 6 : Conseil Général de Seine-et-Marne Contrat de projet Fontainebleau Forêt Patrimoine Avant-propos Le 29 août 2008, les membres du Comité de pilotage pour la démarche « Fontainebleau, Forêt Patrimoine » ont signé un protocole d’accord définissant le cadre de leurs collaborations futures pour la mise en valeur du patrimoine forestier du massif de Fontainebleau. Quatre orientations stratégiques ont ainsi été définies. Elles constituent la trame du présent contrat de projets : • Orientation stratégique 1 : Promouvoir l’identité du massif de Fontainebleau en s’appuyant sur son patrimoine ; • Orientation stratégique 2 : Répondre aux besoins multifonctionnels et agir pour une acceptation mutuelle des usages ; • Orientation stratégique 3 : Favoriser une utilisation du massif assurant la préservation de son patrimoine écologique ; • Orientation stratégique 4 : Assurer un lien durable entre la forêt, son territoire et ses acteurs. Ce contrat de projet doit permettre d’accompagner de manière volontariste la préservation et la valorisation du patrimoine forestier, sous toutes ses formes, dans l’optique d’obtenir le label « Forêt Patrimoine ». Ce document constitue un enjeu très important notamment en terme de préservation de la biodiversité et des paysages, de mise en place d’un tourisme durable et d’appropriation des problématiques forestières par la population locale. Le Massif de Fontainebleau dispose d’un patrimoine et d’atouts exceptionnels : une grande richesse faunistique et floristique, des paysages uniques, des peuplements forestiers remarquables, un patrimoine historique, culturel et artistique riche ; autant de facteurs contribuant à l’attrait scientifique, touristique et économique de ce site. Malgré ce potentiel et de nombreux statuts de protection, la gestion du massif de Fontainebleau relève du maintien d’équilibres fragiles, sources de débats, voire de crispations, passionnés. Au XIXème siècle, les peintres dits « de l’école de Barbizon » s’opposent à l’administration forestière de l’époque. Leur mouvement de protestation aboutit, en 1861 (vingt ans 61 avant le premier parc national de Yellowstone (Etats-Unis)!) , à la création de 1097 hectares de Réserves Artistiques, à l’origine de l’actuel réseau des Réserves Biologiques. Dans les années 1990, un mouvement d’écoguerriers manifeste violemment contre la gestion de l’ONF et l’enrésinement du massif. Trois de leurs membres seront condamnés à de la prison avec sursis. Moins violent, mais tout aussi passionné, le débat sur la création d’un Parc National à Fontainebleau est soumis à l’avis d’un « Groupe de Réflexion sur l’Avenir de la Forêt de Fontainebleau », présidé par le Professeur Dorst (Muséum National d’Histoire Naturel). Si son rapport final (1999) n’arbitre pas sur la nature de la structure de protection à mettre en place sur le massif, il est en revanche très clair sur la nécessité « d’instaurer une gestion concertée du massif ». Parce que la méconnaissance et l’incompréhension des attentes et devoirs de chacun a pu alimenter les désaccords profonds qui jalonnent l’histoire récente du massif de Fontainebleau, ce contrat de projets réserve une place centrale à la concertation et à l’information, quelle que soit la thématique abordée. Il s’appuie donc sur l’existence des comités de concertation préexistant pour la mise en place d’une gouvernance dynamique, au sein de laquelle le Comité de pilotage « Forêt Patrimoine » assure une place centrale. Orientation stratégique 1 : Promouvoir l’identité du massif de Fontainebleau en s’appuyant sur son patrimoine Objectifs Définir l’identité de la forêt de Fontainebleau, ou « l’esprit des lieux » est une tâche complexe, tant les éléments matériels et immatériels à prendre en compte sont multiples et variables au sein même du massif. Toutefois, en 2005, une étude financée par la DIREN d’Ile-de-France dresse une description précise des éléments patrimoniaux de la forêt, en privilégiant l’analyse de son histoire, de son paysage et de ses usages. Les propositions d’actions rattachées à cette première Orientation Stratégique reprennent certains éléments de cette étude et s’organisent selon trois volets. Le premier volet, historique, s’attachera à préserver et valoriser durablement le patrimoine archéologique du massif, à commencer par les gravures rupestres. Le second volet, paysager, apportera un soin particulier dans la valorisation des éléments paysagers identitaires et dans la gestion exemplaire des zones de transition vers l’urbain et les plaines agricoles. Le troisième volet, axé sur les usages de la forêt, prendra en compte des activités qui façonnent, ou ont façonné, le visage de la forêt : tourisme, exploitation du grès, sylviculture, chasse… Chacune des actions décrites dans ces trois volets sera mise en oeuvre avec, comme objectifs permanents, la conservation du caractère naturel du site et la prise en compte de ces éléments de 62 Définition des actions • Volet « Histoire » De 2007 à 2008, une étude de l’identité historique du massif de Fontainebleau a été réalisée, permettant : - Une analyse régressive du paysage forestier sur les quatre derniers siècles, - La mise en place d’une carte archéologique, intégrée désormais au système d’information géographique utilisé au quotidien par les agents de l’ONF, - La définition de l’identité historique du massif. Cette étude préliminaire a permis d’identifier plusieurs projets de valorisation du patrimoine archéologique et du petit patrimoine bâti, et d’envisager un travail ambitieux autour du grès comme témoin privilégié de l’histoire du massif. Sous l’appellation générique « La mémoire dans la pierre » sont ainsi rassemblés des projets autour de l’exceptionnel patrimoine des gravures rupestres , et de l’activité des carriers en forêt. A l’initiative conjointe du GERSAR, de l’ONF et du PNR du Gâtinais est né un projet de valorisation de ces sites auprès du public. Il s’agit de reconstituer l’histoire des rapports entre l’homme et son environnement, en utilisant les représentations qu’il a continuellement faites dans la roche. • Volet « Paysages » Toute intervention du gestionnaire d’un espace a une incidence sur le paysage. En matière d’intervention forestière, les coupes, surtout celles de régénération, sont a priori les plus voyantes et celles qui sont perçues les plus négativement. D’autres opérations peuvent en revanche être ressenties positivement : une éclaircie ouvre des perspectives nouvelles sur le paysage forestier et des coupes bien intégrées visuellement peuvent rompre l’uniformité d’un boisement continu le long d’une route, des points de vue peuvent être ouverts. La forêt de Fontainebleau, riche d’une rare diversité de paysages bénéficie d’un document de référence en la matière : l’étude d’A. Freytet (1996). Dans le cadre de la démarche « Fontainebleau, Forêt Patrimoine », cet ouvrage servira de base à la gestion exemplaire qui sera pratiquée sur les entrées de forêt, les espaces de lisière , les points de vue et les arbres remarquables ; ceci en cohérence avec l'Atlas des paysages de Seine-et-Marne. • Volet « Usages de la forêt» Les usages et les activités humaines en forêt contribuent, par leur effet structurant ou leur impact sur le paysage actuel, à l'identité du massif. De l'achat du premier domaine royal par Robert II le Pieux au XIème siècle, aux « embellisements de la forêt » réalisés sous les règnes de Louis XIV et Louis XV, la chasse royale a été le principal élément structurant de la domaniale de Fontainebleau. La plupart des routes et allées forestières et le parcellaire qui en découle sont hérités de cette époque. Le peuplement forestier lui-même (sa structure et sa composition ) garde la mémoire des siècles passés. Jusqu'au XIXème siècle, les décisions de gestion sont indiquées dans des 63 "réformations". Celle de 1716 a fortement façonné la forêt actuelle. En effet, elle marque le début d'importants travaux de reboisement qui se poursuivent jusqu'au Second Empire. Par endroits, les paysages ouverts, que le pâturage a jusque-là contribué à maintenir, commence alors à se refermer : de 1720 à 1830, 6000 hectares sont plantés en chêne et accessoirement en hêtre, et de 1830 à 1847, 6000 hectares sont plantés en Pin sylvestre, essence introduite dès 1786. Le massif de Fontainebleau porte également les traces de l'activité des carriers. Ceux-ci, du XIVème au XXème siècle, ont extrait des quantités importantes de grès destiné à la construction ou au pavage des rues. Les fronts de taille, les amoncellements d'écales de grès (déchets de taille) ou les abris de carriers sont autant d'indices de leur activité passée qu'il convient de valoriser. Enfin, le tourisme, qui s'est développé dans la seconde moitié du XIXème siècle, est un autre élément identitaire du massif de Fontainebleau. Les sentiers Denecourt Colinet sont les témoins de cette activité. Mais, victimes d’une érosion accélérée par leur succès et le développement d’activités pour lesquelles ils n’étaient pas conçus (VTT, équitation, marche nordique,…), ils risquent parfois de disparaître si des travaux de restauration ne sont pas entrepris. Orientation stratégique 2 : Répondre aux besoins multifonctionnels et agir pour une acceptation mutuelle des usages Objectifs Le massif forestier de Fontainebleau doit constituer un exemple, une référence, en matière de gestion globale et durable. Un équilibre doit être recherché pour permettre l'expression, dans les meilleures conditions, de la multifonctionnalité de la forêt. Ce principe, réaffirmé par la Loi d'Orientation Forestière du 26 juin 2001, consiste en un équilibre entre les fonctions écologique, économique et sociale de la forêt. Sa définition locale est du ressort du document d'aménagement, qui tient compte de la variabilité spatiale des enjeux dans les objectifs de gestion qu'il assigne à la forêt. Les aménagements des forêts domaniales de Fontainebleau et des Trois Pignons hiérarchisent les objectifs de la gestion de l'ensemble du massif de la manière suivante: 1. préservation de la qualité écologique des milieux, 2. accueil du public et pédagogie de la forêt, 3. équilibre des classes d'âges et bon état sanitaire des peuplements, 4. recherche d'une bonne qualité technologique des bois à récolter. La poursuite de ces différents objectifs revêt une importance variable suivant la zone du massif concernée. Cinq sous-ensembles, ou "séries", sont ainsi définies par les documents d'aménagement (cf. Plan Stratégique), dont une série d'Accueil du Public et d'Intérêt Paysager Particulier (environ 5000 hectares), où se concentrent de manière forte tous les enjeux de la multifonctionnalité. Les opérations développées dans le cadre de cette deuxième orientation stratégique viseront à une mise en oeuvre équilibrée et conforme aux aménagements du principe de multifonctionnalité. Ceci 64 nécessite notamment le déploiement d'une stratégie d'accueil du public durable et adaptée aux différents publics, orientée vers une reconnaissance et un respect mutuel des usages. Définition des actions S'appuyant sur la série d'Accueil du Public et d'Intérêt Paysager, une stratégie globale pour un accueil du public durable a été mise en place dans le cadre du projet européen PROGRESS (20032008) et présentée à la Commission des Sites et des Paysages de Seine-et-Marne du 21 janvier 2008. L'objectif de cette stratégie est de concilier l'accueil du public avec la préservation des milieux sensibles ou remarquables. Elle repose notamment sur une redistribution des flux de visiteurs depuis les sites sensibles et surfréquentés vers des sites "à bonne capacité d'accueil". Des actions ont été entreprises dans ce sens depuis 2003. Leur efficacité sera évaluée et la création d'une structure pérenne, capable de suivre l'évolution de la fréquentation du massif sera étudiée. Les travaux d'aménagements des sites inscrits à la stratégie d'accueil seront poursuivis, notamment la réorganisation du site de Franchard en lien avec l'ouverture du centre d'écotourisme. Un effort sera également porté sur la sécurisation des sites d'accueil par la pérennisation d'une brigade équestre et la réalisation de travaux de lutte contre l'érosion. Enfin, le développement de nouveaux modes d'accès à la forêt seront étudiés: la mise en place d'une offre d'accueil cohérente et lisible à l'égard des personnes handicapées sera recherchée, de même que l'adaptation des outils de canalisation du public aux nouvelles technologies. En effet, le développement d'Internet et la démocratisation des terminaux multimédia et GPS portatifs ouvrent de nouvelles perspectives en terme de gestion de l'accueil du public en forêt et de sensibilisation au respect de bonnes pratiques et des autres usages. Orientation stratégique 3 : Favoriser une utilisation du massif assurant la préservation de son patrimoine écologique Objectifs L'exceptionnelle richesse écologique du massif de Fontainebleau lui a valu son classement en Site d'Importance Communautaire au titre des directives européennes « Oiseaux » et « Habitats »k. Elle provient notamment: - de sa position de carrefour biogéographique, - de sa topographie variée et de sa géologie, dont les éléments les plus déterminants sont les platières de grès qui s’étendent sur des surfaces de plusieurs dizaines d’hectares et les sables soufflés dont l’épaisseur de dépôts et la richesse minéralogique et chimique offre un panel de sols très vaste, - des usages de la forêt (passé militaire, exploitation de carrières, pastoralisme, fabrication de charbon de bois) auxquels peut s’ajouter le rôle régressif des incendies jusque dans les années 1950, qui ont engendré une mosaïque intéressante de grands 65 espaces ouverts préservés dans un écrin forestier mais ont aussi permis à nombre d’associations végétales pionnières de se maintenir. Toutefois le patrimoine écologique est soumis à de nombreuses perturbations, principalement d'origine anthropique (surfréquentation, exploitation des ressources naturelles, pollutions...). Sa préservation nécessite donc de mieux le connaître et d'intervenir en prévention et en réparation des perturbations qu'il subit. Les actions développées dans le cadre de cette troisième Orientation Stratégique afficheront ce triple objectif. Elles seront déclinées au travers d'un volet "études", d'un volet "techniques et travaux" et d'un volet "communication". Définition des actions • Volet « Suivi de la Biodiversité » Des études seront réalisées afin de mieux connaître le patrimoine écologique et son évolution. Elles s'appuieront notamment sur le réseau tout à fait remarquable des Réserves Biologiques et sur l'existence de mares tourbeuses. Le fond documentaire existant sera également inventorié et référencé, pour alimenter le centre de documentation de la station d'écologie forestière. • Volet « Techniques et travaux » En application des contrats Natura 2000, des travaux d'entretien des espaces ouverts et des mares seront réalisés. Des travaux en faveur de la régénération de junipéraies seront également entrepris. En lien avec l'accueil du public, une attention particulière sera portée à la protection, l'entretien et le suivi de la plaine de Chanfroy, et plus généralement, à l'entretien et à la propreté des espaces d'accueil du public. Enfin, une expérimentation sera menée sur le recours de modes d'exploitations forestières à impact réduit : il conviendra d'analyser dans quelle mesure des moyens inhabituels de travaux forestiers et de débardage des bois (câble, cheval de trait,...) peuvent être mis en oeuvre sur le massif de Fontainebleau. Car si elles peuvent sembler bénéfiques pour les sols forestiers, ces modalités d'intervention ne représentent pas nécessairement une alternative généralisable aux moyens mécaniques habituels. • Volet « Communication » Un plan de communication pour une éducation et une sensibilisation à la préservation du patrimoine écologique du massif sera mis en place. Il pourra notamment s'appuyer sur l'exemple de la réintroduction d'Arenaria Grandiflora, sur la revalorisation de l'arboretum de Franchard ou sur la création d'un sentier pédagogique au sein d'une Réserve Biologique Intégrale. 66 Orientation stratégique 4 : Assurer un lien durable entre la forêt, son territoire et ses acteurs Objectifs Le massif de Fontainebleau peut apparaître comme une entité autonome, sans réel lien, sinon affectif, avec son territoire. En effet, malgré une fréquentation annoncée à environ 17 millions de visites par an, les retombées économiques pour le territoire proche restent faibles. L'utilisation, par 90% des visiteurs, de la voiture pour venir en forêt est certainement un facteur explicatif, de même que l'absence d'offre touristique structurée. De plus, la filière bois locale est quasiment inexistante, alors que le massif représente un bassin de production majeur en Ile-de-France. Il constituerait, par exemple, un réel atout pour une éventuelle filière bois-énergie locale. Enfin, la vie même de la forêt et les actes de gestion qui concourent au maintien de sa multifonctionnalité restent méconnus, voire incompris. Afin de recréer un lien durable entre la forêt et son territoire, les opérations proposées dans le cadre de cette quatrième Orientation Stratégique viseront à connecter la forêt avec son territoire; physiquement, économiquement et par l'implication du plus grand nombre, dans une logique de préservation. Pour atteindre ses objectifs, la démarche Forêt Patrimoine s'appuiera sur un schéma de concertation déjà effectif et du volontarisme de certains acteurs locaux. Définition des actions • Volet « Gestion partagée» La dynamique de concertation existante, basée sur le Comité des Réserves, le Comité érosion et le Comité Accueil, sera complétée par la Création du Comité communication, qui travaillera notamment à la promotion de la démarche Forêt Patrimoine et des opérations menées dans ce cadre. Les partenaires directs de la démarche Forêt Patrimoine se verront également proposer des cessions de découverte de l'activité du forestier, sous la forme de tournées terrain et d'association aux actes de gestion de la forêt. • Volet « Développement économique» Le développement d'une offre touristique structurée sera recherchée; non pas dans un but d'augmentation quantitative de la fréquentation, mais bien dans une optique d'amélioration des comportements et de bénéfice pour le tissu économique local. Elle sera notamment basée sur un renforcement du lien entre le château de Fontainebleau et la forêt , ainsi que sur un réseau d'acteurs impliqués dans la préservation du patrimoine forestier. La signature de conventions de Tourisme Durable sera un premier pas vers la constitution de ce réseau qui pourrait profiter de l'ouverture du centre d'écotourisme de Franchard. Une réflexion sur la place d'une filière bois locale sera également menée. 67 • Volet « Continuité territoriale » Une meilleure connexion du massif forestier avec les populations locales sera recherchée. Elle passera notamment par une rénovation de la politique d'accueil des riverains et des scolaires sur le site de la Faisanderie. Elle s'appuiera également sur l'élaboration d'un "schéma de liaisons douces" , connectant le réseau d'itinéraires forestiers balisés aux itinéraires piétons ou cyclables des villes voisines. Une analyse socio-écologique de l'interface ville-forêt sera également menée . Enfin, l'inscription de la démarche "Fontainebleau, Forêt Patrimoine" dans un territoire plus large sera envisagée au travers, d'une part, de l'étude préparatoire à la constitution de la "trame verte et bleue" et, d'autre part, de la mise en place d'une réelle dynamique de réseau national, voire international. Celle-ci s'appuiera par exemple sur l'existence du réseau national "Forêt Patrimoine" et sur la relation privilégiée liant le massif de Fontainebleau à la New Forest (Royaume-Uni) et à la forêt de Soignes (Belgique). 68 ANNEXE 7 : L'avenir de la forêt de Fontainebleau Rapport au ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement Avril 1999 A – Etat des lieux Fontainebleau, archétype de la forêt de plaine Le Massif de Fontainebleau est un élément majeur du patrimoine national et européen, un archétype de la forêt de plaine se caractérisant par : 1. Un ensemble diversifié de paysages, combinant substrat géologique et géomorphologique, relief, couvert végétal créant une structure unique en son genre ; 2. Au sein de ces paysages, une grande diversité d’écosystèmes (forêt, marais, espaces ouverts : landes à bruyères, pelouses calcaires …) ; 3. Un ensemble d’espèces d’une richesse considérable, liée à la diversité des écosystèmes et des stades d’évolution des peuplements ; du seul point de vue floristique, le massif de Fontainebleau est incontestablement le plus riche de toutes les plaines d’Europe occidentale et centrale ; à lui tout seul, il contient le cinquième des espèces de Phanérogames de la Flore de France. Fontainebleau est un point de convergence de voies de communication Avec deux villes en son centre, Fontainebleau et Avon, situé à 60 kilomètres de Paris et à proximité des villes nouvelles d’Evry et de Melun-Sénart et bordé de petites communes de plus en plus habitées, le massif de Fontainebleau est traversé par de nombreuses voies de communication (autoroutes A6, N6 et N7, nombreuses départementales, deux voies de chemin de fer) qui provoquent des coupures physiques, écologiques et sonores qui rompent l’unité du massif et perturbent la faune comme la quiétude des promeneurs. Fontainebleau a une fonction sociale de grande importance La fréquentation des forêts du massif de Fontainebleau ouvertes au public estimée à plus de 13 millions de visiteurs par an, jusqu’à 500 000 visiteurs certains jours au printemps, explique l’importance d’un tel espace naturel aux portes de l’agglomération parisienne. Cependant focalisée sur quelques sites remarquables, cette activité anthropique peut s’avérer nuisible lorsqu’elle va, comme c’est le cas dans certains endroits (Larchant, Gorges de Franchard et d’Appremont…) jusqu’à menacer l’existence même des peuplements forestiers et provoquer une rapide dégradation du sol. Fontainebleau présente un intérêt culturel Riche d’un patrimoine archéologique (mégalithes, polissoirs, abris ornés, sépultures…), abritant depuis le 11ème siècle un château, haut lieu de l’histoire française, la forêt de Fontainebleau est 69 devenue emblématique au 19ème siècle, grâce aux peintres de l’Ecole de Barbizon et à quelques grands écrivains romantiques. Fontainebleau est aussi un symbole de la protection de la nature Fontainebleau est aussi une trace vivante de l’histoire de la protection de la nature et du droit qui lui correspond dans la mesure où y fut créée en 1861 la première réserve dite " naturelle " ou artistique et en 1948, la première association mondiale de protection de la nature l’Union Internationale pour la Protection de la Nature (UIPN) qui devait devenir en 1956 l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et qui est maintenant l’Union Mondiale pour la Nature. Aujourd’hui le massif de Fontainebleau fait l’objet de diverses mesures de protection plus ou moins forte : sites inscrits et classés au titre de la loi du 2 mai 1930, périmètre de protection autour des monuments historiques, espaces naturels sensibles des départements, espaces boisés classés dans les POS, réserves biologiques domaniales, réserves naturelles volontaires. Classé en Réserve de Biosphère par l’UNESCO, le massif de Fontainebleau reçoit en décembre 1998 un label international qui ne s’accompagne pas de mesures spécifiques de protection, mais le place parmi les aires d’un intérêt biologique et culturel à l’échelle mondiale. Fin 1999, la forêt domaniale de Fontainebleau et les forêts privées limitrophes sur 16 communes de Seine et Marne doivent être classées en forêt de protection afin de concilier la protection du massif et la fréquentation du public. Ce classement en forêt de protection devrait être suivi en l’an 2000 du classement du massif des Trois Pignons et en l’an 2001 de celui de la Commanderie. L’application de la directive Habitats, Faune, Flore devrait renforcer la protection du massif par le classement en zones Natura 2000 des habitats naturels et des habitats d’espèces d’intérêt communautaire. Parallèlement, la création du Parc Naturel Régional du Gâtinais Français qui couvre la partie ouest du Massif de Fontainebleau tend à concilier la préservation du massif et sa fréquentation par le public dans le cadre d’un développement durable de la zone classée en Parc Naturel Régional. B – Les contraintes qu’il convient de gérer et d’infléchir quelle que soit la solution retenue 1 - La gestion du milieu Le massif de Fontainebleau a été et est encore profondément modifié par les activités humaines. Sa gestion doit être équilibrée et diversifiée selon un zonage du territoire qui prend en compte la spécificité du milieu naturel et les usages qui s’y exercent permettant de conserver à Fontainebleau son image de forêt loisir. Extension des réserves intégrales et dirigées Il convient de mettre en place un ensemble suffisant de réserves biologiques intégrales où les cycles sylvigénétiques doivent se développer de façon spontanée. L’objectif prioritaire de ces réserves intégrales est d’assurer la présence, à très long terme, d’un ensemble d’écosystèmes à très haut degré de naturalité. Les principaux noyaux de réserves intégrales devraient couvrir un ensemble d’au moins 1000 hectares. Ces noyaux doivent être judicieusement répartis, de façon à s’insérer dans un dispositif 70 global de conservation, comprenant les bouquets de vieillissement, les cheminements paysagers incluant des arbres atteignant des âges avancés, le maintien d’arbres âgés dans chaque parcelle. Les écosystèmes présents dans le massif qui relèvent de cette directive doivent être protégés dans le cadre de réserves biologiques, où devront être maintenues autant que de besoin les pratiques ou les procédures qui garantissent le maintien de certaines populations, selon les principes qui doivent prévaloir dans les actuelles réserves biologiques dirigées. Certains milieux non inscrits dans la Directive, mais typiques du massif bellifontain, devront être protégés et gérés dans le même esprit. Les écosystèmes ainsi préservés seront des lieux privilégiés pour la recherche scientifique, mais leur finalité est avant tout conservatoire. Dans certains cas, il devra être possible d’y conduire des actions éducatives en vue d’exposer à des publics variés les caractéristiques et le fonctionnement des forêts naturelles. Constitution de réserves patrimoniales pour le maintien et la restauration des milieux ouverts et des milieux humides La richesse biologique du massif bellifontain étant pour une large part liée à l’existence d’écosystèmes non forestiers (marais, tourbières, landes…), il conviendra de préserver et/ou de restaurer la diversité générale de ces milieux et de contenir l’expansion spontanée de la forêt. Par ailleurs, ces espaces pourront faire l’objet d’une ouverture au public en accès limité et contrôlé. Gestion de la forêt à vocation paysagère, d’accueil du public et d’exploitation ligneuse Dans les espaces boisés ne relevant ni de la directive Habitats, ni des réserves intégrales, c’est à dire les parties de la forêt à vocation paysagère, d’accueil du public, à vocation également d’exploitation de la production ligneuse, la gestion devra favoriser la diversité biologique en raisonnant à différentes échelles spatiales. Ce qui est loin d’être simple. D’abord parce que la notion même de biodiversité recouvre des réalités complexes. On sait, bien entendu, qu’une uniformisation extensive des traitements, la favorisation d’un petit nombre d’essences sont défavorables à la biodiversité. Il faut donc arrêter des objectifs détaillés et définir la manière de les atteindre secteur par secteur en partant de l’état actuel des parcelles. Il faut également combiner cette pratique avec des objectifs paysagers nécessairement plus subjectifs. C’est la raison pour laquelle un travail de fond est nécessaire ; il devrait associer l’établissement public responsable de la gestion, les représentants des usagers et des scientifiques qui pourront contribuer à la définition des processus à mettre en œuvre pour obtenir les composantes souhaitées de la biodiversité secteur par secteur, parcelle par parcelle, station par station. Gestion de la faune sauvage La forêt domaniale comme la forêt privée qui la borde, riche en animaux de la grande faune sauvage (cerfs, chevreuils, …) requiert une régulation de ses populations afin de maintenir ou de rétablir le nécessaire équilibre agro-sylvo-cynégétique qui vise à éviter ou à réduire les dégâts aux peuplements forestiers et aux cultures agricoles et à diminuer le nombre d’accidents sur les routes. Si 71 la régulation des populations de grands animaux est aujourd’hui réalisée par la pratique de la chasse, et qu’il convient de maintenir, au moins pour des raisons culturelles, la gestion forestière devra prendre en compte l’accueil de la grande faune. L’exploitation de la chasse par adjudication ou location privée en forêt domaniale devra être poursuivie car elle permet de ne pas recourir à un personnel spécialisé pour assurer l’équilibre satisfaisant de ces populations animales. 2 - Les voies de communication et le transport routier Le massif de Fontainebleau est traversé par deux autoroutes et par de nombreuses routes à deux fois deux voies et à deux voies ainsi que par deux lignes de chemin de fer. Les caractéristiques géométriques des routes favorisent des vitesses élevées. En matière de sécurité routière, le bilan est lourd. On dénombre dans le massif huit points noirs et une zone d’accumulation d’accidents. 33% des véhicules se trouvant sur les routes du massif forestier de Fontainebleau sont des véhicules de transit et pour beaucoup il s’agit de poids lourds. A contrario, deux tiers des véhicules s’y trouvant sont directement liés à la zone de Fontainebleau. Outre la consommation d’espace, ces voies de communication provoquent des coupures physiques, écologiques et sonores qui rompent l’unité du massif et perturbent la faune comme la quiétude des promeneurs. De plus, les eaux pluviales chargées d’hydrocarbures à partir du réseau routier et le réseau ferré par les phytocides employés pour l’entretien des voies et de leurs abords présentent un risque de pollution des terres voisines et des eaux souterraines. Un projet d’aménagement visant à une limitation spécifique de la vitesse Les aménagements retenus sont de cinq types : 1. amélioration notable de la signalisation des entrées de la forêt pour prévenir notamment des risques de collision avec la faune sauvage et des risques d’accidents ; 2. gestion appropriée des abords des routes et des lisières de forêt pour améliorer la lecture du paysage, inciter à la réduction de vitesse et maîtriser le stationnement ; 3. création de giratoires pour casser la vitesse ; 4. création de terre plein centraux avec réduction de la chaussée pour donner une priorité à la traversée de part et d’autre de la forêt ; 5. création de passages supérieurs pour établir les continuités biologiques. Ils ont pour objectifs de diminuer la fréquence des collisions sur l’ensemble du réseau que ce soit pour les conflits faune/véhicules, visiteurs/véhicules ou véhicules/véhicules et garantir ainsi la sécurité de tous les usagers de la route et de la forêt et d’améliorer la circulation des animaux dans le massif en prenant des mesures allant dans le sens d’une continuité biologique, c’est à dire d’une réduction de l’effet de coupure sur le milieu naturel. Dans un deuxième temps ce travail devra être poursuivi en prenant en compte les routes départementales et en s’orientant plus nettement vers une réduction de la circulation évaluée aujourd’hui à près de 30 millions de véhicules par an. La question de la circulation ne pourra être résolue que sur plusieurs années et nécessitera sans doute la rédaction d’une charte interministérielle. 72 3 - Les 13 millions de visiteurs : quel accueil réaliser ? Estimée à plus de 13 millions de visiteurs par an et jusqu’à 500 000 visiteurs certains jours de printemps, la fréquentation du massif est diverse : promenade de nature, activités récréatives, certes, mais aussi randonnée pédestre et équestre, VTT, escalade, tourisme de culture (château de Fontainebleau, peintres de Barbizon). Si l’Office National des Forêts a déjà développé une politique d’accueil et d’information du public, celle-ci doit être renforcée en raison de la pression constante sur le massif et développée en collaboration avec les associations d’usagers et les " Maisons du Bornage ". La mise en place d’une structure centrale d’accueil en liaison avec les Maisons du Bornage Afin de concilier une fréquentation culturelle, éducative et de découverte du milieu naturel forestier avec des pratiques plus sportives comme la randonnée pédestre ou équestre, l’escalade, la pratique du VTT, une structure centrale composée de représentants des usagers, du gestionnaire de la forêt et des collectivités locales concernées définirait la politique d’accueil et assurerait sa réalisation en concertation avec le réseau des " Maisons du Bornage " créé en juin 1996.Implanté dans les communes du bornage, ce réseau offre aux visiteurs la possibilité de choisir et de multiplier leurs façons d’entrer en forêt. Sur un tronc commun à toutes les maisons (forêt, nature, environnement) un thème spécifique est développé par chacune : maison du sable, des reptiles, des arbres, des oiseaux, de l’escalade, etc. Les Maisons du Bornage sont reliées entre elles par un sentier piétonnier ouvrant sur les circuits de randonnées existants (sentiers GR, bleus, Denecourt, des Amis de Samois…). Elles aident par ailleurs, les visiteurs à mieux connaître et apprécier les nombreuses activités touristiques (culturelles, artistiques, historiques, artisanales, sportives, agricoles,…) offertes dans les environs de la forêt. Tout en valorisant l’arrière pays, cela devrait permettre d’éviter une surfréquentation et trop de concentrations de certains lieux forestiers. L’accueil des visiteurs serait à confier à des Accompagnateurs Nature/Loisirs en milieu forestier, permettant ainsi de créer des emplois locaux. Balisage et signalisation des activités de loisir Certaines activités, comme la randonnée pédestre, équestre, la pratique du VTT, l’escalade doivent pouvoir continuer à s’exercer librement dans l’ensemble du massif. Afin que la fréquentation ne devienne pas source d’érosion les itinéraires seront balisés et certains sentiers ou sites d’escalade seront interdits à la fréquentation de façon périodique ou occasionnelle. Pour des raisons de sécurité et afin d’éviter des conflits d’usages, la mise en place d’itinéraires spécialisés pourra être réalisée. La sécurité en forêt La présence de policiers à cheval et de gardes-animateurs assermentés pourront contribuer à diminuer l’insécurité en forêt. L’aménagement des parkings Le réaménagement de certains parkings et la création de nouvelles aires de stationnement seront décidés en concertation avec les usagers et en tenant compte de la capacité d’accueil des sites 73 qu’ils desservent. Il conviendra de choisir entre l’installation de grands parkings et la réalisation de petits parkings bien répartis à l’intérieur du massif sachant que la majorité du public ne s’éloigne guère à très courte distance de son véhicule. C – Les solutions proposées Réfléchir sur l’avenir du massif de Fontainebleau conduit à s’interroger sur la mise en place d’un statut particulier de gestion durable du massif qui prend en compte les contraintes particulières de ce territoire, les nombreuses mesures de protections ponctuelles existantes qu’il s’agisse de la protection du patrimoine naturel ou du patrimoine culturel. Mais quelle que soit la solution retenue certains impératifs communs devront être respectés. • La gestion forestière tendra à la recherche d’un équilibre écologique et à la préservation de superficies assez vastes pour permettre l’évolution naturelle des associations représentatives notamment par le vieillissement de certaines parcelles forestières ou par l’entretien des zones ouvertes (landes, …). En tant que maître d’œuvre et d’ouvrage, l’Office National des Forêts assurera la gestion forestière sous le contrôle d’un Comité Scientifique. • Afin de permettre une gestion partagée du massif bellifontain dans une démarche globale et durable, il conviendra d’intégrer les collectivités locales et les usagers dans les organes de décision de l’établissement public mis en place pour assurer la protection du massif bellifontain. Un mécanisme de consultation des collectivités territoriales voisines de l’espace protégé devra également être créé afin que celles-ci puissent participer à la définition des orientations de gestion de l’espace protégé. • Des aménagement contre les nuisances causées par le trafic routier et l’utilisation abusive de l’espace notamment par le grignotage des lisières devront être réalisés. • Afin de répondre à la demande sociale de loisir d’une forêt périurbaine à haute fréquentation, il conviendra de créer et d’entretenir un dispositif d’accueil du public selon des modalités telles que soient réduits au minimum les effets indésirable de l’affluence de ce public. • Quatre solutions ont fait l’objet de débats au sein du Groupe. La première s’appuie sur le droit existant et propose la création d’un Parc National, les deux autres reposent sur l’adoption de nouveaux statuts juridiques de protection des milieux naturels et la quatrième reprend le projet de classement en forêt de protection en proposant la création d’un Comité Consultatif de gestion. 1- Parc National Avantages Plusieurs arguments ont été avancés en faveur de cette solution : • Compte tenu de sa richesse biologique et culturelle, le massif bellifontain répond aux exigences d’un " intérêt spécial " attaché à la conservation du milieu naturel qui soutient la création d’un parc national ; 74 • Depuis les réformes apportées en 1985 et en 1995 à la réglementation des parcs nationaux (cf. Code rural, article L. 241-13), l’anthropisation n’est plus un obstacle à la création d’un parc national ; • Les organes de gestion des parcs nationaux (Conseil d’administration, conseil scientifique) permettent une gestion concertée et scientifique du milieu classé ; • Le décret de classement permet de réglementer les aménagements forestiers et l’exploitation sylvicole ; • La législation existe et la décision de classement pourra être prise rapidement pour protéger le massif de Fontainebleau . Inconvénients Si la création d’un parc national est juridiquement et techniquement possible à Fontainebleau, la création de ce parc soulève plusieurs graves interrogations. • Compte tenu du contexte socioculturel de Fontainebleau (massif forestier traversé par 144 kilomètres de routes publiques, supportant une forte pression touristique pénétrant dans la totalité du massif, soumis en permanence à une infinité d’agression : pollutions, piétinement, etc.), le décret de création du parc national comprendra plusieurs dérogations à la réglementation générale des parcs nationaux. Si chacune de ces dérogations est admissible, en revanche leur somme contribuera à vider de son contenu la protection ainsi mise en place. • En raison du contexte écologique du massif et du réseau routier qui le sillonne, la création d’un noyau central dans le parc bénéficiant d’une protection intégrale est impossible. Les parties représentatives des différents écosystèmes sont en effet dispersées à travers le massif et leur protection ne peut se concevoir qu’en réseaux disparates de réserves biologiques. Par ailleurs, la constitution problématique d’un noyau central aurait pour conséquence de réduire l’espace ouvert aux 13 millions de visiteurs dont les activités seraient cantonnées sur une surface réduite et soumise ainsi à une érosion incontrôlée et incontrôlable. • La création d’un parc national dans le massif de Fontainebleau permettrait de donner des arguments à tous ceux qui dans les parcs nationaux existants exercent des pressions pour installer des équipements, développer un tourisme non contrôlé et réaliser des infrastructures de tous ordres. • La superposition de la zone périphérique d’un parc national avec celle d’un parc naturel régional peut entraîner des difficultés administratives au niveau de la gestion du territoire. De même la superposition sur un territoire identique de deux établissements publics – un parc national et l’Office National des Forêts – ne peut que conduire à de graves dysfonctionnements, instaurer une incohérence en termes de gestion et créer une image brouillée auprès du public. Institutionnalisation d’un Comité Consultatif de Gestion Lors des travaux du Groupe de réflexion, il est apparu que les élus, les associations, les usagers, les scientifiques souhaitent être associés plus directement à la gestion du Massif de Fontainebleau. Il conviendrait donc de doter la forêt de protection d’un Comité Consultatif rassemblant les différents acteurs concernés : Etat, propriétaires privés, collectivités locales ou leurs 75 groupements, les associations et la population fédérée par exemple dans une Union des amis et usagers du massif de Fontainebleau et les autres partenaires concernés. Chargé de définir les objectifs de la gestion forestière du massif de Fontainebleau, ce Comité Consultatif s’appuiera sur un Conseil Scientifique, indépendant, composé de personnalités nommées au niveau interministériel et capables d’apprécier les techniques de gestion de la forêt et leurs effets sur la biodiversité. Ce Conseil Scientifique donnera son avis au Gouvernement, notamment au ministre chargé de la protection de la nature ainsi qu’au ministre exerçant la tutelle sur les forêts de protection. Avantages • La réforme ainsi apportée à la réglementation des forêts de protection, répondrait à l’attente des différents partenaires concernés. • Elle permettrait aussi d’institutionnaliser le Comité Consultatif mis en place par la Préfecture de Seine et Marne et d’instaurer rapidement une gestion partagée de ce territoire. En l’attente de cette réforme, il conviendra de poursuivre le classement en forêt de protection du massif de Fontainebleau. Inconvénients • Sa mise en place nécessite une réforme de la partie législative et réglementaire du Code forestier consacrée aux forêts de protection et comporte donc des délais de mise en œuvre. Conclusion Etant donné le caractère exceptionnel du massif bellifontain sur le plan naturel et culturel, le niveau élevé de la fréquentation du massif – il occupe le premier rang au niveau national parmi les sites touristiques – et la diversité des usages, l’objectif doit être de rechercher une compatibilité aussi élevée que possible entre la conservation et la restauration des patrimoines naturel et culturel et le maintien des usages traditionnels du massif en y incluant évidemment la fréquentation périurbaine. Il s’agit donc d’un objectif de conservation durable qui doit permettre la satisfaction des besoins actuels dans les limites qui garantissent la transmission d’un patrimoine naturel et culturel non amoindri, voire restauré, aux générations futures. Pour de tels territoires périurbains, aux équilibres fragiles et aux patrimoines naturel et culturel élevés, il apparaît donc nécessaire d’adopter une solution spécifique et pourquoi pas d’innover en matière de protection de la nature. Si deux tendances s’opposent au sein du Groupe entre les partisans d’un Parc National et ceux d’une solution nouvelle : Conservatoire Périurbain de la Nature ou Réserve Nationale de Biosphère, une minorité reste favorable à la situation actuelle en dotant la forêt de protection d’un Comité Consultatif de suivi du massif de Fontainebleau. Alors que le Parc National à la faveur des associations de naturalistes et de certains scientifiques, le Conservatoire Périurbain de la Nature semble mieux répondre à l’attente des associations d’usagers du massif et de certains élus tandis que la transposition en droit national du statut de Réserve de Biosphère est soutenue par certains scientifiques et des élus locaux qui défendent un dispositif global de protection et de développement durable du Pays de Fontainebleau. En revanche 76 l’ensemble des membres du Groupe s’accorde pour doter l’organisme gestionnaire du massif bellifontain d’un Comité Consultatif de suivi de la gestion afin d’instaurer une gestion concertée du massif. L’adoption d’une structure nouvelle de protection des espaces naturels périurbains comblerait une lacune du droit français de l’environnement. Appliquée pour la première fois à Fontainebleau, cette mesure nouvelle permettrait à Fontainebleau de renouer avec son passé en jouant ainsi un nouveau rôle dans l’histoire nationale de la protection de la nature. Président : Professeur Jean DORST ; Secrétaire : Geneviève HUMBERT ; Modérateur : Dominique BOURG. 77 ANNEXE 8 : Un projet territorial, patrimonial et partagé pour le massif de Fontainebleau La Forêt de Fontainebleau est un espace forestier remarquable, aux portes de Paris, qui fait déjà l'objet de nombreuses protections. Lors de la célébration du cinquantième anniversaire de l’UICN en novembre 1998 des défenseurs de cet espace ont même évoqué la création d'un parc national. Le premier Ministre dans son intervention s'est engagé à ce que la France, qui avait l'honneur d'accueillir cette manifestation internationale, fasse un effort pour garantir une gestion multifonctionnelle et durable de ce patrimoine d'une grande notoriété internationale. En cherchant à préciser de quel territoire, de quels enjeux, de quelles attentes et de quels acteurs il s'agissait, l'état des lieux et les procédures en cours, les premiers travaux de B. Glass ont souligné une complexité impliquant des investigations plus complètes. Il a donc proposé, dès le début de 2001, au commanditaire une inflexion de la mission. Son rapport examine d'abord le territoire concerné, les moyens d'améliorer la cohérence de l'action publique, les solutions pour assurer une concertation permanente pour une gestion multifonctionnelle et examine les solutions pour disposer d'une organisation appropriée. 1. Nature et déroulement de la mission 1.1- Une inflexion de la commande initiale 1.2- Une approche sélective en privilégiant l’existant : des lacunes possibles et des critiques probables 2. Analyse de la situation : un cumul de réglementations, d’usages et d’initiatives 2.1- L’enjeu patrimonial à dominante forestière 2.2- Les étapes significatives dans le domaine de la préservation 2.2.1- Les évènements symboliques 2.2.2- Le renforcement de la réglementation “conservatrice” 2.2.3- La gestion publique du patrimoine naturel 2.3- Le territoire concerné 2.4- Le rapport « Dorst » sur l’avenir de la forêt de Fontainebleau 2.5- Le constat « résumé » 3. Propositions : abandon des fausses pistes pour une solution réaliste et évolutive 3.1- Un cadrage réaliste mais ferme de la protection 3.2- Une définition claire du territoire concerné 3.3- Une cohérence de l’action publique avec un projet de territoire 3.4- Une concertation permanente pour une gestion multifonctionnelle 3.5- Une organisation flexible et évolutive 3.6- Une démarche innovante pour les espaces naturels 78 1. NATURE ET DÉROULEMENT DE LA MISSION 1.1- Une inflexion de la commande initiale Par note en date du 26.12.2000, le directeur du cabinet de la ministre de l’aménagement du territoire et de l’environnement a souhaité que Bernard Glass mène une mission courte de définition d’un cahier des charges de la constitution d’un groupement d’intérêt public (GIP) axé sur la forêt de Fontainebleau. De manière plus précise, ce GIP « constituerait un espace de dialogue entre toutes les parties en présence permettant, sans préjuger de mesures structurelles fortes, le débat sur les objectifs de ce territoire ».En cherchant à préciser, au titre du pré diagnostic, de quel territoire, de quels enjeux, de quelles attentes et de quels acteurs il s’agissait, l’état des lieux et les procédures en cours ont souligné une complexité dépassant le champ d’un GIP de dimension raisonnable. D’où l’accord du commanditaire pour vérifier, en partant de l’analyse de la situation, la possibilité de “faire l’économie” d’un GIP avec la même perspective de résultats. 1.2- Une approche sélective en privilégiant l’existant : des lacunes possibles et des critiques probables La mission s’est traduite par l’examen de l’importante documentation concernant un territoire, à géométrie variable selon les procédures publiques et les institutions dépositaires, ainsi que par une série de rencontres et de contacts avec les représentants de l’administration, de l’ONF, des collectivités territoriales, de la vie associative, de la communauté scientifique et de l’UNESCO. Complétée par quelques visites de terrain, cette démarche, qui ne revêtait pas un caractère d’exhaustivité, s’est déroulée de janvier à septembre 2001. Son évidente tournure sélective visait à mieux identifier les partenaires et les modalités d’une solution qui, dans l’immédiat, n’impliquait pas une nouvelle création d’organisme, compte tenu d’une réalité réglementaire et institutionnelle déjà très complexe. Sa forme participative, en abordant et en discutant les solutions envisageables, peut susciter les critiques de ceux qui faisaient valoir leur préférence. 2. ANALYSE DE LA SITUATION : un cumul de réglementations, d’usages et d’initiatives Au cours de l’année 1998, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’UICN (Union mondiale pour la nature) en forêt de Fontainebleau, une série d’initiatives de divers organismes a convergé sur un territoire de nature et de superficie variables. Même si la forêt domaniale, gérée par l’ONF, constitue l’élément central des préoccupations de protection, certains projets ou procédures s’appliquent à des entités géographiques qui se superposent ou se juxtaposent sans lien logique. Il en résulte un dispositif peu lisible et insuffisamment coordonné que d’aucuns pensent pouvoir améliorer en y plaquant une institution de type “parc national”. Il importe, dans un premier temps, de clarifier le système de préservation existant et en cours de renforcement en réponse à des demandes et des pressions croissantes d’origine périurbaine. 79 2.1- L’enjeu patrimonial à dominante forestière Une enquête du CREDOC, réalisée de 1998 à 1999 pour l’Agence de la Région Ile-de-France, établit que, pour les Franciliens, le massif de Fontainebleau correspond, avec la forêt de Rambouillet, à deux imaginaires complémentaires : le plaisir esthétique de paysage naturel et la fonctionnalité rassurante des parcs forestiers, c’est-à-dire de forêts dont l’entretien favorise la promenade, ainsi que les diverses activités de défoulement physique, et sécurise le promeneur. Ainsi, “en Ile-de-France, le flux de fréquentation dans le massif de Fontainebleau, évalué à 17 millions de visites par an, équivaut, en 1998, au cumul des entrées dans les parcs d’attractions (parc EuroDisney, parc Astérix, Mer de sable, parc animalier de Thoiry, jardin d’acclimatation, parc de Bagatelle)" . Si l’intérêt de la fonction récréative apparaît évident de par les chiffres précédents, la signification biologique pour la communauté scientifique de ce patrimoine forestier est établie depuis plus d’un siècle au même titre que la portée culturelle et paysagère remontant à l’École des peintres de Barbizon. Enfin, malgré les critiques dont elle est périodiquement l’objet, la gestion de la forêt domaniale a progressivement intégré dans ses objectifs de production ligneuse et de régénération des peuplements, ceux de la multifonctionnalité. Fontainebleau et forêt sont indissociables : pour l’opinion publique, c’est un massif forestier emblématique. Sa valeur patrimoniale nationale et sa fonction d’espace vert périurbain sont indiscutables et reconnues. Percolé de flux automobiles croissants, de plus en plus survolé, le massif devra pourtant ménager des zones de calme et de continuité de circulation, pour la faune certes, mais aussi pour les visiteurs en constante augmentation. 2.2- Les étapes significatives dans le domaine de la préservation 2.2.1- Les évènements symboliques En premier lieu, sans méconnaître pour autant les évènements de l’histoire forestière française, des symboles s’attachent à la forêt de Fontainebleau et lui valent la vigilance, voire la pression, constante d’une vie associative se préoccupant de la protection et du “bon usage” du massif. C’est aussi à Fontainebleau que fut créée, en 1948, l’Union internationale pour la protection de la nature, devenue l’Union internationale pour la conservation de la nature, puis l’Union mondiale pour la nature. Cinquante ans plus tard, s’est tenue au même endroit la cérémonie pour l’anniversaire de cette dernière en présence, notamment, du Président de la République et du Premier ministre qui ont souligné l’intérêt pour la France et son engagement pour la préservation du massif. Ils n’ont cependant pas fait état de la formule “parc national” réclamée par une pétition, riche en signatures, dont celles de sept prix Nobel, préparée, dès 1994, par un comité pour un parc national à Fontainebleau. Le chef du gouvernement a salué l’initiative de l’UNESCO de classer “réserve de biosphère” en 1998, le “pays de Fontainebleau”. Cette initiative, actée et affichée par le gouvernement comme une reconnaissance internationale d’un territoire d’une valeur patrimoniale universelle, doit être transposée en droit 80 français. Parmi les options juridiques existantes qui prévoient à la fois la possibilité d’un zonage à trois gradients de préservation (zones centrales, “tampon”, de transition) et une institution unique chargée du pilotage, seuls le parc naturel régional (lois de 1993 et de 1995) ou le parc national (loi de 1960) conviennent. Le premier relève d’un projet d’initiative régionale, d’un syndicat mixte et d’un classement par décret au vu d’une charte décennale ; le second, d’un classement par décret en Conseil d’État après enquête publique et d’un établissement public national à caractère administratif. Actuellement, deux parcs régionaux (Lubéron et Vosges du Nord) et deux parcs nationaux (Cévennes et Guadeloupe), tous les quatre “labellisés“ postérieurement à leur création, répondent aux critères de classement de l’UNESCO. Six autres réserves de biosphère n’y répondent que partiellement ou imparfaitement ; parmi elles, celle de Fontainebleau. Il est à noter que certains membres du comité pour un parc national ont, avec l’étiquette d’”éco-guerriers”, mené des actions de destruction de plantations et de sabotage de matériel au préjudice de l’ONF. Les condamnations pénales consécutives à ces agissements ont annihilé le “portage” politique du parc. 2.2.2- Le renforcement de la réglementation “conservatrice” La portée emblématique et la valeur patrimoniale du massif de Fontainebleau ont fait converger sur lui les mesures réglementaires de protection sans mobiliser pour autant les moyens de gestion qu’implique leur respect ou leur mise en oeuvre. Dès 1965, la forêt domaniale a fait l’objet d’un classement au titre de la loi de 1930, avec des extensions successives. Le schéma directeur de la Région Ile-de-France, arrêté en 1997, a confirmé la vocation d’espace boisé protégé de l’ensemble du massif de Fontainebleau. Esquissée en 1990, la procédure “forêt de protection”, au titre des articles L. 411-1 et suivants et R. 411.1 et suivants du code forestier, a été relancée, en 1998, sous l’impulsion et le pilotage directs du préfet de Seine-etMarne. En animant personnellement un comité consultatif du massif de Fontainebleau regroupant pratiquement tous les acteurs concernés - huit représentants de l’administration déconcentrée, huit élus locaux, sept représentants des usagers, huit représentants des propriétaires et sept personnes qualifiées -, le préfet Schott a permis la mise au point rapide du projet de décret de classement sur environ 30 000 ha, intéressant 31 communes. De surcroît, il a veillé à faire coïncider avec ce périmètre ceux de la zone de protection spéciale (ZPS) au titre de la directive “oiseaux” et de la zone spéciale de conservation (ZSC) au titre de la directive “habitats“. Ainsi, ces trois “couches” de mesures de protection présentent l’intérêt de s’appliquer sur un même territoire ; encore faudra-t-il veiller à la cohérence, voire à l’unicité, des prescriptions de gestion (notice de gestion et document d’objectifs) et des comités chargés du suivi. 2.2.3- La gestion publique du patrimoine naturel L’ONF est chargé depuis 1965 de la gestion et de l’équipement des forêts appartenant à l’État, en application de l’article L.121-2 du code forestier. Il élabore l’aménagement forestier qui, réglé par arrêté ministériel, consigne les mesures de gestion et les équipements pour répondre aux objectifs assignés pour une période déterminée (article L. 133.1 du CF). Celui de la forêt domaniale de 81 Fontainebleau est en instance d’approbation par le ministre de l’agriculture et de la pêche : prévue pour une durée de vingt ans (1996-2015), la révision de l’aménagement forestier a été perturbée par la tempête de décembre 1999 et a nécessité un ajustement. Aujourd’hui, elle devrait également se référer à l’actualité juridique résultant des procédures “forêt de protection” et Natura 2000. Le parc naturel régional du Gâtinais, officialisé en mai 1999, englobe dans son périmètre 53 communes dans leur intégralité (28 dans l’Essonne et 25 en Seine-et-Marne) et, partiellement, 4 communes de Seine-et-Marne. Il se situe globalement à l’ouest du massif, en incluant une partie de la forêt domaniale des Trois Pignons. Il est regrettable que, lors de sa gestation, il n’y ait pas eu un élargissement vers les communes urbaines de l’est du massif. La charte du parc aurait dès lors pu intégrer le massif de Fontainebleau et le syndicat mixte, constituer la structure de gestion unique de la réserve de biosphère, à l’instar des parcs régionaux des Vosges du Nord et du Lubéron. Pour mémoire, il faut citer comme gestionnaires, avec des finalités autres que la protection patrimoniale, mais susceptibles d’y contribuer, les services affectataires de terrains domaniaux, comme l’armée (camp d’entraînement) et l’équipement (routes nationales), ainsi que les divers propriétaires, publics ou privés, d’espaces naturels et ruraux. En particulier, certains organismes se sont engagés dans une politique d’acquisition foncière pour conforter la politique de protection de la nature et de mise à disposition du public en Région Ile-de-France : c’est le cas de l’association Pronatura et, à une échelle plus vaste, de l’Agence des espaces verts. La convergence de manifestations, de mesures de protection et de gestionnaires publics sur le massif de Fontainebleau fait ressortir une forte mobilisation de l’opinion et des pouvoirs publics à son égard. 2.3- Le territoire concerné Selon les interlocuteurs, la connotation territoriale liée à l’évocation d’un projet relatif au patrimoine forestier de Fontainebleau varie. Le territoire de base, noyau dur pour la protection, est la forêt domaniale, propriété inaliénable de l’État, gérée par l’ONF. C’est la partie consolidée, et néanmoins contestée par une minorité de scientifiques et de militants écologistes, qui est la plus maîtrisable du dispositif de protection renforcée en cours. Ce dispositif revêt un caractère “gigogne” dans la mesure où la démarche “forêt de protection” intéresse le massif de 30 000 ha, dont les 17 000 ha de forêt domaniale, et la réserve de biosphère, un territoire de 70 000 ha, en adoptant le terme “pays de Fontainebleau”. En juxtaposant au massif à l’ouest le PNR du Gâtinais, en tant que co-gestionnaire de la réserve de biosphère, la confusion est réelle. 2.4 Le rapport “Dorst” sur l’avenir de la forêt de Fontainebleau Le rapport dresse l’état des lieux en insistant sur la valeur patrimoniale et sur les contraintes à gérer ou à infléchir quelle que soit la solution retenue, dont la pression du transport routier et des visiteurs. Il examine quatre solutions : celles, à droit constant, du parc national et de la forêt de protection (procédure déjà activée fin 1998), ainsi que celles, sur la base de nouvelles dispositions législatives, d’un conservatoire périurbain de la nature ou d’une réserve nationale de la biosphère. 82 Dans la mesure où il n’y a pas eu de prise de position explicite du ministère commanditaire sur les pistes ainsi esquissées, sauf celle de la forêt de protection initiée par le ministère chargé de la forêt, ces pistes seront réexaminées à l’occasion des propositions en partie 3 du présent rapport. L’analyse de la situation par le groupe “Dorst” confirme l’intérêt patrimonial et les enjeux du massif forestier. En ne retenant pas, à juste titre, la solution “parc national”, il conforte la démarche “forêt de protection” et préconise l’innovation juridique pour générer une nouvelle famille d’établissements publics. 2.5 - Le constat “ résumé” L’analyse forcément sommaire du “dossier forêt de Fontainebleau”, à la fois historique et conjoncturelle, établit les avancées et les faiblesses du dispositif mis en place à ce jour. Parmi les points positifs, il y a lieu de souligner : - une volonté commune de l’État, des collectivités territoriales et des usagers, à renforcer les mesures de protection du massif forestier et de réduire les pressions qui s’y exercent par un développement en périphérie de certaines fonctions, telles que l’accueil et l’information du public ; - une reconnaissance du classement en réserve de biosphère et de l’intérêt d’une délimitation fonctionnelle en trois zones totalisant 70 000 ha ; - une transparence accrue de la gestion de la forêt domaniale de Fontainebleau à l’occasion de la révision de l’aménagement forestier ; - un parc naturel régional dont la charte constitue le cadre d’un développement durable pour la partie ouest de la réserve de biosphère ; - une procédure “forêt de protection” et Natura 2000 sur le point d’aboutir en adoptant l’assiette territoriale du massif de 30 000 ha. À l'inverse, des éléments négatifs transparaissent : - un défaut de lisibilité des nombreuses réglementations et de leurs dépositaires avec des fondements territoriaux variables ; - une absence de gestionnaire unique, avec juxtaposition d’organismes et de collectivités pouvant prétendre l’être, de la réserve de biosphère ; - une pression croissante, difficile à réguler, du transport routier et aérien, des visiteurs et de l’urbanisation périphérique. Cette énumération, non exhaustive, des points forts et des points faibles de l’action publique engagée pour préserver et valoriser un système forestier remarquable en ambiance périurbaine contribue à l’identification des efforts pour améliorer le dispositif existant. 83 3. PROPOSITIONS : abandon des fausses pistes pour une solution réaliste et évolutive En se référant au constat précédent, la mise en oeuvre d’un dispositif pérenne de protection renforcée implique réalisme, clarification, cohérence, concertation et innovation juridique. Le rapport “Dorst” a esquissé des pistes en la matière, mais aucune ne paraît répondre dès à présent à l’ensemble des enjeux à court et à moyens termes du territoire concerné. En tout état de cause, il importe qu’au titre des présentes propositions, il en soit explicitement fait état, ne fut-ce que pour contribuer à éclairer un débat souvent passionné. Aussi, la démarche proposée, d’une part se fera dans le court terme à droit constant en visant l’intégration, sur un espace clairement défini, des dispositifs de protection et de gestion, d’autre part se fondera sur des perspectives d’évolution du droit relatif au patrimoine naturel. 3.1- Un cadrage réaliste mais ferme de la protection Le groupe de réflexion “Dorst” n’a pas jugé opportune la solution “parc national” tout en reconnaissant sa faisabilité juridique et technique. En particulier, selon la très intéressante note du professeur Untermaier, la loi de 1960 sur les parcs nationaux est tout à fait applicable au massif de Fontainebleau. Toutefois, plusieurs griefs à son encontre sont avancés : - la difficulté de réguler l’importante fréquentation (dix fois celle du parc national français, celui des Pyrénées, le plus fréquenté) qui éloignerait ce parc du concept international qui privilégie les territoires à faible présence humaine et peu accessibles ; - l’impossibilité de garantir une protection intégrale des secteurs la justifiant au plan scientifique ; - l’effet pervers de la référence d’un Parc national “Fontainebleau”, très anthropisé et relativement artificialisé, sur les parcs nationaux existants en France. À ces observations du groupe de réflexion “Dorst” concluant au rejet de la formule “parc national”, et que mon expérience professionnelle des parcs nationaux français et étrangers m’amène à partager, il est désormais essentiel d’ajouter une réserve majeure : celle de l’absence d’une véritable demande politique au plan local. Si, au début des années 90, un fort mouvement d’opinion de l’international au local, en passant par le national, a été partiellement relayé par des prises de position explicites d’élus locaux en faveur d’un parc national, certains comportements extrémistes ont gâché toute chance, à court terme, d’un “portage” politique local du concept. Ce d’autant que, sous la performante impulsion du préfet de Seine-et-Marne, les procédures “forêt de protection” et Natura 2000 sont en train de converger pour renforcer la protection du massif de Fontainebleau sur environ 30 000 ha. 3.2- Une définition claire du territoire concerné Le massif de Fontainebleau constituant l’enjeu central de la préservation, il est essentiel de définir l’ensemble territorial qui, en périphérie, joue un rôle de transition tout en étant le support d’un développement compatible avec les objectifs de protection. 84 À cet égard, le territoire proposé et labellisé par l’UNESCO au titre de réserve de biosphère est globalement pertinent dans la mesure où le zonage retenu -aire centrale, zone “tampon”, aire de transition ou de coopération- répond à la logique d’intégration “préservation développement durable”. Toutefois, pour tenir compte des initiatives récentes, postérieures à l’affichage par le Premier ministre en 1998 de l’intérêt de la France pour la réserve de biosphère, des ajustements des trois zones précitées sont nécessaires. Ainsi, les zones centrales et “tampon” devront coïncider avec celles de la “forêt de protection” et Natura 2000, c’est -à-dire passer de 17 000 ha à 30 000 ha. De même, l’aire de coopération, couverte en grande partie par le parc naturel régional du Gâtinais devra s’élargir vers l’est en associant notamment les communes d’Avon et de Fontainebleau. En effet, il serait inconcevable que les communes urbaines les plus proches du massif ne contribuent pas au projet territorial qui les concerne au premier chef. La superficie indicative du territoire concerné approcherait les 100 000 ha, dont 30 000 ha à dominante forestière et de protection et 70 000 ha à dominante agricole et rurale avec développement maîtrisé. En prenant appui sur le concept de réserve de biosphère et en actualisant le zonage qui cadre la préservation et la valorisation patrimoniale, l’ensemble des acteurs concernés pourra élaborer un projet territorial cohérent et pérenne. 3.3- Une cohérence de l’action publique avec un projet de territoire À l'instar de la démarche pilotée par le préfet pour clarifier et mettre en synergie les activités sur les terrains à classer “forêt de protection“ en les confrontant aux attentes des scientifiques et des usagers ainsi qu’aux préoccupations des propriétaires et gestionnaires, il est souhaitable de construire un projet pour le territoire précédemment défini. En fait, il s’agit d’établir l’équivalent d’une charte de parc régional ou de programme d’aménagement de parc national concernant tout “l’espace parc”. À cet effet, en premier lieu, la mise en cohérence de l’action publique s’impose à l’État, aux collectivités territoriales et à leurs établissements publics. Sans être exhaustif, les ministères chargés de l’environnement, de l’agriculture et de la forêt ont à veiller à l’harmonisation et à la complémentarité des projets en cours -forêt de protection, Natura 2000, aménagements de la forêt domaniale - en liaison avec l’ONF et le CRPF. Ils devront également réactiver, avec le ministère chargé de l’équipement et des transports, la mise au point d’une charte interministérielle confirmant l’objectif “circulation apaisée” et “zones de silence”, amorcée en 1998. Bien entendu, ces actions seront relayées localement par les services déconcentrés sous l’autorité du préfet de Seine et Marne, coordonnateur du projet de territoire. Un rôle majeur est assuré par la Région Ile-de-France à travers bon nombre d’interventions à forte incidence locale : - convention partenariale avec l’ONF ; - montage de l’opération des “ maisons de bornage” (contrat de territoire) ; - acquisitions foncières, notamment par l’intermédiaire de son EP, l’Agence des espaces verts ; - le parc naturel régional du Gâtinais. On peut s’étonner qu’à l’occasion du classement du parc régional, le ministère chargé de l’environnement n’ait pas fait valoir l’intérêt de son élargissement vers les communes à l’est du 85 massif. La correction de cette lacune légitimerait le parc qui, avec une charte révisée, pourrait développer, en partenariat avec l’ONF, maîtrises d’œuvre et d’ouvrage dans ”l’espace parc” qui coïnciderait avec la réserve de biosphère. Le partenariat Etat Région sera déterminant pour l’émergence et la réalisation du projet unitaire de la réserve de biosphère en mobilisant en particulier les établissements publics concernés (ONF, CRPF, AEVRIDF, SM du PNR ...). 3.4- Une concertation permanente pour une gestion multifonctionnelle Le bon cheminement du projet “forêt de protection” a été facilité, à l’évidence, par la concertation, organisée par le préfet de Seine-et-Marne, M. Schott, sous la forme du comité consultatif du massif forestier de Fontainebleau, présenté au § 2.4. Cette instance a débattu dès 1998, outre le thème la justifiant, de l’ensemble des projets intéressant le massif. L’ouverture et la qualité des échanges justifient la pérennisation de ce comité qui a acquis, en quatre ans, une véritable culture de la concertation indispensable à l’élaboration et à la mise en oeuvre du projet unitaire pour la réserve de biosphère... sous réserve de prévoir la représentation du secteur agricole (p. ex., chambre d’agriculture). En ce qui concerne le contenu proprement dit du projet de territoire, il résulte, bien entendu, d’une mise en commun des différents programmes et procédures spécifiques se juxtaposant, voire se recouvrant totalement ou partiellement. L’agencement territorial des actions, en grande partie identifiées, pourra utilement se baser sur la contribution DIRENDRAF à l’élaboration du Schéma national de services collectifs des espaces naturels et ruraux. En effet, la proximité de la capitale accentue les exigences d’une gestion multifonctionnelle équilibrée : assurer la préservation de la biodiversité, la production d’aménités, la production agricole et forestière dans un système périurbain constitue, en fait, le défi majeur du développement durable de la réserve de biosphère. Le décret portant classement en “forêt de protection”, ou, à défaut, un arrêté interministériel publiant la charte du massif de Fontainebleau, pourrait officialiser le comité consultatif qui a fait ses preuves. La réserve de biosphère devra être intégrée au réseau écologique national prévu par le projet de décret sur le Schéma de services collectifs des espaces naturels et ruraux. 3.5- Une organisation flexible et évolutive Le comité MAB France (Man and biosphere de l'UNESCO, chargé de la mise en oeuvre du projet) a proposé comme gestionnaire de la réserve de biosphère le binôme ONF-parc régional, avec leurs prérogatives respectives “gestion de forêt domaniale” et “développement durable” schématiquement pour la partie est et la partie ouest de la réserve. Dans un premier temps, il a confié la gestion provisoire à l’ONF en considérant que, par voie de convention et de regroupement institutionnel (association 1901), l’unicité de gestion serait assurée rapidement. Malheureusement, aucune initiative en la matière ne s’est concrétisée à ce jour. C’est la raison pour laquelle il est apparu judicieux de rechercher, au niveau régional, un “ensemblier” susceptible de fédérer, avec une légitimité et une valeur ajoutée reconnues, les deux organismes précités. L’Agence des espaces verts de la Région Ile-de-France présente les caractéristiques qui lui permettent de faciliter et de porter le 86 projet de l’espace “réserve de biosphère”. Cette formule aurait le mérite de développer la synergie avec la Région pour préserver et mettre en valeur les milieux naturels, y compris par la maîtrise foncière. Elle présente aussi l’avantage de la flexibilité, si une modification juridique significative pour la gestion du patrimoine naturel impliquait une évolution. La mise en place d’une structure unitaire pour construire le projet territorial de la réserve de biosphère et le mettre en oeuvre avec l’ONF et le PNR est envisageable avec l’Agence des espaces verts. 3.6- Une démarche innovatrice pour les espaces naturels Si le Schéma de services collectifs des espaces naturels et collectifs permet de situer plus clairement la réserve de biosphère dans la politique de l’aménagement du territoire, en droit, celle-ci ne peut se fonder que sur les outils juridiques existants déjà évoqués. Le rapport “Dorst” a fait valoir deux solutions impliquant de nouvelles dispositions législatives : - la réserve nationale de biosphère qui serait la transposition juridique dans le droit français du classement “réserve de biosphère” par l’UNESCO. Dix réserves en France, dont celle de Fontainebleau, relèveraient de cette innovation alors que la majorité d’entre elles ont été “labellisées” en partant d’un statut juridique de protection du type “parc régional parc national ou réserve naturelle”. Il ne semble pas qu’il y ait une raison fonctionnelle pour une telle innovation qui créerait, de surcroît, une confusion juridique en matière d’outils de protection patrimoniale ; - le Conservatoire périurbain de la nature qui suppose la création d’un établissement public national chargé, à l’instar du Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres, de mener, en liaison avec les collectivités territoriales, “une politique de sauvegarde des espaces naturels périurbains dans une perspective d’accueil du public”. Cette piste, qui correspond à une préoccupation nationale de conforter le patrimoine forestier périurbain, s’inscrit davantage dans les perspectives d’évolution souhaitable du droit s’appliquant aux espaces naturels. Certaines dispositions du code rural, du code forestier et du code de l’environnement, dont la composante réglementaire n’est pas encore transcrite, font périodiquement l’objet de modifications sans qu’il y ait pour autant une réorganisation transversale de l’action publique à la hauteur des enjeux des espaces naturels. Ainsi, les textes fondateurs de certains établissements publics nationaux oeuvrant pour le patrimoine naturel français (ONF, MNHN, CSP, ONCFS, CELRL, Parcs nationaux..) pourraient être actualisés, révisés, recentrés, voire regroupés en partant de l’évaluation et de l’adéquation de leur rôle pour l’État qui poursuit la montée en puissance de la décentralisation. Il semble aujourd’hui opportun de lancer ce chantier pour préparer le dispositif juridique et institutionnel qui clarifie et optimise les outils que l’État entend mobiliser pour la préservation et la mise en valeur du patrimoine naturel dans le respect de la décentralisation. Comme point de départ, un travail d’actualisation des textes réglementaires créant les parcs nationaux s’impose à brève échéance. 87 C’est l’occasion, en se référant au massif de Fontainebleau, d’examiner l’intérêt et la faisabilité juridique d’un système de parcs nationaux périurbains qui compléterait celui des parcs nationaux initialement conçus pour des territoires à très faible densité humaine. Une telle option écarterait celle, mentionnée ci-dessus, du Conservatoire périurbain de la nature qui, d’une certaine façon, interfère avec les propositions toutes récentes, et en cours d’exploitation, du rapport “Le Pensec” sur le Conservatoire du littoral... sauf si une forte volonté politique se dessinait pour une refonte, ambitieuse et anticipatrice, des établissements publics mentionnés au paragraphe précédent. L’innovation juridique en matière de préservation, de gestion et de mise à disposition du public du patrimoine naturel, notamment en milieu périurbain, justifie la mise en place rapide d’un groupe de travail pluridisciplinaire et interministériel, dont le mandat serait d’analyser le dispositif en vigueur et de formuler les propositions pour améliorer ses réponses aux attentes de la société. CONCLUSION Bien que sommaire, l’analyse de l’action publique menée au niveau du massif forestier de Fontainebleau fait ressortir la complexité du dispositif juridique et institutionnel, ainsi que l’importance du débat social, pour répondre à toutes les attentes en présence. Le ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement doit clarifier et conforter cette action, en liaison avec celui de l’agriculture et de la pêche et l’ONF, selon le processus qui pourrait se dérouler comme suit : - faire connaître la suite réservée au rapport ”Dorst” ; - confirmer et actualiser l’assiette territoriale adoptée pour la réserve de biosphère ; - unifier la structure de gestion avec le concours de la Région Ile-de-France et passer commande d’un projet territorial unitaire ; - réactiver la charte interministérielle pour le massif ; - pérenniser la concertation par un comité consultatif de la réserve de biosphère ; - impulser, au niveau national, une démarche pluridisciplinaire et interministérielle pour optimiser l'action publique pour la préservation et la valorisation du patrimoine naturel. Bernard GLASS, Ingénieur Général des Eaux et Forêts Note pour Monsieur le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement Objet: Forêt de Fontainebleau ; Affaire n° IGE/00/038 ; Paris le 25 octobre 2001 88 ANNEXE 9 : L'application de la loi du 22 juillet 1960 sur les Parcs nationaux à la forêt de Fontainebleau La question posée est de savoir s'il est possible d'ériger le massif de Fontainebleau en parc national, sur le fondement de la loi du 22 juillet 1960. A supposer que la réponse soit positive - et à mon sens, elle l'est - elle nécessite également l'examen juridique des incidences que pourrait avoir le Parc national de Fontainebleau, tant sur la protection du massif qu'à l'égard de l'institution des parcs nationaux elle-même. I – La loi du 22 juillet 1960 est-elle applicable au massif de Fontainebleau ? Pour répondre, il faut déterminer, d'une part, si le massif satisfait aux exigences posées par la loi de 1960 et en particulier par l'article L. 241-1 du Code rural qui en est ; d'autre part, si les impacts humains, et surtout les perturbations induites par la fréquentation du public et les infrastructures de transport, n'interdisent pas l'institution d'un parc national. A - L'article L. 241-1 ne fait pas obstacle à la création d'un parc national à Fontainebleau a) L'article L. 241-1 et l'exigence d'un intérêt spécial attaché à la conservation du milieu naturel 1 - Cet article dispose : "Le territoire de tout ou partie d'une ou de plusieurs communes peut être classé par décret en Conseil d'Etat "en parc national" lorsque la conservation de la faune, de la flore, du sol, du sous-sol, de l'atmosphère, des eaux et, en général, d'un milieu naturel présente un intérêt spécial (…)". Il importe donc que dans le territoire considéré, la nature soit d'une richesse, d'une qualité telle qu'elle justifie l'intérêt spécial attaché à sa conservation. En cas de recours intenté à l'encontre du décret de création, le juge administratif vérifie que cette condition est remplie. Il a considéré ainsi que "les richesses naturelles de la région du Mercantour, l'intérêt que présente la conservation de sa faune et de sa flore et l'importance qui s'attache à la préservation du milieu étaient de nature à justifier la création d'un parc national" (C.E. 20 nov. 1981, Sivom de Saint-Martin de Vesubie-Valdeblore). Qu'en est-il pour le massif de Fontainebleau ? 2 - L'intérêt spécial de sa conservation paraît clairement établi pour au moins trois séries de considérations ; ou, si l'on préfère trois "qualités" susceptibles d'emporter la conviction du Conseil d'Etat. Le massif de Fontainebleau, c'est d'abord une page fascinante de l'histoire du patrimoine géologique : les sables déposés par la dernière incursion marine qui affecte au tertiaire (cycle Oligocène stampien) le Bassin parisien, seront ensuite remodelés en cordons dunaires qui, transformés en grès par capillarité, ont progressivement formé les célèbres rochers. 89 Le contexte climatique a fait par ailleurs du massif un carrefour biogéographique où se rencontrent des espèces d'affinités atlantiques, méditerranéennes, continentales et à l'occasion, boréales et montagnardes. La diversité remarquable qui en résulte s'illustre notamment à travers l'avifaune (80 oiseaux nicheurs réguliers, dont six espèces de Pics, dans les forêts de Fontainebleau et des Trois Pignons, pour une liste totale de l'ordre de 200 espèces), la richesse en reptiles et batraciens (vingt-quatre espèces) et au point de vue de l'entomofaune. Elle s'exprime aussi par la diversité des milieux, en particulier par la présence d'espaces ouverts de diverses catégories (landes à bruyère, pelouses calcaires, junipéraies…) pénétrant ou bordant les formations forestières classiques. Enfin, l'ensemble forestier en tant que tel, avec ses 25 000 hectares, est le plus grand de la couronne rurale de l'Ile-de-France. Il constitue l'un des massifs français les plus représentatifs parmi les forêts de plaine, comportant au surplus quelques parcelles très anciennes. Cette richesse, au demeurant, est attestée officiellement par le fait que le massif abrite une quinzaine d'espèces animales et végétales de l'annexe II de la directive "Habitats" du 21 mai 1992 et dix-sept habitats de l'annexe I. Elle fait partie des sites proposés pour le réseau Natura 2000. b) L'étendue (et les limites) du parc national Il convient de noter que le parc national pourrait s'étendre sur l'ensemble de l'entité que constitue le massif de Fontainebleau, même si certaines parties ne s'avèrent pas contenir des richesses ou une diversité biologique de tout premier plan. Comme pour les sites protégés au titre de la loi du 2 mai 1930 et les réserves naturelles, la théorie dite de "l'écrin et des joyaux" s'applique à n'en pas douter aux parcs nationaux. De sorte que ces derniers peuvent englober, non seulement les espaces qui en eux-mêmes répondent aux conditions de l'article L. 241-1, mais aussi les parcelles qui contribuent à la sauvegarde du parc, notamment parce qu'elles en sont, en quelque sorte, indissociables. c) La question de l'intérêt culturel 1. Celui de Fontainebleau est évident. La forêt est devenue depuis le XIXe siècle, par les peintres de Barbizon et quelques grands écrivains romantiques, un lieu emblématique. C'est aussi une trace vivante de l'histoire de la protection du patrimoine collectif et du droit qui lui correspond, dans la mesure où y fut créée en 1861 la première réserve dite "naturelle" ou artistique. 2. Or, l'intérêt culturel et/ou historique n'est pas mentionné par l'article L. 241-1. En fait, cette omission n'a aucune importance dès lors que l'espace considéré présente, sur le plan écologique, un intérêt spécial. 3. Au surplus, cette dimension culturelle de Fontainebleau corrobore l'évolution contemporaine des parcs nationaux français, qui s'ouvrent progressivement à ces préoccupations. En témoigne, par exemple, l'article L. 241-13 du Code rural, issu de la loi "montagne" du 9 janvier 1985 et modifié par la "loi Barnier" du 2 février 1995 : "Les organismes gérant les parcs nationaux (…) coopèrent avec les régions et les collectivités territoriales pour l'accomplissement de cette mission [la protection d'espaces naturels sensibles particulièrement remarquables] et pour le développement économique, social et culturel (…)". 90 Au total, le massif de Fontainebleau répond aux exigences de l'article L.241-1 du Code rural. Pour autant, les impacts humains qui le caractérisent également ne constituent-ils pas un obstacle à l'institution d'un parc national ? B - Le problème des perturbations humaines a) Il a été souligné que le massif de Fontainebleau était traversé par de lourdes infrastructures de transport (autoroute A6, trois routes nationales, plusieurs départementales et deux lignes de chemin de fer) utilisées quotidiennement par des dizaines de milliers d'usagers. Il en résulte évidemment des impacts considérables dont certains ont été mis en évidence (par exemple, l'effet de coupure ou encore les collisions avec les animaux sauvages, y compris les insectes) alors que d'autres, plus ou moins connus à l'instar des incidences de certains polluants, risquent de provoquer un jour prochain de désagréables surprises. Surtout, l'existence même de ce réseau trouble l'image d'une nature riche, intacte ou presque, à la conservation de laquelle les parcs nationaux seraient exclusivement attachés. De plus, la forêt de Fontainebleau est intensément fréquentée : plus de 10 millions de visiteurs par an qui entraînent de multiples nuisances, volontaires ou non, et en toute hypothèse, une érosion des sols due au piétinement. b) Or, l'article L. 241-1 énonce également, à propos de ce territoire qui peut être classé en parc national parce que sa conservation présente un intérêt spécial, "qu’il importe de préserver ce milieu contre tout effet de dégradation naturelle et de le soustraire à toute intervention artificielle susceptible d'en altérer l'aspect, la composition et l'évolution". Cet article, qu'il faut mettre en relation avec la définition internationale des parcs nationaux établie par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature n'indique-t-il pas qu'un parc national ne peut concerner qu'un territoire vide d'hommes ou presque ? Et ne prescrit-il pas qu'un parc exige l'élimination de l'essentiel des impacts humains ? Ce qui paraît évidemment inenvisageable à Fontainebleau. c) En fait non, et pour plusieurs raisons 1. L'anthropisation, même forte, n'empêche pas l'application de la loi de 1960. Le Parc des Ecrins et (surtout) celui des Cévennes sont habités et la population de ce dernier a même augmenté depuis sa création. A l'étranger, des situations proches du cas de Fontainebleau ne sont pas inconnues de certains parcs nationaux, notamment américains. L'étude fouillée d'Alex Clamens évoque en ce sens le Parc national de Bryce (Utah) dont le territoire, long de 33 km sur 8 de large, est traversé par 57 km de routes goudronnées. Pareillement, les parcs de Banff et de Jasper, au Canada, sont parcourus sur toute leur longueur par une autoroute. En toute hypothèse, ce qui compte, c'est l'intérêt spécial du milieu. Or, le massif de Fontainebleau, nonobstant l'autoroute et les routes qui ne font d'ailleurs que le traverser, correspond à la conception du "milieu naturel" de la loi de 1960. Et 91 il soutient la comparaison avec les autres parcs nationaux français, et pas seulement avec celui des Cévennes dont l'avifaune, au moment de sa création, ne comportait pas les Vautours fauves et moines des gorges de la Jonte. 2. On relèvera également que l'institution des parcs nationaux a évolué depuis la décennie 1960, au plan international comme en droit français. Au plan international, l'évolution se mesure à celle des définitions des parcs nationaux successivement retenues par l'U.I.C.N.En 1969, à New-Delhi, l'Assemblée générale de l'Union énonçait : "Un parc national est un territoire relativement étendu, 1° qui présente un ou plusieurs écosystèmes, généralement peu ou pas transformés par l'exploitation et l'occupation humaines (…); et 2° dans lequel la plus haute autorité compétente du pays a pris des mesures pour empêcher ou éliminer dès que possible, sur toute sa surface, cette exploitation ou cette occupation (…)". Vingt ans après, la Commission des Parcs nationaux de l'Union considère que : "A National Park is a relatively large, outstanding natural area managed by a nationally- recognized authority to protect the ecological integrity of one or more ecosystems for this and future generations and to eliminate any exploitation or intensive occupation ( ) of the area and to provide a foundation for spiritual, scientific, educational and tourism opportunities" (Perth, 1990). De New-Delhi à Perth, le changement est notable. On fait désormais référence à l'élimination de l'occupation humaine intensive et la définition ne mentionne plus l'éradication totale, intervenant "dès que possible", de l'exploitation et de l'occupation humaine quelles qu'elles soient. En droit français, les réformes de la loi du 22 juillet 1960 opérées en 1985 et 1995 ont assigné aux parcs nationaux des missions de développement et d'aménagement du territoire (cf. art. L. 24113). Il en résulte que l'article L. 241-1, par la force des choses et l'évolution même du contexte sociétal, ne doit plus être lu comme en 1960, alors que l'on considérait encore que l'homme et la nature étaient irrémédiablement antagonistes. 3. Concrètement, il n'est pas interdit de penser - mais le juriste n'entend pas se substituer aux écologues et aux gestionnaires - que les mesures les plus drastiques que nécessiterait la mise en oeuvre de l'article L. 241-1 in fine ("soustraire à toute intervention (etc.)") devraient concerner prioritairement la gestion forestière, de façon à éviter que la forêt ne perde, du fait notamment de sa banalisation par l'envahissement des pins, l'intérêt spécial qui justifie, présentement, la création d'un parc national. II - Les incidences réciproques de Fontainebleau et du Parc national (en tant qu’institution) A - Les incidences de la création d'un parc national sur la protection du massif de Fontainebleau La question est : la création d'un parc national est-elle indispensable/favorable à la protection du massif ? a) La conservation du patrimoine biologique que représente le massif de Fontainebleau peut être assurée par divers instruments du droit de l'environnement. Certains d'entre eux ont déjà été mis en oeuvre (réserve biologique domaniale) ou sont envisagés (forêt de protection, classement parmi les 92 sites du réseau Natura 2000). D'autres sont envisageables : arrêté de biotope, réserve naturelle, site classé ou inscrit en application de la loi du 2 mai 1930, parc naturel régional. Ces institutions peuvent cohabiter et se superposer. Leurs effets conjugués devraient permettre, en principe, d'assurer la pérennité du massif de Fontainebleau au strict point de vue écologique. Cependant, le fonctionnement en synergie de ces différents régimes pose ou poserait des problèmes difficiles, notamment de coordination, et le résultat est loin d'être garanti. Plusieurs de ces régimes correspondent par ailleurs à des protections faibles qui, sauf dans le cas des réserves naturelles et des forêts de protection, peuvent être assez facilement remises en cause. b) Le parc national, pas plus que n'importe quelle institution juridique (et humaine…), ne constitue pas la panacée. Il offre néanmoins l'avantage de garantir une protection d'ensemble, pérenne, "personnalisée" (du fait que les dispositions protectrices découlent du décret de création) et, le cas échéant, forte ou très forte. Il est même possible de classer certaines parcelles du parc national en réserves intégrales. c) Surtout, le parc national présente l'avantage d'assurer une gestion concertée et "scientifique". 1- Sur le plan institutionnel, un parc national est un établissement public national à caractère administratif. Comme tel, il est géré par un conseil d'administration dont la composition permet la représentation, non seulement des collectivités territoriales (exigée par la loi) et des services de l'Etat, mais aussi des différents acteurs et intérêts concernés, en particulier des associations de protection de la nature. La présence de personnalités scientifiques garantit par ailleurs sa qualification. Les compétences respectives du conseil d'administration et du directeur de l'établissement sont définies par les textes. Ainsi, l'article R. 241-17 du Code rural dispose : "Le conseil d'administration définit les principes de l'aménagement, de la gestion et de la réglementation du parc que le directeur doit observer. Il prend les décisions qui sont de sa compétence en vertu du décret de classement (…)". Quant au directeur, il "prend par arrêté les mesures nécessaires à l'application des sujétions, interdictions et réglementations édictées par les dispositions législatives et réglementaires du présent chapitre, notamment les articles R. 241-62 à R. 241-66 et par le décret créant le parc. Il accorde, dans le cadre de ces textes, toutes autorisations" (Code rural, art. R. 241-36). De plus, les parcs nationaux sont dotés d'un comité scientifique, créé par arrêté ministériel sur proposition du conseil d'administration, chargé de donner des avis techniques et de procéder à des études. Le comité est consulté préalablement aux décisions du conseil d'administration intéressant la gestion du patrimoine naturel, notamment sur le programme d'aménagement du parc. Ce sont là des avantages dont ne peuvent se prévaloir les autres institutions de protection de la nature et en particulier, ni les réserves naturelles (dont la gestion, assurée sous l'autorité directe du préfet, ne peut s'appuyer que sur un comité consultatif), ni les parcs naturels régionaux, qui permettent une gestion mais ne se traduisent pas par un régime spécifique de protection. 93 2- Le problème de la gestion forestière Le territoire du Parc national de Fontainebleau présenterait la particularité de comporter une majorité de forêts domaniales (22 000 hectares) auxquels s'ajoutent quelques 2000 hectares de bois privés ou communaux. Quelles sont les modalités de la gestion forestière dans les parcs nationaux ? A la différence de la chasse, de la pêche, des activités industrielles, commerciales, etc.… qu'aux termes de l'article L. 241-3, al.2, on "peut soumettre à un régime particulier et, le cas échéant, interdire", les activités forestières sont, comme les activités agricoles et pastorales, simplement réglementées par le décret de création. Par ailleurs, l'article R. 241-42 dispose :"Les projets concernant l'aménagement des bois et forêts soumis au régime forestier prévus à l'article L. 133-1 du Code forestier sont adressés, pour avis, à l'établissement avant d'être arrêtés par le ministre chargé de la forêt" (le ministre de l'Agriculture). Partant de là, il appartient au décret de création d'édicter effectivement une réglementation des aménagements forestiers et de l'exploitation. Habituellement, il est prévu que dans le cas des bois et forêts non soumis au régime forestier, les plans simples de gestion sont soumis pour avis au directeur du parc, les travaux hors plan simple de gestion étant soumis à autorisation de celuici lorsqu'ils dépassent un certain seuil. D'une manière générale, les plans simples de gestion requièrent l'avis de l'établissement. Par ailleurs, le décret de création peut contenir une réglementation plus précise et surtout, assurer une intervention plus poussée du conseil d'administration en matière de gestion forestière. On se reportera sur ce point au décret de création du Parc national de la Guadeloupe dont l'article 7 prévoit, pour les projets de plan simples de gestion, non seulement l'avis du conseil d'administration mais également la "consultation du comité scientifique" ; et dispose que les projets "définissent de manière précise les modalités d'exécution des coupes". En outre, l'article 9 du même décret énonce que dans la zone dite "de protection particulière", "les interventions sylvicoles sont limitées à l'entretien et au maintien de la qualité biologique du milieu", cet objectif étant précisé "dans chacun des aménagements forestiers successifs ainsi que dans chacun des plans simples de gestion". Il ne s'agit là que d'un exemple et rien n'interdit de reconnaître au conseil d'administration, le cas échéant après consultation du comité scientifique, des prérogatives plus étendues, y compris dans la définition et le contrôle des orientations, aménagements et travaux relatifs aux forêts domaniales. Car la compétence attribuée par la loi à l'Office national des Forêts pour la gestion de ces dernières doit être conciliée avec la compétence, elle aussi légale (mais sur ce point, le caractère particulier de la loi du 14 juillet 1960 fait qu'elle prévaut sur les dispositions applicables aux forêts dans leur généralité…), de l'établissement de gestion du parc national et en particulier de son conseil d'administration. B- L'influence d'un Parc national de Fontainebleau sur l'institution des parcs nationaux Se pose, en fait, la question du "précédent". Eriger la forêt en parc national ne permettrait-il pas, en donnant l'exemple d'un parc "humanisé", de justifier par la suite la création de parcs nationaux semi-urbains qui, à la différence de Fontainebleau, ne présenteraient qu'un intérêt limité pour la conservation de la nature ? Ne risque t-on pas d'encourager une dévalorisation de l'institution ? A vrai 94 dire, il existe déjà un précédent, le Parc national des Cévennes, mais sa transposition à Fontainebleau s'avère délicate. a) Le cas du Parc national des Cévennes (créé par décret du 2 septembre 1970). Cette création sous la qualification de "Parc national" fut très critiquée à l'époque. Théodore Monod avait dénoncé dans les colonnes du Monde "Les parcs nationaux à la française" et nous avions, dans le même quotidien, exprimé nos craintes de voir le Parc des Cévennes légitimer une édulcoration du régime de protection des parcs nationaux. La possibilité d'exercer la chasse, en particulier, nous semblait très inquiétante. Les critiques de l'époque se sont révélées en partie fondées dans la mesure où les réformes déjà citées qui ont affecté la loi de 1960, ont fait perdre aux parcs nationaux leur finalité exclusivement écologique ou presque, pour leur assigner d'autres missions, dans le domaine du développement. Cependant, cette évolution semble correspondre à une tendance lourde, sans doute inéluctable - on l'observe dans de nombreux parcs à travers le monde - et peut être, en définitive, positive au moins pour certains aspects. Le Parc national des Cévennes, en tout cas, peut incontestablement se prévaloir d'un enrichissement de son patrimoine biologique. Il convient donc de relativiser le risque que peuvent représenter "les précédents". b) De plus, il est vraisemblable que dans le cas de Fontainebleau, l'opinion et l'histoire retiendraient, si le classement en parc national se confirmait, autant et même davantage le prestige qui lui est attaché que les perturbations humaines qui l'affectent présentement. Et il ne serait sans doute pas préjudiciable à l'institution des parcs nationaux de voir y figurer un haut-lieu de la géologie, de la nature et de l'histoire de l'art français, au surplus si proche de notre capitale. En conclusion, la réponse à la question posée est donc affirmative. Rien dans les textes ne s'oppose à la création du Parc national de Fontainebleau et il n'est pas nécessaire de procéder à une quelconque modification de la loi du 22 juillet 1960. Jean UNTERMAIER, Professeur à l'Université Jean Moulin - Lyon 3, Directeur de l'Institut de Droit de l'Environnement, le 3 mars 1999. 95 ANNEXE 10 : La fréquentation des forêts publiques en Ile-de-France Caractéristiques des sorties et flux de visites des franciliens *** Etude réalisée dans le cadre de l'évaluation du contrat de plan Etat-Région 1994-1999, de l'Ile-de-France I. Habitudes de fréquentation et attentes concernant la forêt idéale 1. L'importance de la fréquentation 11. Huit Franciliens sur dix aiment bien aller en forêt 12. Près d'un Francilien sur deux déclare sortir assez souvent en forêt 13. En 30 ans, le nombre de Franciliens allant en forêt s'est accru de 30% 2. La forêt idéale des Franciliens 21. Fontainebleau reste, de loin, la forêt la plus attractive de l'Ile de France 22. La forêt idéale : familière mais pas trop aménagée 3. La satisfaction à l'égard de l'offre forestière de la région 31. Calme et plaisir esthétique 32. Motifs d'insatisfaction et freins à la fréquentation de la forêt 33. Promenade et la beauté des grandes futaies 34. Attrait des grandes forêts II. Les caractéristiques du flux de visites dans les forêts d'Ile-de-France 1. Le bilan de la fréquentation 2. Les caractéristiques de la sortie 21. Une sortie du dimanche 22. Une sortie de proximité 23. Une sortie pour la promenade et diverses activités annexes 3. L'estimation du flux de visites dans les forêts d'Ile de France 31. Le nombre de Franciliens concernés 32. Nombre total de visites par an 33. Nombre annuel de visites par forêt 4. La répartition de la pression de visites par département 96 La région Ile de France est perçue par les Français et les Franciliens comme la région la moins boisée de France (avec la région Nord). L'image d'un espace forestier résiduel, continuellement entamé par l'urbanisation, domine les représentations spontanées. Pour la majorité des Français, l'espace forestier national serait en régression, alors que depuis quelques décennies il est de nouveau en phase d'extension. Cette image traduit bien l'inquiétude, qui est plus générale, concernant la disparition des espaces naturels. La forêt est, par excellence, le " poumon " ou le " baromètre " de la santé des équilibres naturels. Voir la forêt s'amenuiser, s'altérer (l'image des pluies acides reste vivace dans les mémoires), perdre de sa diversité (l'enrésinement est aussi l'un des spectres les plus vivaces), inquiète l'homme urbain sur son propre sort. A l'évidence, les usages sociaux de la " détente " sont pratiqués de plus en plus régulièrement et ressentis comme une nécessité vitale. Si Fontainebleau reste le " haut lieu " de l'image idéale que les Franciliens se font du patrimoine forestier de leur région, tous les espaces verts sont investis comme des espaces " naturels " favorables à la détente des urbains (adultes, enfants et chiens de compagnie). Dans la diffusion actuelle de la sortie en forêt, l'incitation de la proximité compte bien plus que l'appel des hauts lieux. Il y a pour la Région deux politiques possibles qui, en dépit de leur caractère radicalement différent, peuvent être poursuivies de manière complémentaire : celle qui consiste à multiplier les "parcs forestiers", pour répondre au besoin de détente des urbains au plus près de leur lieu de résidence ; et celle qui se préoccupe de protéger et d'étendre les grands domaines forestiers dans le but d'accroître leur valeur, tant patrimoniale qu'écologique. I. Habitudes de fréquentation et attentes concernant la forêt idéale 1. L'importance de la fréquentation 11. Huit Franciliens sur dix aiment bien aller en forêt La sortie en forêt est aujourd'hui, au moins autant qu'il y a trente ans, une forme de loisir appréciée du plus grand nombre : 83% des Franciliens sur dix disent aimer " bien " ou " énormément " aller en forêt. Cette attitude est largement majoritaire dans toutes les classes d'âge, dans toutes les catégories sociales, et quel que soit le mode de et le département de résidence. 12. Près d'un Francilien sur deux déclare sortir assez souvent en forêt A l'échelle d'une année, 47% des Franciliens estiment aller " assez souvent " ou " très souvent " en forêt. La différence entre les Franciliens et l'ensemble des Français se voit surtout aux extrêmes : - 15% des Franciliens vont " très souvent " en forêt, contre 22% des Français, - 25% des Franciliens ne vont " jamais " en forêt, contre 19% seulement des Français. La proximité de la forêt selon le département de résidence, % d'individus résidant près d'une forêt Paris Seine-SaintDenis Val-deMarne 34,6 48,2 57,2 Hautsde Seine 69,7 Essonne 86,2 Vald'Oise 88,9 Seine-etMarne 90,3 Yvelines 92,5 97 Le mode de vie périurbain favorise la fréquentation des espaces naturels de manière d'autant plus affirmée que la nature est plus présente dans le paysage. A Paris et en Seine-Saint-Denis, la proportion de personnes déclarant n'aller "jamais" en forêt dans une année est supérieure à la part de ceux qui y vont "souvent" ou "très souvent". A l'opposé, les habitants de l'Essonne, du Val d'Oise, de la Seine-et-Marne et des Yvelines sont très majoritairement des adeptes réguliers de cette activité de loisir. La comparaison avec l'enquête SARES de 1968 montre que la proportion de Franciliens qui ne vont " jamais " en forêt a sensiblement diminué : 25% en 1998 contre 34% en 1968. A l'autre extrême, pour les individus qui déclarent y aller " très souvent ", la différence est faible : 14,8% en 1998 contre 12,5% en 1968. En 1968, les 66% d'habitants de 15 ans et plus qui allaient en forêt au moins une fois dans l'année représentaient 4,75 millions de Franciliens . En 1998, les 75% de Franciliens de 18 ans et plus qui ont déclaré avoir fréquenté une forêt au moins une fois en 1997-98 représenteraient 6,16 millions de personnes. 13. En 30 ans, le nombre des Franciliens concernés par la fréquentation des forêts de la région ouvertes au public s'est accru de 30%. Or dans le même temps, du fait des acquisitions réalisées par l'Etat et les collectivités territoriales, la surface de forêts publiques de l'Ile de France s'est beaucoup élargi : 62 000 hectares en 1964, puis 78 000 en 1984 et 87 000 en 1998, soit une extension de 40% en trente cinq ans. Ainsi, en raison de l'expansion de la population de la région (passée de 9,2 millions à 11 millions en 30 ans), le nombre de visiteurs dans les massifs forestiers de l'Ile de France s'est nettement accru. Non seulement la pratique de la promenade en forêt n'a pas régressé au cours des trente dernières années, mais la fréquence des visites, elle aussi, s'est intensifiée. 2. La forêt idéale des Franciliens En 1968, la vision de la forêt comme antidote à la vie moderne était omniprésente. Cette perspective accusait les contradictions entre le discours idéalisé sur la forêt sauvage et les comportements en forêt très imprégnés des habitudes de la vie urbaine. Trente ans plus tard, le " désir d'oublier ou de fuir la société " ne s'exprime plus tel quel, mais la représentation sociale de la forêt idéale mêle avec autant d'ambivalences, les réminiscences de la forêt mythique et l'image sécurisante du parc forestier bien entretenu. 21. Fontainebleau reste, de loin, la forêt la plus attractive de l'Ile de France Dans l'éventail, particulièrement large, de l'offre de massifs forestiers de la région, les personnes interrogées sur leur forêt " préférée " ont mentionné plus de 50 massifs différents. Parmi les forêts les plus citées, le massif de Fontainebleau domine de très loin (cité par 31% des individus). 98 Viennent ensuite : la forêt de Rambouillet (11%), la forêt de Saint-Germain (6%), la forêt de Montmorency (5%), le bois de Vincennes (5%), la forêt de Chantilly (5%), le bois de Meudon (3%), la forêt de Sénart (3%). Ces huit massifs représentent les deux-tiers des noms de forêt cités. 22. La forêt idéale : familière mais pas trop aménagée A travers la question "pour vous, quelle serait la forêt idéale ?", les Franciliens expriment une diversité d'attentes en matière de paysages forestiers et de degré d'aménagement de ceux-ci. La moitié des discours (49%) se focalisent sur le paysage forestier. Trois formes idéalisées de forêts s'en dégagent : grande forêt de feuillus, présentée comme un monument de verdure (19%) ; forêt dominée par les résineux : forêt des Landes et de Fontainebleau, (12%) ; forêt exotique, habitat privilégié de la faune et de la flore la plus sauvage (18%). L'autre moitié des discours (51%) se focalise sur les aménités qu'offre la forêt, perçue comme espace de récréation et de ressourcement pour le citadin. Trois groupes de discours se différencient selon le degré d'entretien et d'aménagement souhaité : la forêt pas trop aménagée, dont on attend qu'elle reste " naturelle " et dont la gestion satisfasse le souci de la protection de l'environnement (15%) ; la forêt entretenue, aménagée pour la promenade ou la randonnée, maintenue propre et non accessible aux voitures (15%) ; la forêt aménagée, avec des aires de pique-nique, des espaces pour les enfants, des parcours sportifs, des pistes cyclables (21%). 3. La satisfaction à l'égard de l'offre forestière de la région 31. Calme et plaisir esthétique que procure le cadre forestier. Le plaisir que les Franciliens éprouvent à fréquenter les forêts de la région tient principalement au calme et au plaisir esthétique qu'ils trouvent dans ces espaces naturels. La notion d'aménagement de l'espace boisé ne vient qu'en troisième position. La dimension de l'esthétique (la beauté du cadre, de la nature) est particulièrement affirmée dans le cas de la forêt préférée. Dans 65% des cas, les personnes interrogées se déclarent " très satisfaites " de leurs récentes sorties en forêt et les insatisfaits ne sont que 2,5%. En 1968, le niveau de satisfaction exprimé par les visiteurs était du même ordre (84% de satisfaits à Sénart, 91% à Fontainebleau). Les motifs d'agrément de la sortie en forêt en % le calme, la tranquillité Dans le cas de la forêt préférée 17,5 Dans le cas de la dernière forêt fréquentée 32,8 la beauté du cadre, de la nature les aménagements, le sport, 42,3 18,6 24,3 17,3 99 l'entretien la proximité 6,7 le dépaysement 8,8 le bien-être * autre, et ne sait pas 6,1 * item non présent dans la codification des réponses 10,1 * 14,6 0,9 32. Les motifs d'insatisfaction et les freins à la fréquentation de la forêt ont peu évolué en 30 ans. Si la grande majorité des personnes allant en forêt sont "très satisfaites" de leur sortie, 42% ont néanmoins des insatisfactions à exprimer. Dans la majorité des cas, celles-ci visent le défaut de propreté (33%) et la sur-fréquentation (27%) des forêts, motifs qui venaient déjà au premier plan en 1968. Le défaut d'aménagement n'est cité qu'en troisième position (17% des individus qui expriment des insatisfactions). Il est plus souvent évoqué par les jeunes de moins de 25 ans (21% d'entre eux) pour qui la forêt est, plus que pour les autres, un espace de récréation qui appelle quelques aménagements. L'excès de monde dans la forêt qui, en 1968, apparaissait comme une préoccupation très forte, est beaucoup plus rarement évoqué aujourd'hui. Sachant que le volume de fréquentation a largement augmenté, deux phénomènes ont dû jouer : les Franciliens sont devenus plus tolérants à l'affluence en forêt parce que les visiteurs sont plus respectueux du silence, et parallèlement l'espace forestier est investi en un nombre de points nettement plus important, ce qui contribue à étaler la pression de visites. 33. Promenade et beauté des grandes futaies Globalement, les personnes qui vont en forêt adhèrent à deux imaginaires assez différents, qui peuvent être complémentaires : le plaisir esthétique du paysage naturel des grands massifs, dont les références sont Rambouillet et Fontainebleau, et la fonctionnalité rassurante des "parcs forestiers", c'est-à-dire de forêts dont l'entretien favorise la promenade et les diverses activités de défoulement physique, et qui sécurise. 34. Mais les jeunes générations et les catégories sociales supérieures sont plus sensibles à l'attrait des grandes forêts La demande d'une extension des grands massifs forestiers ne s'oppose pas directement à l'option des forêts de proximité. Deux catégories sociales seulement développent cette attente plus fortement que la moyenne : les jeunes générations tout d'abord (30% des moins de 30 ans) et les cadres supérieurs (24%), particulièrement lorsqu'ils résident au cœur de l'agglomération (34% parmi les Parisiens). On peut penser que cette attente mêle deux perspectives : la sensibilité écologique des jeunes générations et le besoin de ressourcement dans la "grande nature" des catégories sociales supérieures qui ont le mode de vie le plus urbain. Dans la demande de plus d'espaces forestiers, deux points de vue assez différents se font jour : la problématique de l'espace vert associée aux zones urbaines denses et celle du patrimoine naturel, selon une double sensibilité esthétique et écologique qui, contrairement à ce que l'on pourrait penser, reste minoritaire. Compte tenu de l'évolution générale des modes de vie et des valeurs auxquelles 100 adhèrent les nouvelles générations, l'aspiration au " verdissement " du cadre de vie ne peut que s'amplifier, tout comme le besoin de voir les grands espaces naturels fonctionner comme " remparts " à l'urbanisation. II. Les caractéristiques du flux de visites dans les forêts d'Ile-de-France 1. Le bilan de la fréquentation Entre 1968 et 1999, le nombre de sorties annuelles effectuées en moyenne par les Franciliens est passé de 8 à 11,3 par an, soit une progression de 40%. 2. Les caractéristiques de la sortie Avec le recul que permet la référence à l'enquête de 1968, on peut dire que la sortie en forêt est une forme de loisir dont les caractéristiques sont particulièrement stables dans le temps, qui reste inscrite dans le modèle de la sortie dominicale pratiquée en couple et en famille, pas très loin du domicile. 21. Une sortie du dimanche Les deux tiers des sorties en forêt se font le week-end (63%) et plus particulièrement le dimanche (44% des visites le dimanche, 19% le samedi). Cette répartition était pratiquement la même en 1968 (47% pour le dimanche et 16% le samedi). Les autres jours connaissent des fréquentations modestes (11% le mercredi en particulier). 22. Une sortie de proximité Le temps moyen pour se rendre en forêt atteint 22 minutes (moyenne sur l'ensemble de l'année). La grande majorité des personnes ne dépasse pas 30 minutes (83% des visites), et plus de 63% moitié des trajets n'excèdent pas 15 minutes. Dans un cas sur dix seulement, la forêt est à plus de 45 minutes du domicile (11% des visites). La durée du trajet confirme deux constats importants : la plupart des visiteurs de la forêt francilienne habitent dans une relative proximité et ils choisissent, le plus souvent, de se rendre dans un massif peu éloigné de leur domicile. Ce constat avait déjà été établi en 1968. La voiture individuelle est, logiquement, le moyen de locomotion le plus fréquent (56% des visites ; 92% à Fontainebleau), même pour ceux qui n'ont pas de véhicule personnel. Mais il n'est pas le seul. L'effet de proximité explique que plus du tiers des sorties se font à pied ou à vélo (32% à pied et 7% à vélo). Les transports en commun sont globalement peu utilisés (3% des visites). 23. Une sortie pour la promenade et diverses activités annexes La promenade, voire la randonnée, représentent pour les Franciliens comme pour l'ensemble des Français les principales occupations en forêt : 88% se sont promenés, 27% ont randonné, au cours de leur dernière sortie en forêt. A l'échelle de la France entière, l'enquête CRÉDOC/IFEN de 1996 101 indique que " la principale activité " des Français lorsqu'ils vont en forêt est de loin la " promenade " (choix retenu par 61% des individus), suivie des " longues randonnées " (10%). Au-delà de la promenade, les Franciliens accordent du temps à l'observation de la nature, au sport et au repos. A propos de la dernière sortie qu'ils ont effectuée dans la période mai-août 1998, ils citent fréquemment l'observation des plantes et des animaux (60% d'entre eux) et différentes activités physiques : jeux de ballon et de boules (22%), jogging et parcours de santé (17%), vélo (16%) et VTT (11%). Sans être au premier plan, le repos (mentionné par 43%) et le pique-nique (26%) sont très présents. Tout comme la place occupée par les activités de cueillette (26% les citent). En revanche des activités habituellement associées au cadre forestier, comme la pratique de l'équitation, de la chasse et de la pêche, et le ramassage du bois sont le fait de très faibles minorités (chacune de ces activités ne sont mentionnées que par 2 à 3% d'individus). Les activités pratiquées au cours de la sortie en forêt, comparaison 1968-1998, en % promenade observation des plantes et animaux repos randonnées cueillettes (champignons, fleurs,....) pique-nique jeux (ballons, boules, ...) jogging, parcours de santé vélo VTT ballade en voiture ramassage du bois équitation pêche, chasse moto verte autre SARES 1968 Ile-de-France ** année 67-68 58.3 (5.2 photographie) 60.1 7.6 CRÉDOC 1999 Ile-de-France * année 98-99 64,7 24,1 17.1 36.9 7.3 5.6 5,3 6,4 7,0 11,4 9,9 7,5 0,7 1,0 0,6 2,4 0,8 8,0 8,7 10,8 12,8 L'évolution, en trente ans, des activités pratiquées en forêt constituent le principal indice de la transformation des comportements. Si, en 1999, le repos est bien moins mis en avant qu'en 1968, au profit de la promenade et des activités physiques, c'est que les Franciliens sont devenus beaucoup plus actifs dans leurs loisirs de plein air. On peut, d'ailleurs, noter que la liste des activités retenues en 1968 n'intègre pas le vélo, les randonnées, l'équitation. En revanche, elle prenait en compte la photographie, ou encore le lavage des voitures. 102 3. L'estimation du flux de visites dans les forêts d'Ile de France 31. Le nombre de Franciliens concernés Pour évaluer l'importance du nombre de visiteurs dans les massifs forestiers d'Ile-de-France, on peut procéder à deux estimations différentes : 1°- le calcul du nombre de Franciliens qui déclarent aller en forêt au moins une fois dans l'année, soit 75% des adultes de 18 ans et plus ; 2°- le calcul du nombre de sorties que chaque adulte de 18 ans et plus effectue en moyenne au cours d'une année. Combinées, ces deux informations permettent de donner une estimation du nombre de visites que reçoit l'ensemble des forêts de la région en une année. On a établi plus haut que le nombre de Franciliens déclarant aller en forêt au moins une fois dans l'année étaient passé de 4,75 millions en 1968 à 6,16 millions en 1998, soit une progression de 30% en 30 ans . 32. Nombre total de visites par an En 30 ans, le rythme de fréquentation des Franciliens (nombre de sortie moyenne annuelle par individu) a augmenté de 40%. Cette croissance de la fréquence des sorties se cumule avec l'augmentation du nombre des individus concernés par la promenade en forêt. Sur la base de ces chiffres, on peut établir une estimation du nombre de Franciliens fréquentant chaque mois les massifs de la région (en intégrant les forêts du sud du département de l'Oise). Le volume mensuel des visites en forêt oscille entre un niveau bas de 6 millions par mois (décembre-janvier) et un niveau haut de 12 millions (septembre). On peut estimer à 92,5 millions par an le nombre de visites de Franciliens que reçoivent les massifs forestiers de la région (sur la base de la période juillet 1998-juin 1999). En 1968, les données de l'étude SARES aboutissent à un chiffrage de 57 millions de visites, " ce chiffre comprenant les visites dans les bois de Boulogne et de Vincennes et les forêts de l'Oise (Chantilly, Ermenonville, Senlis, Compiègne) ". En 30 ans, la progression de la fréquentation serait de 60%, dans un espace forestier ouvert au public lui-même accru de 40%. La pression des visites dans les forêts d'Ile de France a donc sensiblement augmenté : au moins théoriquement, elle est passée de 930 visites par hectare de forêt en 1968 à 1060 en 1999, soit près de 15% de progression. 33. Nombre annuel de visites par forêt En se basant sur les chiffres de fréquentation annuelle globale, on peut avancer que le nombre de visites dans les forêts de Rambouillet et de Fontainebleau atteindrait 17 millions par an dans chacun des massifs. La fréquentation du Bois de Vincennes se situerait entre 8 et 9 millions. 103 La fréquentation annuelle dans les forêts les plus visitées pour 1998-1999 (nombre de visites) en % Estimation du volume de visites selon données de l'enquête de recrutement 17 700 000 10 700 000 9 000 000 4 800 000 6 000 000 1 400 000 1 800 000 5 200 000 900 000 3 000 000 4 300 000 Fontainebleau Rambouillet Vincennes Meudon Montmorency Sénart St Germain Boulogne Verrières L'Isle Adam Chantilly Estimation du volume de visites selon données du panel 17 000 000 17 300 000 8 200 000 4 000 000 3 700 000 3 300 000 3 200 000 2 300 000 2 000 000 1 700 000 1 700 000 4. La répartition de la pression de visites par département Le regroupement par département des forêts visitées montre que les Yvelines et la Seine-etMarne drainent à elles deux fois plus de la moitié des visites (respectivement 27% et 25% des visites). Viennent ensuite Paris (12%), le Val-d'Oise (9%) et l'Essonne (9%). Les visites en forêt que reçoit un département sont, dans les trois quarts des cas, le fait d'habitants de ce département. En hiérarchisant les départements en fonction de ce critère, on obtient la répartition suivante : Seine Saint Denis : 94% ; Val d'Oise : 85% ; Yvelines : 82% ; Seine et Marne : 74% ; Essonne : 66% ; Hauts de Seine : 66% ; Val de Marne : 41% ; Paris : 22%. Les Parisiens sont ceux qui se dispersent le plus dans les différents parties de l'Ile de France. A l'inverse, les habitants des départements les plus forestiers privilégient leurs massifs : les Yvelines (95% de ses habitants vont dans des forêts du département) et la Seine et Marne (91%). Globalement, la Seine-et-Marne est le département qui reçoit le volume le plus important de visiteurs des départements voisins : de l'ordre de 6,4 millions. Pour conclure, le tableau suivant récapitule les principales évolutions qui caractérisent le flux des sorties en forêts en Ile de France. Population adulte d'Ile de France Nombre de visiteurs adultes (au moins une fois dans l'année) Nombre de sorties en forêt par an, par adulte Volume total de visites par an Surface des forêts 1968 1999 7,2 millions 8,2 millions Taux de croissance en 30 ans 14% 4.75 millions 6.16 millions 30% 7.9 11.3 40% 57,6 millions 92,5 millions 60% 62 000 ha 87 000 ha 40% 104 ouvertes au public Pression théorique de visites par hectare 930 visites/ ha/ an 1060 visites/ ha/ an 14% En trente ans, le paysage de l'Ile-de-France s'est considérablement transformé. Pourtant le très important développement de l'urbanisation et des infrastructures n'a pas beaucoup altéré le patrimoine forestier de la région. Bien au contraire, l'effort conjoint de l'Etat, via l'ONF, et des collectivités territoriales, en particulier la Région, a puissamment contribué à élargir la surface des forêts ouvertes au public. Cet effort soutenu a répondu à une demande sociale bien réelle. Si l'on en juge par le nombre de sorties en forêt que font aujourd'hui les Franciliens, il apparaît que les forêts, loin d'être désertées au profit d'autres formes de loisirs, restent des lieux privilégiés pour les activités de détente. Finalement, la pression de visites par hectare de forêt s'est plutôt accrue, ce qui invite à poursuivre la politique de protection et d'extension des massifs forestiers. Il y a manifestement, pour l'action publique, deux politiques à mener de front : celle qui consiste à étendre le nombre des "parcs forestiers", en premier lieu dans les secteurs déficitaires de l'agglomération parisienne (Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne), et à amplifier, partout où c'est possible, les "coupures vertes" ; et celle qui conduit des institutions comme l'ONF et la Région à poursuivre l'extension des parties publiques des grands domaines forestiers dans le but d'accroître leur valeur, sur le plan écologique et patrimonial. 105 ANNEXE 11 : Résolution de l’UICN, 2003 Renforcement du réseau français des aires protégées Sachant que les aires protégées réglementaires ne couvrent que 1,4% du territoire national et que les aires protégées contractuelles couvrent, quant à elles, 19% du territoire national ; Sachant également que les ZNIEFF 1 couvrent 8% du territoire national et que les ZNIEFF 2 en couvrent 21% ; Constatant que la majorité des espaces identifiés par des inventaires du patrimoine naturel se trouvent hors des zones protégées, puisque seuls 4 % des zones d'inventaires sont inclues dans des aires protégées de type réglementaire et 37 % dans les aires protégées de type contractuel ; Préoccupé par le fait que la moitié des espaces identifiés par des inventaires et situés hors des aires protégées seront soumis à des pressions démographiques durant les 20 prochaines années, en particulier dans les Alpes, la Corse et la région Méditerranéenne ; Préoccupé également par le fait que la moitié des aires protégées sont dans des zones d’instabilité démographique et que 77% des aires protégées réglementaires sont dans des zones de forte croissance ; Reconnaissant que le réseau écologique national est un enjeu important pour la mise en réseau des espaces naturels avec des objectifs fonctionnels liés aux espèces et aux habitats ; Relevant néanmoins que la plupart des corridors du réseau écologique national se trouvent en dehors des aires protégées et qu'une forte proportion d’entre eux est située dans des zones à forte instabilité démographique ; Constatant l'existence de grandes disparités des pourcentages d'inventaires se trouvant hors des zones protégées entre les régions phytoécologiques et que de manière générale les régions de montagne sont mieux protégées que les régions agricoles et de plaines ; Regrettant que le domaine marin et les collectivités d'outre-mer soient insuffisamment couverts par les aires protégées ; Considérant l’insuffisance actuelle des connaissances sur le patrimoine naturel et paysager, limitant la planification d'uns stratégie d'actions pour les aires protégées (données de base parfois limitées et ne couvrant qu'imparfaitement, voire pas du tout, certaines régions - domaine marin, outremer par exemple - ; inventaire scientifique Natura 2000 et inventaire Znieff 2ème génération non disponibles ; données "faune/flore" et "milieux naturels" difficilement utilisables) ; Soulignant que ce déficit de connaissances est également lié aux insuffisances de formation de nouveaux spécialistes ; Relevant le manque d’indicateurs spatialisés sur les pressions (urbanisation, démographie, agriculture, tourisme, usages de l’eau, infrastructures de transports, indicateurs économiques) et le manque d'informations et de critères permettant une évaluation de la qualité paysagère sur le territoire ; 106 Conscient que la nouvelle répartition des tâches entre l'Etat et les Régions impliquera de nouvelles compétences et responsabilités dans le domaine des aires protégées ; Notant que la multiplicité des catégories d'aires protégées ne facilite pas la lisibilité du territoire et la gestion du patrimoine naturel et paysager ; S'appuyant sur la stratégie européenne de l'UICN sur les aires protégées "Des parcs pour la vie" ; Le Congrès français de la conservation, réuni à Paris le 27 mai 2003 pour sa 4éme session, demande au gouvernement français et aux collectivités territoriales : D’appliquer les propositions de la stratégie établie par le Comité français pour l’UICN pour le renforcement du réseau français des aires protégées ; D’intégrer la stratégie dans la stratégie nationale du développement durable et la stratégie nationale pour la biodiversité ; De mettre en place les moyens nécessaires pour la mise en oeuvre de la stratégie ; D’obtenir des résultats significatifs sur les priorités suivantes de la stratégie : A. Renforcer l’adéquation entre les aires protégées et le patrimoine naturel et paysager : A.1 Doubler les aires protégées réglementaires à une échéance de 10 à 20 ans en favorisant les secteurs où la pression est forte et les valeurs patrimoniales importantes (intérêt patrimonial de niveau national ou international), ainsi que les secteurs de corridors biologiques à forte valeur patrimoniale et exposés à des pressions ; A.2 Aboutir à une bonne représentativité des différents milieux, biotopes et espèces, dans le réseau des aires protégées, en particulier réglementaires ; A.3 Augmenter les aires protégées dans les régions de plaines et de vallées alluviales, ainsi que dans les zones à forte instabilité démographique, notamment grâce à l'outil parc national qui pourrait se diversifier sur le plan géographique (ex : Fontainebleau, Calanques...) ; A.4 Augmenter les aires protégées en milieu marin, faire aboutir le projet de création du Parc national de la Mer d'Iroise et développer les interventions du Conservatoire du littoral sur le Domaine Public Maritime, en application de la loi de démocratie de proximité et en lui accordant les moyens nécessaires ; A.5 Augmenter les aires protégées dans les collectivités d'outre-mer en faisant aboutir les projets actuels de création de parcs nationaux (Guyane, Réunion) et des autres catégories d’aires protégées, et en développant un réseau d’aires marines protégées sur des récifs coralliens au travers de l'Initiative française sur les récifs coralliens (IFRECOR) ; A.6 Renforcer les aires protégées transfrontalières et les réseaux d'aires protégées impliquant plusieurs pays (ex : jumelage Parc National du Mercantour/ Parco Alpi Marittime, Vanoise/ Gran Paradiso, Parc de Guyane / Parc National de Tumucumaque, réseau alpin des espaces protégés, projet de réseau pyrénéen, …) ; A.7 Concrétiser le programme Natura 2000 par la désignation des sites identifiés dans l'inventaire scientifique et de sites complémentaires, ainsi que par la mise en place de plans de gestion (« documents d’objectifs ») dotés des moyens financiers nécessaires ; 107 A.8 Désigner des sites majeurs dans la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO (ex : Parcs nationaux, Mont-Blanc) et celle de la Convention de Ramsar. B. Améliorer les connaissances sur le patrimoine naturel et paysager : B.1 Prendre en compte les inventaires ZNIEFF de 2ème génération, les données scientifiques liées à Natura 2000, les inventaires "faune et flore", les Listes rouges actualisées selon les catégories de l’UICN, les sites inscrits et classés, ainsi que les données Corine land cover, notamment sous la forme de bases de données informatisées et cohérentes entre elles ; B.2 Développer une méthodologie spécifique pour l'évaluation et la prise en compte des paysages, en examinant le lien qui peut exister entre ZNIEFF 2 et grands paysages ; B.3 Consolider le fondement scientifique du Réseau écologique national ; B.4 Compléter ou finaliser les inventaires sur le patrimoine naturel et paysager dans les collectivités d'outre-mer (ex : inventaires ZNIEFF) et dans le domaine marin ; B.5 Utiliser ces connaissances ainsi que celles sur les régions phytoécologiques (Dupias et Rey) pour améliorer les choix de désignation des aires protégées. C. Améliorer les outils de gestion des aires protégées : C.1 Définir les responsabilités nationales, régionales et locales, en tenant compte : - des enjeux internationaux définis dans les directives européennes et conventions internationales qui doivent être assurés sous la responsabilité de l'Etat et intégrés aux différents niveaux de planification et de gestion du patrimoine naturel ; - du Réseau écologique national qui définit les grands enjeux de préservation du patrimoine naturel sur le territoire national ; - de la nécessité de définir quelles doivent être les contributions régionales, départementales et communales, sur la base d'une réflexion plus approfondie précisant les outils et les modalités d'intervention de chaque acteur, en fonction des différents enjeux ; - de la contribution de la société civile en assurant l'accès à l'information environnementale (convention d'Aarhus) des populations locales et la participation active des associations ; C.2 Définir des critères de désignation parmi les différentes catégories d'aires protégées et adapter les mesures aux caractéristiques de chaque zone ; C.3 Evaluer l’efficacité de la gestion des aires protégées en regard des objectifs de conservation (dispositifs de suivi-évaluation) ; C.4 Etablir des plans d'actions régionaux pour les aires protégées, définissant la contribution des Régions à la stratégie nationale. 108 ANNEXE 12 : François LETOURNEUX Président du Comité français de l’UICN Président du Comité de pilotage « Fontainebleau Parc national » Le 31 mars 2010 Comité de pilotage du projet « Fontainebleau Parc national » Présentation et calendrier de travail A l’issue des premiers « Entretiens du Parc national » a été décidée la création d’un Comité de pilotage chargé d’établir un diagnostic global des divers enjeux du projet de Parc national sur le massif forestier de Fontainebleau, ainsi que d’ébaucher les grands principes sur lesquels pourrait s’appuyer l’instauration d’un Groupement d’intérêt public. L’objectif est avant tout d’identifier précisément les points de consensus et les divergences suscités chez chacun par la perspective d’un Parc national. Lorsque le Comité de pilotage aura rendu son rapport définitif, il s’agira de voir si ces divergences sont surmontables. Si chacun s’accorde positivement sur ce point, la création d’un GIP sera envisagée. I. Organisation du Comité de pilotage Président François LETOURNEUX Secrétaire général Stagiaire Comité directeur Membres : Le Président 3 représentants de chaque Collège 3 représentants de l’Etat Secrétaire Collège « Elus » Collège « Usagers » Collège « Naturalistes et Scientifiques » Collège « Acteurs économiques et touristiques » 109 II. Modes de désignation et rôle de chaque membre Le Président a été désigné à l’occasion des premiers « Entretiens du Parc national », sur proposition du Maire de Fontainebleau et à l’unanimité des personnes présentes. Il coordonne l’ensemble des travaux du Comité de pilotage et en élabore le rapport de synthèse, réalisé principalement sur la base des travaux des Collèges. Le secrétaire général est nommé par le Président. Il assiste le Président dans l’accomplissement de toutes ses missions. Le Comité directeur est composé de trois représentants de chaque Collège, désignés au sein de chacun d’entre eux sur la base de candidatures spontanées. En sont également membres trois représentants de l’Etat, sollicités par le Président après consultation de l’autorité préfectorale. Au sein du Comité directeur sont présentés et débattus les travaux réalisés au sein des Collèges. Les membres du Comité directeur sont également chargés d’organiser, avec le soutien du Secrétaire général, les réunions de leurs Collèges respectifs. Les Collèges sont composés de toute personne souhaitant y participer, sous réserve d’acceptation du Président et à condition que la personne concernée ait un lien évident avec le sujet du Comité de pilotage. Au sein des Collèges sont présentés et débattus les points de vue des participants au sujet du projet de Parc national sur le massif forestier de Fontainebleau. Le secrétaire général assiste à chaque réunion de Collège et en extrait systématiquement un compte-rendu synthétique. La réflexion des Collèges peut s’articuler autour des grands axes proposés par François LETOURNEUX à l’occasion des « Entretiens du Parc national » : Créer un Parc national sur le massif forestier de Fontainebleau… Est-ce utile ? Est-ce souhaitable ? Première série de réunions Sous quelles conditions est-ce réalisable ? } Seconde série de réunions III. Calendrier prévisionnel du Comité de pilotage Ce calendrier est susceptible d’évoluer. Des précisions sur les horaires et lieux de réunion vous seront communiquées ultérieurement. Samedi 17 avril 2010 : Séance plénière inaugurale du Comité de pilotage au Château de Fontainebleau, présidée par François LETOURNEUX, en présence de tous les membres du Comité de pilotage. Lancement du Comité de pilotage et désignation des membres du Comité directeur. Fin avril 2010 : Première réunion du Comité directeur. 110 De mi-avril à mi-mai 2010 : Première série de réunions des Collèges (Hôtel de Ville de Fontainebleau à disposition, sous réserve de disponibilité). Fin mai 2010 : Seconde réunion du Comité directeur. De mi-mai à mi-juin 2010 : Seconde série de réunions des Collèges (Hôtel de Ville de Fontainebleau à disposition, sous réserve de disponibilité). Fin juin 2010 : Troisième réunion du Comité directeur. Fin juin 2010 : Seconde séance plénière du Comité de pilotage au Château de Fontainebleau, présidée par François LETOURNEUX. Présentation des grands axes du rapport et débats. Juillet / août 2010 : Poursuite de la rédaction du rapport et point d’étape avec le Comité directeur. Septembre 2010 : Troisième séance plénière du Comité de pilotage, présidée par François LETOURNEUX. Présentation du rapport de synthèse définitif et décision collective quant à la suite de la démarche. 111 ANNEXE 13 : Les modalités de gouvernance au sein des Parcs nationaux français • Modalités réglementaires : Composition du Conseil d’Administration Conventions d’application de la Charte *** • Modalités réglementaires : Composition du Conseil d’Administration Le Conseil d’administration est composé de représentants de l'État, de représentants des collectivités territoriales intéressées et de leurs groupements, d'un représentant du personnel de cet établissement ainsi que de membres choisis pour partie pour leur compétence nationale et pour l'autre partie pour leur compétence locale dans le domaine d'activité de l'établissement. Les membres choisis en fonction de leur compétence comprennent notamment des représentants des associations de protection de l'environnement, des propriétaires, des habitants et des exploitants, des professionnels et des usagers. La composition du Conseil d’administration fait une plus grande place aux acteurs locaux. Les administrateurs représentant les collectivités territoriales intéressées et leurs groupements, et les membres choisis pour leur compétence locale détiennent la moitié au moins des sièges du Conseil d'administration. Par ailleurs, les pouvoirs du Président du Conseil d’administration sont précisés et renforcés: il anime et préside les travaux d’élaboration, de suivi et d’évaluation de la charte ainsi que ceux du conseil d’administration et du bureau. Le président du Conseil scientifique est membre de droit du Conseil d’administration. Le conseil scientifique apporte son expertise sur les inventaires, les études et recherches. Le conseil scientifique, ou son président, est également amené à donner des avis sur les autorisations spéciales de travaux dans le cœur du parc. Le Conseil économique, social et culturel assiste le conseil d'administration et le directeur notamment en matière de politique contractuelle, de suivi de la mise en oeuvre de la charte et d'animation de la vie locale. Ce conseil est composé de représentants d'organismes, d'associations et de personnalités qui, en raison de leur objet ou de leur qualité participent à l'activité économique, sociale et culturelle dans le parc ou concourent à la vie locale, ainsi que des représentants des habitants et des usagers du parc. Le Commissaire du Gouvernement, préfet et représentant de l’Etat, garantit le bon fonctionnement entre les instances et le respect des textes. 112 Conventions d’application de la Charte : Le projet de charte du Parc national est élaboré par l’établissement public, mais il est transmis pour avis aux collectivités territoriales intéressées et à leurs groupements concernés. A l’expiration de la durée de validité de la charte (15 ans maximum), les communes ayant adhéré à la charte du parc national peuvent décider de s’en retirer, mais pour la seule partie de leur territoire comprise dans l’aire d’adhésion La législation française sur les parcs nationaux prévoit également la possibilité de passer des conventions d’application de la charte entre un parc national et une collectivité territoriale adhérente. Tandis que l’Etat finance l’essentiel des actions de protection du cœur du parc, les collectivités sont ainsi invitées à concourir à la mise en oeuvre de la charte à laquelle elles ont souscrit. Cette politique partenariale ne se limite pas aux seules collectivités. L'établissement public du parc national peut également proposer à d'autres personnes morales de droit public intéressées de s'associer à l'application de la charte par la signature d'une convention. De plus, des contrats de partenariat s'inscrivant dans le cadre d'un projet concourant à la mise en oeuvre de la charte peuvent être conclus entre l'établissement public du parc national et des personnes morales de droit privé concernées par le parc national. Bien que les parcs nationaux français soient créés par décret et gérés par un établissement public de l’Etat, et qu’un transfert de police soit toujours effectué au profit du directeur du parc, la composition du Conseil d’administration, l’existence d’un Conseil scientifique ainsi que d’un Conseil économique, social et culturel rapprochent les parcs nationaux français d’une gestion « collaborative », où l’organe chargé de la gestion du parc national informe et consulte les autres acteurs intéressés par le parc national qui peuvent faire des propositions. 113 ANNEXE 14 : La création d’un Groupement d’Intérêt Public Source : http://www.finances.gouv.fr/directions_services/Tresor_public/gip.pdf Définition La création d’un GIP peut réclamer l’intervention de 4 sortes de textes : loi, décret, convention constitutive et arrêté d’approbation, mais lorsque le GIP s’inscrit dans le cadre d’une loi qui en autorise la création et d’un décret existant qui en fixe les principes directeurs d’organisation et de fonctionnement, la création d’un GIP résulte simplement de la conclusion d’une convention constitutive approuvée par arrêté de l’autorité administrative compétente. La loi Une loi qui crée une catégorie nouvelle de GIP fixe le cadre général de l’objet, de l’organisation et du fonctionnement, le partage de la représentation entre les personnes morales de droit public et de droit privé et le contrôle exercé par les autorités administratives. La plupart des lois renvoient aux conditions d’organisation précisées par l’article 21 de la loi du 15 juillet 1982. Il peut également arriver exceptionnellement qu’une loi prévoie expressément la création ex nihilo d’un GIP particulier. Le décret Un décret intervient pour compléter les dispositions législatives en donnant des précisions sur les conditions entraînant la création du GIP et son fonctionnement, la publication de l’arrêté d’approbation, les prérogatives du commissaire de gouvernement et du contrôleur d’État et les règles de la comptabilité applicable. C’est également le décret qui précise les catégories d’agents susceptibles de faire partie du personnel du groupement et éventuellement leur statut. Parfois un arrêté complète le décret et fixe une convention-type que devront dès lors respecter les conventions établies pour la catégorie de GIP ainsi constituée (GIP Ville …). La convention Les membres fondateurs du GIP définissent librement le statut du GIP et les modalités de son organisation et de son fonctionnement, sous réserve du respect des dispositions législatives et réglementaires (conditions d’adhésion de nouveaux membres, retrait, exclusion, règles relatives à la désignation des membres du conseil d’administration, répartition des fonctions, attributions entre membres, etc.). Cette convention constitutive est librement négociée mais elle ne dépend pas de la seule volonté des parties. Il est à noter que le ministre de chaque administration partie prenante du GIP est 114 appelé à parapher la convention, bien que, juridiquement, l’État ne constitue qu’une seule et même personne morale de droit public. L’arrêté d’approbation de la convention Le GIP n’acquiert la personnalité juridique qu’à compter de la publication au journal officiel de l’arrêté d’approbation par l’autorité administrative compétente désignée par le décret d’organisation qui l’intéresse. C’est également à compter de cette date de publication – sauf mention contraire de l’arrêté – que naît le GIP. Cette date est donc très importante pour déterminer notamment la date d’expiration du GIP et/ou la date d’enclenchement de la procédure de renouvellement. Les textes relatifs aux GIP accordent de plus en plus aux préfets (départementaux et régionaux) le pouvoir de prendre par délégation les arrêtés d’approbation. Concernant la compétence du ministre du budget sur les décisions administratives individuelles (DAI) relatives aux GIP à l’issue de la parution du décret de déconcentration du 15 janvier 1997 et des décrets pris pour son application, il paraît utile de rappeler que la décision d’approbation d’une convention constitutive relève, depuis le 1er janvier 1998, conjointement des ministres concernés et du ministre chargé du budget pour 3 catégories de GIP : • Tous les GIP nationaux en vertu du décret n°097-1206 du 19 décembre 1997, • Tous les GIP “recherche et développement technologique”, “éducation”, “enseignement supérieur”, Les GIP “coopération interrégionale et transfrontalière”. A contrario, sauf mention spécifique par décret en Conseil d’État, le ministre n’est pas compétent pour les DAI relatives à des organismes dont le champ de compétence est local et créés après le 1er janvier 1998. Les décisions relatives aux GIP sont parfois inscrites par les ministres dans leur décret dérogatoire. Ainsi, par exemple, le décret 97-1185 du 19/12/97 prévoit que les ministres du budget et de l’emploi et de la solidarité restent compétents pour l’approbation des conventions constitutives des GIP dont le ressort géographique est supra régional. Toutes les autres décisions, et notamment les décisions d’approbation des conventions constitutives de GIP “action sanitaire et sociale” ayant un champ d’attribution régional ou infra régional sont de la compétence du préfet. Le projet de convention, avant d’être soumis à approbation, doit être accompagné des annexes suivantes : Le programme d’activités du GIP pour au moins les 3 ans à venir ; Les comptes prévisionnels pour au moins les 3 années à venir, retraçant notamment les apports (cumulables) financiers, en nature (biens meubles ou immeubles) et en industrie (c’est-à-dire sous la forme d’une activité, de personnel) de chacun des membres et, dans l’hypothèse où des ressources externes compléteraient les contributions fournies par les membres fondateurs l’origine et la nature de ces ressources; 115 L’état prévisionnel des effectifs comprenant notamment les personnels propres, lorsque de tels recrutements sont prévus par le décret et la convention constitutive, et précisant les fonctions et les rémunérations de ces personnels ; L’engagement écrit des membres complété par la délibération de leur assemblée délibérante, elle-même approuvée les autorisant à s’engager dans le GIP et dans quelles conditions. Questions Réponses La création d’un GIP, sur quoi se fonde-t-elle ? Souvent, une simple collaboration conventionnelle peut suffire entre organismes. Toutefois, le GIP constitue une structure de coopération intégrée qui permet à la fois de mieux identifier la mission et les activités auxquelles collaborent ses membres mais aussi de définir clairement les moyens mis en oeuvre et les bénéfices attendus de chacun des membres. Il est en tout cas très souhaitable que la création du GIP résulte au départ de la volonté exprimée des futurs membres même si, bien sûr, c’est de l’autorité de tutelle qu’émane la décision d’instituer un GIP (ministre qui exerce la tutelle sur la catégorie de GIP). Mais mieux la concertation sera organisée, plus le consensus entre membres et donc la réussite du GIP seront effectifs. Qui peut composer un GIP ? Le GIP ne peut comporter que des personnes morales mais son originalité et son intérêt principal réside dans la possibilité qu’il offre d’associer à des personnes de droit public et à des entreprises publiques, des entreprises “purement” privées et plus largement toute personne morale de droit privé. Le groupement doit comporter au moins une personne morale de droit public : peuvent donc être membres de GIP, l’État, les collectivités territoriales et leurs établissements publics ainsi que le cas échéant des personnes de droit public “atypiques” (exemple :Caisse des dépôts et consignations) ainsi qu’éventuellement un ou plusieurs autres GIP. Ne peuvent en principe participer au GIP que des personnes morales françaises, sauf disposition législative permettant expressément la participation de personnes morales étrangères. Quelles sont les dispositions impératives et comment formaliser cet accord ? Quelle que soit la catégorie de GIP, un accord sans ambiguïté entre les futurs membres est indispensable. Il se matérialise par la rédaction d ’une convention constitutive qui reprend les objectifs poursuivis, les actions à mener et les moyens sur plusieurs années pour les réaliser. Plans de financement, engagements écrits des futurs membres, complétés le cas échéant par l’approbation de leur autorité délibérante, sont formalisés au sein de la convention constitutive qui vaut dès lors loi des parties. Une certaine liberté existe dans la rédaction de cette convention même si cette liberté est encadrée par l’administration qui peut émettre un avis sur les dispositions de la convention. Par ailleurs, des textes législatifs et réglementaires rendent certaines dispositions obligatoires. Citons par 116 exemple, la présence d’un contrôle économique et financier (le contrôleur d’État) et d’un contrôle administratif(le commissaire de gouvernement), la participation d’au moins une personne morale de droit public au groupement… Que se passe-t-il une fois la convention acceptée par tous ? Une fois la convention approuvée et signée par les futurs membres du GIP, un acte d’approbation – sous la forme d’un arrêté – intervient et est publié. Certains GIP bénéficient d’une procédure d’approbation tacite (cas des GIP de l’enseignement supérieur). Cette publication est nécessaire pour l’information des tiers. Elle permet dès lors au GIP de disposer de la personnalité morale et de pouvoir débuter son activité. 117 ANNEXE 15 : Syndicat mixte d'aménagement et de gestion du Parc naturel régional du Gâtinais français NOM ET SIEGE Mairie 91 490 MILLY-LA-FORET Bureaux : Maison du Parc Place de la République 91490 MILLY LA FORET N° SIREN : 259102564 Date de création : 18.06.1999 Président : M. Boussaingault Jean-Jacques Maire de Boigneville OBJET Protection de l'environnement et du patrimoine aménagement, équipement, gestion et animation du PNR en application de sa charte constitutive. Compétence à caractère optionnel: assainissement non collectif. MEMBRES - Région d'Ile-de-France Département de l'Essonne Département de Seine-et-Marne Communes de l'Essonne : Auvers Saint Georges, Baulne, Boigneville, Boissy Le Cutte, Bouray, Boutigny Sur Essonne, Buno Bonnevaux, Cerny, Chamarande, Champcueil, Courances, Courdimanche sur Essonne, Dannemois, D’Huison Longueville La Ferte Alais, Gironville Sur Essonne, Guigneville Sur Essonne, Janville Sur Juine, Maisse, Milly La Forêt, Moigny Sur Ecole, Mondeville, Oncy Sur Ecole, Orveau, Soisy Sur Ecole, Vayres Sur Essonne, Videlles, Villeneuve Sur Auvers. Communes de Seine-et-Marne : Acheres La Forêt, Amponville, Barbizon, Boissise Le Roi, Boulancourt, Burcy, Buthiers, Cely En Biere, Chailly En Bière, Dammarie Les Lys, Fleury En Bière, Fromont, Guecheville, Larchant, La Chapelle La Reine, Noisy Sur Ecole, Perthes En Gâtinais, Pringy, Recloses, Rumont, Saint Fargeau Ponthierry, Saint Germain Sur Ecole, Saint Martin En Bière, Saint Sauveur Sur Ecole, Tousson, Ury Le Vaudoue, Villiers En Biere, Villiers Sous Grez. 118 ANNEXE 16 : Les démarches environnementales engagées par la Ville de Fontainebleau L’ensemble de la requalification urbaine de la Ville de Fontainebleau est pensée sous l’égide de la démarche Haute Qualité Environnementale. La rénovation du stade de la Faisanderie, comme celle du site du Grand Parquet, est ainsi organisée selon ces objectifs environnementaux. Le site du Grand Parquet, qui est actuellement l'un des projets les plus importants de la municipalité de Fontainebleau, est de ce fait réalisé aux moyens de matériaux respectueux de l'environnement. Le site pourra produire un maximum de ses besoins en énergies, en eau et en électricité notamment. D’autre part, le 23 avril 2010, la première pierre de la station d’épuration a été posée, en présence de Chantal Jouanno, Secrétaire d’État chargée de l’Écologie. La reconstruction de la station de traitement des eaux usées s’inscrit dans le cadre d’une mise en conformité globale du système d’assainissement de la Communauté de communes Fontainebleau-Avon et du respect des normes de la Directive Européenne sur les Rejets Urbains. Elle vise à garantir la bonne préservation du milieu naturel, la station se situant entre les bords de la Seine et la forêt de Fontainebleau. Une aire écologique est ainsi consacrée à la faune et à la flore locale. En outre, le traitement de l’eau usée permettra à l’eau rejetée en Seine après filtration de se rapprocher d’une eau de qualité « baignade ». Cette eau pourra également être réutilisée pour les besoins de la collectivité, ce qui permettra d’économiser cette ressource. De plus, le Gymnase Lagorsse, premier équipement sportif français doté d’un mur solaire, a été inauguré à Fontainebleau le mercredi 12 mai 2010, en présence de Didier Julia, député de Seine-et-Marne, de Jean-Jacques Hyest, sénateur de Seineet-Marne, et de Rama Yade, Secrétaire d’Etat chargée des Sports. Cet édifice, construit dans une démarche « Haute qualité environnementale » (HQE), permettra de réduire la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre. Il dispose également d’une toiture végétale et d’une cuve de récupération d’eaux de pluies. Le projet d’un Parc national métropolitain en forêt de Fontainebleau pourrait dès lors, en cohérence avec le schéma de développement régional et local, se positionner en tant que pôle de développement vert. 119 ANNEXE 17 : Des Parcs nationaux Périurbains La Péninsule du Cap, en Afrique du Sud, est l’un des six domaines floraux du monde. Elle est également l’une des régions du monde les plus menacées en terme de biodiversité. Le Parc National de la Montagne de la Table, créé en 1998, a été mis en place afin de répondre à cette menace. Le site surplombe la ville du Cap, qui est la capitale provinciale du Cap-Occidental mais aussi la capitale parlementaire de l’Afrique du Sud. Sa population est estimée, en 2007, à près de 3,5 millions d'habitants. Le Parc National de la Montagne de la Table est l’une des attractions touristiques principales de la Ville, avec plus de 1,2 million de visiteurs par an. Les touristes peuvent mettre à profit leur visite en profitant des activités diverses proposées au sein du Parc, telles que la randonnée, l’escalade ou encore la spéléologie. L’importance de la fréquentation et la situation périurbaine du site ont amené les autorités du Parc à développer une politique de collaboration étroite avec les communautés locales, afin de valoriser les savoirs traditionnels locaux, et l’identité des différents territoires. De la même manière, le Parc national de la Guadeloupe, créé le 20 février 1989, est composé de onze communes dans sa zone cœur, et de vingt et une communes dans son aire d’adhésion. Il a pour objectif de contribuer à l’amélioration sociale, économique, et culturelle des communes de la Côte Sousle-Vent qui constituent son aire optimale d'adhésion. Dans ce but, il a élaboré avec les communes concernées des Plans de Développement Durable, qui visent un aménagement équilibré du territoire et des actions de développement. D’autre part, le Parc national dispose sur son territoire de trois des sites les plus fréquentés de la Guadeloupe : la Soufrière (250 000 visiteurs), les Chutes du Carbet (500 000 visiteurs) et les curiosités de la Route de la Traversée (400 000 visiteurs). Cette fréquentation de masse fait peser de sérieuses menaces sur la qualité même des sites, aujourd’hui proches de la saturation. Pour résoudre la contradiction apparente entre l’objectif de protection et celui d’accueil du public sur les grands sites, le Parc national promeut le développement de l’écotourisme. L’établissement mène une politique d’aménagement dans le but d’améliorer la qualité de l’accueil sur ces sites à forte fréquentation. De nombreux équipements (aires de pique-nique, aires de stationnement, passerelles, sentiers balisés) et des structures de service (sanitaires, boutique, téléphone…) sont en place ou à l’étude pour le meilleur confort des visiteurs et une protection efficace des milieux naturels. En outre le projet du Parc national des Calanques, actuellement en cours, placera un territoire protégé en marge de la Ville de Marseille, qui est le premier port français et méditerranéen, mais également la deuxième commune la plus peuplée de France et la troisième aire urbaine de France, derrière Paris et Lyon. Il s’agira ainsi du dixième Parc national périurbain d’Europe Ces diverses réalisations françaises démontrent que le caractère périurbain et attractif du massif de Fontainebleau, du fait de sa proximité avec la Ville de Paris, ne consiste pas une grave menace sur la protection du milieu, ni de ce fait un obstacle à l’obtention du statut de Parc national. 120 Il est intéressant de noter que le massif de Fontainebleau s’inscrit d’ores et déjà dans une relation de partenariat avec l’un des plus importants Parcs nationaux périurbains européens. En effet , la similitude des problématiques rencontrées pour les forêts de Fontainebleau et de New Forest a amené les gestionnaires de ces massifs à signer une convention de jumelage en octobre 2002. Dans la suite logique de ce jumelage, les gestionnaires des deux forêts et leurs partenaires ont développé un projet en partenariat : l’INTERREG III B PROGRESS (PROmotion and Guidance for Recreation on Ecological Sensitive Sites). Il a pour objectif de promouvoir sur les massifs de Fontainebleau et de la New Forest un accueil du public respectueux des milieux et de leur sensibilité. Les deux massifs sont de fait confrontés aux mêmes problématiques de gestion de l’accueil du public. Ils sont tous deux des espaces ouverts situés à proximité de grandes agglomérations et drainent chaque année plusieurs millions de visiteurs. Ces espaces forestiers d’une grande valeur patrimoniale et historique, sont également reconnus pour leur richesse écologique et intégrés au réseau Natura 2000. Les impacts négatifs de la fréquentation sur les milieux ont souvent pour origine le manque d’information dont dispose le public. La problématique de la communication autour de l’accueil du public se pose dans les mêmes termes dans les deux forêts. Il est nécessaire de développer des partenariats afin d’aboutir à une meilleur information du public sur la sensibilité des milieux et les différentes options d’accueil proposées dans et autour des massifs. Les massifs de Fontainebleau et New Forest attirent un large public et sont à l’origine d’une activité touristique locale forte. Cette fréquentation génère pourtant peu de retombées économiques destinées à la gestion et à la préservation de la forêt. Une réflexion doit être menée pour créer des dynamiques de partenariat au niveau local pour une prise de conscience de la vulnérabilité de la forêt et pour une implication plus forte en faveur de la préservation de ce patrimoine. Le projet vise à promouvoir un accueil du public compatible avec la préservation et le maintien de milieux sensibles et remarquables. La promotion d’un usage responsable des forêts par le biais de la communication, de l’éducation et de l’introduction de nouveaux codes de conduite sont les principaux objectifs, afin d’impliquer le public et d’améliorer la responsabilisation des visiteurs. Le projet s’attache de plus à trouver des outils de gestion et des solutions à la problématique de gestion durable qui touche l’ensemble des gestionnaires de milieux ouverts et fréquentés. Il permet d’élargir le champ de réflexion à l’échelle de l’Europe pour générer des solutions innovantes à ces questions. Or, l’établissement du statut de Parc national sur le massif de Fontainebleau permettrait une meilleure visibilité, et lisibilité, de ce patrimoine. Cela permettrait notamment d’induire des comportements plus respectueux de la part des visiteurs, donnant suite à ce projet partenarial entre le massif et le Parc national de New Forest. 121 ANNEXE 18 : Contribution des Amis de la Forêt de Fontainebleau au débat sur un projet de Parc national La présente note se propose, après avoir présenté l’association des Amis de la Forêt de Fontainebleau (AFF), d’expliciter les raisons pour lesquelles l’association considère que la création d’un Parc national à Fontainebleau ne serait ni utile, ni souhaitable. 1-Présentation de l’association Fondée en 1907, reconnue d’utilité publique, l’Association des Amis de la forêt de Fontainebleau, est le plus ancien mouvement de protection de la nature en région parisienne. Son objectif principal, affiché dès l’origine, est de « contribuer à assurer la conservation et la protection des sites, des monuments pittoresques et des peuplements végétaux et animaux de la forêt domaniale de Fontainebleau et de l’ensemble du massif forestier dont elle fait partie ». Membre fondateur de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), créée à Fontainebleau en 1948, l’association, forte de 1000 membres, a aujourd’hui un double rôle : -un rôle d’information et de formation de ses membres par de multiples actions concrètes : entretien et balisage d’une vingtaine de sentiers de promenade par une cinquantaine de bénévoles, qui constituent la commission « terrain ». Ce réseau de prés de 300 km de sentiers s’étend dans les secteurs les plus pittoresques des forêts de Fontainebleau, des Trois-Pignons et de la Commanderie. Il permet de découvrir les grandes futaies, les platières et les chaos de grès, les points de vue, les landes et les mares. Un guide des sentiers est régulièrement mis à jour et réédité et fournit les informations essentielles concernant l’histoire et la vie de la forêt, les conditions écologiques locales, la gestion actuelle de la forêt. animation chaque année d’une trentaine de sorties d’initiation à la vie de la forêt et à la découverte de ses richesses et de sa biodiversité. organisation de conférences, d’expositions, et édition de CD Rom sur la forêt pour l’éducation des jeunes et du public qui la fréquentent, en les sensibilisant sur la sauvegarde de la forêt et des écosystèmes qui la composent. mise à jour de l’inventaire des arbres remarquables choisis pour des motifs scientifiques, esthétiques ou historiques et édition d’un guide des arbres remarquables de la forêt de Fontainebleau. publication de la revue « La voix de la forêt » et édition de « La feuille verte », lettre d’information trimestrielle. tenue à jour de fichiers informatiques sur les plantes protégées ainsi que sur les 245 espèces d’arbres et d’arbustes répertoriés dans le massif forestier. 122 -Un rôle institutionnel d’interlocuteur des pouvoirs publics et des élus : L’association est depuis plus d’un siècle un interlocuteur reconnu de l’administration forestière et de l’environnement, notamment, et des établissements publics qui en dépendent tant au niveau local que régional et national. Elle s’implique auprès des pouvoirs publics, des élus et de l’Office national des forêts pour des causes et sur des dossiers qui engagent l’avenir de la forêt. Elle se fait le porte-parole de ceux qui dans des domaines très divers trouvent en forêt de Fontainebleau le cadre de leur activité favorite : promeneurs, cavaliers, varappeurs, etc. mais aussi naturalistes, géologues ou artistes. Les compétences de ses membres sont reconnues, leur dévouement et leur passion pour la forêt sont immenses. L’association est ainsi amenée à faire partie d’une vingtaine d’organisations : comités, commissions, conseils d’administration, groupes de travail tels que la commission départementale des sites, le comité consultatif scientifique et des usagers de la forêt, la commission de suivi des réserves biologiques , le comité de pilotage du label « forêt patrimoine », le Comité français de l’UICN. Ainsi, depuis sa création, l’association des Amis de la forêt de Fontainebleau, a participé activement à la défense de la forêt et à sa sauvegarde, comme à sa connaissance et à son respect par le public. La plupart des mesures de protection du massif forestier de Fontainebleau ont été prises à son initiative : classement du site, création des réserves biologiques, extension de la forêt domaniale grâce à l’achat par l’Etat des forêts des Trois- Pignons et de la Commanderie, classement en zone Natura 2000, intégration au réseau des réserves de biosphère, classement en forêt de protection, label « forêt patrimoine ». 2-La création d’un Parc national est-elle utile ? Parmi les conclusions du Grenelle de l’environnement, l’arrêt de la perte de la biodiversité a été affiché comme un objectif majeur. Ceci passe par des mesures de protection, de conservation, de restauration des milieux et par la constitution d’une trame verte et d’une trame bleue. Pour combler les lacunes du réseau actuel d’aires protégées terrestres, il est notamment envisagé de créer trois nouveaux parcs nationaux, dont un en milieu forestier de plaine. Le choix du gouvernement s'est porté sur le massif forestier de Châtillon, à cheval sur la Champagne et la Bourgogne. Cependant, l’idée régulièrement avancée de faire de Fontainebleau un parc national a été relancée récemment par des élus locaux, en particulier le maire de Fontainebleau. Le Comité de pilotage mis en place le 17 avril 2010 chargé d’établir un diagnostic de la situation de la forêt et de la faisabilité d’un tel projet, s’est interrogé sur son utilité. Les AFF considèrent que cette question doit être éclairée en tenant compte de son histoire, des statuts dont elle bénéficie, de sa gestion actuelle, au regard des attentes de son propriétaire et de la société. En effet, la forêt de Fontainebleau n’est pas une forêt comme les autres, c’est une forêt emblématique, riche de son passé, un patrimoine chargé d’histoire. Ce n’est pas une simple réserve de biodiversité quelle que soit sa richesse. C’est un patrimoine qui, dans notre histoire, celle des souverains, des peintres, des écrivains et de bien d’autres, a une place majeure. C’est également une 123 aire de loisir de plus en plus fréquentée qui a une réputation qui dépasse notre département et même l’Ile de France, qu’il convient tout à la fois de protéger mais également de laisser ouverte à ses multiples « usagers ». Cette forêt, que nous connaissons aujourd’hui et qui est tant appréciée par les promeneurs, randonneurs, varappeurs, cavaliers, cyclistes pour la variété et la qualité de ses paysages, des naturalistes et des scientifiques pour la richesse et la variété de son patrimoine biologique exceptionnel et qu’il convient de sauvegarder, résulte largement de l’action de l’homme par les mesures de conservation et de gestion qui ont été adoptées au cours des ages. Les mesures sylvicoles initiées sous Louis XIV ont été activement réalisées au 18° et 19° siècles : 5400 hectares plantés en chêne de 1720 à 1794, 2800 hectares de 1802 à 1830, 6000 hectares de 1831 à 1847, (dont une forte proportion de pin) et se poursuivent aujourd’hui par une gestion patrimoniale qui permet de régénérer les plus vieux peuplements et d’améliorer les plus jeunes. Au 19° siècle est née à Fontainebleau la protection de la nature avec la création des réserves artistiques en 1861, devenues réserves biologiques depuis. Le tourisme de nature y est né vers 1850 et c’est aujourd’hui le site naturel le plus fréquenté de France avec 17 millions de visites par an. Ainsi Fontainebleau constitue un héritage historique et patrimonial de premier plan. La forêt de Fontainebleau a obtenu tous les labels pour assurer la protection et la conservation de son patrimoine naturel tout en assurant une gestion patrimoniale compatible avec une fréquentation nombreuse génératrice de dégradations dans les cantons les plus fréquentés (érosion, incendies,) ou de nuisances (déchets, bruit). Forêt domaniale après avoir été domaine de la couronne, elle est de ce fait inaliénable et bénéficie du régime forestier depuis la promulgation du Code forestier en 1827. Sa gestion est confiée par l’Etat à l’Office national des forêts, établissement public national placé sous la tutelle du ministre de l’écologie et du développement durable d’une part, du ministre de l’agriculture d’autre part. Elle repose sur un document d’aménagement valable actuellement pour la période 1996-2015, approuvé par arrêté conjoint des deux ministres de tutelle. Ce document a été élaboré dans les années 1990 après des études scientifiques approfondies qui ont permis de faire des choix de gestion adaptés aux conditions écologiques locales avec le souci de sauvegarde de la biodiversité et de régénération des peuplements les plus anciens et d'amélioration des peuplements jeunes. Modifié en 2009 pour tenir compte des conséquences des tempêtes récentes et du dépérissement de certains peuplements fragilisés à cette occasion et de déficits hydriques récurrents depuis 2003, le nouveau document prévoit de doubler la surface des réserves biologiques intégrales qui s'étendent dorénavant sur 1062 hectares, alors que les réserves biologiques dirigées couvrent 1305 hectares. Le reste des 16968 hectares de la forêt domaniale de Fontainebleau se répartissent en une série de gestion sylvicole patrimoniale (9694 hectares), une série d'intérêt paysager particulier (3376 hectares), une série d'intérêt écologique particulier (1531 hectares).Cet ensemble constitue un continuum écologique et paysager qui garantit une gestion conservatoire des milieux et des espèces, la pérennité et l’équilibre des peuplements forestiers. 124 Afin de renforcer sa protection foncière et après l’épisode fâcheux de la création de l’autoroute A6, à laquelle s’étaient opposés les AFF dans son tracé initial au travers de la forêt domaniale, elle est site classé depuis 1965 au titre de la loi de 1930 sur ses 17000 hectares et classée comme espace boisé protégé dans les documents d’urbanisme. L’UNESCO a attribué en 1998 au massif de Fontainebleau le label de réserve de biosphère (MAB), statut fondé sur la reconnaissance internationale d’une gestion respectueuse de l’environnement. Depuis 2002, l’ensemble du massif forestier, y compris les Trois-Pignons et la Commanderie ainsi que les bois privés et communaux, sur une surface de 27000 hectares, est classé « forêt de protection ». Ce statut permet de garantir l’intégrité du massif contre toute amputation, favoriser une gestion rigoureuse des écosystèmes, assurer la pérennité d’un cadre de vie et de détente unique pour le public. Des mesures d’accompagnement prévoient le rétablissement des continuités biologiques et des aménagements du trafic routier. Le massif de Fontainebleau a été classé en site Natura 2000 et intégré au réseau écologique européen d'habitats et d'espèces rares ou menacées où sont prises des mesures de conservation nécessaires, en application des directives européennes relatives aux oiseaux et aux habitats. Le document d’objectifs pour le site Natura 2000 a été adopté en 2006. Depuis 2003, un projet européen INTERREG a été lancé sur le massif de Fontainebleau et le massif de New Forest en Angleterre. Il consiste à élaborer une stratégie d’accueil du public qui soit compatible avec la préservation des espèces et des milieux remarquables du massif. Des actions pilotes sont mises en place dans les deux forêts, de façon à comparer des expériences concrètes. Un colloque international a été organisé en 2007. En 2008, un protocole d’accord a été signé entre l’Etat, les collectivités locales, l’ONF et les associations, dont les AFF, par lequel les signataires s’engagent à élaborer un programme d’actions pluriannuel valorisant le patrimoine forestier de Fontainebleau et les liens avec son territoire. A ce titre, Fontainebleau est site pilote du réseau de forêts qui recevront d’ici 2011 le label « forêt patrimoine », reconnaissant leur valeur patrimoniale et l’engagement des partenaires dans un projet spécifique de développement durable concerté. Enfin convient-il de souligner que, depuis une dizaine d’années, a été institué auprès du Préfet de Seine et Marne un « Comité consultatif scientifique et des usagers de la forêt de Fontainebleau » lieu de dialogue et de concertation entre gestionnaires, scientifiques et usagers de la forêt, auquel les AFF participent activement et qui a joué un rôle important au moment de l’élaboration du document d’aménagement de la forêt et son classement en « foret de protection », et qui en assure le suivi. Ainsi, la forêt de Fontainebleau apparaît aujourd’hui bénéficier de toutes les garanties pour la pérennité et l’équilibre des peuplements forestiers, la gestion conservatoire des milieux et des espèces. Une concertation régulière et approfondie entre toutes les parties prenantes, y compris les élus locaux, a permis que l’Office national des forêts, gestionnaire de la forêt domaniale, intègre dans sa gestion les préoccupations exprimées, les arbitrages restant de la responsabilité de l’Etat. 125 Pour toutes ces raisons, les AFF considèrent que le projet de créer un Parc national à Fontainebleau est totalement inutile. 3-La création d’un Parc national est-elle souhaitable ? Afin de répondre à cette question, il convient de s’interroger sur ce qui changerait si un Parc national était créé à Fontainebleau. Le statut de Parc national, tel qu’il résulte des textes législatifs et réglementaires codifiés dans le Code de l’environnement, apporterait des contraintes supplémentaires à la gestion du massif forestier et singulièrement à la forêt domaniale dont la vocation prioritaire est l’accueil du public dans un espace dont la gestion patrimoniale permet sa compatibilité avec la sauvegarde des biotopes d’intérêt écologique majeur dans les réserves biologiques qui s’étendent sur 2367 hectares, l’équilibre des peuplements forestiers et leur nécessaire régénération, seule de nature à assurer leur qualité paysagère. La loi du 14 avril 2006 relative aux Parcs nationaux a confirmé et complété les dispositions qui régissent les parcs nationaux en France depuis 1960, à savoir : - une protection renforcée : « Un parc national est créé lorsque le milieu naturel (faune, flore, sol paysages…) comporte un intérêt spécial et qu’il importe d’en assurer la protection en préservant ces éléments des atteintes susceptibles d’en altérer la diversité, la composition, l’aspect et l’évolution (art. L.331-1). Cette disposition permet d’interdire ou de restreindre de nombreuses activités. - des restrictions multiples d’activités : « La réglementation du parc national et la charte peuvent, dans le cœur du parc, fixer les conditions dans lesquelles les activités existantes peuvent être maintenues ; soumettre à un régime particulier et, le cas échéant, interdire la chasse et la pêche…la circulation du public quel que soit le moyen emprunté, toute action susceptible de nuire au développement de la faune et de la flore et, plus généralement, d’altérer le caractère du parc national. Elles réglementent en outre l’exercice des activités agricoles, pastorales ou forestières (art.L.331-4-1) - des compétences de police transférées au directeur du parc : « Le directeur de l’établissement public du parc national exerce, dans le cœur du parc, les compétences attribuées au maire pour la police de la circulation et du stationnement, la police des chemins ruraux, la police des cours d’eau, la police de destruction des animaux nuisibles… » (art.L.331-10) - une charte du parc qui prévaut sur tous les autres documents de gestion du territoire : « La charte du parc national définit un projet de territoire traduisant la solidarité écologique entre le cœur du parc et ses espaces environnants (art.L.331-3). Dans un délai de trois ans à compter de l’approbation de la charte, doivent être rendus compatibles avec les objectifs de protection définis 126 par la charte, le document de gestion de l’espace agricole et forestier, les orientations régionales forestières, les schémas régionaux de gestion sylvicole des forêts privées, les documents d’aménagement des bois et forêts du domaine de l’Etat, le plan départemental des espaces, sites et itinéraires relatifs aux sports de nature ou le plan départemental des itinéraires de promenade ou de randonnée, le schéma départemental de gestion cynégétique, les orientations régionales de gestion et de conservation de la faune sauvage et de ses habitats, le schéma régional de développement du tourisme et des loisirs… (art.R. 331-14) - la gestion transférée à un établissement public spécifique : « Le décret de création d’un parc national crée l’établissement public national à caractère administratif du parc (art.L.331-2). Le directeur du parc exerce la direction générale de l’établissement public. Il recrute et gère le personnel et dirige les services (art.R.331-34). Lorsque le directeur prend un acte réglementaire dans le cadre de ses pouvoirs de police, il en informe le conseil d’administration.(art.R.331-35) - les missions de police sont exercées par des techniciens et agents techniques du parc national : « Les agents des établissements publics des parcs nationaux chargés de la recherche et de la constatation des infractions, sont commissionnés par le préfet, sur proposition du directeur de l’établissement. (art.R.331-61) Ainsi, les dispositions législatives et réglementaires qui régissent les parcs nationaux pourraient conduire à Fontainebleau à des changements majeurs : - une charte du parc imposant des mesures de protection renforcées et limitant les activités : Au motif que des biotopes ou des écosystèmes particuliers existent dans cette forêt, pourraient être limitées ou interdites des activités de loisirs pratiquées depuis toujours comme la promenade, la randonnée, l’escalade, l’équitation, notamment dans les cantons les plus pittoresques et les plus fréquentés (rochers, platières, zones humides, biotopes comportant des espèces emblématiques). Au même motif de protection de la faune et de la flore pourraient être interdites (comme c’est le cas dans la plupart des parcs nationaux français) la régulation de la faune sauvage, pourtant indispensable pour limiter les risques de collision sur les routes, la cueillette des champignons, la promenade des chiens. - une extension des surfaces des réserves biologiques intégrales, interdites d’accès au public, dans lesquelles aucune intervention sylvicole n’est permise et qui se traduit par des cimetières d’arbres morts. - une gestion de la forêt privilégiant les évolutions naturelles avec un vieillissement des peuplements qui les fragiliserait et une extension du hêtre, essence d’ombre qui colonise les sousbois au détriment du chêne rouvre, pourtant mieux adapté aux conditions écologiques locales. Or, 127 les changements climatiques annoncés devraient se traduire par des sécheresses récurrentes l’été et des stress hydriques se traduisant par le dépérissement des peuplements âgés de chêne et des hêtres adultes sur les terrains filtrants de Fontainebleau. Pour prévenir des dépérissements en forêt il convient donc de poursuivre une gestion dynamique des peuplements, la régénération naturelle des peuplements adultes en bon état, l’adaptation du choix des essences cultivées aux conditions climatiques futures. De même, la suspension ou le ralentissement des coupes de régénération se traduirait, pour la grande faune, par une diminution des capacités nourricières du milieu par diminution des recrus, des rejets et des plantes herbacées qui se développent après les exploitations et dont se nourrissent en particulier cerfs et chevreuils. Les dégâts dans les cultures agricoles voisines pourraient de ce fait augmenter. Enfin, en l’absence de grands prédateurs, l’arrêt de la chasse se traduirait par la prolifération des animaux, des dégâts aux peuplements forestiers et aux cultures agricoles voisines, la dégénérescence des populations animales, le développement des maladies et sans doute du braconnage. - un changement de gestionnaire avec la mise en place d’un nouvel établissement public, sous tutelle du ministère de l’écologie, dont les personnels seront issus, au détriment des ingénieurs, techniciens et agents techniques forestiers, pourtant formés et expérimentés pour la gestion forestière. Car, Fontainebleau est depuis des siècles une forêt cultivée par des spécialistes qui grâce à une gestion patrimoniale ont su concilier la régénération des peuplements forestiers, la protection des biotopes remarquables dans les réserves biologiques, la sauvegarde de la biodiversité. Sa richesse, la variété de ses paysages et son attrait tant pour les naturalistes, les scientifiques et les nombreux et différents usagers résultent de sa gestion passée et de celle qui lui est appliquée aujourd’hui. Pour toutes ces raisons, les AFF considèrent que la création d’un Parc national à Fontainebleau n’est pas souhaitable. 128 ANNEXE 19 : Avis des Amis de la Forêt de Fontainebleau sur les garanties et conditions pour la création d'un Parc national Les Amis de la forêt de Fontainebleau (AFF) qui ont contribué depuis plus d’un siècle à la conservation , à la protection de la forêt et à l’éducation du public qui la fréquente, se sentent fondés à affirmer que les statuts dont elle bénéficie sont amplement suffisants et que le label « parc national » serait inadapté, inutile et inopportun. Dans une contribution en date du 26 avril 2010 remise au Comité de pilotage pour la création d'un parc national, ils ont développé les arguments qui justifient cette prise de position. Néanmoins, au cas où des études devraient se poursuivre en vue de faire évoluer le statut de la forêt de Fontainebleau, les AFF soumettraient leur accord aux garanties et conditions suivantes : - une association étroite à l’élaboration du projet en étant membre du Groupement d’intérêt public (GIP) chargé de préparer la création du parc et sa charte ; - un partenariat au fonctionnement de toutes les instances du parc s’il venait à être créé : conseil d’administration, conseil scientifique, conseil économique, social et culturel ; - la modification de la loi relative aux parcs nationaux afin de l’adapter aux spécificités des parcs forestiers de plaine, concept issu du Grenelle de l’environnement. A ce titre devrait être prévu le maintien de l’ONF comme établissement public gestionnaire de ce type de parc avec le personnel forestier en place, renforcé par des personnels du ministère de l’écologie ; - la dotation du parc par des crédits spécifiques émanant du ministère de l’écologie, en complément des moyens actuellement mobilisés, au bénéfice de la gestion de la forêt et de la sauvegarde de la biodiversité ; - la constitution du cœur du parc national dans la limite des réserves biologiques existantes, sans extension, à l’exception éventuelle de quelques parcelles permettant d’assurer des continuités écologiques. Inversement, il paraît indispensable que la zone d’adhésion volontaire à la charte dépasse largement les limites des communes portant la forêt domaniale, afin que les contraintes liées au parc soient équitablement réparties; - le rétablissement de continuités écologiques à l’intérieur du massif forestier ce qui suppose de limiter notablement les effets néfastes de la circulation des voitures et des poids lourds en forêt, préjudiciable à la sécurité des promeneurs, cause de collisions avec la faune, source d’émissions de gaz à effet de serre. Ceci suppose la mise en souterrain de tronçons significatifs de routes à grande circulation au cœur du massif (anciennes RN6 et RN7), interdiction de tous les poids lourds sur les routes secondaires et notamment la route Ronde et la route de Bourgogne et la limitation de la vitesse sur 129 ces routes à 70 Km /h , le déplacement des péages des autoroutes A5 et A6 au sud du massif; - la constitution d'une trame verte par la poursuite de l'acquisition des enclaves privées par l'Etat ; - le transfert hors massif des activités militaires (à l'exception des activités équestres et sportives) et la remise en gestion à l'ONF des terrains militaires non utilisés ; - le maintien de toutes les activités de loisirs existantes, sans contraintes supplémentaires dans tous les cantons où elles sont exercées actuellement et le maintien de tous les sentiers de promenade entretenus par les associations d’usagers ; - l'amélioration de l'accueil et de l'information du public, notamment sur les coupes, la restauration de secteurs fragiles, le contrôle de l’érosion, le maintien de la propreté, la fermeture systématique des barrières afin d’empêcher la pénétration des véhicules automobiles ; - l'amélioration de la surveillance et une coordination dans ce domaine des différents services de l'Etat; - la poursuite de la régénération et de l’amélioration des peuplements forestiers en privilégiant les essences les mieux adaptées aux conditions écologiques locales et à leur résilience, en intégrant les effets prévisibles des changements climatiques annoncés et en réduisant l’age d’exploitabilité afin de se prémunir des effets catastrophiques des tempêtes ( qui devraient s’aggraver sous l’effet des fortes pluies d’hiver) et des sécheresses d’été causes de mortalités importantes ; - la poursuite d'une sylviculture qui préserve la biodiversité avec une attention particulière à la rapidité des exploitations, du débardage et à la remise en état des parcelles, des chemins et des sentiers de promenade; - la gestion de la grande faune dans le respect des équilibres agricoles et sylvicoles, ce qui nécessite notamment une régulation renforcée des sangliers et le maintien de la chasse à tir et de la chasse à courre et le contrôle de leur exercice dans des conditions strictes de sécurité. Enfin, les AFF soulignent qu'elles appellent de leurs vœux, non pas la création d'un Parc national à Fontainebleau, mais le classement de la forêt de Fontainebleau au Patrimoine mondial de l'humanité, au même titre que le château et le parc. A Fontainebleau, le 15 mai 2010. 130 ANNEXE 20 : Position du Club Alpin de Fontainebleau sur le projet de Parc National à Fontainebleau Le président du comité de pilotage sur un projet de Parc National à Fontainebleau, président du Comité France de l’UICN, a demandé à tous les acteurs du comité de pilotage, comité dont le Club Alpin Fontainebleau a été invité par la Ville à faire partie, d’exprimer leur réponse à trois questions fondamentales : • Un Parc National à Fontainebleau est-il utile ? • Est-il souhaitable ? • Sous quelles conditions est-il réalisable ? La position ici exprimée, qui nous a été demandée en vue d’une réunion du Comité des Usagers le 20 mai, est un premier projet d’avis de notre club qui ne tient pas compte des positions que pourraient retenir le Comité Régional Ile de France ainsi que le Comité de Direction de la Fédération des Clubs Alpins. Un travail effectué par le club sur un sujet proche, les traversées de route, obligatoirement à inclure dans les préoccupations du Comité de Pilotage, est joint à cette note. Le projet de création d’un Parc National en forêt de Fontainebleau soulève de multiples questions et peut être abordé sous différents angles : respect de la biodiversité, protection de la forêt, conditions d’accueil du public, pratique des activités sportives, développement économique local, gestion forestière… Le Club alpin du Pays de Fontainebleau estime que l’avis le plus pertinent qu’il puisse donner, à ce stade de la réflexion concernant le projet et compte tenu des informations qui nous ont été communiquées, concerne essentiellement la pratique des activités sportives de pleine nature et principalement l’escalade et la randonnée. Cet avis est fondé sur une connaissance approfondie de ces pratiques sportives, acquise au cours des activités collectives organisées par le club depuis sa création. En préalable, le Club alpin du Pays de Fontainebleau tient à souligner que l’escalade telle qu’elle se pratique à Fontainebleau fait partie des pratiques culturelles locales à préserver et promouvoir. Fontainebleau a été le premier site où s’est développée l’escalade de blocs et les « bleausards » ont été des pionniers dans ce domaine. Le site de blocs de Fontainebleau est aujourd’hui connu des grimpeurs du monde entier et concourt à la renommée internationale de la ville. Un Parc National à Fontainebleau est-il utile à la pratique de l’escalade et de la randonnée ? Une protection supplémentaire des activités des usagers au travers d’un parc national n’est pas a priori utile, parce qu’historiquement l’ONF et les associations ont fait le nécessaire. Pour l’escalade par exemple, depuis 1962 le COSIROC est en relation avec l’ONF, ainsi que le CD FFME depuis 2007 ; des commissions ont été créées, commission anti-érosion, commission circuits d’escalade dite « Sites Naturels d’Escalade ». En ce qui concerne les sentiers de randonnée, les Amis de la Forêt de 131 Fontainebleau et d’autres associations assurent leur entretien depuis des décennies, à la satisfaction de tous. La communauté des grimpeurs régule efficacement son activité (par exemple, respect du nonmarquage des blocs hors-circuit, homogénéisation d’une signalisation discrète, interdiction de la taille de prises, propreté des chaussons sans laquelle le rocher connaît des déprédations, efforts pour limiter l’emploi de la magnésie). Elle assure la promotion du site par la publication de topos et l’organisation de sorties collectives par les associations. Le Parc national n’est donc pas directement utile à la pratique de ces deux activités. Toutefois, on pourrait attendre d’un projet de parc national –mais nous n’avons aucune précision à ce sujet- qu’il remédie à des anomalies sur le terrain (traversées de route, pollution sonore..) qui mettent en danger ou en désagrément les randonneurs et grimpeurs. Ces anomalies auraient mérité d’être examinées et corrigées sans attendre, mais force est de constater que tel n’a pas été le cas dans la gestion actuelle du massif.. Des sentiers bleus historiques de la forêt ont été déviés et des tronçons supprimés, à cause de traversées de routes non sécurisées. Le concept de « circulation apaisée en forêt » paraît à la fois un propos théorique non appliqué et une promesse préfectorale non tenue, malgré les études réalisées à ce sujet, notamment par le Club alpin Fontainebleau en 2007 à l’occasion de la mise en place de la commission départementale des espaces, sites et itinéraires (CDESI) du Conseil Général de Seine-et-Marne. La mise en place d’un Parc National pourrait réactiver ces propositions à l’urgence non contestée, y compris pour certaines traversées souterraines pour piétons et vélos (RN 7 au carrefour de Paris notamment, Route Ronde à la Table du Grand Maître..) et donner du poids à des options de contournement du trafic routier et notamment du trafic des poids lourds. A propos de la pollution sonore de l’autoroute A6, qui introduit une coupure dans des sites majeurs, aucun scénario n’envisage actuellement de traitement paysager, ni de mur antibruit, aux endroits stratégiques de la traversée du massif des 3 Pignons ; les randonneurs doivent choisir leurs itinéraires après étude des vents pour éviter les nuisances du bruit. A l’évidence le Parc National devrait susciter des attentes. Une réserve doit toutefois être émise : comme un Parc National ne peut pas posséder des territoires faisant partie d’un Parc Naturel Régional, la partie de la forêt de Fontainebleau dite des Trois Pignons intégrée au Parc Naturel régional du Gâtinais, bien qu’incluse dans le périmètre de la forêt de protection, pourrait n’être pas être concernée par ce projet de Parc National, ce qui limiterait beaucoup son intérêt ..Il conviendrait de revoir ce point. L’utilité d’un Parc National serait de permettre des stratégies offensives sur tous ces sujets. 132 Un Parc National à Fontainebleau est-il souhaitable pour la pratique de l’escalade et de la randonnée ? Diagnostic de la situation actuelle La situation actuelle, qui s’exerce dans le cadre d’accords avec l’ONF et selon une réglementation élaborée en concertation avec les grimpeurs et randonneurs est globalement favorable aux activités. Les grimpeurs n’utilisent qu’une infime portion de la forêt, dont la superficie est identifiée. La pratique de l’escalade n’a pas dégradé la végétation autour des massifs rocheux, et même si le grimpeur scrupuleux peut redouter d’abîmer la végétation autour de certains blocs, cette pratique n’entraîne pas de dégâts irréversibles ; dans les sites peu fréquentés, la végétation reprend rapidement ses droits, comme on peut le voir par exemple au Rocher de la Reine. L’érosion provoquée par l’escalade ou la randonnée est localisée et peut être contrôlée par un soutènement local, par exemple. La commission anti-érosion et les associations de randonneurs gèrent efficacement ce problème.. Appréciation de la situation engendrée par un Parc National La création d’un Parc National signifie qu’il existe un ou plusieurs cœurs de Parc (selon la loi nouvelle de 2006) dans lesquels toute activité humaine est interdite. Sous la pression d’acteurs non locaux ou de scientifiques, on peut penser que les réserves biologiques intégrales actuelles ne suffiront pas à définir ces cœurs. Le risque existe d’une extension de la zone « cœur de parc » restreignant ou interdisant la pratique de l’escalade et de la randonnée. Toutefois, les menaces ne proviennent pas seulement du projet de parc national. Une tentative d’extension de ces réserves biologiques intégrales à une vaste zone rocheuse située entre l’Isatis et Bois Rond notamment a déjà eu lieu en 2003 en réponse à des directives européennes, mais un dialogue s’est alors instauré avec le COSIROC et les Amis de la Forêt de Fontainebleau notamment. Sur ce point, le Club Alpin défendra énergiquement ses valeurs et pratiques de sports de plein air, non pas pour garder un pré carré, mais pour préserver les loisirs de tous. Le club alpin a oeuvré sur de nombreux chantiers en faveur de la forêt, outre l’étude sur la traversée des routes jointe, il participe activement aux commissions et activités de terrain : comité érosion, comité des circuits avec publication passée du topo d’escalade des 3 Pignons, entretien et peinture des circuits sur les blocs, journée « que la montagne est belle » à Fontainebleau, nettoyage des sites, éradication des phytolaques.. Il entend poursuivre son rôle actif, quel que soit le statut futur du massif, en vue de faire avancer les choses dans le respect de ses valeurs, en cherchant à concilier respect du site et conservation d’un espace de semi-liberté. . Le Parc National s’il était promu par les Elus pourrait être l’occasion de développer sur les villes de Fontainebleau et d’Avon une véritable politique de promotion de l’escalade, alors que les scolaires ne disposent pas de lieux adaptés, que les associations ne disposent que difficilement de murs d’escalade couverts notamment pour des écoles destinées aux mineurs, que les groupes d’étrangers venant grimper disent se contenter de bivouaquer en forêt…. Le regain de fréquentation en cas de notoriété accrue du 133 massif constitue une autre menace importante, car elle peut contribuer à saturer davantage certains sites et obliger à des mesures de restriction. Toutefois, on peut trouver injuste que de nombreux habitants des villes ne fréquentant pas le CAF ou d’autres associations puissent tout ignorer du massif et passer à côté de telles merveilles. Et le 1er site de France en fréquentation touristique mérite peut être mieux qu’une réponse purement défensive. Mais dans l’état actuel de nos connaissances, les risques bien réels mentionnés sont autant de raisons de ne pas souhaiter le Parc National, sauf apports conséquents nouveaux défendus par les élus et par l’Etat. A quelles conditions un Parc National à Fontainebleau est-il réalisable ? Si la décision de créer un Parc National était prise, le Club alpin du pays de Fontainebleau estime que les conditions suivantes devraient être respectées : • garantir la liberté de grimper partout en forêt, sur les circuits comme sur les blocs hors-circuit, déjà découverts ou à découvrir ; • garantir la liberté de randonner et mieux assurer la tranquillité et la sécurité des randonneurs (traversées de route, circulation « apaisée », interdiction du trafic poids lourd sur toute la Route Ronde…). 134 ANNEXE 21 : Informations du Club Alpin de Fontainebleau, 10 mai 2007 (Gérard Fortier 01 64 39 44 49, Patrice Bruant 06 14 15 87 48, Hervé Béranger 01 64 22 67 18) Par ordre de priorité, en commençant par le plus important, en se limitant aux points dangereux proches de Fontainebleau, en concertation avec le CODERANDO 77 (Mr Saive) GPS Situation 5362,8-475,9 Ex RN 7 Dénomination Constatation Traversée goudronnée de la route (P Traversée dangereuse fréquentée par les 284 et 276) Carrefour de Paris randonneurs, les vélos et les VTT 5360,5-478 Ex RN6 Carrefour de Maintenon 5368-475.5 D 142E 5369,5-476,7 D 138 5369.5-476.3 Ex RN6 Proposition Souterrain Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux Passages piétons non matérialisés sur les réglementaires piétons et de vitesse réduite ; le souterrain chaussées, sortie principale du Parc du militaire du CSEM est décalé de 400m par rapport à ce Château vers la forêt carrefour et à la grille du château, le détour (interdit actuellement) serait peu naturel. Traversée à la Route du Lancer Traversée fréquentée par les Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux avec la Route Ronde D142E ( P 208 randonneurs, accès GR1 de la gare de réglementaires piétons et de vitesse réduite et 853) Bois-le-Roi Traversée fréquentée par les Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux Traversée à la Route de la Perlure randonneurs, accès GR1 de la gare de réglementaires piétons et de vitesse réduite Bois-le-Roi Traversée à la Route du Lancer et à Traversée fréquentée par les Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux la route de la Perlure ( P 206 et 205) randonneurs, accès GR1 de la gare de réglementaires piétons et de vitesse réduite Bois-le-Roi 135 Traversée de Route du GR 1 (P 756 Traversée fréquentée par les et 748) randonneurs reliant Franchard à Apremont réglementaires piétons et de vitesse réduite Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux Traversée de Route du sentier bleu 11 aux Etroitures (P 541 et 540), à 400m de Bourron-Marlotte Traversée fréquentée par les randonneurs Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux réglementaires piétons et de vitesse réduite Traversée fréquentée par les randonneurs, sentiers bleus confluants Cuvier et St-Germain Traversée fréquentée par les randonneurs se rendant vers le rocher Cassepot ou le Rocher St-Germain Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux réglementaires piétons et de vitesse réduite ou souterrain (la route est en surélévation à cet endroit) Passage piétons à matérialiser (bandes blanches), panneaux réglementaires piétons et de vitesse réduite, décaler le sentier bleu (frayer un raccord sur 100m?, voir ONF et AAFF) vers le nord (vers le parking) pour meilleure visibilité Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux réglementaires piétons et de vitesse réduite 5362,5-472,3 D 409 5356-479,2 D 58 5365,4-475,5 D 142E route Ronde 5365,2-477 1 Ex RN6 5364-478 2 Ex RN6 5359,2-477 Ex RN7 aqueduc Traversée de la route des hauteurs de la Solle vers la route de la Butte à Guay (P 258 et 257) Traversée de Route du sentier bleu 9 (P 132 et 57 5360,5-477 2 Ex RN7 Carrefour de L'Obélisque 5370-475 Ex RN6 5369-476 Ex RN6 Carrefour de Belle Croix Traversée au parking Cabaret Masson 5366,5-476,8 Ex RN6 5368,7-475,8 D 142E Traversée fréquentée par les Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux randonneurs de Bouligny aux Rochers réglementaires piétons et de vitesse réduite des Demoiselles Passages piétons non matérialisés sur les Bandes blanches à peindre sur les chaussées du rond-point chaussées du rond-point Les passages piétons matérialisés débouchent sur des abords non aménagés (talus…) Passages piétons non matérialisés sur Carrefour de la Croix de Vitry les chaussées du rond-point Traversée à la Route de Chailly et à Traversée fréquentée par les la route du Pavé de la Cave (P 211 randonneurs et 214) Traversée de Route du sentier bleu Traversée fréquentée par les 12-15 (P 222 et 221) randonneurs, proche de la butte SaintLouis Route Ronde Carrefour de la Table Traversée fréquentée par les randonneurs, reliant St-Germain au du Grand Maître Rocher Canon Traversée de Route du sentier bleu Traversée fréquentée par les Carrefour de la Table du Roi Ex-RN6 Traversée fréquentée par les randonneurs, les vélos et les VTT Aménagements à effectuer Bandes blanches à peindre sur la chaussée Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux réglementaires piétons et de vitesse réduite Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux réglementaires piétons et de vitesse réduite Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux réglementaires piétons et de vitesse réduite A compléter par bandes blanches et panneaux réglementaires 136 5366,3-478,8 D 138 15 au nord-ouest de la Croix de Toulouse (P236 et 367) 5365,3-479,9 D 138 5365,6-4792 D 138 5364,6-478,4 D 116 Carrefour de la Croix de Toulouse 8 Traversée de Route du sentier bleu 3-14 (P 243 et 375) 5366-479,3 D 116 Traversée de Route du sentier bleu 15 (P 366 et 367) 5365-479 D 116 Traversée de Route du sentier bleu 14-15 (P 238 et 372) 5364,2-475 Ex RN 7 5361,8-476,8 Ex RN 7 5362,9-478,4 Ex RN6 5363,4-480,3 D 137 5361,7-481,3 D 138 Traversée de Route du sentier bleu 13 au sud-est de la Croix de Toulouse (P 371et 364) randonneurs déjà matérialisée par piétons et de vitesse réduite différence de revêtement de la chaussée et panneau indicateur "randonneur" Traversée fréquentée par les A compléter par bandes blanches et panneaux réglementaires randonneurs déjà matérialisée par piétons et de vitesse réduite différence de revêtement de la chaussée et panneau indicateur "randonneur" nonréglementaire Passages piétons non matérialisés sur les chaussées du rond-point Traversée fréquentée par les randonneurs du Rocher Cassepot à la Tour Dénecourt Traversée fréquentée par les randonneurs vers Samois-sur-Seine Traversée fréquentée par les randonneurs, au nord du Rocher Cassepot Trottoirs ok, mais passages piétons non Carrefour de la Croix du Grand matérialisés sur les chaussées du rond-point Veneur Passages piétons non matérialisés sur les chaussées au nord du rond-point Carrefour de la Libération (traversée normale des randonneurs et passage du GR vers la gare) Carrefour de Notre-Dame de Bon Passages piétons non matérialisés sur les Secours, entrée de Fontainebleau chaussées au nord du carrefour (traversée normale des randonneurs vers la gare) Traversée de Route du sentier bleu Traversée fréquentée par les 2-13, (P 381 et 376), tunnel sous la randonneurs voie ferrée près des Fougères Traversée de Route du TMF au Traversée fréquentée par les randonneurs sud-est de la Butte Montceau d'Avon (P 8) Traversée du TMF au carrefour Traversée fréquentée par les Bandes blanches à peindre sur les chaussées du rond-point Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux réglementaires piétons et de vitesse réduite Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux réglementaires piétons et de vitesse réduite Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux réglementaires piétons et de vitesse réduite Bandes blanches à peindre sur les chaussées du rond-point Bandes blanches à peindre sur les nombreuses chaussées nord-est, nord, nord-ouest (vers Paris) du rond-point (existent au sud) Bandes blanches à peindre sur les chaussées nord du carrefour (existent au sud) Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux réglementaires piétons et de vitesse réduite Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) Bandes blanches à peindre sur les chaussées du rond-point 137 5360,5-482,5 D 138 5361,5-481,2 D 137 5358,2-480,8 D 148 53573-4828 D 148 5356,9-479,4 D 58 5355,7-479,1 D 58 Duchâtel près de la gare de Thomery (P 18 et 406) Traversée de Route du TMF au sud de la Butte Montceau d'Avon (P13 et 8) Route Ronde Carrefour de la Croix du Grand Maître, au nord de la Malmontagne randonneurs Traversée de Route du GR 11 et du TMF, au sud-est de la Malmontagne (P 510 et 446) Traversée de Route du GR 11 au nord des Etroitures de Bourron (P 509 et 517) Traversée de Route du sentier bleu 11 (P 551 et 550) Traversée fréquentée par les randonneurs Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux réglementaires piétons et de vitesse réduite Traversée fréquentée par les randonneurs Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux réglementaires piétons et de vitesse réduite Traversée fréquentée par les randonneurs, parking de la Maison forestière de la Grande Vallée Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux réglementaires piétons et de vitesse réduite Traversée fréquentée par les randonneurs Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux réglementaires piétons et de vitesse réduite Passages piétons non matérialisés sur les Passage piétons à matérialiser (bandes blanches) et panneaux chaussées du rond-point réglementaires piétons et de vitesse réduite Exemples de bonnes réalisations déjà faites 5367,3-478 D 138 5366,5-472,2 Ex RN7 Traversée de route à la Maison forestière de Bois-le-Roi Traversée bien protégée Exemple à suivre pour les traversées de route Rond-point à la Maison forestière du Bas-Bréau de Barbizon Rond-point bien aménagé Exemple à suivre pour les rondspoints 138 ANNEXE 22 : Position des principales associations représentant l'escalade en forêt de Fontainebleau vis-à-vis du projet de Parc National Ce document présente la réponse commune des principales associations représentant l'escalade à Fontainebleau aux trois questions posées par l'animateur du Comité de Pilotage du projet de Parc National de la Forêt de fontainebleau : est-ce utile de créer un Parc national sur le massif forestier de Fontainebleau? est-ce souhaitable? sous quelles conditions est-ce réalisable? - La Fédération Française de la Montagne et de l'Escalade (FFME), fédération sportive délégataire pour l'escalade représentée par son Comité Départemental. - Le Comité de Défense des Sites et Rochers d'Escalade (COSIROC), lui-même représentant la Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne (FFCAM) et ses clubs locaux (CAF Ilede-France, GUMS, CIHM, …), la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT), ainsi que divers clubs indépendants de la région Ile-de-France (ASCEA, PSUC, …). La pratique de l'escalade sur les blocs gréseux de la forêt de Fontainebleau est une pratique historique qui remonte à plus d'un siècle et a largement contribué à la renommée de cette forêt. A ce titre elle fait partie du patrimoine culturel de la forêt. Son intérêt sportif est exceptionnel et constitue la référence mondialement reconnue pour l'escalade sur blocs. L'impact touristique et économique de cette activité est très significatif au niveau départemental, avec un important flux de grimpeurs venant de pays éloignés pour des séjours de plusieurs jours. Cette activité constitue aussi une composante essentielle des activités de détente et sportives de plein air accessibles en région parisienne. De ce fait, la majorité des usagers sont extérieurs au département et sont représentés par des associations non locales. La surface concernée par l'activité des grimpeurs est estimée à 3% de la surface de la forêt domaniale, et même si son impact écologique peut être localement significatif, il reste globalement minime à l'échelle de la forêt. Les réponses aux questions suivantes sont uniquement en relation avec l'activité escalade et la défense des sites concernés. Est-ce utile de créer un Parc national sur le massif forestier de Fontainebleau? Un PN peut être un élément protecteur supplémentaire, mais la Forêt de Protection l’est déjà suffisamment pour l'activité. 139 Y gagnerons-nous quelques subsides pour l’entretien des sites et des circuits ? Nous en doutons. Par contre il y aurait sûrement plus de moyens pour traiter les zones érodées. Mais en corollaire, les interdictions de passage pourraient être plus étendues qu'actuellement. Cela peut-il améliorer la protection de zones périphériques de la forêt actuellement non domaniales ? Probablement pas, ces zones étant pour l'essentiel déjà incluses soit dans le PR du Gâtinais Français, (Massif des Trois Pignons) ou dans des propriétés privées. En conclusion le PN n’apparaît pas à première vue réellement utile pour l'activité escalade. Est-ce souhaitable? La gestion de l'activité escalade et des équipements utiles, notamment le balisage des circuits d'escalade et les aménagements de sécurité en cohérence avec le respect de la nature et de l'environnement, a été historiquement assurée par les associations de grimpeurs au travers du COSIROC, et ceci se poursuit désormais par une collaboration entre la FFME et le COSIROC au sein de la commission SNE de Seine-et-Marne à laquelle est associée l'ONF et l’ensemble des administrations. Cette situation permet de maintenir les équipements et leur évolution nécessaire en bonne harmonie avec le gestionnaire de la forêt et les associations de protection de la nature, et nous ne voyons pas pourquoi changer quelque chose qui fonctionne bien, même si des améliorations toujours possibles restent envisageables. Une Convention Nationale a été signée en 2009 entre l’ONF et la FFME sur la reconnaissance de la pratique de l’escalade dans les forêts gérées par l’Office. La création d’un PN entraînera probablement un risque de remise en cause de certaines activités, et en particulier celles qui se déroulent à l'intérieur même des parcelles dont l'escalade, qui seront à la merci d’un nouveau règlement. Le GIP étant en général guidé au départ par les scientifiques et naturalistes on ne peut qu'être inquiet au vu des précédents du PN des Calanques (même si un compromis acceptable, mais seulement provisoire a pu être trouvé) et du PR du Puy de Sancy. Si un règlement excessivement protecteur est mis en place (par exemple interdisant l’enlèvement de mousses et lichens ce qui serait incompatible avec l'escalade sur blocs), nous allons vers des conflits graves et importants car les gardes nationaux dont c’est le travail, interviendront pour faire respecter ce règlement. La surface des RBI sera probablement augmentée avec la perte possible de secteurs entiers (par exemple Franchard : Hautes Plaines et Sablons où, avec l’AAFF, nous avons évité de justesse la création d’une RBI de 300 ha, Rocher de Milly et Cornebiche avec la proximité de Chanfroy et au Restant du Long Rocher). Un point positif mais secondaire d'un nouveau règlement pourrait être une demande plus appuyée de ne pas utiliser la magnésie, ne serait-ce que pour des raisons visuelles et touristiques. En conclusion la création d'un PN au vu des contraintes probables et prévisibles n'est pas souhaitable pour les associations de grimpeurs. 140 Sous quelles conditions est-ce réalisable? Nous préférons dire acceptable plutôt que réalisable pour ce qui nous concerne. Il y a une condition de base : maintenir l’autorisation de grimper partout en forêt que ce soit des circuits balisés ou sur des blocs non balisés « hors-circuits » , à l'exception des actuelles RBI où l’escalade n’est pas pratiquée. A cette étape du projet, l’ignorance du zonage et des conditions d'accès dans la zone cœur ne nous permet pas d’exprimer un jugement de fond sur les conditions de réalisation. Pour le reste, les associations d'escalade ne se prononcent pas, sauf émettre le souhait que ce soit à l’ONF de garder la gestion forestière et la responsabilité de l’accueil du public dans la Forêt de Fontainebleau en raison de relations qui s'avèrent satisfaisantes et constructives depuis plusieurs années. Il nous semble en outre qu’il importe de garder pour tous les franciliens un espace de liberté de nature dans la région parisienne. 141 ANNEXE 23 : Contribution de Jean-Yves BOURGEOIS Président du Comité Départemental de Cyclotourisme de Seine et Marne Est-ce utile ? Non, car pour l’instant cette forêt est bien gérée et entretenue, bien sûr on peut toujours faire mieux, mais il y a déjà une prise de conscience au niveau des divers intervenants qu’il ne faut pas négliger, et un gros effort est fait pour informer les visiteurs “lambda” sur la préservation de l’environnement, sur les dangers liés à l’érosion de certains lieux due à la fréquentation, et surtout à la pratique de certaines activités sans aucun encadrement, persister sur ce point serait primordial, et largement suffisant, plutôt que de “monter une usine à gaz” qui n’apportera pas nécessairement un meilleurs résultat. Est-ce souhaitable ? Non, car le risque de créer un Parc National peut inciter de plus en plus de monde à venir visiter la forêt, et par conséquent à accroître les risques de dégradations de tout types. On risque de se retrouver dans une politique plutôt répressive que préventive, et cela est toujours très mal perçu par les populations. Est-ce réalisable ? Je peux difficilement répondre seul à cette question, car je n’ai pas de “boule de cristal”, et je pense que cette question est plus du ressort des instances institutionnelles, (Département Région), que du ressort d’un représentant Départemental d’une Fédération sportive. 142 ANNEXE 24 : Contribution de l’association Mountain Bikers Foundation Mountain Bikers Foundation est une association apolitique et non partisane, reconnue d’intérêt général qui a pour principal objectif de favoriser le développement du VTT en harmonie avec la nature et les autres usagers. Elle regroupe une grande partie des marques, des clubs et associations, des professionnels et adhérents individuels. Elle représente de fait l’ensemble de la communauté vététiste de France. Notre souhait est de voir la pratique de loisir, la protection de l’environnement à Fontainebleau et la gestion des usages sur le massif, menée à des issues justes dans l’intérêt du plus grand nombre. Notre slogan est par ailleurs « Pour un équilibre entre Pratique et Nature ». Nous souhaitons ajouter que nous sommes présents autour de la table du projet de Parc National des Calanques. Nous disposons donc d’une expérience en matière de déroulement de ce type de processus concertation. Le VTT, comme vous le savez sûrement, est l’un des sports les plus pratiqués en France et sur le Massif de Fontainebleau. Le vélo est le deuxième sport de français et le VTT regroupe à lui seul 13,9 % de la population (Observatoire du Sport IPSOS/FPS), soit près de 9 millions de nos compatriotes. Le VTT est par ailleurs le côté « vert » du vélo !Le VTT est un excellent support pour faire découvrir l’environnement aux plus jeunes et favoriser l’éducation à l’environnement de manière ludique et en couvrant un territoire plus important tout en leur évitant les pièges de la sédentarisation. Le Parc National de Fontainebleau est-il utile ? Le statut de Parc National est associé à une idée de procédure extrêmement lourde, coûteuse mais néanmoins réellement volontariste. Il doit selon Mountain Bikers Foundation être utilisé avec parcimonie pour protéger des écosystèmes extrêmement fragiles et pauvres sur lesquels toute activité humaine est une réelle menace. C’est notamment le cas des territoires protégés dès les débuts du réseau (montagnes au-dessus de 2000m et milieu marin de Port-Cros)… Ce type de dispositif, de par sa capacité à légiférer sur son territoire, prend très souvent des mesures fortes à propos des loisirs sportifs de nature (sauf dans les Cévennes dont la réglementation est bien moins répressive). Il est alors tenté d’interdire certaines pratiques, dont le vélo et d’autres sports de nature jugés « agressifs ». Nous pensons qu’il vaut mieux favoriser les réflexes vélo et nature à deux pas de la Capitale, plutôt que de les réprimer. Nous préférons des outils bien plus adéquats à des politiques de canalisation de la surfréquentation tel que le classement « Grand site de France » ou « Parc naturel Régional » ou le statut actuel de Forêt Domaniale accompagnée des Réserves de Biosphère, bien moins répressifs à une échelle 143 territoriale importante, plus sensibilisateurs et de bien meilleurs dispositifs pur assurer des aménagements afin de canaliser une s fréquentation importante. Le Parc National de Fontainebleau est-il souhaitable ? Mountain Bikers Foundation rejoint la majorité des usagers : le Parc n’est pas souhaitable. D’autres outils sont bien plus souhaitables pour la protection de ce massif. Nous sommes largement pour la protection du massif de Fontainebleau : de l’urbanisation, de l’utilisation de la voiture ou de loisirs motorisés de façon intensive, de la sur-fréquentation de « Points chauds », etc. Mais, le Parc National interdit théoriquement tout aménagement et donc toute possibilité d’accueillir du public dans de bonnes conditions pour la conservation des milieux à Fontainebleau… Pour gérer cet afflux, est-il réellement souhaitable de mettre en place un Parc fermé, dont la visite est assujettie à un droit d’entrée (Parc du Kilimandjaro ou de l’Aconcagua pour prendre quelques exemples à travers le Monde…) ? De plus, le statut de Parc national équivaut à une avalanche d’interdits dont les autres forêts de la Grande Couronne parisienne n’ont pas à subir les conséquences, par concentration ailleurs des « comportements à problèmes ». Il s’agirait d’un dispositif protégeant efficacement les écosystèmes du massif forestier, mais au prix de la répression sur un des rares espaces considéré actuellement comme sauvage, pour les loisirs, en Ile de France. Enfin, le réseau Parc National bénéficie d’une image forte et engendrerait une fréquentation encore plus importante. Nous ne souhaitons pas que le Massif devienne une immense base de loisirs. A certaines périodes de l'année, des sites sont déjà à saturation. Les dimanche soir et lundi matin, des secteurs (les Gorges de Franchard et d'Apremond , la Caverne des Brigands, les Rocher Cuvier Châtillon et St Germain, Mont Aigu, la dame Jouanne...) sont de véritables décharges où l'impression est qu'un "ouragan" est passé (végétaux arrachés, branches d'arbres cassées, grandes traces de passages hors sentiers et chemins...). La Forêt "subit" déjà 17 à 19 millions de visites par an et ce chiffre risque de considérablement augmenter si le Massif devient Parc National. Un parc peut-être un outil très riche et intéressant pour la conservation, la prévention et l’éducation, il ne faudrait pas que sa notoriété, aux portes de la Capitale, ne desserve son objectif premier. Le Parc National de Fontainebleau est-il réalisable ? Ce parc national est réalisable s’il y a une réelle volonté politique en faveur de la sensibilisation, plutôt que de la mise en place unilatérale d’une structure puissante et répressive. En termes d’investissements financiers de l’Etat et des Collectivités Locales qui financeront ce dispositif, • vaut-il mieux dépenser pour une Police de la Nature qui fera respecter une réglementation répressive et dure, aux prix de sacrifices financiers sur la sensibilisation et l’éducation ? Il est en effet 144 indéniable que sur les quelques 20 millions de visiteurs/an, de très nombreux PV devront être dressés pour faire respecter la future réglementation • ou alors vaut-il mieux investir dans des aménagements sérieux, écologiques, favorisant l’émergence de comportements respectueux vis-à-vis de l’environnement bellifontain ? Sa réalisation devra intégrer une réelle concertation, une réelle écoute des associations d’usagers et des professionnels. Le classement en Parc national d’un massif forestier à deux pas d’une capitale européenne est un pari fort ! Mais ce pari fort impose aussi des contraintes fortes (prise en compte de la fréquentation, de la présence d’un tissus associatif et économique important, etc.) qu’il faut dès à présent prendre en compte pour que la protection de la Nature ne se transforme pas en une chasse à l’amoureux de la Nature ! En forme de synthèse nous souhaitons, je le pense, comme une grande partie des associations présentes dans le collège usagers, que les activités de loisir traditionnelles puissent subsister lors du futur classement du massif de Fontainebleau. Toutes ces activités doivent néanmoins se responsabiliser face à leurs impacts éventuellement avérés (scientifiquement, politiquement et en interne) sur l’environnement, les habitats, la faune et la flore, les autres usagers. Elles doivent engager, dès à présent, un travail de fond sur la sensibilisation de leurs pratiquants au respect des écosystèmes et des autres usagers. Nous souhaitons enfin que la concertation pour la réflexion et la mise en place de ce futur Parc se fasse dans la transparence, dans l’écoute mutuelle et par l’intermédiaire de mains tendues entre association et avec les instances décisionnelles. Que les incidents de début de parcours soient porteurs de bons espoirs pour cette concertation. Le Bureau de Mountain Bikers Foundation, Marc Morin, représentant local MBF. 145 ANNEXE 25 : Contribution du club sportif balise 77 Notre activité (la course d’orientation) s’exerce dans le cadre d’accords avec l’ONF et selon une réglementation déjà très contraignante. Les ORIENTEURS utilisent une GRANDE portion de la forêt, liée à la grande diversités des cartes disponibles. La pratique de la course d’orientation ne dégrade pas la végétation du massif forestier, et chacun est scrupuleux de respecter le milieu qui est notre terrain de jeu (voir à ce sujet la charte de l’environnement éditée par la FFCO, notre fédération. Les cheminements des coureurs, à travers la forêt n’entraînent pas de dégâts irréversibles; la végétation reprend rapidement ses droits. L’érosion provoquée par la CO, se limite aux points de convergence (zones de départ et d’arrivée). Ces lieux sont déjà situés dans des endroits « adaptés » à recevoir du public (lieu d’accueil, zones aménagées…). Nous sommes une activité qui garde un caractère familial : environ 250 à 300 participants aux courses, à raison d’une vingtaine de courses sur l’année réparties sur tout le massif… L’existence des zones de réserves biologiques intégrales (et d’autres zones biologiques « dirigées » ) [futurs cœurs du parc ?] dans lesquelles toute activité humaine est interdite est déjà une forte contrainte pour l’organisation des courses (zones à contourner…). Nous subissons déjà l’augmentation et/ou l’extension de ces zones qui limite notre champ d’intervention ; la création d’un Parc National n’inversera sans doute pas cette tendance !!! Pour nous, plus le champ d’investigation est grand et moins les risques de dégradation sont importants , plus les risques sont minimes sur l’environnement. Plus notre activité sera concentrée sur des lieux définis et limités, plus la surfréquentation sera importante, donc risque accru de dégradations. Le site forestier est unique en France, de part sa topologie et sa variété : il développe une richesse de techniques d’orientation. Ce site, un des premiers site aménagée(cartographié) héberge le pôle espoir France de course d’orientation, et sera le site d’une prochaine étape du championnat du monde en 2011.. Sur ces points, nous défendrons énergiquement nos valeurs et notre pratique de sport de plein air, non pas pour garder un pré carré (là où certains aimeraient nous enfermer, dans tous les sens du terme..), mais pour préserver notre activité quelle soit de loisirs ou de compétition. Il serait préjudiciable à tous de restreindre l’accès à ce site extraordinaire, véritable patrimoine culturel et lieu de pratique d’activités de plein air. Notre association est naturellement associée aux résolutions prise avec le CDCO77 (représenté par José RORA), résolutions prises lors d’une réunion du CDOS. Quant aux conclusions, il serait regrettable pour nous tous d’avoir une attitude défensive. Ce projet a suscité déjà une prise en compte des activités des associations, des réflexions et des analyses par chacun de ses pratiques, des connaissances et une concertation avec les autres associations…. 146 Ce projet est aussi un formidable défi que nous devons relever car il ne se limite pas aux activités sportives de plein-air que nous représentons. Pour pérenniser nos activités, nous aurons encore plus de responsabilités dans la prévention, la protection de notre milieu, l’éducation auprès de nos coureurs, et nous aurons à maintenir un lieu d’échange (parc ou pas) avec tous les autres usagers. Pour terminer, je partage les analyses émises par certains d’entre nous, plus particulièrement celles de l’AFF, ainsi que les conclusions. Philippe PERSE Président « Balise77 » Club de Course d’Orientation de Fontainebleau-Avon 147 ANNEXE 26 : Contribution de l’association des Sylvains Randonneurs L’association « Les Sylvains Randonneurs – association de randonnée du Pays de Fontainebleau « a été créée fin 1998 à l’initiative du Comité Départemental de Randonnée Pédestre de Seine-et-Marne. Elle compte environ 250 adhérents depuis trois ans. Ayant son siège social à Fontainebleau, elle exerce environ la moitié de son activité dans le massif forestier de Fontainebleau. Les randonnées proposées par les 11 animateurs partent aussi à la découverte du reste de la Seine-et-Marne, et des départements voisins en Ile de France. Des week-ends ou des séjours sont proposés dans des régions plus lointaines. Est-il utile de créer un Parc national ? Nous souscrivons entièrement l’avis émis par le Comité Départemental de la Randonnée Pédestre qui rejoint celui des Amis de la Forêt. Il existe suffisamment de protections sur le massif forestier sans encore en rajouter. De plus, cette réflexion intervient juste au moment où la réserve de biosphère va être confirmée et va donc pouvoir démarrer à plein régime et assurer à plein son rôle de promotion du développement durable sur le territoire qu’elle couvre. Créer un parc national ne peut que compliquer les relations entre les différents acteurs. Nous avons déjà tout ce qu’il faut pour avoir une gestion raisonnée de l’espace exceptionnel dont nous disposons. La création d’un Parc national est-elle souhaitable ? Non, cela ne peut qu’apporter des contraintes supplémentaires à l’exercice de nos activités. Le label PN ne peut qu’attirer encore plus de touristes et aggraver les problèmes d’érosion, de dégradation du milieu forestier. Fontainebleau, le 5 mai 2010 148 ANNEXE 27 : Contribution de l’association Du Caractère pour Bourron-Marlotte L’association a pour objet de contribuer à la mise en valeur et à la préservation du caractère et des paysages de Bourron-Marlotte, village du bornage, et de sensibiliser les habitants à la qualité du patrimoine bâti et naturel de celui-ci • Les sites forestiers proches – La Mare aux Fées, La Plaine verte, La Grotte Béatrix, La Gorge aux Loups, La Vallée Jauberton … sont particulièrement remarquables, et depuis toujours lieux de promenade favoris des habitants. • Le caractère du village est profondément marqué par les paysages de ses lisières de forêt et de leurs abords champêtres. • Au plan artistique, Bourron-Marlotte est également étroitement lié à la forêt : La Mare aux Fées et La Gorge aux Loups, notamment, furent les sites favoris de générations de peintres depuis le milieu du XIXème siècle. Aujourd’hui, Bourron-Marlotte, avec une population qui atteindra bientôt 3000 habitants, est à un tournant : encore un village, bientôt une ville. On s’interroge sur son développement économique, son urbanisme, ses infrastructures…. La création d’un parc national sur le massif forestier de Fontainebleau, accroîtrait considérablement la notoriété de Bourron-Marlotte. Est-ce utile ? Oui car favorable aux but de notre association : • En favorisant un développement économique d’avantage orienté vers le tourisme haut de gamme. Pour schématiser : « Plus d’hôtellerie, de gîtes, de restaurants, d’activités de découverte de la forêt (organisation de promenades, ballades équestres, parcours forestiers artistiques,…. ) = moins de bâtiments industriels ou commerciaux » • En rendant les habitants plus attentifs aux messages d’associations comme la nôtre sur la qualité de leur patrimoine bâti et naturel. Et en leur faisant mieux comprendre leur intérêt d’en préserver le caractère. • En sensibilisant également les élus à l’intérêt de sauvegarder le cachet du village et d’accompagner ce développement touristique par des aménagements de qualité, des travaux à buts esthétiques : enfouissement des réseaux, modération de la signalisation de circulation, espaces verts en cœur de village, etc. • En favorisant dans les futures réglementations locales d’urbanisme et de contrôle de la publicité un renforcement des dispositions de protection du paysage, particulièrement en lisière de forêt. 149 Est-ce souhaitable ? Une interrogation majeure : est-on en mesure d’organiser la fréquentation touristique de façon satisfaisante ; en interdisant notamment la circulation et le stationnement des autocars intra-muros et aux entrées du village ? Ne risque-t-on pas à terme un effet « Mont Saint Michel » ? Il conviendrait également de ne pas introduire de restrictions nouvelles d’accès aux sites de promenade précédemment mentionnés. Est-ce réalisable ? Hors ce risque majeur de nuisances par excès de fréquentation, et hors incidences financières éventuelles pour la Commune, nous ne voyons pas, à l’échelle de l’Association, d’obstacle particulier à un tel projet. Il est également à noter que celui-ci ne parait pas introduire de contraintes nouvelles pour les propriétaires forestiers par rapport à celles déjà existantes (Forêt de protection, SDRIF, P.O.S., P.L.U. et ZPPAUP en cours). Serge Bielikoff, président. 150 ANNEXE 28 : Projet de Parc national Réunion du Collège des usagers du 20 mai 2010 Participants: Club alpin de Fontainebleau: Christian Chapirot et Alain Monnier Fédération sportive et culturelle de France: Claude Pot ONF: François Virely Mountain Bikers foundation: Marc Morin Rallye Tempête: Pierre-François Prioux Amis de la forêt de Fontainebleau: Gérard Tendron et Bertrand Dehelly Ville de Fontainebleau: Manon Pouliquen et Thomas Fournier Les participants de ce jour étant différents de ceux ayant participé à la réunion du 30 avril 2010, la réunion est consacrée à un tour de table afin que chacun apporte sa contribution à la réponse aux questions posées par le président du Comité de pilotage pour la création d'un Parc national à Fontainebleau. 1- La création d'un Parc national est-elle utile, est-elle souhaitable? Club alpin de Fontainebleau Le site des blocs de Fontainebleau est connu des grimpeurs du monde entier et concourt à la renommée internationale de la ville. L'escalade fait partie des pratiques culturelles locales à préserver et à promouvoir. La création d'un Parc national ne paraît pas utile pour les activités d'escalade et de randonnée. Depuis de nombreuses années, le COSIROC et la FFME travaillent en relation avec l'ONF pour réguler ces activités. Les problèmes majeurs à régler concernent la sécurité des carrefours et des traversées de routes, compromise par une circulation automobile excessive et à grande vitesse . Le CAF a fait des propositions d'aménagements de carrefours et de traversées, d'interdiction de poids lourds, de réduction de vitesse. Le statut de Parc national pourrait être utile à ce titre. Cependant les Trois-Pignons très concernés en seraient exclus, car sur le territoire du Parc régional. La commission anti-érosion et les associations de randonneurs gérant, en liaison avec l'ONF, les problèmes d'érosion dans les secteurs où ils se manifestent , la création d'un Parc national ne paraît pas souhaitable. D'autant que l'extension des réserves biologiques réduirait les zones d'activité de loisir et notamment la pratique de l'escalade et de la randonnée. Elle conduirait à des concentrations plus importantes du public, constituerait une menace par la saturation de certains sites et conduirait à des mesures de restriction. Le CAF qui participe activement aux commissions et activités de terrain: comité érosion, comité des circuits, publication de topos d'escalade, entretien des circuits, nettoyage des sites, éradication des phytolaques entend poursuivre son rôle actif et contribuer avec le COSIROC à promouvoir l'escalade à Fontainebleau, dans tous les secteurs de rochers, sans restriction. 151 La Fédération sportive et culturelle de France Elle n'a pas d'avis à priori sur la création d'un Parc national, mais souhaite vivement que les activités de loisirs pratiquées partout en forêt puissent se poursuivre et que la forêt reste ce qu'elle est. L'ONF L'ONF n'a pas à prendre parti sur la création éventuelle d'un Parc national. Le directeur de l'agence de Fontainebleau souhaite cependant rappeler que la forêt de Fontainebleau est gérée avec un objectif multifonctionnel et que sa fonction sociale s'exprime au travers ses multiples usages, organisés avec les associations par des chartes de bonne conduite. Les qualités du massif sont globalement bien préservées, par une répartition des différentes activités. Si la fonction sociale devait être développée par la création d'un Parc national, il conviendrait d'être vigilant pour maintenir la compatibilité des usages et la sauvegarde de la forêt. Les usagers y trouve un écrin forestier pour leurs activités, mais la forêt reste fragile (stress hydrique sur sable, tempête, érosion). Il faut éviter des concentrations supplémentaires du public et poursuivre une gestion sylvicole active pour renouveler les peuplements. Mountain Bikers Foundation L'association considère que le statut de parc national nécessite une procédure extrêmement lourde et coûteuse et conduit souvent à interdire certaines pratiques de loisirs sportifs de nature, dont le vélo. Elle n'y est pas favorable, considérant qu'il est préférable de favoriser les réflexes vélos et nature à deux pas de la capitale, plutôt que de les réprimer. Les statuts de type « forêt domaniale » ou « parc naturel régional » lui paraissent mieux adaptés à Fontainebleau, plus sensibilisateurs pour assurer des aménagements visant à canaliser la fréquentation, plutôt que de la restreindre et la reporter sur les forêts plus proches de Paris. D'autant que naturellement le statut de Parc national peut créer un afflux supplémentaire de public avec risques de dégradations aggravés. Les statuts actuels suffisent pour sensibiliser les pratiquants, contribuer à l'éducation, à la médiation, à la prévention. Rallye Tempête La création d'un Parc national coûterait cher et les finances publiques ne le permettent pas. Elle ajouterait à la superposition des statuts et non à leur allègement car aucun ne sera supprimé (Natura 2000, forêt de protection, réserve de biosphère...). Elle conduirait à des interdictions nouvelles comme à chaque fois qu'on accepte un statut nouveau. L'exemple de Natura 2000 est dissuasif: les associations avaient accepté ce zonage après que des assurances sur le maintien des activités traditionnelles dans ces zones avaient été données par les politiques . Or la France vient d'être condamnée par la Cour de justice européenne car elle avait considéré que la poursuite des activités de chasse et de pêche dans ces zones n'est pas perturbante. C'est une remise en cause des accords conclus. On ne souhaite pas la même chose avec un Parc national. Au début on dit que les pratiques traditionnelles seront maintenues et quelques années après on trouve des motifs pour les interdire ou les restreindre. La forêt de Fontainebleau a été choisie par les rois et aménagée, tout comme le château, pour la pratique de la chasse à courre et de la chasse à tir. Ces pratiques qui constituent un patrimoine culturel 152 séculaire doivent être maintenues à Fontainebleau, sans restrictions, d'autant que la pratique de la vènerie avec des meutes de chiens courants contribue au maintien du caractère sauvage de la faune chassée Elles sont nécessaires pour la régulation de la faune qui n'a jamais été aussi importante et pour éviter les risques d'accidents par collision sur les routes très fréquentées de la forêt et sur lesquelles il faut réduire la vitesse, aménager des passages protégés, déplacer vers le sud les péages de l'A6 et de l'A7. Il ne serait pas acceptable de faire réguler la faune par des fonctionnaires ou des louvetiers alors que la chasse est une activité sociale populaire, pratiquée à des prix abordables par des pratiquants locaux. La création d'un Parc national ne serait donc ni utile, ni souhaitable. Les Amis de la forêt de Fontainebleau La forêt de Fontainebleau bénéficie de toutes les garanties pour la pérennité et l'équilibre des peuplements forestiers, la gestion conservatoire des milieux et des espèces, grâce à ses différents statuts actuels ainsi que les modalités de gestion prévues dans le document de gestion de la forêt, arrêté par les ministres de l'agriculture et de l'écologie. L'extension récente des réserves biologiques (1062 hectares de RBI et 1305 hectares de RBD), ainsi que la série d'intérêt écologique particulier (1531 hectares) et la série d'intérêt paysager particulier (3376 hectares) font une très large place à la conservation des milieux, des espèces et des paysages. La gestion patrimoniale du reste de la forêt sur 9694 hectares est essentielle pour régénérer les peuplements âgés et les adapter aux changements climatiques annoncés, par des choix d'essences résilientes et une sylviculture dynamique, seuls de nature à éviter un dépérissement accentué des peuplements et des risques accrus de dommages liés aux tempêtes, aux invasions de ravageurs... La pratique de très nombreuses activités de loisirs par des usagers multiples, encadrée par des codes de bonne conduite formalisés par les associations, en accord avec l'ONF, permet de jouer un rôle social essentiel à cette forêt gérée de manière multifonctionnelle. Une concertation régulière et approfondie entre toutes les parties prenantes, y compris les élus locaux, permet d'intégrer dans la gestion les préoccupations exprimées. La création d'un Parc national apparaît donc inutile. Les contraintes d'utilisation ou les restrictions d'usages qui ne manqueraient pas d'apparaître par le classement en Parc national et le renforcement des protections, voire l'extension, une nouvelle fois, des réserves biologiques, seraient totalement inacceptables par les usagers. La gestion transférée à un établissement public spécifique et l'éviction de l'ONF qui en résulterait, font craindre l'abandon rapide de la gestion forestière au profit d'une conservation passive qui se traduirait rapidement par une dégradation des peuplements forestiers dont les deux tiers ont été plantés de main d'homme et nécessitent plus que jamais des interventions d'amélioration et de régénération. La poursuite d'une gestion forestière dynamique, la régulation de la faune sauvage par les moyens de chasse traditionnels, l'accueil de toutes les activités sportives et de loisirs, sans restrictions, conduisent les AFF à conclure que la création d'un Parc national à Fontainebleau n'est ni utile, ni souhaitable. 153 La ville de Fontainebleau: Son représentant rappelle que la volonté du maire est de créer un Parc national qui ne restreigne pas les activités traditionnelles qui ont concouru à la réputation de Fontainebleau et à sa fréquentation. S’il apparaît légitime que les associations d'usagers expriment des craintes, il est clair qu'il devra être répondu à toutes les questions qu'elles se posent et que l'élaboration de la charte sera l'occasion d'intégrer leurs préoccupations. Les avis exprimés au sein du collège des usagers doivent permettre d'en faire la liste. Il convient d'aller plus loin et de dire clairement à quelles conditions un Parc national apporterait un plus par rapport à la situation actuelle, grâce à une plus large association des élus aux décisions à prendre, aux moyens supplémentaires susceptibles d'être mobilisés... Enfin rien ne justifie, à ce stade, de penser que les activités traditionnelles seront restreintes dans un Parc national, y compris dans le cœur. La loi de 2006 indique clairement que c'est la charte qui fixe les objectifs . Elle sera préparée en étroite concertation avec les acteurs locaux. 2- A quelles conditions pourrait-être créé un Parc national ? Club alpin de Fontainebleau Si la décision de créer un Parc national était prise, le club alpin du pays de Fontainebleau estime que les conditions suivantes devraient être réunies: - garantir la liberté de grimper partout en forêt, sur les circuits comme sur les blocs hors circuits; - garantir la liberté de randonner et mieux assurer la tranquillité et la sécurité des randonneurs - (traversées de routes, circulation apaisée, interdiction du trafic poids lourd sur toute la route ronde, déplacement des péages d'autoroutes...) - améliorer l'accueil des varappeurs et randonneurs: refuges, abris, terrains de camping - promouvoir l'escalade et la randonnée Fédération sportive et culturelle de France Demande que les activités sportives et culturelles soient maintenues intégralement. Mountain Bikers Foundation Il est nécessaire que s'exprime une véritable volonté politique en faveur de la sensibilisation et de l'éducation, plutôt que dans la mise en place d'une structure puissante et répressive. Il sera nécessaire de faire le maximum pour sécuriser les traversées de routes, réduire la circulation des camions et des voitures, lutter contre les nuisances sonores, les rassemblements nocturnes et la prostitution, mettre en place des brigades vertes en VTT... Enfin et surtout, garantir de continuer à accéder dans tous les cantons de la forêt, sans restrictions. 154 Rallye Tempête Il est indispensable de maintenir l'ensemble des pratiques cynégétiques traditionnelles, chasse à courre et chasse à tir, ouvertes aux acteurs locaux, sans restreindre l'utilisation de l'espace, car les animaux chassés, comme les chiens, ne connaissent pas les limites des réserves biologiques ou le cœur d'un Parc national. La résolution de tous les problèmes de circulation routière déjà évoqués devra constituer une priorité. Il faut aussi s'assurer de la faisabilité de ce qui sera prévu dans la charte et des garanties à long terme des engagements pris, afin de ne pas jouer aux apprentis sorciers. Amis de la forêt de Fontainebleau Les garanties et conditions pour la création d'un Parc national de Fontainebleau sont explicitées dans une note du 15 mai 2010 des AFF. Cela concerne notamment: - un partenariat au fonctionnement de toutes les instances du parc, s'il venait à être créé; - la modification de la loi sur les Parcs nationaux, afin de maintenir l'ONF comme gestionnaire du massif avec le personnel forestier en place, renforcé par des personnels du ministère de l'écologie; - la dotation du parc par des crédits spécifiques émanant du ministère de l'écologie, en complément des moyens actuellement mobilisés, au bénéfice de la gestion de la forêt et de la sauvegarde de la biodiversité; - la constitution du cœur du Parc national à partir des réserves biologiques existantes, sans extension et de la zone d'adhésion volontaire au-delà des limites de la forêt domaniale, afin que les contraintes liées au parc soient équitablement réparties; - le rétablissement des continuités écologiques à l'intérieur du massif forestier, ce qui suppose de réduire les effets néfastes de la circulation des voitures et des poids lourds en forêt: mise en souterrain de tronçons significatifs des anciennes RN6 et RN7, interdiction des poids lourds sur la route Ronde et la route de Bourgogne, limitation de la vitesse à 70 km/h, déplacement des péages d'autoroutes au sud du massif; - la constitution d'une trame verte ouverte au public, par la poursuite de l'acquisition des enclaves privées dans les massifs de la Commanderie et des Trois-Pignons; - le maintien de toutes les activités de loisirs existantes, sans contraintes supplémentaires, dans tous les cantons où elles sont exercées actuellement; - la poursuite d'une sylviculture qui préserve la biodiversité et permette la régénération et l'amélioration des peuplements forestiers, en privilégiant les essences les mieux adaptées aux conditions écologiques locales, en intégrant les effets des changements climatiques annoncés et en réduisant l'age d'exploitabilité afin de se prémunir des effets catastrophiques des tempêtes et des sécheresses d'été, causes de mortalités importantes; - la gestion de la grande faune dans le respect des équilibres agricoles et sylvicoles, ce qui nécessite le maintien de la chasse à tir et de la chasse à courre, patrimoine culturel local, et le contrôle de leur exercice dans des conditions strictes de sécurité. 155 ANNEXE 29 : Motion prise par le Comité Départemental de la Montagne et de l’Escalade de Seine et Marne (CD FFME 77) Lors de son Assemblée Générale le 18 février 2010 par rapport au Massif forestier de Fontainebleau Quel que soit le statut du Massif forestier de Fontainebleau, le CD FFME 77 : Demande le maintien des activités de plein air et de pleine nature aujourd’hui pratiquées dans la forêt et sans concession / restriction territoriale. Les activités pédestres, d’escalade, de cyclisme, d’équitation, de golf et de course d’orientation, sont pratiquées en forêt depuis le milieu du 19ème siècle à la plus grande satisfaction des pratiquants et concourant à leur bien être et santé, sans dommage pour la forêt. Comme toute activité humaine, l’essor des pratiques est nécessaire et indispensable dans le cadre du respect de la nature, de l’environnement et en conformité avec le développement durable et responsable. Délégataire de l’Etat et de service public, les Fédérations ont pouvoir et elles demandent de contractualiser avec le gestionnaire du massif la reconnaissance des lieux de pratique et la forme. La fédération est responsable de la norme de l’activité. L’accès au lieu de pratique devant rester ouvert à tous et gratuit. La reconnaissance des instances sportives est un gage d’engagement fort de la communauté sportive pour informer le public afin d’éviter les pratiques « sauvages » et « irresponsables ». L’organisation de manifestations, rencontres et compétitions sportives doit être possible dans le cadre des règlements fédéraux, du respect des lois, des milieux, de la faune et de la flore et sans impacts irréversibles sur l’environnement. Les activités représentées par notre Comité sont génératrices d’un développement local, touristique et économique important au travers des hébergements, campings, restaurants, magasins de sports. Pour conclure, les multiples activités sportives de plein air et de pleine nature qui se déroulent dans cette forêt périurbaine depuis plus de deux siècles, ont concourues à son prestige, à sa protection, au maintien des espaces protégés et sensibles et au respect de sa biodiversité. Les pratiquants sont des militants de toujours du maintien de cette richesse exceptionnelle. 156 ANNEXE 30 : Motion du Collège des associations d’usagers et fédérations sportives Le collège des associations d’usagers mis en place dans le cadre du projet de création d’un Parc national du massif forestier de Fontainebleau, après des réunions et de nombreux échanges, a réuni les réactions, demandes et suggestions de la plupart des associations, qui ont été transmises au Comité de pilotage. Les fédérations sportives et associations d'usagers dont les noms suivent expriment collégialement les positions ci-après : *Les statuts actuels dont bénéficie le massif forestier sont suffisamment protecteurs. Le statut de forêt de protection, le classement dans le réseau des réserves de biosphère de l’UNESCO, le classement au titre de Natura 2000 et pour la forêt domaniale le statut de site classé, le label « forêt patrimoine » et le document d’aménagement approuvé par les ministres de l’écologie et de l’agriculture assurent une protection pérenne de la forêt et une sauvegarde des écosystèmes remarquables, de la biodiversité et des paysages, notamment grâce aux réserves biologiques intégrales (1062 hectares) et dirigées (1305 hectares), la série d’intérêt écologique particulier (1531 hectares) et la série d’intérêt paysager particulier (3376 hectares). Les différentes activités sportives et de loisirs qui y sont pratiquées depuis des décennies (promenades, randonnées, courses d’orientation, cyclotourisme, VTT, escalade, équitation, golf, vènerie, chasse à tir …) cohabitent harmonieusement dans le respect de la forêt, grâce aux conventions et aux codes de bonne conduite édictés par les fédérations sportives délégataires de service public et les associations, en liaison avec l’ONF. Elles participent au rôle social essentiel de cette forêt de renommée internationale et la plus fréquentée de France, à proximité de l’agglomération parisienne. Les fédérations et associations d’usagers expriment leur attachement à la poursuite de toutes ces activités, sans restriction nouvelle et contraintes, que les statuts actuels permettent de concilier avec les préoccupations de protection de la forêt et de sauvegarde de la biodiversité. *Les statuts actuels peuvent être améliorés A ce titre les fédérations et associations appellent de leur vœu la poursuite et le renforcement de la concertation avec les gestionnaires, le grand public, les élus, les scientifiques, les acteurs socioéconomiques. 157 Les instances existantes mériteraient d’être élargies et réunies plus fréquemment. Ainsi, le Comité consultatif scientifique et des usagers, lieu de dialogue et de concertation, mis en place pour le suivi du statut de forêt de protection, entre représentants des services de l’Etat, gestionnaires, scientifiques et usagers de la forêt, présidé par le préfet devrait être davantage ouvert aux élus, à l’instar du Comité de suivi du label « forêt patrimoine », qui mériterait ,lui, d’être ouvert aux scientifiques. Une concertation approfondie et régulière doit permettre de régler, au mieux des intérêts de tous les acteurs concernés, et dès qu’ils sont identifiés, les problèmes de sauvegarde de la biodiversité, de sécurité (liés à la circulation automobile notamment), de tranquillité, de propreté, d’érosion, de fréquentation, d’accueil du public et d’information, d’organisation de compétitions et manifestations, de partage des lieux entre les usages, d’exploitation et de débardage des coupes de bois, de remise en état des coupes… *La création d’un Parc national ne paraît ni utile, ni souhaitable, ni possible Les fédérations et les associations d’usagers ne comprennent pas de voir évoquer à nouveau l’idée d’un Parc national à Fontainebleau, alors même que le choix , par l'État, d’un autre site vient d’être fait pour la création d’un Parc National Forestier de plaine, en application du Grenelle de l’environnement. Le massif forestier bénéficiant déjà de nombreuses mesures de protection efficaces, les fédérations et associations considèrent inutile le classement en Parc national, qui d’ailleurs ne supprimerait aucun des classements existants. Elles estiment que sa création n’est pas souhaitable, car ce massif forestier, largement planté de main d’homme depuis plusieurs siècles nécessite des mesures de gestion sylvicole d’amélioration et de régénération des peuplements qui permettent d’assurer la pérennité des peuplements forestiers et leur adaptation aux changements climatiques annoncés. Par ailleurs, l’attrait que pourrait susciter, auprès d’un public nouveau, le classement de la forêt de Fontainebleau en Parc National ne manquerait pas de générer une fréquentation accrue et des risques potentiel de dégradation, sans compter les coûts supplémentaires de gestion, à la charge de l’Etat, ou à défaut des collectivités territoriales. Le statut de Parc national ne leur paraît pas souhaitable également, compte tenu des contraintes qu’apporte tout Parc National par des mesures de protection renforcée, une extension probable des réserves biologiques (alors que leur surface vient déjà d’être doublée à la demande des écologistes) et des restrictions d’activités dans certains secteurs, notamment les secteurs de platières et de rochers, les plus fréquentés et apprécié par le public. Le transfert de la gestion à un établissement public spécifique (prévu par la loi), dont tous les personnels appartiennent au ministère de l’écologie, et l’éviction de l’ONF, spécialiste de la gestion forestière, les pouvoirs de police transférés au directeur du Parc, et la primauté de la charte du Parc sur 158 tous les autres documents d’orientation et de gestion font craindre des changements majeurs dans les usages multifonctionnels de la forêt, une limitation des activités sportives et de loisir qui ne serait pas acceptable, une gestion extensive privilégiant les évolutions naturelles. Enfin, les fédérations et associations considèrent que la création d’un Parc National à Fontainebleau n’est pas possible dans l'esprit du statut de Parc National, même si l'évolution de la loi le rend envisageable. En effet, la localisation du massif de Fontainebleau au cœur d’une région très urbanisée, son cloisonnement par plus de 180 km de routes publiques à grande circulation et d’une autoroute et sa très forte fréquentation par le public paraissent incompatibles avec un statut de Parc national, espace de nature sauvage, protégé et laissé à sa libre évolution *Garanties et conditions pour la création d’un Parc national Au cas où la création du Parc national serait néanmoins décidée dans son principe, les fédérations et associations d’usagers soumettraient leur accord aux conditions suivantes : -une association étroite à l’élaboration du projet de charte ; -un partenariat au fonctionnement de toutes les instances du parc : conseil d’administration, conseil scientifique, conseil économique, social et culturel ; -la dotation du parc par des crédits spécifiques émanant du ministère de l’écologie, en complément des moyens actuellement mobilisés, au bénéfice de la gestion de la forêt et de la sauvegarde de la biodiversité ; -la limitation des réserves biologiques à celles existantes, sans extension. Inversement, il paraît indispensable que la zone d’adhésion volontaire à la charte dépasse largement les limites des communes portant la forêt domaniale, afin que les contraintes liées au parc soient équitablement réparties; -la limitation notable des effets néfastes de la circulation des voitures et des poids lourds en forêt, préjudiciable à la sécurité des promeneurs, cause de collisions avec la faune, source d’émissions de gaz à effet de serre et de discontinuités écologiques. Ceci suppose la couverture de tronçons significatifs de routes à grande circulation au cœur du massif (anciennes RN6 etRN7), l’interdiction de tous les poids lourds sur les routes secondaires et notamment la route Ronde et la route de Bourgogne à l'exclusion des dessertes locales, la limitation de la vitesse sur ces routes à 70 Km /h, enfin la mise en œuvre de la liaison A5 A6 par la réalisation de la C5 permettant le contournement de la Forêt; 159 -le maintien et l’évolution de toutes les activités sportives et de loisirs existantes, sans contraintes supplémentaires dans tous les cantons où elles sont exercées actuellement. Comme pour toute activité humaine, la possibilité d'évolution des pratiques est nécessaire dans le cadre du respect de la nature et en conformité avec le développement durable et responsable. L’organisation de manifestations, rencontres et compétitions sportives doit être possible dans le cadre des règlements fédéraux, du respect des lois, des milieux, de la faune et de la flore et sans impacts irréversibles sur l’environnement; -le maintien de la régulation de la faune sauvage selon les modalités actuelles, par la chasse à tir et la chasse à courre, patrimoine culturel local ; -la poursuite d’une sylviculture qui préserve la biodiversité et permette la régénération et l’amélioration des peuplements forestiers en privilégiant les essences les mieux adaptées aux conditions écologiques locales et à leur résilience, en intégrant les effets prévisibles des changements climatiques annoncés. A Fontainebleau, le 29 juillet 2010 *Association des Amis de la Forêt de Fontainebleau (AFF) *Comité départemental de cyclotourisme de Seine et Marne (FFCT) *Comité départemental de la retraite sportive de Seine et Marne (CODERS 77) *Comité départemental de course d'orientation *Association du golf de Fontainebleau *Association des sylvains randonneurs *Fédération française de la montagne et de l'escalade (FFME) *Comité des sites et rochers d'escalade (COSIROC) 160 ANNEXE 31 : Contribution du 26 mai 2010 du collège des naturalistes et des scientifiques Introduction : La réflexion du collège des scientifiques et des naturalistes s’est appuyée sur la triple question posée par M. Letourneux : un Parc National à Fontainebleau est-il utile ? Est-il souhaitable ? Est-il possible ? I.- Premières réponses aux questions liminaires 1) Un Parc national est-il utile ? Cette question doit être entendue dans un sens objectif. Le statut de parc serait-il utile au massif ? La réponse est oui. Compte tenu de l’exceptionnelle richesse biologique et paysagère du Massif de Fontainebleau qui concerne non seulement des milieux boisés mais également de nombreux espaces ouverts (landes, platières …), un tel statut serait incontestablement utile en ce qu’il consacrerait ce patrimoine qui a été unanimement reconnu comme unique depuis plus d’un siècle. Le parc national permettrait de rationaliser les régimes de protection, actuellement superposés et sans grande cohésion. Il permettrait d’obtenir des moyens matériels, scientifiques et financiers qui pourraient être employés pour mettre en place une meilleure gestion du site. Les contributions ultérieures du collège permettront d’apporter des éclairages complémentaires. 2) Un Parc national est-il souhaitable ? C’est un peu la même question, mais entendue cette fois-ci dans un sens subjectif. Le prestige attaché au label de parc national aurait un effet bénéfique et permettrait une véritable appropriation de la forêt par ceux qui l’apprécient. Le parc national pourrait avoir aussi des retombées économiques positives qui ne seraient pas négligeables en termes d’emploi, de tourisme et de prestige. La seule condition posée par plusieurs élus et plusieurs associations est qu’il n’y ait pas de contraintes nouvelles pour le public et les usagers du massif. On soulignera du reste que ce sont ces contraintes qui ont constitué jusqu’à présent la principale pierre d’achoppement et qui ont fait échouer les précédents projets de parc national. On peut donc considérer sous cette dernière condition, que le parc est souhaitable. 3) Le Parc national est-il possible ? La nouvelle législation (en particulier la loi de 2006) permet désormais une grande souplesse en ce qui concerne les règles applicables aux parcs nationaux. Ce changement a modifié la position de 161 certains élus anciennement opposés et aujourd’hui favorables et qui ont même un rôle moteur, notamment les maires des deux communes les plus territorialement concernées. Le Groupement d’Intérêt Public en charge de la mise en place du parc national pourra moduler la protection souhaitable en fonction de deux variables : - D’une part la délimitation respective des zones : « réserves », « zone cœur » (zone centrale) et « aire d’adhésion » (zone périphérique). Suivant la répartition de ces trois zones à Fontainebleau, on pourra adapter la protection à ce qui doit l’être, afin d’atteindre un équilibre satisfaisant. - D’autre part, à l’intérieur des zones, le degré de protection voulu. Ce degré peut-être très variable, en particulier dans la zone cœur, car la loi de 2006 s’avère très souple. On doit donc en conclure que le parc national est parfaitement possible. Un examen rapide des différentes activités exercées dans le massif a permis à notre comité de se convaincre qu’il n’y avait, dans l’état de la nouvelle législation, aucune incompatibilité sérieuse entre ces activités et l’organisation du parc, à la condition toutefois que ces activités soient exercées dans les mêmes conditions et ne connaissent pas une extension qui pourrait présenter une menace pour le massif. Reste à définir concrètement les réglementations applicables et la délimitation des zones. La résolution de cette question suppose de définir une orientation générale rationnelle (I) et de la mettre en oeuvre méthodiquement (II). II. Orientation générale proposée : Pour le comité, comme pour la plupart des personnes concernées, le Massif de Fontainebleau remplit, depuis deux siècles, trois fonctions importantes : une fonction environnementale de préservation de la biodiversité, une fonction touristique et paysagère et une fonction économique de production de bois. Par ailleurs, les activités cynégétiques qu’elles aient une dimension historique telle que la chasse à courre, ou une fonction de régulation, continueront à s’exercer si un parc national est créé. L’exemple de celui des Cévennes peut servir de référence. Ces pratiques telles qu’elles sont menées actuellement à Fontainebleau ne remettent pas en cause la fonctionnalité écologique du massif. La création d’un parc national doit permettre d’améliorer la compatibilité des ces trois fonctions, compatibilité qui a souvent soulevé de grandes difficultés dans le passé... Le collège estime qu’une bonne gestion d’un parc national doit être une gestion différenciée qui ne traite pas toutes les zones de la même manière. Une gestion différenciée présente l’avantage de n’être ni trop laxiste, ni trop rigide. En effet si les règles sont trop laxistes, un parc national ne servira à rien et sera dévalorisé, mais si les règles sont trop rigides, les contraintes apparaîtront insupportables et irréalistes et le projet de parc sera rejeté. Dès lors, un principe général simple et logique pourrait être dégagé : puisque la forêt rempli trois fonctions (conservation biologique, économie, paysage et tourisme), il serait souhaitable que les trois zones considérées (aire d’adhésion, zone cœur et réserves) soient chacune consacrées principalement à l’une de ces fonctions. Cette affectation serait, bien entendue, souple et intelligente, et 162 non pas rigide et dogmatique, sachant qu’il s’agit davantage d’une orientation générale pour chaque zone considérée que d’un principe absolu qui ne souffrirait aucune exception. Ainsi dans les réserves, la réglementation pourrait être stricte et protectrice de la biodiversité ; dans la zone cœur, on pourrait privilégier l’aspect paysager et esthétique en maintenant les activités de loisirs exercées à Fontainebleau ; enfin dans l’aire d’adhésion, on pourrait favoriser la production de bois alimentant l’économie de la filière bois. Cette gestion spatialement différenciée, donnant à chacune des trois fonctions un territoire emblématique, serait cohérente que la gestion actuelle qui donne lieu à d’incessantes controverses en dépit de l’accumulation des régimes de protection. Reste maintenant à mettre en oeuvre concrètement ces principes. III.- Mise en oeuvre de l’orientation générale : La question, sans présenter de difficulté particulière à Fontainebleau, suppose néanmoins une réflexion sereine, tant sur le plan scientifique que politique, et une vision réaliste et équilibrée. Les limites du parc pourraient comprendre l’actuelle forêt de protection et dans un souci de cohérence écologique un certain nombre de massifs boisés environnants : Forêt de Champagne sur Seine, Bois de la Commanderie, voire Forêt de Nanteau…. D’emblée, on constate que parmi les trois zones à établir, deux ne susciteront pas trop de difficultés, tandis que la troisième impliquera un équilibrage plus subtil. Les deux zones sans problèmes sont les réserves d’un coté et l’aire d’adhésion de l’autre. La zone sensible est le cœur du parc. A) Les zones ne présentant pas de difficultés majeures : réserves et aire d’adhésion. Dans les premières, la protection ne peut être que forte, tandis que dans la seconde elle sera nécessairement souple. 1e) La zone des réserves : La loi de 2006 prévoit la possibilité de créer des réserves où la biodiversité sera fortement protégée. Or, à Fontainebleau ces réserves existent déjà sous la forme des réserves biologiques intégrales, des réserves biologiques dirigées et des séries d’intérêt écologique. Il serait donc assez facile de reconduire les différents statuts existants à ce jour, quitte à les améliorer encore, afin de constituer dans le cadre du parc national la zone des réserves. Resterait simplement posée la question de l’éventuelle extension de cette zone à des parties de la forêt à fort enjeu patrimonial non encore protégées, bien que nombre d’entres elles bénéficient déjà d’une reconnaissance. Il conviendrait peut-être de réintégrer dans ces « réserves » les anciennes séries artistiques, supprimées en 1969, en raison de la fragile présence dans cette partie de la forêt d’espèces rarissimes, rescapées des grandes coupes rases des années 1970. Cette question devra donner lieu à un débat qui sera alimenté, sur des bases scientifiques, par les réflexions ultérieures du collège. Elle pourra être poursuivie en temps utiles dans le cadre du futur Groupement d’Intérêt Public qui favorisera la prise en compte des diverses sensibilités des acteurs. 163 2e) L’aire d’adhésion, ex zone périphérique : L’aire d’adhésion est, à l’inverse des réserves, très étendue et peu réglementée. Dans cette zone, qui sera en grande partie définie, comme son nom l’indique, par l’adhésion des communes intéressées, on pourra se contenter des régimes de protection actuellement applicables, notamment en termes d’activités. Dans cette partie du parc, l’exploitation économique du bois actuelle, d’ailleurs utile d’un point de vue environnemental dans le cadre du développement de la filière bois et des énergies renouvelables, serait maintenue. Ainsi, il n’y a pas d’objections pour des objectifs biodiversitaires à placer sous ce régime notamment toutes les parcelles qui ont fait l’objet de coupes rases suivies de replantation dans le dernier tiers du XXème siècle et qui sont désormais organisées en système de jeune futaie régulière. Il serait aussi normal, cela va sans dire, de placer dans l’aire d’adhésion toutes les zones bâties, les voiries, les emprises de la SNCF, etc. Là encore, la mise en place du Groupement d’Intérêt Public permettra de préciser ces points. B) La zone sensible : le cœur du parc, ex zone centrale : Le sujet est sensible et délicat à un double point de vue : du point de vue de la délimitation de la zone et du point de vue de la réglementation applicable en son sein, les deux questions étant d’ailleurs liées. De manière paradoxale, la résolution du problème est plus aisée si l’on commence par la seconde question, celle de la réglementation, pour finir par la première, celle de la délimitation de la zone cœur par rapport aux deux autres zones, les réserves et l’aire d’adhésion. 1e) Détermination de la réglementation de la zone cœur : Si l’on admet la méthodologie proposée, un premier point parait acquis : la réglementation dans cette zone centrale devra être logiquement moins stricte que dans les réserves et plus stricte que dans la zone périphérique. Sinon l’équilibre recherché et la gestion différenciée que nous avons évoqués lors du choix des principes seraient a priori compromis. Dans les réserves, des contraintes sur les usages seront facilement acceptées puisqu’elles existent déjà. Dans la zone cœur par contre, elles ne seraient pas supportées compte tenu de la proximité de Paris et de la fréquentation du massif. Cependant, et nous l’avons déjà dit dans l’introduction, le maintien des activités de loisirs existantes est évidemment soumis à la condition que ces activités continueront à être exercées dans les mêmes conditions qu’aujourd’hui. Car si le public peut légitimement espérer ne pas subir de contraintes nouvelles, la forêt elle aussi est en droit de ne pas connaître de nuisances aggravées... Ce maintien du statu quo limite évidemment la marge de manœuvre dont on dispose dans la zone cœur en matière de réglementation. Mais si on ne peut raisonnablement restreindre les activités de loisirs existantes, en revanche on peut agir sur un autre élément qui a une très grande importance pour la forêt, mais qui ne concerne guère les usagers. Cet élément décisif est le mode de gestion forestière mis en oeuvre, question qui a d’ailleurs donné lieu à d’infinies controverses dans le passé... 164 Dans la zone cœur, le collège, appliquant la méthodologie proposée, estime qu’il serait souhaitable d’appliquer une gestion forestière intermédiaire entre le régime des réserves et la gestion forestière classique mise en oeuvre dans l’aire d’adhésion. Dès lors, et de manière tout à fait cohérente avec ce qui a été dit sur la trifonctionalité du massif (écologique, touristique et économique), la zone cœur doit être consacrée à la protection paysagère des sites et à la reconstitution des habitats. Une gestion forestière douce doit être mise en place dans cette zone. L’objectif principal de cette gestion ne doit pas être la production de bois, lequel étant celui de l’aire d’adhésion, mais la préservation de la qualité et de la diversité des peuplements et des sites. Et cela évidemment en maintenant de manière raisonnable et réaliste les activités existantes qui n’ont pas d’impact réellement grave sur ceux-ci. Pour appliquer une gestion forestière douce et enrichir une biodiversité qui a pu être dans le passé appauvrie par des méthodes trop radicales, le collège estime notamment qu’il serait intéressant de multiplier dans cette zone des îlots de vieillissement et que les interventions sylvicoles devraient avoir pour objectif principal, non plus la rentabilité économique, mais le maintien de la fonctionnalité des écosystèmes. Ceci n’empêcherait nullement de réaliser des coupes de bois à commercialiser, seules leurs finalités et leurs étendues seraient éventuellement modifiées. Une telle gestion serait plus coûteuse pour les gestionnaires du massif, mais l’instauration d’un parc national permettra de dégager des moyens financiers et matériels permettant de compenser ces surcoûts. 2e) Détermination de l’étendue de la zone cœur : Il importe tout d’abord de dissiper toute équivoque. La zone cœur n’est pas nécessairement d’un seul tenant et, dans le cas de Fontainebleau, notre collège considère même qu’elle devrait, elle aussi, être polynucléaire, avec des continuités écologiques entre ses différents noyaux. Fidèle à la méthode adoptée précédemment et qui consiste à procéder par élimination rationnelle, il semble logique de considérer que la zone cœur devra être tout ce qui n’est ni principalement dédié à la protection de l’écosystème (réserves), ni principalement dédié à l’exploitation économique du bois et aux activités humaines (aire d’adhésion). Ce sera donc tout l’espace forestier, qui s’étendra entre la zone des réserves, dont la physionomie est déjà plus ou moins connue, et la zone périphérique ou aire d’adhésion, dont on a vu que l’on y placerait d’une part les zones urbaines, les voiries et communications et enfin les parcelles déjà fortement transformées par la mise en œuvre de l’aménagement forestier de 1972. Conclusion : A ce stade de la réflexion, le collège des naturalistes et des scientifiques pense qu’un parc national à Fontainebleau est utile, souhaitable et possible. Sans préjuger de ce que le G.I.P. sera amené à décider précisément, en terme de frontière et de cartographie, le collège a dès maintenant une certaine 165 idée de ce que pourrait être ce Parc. L’architecture de l’ensemble peut facilement être construite autour de trois zones emboîtées et complémentaires à savoir : 1) Une zone de réserves polynucléaires consacrée à la préservation de la biodiversité. 2) Une zone cœur polynucléaire dans laquelle la préservation de la biodiversité restera un objectif essentiel, mais dont la valorisation sera utilisée à des fins touristiques, paysagères et même économiques. 3) Une aire d’adhésion dont la gouvernance devra s’appuyer sur les concepts du développement durable et ses trois piliers : écologiques, économiques et sociaux. Cette déclinaison semble être de nature à concilier tout à la fois les exigences du label « Parc National » et les activités humaines dans une zone périurbaine comme celle de Fontainebleau et de Melun. Ce document constitue une première approche qui sera complétée par les réflexions ultérieures du collège et alimentée par les réflexions du comité de pilotage. 166 ANNEXE 32 : Colloque « Un parc national à Fontainebleau : quelle faisabilité ? » organisé par l’association de la Réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais et la Mairie d’Avon , le 7 avril 2010 Les racines des conflits sur le statut du massif forestier bellifontain Mon propos qui relève de l’histoire contemporaine et de l’histoire du temps présent, commencera par montrer comment la forêt de Fontainebleau est devenu un triple haut lieu, sylvicole, usager et paysager, et naturaliste. Ensuite, il expliquera pourquoi, autour de cet objet de toutes les convoitises, se sont succédés, voire superposés, 80 ans de conflits paysagers, 80 ans de conflits entre naturalistes et sylviculteurs, et vingt ans de débats statutaires. I) Trois hauts lieux en un lieu Entre la Brie et le Gâtinais, le massif forestier de Fontainebleau est une des plus grandes forêts de France avec environ 25.000 hectares dont 21.500 domaniaux, gérés aujourd’hui par l’ONF. Limitée par un fleuve et deux rivières (la Seine, le Loing et l’École), cette forêt périurbaine a depuis longtemps trois fonctions : c’est une forêt productrice de bois et de gibier pour ses propriétaires en quête de revenus ; c’est un espace usager pour les riverains et les citadins en quête de menus produits, de nature et de loisirs ; c’est un conservatoire d’espèces animales et végétales pour les scientifiques en quête de biodiversité. De ce fait, c’est, pour tous, un haut lieu… 1) Un haut lieu forestier On fait généralement remonter l’origine de la forêt royale, puis domaniale de Fontainebleau, au X° siècle. Robert II constitue alors la forêt de Bière par l’achat de terres, boisées surtout de chênes. Ensuite, pour tous les souverains, de Saint-Louis à Napoléon III en passant par Louis XIV, la forêt de Fontainebleau est l’archétype du domaine forestier cynégétique. D’abord exploitée par jardinage, puis soumise à la méthode dite à tire et aire 1 , la forêt est aménagée pour la production de bois, en taillissous-futaie et futaies de chênes, mais elle est grevée de droits d’affouage, de pacage pour les bovins et parfois les ovins, et de panage pour les porcs. 1 : La méthode dite à tire et aire consiste à faire des coupes à blanc étoc dans les taillis en laissant à intervalle régulier des baliveaux sur pieds Ces droits d’usage, recensés dès 1270, confirmés en 1366, connaîtront leur maximum au XVIII° siècle et perdureront en déclinant jusqu’au début du XX° siècle. En 1400, une première réformation est dite d’Hector de Chartres. 167 De François 1er à Louis XVI, comme beaucoup de forêts d’Ile-de-France, elle est gérée par une Capitainerie des Chasses Royales, et par une Maîtrise des Eaux et Forêts. François 1er ordonne une série de réformations, en 1528, 1540 et 1547, visant à protéger les forêts royales, ses territoires de chasse, dont Fontainebleau contre les abus. En 1556, la forêt est déclarée inaliénable. En 1664, la première réformation d’aménagement de la forêt de Bière, dite de Barillon d’Amoncourt, constate que sur environ 13.000 ha, il n’y a que 6740 ha de bois, le reste étant constitué de « vuides » de bruyères, genévriers et bouleaux. Le grand maître prescrit un règlement de coupes, notamment de bois de marine, et prévoit des plantations protégées contre le gibier et les troupeaux, mais, ces mesures sont peu appliquées. Elle reconnaît aussi les droits d’usages de 17 paroisses qui peuvent prélever le bois mort et envoyer dans la forêt de Bière quelques brebis dans certaines landes, 6367 porcs et 12.117 vaches, veaux et taureaux, tous ces bestiaux devant être marqués au fer rouge et portés au cou une clochette. En 1716, la deuxième réformation, dite de De La Falluère, constate qu’à peine la moitié des 14.242 ha est médiocrement boisée, le reste étant composé de vides et landes. Si le gibier, les bestiaux, le gel de 1709 et les incendies sont en partie responsables des vides, La Falluère constate que les coupes n’ayant pas été faites en fonction de l’âge des peuplements, mais de l’éloignement des lieux de chasse, ces dernières zones demeurées en réserves ont dépéri et dégénéré au lieu d’être coupées. Une régénération de la forêt est alors engagée, par plantation ou semis de chênes et accessoirement de hêtres sur près de 3000 ha. Cette politique est poursuivie par la troisième réformation, dite de Duvaucel, en 1754. Globalement, après coupes rases, 5450 ha sont reboisés de 1720 à 1794, et 2807 ha de 1802 à 1830, surtout en chênes mais aussi en hêtres. Comme, sur les sols sableux et secs, ces feuillus ne réussissent pas, on a de plus en plus ensuite recours aux conifères : sur les 6200 ha reboisés entre 1830 et 1847, 5400 le sont en pin sylvestre, essence introduite ponctuellement à Fontainebleau dès 1786. Ces 130 années de réformes nous ont légué l’essentiel du paysage forestier contemporain. En parallèle, la surface s’étend : des 14.242 ha de 1716, on passe à 17.000 ha en 1850. Sous la Monarchie de Juillet, les projets de rajeunissement des peuplements les plus âgés et de plantations en pins des vides sont contestés et suspendus. En 1853, un premier projet d’aménagement, dit de Sthème, non approuvé parce que laissant trop de place au système du taillis, propose une réserve artistique de 624 ha. Le 13 août 1861 un décret impérial fixe le premier aménagement de la forêt de Fontainebleau, dit de De Frescheville et Massé. Il divise la forêt en trois sections : la première de 13 723 ha vouée à la futaie régulière, par la méthode du réensemencement naturel et des éclaircies ; la deuxième de 1622 ha traitée en taillis sous futaie à la révolution de 30 ans ; et la troisième de 1631 ha laissée en dehors de tout aménagement régulier, comprenant les tirés, les promenades et les dépendances spécialement affectées au service des chasses, mais aussi 1097 ha à destination artistique : 542 ha de vieilles futaies et 555 ha de rochers. Sous la Troisième République, l’Administration des Eaux et Forêts poursuit la même politique de conversion des taillis en futaies. Après des dégâts dus au verglas et à des gelées atteignant – 30°C durant les années 1879 et 1880, un second projet d’aménagement de 1882 prévoyant de traiter la totalité de la 168 forêt en futaie, à l’exception de la partie artistique, n’est finalement pas approuvé. Entre 1852 et 1883, 350 ha de feuillus et 810 ha de résineux sont régénérés avec succès. Le 20 octobre 1892, le second aménagement, dit de Boizet et Daubrée, divise la forêt en cinq ensembles : une futaie régulière feuillue à révolution transitoire de 120 ans sur 7240 ha ; une futaie résineuse à régénérer en 72 ans sur 3300 ha ; une futaie jardinée avec rotation de coupes de 7 ans à effectuer par trouées sur 3000 ha rocheux, périurbains ou très fréquentés ; un taillis sous futaie, traité à la révolution, de 30 ans, sur 1750 ha ; une section hors aménagement de 1616 ha dont 1514 ha de réserve artistique. A la fin du XIX° et au début du XX° siècle, la forêt perd 550 ha au profit de terrains militaires, d’un golf, d’installations hippiques et d’une emprise ferroviaire. Le 22 avril 1904, le troisième aménagement, dit de Duchaufour, est conçu tout entier pour traiter la forêt « d’après des vues esthétiques ». Il distingue 5 séries jardinées autour de la ville et sur les sites les plus fréquentés où les interventions seront légères, une zone concentrique de 9 séries feuillues où les interventions ne seront « jamais accentuées », 6 séries périmètrales de futaies résineuses et de taillis sous futaies, et enfin une série artistique hors aménagement qui passe de 1514 à 1693 ha. Selon Duchaufour, « l’analyse des peuplements qui ont fait l’objet des coupes d’ensemencement de 1893 à 1902 laisse apparaître que ce type de traitement ne permettra pas de créer la futaie régulière » à cause des multiples difficultés de régénération dues à la pauvreté du sol et aux accidents naturels. « Laisser croître sans limite les peuplements réguliers bien venants, traiter les autres au point de vue cultural en maintenant par tous les moyens en usage l’état boisé et en respectant partout où il se trouve les vieux sujets encore susceptibles de vivre parait la seule solution possible et désirable du problème posé. Afin de conserver à la forêt son caractère de musée végétal, l’exploitation physique est seule applicable aux essences feuillues, et le dépérissement complet pour les sujets isolés, l’état de maturité accentué pour les massifs pleins détermineront seuls l’époque convenable pour procéder aux extractions et aux coupes de régénération nécessaires ». Ainsi Duchaufour abandonne l’objectif de la futaie régulière et de sa régénération, afin de favoriser les peuplements irréguliers. La mise en œuvre de cet aménagement conduit à l’arrêt de la régénération de la futaie feuillue et à son vieillissement, tandis que la section résineuse, dégradée par de nombreux incendies sera partiellement rajeunie, dans les années 30, par Clément Jacquiot, avec introduction d’épicéa et de Douglas. De 1903 à 1940, la récolte moyenne annuelle n’est que d’environ 25.000 m3 sur l’ensemble de la forêt. A partir de la Seconde Guerre Mondiale, l’aménagement Duchaufour n’est plus appliqué. De 1941 à 1944, d’importantes coupes de 216.000 m3 servent notamment à alimenter Paris en bois de chauffage et de boulange, et en 1945 et 1946, les besoins en bois pour la reconstruction nationale induisent 457.000 m3 de coupes, dont 5 % provenant des réserves artistiques. Ensuite, et jusqu’en 1968, la forêt est simplement parcourue de coupes à la rotation de 10 ans, alors que deux projets d’aménagement, préparés par le forestier Mouton, en 1948 et 1958, 169 n’aboutissent pas. Les coupes des années 40 ayant porté sur les bois dépérissants des réserves artistiques, une Commission consultative des réserves artistiques et biologiques est créée le 23 juillet 1945. Après maintes discussions, en 1953, les réserves artistiques sont maintenues sur 1070 ha, et des réserves biologiques sont créées sur 552 ha (141 ha de réserves intégrales et 411 de réserves dirigées). En 1966, l’Administration des Eaux et Forêts est supprimée et l’Office National des Forêts est chargé de gérer les forêts publiques soumises au régime forestier. Dès sa création, l’ONF s’inquiète du « vieillissement et de la dégradation des futaies » et de « la colonisation naturelle du pin sylvestre au détriment des feuillus » dans la forêt domaniale de Fontainebleau, à cause de l’ « absence presque totale de régénération de chênes et de hêtres pendant plus de 60 ans » due au non-interventionnisme sylvicole. 88 % des peuplements de chênes ont alors plus de 150 ans, 86 % de ceux de hêtres plus de 90 ans, et 70 % de ceux de pins sylvestres plus de 90 ans. Estimant « son état sanitaire déplorable et considérant que « la régénération de la forêt a été sacrifiée au bénéfice de la diversité biologique », il met un chantier, dès 1966, un nouvel aménagement confié à l’ingénieur Legrand dont le projet est jugé non satisfaisant. En 1967, année où une tempête abat 60.000 m3 de bois et où les réserves artistiques sont supprimées, le forestier Perrotte est chargé de rédiger un nouvel aménagement dont les principes de rajeunissement sont appliqués, dès 1969, avant même sa promulgation. Ce n’est que le 11 janvier 1972, que le quatrième aménagement dit de 1970 ou de Perrotte et de Buyer, est promulgué pour 30 ans (1970- 1999). L’objectif est « d’assurer la régénération des peuplements mûrs et la reconstitution des peuplements dégradés, et de substituer partout où cela est possible le chêne au pin. Les 17 024 ha sont divisés en trois séries : - Une futaie régulière de 15.497 ha comprenant 50 % de peuplements de chênes, 10 % de hêtres, et 40 % de pins sylvestre et fréquentées, comprenant 85 % de Chênes, 5 % de hêtres, et 10 % de pins dont 270 ha doivent être régénérés, soit 9 ha/an, - Une série de 416 ha classée en réserves biologiques en 1967 dont 136 ha de réserves intégrales et 280 ha de réserves dirigées, - Enfin, 407 ha de voiries, bâtis, et concessions restent hors aménagement. Pour remplacer, des peuplements de chênes qui ont entre 300 et 400 ans, il y a alors deux possibilités : là où il y a encore des arbres assez jeunes pour se reproduire, soit 1700 ha, on fait de la régénération naturelle ; là où les arbres ne sont pas assez fructifères, on fait des coupes rases et on plante sur 200 à 300 ha par an. Comme il n’y avait plus eu de plantations sur les sols de Fontainebleau depuis plus d’un siècle, on ne sait alors plus quelles sont les conditions à respecter pour qu’elles réussissent. Sous la direction de Xavier de Buyer, on essaye des techniques qui sont soumises à des aléas énormes, comme par exemple la remontée des souches, les dégâts du gibier ou l’explosion de la végétation spontanée. Pour réussir la régénération artificielle, on pratique alors coupes rases, dessouchages, labours, drainages, plantations, désherbages, fertilisations, engrillagements, épandages de pesticides, dégagements, éliminations des essences spontanées, etc. Ces coupes étant très mal perçues, le 6 octobre 170 1972, la surface de régénération de la première série est abaissée à 6260 ha, soit 209 ha/an, au lieu de 237, puis, devant les nombreux échecs de plantations, on utilise la technique de semis artificiel de chênes, sans coupe rase, sous couvert d’essences secondaires. Dix ans plus tard, 2400 ha de chênes ont été mis en régénération. A mi-parcours, en 1985, l’aménagement est examiné, et modifié le 6 avril 1987 : la régénération de la première série, devant se faire par coupes progressives, est abaissée à 4810 ha, et il n’y a plus obligation de régénérer un pourcentage précis de la deuxième série. Si, la principale source de revenus reste le bois, l’ONF concède moyennant finances des portions de Fontainebleau pour des battues, des chasses à l’approche, des poussées silencieuses ou des chasses à courre. De 1967 à 1983, la surface du massif domanial augmente de 2300 ha par l’achat de la forêt des Trois-Pignons. Mais, des emprises lourdes ont fait et font diminuer la surface boisée privée, communale, et même domaniale. Elles sont dues aux infrastructures routières notamment l’autoroute en 1958, à l’urbanisation, aux installations militaires, aux lignes électriques, aux forages pétroliers, etc. Certains estiment ainsi que l’ensemble du massif, domanial et privé, a perdu 3800 ha boisés entre 1945 et 1990. Le débat sur l’objectif principal à assigner à la forêt de Fontainebleau, à savoir la conservation des peuplements existants ou la production de bois, divise les forestiers, comme le prouve l’avortement de cinq projets d’aménagement sur neuf en 120 ans (1853, 1882, 1948, 1958 et 1966) et l’abrogation de l’aménagement de 1892, douze ans seulement après sa promulgation. Fontainebleau est ainsi un haut lieu sylvicole. Le forestier François Mangin d’Ouince affirme ainsi en 1972 : « On peut dire que l’actuelle forêt est toute de création humaine. Elle a été voulue et aménagée par les forestiers qui, depuis les Grands Maîtres de l’Ancien Régime jusqu’aux actuels ingénieurs du Génie Rural, des Eaux et des Forêts, se sont succédés à Fontainebleau pour planifier et raisonner à long terme, car c’est la grandeur de la vocation du forestier de penser toujours et d’abord aux générations futures avant de penser à l’actuelle ». 2) Un haut-lieu usager et paysager Les pinèdes à fougères et les chaos, les vieilles futaies de chênes et de hêtres sur les monts, les conifères sur les alignements gréseux, ou encore les platières piquetées de bouleaux, parsemées de brosses de callunes et de coussins de mousses, restent en mémoire de tous ceux qui ont un jour pénétré le massif bellifontain. Longtemps, ce fut un lieu d’effroi et de perdition, notamment pour les voyageurs qui la traversaient et pour les femmes et les enfants, des villes et villages des alentours qui ne s’y aventuraient guère, mais c’était aussi un lieu de labeur. Avant le XIX° siècle, mis à part les royaux et aristocratiques chasseurs et forestiers, la forêt de Bière n’est fréquentée que par des riverains locaux, venus là, en quête, non pas de loisirs, mais de moyens de subsistance. C’est tout un petit peuple de pasteurs, de porchers, de glaneurs, de carriers, de bûcherons, de charbonniers et autres boisilleurs, voire d’indigents, de proscrits et même de brigands, tous plus ou moins braconniers, qui parcourt cette forêt, comme tant d’autres, pour y survivre. Parmi eux, certains 171 plus que d’autres laissent leur empreinte : ce sont bien sûr tous les gardiens de troupeaux et les travailleurs du bois, mais ici, depuis le XIV° siècle, les carriers aussi. L’exploitation du grès pour extraire des pierres de construction et des pavés connaît son apogée vers 1829 où 2.900.000 pavés sont extraits du massif. Sous Louis-Philippe, on compte environ un millier de carriers, installés en forêt, ayant chacun le droit d’extraire, de manière plus ou moins anarchique, un maximum de 12.000 pavés par an. De tous les usagers de la forêt d’alors, les carriers sont ceux à qui on peut le plus directement reprocher, par les cicatrices qu’ils laissent, les modifications d’un paysage qui est en train de naître. C’est en effet au début du XIX° siècle que l’ancienne forêt de Bière devient source d’inspiration pour les écrivains et les peintres, avant d’être un des lieux de naissance du « tourisme » en France. Sous l’Empire, le romantique Senancour publie, en 1804, Obermann, dont une partie se passe en forêt de Bière. Ce roman ne connaît le succès qu’en 1833 où George Sand qui préfacera la troisième édition en 1840, le découvre, et ce livre va contribuer à faire connaître et admirer la forêt de Fontainebleau. Dès la Restauration, des artistes, alors à contre-courant de l’art académique, commencent à venir dans la région, voire à s’y installer, pour peindre des paysages forestiers, mais aussi agrestes. Au début de la Monarchie de Juillet, des écrivains, tels George Sand, Alfred de Musset ou Chateaubriand, visitent Fontainebleau. En 1830, Corot s’installe à Marlotte. En 1836, Théodore Rousseau qui fait alors figure de chef de l’école du nouveau paysage au sein du vaste mouvement naturaliste, et qui vient de voir ses œuvres une nouvelle fois refusées au Salon, s’installe à Barbizon, petit hameau de la commune de Chailly, qui va devenir célèbre par l’école pictorale qui prit son nom. Le sociologue Bernard Kalaora a montré comment ces peintres paysagistes et ces écrivains naturalistes et romantiques font découvrir alors « l’esthétique de la nature », depuis lors considérée comme « œuvre d’art », digne d’être admirée et devant être protégée comme objet culturel. « Un homme, Denecourt fut à la forêt de Fontainebleau ce qu’Alphand fut aux jardins, parcs, promenades, et espaces boisés de la capitale », écrit Kalaora. Claude-François Denecourt, ancien soldat de la Grande Armée, exerce des activités para militaires jusqu ‘en 1832 où il est révoqué pour républicanisme et entame deux ans de clandestinité. En 1834, à 44 ans, « épuisé, abattu, l’esprit amer, l’espoir mort », « ne croyant plus à son temps, ni aux autres, ni à lui-même », il se retire, à Fontainebleau. « On est heureux, dit-il, au milieu de ces paisibles déserts, de ces arbres géants et ces rochers aussi vieux que le monde. On y trouve la paix, le bonheur et la santé ». Vaincu, le militant de la République se reconstruit en devenant l’apôtre de la forêt. De 1834 à sa mort en 1875, malgré l’intermède de1848 et de la Seconde République où il milite à nouveau avec de nombreux artistes, mais où le coup d’Etat le ramène, désabusé, à sa forêt, il cherche à faire partager sa foi sylvestre et à rendre l’objet de sa passion accessible à tous. Il trace plus de 150 km de promenades, ses fameux « Sentiers Bleus », baptise des arbres et des rochers, découvre de nouvelles curiosités, et décrit ses itinéraires balisés, dans de nombreux guides et indicateurs, plusieurs fois réédités. Le premier, intitulé « Guide du voyageur dans la forêt de Fontainebleau », sort en 1839. 172 Son œuvre considérable est saluée en 1855 par un hommage littéraire « Fontainebleau, paysages légendes, souvenirs, fantaisies », écrit par 43 auteurs, dont notamment George Sand, Alfred de Musset, Gérard de Nerval, Victor Hugo, et Théophile Gautier. Denecourt est devenu la figure légendaire du tourisme sylvestre bellifontain ; Théophile Gautier le baptise « le Sylvain » en l’expliquant ainsi : « Si vous interrogez les habitants de Fontainebleau, ils vous répondront que Denecourt est un bourgeois un peu singulier qui aime à se promener dans la forêt. Et, en effet, il n’a pas l’air d’être autre chose ; mais examinez-le de plus près, et vous verrez se dessiner sous la vulgaire face de l’homme la physionomie du dieu sylvestre : son paletot est couleur bois, son pantalon noisette ; ses mains, hâlées par l’air, font saillir des muscles semblables à des nervures de chêne ; ses cheveux mêlés ressemblent à des broussailles ; son teint a des nuances verdâtres, et ses joues sont veinées de fibrilles rouges comme les feuilles aux approches de l’automne ; ses pieds mordent le sol comme des racines, et il semble que ses doigts se divisent en branches ; son chapeau se découpe en couronne de feuillage, et le côté végétal apparaît bien vite à l’œil attentif ». Ainsi progressivement balisée, la forêt est parcourue en tous sens dès le milieu du XIX° siècle par la bourgeoisie parisienne qui ne peut plus s’y perdre, tout juste s’y égarer. L’arrivée du chemin de fer en 1850 et la création des « trains de plaisir », permettent à des milliers de visiteurs d’accéder aux loisirs forestiers bellifontains. Au début du Second Empire, leur notoriété est renforcée par le succès du paysagisme et des peintres de l’École de Barbizon qui, en peignant les vieilles futaies de chênes, transforment la forêt en œuvre d’art et la font découvrir à l’intelligentsia parisienne. Mais, seuls ceux qui respectent les usages des artistes sont considérés comme des « amoureux de la nature », tandis que les vulgaires « touristes » sont indésirables. Ensuite, avec les peintres de Barbizon, Théodore Rousseau et François Millet en tête, Denecourt est à l’origine des premières « zones protégées » pour leur aspect pittoresque : ils obtiennent en 1853 la protection de 624 hectares de réserves artistiques, portées à 1097 ha en 1861. L’œuvre de Denecourt est ensuite continuée, sur le terrain et sur le papier, par son disciple, Charles Colinet, jusqu’à la mort de ce dernier en 1905, à 66 ans. Sous la troisième République, des Impressionnistes, comme Sisley installé à Moret ou Renoir et Monet basés à Marlotte, immortalisent aussi les paysages bellifontains. En 1873, Fontainebleau fait l’objet d’un « Plaidoyer pour un sanctuaire de la nature » qui aboutit notamment à la création d’un « Comité de protection artistique de la forêt de Fontainebleau ». Il est animé par Denecourt et Colinet, mais la présidence d’honneur est attribuée à Millet. S’il est dirigé surtout par des notables locaux, il a pour membres de nombreux artistes, des peintres comme Corot et Daubigny, des écrivains comme Jules Michelet, George Sand, et Victor Hugo, qui écrit, « Un arbre est un édifice, une forêt est une cité ; entre toutes, la forêt de Fontainebleau est un monument ». A partir des années 1850-1855, Rousseau commence à avoir du succès et des commandes, ses œuvres sont exposées aux Salons, et en 1855 une salle de l’exposition universelle lui est consacré. Les 173 classes aisées et cultivées de la société locale et parisienne se mettent de plus en plus à fréquenter Fontainebleau pour y admirer les paysages et bientôt y pratiquer la randonnée à pied, à cheval, à bicyclette ou la varappe, tandis que les peintres sont rejoints par les photographes paysagistes. En 1907 est créée la « Société des Amis de la Forêt de Fontainebleau » qui poursuit l’œuvre de Denecourt en organisant notamment des visites de la forêt. 1910 voit la naissance du groupe des rochassiers de Fontainebleau, avec notamment Georges Casella, Louis Prestat et Jacques Wehrlin. Rapidement, ces Bleausards vont investir la forêt en y créant et balisant des circuits d’escalade de difficultés variables. En 1924, est créé le Groupe de Bleau dont certains membres vont marquer l’histoire de l’alpinisme : Marcel Ichac avec ses films, Pierre Allain en inventant le chausson de varappe, Pierre Chevalier la corde d’escalade en nylon, etc. Pour Roger FrisonRoche, « les rochers de Fontainebleau constituent la véritable école d’escalade des Parisiens (où) une belle génération de grimpeurs s’est formée au contact des grès lisses et difficiles de la grande forêt ». L’institution des congés payés en 1936 fait ensuite découvrir Fontainebleau aux classes populaires. Après guerre, le développement de la voiture individuelle et la construction de l’autoroute du Sud favorisent le développement du tourisme de masse. En 1964, le ministère de l’Agriculture attribue aux forêts publiques une nouvelle fonction officielle, l’accueil du public : en 1972, on décrète cette fonction objectif prioritaire de la gestion de la forêt de Fontainebleau qui devient le principal espace de loisirs sylvestres des franciliens. Mais auparavant, en 1967, au grand dam de nombreux usagers, les réserves artistiques ont été supprimées. Cette forêt est ainsi devenue le théâtre d’une multitude d’activités récréatives grâce à l’existence de plus de 1000 km de routes et d’allées forestières, de plusieurs centaines de km de sentiers forestiers balisés décrits par le « Guide des promenades » édité par « La Société des Amis de la Forêt de Fontainebleau », de sentiers de grandes randonnées et de plus de 200 circuits de varappe, du facile F au terrible ABO, sur 300 hectares de rochers. L’accueil annuel de plus de 10 millions de visiteurs a nécessité la création par les gestionnaires forestiers d’aménagements particuliers qui ont permis de recevoir les visiteurs tout en maintenant la fonction de production. Mais certains sites aux couverts végétaux discontinus et fragiles connaissent une surfréquentation manifeste. Victime de son engouement, la forêt est ponctuellement menacée : aux risques permanents d’incendie, il faut ajouter les marques d’érosion et de dégradation de certains sites dues à leur popularité. Fontainebleau est ainsi un haut-lieu paysager, objet de culte de nombreux français. En août 1995, les ministères de l’Environnement et de la Culture proposent l’inscription du massif forestier de Fontainebleau sur la liste des biens du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Pour justifier sa « valeur universelle exceptionnelle », des critères historiques sont évoqués : c’est « le second site rupestre de France » ; c’est « une forêt royale dont le traitement des allées et des carrefours témoignent de son usage pour la chasse des grands mammifères » ; « Fontainebleau a été fréquenté par des artistes (peintres, écrivains, sculpteurs...) dont les plus célèbres restent les impressionnistes mais aussi les paysagistes qui 174 avaient installé leur école mondialement connue à Barbizon. Les paysages typiques qui le constituent s’imbriquent et se complètent. Cette atmosphère ainsi créée a d’ailleurs été source d’inspiration du romantisme ». 3) Un haut-lieu scientifique Le massif de Fontainebleau constitue un patrimoine naturel d’une richesse exceptionnelle. Le substrat géologique, le relief, et la végétation y créent une grande diversité de paysages et d’écosystèmes forestiers qui en font, grâce à sa position de carrefour biogéographique aux influences croisées atlantique, méditerranéenne et continentale, l’espace sylvestre le plus riche par sa flore de toutes les plaines d’Europe occidentale. La mosaïque végétale associant chênaies, hêtraies, bétulaies, pinèdes et landes plus ou moins humides parsemées de blocs rocheux isolés recouvre ainsi successivement les tables de grès sur sables. Cette diversité paysagère s’accompagne d’une richesse biologique sans précédent : 5685 espèces végétales (1350 plantes à fleur, 460 muscinées, 2700 champignons, 675 lichens et 500 algues) et 6600 espèces animales (57 mammifères, 195 oiseaux, 24 reptiles et batraciens, 5600 insectes, etc.) ont été répertoriées. Cette richesse biologique attire à Fontainebleau, dès le XVII° siècle, des grands naturalistes, comme Tournefort, puis Jussieu, Linné, etc. Tournefort, botaniste au « Jardin des Plantes », ancêtre du Muséum, fait paraître, en 1698, une Histoire des plantes qui naissent aux environs de Paris, avec leur usage en médecine, où il montre le caractère exceptionnel de la flore de Fontainebleau. Sous le second Empire, si les peintres s’opposent à la politique des coupes à blanc et d’enrésinement des forestiers pour des raisons pictorales, des naturalistes s’y opposent aussi pour des raisons biologiques. Ainsi, le botaniste Wladimir de Schonefeld déclare : « On dessèche nos marais, on déboise nos collines, on exploite nos rochers de grès, on peuple d’arbres verts les clairières de nos forêts… Que deviendra notre flore au milieu de cette guerre impie que l’homme livre sans cesse à la nature ? ». Le 22 février 1889, un décret crée le Laboratoire de Biologie Végétale de Fontainebleau. Il a été voulu par Gaston Bonnier, le pionnier de la phytosociologie, auteur de flores toujours utilisées, qui, en 1890, installe, en forêt, cette station vite réputée mondialement et existant toujours. La « Société des Amis de la Forêt de Fontainebleau » (AFF) créée en 1907, est considérée aujourd’hui comme l’aînée des associations françaises de protection de la nature. En 1911, l’idée de création d’un parc national fait son apparition chez les « Artistes de Marlotte». Le 20 juin 1913, l’ « Association des Naturalistes de la Vallée du Loing et du massif de Fontainebleau » (ANVL) est fondée, et reprend l’idée. L’un de ses fondateurs, le docteur Henri Dalmon, propose de créer un Parc National à Fontainebleau, sur les parties sauvages de la forêt, soit 25 % de la surface. Le 23 juin 1913, le ministère de l’Agriculture crée une commission consultative de la série artistique qui entame une procédure de classement en parc national. En 1914, un projet de loi est déposé pour créer un tel « musée vivant de la nature », mais l’idée avorte à cause du déclenchement de la guerre en août. 175 Entre les deux guerres, Henri Dalmon relance de nombreuses fois l’idée, notamment en 1927 ; en 1932, un administrateur des AAF, membre de l’Académie française estime qu’ « il faut défendre la forêt de Fontainebleau reliquat indispensable, sorte de Parc National » ; en 1935, un membre de l’ANVL, Jean Loiseau intitule un chapitre de son livre sur la forêt, « Le Massif de Fontainebleau, véritable Parc National » et développe son idée jusqu’en 1970. En 1945, les coupes réalisées dans les réserves pendant la guerre sont jugées scandaleuses par tous ceux qui voyaient là des sanctuaires inaliénables, notamment le président des Amis de la Forêt, André Billy, de l’académie Goncourt. Une commission consultative des réserves biologiques et artistiques est alors créée, présidée par Henri Flon, le secrétaire général du Conseil National de Protection de la Nature. En 1948, est fondée à Fontainebleau, l’Union Internationale pour la Protection de la Nature (UIPN) qui deviendra l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Elle vote alors une motion pour la création d’un parc national à Fontainebleau. Le 12 septembre 1953, Roger Heim, directeur du Muséum d’Histoire Naturelle, directeur de l’UIPN et membre de l’ANVL demande qu’une loi proclame « La forêt de Fontainebleau Parc National » ; le directeur des forêts, Merveilleux du Vignaux est alors d’accord demandant qu’on aménage d’abord les réserves artistiques, et qu’ensuite on réaménage « totalement le reste du massif pour en faire un Parc National vivant ». En 1953, la série artistique est scindée en 1070 ha de réserves artistiques et 552 ha de réserves biologiques dont 136 intégrales, mais les forestiers ne parlent plus de la seconde étape. En 1955, l’ANVL vote une motion réclamant un parc national à Fontainebleau ; son président est alors le forestier Clément Jacquiot, ancien gestionnaire de Fontainebleau avant guerre, qui reprend ensuite l’idée, avec d’autres, dans de nombreux articles, pendant 20 ans. Le 24 février 1957, des députés invitent le gouvernement « à défendre activement la forêt de Fontainebleau qui devrait, depuis longtemps, être érigée en Parc National ». Le 8 juin 1960, une loi sur les Parcs Nationaux est votée. Juste après, le 13 juin, à l’instigation de Roger Heim, l’Académie des Sciences déclare souhaiter « qu’à la faveur du projet de loi déposé au Parlement sur les Parcs Nationaux, l’ensemble du Massif de Fontainebleau soit proclamé Parc National intangible, dont la persistance sauvegarderait en outre le maintien des conditions climatiques auxquelles l’Ile-de-France est soumise ». Le 20 octobre 1960, « l’Assemblée des Professeurs du Muséum National d’Histoire Naturelle (...) rappelle que le Massif de Fontainebleau a constitué à travers les âges, et représente encore, un territoire de refuge pour les espèces végétales et animales dont certaines ont disparu partout ailleurs. Que de ce fait, le Massif de Fontainebleau offre au point de vue scientifique une valeur exceptionnelle et qu’il doit être à tout prix intégralement conservé non seulement comme l’un des sanctuaires les plus riches du territoire français, mais comme une part inestimable du patrimoine scientifique international. Que sa situation à proximité de Paris le désigne comme le plus précieux des espaces verts dont la conservation ou la création sont prévues par les pouvoirs publics. (...) Réclame en conséquence le classement 176 immédiat en Parc National de tout le Massif forestier de Fontainebleau conformément à la loi du 22 juillet 1960 ». Ensuite, le 19 novembre 1960, M. Merveilleux du Vignaux, directeur général des Eaux et Forêts, indique « que le règlement d’application de la loi du 22 juillet 1960 créant les Parcs Nationaux est en cours de rédaction et sortira dans deux mois ; les parcs seront ensuite créés par décret. Une certaine prudence s’impose dans le cas de Fontainebleau afin qu’il puisse bénéficier de l’expérience acquise avec les précédents [parcs]. Les associations intéressées, appuyées par les parlementaires de Seine-et- Marne, vont faire en sorte que Fontainebleau soit le deuxième Parc National bénéficiant de la nouvelle loi ». Dans le bulletin de l’ANVL de mars-avril 1962, on apprend que « la réalisation du Parc National de la forêt de Fontainebleau pourrait venir en quatrième position après ceux de la Vanoise, de Port-Cros et de Cauterets ». Mais, le massif de Fontainebleau ne sera finalement pas sanctuarisé. En 1965, selon les modalités de la loi du 2 mai 1930 relative à la protection des monuments naturels et des sites à caractères artistiques, historiques, scientifiques ou pittoresques, la forêt de Fontainebleau reçoit le statut de «site naturel classé», afin de la protéger contre toute atteinte à son intégrité territoriale et à son aspect général. C’est cependant un peu tard… Après ce classement, on ne parle pratiquement plus de projet de Parc National pendant près de 30 ans. En 1967, avec la suppression des réserves artistiques, les réserves biologiques sont maintenues sur seulement 415 ha dont 136 intégrales. Fontainebleau est ainsi un haut lieu naturel. Lors de la proposition d’inscription de Fontainebleau sur la liste des biens du Patrimoine mondial, en 1995, des critères écologiques sont aussi évoqués : ce site « où se rencontrent une faune et une flore exceptionnelle » est « la forêt de plaine la plus riche de tout l’ouest européen. Les espèces animales et végétales décrites par des spécimens récoltés à Fontainebleau sont très nombreuses et font l’objet d’études scientifiques ». « Ce massif est le premier exemple mondial de protection d’un milieu naturel pour sa valeur paysagère. Il a été le laboratoire de la protection de la nature, non seulement en France et en Europe, mais également dans le monde ». Par sa proximité à la capitale, par son réseau étoilé hérité d’une longue gestion cynégétique, par son image de nature pittoresque transmise par les peintres, la forêt de Fontainebleau est devenue l’archétype de la forêt pour le grand public. En ce même lieu, se superposent donc les fantasmes de nature sauvage ou domestiquée des citadins, les impératifs de sylviculture productive des forestiers, et les désirs de biodiversité maximale des naturalistes. Riche de par son patrimoine historique et biologique, la forêt de Fontainebleau, pour sa plus grande part gérée par l’ONF, est ainsi devenue, depuis plus de 40 ans, l’enjeu d’un vif débat sur sa gestion et sa protection, donc son statut. II) Fontainebleau objet de toutes les convoitises Le débat actuel sur l’utilité de créer un parc national à Fontainebleau n’est donc pas un phénomène nouveau, mais ce qui l’est, c’est le fait de ne plus être lié à une période de forte contestation de la politique forestière menée par l’État. 177 1) Quatre-vingt ans de conflits paysagers Si l’on met à part, les conflits sur les droits d’usage sous l’Ancien Régime, cette contestation commence vraiment au XIX° siècle. Au début de la Monarchie de Juillet, le journaliste Jules Janin, auteur du premier guide de la forêt, se fait le porte-parole des artistes, pour s’opposer à l’abattage des chênes du Bas-Bréau : « ô Sire ! (…) écoutez les plaintes du royal Fontainebleau ! Prêtez l’oreille aux gémissements partis des entrailles mêmes de l’antique forêt de François 1er et Louis XIV ! ô Sire songez aux artistes que vous aimez et qui vous demandent la grâce de leurs domaines ! Hélas ! Ils ne possèdent au monde entier que leur forêt de Fontainebleau ! Ici est leur patrie, ici est leur fortune ! A l’ombre de ces arbres, ils espèrent trouver leur gloire ! ô Roi ! écoutez-les et respectez les vieux chênes, l’honneur des forêts, la grâce du paysage, la leçon des artistes, leur repos et leur espoir ! » En 1839, paraît dans la revue « L’artiste », un article, rédigé pour certains à l’instigation de Théodore Rousseau, intitulé « La forêt de Fontainebleau. Dévastations », qui « proteste contre les destructions opérées par l’administration des Eaux et Forêts parmi les chênes proches de Barbizon ». Il y est développé l’idée que « les directeurs, conservateurs, inspecteurs et gardes des forêts (…) se font les corrélatifs des marchands de bois (et) se lèguent les uns aux autres une œuvre non interrompue de destruction, dont chaque époque est prévue cent ans à l’avance. (Les poètes et les artistes seraient eux) plus près de la nature que tous les autres ». Suite à ces textes et à d’autres actions comme la destruction de plants de résineux, Louis-Philippe interdit alors l’abattage de certains vieux chênes, notamment au Bas-Bréau : les coupes de régénération sont suspendues et on décide de conserver les plus vieilles futaies. En 1850, Jules Janin, s’adresse au Président de la République, Louis-Napoléon Bonaparte pour sauver de nouveau le Bas-Bréau : « (Les artistes) aiment d’un amour infini les grands paysages : ne défaites pas leur fortune ; ils ont choisi, pour leur rendez-vous de leur inspiration, les plus vieux arbres des plus vieilles forêts ! … Par grâce et par pitié, n’appelez pas la hache et la cognée afin de déraciner et de détruire ces vieilles écorces, l’objet innocent de leur amour. Voilà tout ce qu’ils demandent et tout ce qu’ils veulent ! Ils ont adopté la Forêt de Fontainebleau comme un rendez-vous sacré cher au peintre, au poète, au botaniste, au rêveur, et, les mains jointes, ils prient et supplient que tout au moins un petit coin de la vaste forêt soit respecté du bûcheron impitoyable. Hélas ! on a déraciné la mare aux Evées (…) ; on a ruiné la vallée de la Solle (…), et voici maintenant que le Bas-Bréau est menacé à son tour ! Le Bas-Bréau, ce merveilleux rendez-vous des plus beaux arbres, ce pêle-mêle élégant, cette réunion des plus beaux enfants de la terre nourricière ! Oui, et regardez l’écorce de ces beaux arbres, l’écorce est touchée du marteau mortuaire ! L’arbre est désigné à la prochaine cognée ». Au début du Second Empire, Denecourt s’érige à son tour en défenseur de la forêt comme objet culturel et artistique : pour protéger la forêt du « vandalisme » des carriers, il écrit une « Pétition à l’Empereur pour la conservation du côté artistique et pittoresque de la forêt de Fontainebleau », et une lettre aux hommes de goût intitulée « Grâce, pour la forêt de Fontainebleau ». « Grâce – grâce pour ce qui reste des beautés les plus intéressantes des forêts ! Grâce au nom des artistes, au nom des poètes, au nom de toutes les intelligences qui ont le sentiment du beau, le sentiment de la conservation des très belles choses que possède la France ! Tous les artistes, toutes les 178 personnes qui ont le sentiment du beau reconnaissent qu’à tant de titres, cette forêt sans rivale doit faire exception à la règle générale des forêts, c’est-à-dire que les 2500 ha qui sur différents points en composent à peu près la septième partie, et qui en représentent les plus attrayantes beautés, méritent d’être considérés, non plus comme sol d’exploitation, mais bien plutôt comme les galeries du plus précieux musée de sites et de paysages que possède la France et dont la conservation devrait avec raison être assimilée à celle des monuments historiques les plus dignes d’être sauvegardés ». Théodore Rousseau, devenu célèbre, utilise aussi ses relations pour sauver les chênes menacés et critiquer l’enrésinement : ainsi, écrit-il ceci au duc de Morny : « Monseigneur, permettez-moi de venir au nom de l’art vous demander justice contre des faits qui, depuis trente ans, attristent profondément les artistes. Je veux parler des dévastations qui se commettent par l’administration elle-même dans la forêt de Fontainebleau. Cette forêt, la plus antique de France, est aussi la plus remarquable par ses sites et son caractère tout particulier de grandeur et de beauté. (…) Pour les artistes qui étudient la nature, elle est ce que sont pour d’autres les modèles qui nous ont été laissés par Michel-Ange, Raphaël, Corrège, Rembrandt et tous les grands maîtres des temps passés. Et cependant, sous l’action incessante d’une administration mal comprise, elle tend chaque jour à dépérir, et je n’exagère pas en affirmant qu’avant dix ans, elle aura complètement perdu tout son caractère d’antiquité et de grandeur, et ne présentera plus qu’un aspect banal et monotone, si une autorité puissante n’arrête l’administration qui la régit. (…) Je n’ai point la prétention de demander la réforme du système forestier à Fontainebleau. Je sais que cette forêt doit donner aux finances un produit que de sages aménagements peuvent facilement faire rendre, mais je demande au moins que l’art ait sa place dans cette grande exploitation. Que les lieux qui sont pour les artistes des sujets d’étude, des modèles reconnus de composition et de tableau, soient mis hors d’atteinte de l’administration forestière qui les gère mal et de l’homme absurde qui les exploite. (…) Je vous demande protection, Monseigneur, pour ces vieux arbres qui sont pour les artistes la source où ils puisent leurs inspirations, leurs jours et leur avenir, et qui pour tous les visiteurs sont des témoins, souvenirs vénérables des âges passés. Si on reconnaît que les monuments des hommes, que les vieilles églises, les vieux palais doivent être conservés avec respect, ne serait-il pas aussi raisonnable d’ordonner que les plus sublimes monuments de la nature aient comme eux une tranquille fin ? » Louis-Philippe ayant fait cesser les coupes au Bas-Bréau, Napoléon III veut faire mieux. On demande alors à l’administration forestière de trouver des endroits à concéder aux artistes. Dans son projet d’aménagement de 1853, l’inspecteur des forêts Sthème signale 624 ha de « terrains perclus de bruyères et genévriers, parsemés de roches avec des arbres plus ou moins nombreux ». « Ces parties, déjà ruinées, sont souvent impropres à toute végétation et ne pourraient être mises en rapport que par des semis de pins sylvestres. Comme elles sont, pour MM. Les artistes, un sujet d’étude de prédilection, il convient tout d’abord de les laisser en dehors de l’aménagement ». C’est ainsi qu’il propose la mise en réserve de ces 624 ha. Cependant, il estime qu’il faudra quand même un jour couper les vieilles futaies, chères aussi aux artistes, car « leur conservation au-delà de l’époque où elles sont susceptibles d’une régénération aura pour résultat inévitable, dans un terme plus ou moins rapproché, la ruine non seulement des 179 peuplements existants, mais encore du sol qui, de longtemps, sera impropre à porter une nouvelle futaie. (…) Il serait à désirer, pour éviter autant que possible les récriminations à venir, que cette décision ne fut prise qu’avec l’avis d’un conseil choisi par MM. Les artistes ». Sthème est conscient que l’abandon de ces 624 ha ne suffira pas, et il met en garde ses supérieurs : « cette part est loin de satisfaire à toutes les exigences qui sont telles qu’à l’exception de quelques massifs insignifiants, la hache ne pourra être portée dans aucune futaie un peu âgée sans soulever de vives récriminations ». Cette concession faite aux défenseurs du paysage est très critiquée par certains forestiers ; ainsi en 1856, l’inspecteur Leclerc-Son Dumarais proteste « contre une des conclusions de la commission d’aménagement. Je veux parler de l’intervention des artistes. (…) Je crois qu’il y a danger à laisser les artistes s’occuper de nos affaires. Nous ne pourrions plus couper un seul arbre sans l’assentiment de ces messieurs qui sont en général, d’une nature fort exigeante ». Le projet d’aménagement de Sthème qui prévoyait le rajeunissement de la forêt en concédant 624 ha aux artistes n’est finalement pas approuvé ; une nouvelle commission d’aménagement est créée et rend son rapport en 1859. Le 13 août 1861, le premier aménagement de la forêt de Fontainebleau est approuvé ; par rapport à celui proposé par Sthème, il augmente la surface de régénération et augmente aussi la surface mise en réserves artistiques qui passe de 624 à 1097 ha en incluant les vieilles futaies demandées, sans atteindre cependant les 2500 ha réclamés par Denecourt. En concédant le Bas- Bréau, le Cuvier-Chatillon, Franchard, Apremont, La Solle et le Mont- Chauvet, l’administration forestière espère pouvoir gérer comme elle l’entend, c’est-à-dire en les régénérant par la méthode du réensemencement naturel et des éclaircies, les 13.723 ha qu’elle voue à la futaie régulière. Les forestiers s’opposent aussi à ceux qui veulent ouvrir la forêt aux touristes. Ainsi, Sthème donne mission à ses hommes d’ « effacer les peinturlurages » de Denecourt dont il ne supporte pas le « zèle artistique d’industriel spéculateur ». Celui-ci est aussi critiqué par d’autres détracteurs qui lui reprochent son prosélytisme responsable, en faisant venir en forêt une foule importunant les artistes, des incendies, dégradations, et nuisances subis par la forêt ; d’autres lui reprochent certaines initiatives, comme le creusage de cavernes sous roches, le percement de tunnels ou de passages à travers les chaos, voire l’inélégance et la surabondance de sa signalisation. Dès 1856, il répond à tous dans un texte intitulé « La guerre déclarée à mes sentiers ! » : « Humble initiateur de la forêt de Fontainebleau, (…) on dit que, par mes sentiers, j’ai gâté la forêt. (…) Quoi ! J’ai gâté la forêt de Fontainebleau en dessinant, en traçant ce léger fil d’Ariane au moyen duquel pourtant on peut visiter et explorer très facilement, très agréablement, plus de mille sites, plus de mille délicieux points de vue, qui, sans cela, seraient demeurés peut être longtemps encore ignorés !... Quoi ! J’ai gâté la forêt en mettant en lumière toutes ces belles roches, toutes ces mystérieuses grottes, tous ces arbres remarquables, tous ces innombrables et charmants paysages qui, jusqu’ici, étaient restés inaccessibles au pinceau de l’artiste comme au pas du promeneur. Quoi ! J’ai gâté cette forêt en la montrant dans toutes ses magnificences, en y créant jusqu’à des fontaines, ou plutôt en la transformant en une sorte d’Éden, en un jardin de fées, dont les milliers d’issues sont autant de galeries pittoresques ». Mais Denecourt ne parvient pas à faire taire ses ennemis. Après sa mort , en 1875 à 87 ans, un critique anonyme fera circuler ce sonnet : « Elle avait son secret, elle avait son mystère, Quand un amour fatal par Denecourt conçu, Fut un mal sans remède, il lui fallut le taire, Et lui, qui l’avait fait, n’en a 180 jamais rien su ! Toujours de tous côtés, il allait solitaire, Tâchant de découvrir un site inaperçu Il fut, inconscient, tout son temps sur la Terre, Esclave d’un mandat qu’il n’avait pas reçu. Cet homme, cependant que Dieu avait fait tendre, Perçait chemins, sentiers, partout, et sans entendre Le murmure d’horreur soulevé sous ses pas ! Ah ! s’il peut de là-haut, cet ami trop fidèle, Lire ces vers, sans doute il dira, rempli d’elle : « Mais quel fut donc mon crime ? » et ne comprendra pas ». En 1873, le forestier Paul Domet, dans son « Histoire de la forêt de Fontainebleau » critique vigoureusement les carriers, qu’il qualifie de« population assez nombreuse, remuante, difficile à contenter ». « Un lieu, charmant par sa pittoresque sauvagerie, est transformé en un affreux chaos, qui affecte péniblement la vue. Aux formes, si gracieuses, données par la nature à toutes ces roches bizarres, où le promeneur étonné se laisse aller, malgré lui, à rêver des ressemblances idéales, se substituent les contours monotones d’une succession de mamelons, uniformément composés de débris, aux angles aigus, aux arêtes tranchantes, enchevêtrés les uns dans les autres, et aussi rebutants à gravir que désagréables à voir ; la couleur harmonieuse, due à la patine du temps, disparaît et fait place, pour de longues années, aux tons criards et brutaux du grès récemment cassé ; en un mot, la main d’hommes grossiers vient briser, en d’informes scories, les statues merveilleuses que s’était complu à sculpter la main de Dieu ». « On peut, tout au moins, poser une barrière au mal, et empêcher la dévastation complète de cette poétique nature de Fontainebleau, qui a inspiré tant d’artistes, et dont la contemplation a été la principale école où se sont formés Lantara, au siècle dernier, Rousseau, Millet, Diaz, de nos jours, et d’autres, dont la renommée a élevé moins haut les noms ». Domet critique les carriers, pour détourner l’attention, à un moment où l’Administration des Eaux et Forêts veut répartir sur 1872, les coupes ordinaires non effectuées en 1870 et 1871. De là naît, en 1873, le « Comité de protection artistique de la forêt de Fontainebleau » qui veut « s’opposer par tous les moyens à la dévastation de la forêt ». Estimant que « la forêt doit être assimilée aux monuments nationaux et historiques » parce que c’est une création artistique, le Comité veut, comme Domet, faire limiter l’exploitation des pavés de grès qui altère les paysages, mais aussi faire surseoir « à la destruction de 13.298 chênes, 4828 hêtres et 1720 hectares de taillis », et faire passer les réserves artistiques à 2631 ha, en y incluant 1000 ha de futaies, comme le souhaitait Denecourt. Ces propositions sont reprises en 1876 par un sénateur et en 1877 par un député local ; ce dernier critique aussi les plantations de pins sylvestres et les coupes trop rapprochées dans les futaies assimilées à des actes de vandalisme, et demande l’arrêt de toute intervention des forestiers. Le directeur de l’administration des Eaux et Forêts dénonce alors les idées de ceux qui critiquent la politique menée, en avançant des arguments financiers, sylvicoles et sociaux d’accueil du public et explique qu’il faut régénérer les vieux peuplements pour assurer l'avenir de la forêt. Le parlementaire lui répond : « Ce ne sont pas les prédécesseurs de M. le Directeur général qui ont assuré la croissance de ces belles futaies ; c'est la nature qui nous les a données... Tout ce que nous redoutons, c'est qu'il prépare l'avenir ; nous désirons que ce soit la nature elle-même qui se charge de ce soin ». Ces débats ont lieu lors de la discussion du budget, car l’administration des Eaux et Forêts dépend alors du Ministère des Finances, ce qui oblige les forestiers à être soucieux de rendement. L’un d’eux écrit, en 1877, ce que d’autres pensent ou penseront plus tard : « La forêt de Fontainebleau a le fâcheux privilège d'occuper souvent l'attention publique: trop de conseillers officieux, plus ou moins compétents, se mêlent de ses affaires ». Dans ces 181 circonstances, le second projet d’aménagement de 1882 n’est pas approuvé, sans doute parce qu’il prévoit un grand nombre de coupes. Voici ce que son auteur pense alors des réserves artistiques : « L’abandon complet de ces terrains où le forestier ne peut porter la hache, ni même effectuer de repeuplements sans soulever les plus vives protestations est incontestablement regrettable. Il a pour conséquence, non seulement de laisser de vastes surfaces complètement improductives, mais encore de laisser disparaître sans retour de magnifiques peuplements. Cependant, la commission ne pense pas qu’il soit possible de lutter sur ce point contre l’opinion et estime qu’il y a lieu de maintenir cette section dite artistique ». Le « Comité de protection artistique de la forêt de Fontainebleau » concentre ensuite ses actions sur les réserves, et le climat s’apaise. De fait, la politique forestière évolue . En 1892, le second aménagement de Fontainebleau instaure à côté des séries de futaies régulières de feuillus et de résineux, 3000 ha de futaie irrégulière notamment dans les endroits les plus fréquentés et fait passer les réserves artistiques de 1097 à 1514 ha. Mais ses auteurs, comme leurs collègues de 1882, ont toujours du mal à admettre l’existence des réserves artistiques : « Il serait cependant indispensable au point de vue de l’intérêt général qu’on puisse y faire les exploitations et les travaux de repeuplement nécessaires pour assurer la perpétuité des massifs, réaliser les arbres morts et dépérissants, empêcher le sol de se dénuder, et surtout assurer le développement des essences précieuses, chêne et hêtre, dans les jeunes peuplements feuillus ». Manifestement, les forestiers locaux ont du mal à accepter cette politique des réserves qui semble leur être imposée par leur direction générale. En effet, il est dit, en 1895, dans la Revue des Eaux et Forêts, organe officiel de l’administration forestière, que comme la forêt de Fontainebleau est « le grand parc de Paris », « on ne doit pas la traiter et l'exploiter au point de vue des ressources qu'elle fournit au budget ». En 1904, Duchaufour, en rédigeant et en appliquant un aménagement très conservateur, « selon des vues esthétiques », augmente la surface en futaie jardinée, et fait passer les réserves artistiques à 1693 ha. « Par la nature du sol et sa pauvreté en éléments nutritifs, les peuplements souffrent en tout temps de la misère physiologique. De ce fait même, ces peuplements ont pris le caractère de variété, l’aspect pittoresque, le cachet esthétique en un mot, qui, joint au charme naturel des sites, sont la cause principale de la célébrité de la forêt, y attirent en foule les artistes et les promeneurs, sont l’objet d’un culte de la part de ses nombreux admirateurs et en font comme un véritable parc dont il faut conserver les beautés. La constitution de la réserve artistique répond à cette préoccupation. Englobant les sites les plus réputés en tout ce que la forêt contient en fait de vieilles futaies, elle n’est l’objet d’aucune exploitation et les arbres morts eux-mêmes y sont laissés sur pied de manière à ne pas altérer son caractère ». Duchaufour a ainsi intériorisé l’idée que la forêt de Fontainebleau est avant tout un « musée végétal » qu’il faut conserver. Toutefois, comme ses prédécesseurs, il n’exclut pas la possibilité d’intervenir dans les réserves : « Bien que l’absence de toute exploitation soit la règle pour la ‘série artistique’, il a paru utile de la partager en sept groupes correspondant à un même nombre d’années d’une rotation fictive. Ce pseudo-règlement n’a d’autre but que d’appeler les agents successivement sur toutes les parties de la section afin de les mettre à même de provoquer, le cas échéant, les opérations 182 culturales reconnues nécessaires. (…) Toutefois, ces opérations, qui ne devront dans aucun cas altérer le caractère artistique des peuplements, ne pourraient être effectuées qu’en vertu d’autorisations spéciales du directeur général des Eaux et Forêts ». De fait, en 1913, une exploitation d’arbres morts est faite dans les réserves ; si les naturalistes protestent, Defert, le vice-président du Touring-Club de France, défend l’attitude des forestiers en affirmant « la nécessité d'une conciliation entre le principe de la conservation des vieux arbres et l'intérêt de la forêt qui a besoin pour prospérer des rajeunissements nécessaires ». Ainsi, jusqu’au début du XX° siècle, c’est avant tout au nom de la perception paysagère, qu’artistes et naturalistes, soutenus par certains forestiers, s’opposent aux forestiers « productivistes » afin de défendre un paysage, le « musée vert », le « monument Fontainebleau ». 2) Quatre-vingt ans de conflits entre sylviculteurs et naturalistes Progressivement, au cours du XX° siècle, un glissement de valeur s’opère qui met en avant, non plus un point de vue artistique pour défendre un paysage muséïfié, mais un point de vue écologique, pour défendre un archétype de nature. En 1913, Henri Dalmon et l’ANVL proposent de transformer en parc national les parties sauvages de la forêt, une commission consultative de la série artistique entame une procédure de classement, et en 1914, un projet de loi visant à créer un tel « musée vivant de la nature », n’aboutit pas pour cause de guerre. Dans son plaidoyer pour la création d’un « parc national en forêt de Fontainebleau », Dalmon oppose « la forêt sauvage » des naturalistes, des artistes et du public, à « la forêt forestière » des forestiers destinée à l’exploitation et à l’adjudication. En 1927, les Naturalistes de la vallée du Loing sont partagés entre la critique de la gestion forestière, et la nécessité de s’appuyer sur les forestiers pour faire aboutir l’idée d’un parc national. En 1948, les membres de la Conférence Internationale pour la Protection de la Nature soulignent l’enjeu exceptionnel du massif forestier de Fontainebleau en matière de conservation de la diversité biologique et proposent donc, à nouveau, de le transformer en parc national. En 1950, les conflits semblent apaisés. Le forestier Philibert Guinier, pionnier de l’écologie forestière et directeur de l ‘école forestière de Nancy, critique alors les « diatribes de l’ ‘ami de la forêt’, Dalmon », mais écrit aussi ces lignes qui sont à méditer aujourd’hui. « Dans cette forêt de Fontainebleau où, pour la première fois, a été réalisée une réserve naturelle, mais où les conceptions des forestiers et des amis de la nature se sont bien des fois heurtées, un régime logique a pu être établi, susceptible de donner satisfaction aux uns et aux autres. Comme toujours, l'entente ne peut naître que de concessions mutuelles, et, surtout, d'une meilleure compréhension des faits. L'artiste et le touriste doivent se persuader qu'une forêt, organisme vivant complexe, évolue et qu'on ne la conserve pas comme un monument historique ; le biologiste doit consentir quelques menues concessions à des nécessités techniques ou administratives. Mais il faut aussi que le forestier, abandonnant le strict point de vue professionnel, admette que la forêt n'est pas une usine à bois, mais aussi un monument naturel et un 183 laboratoire en plein air ; délaissant les principes de la sylviculture, il doit accepter des manières d'agir qui, classiquement, sont anormales ». Pendant dix ans, forestiers et naturalistes vont dialoguer et se battre ensemble, comme nous l’avons vu, pour que l’Etat transforme l’ensemble du massif de Fontainebleau en parc national. A la mort de Philibert Guinier, en 1962, symboliquement deux hommes lui rendent hommage : le Directeur Général de l’Administration des Eaux et Forêts Merveilleux du Vignaux et le directeur du Muséum National d’Histoire Naturelle Roger Heim qui défendent de concert le projet de parc national à Fontainebleau ! Le conflit renaît après la suppression de l’Administration des Eaux et Forêts. Très vite après sa création en 1966, la politique de l’ONF est critiquée. Dès le début des années 70, à Fontainebleau, la mise en œuvre de l’aménagement de l’ONF provoque une levée de fourches. La conversion progressive de la forêt domaniale en futaie régulière, pour lutter contre « le vieillissement systématique de la forêt », fait l’objet de vives critiques. De nombreux naturalistes expliquent alors que la richesse écologique de Fontainebleau est due à l’ancienne gestion forestière de l’Administration des Eaux et Forêts (donc à l’aménagement de Duchaufour), car elle a permis longtemps la cohabitation de vieux peuplements avec des parcelles gérées en taillis-sous-futaie ou en futaie irrégulière. On dénonce la « gestion drastique » de l’ONF, les coupes à blanc, les reboisements résineux, les traitements chimiques des sols, la suppression de certaines réserves, et le changement global d’aspect de la forêt. De nombreuses protestations s’élèvent alors ; ainsi, en 1972, celles des entomologistes, Chassain et Ruter : « L’année 1970, pourtant officiellement consacrée à la protection de la nature a vu se développer à son paroxysme la plus formidable guerre d’extermination jamais entreprise de mémoire d’homme contre nos forêts françaises, et tout spécialement contre la plus belle d’entre elles : la magnifique forêt de Fontainebleau, si chère aux habitants de la région parisienne. (...) Il faut le crier bien fort, la forêt est un bien national ; elle appartient de ce fait à tous les Français et ne doit pas être traitée comme la propriété personnelle de ceux qui ont pour mission de la conserver, de l’entretenir et de l’embellir, mais non pas de l’exterminer ! Or, il serait trop facile de démontrer que les forestiers actuels ne laisseront à leurs successeurs qu’une forêt amoindrie et incomparablement moins belle que celle qui leur aura été confiée ». La même année, Clément Jacquiot, ancien conservateur à Fontainebleau et membre de l’ANVL, dénonce aussi l’aménagement en estimant que « la forêt de Fontainebleau est mise en péril par la technique des coupes rases », et prône le maintien d’une forêt permanente. De même, l’Association des Amis de la Forêt de Fontainebleau s’insurge contre les coupes rases. Face à cette contestation émanant de certains naturalistes et même de certains forestiers, le directeur général de l’ONF, M. Delaballe, contre- attaque. « Depuis quelques mois se développe dans une certaine presse, des attaques contre la gestion de certains domaines forestiers confiés à l’Office. C’est le cas notamment dans la région parisienne de la forêt de Fontainebleau ». Il cherche à mobiliser ses 184 troupes en leur confirmant « la politique courageuse suivie par les forestiers pour maintenir le patrimoine dont ils ont la charge et dans le cas de Fontainebleau, le sauver de la dégradation et de la ruine » dont les forestiers rendent responsable leur prédécesseur Duchaufour. Les difficultés techniques rencontrées s’ajoutant à ces critiques, en 1972, la surface de régénération de la première série est ramenée à 209 ha/an, au lieu de 237. Mais la polémique est loin d’être close, et va perdurer tout au long des années 70. En 1976, parait ainsi un virulent factum contre « les vrais destructeurs de la forêt », intitulé « France, ta forêt fout le camp ! » Préfacé par Théodore Monod, professeur au Muséum, ce livre est signé par quatre auteurs, dont des syndicalistes forestiers de terrain. Le but de leur livre est de « rééduquer ceux qui (...) bétonnent, empoisonnent ou arasent nos forêts », et notamment « ceux qui, responsables, en font autant avec la forêt publique par le biais d’un organisme constitué tout exprès pour cela ! ». Les forestiers ont beau arguer que l’artificialisation et l’exploitation des espaces boisés sont faites pour le plus grand bien de l’homme et de la forêt, ils ont énormément de mal à se faire entendre. Ainsi Henri Morel : « Les questions forestières restent assez mal connues du grand public. (...) Pour bon nombre de naturalistes, même ardents partisans de la protection de la nature, ‘la forêt pousse toute seule’. Ils méconnaissent ainsi les efforts des praticiens qui la gèrent et, chose plus importante, le fait qu’elle est cultivée, façonnée par les interventions humaines. Ils ne voient pas que sans ces interventions, elle se trouverait en déséquilibre. (...) Le forestier souffre souvent de n’être pas compris, de sentir que son travail est méconnu ». Ou encore François Mangin d’Ouince, le directeur régional à Fontainebleau : « Il est un mythe qu’il faut détruire, c’est celui de la forêt vierge, paradis terrestre où le citadin peut renouer contact avec la nature et se retremper dans ses forces vives. C’est faux, une telle forêt n’est pas accueillante (...). La forêt prend cet aspect fermé qu’ont actuellement les 600 hectares des réserves biologiques de Fontainebleau... Constatez que la forêt abandonnée à elle-même ne convient guère à l’homme, le parcours étant perturbateur et dangereux ». En ce « temps du mépris et des heurts », les arguments de l’ONF restent dénigrés par certains naturalistes qui nient la compétence de ces « technocrates » maniant « la langue de bois ». Sûrs d’eux, les forestiers, tel Mangin d’Ouince, estiment qu’ « entre les apprentis sorciers de la Protection de la nature et les forestiers héritiers d’une longue expérience, le public n’hésitera pas si on lui dit la vérité ». A cette époque, le productivisme est de rigueur et soulève partout l’opposition des protecteurs de la nature ; lorsque les ingénieurs de l’ONF sont critiqués pour leurs actions à Fontainebleau, ceux des DDA le sont pour leur politique de remembrement et d’arasement des haies. Dans les années 80, l’ONF, pour des raisons techniques, abandonne les coupes et rases et les plantations au profit des coupes progressives et des semis, et révise en 1987 l’aménagement ; comme de plus, les responsables forestiers de Fontainebleau changent la communication s’améliore un peu, et un début de dialogue, commence à s’instaurer notamment avec « les Amis de la Forêt ». Néanmoins, l’action 185 des forestiers continue à faire l’objet de critiques, parfois virulentes, du grand public contre les coupes rases, et des associations contre les modalités de rajeunissement de la forêt. A partir du début du second septennat de François Mitterrand, ce paysage associatif se transforme radicalement. En 1988, le « Comité pour l’Avenir du massif forestier de Fontainebleau » est créé à l’initiative du général Brésard, un dissident des l’AAFF. Il réclame l’abandon rapide du plan d’aménagement de 1970 et l’instauration d’un nouveau qui soit satisfaisant pour le public et respectueux de l’écologie. En novembre 1988, le CAMF adresse au gouvernement un dossier sur Fontainebleau. En 1988, l’Association des Amis de la Forêt de Fontainebleau entreprend la rédaction d’un « Livre vert » publié en 1990. Elle reproche à l’ONF l’ampleur des régénérations, les techniques utilisées, l’enrésinement, la place trop restreinte accordée au hêtre, l’uniformisation de la forêt par le traitement unique en futaie régulière et le reboisement des vides, l’accroissement des coupes et l’abattage systématique des arbres très âgés, et une mauvaise politique de gestion des réserves biologiques. Dans une vision constructive, ce Livre vert se conclut par des souhaits et des suggestions. Comme les critiques les plus importantes portent sur la dégradation de la valeur écologique du massif, l’ONF et les associations demandent, consensuellement mais pas de conserve, que l’avis du Muséum soit sollicité pour résoudre les conflits soulevés par la gestion de la forêt de Fontainebleau. En 1989, le président Mitterrand demande « l’étude d’un statut spécial pour le massif de Fontainebleau afin de mieux le protéger », et recommande que « les associations soient appelées à faire part de leur avis et observations sur les recommandations de la commission scientifique avant qu’elles ne soient, le cas échéant, mises en œuvre par l’ONF ». Cette commission scientifique, présidée par Jean Dorst et animée par Patrick Blandin, est alors créée pour donner son avis sur l’état de la forêt et établir des recommandations pour sa gestion future. Deux mois après qu’une tempête ait abattu 120.000 m3 de bois à Fontainebleau, elle remet son rapport au ministre, le 3 avril 1990. Pour celui-ci, ce rapport « relève une convergence d'objectifs entre le ministère de l'agriculture et de la forêt et son gestionnaire, et les associations regroupant les usagers de la forêt. Il ne remet pas en cause, fondamentalement, la gestion du massif. Il propose quelques voies à explorer pour accroître la diversité biologique de la forêt et rendre sa gestion patrimoniale encore plus exemplaire ». De fait, la commission Dorst cherche à calmer les esprits : « Il faut sortir d’un débat qui pourrait s’éterniser : nous croyons que cela est possible, si tous les partenaires veulent bien se rassembler autour d’un projet commun, qui soit conçu à la mesure des enjeux de ce temps. (…) Chacun doit s’interroger. Cela peut faciliter une réelle concertation entre tous les partenaires, en vue d’assigner au Massif de Fontainebleau un objectif réellement fédérateur. Celui-ci pourrait être de faire du Massif un lieu exemplaire de gestion active du patrimoine naturel ; un lieu exemplaire d’harmonisation des objectifs patrimoniaux et de l’accueil nécessaire et souhaitable du public ; un lieu exemplaire d’éducation à l’environnement naturel ; un haut lieu de recherche scientifique, depuis la recherche fondamentale 186 jusqu’à la recherche finalisée et la recherche-action qui permettront l’expérimentation de méthodes de gestion fondées sur des bases de plus en plus rationnelles ». Ensuite, elle analyse les raisons des conflits. « Depuis 1970, la gestion de l’ONF se traduit en particulier par un accroissement sensible des coupes », source de polémiques. Mais si l’ONF applique désormais « une politique de gestion patrimoniale d’espaces naturels et de ressources naturelles renouvelables, (...) d’où viennent les difficultés, les incompréhensions ? Les principes de gestion présentés par l’ONF ne seraient-ils pas suivi d’effet sur le terrain ? La sylviculture pratiquée est-elle uniformisante, au lieu d’assurer le respect de la richesse et de la diversité du milieu ? Lorsqu’ils parlent d’espaces naturels et de ressources naturelles renouvelables à gérer patrimonialement, les forestiers se contentent-ils de désigner seulement des espaces boisés, où une sylviculture économiquement impeccable permet l’exploitation régulière d’essences judicieusement choisies ? Le patrimoine naturel ne serait-il que de l’argent sous forme de bois, et non une richesse biologique ? » . La commission suggère de faire varier la structure d’âge des peuplements, d’étudier l’intérêt des peuplements mélangés et irréguliers pour maintenir la richesse biologique, et de garder des individus âgés parmi les essences principales pour la préservation des invertébrés. En somme, la commission Dorst préconise pratiquement l’abandon de l’aménagement de 1970, et suggère quasiment à l’ONF de revenir à celui de 1904 ! Mais, la Commission estime aussi que « l’ONF, en assurant l’unité de la gestion, est le meilleur garant de l’adéquation efficace des actions aux objectifs », et elle pense comme les AAF que « le rôle dévolu à l’ONF dans la gestion (du massif) devrait être non seulement maintenu, mais augmenté ». La Commission recommande de garder les réserves existantes, mais aussi de repenser leur fonctionnement. « Les réserves biologiques domaniales ne doivent pas être considérées comme des espaces concédés à la protection de la nature en compensation d’une gestion non patrimoniale menée partout ailleurs. (…) Toute réserve biologique est un lieu de prédilection pour des observations naturalistes et des recherches scientifiques. Mais, il ne faut pas qu ‘elles apparaissent comme simplement un « cadeau » fait à une caste privilégiée s’appropriant des espaces pour sa seule satisfaction. La justification des réserves découle de l’importance attribuée par la société au patrimoine naturel. Elles ne peuvent être interdites que si l’incompatibilité d’une certaine fréquentation avec la pérennité des milieux et des espèces est probable. Sinon, les espaces « patrimoniaux » doivent offrir au public la possibilité de découvrir son patrimoine, ou tout au moins ce qui est suffisamment accessible à l’observation. La fonction éducative des différentes réserves doit donc être définie avec soin. Bien entendu, les recherches scientifiques doivent y être rendues possibles, mais en aucun cas elles ne doivent en être la justification exclusive ». La Commission pense que l’idée d’une conservation dynamique serait probablement bonne, mais concevoir un réseau mobile de réserves est particulièrement délicat. En attendant, « il ne peut être question de déclasser les réserves existantes, mais on peut toujours en créer d’autres, par mesure de précaution ». En conclusion, la Commission estime que « faire du Massif de Fontainebleau un espace où les impératifs d’une gestion patrimoniale sont combinés avec le maintien des usages sociaux diversifiés dont il fait l’objet est un objectif ambitieux mais raisonnable ». Pour arriver à une telle gestion patrimoniale, 187 elle recommande d’étaler temporairement dans le temps le programme des coupes, de réaliser un bilan scientifique, de réaliser des cartes thématiques, de mettre sur pied un Conseil Consultatif composé de scientifiques et d’associatifs, d’élaborer des programmes scientifiques, de s’insérer dans le réseau « NATURA 2000 », d’élaborer un dossier de proposition de Réserve de la Biosphère. Enfin, elle rappelle que l’idée de faire du Massif de Fontainebleau un parc national est ancienne, mais comme le concept juridique actuel s’inscrit toujours dans le cadre de la loi de juillet 1976 sur la protection de la nature qui s’appuie sur une vision de la nature fixiste et dépassée, cette idée n’est pas réalisable . Suite à ce rapport Dorst, le ministère lance, en 1991, trois projets qui vont s’étaler dans le temps, et modifier les données du débat, sans que certains protagonistes des conflits se rendent compte que le contexte est en train de changer. Ce sont la réflexion sur la gestion des forêts périurbaines, le classement du massif en forêt de protection, et la rédaction du nouvel aménagement de la forêt domaniale de Fontainebleau. - Cette nouvelle politique aboutit d’abord à la promulgation, le 7 avril 1992, d’un décret relatif à la gestion des forêts domaniales périurbaines. En fait, ce texte contient presque tout ce que demande le CAMF du général Brésard. Il concerne notamment le maintien de la richesse biologique, la mise en œuvre d’une sylviculture la plus naturelle possible en évitant la banalisation et l’uniformisation du milieu, la diversification des essences, le maintien des landes et des milieux humides même peu productifs, la création de nouvelles réserves biologiques, la préservation des paysages, le classement en forêt de protection des massifs les plus exposés, la concertation permanente avec les usagers, les élus, les administrations et les associations, Néanmoins, la revue « Combat Nature » estime encore en 1992 que la forêt de Fontainebleau risque « de ne pas survivre à la coalition de ceux qui la ‘grignotent’ et de ceux qui la ‘gèrent’ ». - Auparavant, en 1991, le ministre de l’Agriculture avait demandé au préfet de constituer un dossier de classement de tout le massif en « forêt de protection ». Cette longue procédure concerne l’État, les 37 communes et 8000 propriétaires forestiers privés et doit permettre de mieux protéger les parcelles domaniales et privées contre l’extension des emprises routières, urbaines, agricoles ou extractives. Mais pour certains opposants, ce statut de forêt de protection ne changera rien, si la gestion forestière de l’ONF n’est pas modifiée. Le classement ne sera effectif qu’en 2002, mais pendant plus de dix ans son ombre planera sur les débats. - Enfin, le 21 mars 1991, une directive du Ministre de l’Agriculture, tenant le plus grand compte du rapport Dorst, a demandé au Directeur Général de l’ONF de réviser par anticipation l’aménagement de la forêt domaniale de Fontainebleau qui était prévu pour finir en 2000. La lettre de mission est très claire : « Pour tenir compte de l'évolution des demandes et des progrès des connaissances et des techniques, un nouvel aménagement prendra effet en 1995. Il sera appuyé sur des analyses approfondies auxquelles les spécialistes scientifiques compétents seront étroitement associés. Sans renoncer au rajeunissement indispensable de la forêt, les traitements sylvicoles tiendront le plus grand compte des paysages qu'ils chercheront à préserver dans toute leur richesse et leur diversité ; en particulier, l'impact visuel des coupes de régénération sera limité. 188 L'élaboration de cet aménagement constituera une excellente opportunité pour développer le dialogue entretenu tant par les services du ministère de l'agriculture et de la forêt que par ceux de l'Office National des Forêts avec l'ensemble des partenaires et usagers intéressés par l'avenir de la forêt domaniale de Fontainebleau et, généralement, du massif forestier ». En 1991, Myriam Legay, une jeune ingénieure, fortement influencée par l’enseignement en écologie forestière de Jean-Claude Rameau, est chargée de rédiger le nouvel aménagement de Fontainebleau. Pendant 5 ans, elle suit les principes édictés par le rapport Dorst , en multipliant notamment les études préalables. Son travail est poursuivi en suite par Pierre Leroy. En 1998, l’aménagement Legay-Leroy est envoyé aux ministères, mais il n’est promulgué qu’en 2004. Le nouvel aménagement 1996-2015 de Fontainebleau comprend notamment des règles de gestion favorisant le maintien de la biodiversité et la préservation des paysages grâce à une sylviculture plus diversifiée et nuancée ; il prévoit l’augmentation de 416 à 1800 ha des réserves biologiques et la création d’environ 1200 ha de séries d’intérêt écologique particulier ; il prescrit l’allongement des cycles de vie des chênes, et l’étalement des coupes de régénération, etc. Ce statut, créé en 1922, pour les forêts de montagne, a été étendu en 1930 aux bois et forêts, publiques ou privés, situé à la périphérie de grandes agglomérations. Il interdit tout changement d’affectation ou tout mode d’occupation du sol de nature à compromettre la conservation ou la protection des boisements. Alors qu’en ce début des années 1990, le dialogue a repris entre forestiers et naturalistes, la longue durée du classement de l’ensemble du massif en forêt de protection qui concerne de nombreux acteurs parfois introuvables, et la longue élaboration de l’aménagement de la forêt domaniale de Fontainebleau, due en partie aux soins mis à suivre les prescriptions du rapport Dorst, font que durant les deux-tiers des années 90, le débat va être faussé, parce que tous les protagonistes n’ont pas les mêmes informations. 3) Vingt ans de débats sur la création d’un parc national Alors que les critiques anti-productivistes de la gestion de l’ONF apparaissent à certains de moins en moins admissibles, d’autres acteurs moins bien informés vont relancer le débat sur la création d’un parc national, dans le but de faire retirer à l’ONF la gestion de la forêt domaniale. Considérant que la gestion de l’ONF est néfaste, donc illégitime, ils vont utiliser le concept de parc national comme une arme anti-ONF. La place de l’ONF dans la future gestion d’un massif devenu parc national devient l’un des enjeux du débat, voire du combat, qui s’ouvre alors et qui porte sur le statut à donner à la forêt de Fontainebleau pour assurer au mieux sa protection. En 1993, Samuel Baunée, qui a été exclu de l’AAFF, crée un « Comité pour un Parc national à Fontainebleau », pour « sauver l’une des plus belles forêts d’Europe, menacée par la gestion désastreuse de l’ONF qui sacrifie la diversité à la rentabilité ». Ce CPNF dont la profession de foi demandant la création d’un Parc National est signée par de nombreuses personnalités scientifiques, milite pour le classement de la forêt en parc national, le premier en plaine de France. Il pense que seul ce statut donnerait les moyens financiers de mener, sous la surveillance du comité scientifique du parc, une 189 véritable gestion forestière patrimoniale durable, substituant une logique de protection à une logique de production. Il rêve de faire coïncider la décision politique du classement avec le 50ème anniversaire de la création de l’UICN, en octobre 1998. Le président de la Société Nationale de la Protection de la Nature, François Ramade, est président d’honneur du CPNF. Il estime que « dans le contexte de dégradation de la nature sans cesse accrue, propre à cette fin de siècle, la transformation en parc national de la forêt de Fontainebleau apparaît comme l’ultime chance de conserver l’exceptionnel ensemble vivant et l’unique patrimoine culturel et historique qu’elle représente ». Pour Didier Carbiener, « les objectifs du futur Parc national de la forêt de Fontainebleau » doivent être « satisfaire le public en lui demandant en contrepartie de respecter la forêt, maîtriser le activités de loisir, reconquérir la qualité biologique de la forêt là où elle a été perdue, assurer la production de bois, car il n’y a aucune raison d’abandonner cette fonction de la forêt, reconstituer parallèlement des noyaux étendus de forêt sans exploitation ». Selon un sondage, 91% des Français sont favorables à cette idée de parc national à Fontainebleau. De nombreuses personnalités scientifiques compétentes, ainsi que l’UICN, l’UNESCO, l’ANVL, le CAMF, les Verts soutiennent le projet. Mais, ni l’ONF, ni l’AAF, ni même le ministère de l’Environnement ne voient l’utilité de créer un tel parc. Jusqu’en 1994, l’ONF est réticent au nouveau statut de forêt de protection, jugeant le projet trop compliqué ; mais depuis cette date, il se présente comme l’initiateur de ce classement qui ne remet pas en cause son monopole de gestion et qu’il perçoit comme un pis-aller face au statut de parc national. Les forestiers se battent contre ce dernier projet, à cause du caractère artificiel de la forêt, de la production économique du massif, et de sa fréquentation touristique. Ils estiment qu’ « il faut trouver une autre structure, ne pas appeler ça un parc national ». Si l’AAF est opposée au plan d’aménagement de 1970, elle pense avoir contribué à faire infléchir la gestion de l’ONF, notamment en étant associé à l’élaboration du futur plan d’aménagement pour 1996-2015, et s’élève contre ceux qui se permettent de critiquer l’ONF. Le président de l’AFF, René-Pierre Robin, estime que le statut de parc national pourrait remettre en cause la production de bois, et n’est pas valable pour une forêt périurbaine quadrillée de routes et fréquentée : « Nous ne voulons pas d’un sanctuaire pour scientifiques dont les manants seraient exclus ». Les membres de l’ANVL, du CAMF, et du CPNF accusent, eux, l’AFF d’être « la courroie de transmission de l’ONF ». « Les lobbies des golfeurs, des représentants des champs de course et des chasseurs qui craignent que le parc ne constitue quelques contraintes sont très actifs en son sein ». M. Robin réplique en disant que l’AAF pratique « le compagnonnage sans copinage ». En parallèle, à ce débat d’idées, des actions extrémistes sont menées par certains « écologistes », durant l’année 1994. Estimant que le dialogue est impossible, le groupe "Bleau-Combat" s'est lancé dans l’action illégale pour dénoncer la "gestion traumatisante" de l’ONF. De mai à décembre, trois "écoguerriers" scient des panneaux ONF, taguent la maison forestière du directeur régional, ensablent le 190 moteur d’un tracteur de débardage, plantent des clous sur des troncs d’arbre destinés à être abattus, cisaillent des grillages, arrachent un millier de plans de cèdres. Après des mois de cache- cache sylvestre, Samuel Baunée, Christian Peccoud, et François Guyot sont arrêtés le 19 décembre 1995 et passent trois semaines en détention provisoire. Ces actions illégales ont comme principale conséquence la médiatisation par la grande presse des débats sur le statut de Fontainebleau. En mai 1995, M. Carrez, le nouveau directeur général de l’ONF, affirme que le nouvel aménagement conciliera « la protection de milieux naturels exceptionnels avec une importante fréquentation du public », et avec un niveau de production de bois, « dont l’intérêt pour apporter les ressources nécessaires à la surveillance, à la protection et à l’accueil du public dans la forêt ne doit pas être négligé ». Néanmoins, le CAMF et le CPNF continuent à demander que l’intégralité de la forêt ait une gestion non productiviste avec une diversité d’essences, que les hêtres ne soient pas systématiquement éliminés, que les zones humides ne soient pas détruites par drainages, etc. Ils veulent toujours la création d’un parc national qui aurait aussi l’avantage, pour eux, de supprimer la chasse. Si M. Carrez estime que le statut de parc national « serait une situation inadaptée aux problèmes spécifiques de la forêt de Fontainebleau, tant sur le plan juridique que sur le plan technique »,le nouveau directeur régional de l’ONF, Yves Richer de Forges se dit « ni pour, ni contre un parc national », mais ne voit pas l’intérêt d’une« superposition d’administration ». Le 15 juin 1996, le COSIROC (Comité de défense des sites et rochers d’escalade), association chargée avec d’autres de la gestion des sites naturels d’escalade, se déclare favorable au statut de forêt de protection pour le massif de Fontainebleau, favorable au projet de création du Parc Naturel Régional du Gâtinais français, et contre le projet de parc national. Dans un long texte, il développe un argumentaire correspondant à celui de la plupart des opposants au parc national. Il estime « qu’en l'état actuel des textes, le statut de parc national est irréaliste pour la forêt de Fontainebleau, parce qu’il il faudrait fermer à la circulation l'autoroute A6 et les deux nationales à quatre voies (N5 et N7) qui la traversent, et sans doute aussi les voies ferrées ! (…) La délimitation d'une zone périphérique semble peu compatible avec la zone urbaine de la ville de Fontainebleau, sauf à amputer une fois de plus la forêt. Les lisières et bornages de la zone centrale seraient alors soumis à une pression accrue de la spéculation immobilière, car l'appellation « parc national » est un outil de marketing fabuleux pour les promoteurs de tout poil ». « Le label « parc national » risque d'augmenter inutilement cette fréquentation en n'attirant pas seulement des amateurs de nature préservée, mais des curieux plus consommateurs que respectueux de l'environnement ». Dans ce même texte, le COSIROC prononce aussi un terrible réquisitoire contre les EcoGuerriers, quatre mois avant leur procès. Il exprime, noir sur blanc, ce que beaucoup pensent, ce que certains disent, mais ce que personne n’écrit. « Qu'est donc le « Comité pour un parc national à Fontainebleau » ? Ce comité a été créé en 1993 par des dissidents de l'Association des amis de la forêt de Fontainebleau (AFF). 191 Pour des raisons « médiatiques », il a désigné un ennemi, l'ONF, qu'il livre en pâture au grand public. Certes l'ONF n'a pas toujours été à l'abri de tout reproche en ce qui concerne la forêt de Fontainebleau, ceci du fait que sa mission principale est l'exploitation forestière rentable et la production de bois. L'AFF a plusieurs fois critiqué les coupes à blanc dans les parcelles où la régénération naturelle semblait encore possible, et les atteintes aux fameuses « séries artistiques » devenues réserves naturelles. Aussi, l'AFF a publié en 1990 un Livre vert dans lequel de nombreux problèmes de protection sont analysés en profondeur et des mesures concrètes sont suggérées. Depuis quelques années les responsables de l'ONF à tous les niveaux reconnaissent que les forêts domaniales de Fontainebleau et des Trois-Pignons ont pour vocation principale l'accueil du public plus que la production de bois. Suivant l'ONF, le volume des coupes a été ramené à environ 50 000 m3 par an, soit moins que la croissance annuelle. Un effort notable a été également fait pour protéger les paysages en répartissant mieux les coupes dans l'espace et dans le temps. L'accusation d'enrésinement abusif au dépens des feuillus, portée par le Comité, ne tient donc pas devant l'examen des statistiques : au cours des 20 dernières années, la proportion des surfaces plantées de feuillus a légèrement augmenté et non pas diminué, et dépasse actuellement 50%, au profit du chêne d'ailleurs plutôt que du hêtre. Les soutiens de nombreuses personnalités et organisations dont le Comité a fait état ont été obtenus pour la plupart, soit par copinage universitaire, soit par publipostage basé sur des slogans simplistes du style: « sauver Fontainebleau » ou « la forêt en péril ». Comment refuser sa caution à une telle action de « sauvetage », surtout quand on habite loin et que l'on connaît mal les problèmes de protection de forêts péri-urbaines. Mieux vaudrait se poser des questions sur l'absence totale de signatures d'habitants influents ou d'autorités locales, élus ou fonctionnaires, dans ce coin de la Seine-et-Marne. (…) A la fin de 1994, le Comité a commis ou encouragé plusieurs actes délictueux confinant au vandalisme ordinaire, tels que le « taggage » de panneaux et l'arrachage de jeunes plants de cèdres, voire au terrorisme comme le cloutage d'arbres devant être coupés à la tronçonneuse et le sabotage d'engins de chantier. Plusieurs membres du bureau du Comité, dont le président, ont passé les fêtes de Noël 1995 sous les verrous et sont désormais mis au ban des organisations de défense de la forêt ou des sites, sans parler des forestiers et des autorités politiques ou administratives. Le Comité se veut l'héritier des anciennes revendications de parc national formulées par les défenseurs du massif de Fontainebleau, mais oublie que ces revendications sont antérieures à leur statut qui date en France de 1960. A cette époque l'idée de parc national était ce qu'on imaginait de mieux pour la protection, par référence aux réalisations américaines. Il ne faut donc pas confondre les besoins actuels de protection du massif de Fontainebleau avec ce qu'est réellement le statut français des parcs nationaux, qui est aujourd'hui parfaitement inadapté au degré de protection souhaité pour ce massif forestier péri-urbain». Au procès des éco-guerriers, en octobre 1996, le procureur demande, "à titre exemplaire", une peine de prison ferme, parce que les prévenus "ne sont pas des défenseurs de la nature mus par un idéal, mais des délinquants au comportement dangereux, manipulateurs et malhonnêtes". Arguant que "ce procès est l’affrontement de deux philosophies différentes", les avocats soutiennent que "l’opacité de certaines administrations, doublée d’une conception marchande du service public, a interdit le dialogue et poussé à l’utilisation de la violence". Les prévenus qui avaient reconnu les faits sont finalement 192 condamnés, à 70.000F de dommages et intérêts, à des travaux d’intérêt général et à 3 à 6 mois de prison avec sursis. Le projet de certains élus locaux, franciliens de créer un PNR du Gâtinais voit finalement le jour en 1997 en incluant dans son territoire une partie des zones, périphérique et même centrale, potentielles d’un éventuel parc national Certains pensent que cette création, approuvée par le Conseil National de Protection de la Nature et le ministère de l’Environnement, a pour but de rendre impossible celle d’un Parc National. Lors du cinquantenaire de l’UICN, célébrée à Fontainebleau en 1998, la création de la Réserve de Biosphère du pays de Fontainebleau est décidée. Une nouvelle recommandation du rapport Dorst se concrétise ; celle-ci a pu voir le jour, grâce à l’alliance d’un naturaliste, Jacques Leconte, et ‘un forestier, Yves Richer de Forges, aujourd’hui disparus. En décembre 1998, la ministre de l’Environnement, Dominique Voynet, demande, à Jean Dorst, d’animer une nouvelle commission, un Groupe de Réflexion sur l’Avenir de la Forêt de Fontainebleau, afin d’étudier la possibilité d’y créer un «parc national». Lors de la première réunion, certains des participants ont la surprise de constater que Xavier de Buyer qui avait mis en œuvre l’aménagement tant décrié de 1970 en fait partie. Cette nomination, par le corps forestier, d’un tel représentant est très mal perçue par certains qui voient là une provocation. Le rapport Dorst 2, remis, le 27 avril 1999, se conclue ainsi : « Alors que le Parc National a la faveur des associations de naturalistes et de certains scientifiques, le Conservatoire Périurbain de la Nature semble mieux répondre à l’attente des associations d’usagers du massif et de certains élus, tandis que la transposition en droit national du statut de Réserve de Biosphère est soutenue par certains scientifiques et des élus locaux qui défendent un dispositif global de protection et de développement durable du Pays de Fontainebleau. En revanche, l’ensemble des membres du Groupe s’accorde pour doter l’organisme gestionnaire du massif bellifontain d’un Comité Consultatif de suivi de la gestion afin d’instaurer une gestion concertée du massif. L’adoption d’une structure nouvelle de protection des espaces naturels périurbains comblerait une lacune du droit français de l’environnement. Appliquée pour la première fois à Fontainebleau, cette mesure nouvelle permettrait à Fontainebleau de renouer avec son passé en jouant ainsi un nouveau rôle dans l’histoire nationale de la protection de la nature ». En fait, le groupe estime que le statut de parc national tel q’il est alors, n’est pas applicable à un territoire périurbain où il est impossible de créer une grande zone centrale d’un seul tenant. Lorsque le 20 mai 1999, un sénateur demande à la ministre ce qu’elle en pense, elle répond que la question est caduque ! C’est ainsi que l’idée de la création d’un parc national est enterrée pour dix ans. Si tout le monde veut protéger la forêt de Fontainebleau, tout le monde continue à ne pas avoir la même conception de la protection, ni la même perception des dangers qui menacent le massif... L’histoire des 180 années de conflits qui ont eu pour objet le massif forestier de Fontainebleau, et plus particulièrement la gestion de la forêt domaniale, mérite d’être connue aujourd’hui, car elle nous montre que les débats actuels n’ont rien de nouveau, et que les conflits passés ont souvent été résolus par des dialogues constructifs comme ce fut notamment le cas dans les années 1850 et 1950, ou entre 1989 et 1992. En guise de conclusion 193 En décembre 1999, la tempête Lothar abat 300.000 m3 de bois en forêt de Fontainebleau : pour certains, c’est la preuve qu’il faut une sylviculture raisonnée interventionniste récoltant les arbres assez tôt ; pour d’autres, cela prouve que la nature arrive toujours à faire les « coupes » nécessaires à la régénération des forêts. Le 14 avril 2006, la loi relative aux parcs nationaux est modifiée, ce qui potentiellement lève des obstacles à la création d’un parc national à Fontainebleau. Outre Jean Dorst, la secrétaire Geneviève Humbert, et un modérateur, le philosophe Dominique Bourg, le groupe comprend trois collèges. Citons, dans celui des élus, Jean-Pierre Le Poulain, Jean-François Robinet et Jean-Jacques Boussaingault ; dans celui des associations, le Général Brésard, Christian Peccoud, René-Pierre Robin et Gilles Naudet ; dans celui des scientifiques et experts François Ramade, Patrick Blandin, Xavier de Buyer et Philippe Bruneau de Miré. Le groupe auditionne onze personnalités dont Jacques Lecomte, Yves Richer de Forges, Gérard Tendron, et Brice de Turckheim. Mis en œuvre en 2007, le Grenelle de l’Environnement invite à la création de parcs nationaux de plaine, et notamment d’un parc national forestier. Ce n’est pas Fontainebleau qui est proposé par l’ONF, mais un parc bourguignon, vers les sources de la Seine, en forêt domaniale de Châtillon. A cette occasion, l’AAF renouvelle son opposition à un parc national à Fontainebleau. Au milieu des années 2000, l’ONF initie, au niveau national, une démarche « Forêt Patrimoine », visant à labelliser des opérations de cogestion forestière avec les collectivités locales et les associations. Actuellement, les forêts domaniales de Bercé et de Fontainebleau sont les territoires les plus avancés dans cette démarche de concertation. En 2009, l’ANVL renouvelle ses vœux pour la création d’un parc national à Fontainebleau, et incite les communes du massif bellifontain à réfléchir à l’application de la nouvelle loi de 2006 sur les parcs nationaux. En novembre 2009, M. Frédéric Valletoux, maire de Fontainebleau lance le processus de réflexion qui nous réunit aujourd’hui. L’histoire est maintenant en marche. In fine, méditons ce que Philibert Guinier écrivait en 1950 : « Entre forestiers et protecteurs de la nature, il y a trop souvent incompréhension et antagonisme. L'entente est possible et fructueuse : l'exemple de Fontainebleau en est la preuve ». Olivier Nougarède, Institut National de la Recherche Agronomique Département SAE2, Unité MONA 65 boulevard de Brandebourg 94205 Ivry sur Seine cedex 194 ANNEXE 33 : Réponses aux questions posées par la synthèse générale provisoire du 29 mai 2010 Par MM. Guillaume BRICKER, Jean-Philippe SIBLET, Olivier TOURNAFOND Membres du collège des naturalistes et des scientifiques Complément aux travaux du collège 26 juin 2010 TABLE Introduction I.- La question posée : un parc national utile, souhaitable et faisable A) Le caractère faisable §1 La compatibilité du classement en parc national avec les activités existantes § 2 La compatibilité du classement en parc national avec les infrastructures routières et ferroviaires existantes §3 La compatibilité des survols aériens avec le parc B) Le caractère utile du parc §1) L'insuffisance des statuts actuels §2) L'intérêt propre du parc C) Le caractère souhaitable §1) Le caractère adapté de la réglementation §2) L'absence de transfert réel du pouvoir de police administrative §3) La valeur juridique de la charte du parc Conclusion provisoire II.- Synthèse générale Introduction : Ce document a pour objet de répondre aux objections principales opposés à la création d'un parc national à Fontainebleau, en soulignant bien que certaines questions fondamentales ne pourront être traitées que dans le cadre du Groupement d'intérêt public à créer. Suite à la décision du Comité directeur du 29 mai 2009, les allusions faites à la réglementation ou à la délimitation du parc national ne sont faites qu'à titre général et sans prendre position. Le collège scientifique et naturaliste s'est intéressé à l'ensemble des aspects tant écologiques, sociaux et économiques de la création du parc national, dans la mesure où ses aspects doivent être abordés de façon conjointe et équilibrée. On ne peut en effet imaginer de traiter d'une activité sans aborder, même de façon liminaire, les questions écologiques et réciproquement l'impact d'une opération économique sans envisager les deux autres questions. 195 I.- La question posée : un Parc national utile, souhaitable et faisable 1. Nous interprétons la question posée, même si elle n'a pas une formulation ni générale ni absolue ainsi : - le parc est-il faisable, au regard des critères légaux du code de l'environnement ? - le parc est-il utile, dans le sens où il apporterait des réponses à une situation insatisfaisante ? - le parc est-il souhaitable, dans le sens où l'on doit analyser les contraintes et les avantages qui ressortiraient de son application ? A) Le caractère faisable 2. Nous interprétons la faisabilité du parc comme la compatibilité de son statut avec la situation existante tant au regard des qualités intrinsèques de son territoire que des obstacles existants. A cet égard, le collège relève que personne ne conteste que le massif de Fontainebleau possède les qualités visées à l'article L. 311-1 du code de l'environnement et justifiant le classement en parc national, c'est à dire "lorsque le milieu naturel, particulièrement la faune, la flore, le sol, le sous-sol, l'atmosphère et les eaux, les paysages et, le cas échéant, le patrimoine culturel qu'ils comportent présentent un intérêt spécial et qu'il importe d'en assurer la protection en les préservant des dégradations et des atteintes susceptibles d'en altérer la diversité, la composition, l'aspect et l'évolution" : il n'y a donc plus lieu d'y revenir. §1 La compatibilité du classement en parc national avec les activités existantes 3. Dans le cœur, le décret de création et la charte fixe les conditions dans lesquelles les activités existantes peuvent être maintenues. Il convient de rappeler que l’orientation qui a été adoptée dès l’origine de la loi de 2006, est de montrer la compatibilité du statut du parc avec les activités existantes plus que d’imposer des contraintes nouvelles qui ne seraient justifié en rien. Une étude complète que seul le groupement d'intérêt public pourrait réaliser devrait permettre de déterminer activité par activité : 1° Si l'activité est compatible avec la protection du site; 2° Si l'activité sans être incompatible doit faire l'objet de mesures réglementaires particulières; 3° Si l'activité tout en étant incompatible peut faire l'objet de mesures de compensation pour en permettre la continuité sous une forme ou une autre. 4. Sans viser aucune activité en particulier, il est inévitable de dire que chacune est perturbatrice et à des degrés différents : pollution chimique, productions de déchets, érosion, sur-fréquentation, piétinement, perturbation ou régulation des espèces, prélèvements sauvages, disparition de la vocation forestière par création de parcages, pratiques tout terrain. Nous estimons comme le comité de pilotage du 29 mai 2010 l’a fait observer, il ne semble pas qu'il y ait d'objection de fond à l'instauration d'un parc national dans ces constations, qui ne sont pas différentes de celles des parcs nationaux existants. Si certaines activités peuvent présenter des inconvénients ou des perturbations du milieu, le parc national pourra être une solution nouvelle. 196 § 2 La compatibilité du classement en parc national avec les infrastructures routières et ferroviaires existantes Le code de l'environnement ne prévoit aucune disposition spécifique concernant ces infrastructures. D’une manière générale ces infrastructures sont considérées en général comme inévitables en Ile-de-France et pourront être difficilement remises en question, sauf peut-être celles qui se sont avérés nuisibles et inutiles. En se posant la question de l'impact écologique réel de ces infrastructures et de savoir si elles constituent un véritable obstacle, nous nous proposons de répondre que l'impact, aussi évident qu'il soit, pourrait être réduit grâce à la création du parc qui proposerait des mesures nouvelles et justifierait des moyens financiers pour assurer une meilleure compatibilité entre l'intérêt du site et ses coupures. Cette question est donc moins une objection à la création du parc qu'un moteur de celle-ci. §3 La compatibilité des survols aériens avec le parc Il y aura lieu d’opérer une distinction importante entre l’aviation de tourisme, dont l’impact est limité et l’aviation commerciale dont l’impact sur la biodiversité est beaucoup plus préoccupant : par vent d’est en direction d’Orly, on relève un bruit important d’aéronefs survolant le massif et générant une pollution sonore importante... Si la présence des survols aériens n'est pas incompatible avec le parc, la situation peut être largement améliorée grâce à la création de celui-ci, dans l'intérêt des espaces naturels comme des habitants. B) Le caractère utile du Parc Nous interprétons comme utile, un parc national qui tout en répondant aux missions assignées par la loi répond aux problèmes du massif dans son état actuel. §1) L'insuffisance des statuts actuels Il nous apparaît immédiatement que les statuts actuels ne permettent pas de répondre à ce que l'on peut attendre d’une gouvernance adaptée à la complexité du massif. Les problèmes sont les suivants : 1° problème écologique : - nécessité de passer d'une gestion industrielle et commerciale (que cela soit le gestionnaire relevant du secteur public que du secteur privé) à une gestion conforme aux obligations de la France au regard de ses engagements européens (Natura 2000) et internationaux - nécessité de donner une labellisation scientifique à l'ensemble des mesures de gestion; 2° problèmes économiques et sociaux : - besoins de moyens pour l'Office national des forêts ou tout autre opérateur pour qu'ils accomplissent les coûteuses tâches d'accueil, d'information et de gestion (érosion d'origine humaine par exemple) du public dans les meilleures conditions pour son équilibre économique; - nécessité de compenser financièrement les mises en renouvellement naturel; 197 - nécessité de donner une lisibilité du territoire à des fins de canalisation des touristes; 3° problèmes de gouvernance : - meilleure association des collectivités locales à la gestion du massif, et amélioration de la surveillance et de la coordination dans ce domaine des différents services de l’Etat Si l'on observe attentivement l'ensemble des réglementations, mesures de gestion ou labels applicables au massif de Fontainebleau, on ne peut que constater leur insuffisance à répondre à ces problèmes. La gouvernance ne peut être assurée de manière suffisante et cohérence du fait de la multiplication des comités officiels (comité scientifique et des usagers de la forêt de protection, comité de pilotage Natura 2000, comme des comités ad hoc sans valeur légale ou avec une valeur limitée d'un aménagement forestier ou à la bonne volonté indéniable de l'Office national des forêts mais limitée à ses seules ressources (comité des réserves biologiques, comité Forêt Patrimoine). En outre la composition de ces commissions ne sont pas homogènes et n'assurent pas une représentation de l'ensemble des acteurs. Le Site classé 1 malgré son intérêt à titre de reconnaissance de la qualité du territoire notamment du point de vue pittoresque naturel ou culturel n'assure qu'une protection foncière et ne prévoit aucune mesure de gestion particulière. Par ailleurs, il ne s’oppose pas à «la gestion normale des fonds ruraux » et ne peux donc, à priori, avoir d’impact sur la gestion forestière. La Forêt de protection 2 (ainsi que les autres régimes de protection) interdit la suppression du couvert forestier théorique mais n'a aucune action sur la gestion menée de manière unilatérale par l’Etat : multiplication des coupes depuis 40 ans, enrésinement, priorité donnée à l’exploitation économique du bois, etc... En outre des détourages ont été fait autour des infrastructures routières qui ont largement compromis la continuité écologique du massif : ex RN 7, ex RN 6, rond-point de la Croix de Montmorin, pseudo-échangeur de la Croix d’Augas, etc... Natura 2000 3 ne peut être considéré comme insuffisant, mais il est d'une autre nature : il est moteur de la protection et impose le recours à l'arsenal des réglementations du code de l'environnement mais aussi à la mise en place de mesures de gestion purement environnementales qui, en admettant même leur efficacité, sont souvent insuffisantes car sectorielles. 1 Par arrêté du 2 juillet 1965 (JORF du 1er février 1966, p. 908), la forêt bénéfice toutefois de la législation des sites classés. 2 Par décret en mars 2002, la forêt de Fontainebleau est classée en "forêt de protection" au titre du Code forestier français avec la constitution d'un comité consultatif comprenant des associations d'usagers du massif. Ce statut prévoit un régime forestier spécial qui entraîne une restriction de la jouissance du droit de propriété : tout défrichement est notamment interdit ainsi que toute implantation d'infrastructure. 3 Par arrêté conjoint du 20 octobre 2004, le ministre de la défense et le ministre de l'écologie et du développement durable ont classé le massif de Fontainebleau au titre de la législation Natura 2000 (zone de protection spéciale). Par décision de la Commission européenne en date du 7 décembre 2004, la forêt a été intégrée dans la liste des sites d'importance communautaire (zone spéciale de conservation) pour la zone biogéographique atlantique. Un comité de pilotage présidé depuis 2008 par la commune de la Rochette assure la surveillance du site Natura 2000 ainsi constitué. 198 Certains dispositifs nous semblent avoir montré la voie de la création du parc national et pourrait trouver dans sa création l'accomplissement de leur mission : il s'agit de la Réserve de Biosphère 4 (reconnaissance internationale de l'UNESCO mais sans valeur réglementaire et qui n'est pas actuellement une agence de gestion) et des Maisons de Bornage dont le réseau préfigure les maisons du Parc. §2) L'intérêt propre du parc 1e) L'amélioration de la gouvernance et de la gestion scientifique 5. A la différence des comités ad hoc ou relevant d'une législation spécifique, le conseil d'administration du parc dispose d'une compétence générale sur l'ensemble des sujets exposés : il présente l'intérêt d'assurer une représentation de l'ensemble des acteurs du territoire. Par ailleurs, la création d'un conseil scientifique opérationnel nous paraît extrêmement utile pour valider les décisions en matière d'aménagement, de gestion ou d'activités. 2e) Le contrôle des activités nouvelles 6. Pour les activités de loisirs nouvelles (parapente, paramoteur, autre...) il faudra en examiner au cas par cas l’impact. Pour les coupes nouvelles, il convient de s'interroger sur le principe d’une nouvelle orientation de la gestion forestière conforme aux exigences de la biodiversité et de la protection esthétique des paysages. La question de la compatibilité de l'activité purement économique se pose. Pour les infrastructures routières nouvelles (rocades, ronds points, etc...) et les survols aériens nouveaux (augmentation du trafic, création de nouveaux couloirs), seul le parc national pourra légalement affirmer leur limitation sinon leur interdiction. 3° Les tâches d'information, d'éducation et de surveillance Sans omettre leur mission de surveillance aux agents du parc (mission attribuée déjà notamment à l'ONF et au SERFOB), c'est sur l'aspect d'information et d'éducation des publics que le parc national pourra accomplir le plus utilement son travail de prévention. Il est incontestable de dire que l'ONF a mis l'ensemble des moyens dont il pouvait disposer pour accomplir cette mission, mais il apparaît sans contestation que ses moyens financiers sont insuffisants au regard de la taille, de l'importance et de la fréquentation du massif. Cette situation particulière du massif ne peut que conduire à la conclusion qu'il convient d'assurer à titre plus général une telle mission par le parc national. 4 En 1998, le massif est reconnu comme "réserve de biosphère" par l'UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) (10ème réserve de biosphère française). Sans valeur réglementaire, cette réserve comporte plusieurs zones : - "la zone centrale" composée des "réserves biologiques intégrales ou dirigées" est sous protection forte, - la "zone tampon" la forêt domaniale protégée où l'homme peut exercer des activités raisonnées (30 000 ha), - une aire périphérique de "transition" (45 000ha) sur 65 communes et constituée par le parc naturel du Gâtinais. Il existe une Association de la Biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais 199 Comme le soulignait des acteurs engagés dans les activités de loisirs lors de la réunion du comité de du 29 mai 2010, cette mission peut être également assurer par des agents privés qui s'engageraient auprès du parc national à respecter une charte de bonne conduite tout en dispensant auprès de leurs clients ou membres une information agréée par la direction du parc. C) Le caractère souhaitable 7. Nous interprétons comme souhaitable, un parc national qui tout en répondant aux missions assignées par la loi permet la continuité des activités traditionnelles voire les faciliteraient dans une certaine mesure. Dans ces conditions, il s'agit d'établir que les règles et le nouveau mode de gouvernance ne présentent pas d'obstacles insurmontables ou rédhibitoires. Comme il a été souligné avec sagesse lors de la réunion du comité de pilotage plénier du 29 mars 2010, il apparaît que la liberté totale d'une activité peut être exercée au détriment des autres activités : c'est donc moins une question de réglementation qui se posera (sinon ponctuellement) que de régulation et d'arbitrage au cas par cas. Cette régulation implique non seulement une approche globale et participative avec la présence au sein de l'organe de gestion de ceux même qui sont concernés mais aussi de moyens sans doute de surveillance mais encore et surtout d'information et d'éducation des publics. Conformément à la décision du comité directeur nous n'envisageons aucune des mesures réglementaires ni un zonage participer. Nous faisons observer à titre général que les mesures réglementaires doivent présenter un caractère adapté et qu'elles n’entraînent pas de transfert réel de compétences de police ou de planification au détriment des collectivités territoriales. §1) Le caractère adapté de la réglementation 8. Nous estimons que l'article L. 331-4-1 du code de l'environnement ne doit pas être interprété comme imposant une réglementation générale et absolue mais au contraire une réglementation adaptée. Cet article dispose "La réglementation du parc national et la charte peuvent, dans le cœur du parc, fixer les conditions dans lesquelles les activités existantes peuvent être maintenues ; soumettre à un régime particulier et, le cas échéant, interdire la chasse et la pêche…la circulation du public quel que soit le moyen emprunté, toute action susceptible de nuire au développement de la faune et de la flore et, plus généralement, d’altérer le caractère du parc national. Elles réglementent en outre l’exercice des activités agricoles, pastorales ou forestières. 9. En droit, il faut le répéter le verbe "pouvoir" signifie que l'administration n'est pas tenue d'appliquer l'ensemble du texte, mais peut choisir les mesures parmi celles que la loi lui propose et sous certaines conditions. Il convient en effet de rappeler qu'en France, le principe est la liberté et l'exception l'interdiction. Il ne peut y avoir d'application d'une réglementation particulière que si elle est justifiée au regard des circonstances de temps et de lieu. Les mesures envisagées doivent être "nécessaires, adaptées et proportionnées au résultat cherché, à savoir le maintien de l’ordre public dans le respect des libertés publiques " (Note sous Conseil d’Etat, 12 mars 1986, Préfet de police de Paris contre Metzle). L’arrêt Benjamin de 19 mai 1933 prohibe les interdictions générales et absolues. Trois points sont importants 200 dans la jurisprudence en matière de police : plus la liberté est considérée comme fondamentale, plus le pouvoir de police est restreint; avant de prendre une mesure d’interdiction, il faut d’abord chercher à concilier ordre et liberté; enfin, les interdictions générales dans le temps et l’espace sont le plus souvent censurées. Ces limites posées au pouvoir de police l’empêchent donc de porter gravement atteinte aux droits et libertés des individus. 10. S'opposer au parc national sur le fondement purement préjugé d'une réglementation particulièrement restrictive serait ainsi commettre une erreur de droit. Concernant les activités de loisirs pratiquées depuis toujours comme la promenade, la randonnée, l’escalade, l’équitation, la promenade des chiens, la Loi ne permet une telle interdiction que si elle est justifiée et nous ne voyons que de rares exceptions là où certains voit une règle générale; en ce qui concerne la régulation de la faune sauvage, nous relevons que l'article 9 du décret de création modifiée après la loi 2006 5 du parc national des Cévennes permet les activités cynégétiques et que de toute façon il n'existe pas une telle interdiction absolue et que l'on ne peut se priver d'une telle régulation en l’absence de grands prédateurs au regard des risques pour la circulation routière; en ce qui concerne la cueillette des champignons ou de fleurs : la réglementation du parc ne changera rien à la situation puisque les articles R. 331-1 et R. 331-2 du code forestier, déjà applicables, l'interdisent dans tous les bois et forêts de France : il n'existe aucune raison de modifier la tolérance existante, à l'exception bien sûr des espèces protégées, ce qui revient à la situation actuelle. En ce qui concerne la gestion forestière proprement dite, il existe un débat ancien et difficilement contournable, mais qui ne nous paraît pas devoir être abordé à ce stade. On notera que le statut de forêt de protection a été appliqué avec discernement alors qu'il permettait en principe une réglementation potentiellement lourde : les forêts de protection sont soumises à un régime forestier spécial pouvant entraîner la réglementation de : l’aménagement, l’exercice du pâturage et des droits d’usage, le régime des exploitations, les fouilles et les extractions de matériaux 6. D'autre part, la fréquentation du public peut être réglementée ou interdite en même temps que la circulation, le stationnement de véhicules motorisés et le camping sont interdits en dehors des voies et des aires spécialement aménagées en application de l'article du code forestier. S'il n'a pas été jugé justifié d'appliquer une telle réglementation maximaliste dans ce cadre, il n'y a pas lieu de le faire dans le cas du parc national, sauf ponctuellement. 11. Il nous est facile de démontrer que la pratique réglementaire actuelle des parcs nationaux est assez libérale en la matière. Dans le cas du parc de la Guadeloupe dont le décret de création a été 5 Décret n° 2009-1677 du 29 décembre 2009 pris pour l'adaptation de la délimitation et de la réglementation du Parc national des Cévennes aux dispositions du code de l'environnement issues de la loi n° 2006-436 du 14 avril 2006 6 Pour un exemple relativement à la compatibilité des activités pétrolières avec l'application du statut à la forêt de Fontainebleau, voir CE avis N° 357397 du 16 mai 1995 ou encore pour une carrière, voir CE 24 juillet 1987 "M. Ravinetto" N° 44164 et 50367 Rec. 268). 201 mis en conformité avec la loi de 2006 par un décret de 2009 7, on peut lire que les activités agricoles existantes à la date de publication du présent décret et régulièrement exercées sont autorisées (article 12) et que les activités artisanales et commerciales existantes, ou prévues au programme d’aménagement, et régulièrement exercées à la date de publication du présent décret sont autorisées (article 13). De toute façon, il ne semble que l'on commenterait une erreur de fait cette fois-ci en appliquant une législation d'un parc national sans implantation humaine ou limitée à un parc national présentant un caractère périurbain. 12. Nous notons en conclusion que non seulement le parc national n'impose par lui-même une réglementation rédhibitoire, mais encore que toute mesure restrictive devra être scientifiquement et juridiquement justifiée. En posant par prétérition que le parc national imposerait sans discernement des mesures d'interdiction générales et absolues serait sans fondement et conduirait à se priver de tout débat contradictoire. Ce serait également contraire à la pratique légale et réglementaire actuelle. §2) L'absence de transfert réel du pouvoir de police administrative 13. Le statut du parc national prévoit que le directeur du parc national exerce en lieu et place des autorités de police un certain nombre de pouvoir de police administrative notamment rurale. Si l'article L.331-10 : "Le directeur de l’établissement public du parc national exerce, dans le cœur du parc, les compétences attribuées au maire pour la police de la circulation et du stationnement, la police des chemins ruraux, la police des cours d’eau, la police de destruction des animaux nuisibles… ", cette disposition ne changera rien sur le fond du droit . En effet, la majeure partie du parc national se trouvera sur une propriété relevant du domaine de l'Etat (la forêt domaniale de Fontainebleau), pour lequel les prérogatives de police du domaine sont déjà exercées par l'Etat et ses établissements. En toute hypothèse, les maires ne disposent pas des moyens légaux pour faire exécuter ces polices rurales sur le territoire relevant de l'Etat. Nous estimons au contraire que cette disposition rendra effective la mise en cohérence de la réglementation sur l'ensemble du massif, le fait que cela soit le directeur du parc qui exerce désormais ces prérogatives théoriques est un apport important du statut, puisqu'il permettra une efficacité plus grande. §3) La valeur juridique de la charte du parc 14. Certains membres du comité de pilotage soulignent que la charte du parc prévaudra sur tous les autres documents de gestion du territoire : "La charte du parc national définit un projet de territoire traduisant la solidarité écologique entre le cœur du parc et ses espaces environnants" (art.L.331-3) et "Dans un délai de trois ans à compter de l’approbation de la charte, doivent être rendus compatibles avec les objectifs de protection définis par la charte, le document de gestion de l’espace agricole et forestier, les orientations régionales forestières, les schémas régionaux de gestion sylvicole des forêts privées, les documents d’aménagement des bois et forêts du domaine de l’Etat, le 7 Décret n° 2009-614 du 3 juin 2009 pris pour l’adaptation de la délimitation et de la réglementation du parc national de la Guadeloupe aux dispositions du code de l’environnement issues de la loi n° 2006-436 du 14 avril 2006 202 plan départemental des espaces, sites et itinéraires relatifs aux sports de nature ou le plan départemental des itinéraires de promenade ou de randonnée, le schéma départemental de gestion cynégétique, les orientations régionales de gestion et de conservation de la faune sauvage et de ses habitats, le schéma régional de développement du tourisme et des loisirs…" (art.R. 331-14). C'est tout l'intérêt de la charte de s'appliquer ainsi pour mettre en cohérence l'ensemble de ses documents de planification : l'intérêt étant d'éviter des disparités territoriales. Il faut souligner que les documents relatifs à la forêt de protection, au site classé, ou au parc naturel régional doivent être également pris en compte par la plupart des documents de planification : c'est un mécanisme classique que l'on retrouve dans la législation et donc pas seulement dans les forêts domaniales. C'est le cas par exemple des parcs naturels régionaux. En outre, on ne peut craindre une telle mise en cohérence, puisque la charte repose essentiellement sur le travail des collectivités territoriales en charge de ces autres documents de planification. Conclusion provisoire 15. A toutes les objections fondées sur un argumentaire en rapport avec la réglementation, il convient de répondre par un travail scientifique et juridique précis que seul pourra accomplir le groupement d'intérêt public en tant que personne morale autonome et disposant des moyens financiers et techniques. II.- Synthèse générale 16. Pour répondre au document provisoire de synthèse générale présenté lors de la réunion du comité de pilotage plénier du 29 mai 2010, le collège scientifique et naturaliste présente l'avis suivant : 1° Mieux gérer les flux touristiques et 4° Mieux valoriser l'image d'un territoire d'exception La notoriété du territoire est déjà reconnue, le parc ne fera que la confirmer sans aggraver particulièrement la situation, il convient par contre de prendre des mesures pour d'une part en réduire l'impact sur les milieux (mesures de canalisation et de lutte contre l'érosion) mais aussi d'autre part d'en assurer la récupération financière au bénéfice du territoire qui en subissait actuellement les conséquences et enfin de mettre en place un dispositif d'information et d'éducation pour l'ensemble des publics. 2° Mieux gérer les flux routiers : Si la voirie existante n'interdit pas le parc national, on doit relever que le développement de voirie nouvelle n'est pas souhaitable, par contre l'aménagement et la réduction de l'impact des voiries existantes doivent être un des objectifs du parc national. 3° Mieux assurer les règles de protection existantes : Contrairement aux apparences, les mesures de protection actuelles sont, d'abord et avant tout, des mesures de protection foncière. Il convient de mettre en place des mesures de gestion que seul un établissement ayant une compétence générale peut assurer. On entend par mesures de gestion, certes des mesures de régulation des publics, mais aussi d'information et d'éducation, de restauration des milieux 203 ou encore d'insertion du parc national dans le secteur économique en compatibilité avec les objectifs écologiques et sociaux. 5° Placer la forêt au cœur d'un projet de territoire : La rédaction de la charte avec les collectivités territoriales, la présence au conseil d'administration de l'ensemble des acteurs du massif de Fontainebleau, l'unicité de la politique sont autant de gages de bonne gouvernance et d'affirmation du projet de territoire. 6° Tenir compte des usages existants : Sauf cas particulier, il faut assurer la reconnaissance des usages existants comme faisant partie du patrimoine culturel du massif de Fontainebleau. Ces usages n'ont pas été considérés, toujours sauf exception, comme facteur de dégradation ou de perte de biodiversité. Par ailleurs, à la différence de la situation actuelle où les différentes autorités agissent de manière unilatérale (même si une concertation limitée a pu être envisagé), le parc national fait l'objet d'une prise de décision collégiale. 204 ANNEXE 34 : Réunion du Collège Economie et Tourisme Relevé de conclusions 26 mai 2010 La participation de nouveaux membres est actée. Il s’agit de : - Madame Isabelle CHANCLUD animatrice du sud Seine-et-Marne pour la Chambre d'agriculture ; - Monsieur Olivier NICOL, Géomètre du département de Seine-et-Marne ; - Monsieur Raphaël TREMBLEAU, délégué du CRPF (Centre Régional de la Propriété Forestière) ; - Monsieur Richard DUVAUCHELLE, Compagnie Française d’Hôtellerie. Le compte-rendu de la première réunion du Collège, datant du 11 mai 2010, est validé et sera donc disponible sur la plate-forme Internet du forum « Fontainebleau Parc national ». En prévision de la deuxième séance plénière du Comité de pilotage, le samedi 29 mai 2010, le Collège Economie et Tourisme a mis en forme ce que le Parc national pourrait signifier dans les domaines du tourisme et de l’économie, ainsi que les questions à rapporter à l’ensemble des membres du Comité de pilotage. 205 Pratiques actuelles Inconvénients d’un Parc national Activités de nature Restriction des usages. Exemple de la chasse Avantages d’un Parc national - Modularité des réglementations, selon l’exemple du Parc national des Calanques ; Développement de la valeur pédagogique dans les activités en cours sur le territoire d’un Parc national, par la formation et la sensibilisation à ces thématiques du personnel encadrant. - Qui sera en charge de déterminer les restrictions d’usages des activités sur le territoire du Parc national, en zone cœur comme en zone d’adhésion ? - Se dotera-t-on de moyens ad hoc pour faire respecter les règles applicables aux activités ? - Les usages commerciaux des activités de plein air donneront-ils lieu à une indemnité d’usage ? En ce cas, un modèle de participation équitable pourrait-il être édicté ? - Un plan d’aménagement pourra-t-il être mis en place, afin de déterminer une échelle des prix en vigueur sur l’ensemble du massif ? Concurrence accrue pour les acteurs Hausse de la clientèle, du fait de la notoriété du statut locaux, auxquels la chasse est de Parc national aujourd’hui confiée. - Quelles pourront-être les réglementations économiques de la gestion des populations animales du massif ? - Comment seront distinguées les règles relatives au décret de création, et celles imputables aux autorités de gestion ? Fréquentation abusive du massif, Recherche par les visiteurs de guides qualifiés, afin de générant de multiples dégradations. bénéficier d’une sensibilisation aux particularités de ce milieu labellisé - La zone d’adhésion ne courra-t-elle pas un risque de détérioration, du fait des contraintes moindres qui lui sont applicables ? - Le statut de Parc national ne peut-il pas décourager les visites, de par une certaine stigmatisation des comportements et des consciences ? - Un équilibre pourra-t-il être trouvé, entre protection du milieu et développement économique et touristique ? Gouvernance Attractivité Questions connexes 206 Exploitation forestière Récolte Risque de délocalisations, du fait des contraintes accrues (exemple du trafic routier) Activités culturelles Le massif de Fontainebleau dispose Château de d’une dimension culturelle Fontainebleau particulière, au regard du paysage des Parcs nationaux français. Elle ne doit Site de Barbizon pas disparaître au profit de la valorisation des activités coutumières sur le territoire d’un Parc national. Situation des entreprises Attraction du fait de la valeur du label « Parc national », en termes de développement durable. - Quelles incidences la création d’un Parc national aura-t-elle sur les producteurs, et les consommateurs ? - Quelles seront les contraintes applicables à l’activité de récolte sur la zone cœur d’un Parc national ? Quelles en seront les conséquences économiques pour cette filière ? - De quelle manière le Parc national impactera-t-il les entreprises proches du territoire concerné ? Complémentarité des dimensions culturelle et écologique en termes d’attractivité touristique. 207 ANNEXE 35: Parc des Calanques Eléments portant sur la mise en conformité des activités des personnes morales de droit privé se trouvant dans le périmètre du parc et le règlement du parc Est-ce que toutes les activités présentes sur ce périmètre sont référencées dans la Charte en précisant lesquelles sont strictement interdites ou quels encadrements ou techniques doivent être utilisées pour qu’elles demeurent sur ce périmètre ? Ou, est ce que l’Etablissement Public du Parc National passe un contrat de partenariat avec l’ensemble des représentants des différentes activités fixant les obligations des professionnels ? Le Parc national des Calanques n’est pas encore créé, et le GIP est chargé de sa préfiguration. Selon le calendrier actuel, le décret de création devrait être signé durant le deuxième trimestre 2011. Nous préparons actuellement le projet de charte du Parc National. Une première version est actuellement soumise à la relecture des membres de l’Assemblée générale du GIP des Calanques, mais ce document est amené à évoluer au cours des mois à venir. La charte prévoit, dans le volet des mesures réglementaires visant à la protection du cœur de Parc national, les dispositions suivantes pour les activités commerciales et artisanales situées en cœur de Parc : Activités commerciales et artisanales dans le cœur Pourquoi réglementer les activités commerciales et artisanales ? Certaines de ces activités peuvent parfois occasionner des nuisances par leurs impacts sur le milieu naturel et le paysage (pollutions chimiques ou organiques, modification des paysages …) et peuvent aller à l’encontre du caractère et de l’objectif de protéger les patrimoines naturels et paysagers. En ce qui concerne les activités commerciales et artisanales existantes Que prévoit la réglementation spéciale ? Les activités commerciales et artisanales existantes et régulièrement exercées à la date de création du Parc national sont autorisées. Ces activités sont listées MARcoeur 40 I. Toute activité commerciale est interdite dans les espaces du cœur correspondant à l’ancienne réserve naturelle régionale du Riou (MARcoeur 40 II). 208 En ce qui concerne les changements de localisation des activités commerciales et artisanales et l’exercice d’une activité différente Que prévoit la réglementation spéciale ? Les changements de localisation de ces activités et l’exercice d’une activité différente dans les locaux où elles s’exerçaient sont soumis à autorisation du directeur. Que prévoient les modalités d’autorisation ? Cette autorisation individuelle peut être délivrée pour les changements de localisation de ces activités et l’exercice d’une activité différente dans les locaux où elles s’exerçaient en tenant compte notamment de l’absence de l’impact notable, direct ou indirect de l’activité projetée sur les milieux naturels, les habitats naturels, les espèces, la diversité biologique et les paysages. L’autorisation individuelle précise notamment les modalités, périodes et lieux (MARcoeur 40 III). En ce qui concerne les activités commerciales et artisanales nouvelles Que prévoit la réglementation spéciale ? Des activités artisanales et commerciales nouvelles après la création du Parc national ou de nouveaux établissements peuvent être autorisées par le directeur, après avis du Conseil Scientifique et du CESC sur l’incidence du projet sur le patrimoine naturel, culturel et paysager du Parc national et son caractère. Les autorisations délivrées peuvent être subordonnées au paiement d’une redevance après décision du CA. Que prévoient les modalités d’autorisation ? Des autorisations individuelles peuvent être délivrées à condition de n’avoir aucun impact notable, direct ou indirect, sur les milieux naturels, les habitats naturels, les espèces, la diversité biologique et les paysages, d’être situés hors des espaces naturels du cœur correspondant à l’ancienne Réserve Naturelle Nationale de Riou, de ne pas être soumis à ma législation relative aux installations classées pour la protection de l’environnement. L’éventuelle redevance pourra être modulée en fonction du demandeur et un traitement différencié pourra être mis en place en fonction de la nature de la demande et de l’utilisation marchande ou non du produit obtenu. L’autorisation individuelle précise notamment les modalités, périodes et lieux (MARcoeur 40 IV). Recherche et exploitation de matériaux non concessibles Que prévoit la réglementation spéciale ? La recherche et l’exploitation de matériaux non concessibles sont interdites (L331-4-1 CE). Les contrats de partenariats ne sont établis que dans le cas ou l’entreprise souhaite bénéficier d’un référencement « Parc national » dans le cadre des mesures partenariales visant à la protection du cœur et des orientations de l’aire d’adhésion : 209 Reconnaître l’excellence de certains partenaires par l’utilisation de la marque collective « Parc national » Un référencement « Parc national » peut être utilisé par ses partenaires, qu’ils soient issus du milieu professionnel ou associatif, qui s’engagent dans une démarche de progrès environnemental et de valorisation du territoire par respect des « règlements d’usage » qui seront élaborés en concertation avec Parcs nationaux de France en application de l’article L331-29 5 CE. L’attribution de la marque collective pourra produire des retombées positives non seulement environnementales, mais aussi économique, pour des domaines d’activités tels que l’hébergement, la restauration, les activités de loisirs de pleine nature… 210 ANNEXE 36 : Synthèse des Modalités d’Application de la Réglementation en Cœur Annexe 4 au pré-projet de charte du GIP des Calanques Document d’étape du 31 mai 2010 MARcoeur 40 relatives aux activités commerciales et artisanales I.- Il est constaté que les activités commerciales et artisanales exercées dans le cœur du Parc national des Calanques sont les suivantes : 1. Réparation et maintenance navale 2. Commerce de détail d’articles de sport en magasin spécialisé 3. Hôtels et hébergement similaire 4. Hébergement touristique et autre hébergement de courte durée 5. Autres hébergements 6. Restauration traditionnelle 7. Service des traiteurs 8. Débits de boissons 9. Location de logements 10. Enseignement de disciplines sportives et d’activités de loisirs 11. Gestion des sites et monuments historiques et des attractions touristiques similaires 12. Gestion des jardins botaniques et zoologiques et des réserves naturelles 13. Activités de clubs de sports 14. Autres activités liées au sport 15. Autres activités récréatives et de loisirs 16. Autres organisations fonctionnant par adhésion volontaire 17. Parking de stationnement payant II.- Toute activité commerciale est interdite dans les espaces du cœur de parc correspondant à l’ancienne réserve nationale de Riou. III.- Le directeur peut délivrer des autorisations individuelles de changement de localisation des activités et d’exercice d’une activité différente dans les locaux où elles s’exerçaient lorsque l’activité projetée n’a aucun impact notable, direct ou indirect sur les milieux naturels, les habitats naturels, les espèces, la diversité biologique et les paysages. L’autorisation individuelle précise notamment les modalités, périodes et lieux. IV.- Le directeur peut délivrer des autorisations individuelles pour la création de nouvelles activités artisanales et commerciales ou de nouveaux établissements dans les conditions cumulatives suivantes : 211 1. lorsque ceux-ci n’ont aucun impact notable, direct ou indirect, sur les milieux naturels, les habitats naturels, les espèces, la diversité biologique et les paysages ; 2. lorsque ceux-ci sont situés hors des espaces naturels du cœur de parc correspondant à l’ancienne réserve nationale de Riou : 3. lorsque ceux-ci ne sont pas soumis à la législation relative aux installations classées pour la protection de l’environnement. L’autorisation individuelle précise notamment les modalités, périodes et lieux. 212 ANNEXE 37: Activités touristiques dans les Parcs Nationaux Il existe deux générations de Parc. Ceux de la Guyane, de la Réunion et des Calanques sont de la seconde génération. Les Parcs des années 70 renvoient à une idée de sanctuarisation, de mise sous cloche du territoire, car, pour certains d’entre eux, des activités sont totalement interdites. Ces Parcs ont été créés à une époque ou il n’existait qu’une très faible activité touristique. • La création du Parc de la Vanoise n’a pas eu d’incidence sur l’exercice des différentes activités touristiques en cœur du Parc. Pour les refuges touristiques, déjà présent sur le Parc ou pour ceux qui sont créés, il n’existe que des contraintes relatives à l’aménagement. L’activité équestre n’est pas interdite ou réglementée dans le Parc. Le VTT est interdit seulement sur quelques pistes du cœur. Aucune redevance n’est perçue au titre du cœur du Parc. Pour l’escalade, les guides de haute montagne continuent d’exercer leur activité comme avant mais doivent utiliser certains types de matériels, une discussion est en cours sur ce sujet et donnera lieu à la signature d’un contrat de partenariat entre la Fédération d’escalade et le Parc. Enfin aucune activité n’a été délocalisée dans l’aire d’adhésion. Seules les grandes entreprises d’exploitation du domaine skiable (remontées mécaniques) et les résidences présentes dans l’aire d’adhésion ont des contraintes d’aménagement donnant lieu à la consultation du Parc. Par rapport à Fontainebleau le contexte est très différent puisque le Parc n’était pas, au moment de sa création, une zone touristique or Fontainebleau est déjà très fréquenté. Le Parc de la Vanoise est un outil permettant de redynamiser le tourisme en montagne l’été alors que le Parc de Fontainebleau serait plus un moyen de structurer le territoire, d’organiser et d’encadrer ce tourisme. • De la même façon le Parc des Ecrins, de la première génération, présente le même profil que celui de la Vanoise. Les randonnées pédestres et équestres sont praticables sans restriction. Le VTT est interdit. Des autorisations ont été délivrées sur certains parcours en cœur de Parc. Cette interdiction n’a pas été difficile à instaurer puisque dans les années 70 le VTT n’était pas très développé. Pour l’escalade, un travail important a été réalisé avec la Fédération et des clubs pour détermine quels endroits pouvaient être équipés avec du matériel fixe. Une convention a alors été signé avec la Fédération. La pratique libre reste autorisée sans contraintes puisqu’il ne s’agit que de personnes expérimentées en raison du terrain. • Le Parc des Pyrénées entre dans la même configuration et a interdit le VTT et la chasse, la pêche et l’équitation restent autorisées. • Le Parc de la Réunion est de la seconde génération. Contrairement à celui de la Guadeloupe où le canyoning et interdit en cœur de Parc, le décret de création du Parc de la Réunion n’a interdit aucune activité touristique. Il n’y a eu aucune délocalisation d’activité dans l’aire d’adhésion ni de demande de redevance. Les élus ne voulaient pas d’un Parc qui nuise à l’activité touristique. Actuellement la Charte 213 est en cours d’élaboration et doit définir les grands axes notamment en matière de tourisme. Cette charte est élaborée entre les différents acteurs du territoire. En application de celle-ci, des contrats de partenariats seront signés entre le Parc et les prestataires et pourront avoir une visée réglementaire. Par exemple pour le canyoning la question de son encadrement est en discussion pour savoir s’il faut ou non interdire la pratique libre. Rien n’est encore tranché et actuellement le seul document contraignant élaboré par le Parc, concerne les compétitions sportives en cœur de Parc. Le Parc de Fontainebleau retrouve la même spécificité que celui des Calanques puisqu’ils sont tout deux en zones périurbaines. Les prestataires de services au sein du Parc des Calanques et de la Réunion sont intégrés au processus d’élaboration de la Charte permettant de trouver avec eux des solutions pour que les activités se pérennisent dans le respect de l’environnement. Le Parc de la Réunion, très touristique n’a pas contraint d’entreprises touristiques à quitter le cœur de Parc ou à payer une redevance. Dans les Parcs plus anciens, où des activités ont été interdites, le contexte était différent de celui de Fontainebleau qui connaît une très forte fréquentation. La configuration de Fontainebleau est unique mais se rapproche des enjeux auxquels la Réunion et les Calanques sont confrontés. 214 ANNEXE 38 : Commune de la Rochette Conseil municipal du 1er décembre 2009 DELIBERATION n° 04/2009 du 1/12/2009 OBJET : Motion relative au Parc national de la Forêt de Fontainebleau Le Conseil municipal, - VU les articles L. 331-1 et suivants du code de l’environnement, dans sa version de la loi n°2006-436 du 14 avril 2006, - VU l’article 23 de la loi n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, - CONSIDERANT l’intérêt environnemental, culturel, social et économique que représenterait la création le Parc National de la Forêt de Fontainebleau, notamment en terme touristique et de protection de la nature et des paysages, - CONSIDERANT que le cœur de ce Parc doit continuer à être le support de certaines activités économiques et de loisirs encadrés et que les règles applicables au parc national ne doivent pas entraver le fonctionnement des infrastructures routières et ferroviaires vitales existantes, Après en avoir délibéré, - SE PRONONCE FAVORABLEMENT à la création d’un parc national pour que soit enfin établie une gestion respectueuse du patrimoine biologique, paysager et culturel que constitue la Forêt de Fontainebleau, - SE DIT EGALEMENT FAVORABLE à la mise en place d’un statut qui empêche toute atteinte directe ou indirecte au massif, notamment sur ses lisières, les bois périphériques, et interdisant tout déclassement de parcelles, - SOULIGNE que la charte du futur parc national ne devra prévoir que des mesures réglementaires strictement proportionnées aux nécessités de conservation du site et de nature d’une part à prendre en considération les infrastructures de transport vitales existantes et d’autre part à n’entraîner aucune contrainte nouvelle pour le public et les visiteurs, notamment en terme d’usage par rapport à ce qui est traditionnellement pratiqué dans ce massif, - DECLARE en conséquence son intérêt pour faire partie de l’aire d’adhésion du parc national projeté et du groupement d’intérêt public de préfiguration. ADOPTÉE À L’UNANIMITÉ Ont signé au registre, les membres présents Pour extrait certifié conforme, délivré en mairie de La Rochette le 2 décembre 2009, Le Maire Signé Pierre Yvroud 215 Projet de note de synthèse et de délibération de M. Guillaume BRICKER, Attaché de cabinet Résumé La création d’un parc national à Fontainebleau a été envisagée récemment. La présence note de synthèse a pour objectif de faire un point rapide sur la législation relative aux parcs nationaux et aux contraintes réglementaires susceptibles d’être imposées dans le cas particulier de la forêt de Fontainebleau. Si la réglementation potentiellement applicable aux parcs nationaux peut être particulièrement restrictive, le décret de création comme la charte du parc peuvent parfaitement en limiter l’application à ce qui est strictement nécessaire à la protection du massif et tenir ainsi compte du contexte local. Historique de la protection de la forêt de Fontainebleau En 1853, la réunion d’une « Commission d’artistes et forestiers » retira de l’aménagement forestier 624 ha : il s’agit de la première décision au monde de protection d’un site naturel, soit 19 années avant la création du célèbre Parc national de Yellowstone aux USA en 1872. Un décret impérial du 13 avril 1861 crée alors les « séries artistiques » s’élevant à 1097 hectares. Cette surface passe en 1892 à 1616 ha et en 1904 à 1693 ha. Le 5 octobre 1948, le massif de Fontainebleau est le lieu de fondation de l’Union Internationale pour la Protection de la Nature (UIPN), qui deviendra en 1956 l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et à présent l’Union Mondiale pour la Nature. Le cinquantenaire de cette union a été célébré en 1998 par une plaque de bronze dite « l’œil des nations « , trace de la mémoire collective mondiale dans la forêt de Fontainebleau à Franchard. En 1953, les premières réserves biologiques dirigées et intégrales sont créées (552 ha institués dont 441 ha en réserves biologiques dirigées et 141 en réserves intégrales) en remplacement des réserves artistiques, supprimées en 1967. Cette suppression correspond à la mise en place d’une nouvelle politique de gestion forestière davantage orientée vers la production économique. Elle sera vivement critiquée dans les milieux scientifiques et artistiques... Par arrêté du 2 juillet 1965 (JORF du 1er février 1966, p. 908), la forêt bénéfice toutefois de la législation des sites classés. En 1972, les réserves biologiques sont réduites à 415 ha dont 136 ha en réserves biologiques intégrales. En 1998, le massif est reconnu comme « réserve de biosphère » par l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) (10ème réserve de biosphère française). Sans valeur réglementaire, cette réserve comporte plusieurs zones : - « la zone centrale » composée des « réserves biologiques intégrales ou dirigées » est sous protection forte, - la « zone tampon » la forêt domaniale protégée où l’homme peut exercer des activités raisonnées (30 000 ha), 216 - une aire périphérique de « transition » (45 000ha) sur 65 communes et constituée par le parc naturel du Gâtinais. Il existe une Association de la Biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais Par décret en mars 2002, la forêt de Fontainebleau est classée en « forêt de protection » au titre du Code forestier français avec la constitution d’un comité consultatif comprenant des associations d’usagers du massif. Ce statut prévoit un régime forestier spécial qui entraîne une restriction de la jouissance du droit de propriété : tout défrichement est notamment interdit ainsi que toute implantation d’infrastructure. Par arrêté conjoint du 20 octobre 2004, le ministre de la défense et le ministre de l’écologie et du développement durable ont classé le massif de Fontainebleau au titre de la législation Natura 2000 (zone de protection spéciale). Par décision de la Commission européenne en date du 7 décembre 2004, la forêt a été intégrée dans la liste des sites d’importance communautaire (zone spéciale de conservation) pour la zone biogéographique atlantique. Un comité de pilotage présidé depuis 2008 par la commune de la Rochette assure la surveillance du site Natura 2000 ainsi constitué. Actuellement, le plan d’aménagement arrêté de la forêt domaniale de Fontainebleau comporte 1 331,02 ha de réserves biologiques dirigées et 580,01 ha de réserves biologiques intégrales. Rappelons que la forêt domaniale comporte 17 000 ha et que l’ensemble du massif (avec les autres forêts limitrophes) dépasse 25 000 ha, ce qui constitue un ensemble tout à fait exceptionnel sur le plan écologique, paysager et touristique. Le contexte actuel Le projet de parc national a Fontainebleau serait, selon plusieurs observateurs, désormais rendu possible par la réforme du statut de 1960 des parcs nationaux qui a été effectuée par la loi n°2006-436 du 14 avril 2006 et entre autre le décret n°2006-943 du 28 juillet 2006 relatif aux établissements publics des parcs nationaux. Par ailleurs, en l’application de l’article 23 de la loi n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en oeuvre du Grenelle de l’environnement, l’Etat s’est donné pour objectif la mise en oeuvre d’une stratégie nationale de création d’aires protégées terrestres identifiant les lacunes du réseau actuel afin de placer sous protection forte, d’ici dix ans, 2 % au moins du territoire terrestre métropolitain : cet objectif implique notamment la création de trois nouveaux parcs nationaux. Les conditions de réussite du parc Les objectifs du parc Le parc doit poursuivre trois objectifs concurrents et complémentaires : - un objectif écologique : l’accroissement des ressources dont pourra bénéficier le massif forestier permettra de desserrer la gestion forestière industrielle et commerciale en rééquilibrant l’aspect paysagiste et environnemental ; 217 - un objectif économique : le renom du secteur de Fontainebleau bénéficiera sans aucun doute aux collectivités qui borne la forêt du point de vue touristique et par la mise en place d’actions en matière de développement durable ; il conviendra à cet égard de repenser l’ensemble de la filière des activités touristiques (séjours et hôtelleries, activités, économie locale) ; - un objectif social : l’établissement du parc national devra consacrer une partie de ses activités à l’accueil du public et on peut imaginer que cette fonction sera créatrice d’emplois. Il conviendra d’insister sur la nécessaire transparence de la gestion de la forêt de Fontainebleau et l’importance de l’éducation du public sur toutes ces questions. Le périmètre du parc Le parc est composé de trois zones : - l’aire d’adhésion, dans lesquels les collectivités locales peuvent décider ou non d’opter : dans cette zone les collectivités doivent prendre en considération des orientations générales dont l’opposabilité est très limitée ; c’est dans cette zone que les actions de développement durable pourront être accompli, ainsi que les retombées économiques liés au parc ; - le cœur : zone dans laquelle la réglementation spéciale du parc national est applicable ; cette réglementation relève de la charte du Parc national ; cette zone correspondra en fait à l’actuel périmètre de la forêt - les réserves intégrales, sachant que celle-ci existent dores et déjà sous la forme des réserves biologiques. Il convient de noter que les communes relevant du Parc naturel régional du Gâtinais français seraient donc amener à choisir le statut qui leur convient le mieux. Dans la mesure où le périmètre d’adhésion exclut les communes ou partie de communes relevant actuellement d’un parc naturel régional (code de l’environnement, article L. 331-2, dernier alinéa). Les communes qui connaîtraient déjà une telle situation seraient censées se déterminer « pour l’un des deux parcs » lors du renouvellement de la charte du parc naturel régional (art. 31, I, 5°, de la loi de 2006). Il conviendra de se pencher spécifiquement sur les communes du parc naturel régional du Gâtinais français. La charte du parc et la réglementation C’est la charte du parc qui, en application de l’article L. 331-4-1 du code de l’environnement comporte les règles réglementaires spéciales du parc national. Il convient de ne pas en exagérer la portée, puisque la détermination de la réglementation qui sera réellement appliquée dépend de ce qui sera défini comme strictement nécessaire pour assurer la conservation du parc. Ainsi, la charte du parc national pourra très bien ne pas appliquer ce texte de manière rigoureuse. Dans le cas particulier de Fontainebleau, on pourrait envisager d’adopter un statut particulier pour tenir compte de la proximité de Paris, du tourisme et des différentes activités de loisir qui y sont traditionnellement exercées : équitation, chasse à courre, escalade, vélo, randonnée, etc. Il convient de préciser que la législation du parc national ne met pas fin aux autres règles spéciales (forêt de protection, site classé, arrêté de biotope, Natura 2000, 218 …). Il faut relever que la forêt de Fontainebleau est déjà soumise à plusieurs législations contraignantes, qui pourront ou non être coordonnées. Dans le cas particulier de Fontainebleau, il faut souligner que dans le cœur présumé du parc que sera la forêt domaniale de Fontainebleau, il s’exerce actuellement des activités économiques et de loisirs (sports pédestres, cyclistes, cynégétiques ou équestres) ainsi que le passage de plusieurs infrastructures routières et ferroviaires. Il est important que la création du Parc national ne puisse les remettre en cause, dans la mesure où ses activités sont traditionnelles dans cette forêt, qu’elles sont importantes économiquement et très populaires. La charte devra de toute évidence en tenir de compte. La gestion du futur parc Le parc est géré par un établissement public, avec un directeur assurant la police administrative du cœur. La loi comme le décret qui la complète mettent l’accent sur la participation accrue des collectivités territoriales. Elles sont consultées sur leur adhésion à la charte du parc (Code de l’environnement, articles L. 331-2 R 331-10), et détiennent la majorité au moins des sièges du Conseil d’administration de l’établissement de gestion du parc (Code de l’environnement, article L. 331-8). Outre les collectivités territoriales, on retrouve les représentants des services déconcentrés, des associations et autres organismes concernées et un conseil scientifique. Un président est élu au sein du conseil d’administration. Dans le cas particulier de Fontainebleau, on pourra avoir comme membres de droit au titre des collectivités territoriales : - le président du conseil régional d’Ile de France - le président du conseil général de Seine et Marne - le maire de Fontainebleau (aux titres des communes dont la surface de territoire comprise dans le cœur du parc national est supérieure à 10 % de la superficie totale du cœur de ce parc). Dans le cas du parc national de la Réunion créée sous la nouvelle formule, ce sont l’ensemble des communes concernées qui ont eu droit à une place au conseil. L’Office National des Forêts conserve ses attributions, tant juridiques qu’économiques. Selon l’article L. 331-9-1 du code de l’environnement, « l’établissement public du parc national est chargé d’assurer la mission de conseil scientifique auprès de l’Office National des Forêts. Cette mission comprend l’organisation de la collecte, du traitement et de la restitution des données d’inventaire du patrimoine naturel, culturel et paysager, notamment celles qui seraient nécessaires à l’élaboration des aménagements forestiers ». L’établissement public peut déléguer à l’Office National des Forêts la maîtrise d’ouvrage des travaux et équipements relatifs à la conservation de la diversité biologique et à la gestion du patrimoine naturel, réserve faite des compétences préexistantes de l’Office. 219 ANNEXE 39 : Le 21 juin 2010 Cabinet du Maire Référence : TF/JG/FV061011 Affaire suivie par Thomas Fournier Madame Chantal JOUANNO Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer 92055 La Défense Cedex Madame le Ministre, En octobre dernier, je vous ai adressé un courrier dans lequel je vous informais de ma volonté de relancer le débat autour de la création d’un Parc national sur le massif forestier de Fontainebleau. Depuis cette date, une intense phase de concertation a lieu au niveau local, dans le cadre d’un Comité de pilotage dont l’animation est assurée par François LETOURNEUX, Président du Comité français de l’UICN. Composé de quatre Collèges représentatifs respectivement des élus locaux, des usagers du massif, des naturalistes et scientifiques et des acteurs économiques et touristiques du territoire, ce Comité de pilotage étudie la faisabilité et la pertinence d’un Parc national à Fontainebleau. Les travaux du Comité ne sont pas encore achevés puisque nous prévoyons la remise de son rapport définitif en septembre prochain, avec pour objectif de parvenir à un consensus local qui déboucherait sur une demande de création de Groupement d’Intérêt Public. Toutefois, je suis d’ores et déjà en mesure de vous faire état de quelques tendances qui se sont dégagées au sein du Comité. La première d’entre elles est que chacun accepte aujourd’hui d’aborder ce débat dans un esprit de dialogue. Ainsi, même les associations locales qui sont historiquement connues pour leur opposition résolue à la création d’un Parc national à Fontainebleau ont contribué à nos travaux de manière extrêmement constructive et ouverte. En outre, il existe aujourd’hui un large consensus au sein des élus locaux concernés, qui sont tous prêts à soutenir ensemble le projet. Or, ce soutien actif des élus locaux constitue une nouveauté 220 importante lorsque l’on se souvient que par le passé, la création d’un Parc national à Fontainebleau avait essentiellement échoué du fait de leur opposition. Enfin, il apparaît que les participants au Comité de pilotage, dont une majorité regarde ce projet d’un bon œil, attendent néanmoins de connaître la position de l’Etat. En effet, rien ne sera possible sans le soutien de votre Ministère, et il vous appartiendra in fine de juger si la création d’un Parc national à Fontainebleau mérite d’être étudiée au sein d’un GIP. En ce sens, je me permets de solliciter de votre part la signature d’un arrêté de prise en considération du projet de Parc national sur le massif forestier de Fontainebleau, afin d’officialiser la saisine des autorités compétentes et de préparer l’éventuelle demande de création d’un GIP, qui pourrait avoir lieu en septembre si le Comité de pilotage le décide. Je reste bien entendu à votre entière disposition pour vous fournir toute information complémentaire et, si vous le jugez utile, pour venir apporter des précisions sur notre démarche à vousmême ou à vos collaborateurs. Je vous prie de croire, Madame le Ministre, en l’expression de mes sentiments les meilleurs. Frédéric VALLETOUX, Maire de Fontainebleau, Conseiller régional d’Ile-de-France. 221 222 ANNEXE 40 : 223 ANNEXE 41 : Monsieur Frédéric Valletoux Hôtel de Ville 40 rue Grande 77 300 Fontainebleau Baulne, le 15 septembre 2010 Réf. JJB/AE/10-09-11870 Affaire suivie par Alexandre Emerit Objet : Participation au GIP pour l'étude du projet de Parc national Monsieur le Maire, Le Parc naturel régional du Gâtinais français a été invité à participer aux réflexions du comité de pilotage du projet « Fontainebleau Parc national » et je tiens à souligner l'intérêt de cette démarche et son ouverture à l'ensemble des acteurs de notre territoire. A la lecture du rapport de M.Letourneux « Fontainebleau. Vers un Parc national ? », je ne peux que soutenir l'idée que, si le Parc national est créé, nos deux structures ne doivent pas entrer en concurrence mais bien au contraire nous devrons travailler pour qu'elles soient en parfaite synergie. Je ne pourrai malheureusement pas assister au comité de pilotage du 18 septembre et je vous prie de bien vouloir m'en excuser. Je souscris pleinement à l'idée que les discussions commencées au sein du comité de pilotage puissent se poursuivre au sein d'un Groupement d'Intérêt Public et je vous fait part de notre souhait de pouvoir y participer. Ainsi, l'expérience du Parc du Gâtinais français à fédérer depuis plus de dix ans les acteurs de son territoire autour d'un projet commun inscrit dans une charte ne semble être qu'un plus dans nos futurs débats. Veuillez croire, Monsieur le Maire, à l’expression de mes sentiments les meilleurs. Le Président Jean-Jacques BOUSSAINGAULT 224 ANNEXE 42 : Première séance plénière du Comité de pilotage du projet « Fontainebleau Parc national » Samedi 17 avril 2010, 10h Château de Fontainebleau *** Relevé de conclusions Frédéric VALLETOUX, maire de Fontainebleau, ouvre la réunion. Il rappelle que cette première séance plénière fait suite aux « Entretiens du Parc national » organisés le 23 janvier 2010 à Fontainebleau. Lors de cette réunion avait été décidée par l’ensemble des participants la création d’un Comité de pilotage animé par François LETOURNEUX, président du Comité français de l’UICN, et chargé d’étudier la faisabilité et l’opportunité de la création d’un Parc national sur le massif forestier de Fontainebleau. François LETOURNEUX procède à un rapide historique du débat sur la création d’un Parc National à Fontainebleau. Il rappelle la volonté de l’Etat de compléter le réseau des Parcs nationaux sur le territoire français. Il insiste également sur le fait que la loi du 14 avril 2006 permet d’envisager ce débat sous un jour nouveau. François LETOURNEUX rappelle que trois questions essentielles devront à son sens guider le travail du Comité de pilotage : créer un Parc national à Fontainebleau … • Est-ce utile ? • Est-ce souhaitable ? • Est-ce possible ? Sur la forme du Comité de pilotage, François LETOURNEUX rappelle qu’une organisation en Collèges avait été actée à l’occasion des « Entretiens du Parc National ». Une proposition d’organisation, envoyée aux participants en préparation de la présente réunion, se composait comme suit : 225 Animateur François LETOURNEUX Secrétaire général Stagiaire Comité directeur Membres : Le Président 5 représentants de chaque collège 3 représentants de l’Etat Collège « Elus » Collège « Usagers » Collège « Naturalistes et Scientifiques » Collège « Acteurs économiques et touristiques » Suit une discussion sur ladite organisation. Quelques ajouts et modifications sont effectués, essentiellement sur la composition des Collèges. Concernant les représentants de l’Etat au sein du Comité directeur, François LETOURNEUX précise que des démarches sont en cours auprès du préfet de Seine-et-Marne et du Ministère chargé de l’Ecologie. Sur proposition de Denis BAUCHARD, président de l’AAFF, le principe d’un ou plusieurs groupes transversaux est accepté, si toutefois le besoin en est à l’avenir exprimé par les membres du Comité de pilotage. On procède ensuite à la désignation des membres du Comité directeur. Des candidatures déclarées en séance s’ajoutent à celles qui avaient déjà été enregistrées. Les participants s’accordent sur le nombre de représentants, qui est finalement de cinq par Collège. Il est entendu que le Comité directeur travaille sur la base du consensus, faute de quoi les opinions divergentes seront rapportées. Chaque Collège se réunit et désigne selon les modalités qui lui conviennent ses cinq membres au sein du Comité directeur. 226 A l’issue de ce processus de désignation le Collège des Elus, comptabilisant plus de membres, demande à disposer de six représentants au Comité directeur. De plus, sur proposition de François LETOURNEUX, Frédéric VALLETOUX, en tant qu’initiateur du projet, est désigné membre de droit du Comité directeur. Pascal MAROTTE, Maire-adjoint de Moret-sur-Loing, indique qu’il représentera, au sein du Comité directeur, les intérêts des Maisons du Bornage. La liste des membres du Comité directeur est donc déterminée comme suit : Collège Elus : • Jean-Jacques BOUSSAINGAULT, Président du Parc Naturel Régional du Gâtinais Français • Jean-Pierre LE POULAIN, Maire d’Avon • Thierry LECLERCQ, Conseiller municipal de Bois-le-Roi • Pascal MAROTTE, Maire-adjoint de Moret-sur-Loing • Catherine TRIOLET, Maire de Recloses • Frédéric VALLETOUX, Maire de Fontainebleau, Conseiller régional (membre de droit) • Juliette VILGRAIN, Maire de Bourron-Marlotte Collège Naturalistes et Scientifiques : • Philippe BRUNEAU DE MIRE, Administrateur de la Société Nationale de Protection de la Nature • Odile LOISON, Responsable de site de la Station Ecologique Forestière à l’Université Paris Diderot • Olivier NOUGAREDE, Historien, Institut Scientifique de Recherche Agronomique • Jean-Philippe SIBLET, Président de l’Association des Naturalistes de la Vallée du Loing • Olivier TOURNAFOND, Président du Comité Natura 2000 227 Collège Usagers : • Jean-Claude BEAUREGARD, membre du Comité Directeur du Comité Départemental de la Fédération Française de la Montagne et de L’Escalade • Stéphane COURVOISIER, Responsable Sport et Nature du CDOS 77 • Pierre-François PRIOUX, Président de l’Association Rallye Tempête • José RORA, Président du Comité Départemental de Course d’orientation de Seine-et-Marne • Gérard TENDRON, Vice-président de l’Association des Amis de la forêt de Fontainebleau Collège Economie et Tourisme : • Jean-Claude FLE, membre du Comité Directeur du CDOS 77 • Sylvain PECHOUX, membre du Syndicat National des Professionnels de l’Escalade et du Canyon • Corinne RETAUD-BIANCHINI, Directrice Commerce et Tourisme de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Seine-et-Marne • Gérard VALLEE, Président de l’Association Connaissance du Gâtinais • François VIRELY, Directeur territorial de l’ONF-Fontainebleau Les membres du Comité Directeur disposent chacun d’un suppléant, qui n'appartient pas forcément à la même association ou organisme. François LETOURNEUX procède ensuite à quelques rappels théoriques sur les Parcs nationaux, faisant ainsi suite à une demande exprimée en séance par certains membres du Comité de pilotage. Il informe que des documents seront, à la suite de cette réunion, envoyés à l’intégralité des membres du Comité de pilotage : • La partie du Code de l’Environnement consacrée aux Parcs nationaux. • Un état des lieux cartographié des statuts de protection en vigueur en forêt de Fontainebleau. 228 • Un calendrier des prochaines réunions du Comité. • Un tableau récapitulatif de la composition des Collèges. • Un relevé de conclusion de la présente réunion. A la demande des participants une séance plénière supplémentaire du Comité de pilotage sera organisée d’ici le mois de juillet. François LETOURNEUX propose que la première réunion des Collèges, organisée par leurs représentants, soit consacrée à lister les questions que pose ce projet de Parc national à Fontainebleau. La date de la première réunion du Comité Directeur est fixée par ses membres au vendredi 7 mai 2010, à 20h30, en l’Hôtel de ville de Fontainebleau. François LETOURNEUX conclut cette première séance, déclarant que les collèges sont libres de se réunir dès à présent comme d’attendre les précisions de la première réunion du Comité Directeur avant de le faire. Il rappelle également que Thomas FOURNIER et Manon POULIQUEN se tiennent à leur disposition pour l’organisation de leurs réunions. 229 ANNEXE 43 : Première séance du Comité directeur du projet « Fontainebleau Parc national » Samedi 7 mai 2010, 20h30 Salle des Assemblées *** Relevé de conclusions François LETOURNEUX, Président du Comité de pilotage du projet « Fontainebleau Parc national » ouvre la séance. Il procède à la validation du relevé de conclusions de la réunion du 17 avril 2010. Les modifications de Denis BAUCHARD, composées des deux phrases suivantes, «il est entendu que le Comité directeur travaille sur la base du consensus, faute de quoi les opinions divergentes seront rapportées » et « les membres du Comité Directeur disposent chacun d’un suppléant, qui n'appartient pas forcément à la même association ou organisme », sont acceptées et seront donc intégrées au relevé de conclusions final, qui sera envoyé à chaque membre du Comité de pilotage. Stéphane COURVOISIER, Responsable Sport et Nature du Comité Départemental Olympique et Sportif de Seine-et-Marne, procède ensuite à la démonstration du site Internet dédié au projet « Fontainebleau Parc national », dont l’adresse est la suivante : http://fontainebleau-pn.superforum.fr/. Il est décidé qu’une note d’explication sera envoyée dans les meilleurs délais à tous les membres du Comité de pilotage. Aucun inconvénient n’ayant été soulevé, la mise en service de ce forum est actée. François LETOURNEUX précise que Monsieur COURVOISIER, Thomas FOURNIER et Manon POULIQUEN en seront les administrateurs. François LETOURNEUX rappelle ensuite que Manon POULIQUEN est à disposition de chacun des Collèges pour l’organisation de leurs réunions, notamment pour la rédaction et la diffusion de comptesrendus. Il précise que l’objectif de ces réunions est de lister l’ensemble des questions que posent l’éventuelle création d’un Parc national en forêt de Fontainebleau. François LETOURNEUX ajoute qu’il sera prématuré, en septembre, de tirer des conclusions définitives. Il s’agira plutôt de déterminer si la réflexion sur l’opportunité et la faisabilité d’un Parc 230 national sur le massif de Fontainebleau doit se poursuivre ou au contraire s’arrêter. Un rapport définitif sur le sujet n’aura à cette date pas lieu d’être. Le calendrier prévisionnel des réunions est ensuite examiné, puis, personne n’ayant soulevé d’opposition, validé. François LETOURNEUX acte le fait qu’un document sur l’état des statuts de protection sur le massif forestier de Fontainebleau a été distribué, et précise qu’il sera complété au moyen de documents de l’UICN, et d’un rapport du muséum, qui explicite le choix de Châtillon comme premier Parc national de forêt de plaine en France. Denis BAUCHARD, Président de l’Association des Amis de la Forêt de Fontainebleau rappelle la nécessité de la mise en place de groupes transversaux, et de groupes thématiques, sur la circulation routière ou encore la biodiversité. Il est soutenu en ce sens par Olivier TOURNAFOND. François LETOURNEUX déclare qu’une synthèse du rapport DORST sera distribuée, afin de permettre une homogénéisation des connaissances nécessaires à la réflexion sur le projet de Parc national sur le massif forestier de Fontainebleau. Jean-Claude BEAUREGARD, Vice-président du Comité Départemental de la Montagne et de l’Escalade, ajoute qu’il serait intéressant d’avoir à disposition une étude réalisée dans le cadre de la Commission Départementale des Espaces, Sites et Itinéraires, consacrée à la classification des usages sur le massif de Fontainebleau. François LETOURNEUX conclut cette réunion, en rappelant que les membres du Comité de pilotage recevront les documents évoqués durant cette séance, à savoir : • L’adresse mail du site de Monsieur Stéphane COURVOISIER ; • Le tableau de composition des Collèges et le relevé de conclusions mis à jour ; • Une synthèse des rapports de la Commission DORST ; • Un document concernant les activités au sein du Parc national des Calanques ; • L’étude de la CDESI ; • Des cartes détaillées concernant la classification des statuts de protection sur le massif de Fontainebleau. 231 ANNEXE 44: Relevé de conclusions *** Réunion du Comité de pilotage et du Comité directeur Samedi 29 mai A l’issue de la seconde séance plénière du Comité de pilotage, et du Comité directeur, a été acté : • La mise en place du site Internet du projet « Fontainebleau Parc national » (http://fontainebleaupn.superforum.fr/). L’ensemble des contributions et des comptes-rendus de réunion, ainsi que les documents diffusés depuis la première séance plénière du Comité de pilotage, le 7 mai 2010, sont ainsi disponibles. • La diffusion, dans les meilleurs délais, de la mise à jour du premier essai de synthèse sur les consensus et divergences au sein du Comité de pilotage, afin de permettre un travail commun et organisé. • La décision de ne prendre en compte, dans le temps imparti jusqu’en septembre, que les questions de principe, d’ordre général. Les évocations concrètes, au moyen de cartes ou de relevés botaniques par exemple, relèveront du travail du Groupement d’Intérêt Public, si la décision était prise de poursuivre, après le mois de septembre, les réflexions autour d’un Parc national sur le massif de Fontainebleau. • La décision de remettre aux membres du Comité de pilotage, lors de la prochaine séance plénière, le samedi 26 juin 2010, une première ébauche du rapport qui devra être remis en septembre. 232