charger le texte - Temple et Parvis

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L’Essence du Chant
J’ai extrait ce très beau texte du Livret de la Bat Mitsvah publié ailleurs dans ce site.
Je le publie dans le Chapitre « Musique » tant il est vrai que l’on parle peu du chant
lorsque l’on parle de Musique. Le chant peut sembler le parent pauvre de cette
discipline, pour celui qui ne fréquente pas souvent cette partie de l’Art. Et pourtant…
Mais ce qui est important dans ce texte, outre le Chant lui-même, c’est la conception
exprimée ici : le Chant, le Temple de Salomon, la Paix sont l’expression identique de
la réalité de Dieu.
Même les Frères pour qui le Chant n’est pas « leur tasse de thé », ont intérêt à lire
ce document car il s’agit bien là de « l’Essence du Chant ». Même ceux pour qui
l’hébraïsme est un domaine difficile à aborder doivent (oui, j’ose le dire…) se glisser
dans l’intérieur de ces lignes. Elle leurs apporteront beaucoup plus que certaines
planches sur « ce qui est En-Haut »… et donc sur « ce qui devrait être En-Bas »…
Rabbi Yossi commença: Le roi Salomon fut inspiré pour composer Le Cantique des
Cantiques quand le Saint Temple fut bâti et que toutes les sphères, supérieures et
inférieures, se complétèrent en une seule entité ... et le Saint Temple était bâti
comme une réplique du Saint Temple d'En-Haut. Quand le Saint Temple fut bâti en
bas [sur terre], il n'y avait pas eu d'aussi grande joie devant le Saint béni soit-il
depuis le jour où le monde fut créé (Zohar).
Nous pouvons aisément comprendre pourquoi l'achèvement du Temple devait
pousser Salomon à chanter. De fait, qui ne chanterait pas en voyant l'œuvre des
mains de l'homme devenir la demeure de la Présence divine? Mais le Zohar voit une
autre raison que la simple conclusion heureuse de nombreuses années passées à
rêver, faire des plans, amasser le matériau et enfin construire. " Toutes les sphères,
supérieures et inférieures, se complétèrent en une seule entité, dit le Zohar. Une
simple construction, quelle qu'en soit la magnificence, n'aurait pas inspiré Le Cantique des Cantiques, que Rabbi Akiva célébra en l'appelant-le Saint des Saints, le
chef-d'œuvre dont il dit: « le monde n'était pas digne du jour où Le Cantique des
Cantiques fut composé. La construction, sans la globalité qu'évoque le Zohar,
n'aurait été rien de plus qu'un brillant exemple de splendeur et d'opulence orientales.
Salomon ne fut pas le seul potentat à construire un temple somptueux mais il fut le
seul à en construire un qui fût digne d'accueillir la Présence divine; il fut aussi le seul
qui composa un Cantique des Cantiques où s'exprime à la fois l'Esprit Saint et un
amour passionné de Dieu, un Chant qui dépasse tous les chants des Ecritures par sa
sainteté et la joie du service divin qu'il inspire.
Le Temple fut achevé le jour où Le Cantique des Cantiques fut composé et cependant
Rabbi Akiva attribue la grandeur de ce jour plus au Chant qu'au Temple ! Et le Zohar
décrit Le Cantique des Cantiques comme l'achèvement d'une « entité» supérieure à
toutes celles qui ont pu être réalisées auparavant, une « entité propre à inspirer le
plus haut degré de joie divine ».
Il est certain que le concept de « chant » selon la Tora diffère autant de la simple
poésie que la lumière du soleil de la clarté d'une bougie. Le Targoum note que dix
chants seulement furent composés pour Dieu 1 : de toutes les visions prophétiques,
des Psaumes de David, des innombrables myriades de louanges divines composées
par des millions de Juifs inspirés, seules dix œuvres reçoivent le glorieux titre
de « chant », et Le Cantique des Cantiques de Salomon leur est supérieur à tous!
Qu'est-ce donc qu'un « chant» ? Qu'est-ce que l’entité, dont il s'agit ici ? En quoi
consiste la grandeur unique du Cantique des Cantiques?
Qui chante ?
Qui chante la louange du Créateur? Les hommes, même les plus grands, ne le font
qu'occasionnellement. Le chant des louanges de Dieu est pourtant constant. Le
Psalmiste déclare ici que toute la création dit la gloire de Dieu. Nos Sages
développent cette idée dans un petit livre, ésotérique mais très beau, intitulé
Chapitre du Chant. Ils nous disent que chaque élément de la création, du puissant
soleil à la minuscule fourmi, de l'oiseau au chant mélodieux à la croassante
grenouille, chacun chante sa louange particulière à Dieu, chant composé d'un verset,
ou plus, des Ecritures. La terre proclame qu'elle appartient, dans sa plénitude, à
Dieu. Les étoiles proclament que Dieu seul fit les légions célestes. L'oiseau du désert
bénit celui qui apprend de lui à avoir confiance en Dieu pour
sa subsistance. Le cheval enseigne que, de même que lui
regarde vers son maître, tous doivent regarder vers Dieu. La
fourmi affirme montrer aux personnes paresseuses combien
peut être accompli en utilisant les dons de Dieu.
Il ne s'agit là que de quelques exemples des louanges
mentionnées dans le Chapitre du Chant. Que signifient-ils?
Simplement ceci : le chant de louange à Dieu apparaît quand
chaque élément de la création accomplit la tâche qui lui est
attribuée. Dans un orchestre symphonique d'une centaine de musiciens, quand
chacun d'entre eux joue sa propre partition, il en jaillit un chant dont la beauté peut
sembler presque céleste. Mais s'il n'y a pas d'harmonie, de point et de contrepoint, si
chaque musicien improvise comme bon lui semble sans se soucier de l'ensemble, le
résultat n'en sera pas de la musique mais du bruit - un bruit horrible et
assourdissant. Dans la création aussi, chacun a un rôle à jouer - petits et grands,
faibles et forts, toutes les créatures furent faites par Dieu et placées dans l'univers
pour servir un but divin. Dieu ne demande rien de plus que ceci : que chacun
accomplisse la tâche qui lui a été attribuée.
1
Dix chants furent chantés en ce monde; ce chant [Le Cantique des Cantiques] est loué plus que tous
les autres. Le premier chant fut chanté par Adam quand son péché fut pardonné et que le Chabot vint,
le protégeant. Il ouvrit la bouche et dit: « Un psaume. Un chant pour le jour du Chabot. (Ps. 92) ». Le
deuxième fut chanté par Moïse et les Enfants d'Israël quand le Maître de l'univers sépara les eaux de la
mer : Alors Moïse et les Enfants d'Israël chantèrent. (Ex. 15, 1). Le troisième fut chanté par les Enfants
d'Israël quand un puits d'eau leur fut donné, comme il est dit: « Alors Israël chanta ». (Nomb. 21. 17).
Le quatrième chant, ... Moïse (le) ... dit avant de mourir : « Prêtez l'oreille, Ô cieux ». (Deut. 32. 1). Le
cinquième fut chanté par Josué ... quand il arrêta le solei : « Alors Josué parla ». (Jos. 10. 12). Le
sixième fut chanté par Barak et Débora quand Dieu livra Sisara ... entre leurs mains (Jug. 5. 1). Le
septième fut chanté par Hanna quand un fils lui fut donné ... (1 Sam. 2, 1.). Le huitième fut chanté par
David ... pour tous les miracles ... (1 Sam. 22. 1.) Le neuvième fut chanté par Salomon ... (Le Cantique
des Cantiques.) Le dixième chant sera chanté par les Enfants de l'Exil quand ils seront libérés de leur
exil. (Is. 3D, 29.} •
Il existe une différence entre la perception de la vérité et la foi. La vérité est ce que
l'on peut voir et toucher, La foi est ce que l’on croit. En un sens, la vérité est plus
solide que la foi parce qu’elle se fonde sur du tangible, sur une connaissance
confirmée, Mais la vérité est limitée précisément pour cette raison. À la Mer, Israël
comprit la miséricorde de Dieu à l'œuvre alors. Ils comprirent quel était Son but en
leur infligeant les souffrances des années d'Exil et d'esclavage. Cette connaissance
était devenue «vérité» pour eux. Mais lors des épreuves futures ? Comment eux et
leurs descendants réagiraient-ils dans des circonstances différentes, de celles qui
cachent la Présence de Dieu et masquent Sa grâce aurait-il la foi s’il ne pouvait voir
la vérité ? La grandeur d'Israël à l’épisode de la Mer était telle que la plus humble
des servantes voyait des prophéties supérieur aux visions des Ézéchiel et que les
enfants percevaient la réalité divine si sensiblement qu'ils purent montrer du doigt «
voici mon Dieu ! »
Ils croyaient ! Il leur avait été tant révélé qu’ils croyaient avec une fois totale que
toute autre circonstance imaginable ne serait qu'une autre manifestation de la
volonté et de la grâce divine.
Voici la condition préalable au chant: que l'homme que l’homme perçoive que chaque
chose joue son rôle et ainsi doit-il exprimer le champ de la création dans ses propres
actions et faire entendre le chant qui sort de l’âme. Tous les dix chants de l’écriture
mentionnée par le Midrach ne furent entonnés, ne pouvait l’être, qu’au moment des
plus hauts degrés de sainteté. Même le miracle de Pourim, celui qui par définition
servait à révéler que tout enchaînement « naturel » d’événements ne fait que cacher
la main toujours présente de Dieu, ne peut faire jaillir un chant divin, ni même
donner lieu à la récitation du Hallel. Parce qu’il se produisit en dehors de la Terre
sainte, la source de sainteté, il ne put donner lieu à ce genre de débordement
spirituel que la Torah appelle « chant ».
Le Hallel de par sa nature même, signifie la perception
du message de la création. En expliquant pourquoi il
n’est pas récité à Pourim, le Talmud cite une opinion
selon laquelle, la lecture même de la Meguila constitue
un Hallel. Il est vrai que le caractère caché du miracle
de Pourim exclut la récitation du Hallel, un chant
affirmant que la main de Dieu est partout et que tous
les éléments de la création entonnent un chant
d’obéissance. Cependant la lecture de la Meguila révèle
que l’occultation n’était qu’une illusion.
Quand le roi Salomon acheva le Saint Temple, il fit plus que de finir une
construction. Il provoqua une joie divine supérieure à toute autre depuis la création.
Il construisit un Temple sur terre qui était la réplique du Temple d'En Haut. Il s'agit
là de sa dimension spirituelle comme dans tous les endroits l'Ecriture et le Midrach
font référence à la réplique humaine d'un objet céleste. Le Temps de Salomon
exprimait sur terre la conscience qu'ont les enjeux de l'harmonie de la création.
Cette conscience qu'expose leur constant chant de louanges à Dieu. Cette conscience
qui est l'essence du Saint Temple d'En Haut. Salomon amena Israël à reconnaître
que toutes les conditions de la vie sur Terre sont dues à Dieu et créés pour Son
service. Cette reconnaissance et chant : les mots n'en sont que l'expression
extérieure.
La paix, Salomon et le Temple.
La Paix, dans la pensée juive, est un concept positif. Il signifie que chaque faculté
dans un homme, chaque homme dans une société, chaque société dans le monde a
la possibilité de s'accomplir, se satisfait de son rôle, le remplit et contribue ainsi à
apporter sa note distinctive dans la symphonie de la création.
La période du roi Salomon fut unique dans l'histoire, quant à la considération de
cette idée. Les guerres avaient été menées par David : il avait vaincu l'ennemi à
l'extérieur et l'ennemi intérieur, le physique et le spirituel. L'époque de Salomon fut
celle de la tranquillité, d'une étude intense de la Torah qui apportait la paix à l'esprit
et d'une richesse extraordinaire qui apportait la paix en ce qui concerne les besoins
et désirs d'ordre matériel. Les nations venaient de loin pour honorer le Roi sage. Elle
lui apportait leur tribut. Le monde était en paix. Avec l'achèvement du Saint Temple,
les maîtres, les seigneurs, les dirigeants apportèrent de partout des offrandes à
Dieu. C'était réellement un temps de Paix au sens le plus positif du terme.
Tous les yeux étaient tournés vers le Roi et le Temple, tous deux représentants le
même idéal. Parce que, de même que le Temple était la résidence de l'esprit divin,
Salomon l'était également. En vérité Shalom est un nom de Dieu parce qu'il est la
source d'ultime de toute paix.
C'est pourquoi Dieu dit à David : « Mais un fils te naîtra, qui sera un homme
pacifique et qui, grâce à Moi, sera en paix avec tous ses ennemis alentour. Il
s'appellera Chelomo et, sa vie durant, j'assurerai la paix et la tranquillité à Israël ».
Le Seigneur n'évoquait pas seulement le Salomon de chair et de sang. Il promettait
à David qu’un Temple serait bâti par une personne idéale qui régnerait sur un monde
idéal. Une personne qui ferait la Paix, qui incarnerait la Paix, et qui, en tant que
substitut du Roi à qui appartient la Paix, chanterait la symphonie de la Paix.
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