« Tu presses ton nez dans mon cou. Ton odeur est partout, tous mes

Transcription

« Tu presses ton nez dans mon cou. Ton odeur est partout, tous mes
« Tu presses ton nez dans mon cou. Ton odeur est partout, tous mes sens
m’emportent vers toi. Brière passe à Carter, qui remet à Pronger. Shit, y faut que je
reste avec les gars, les Glorieux ont besoin de moi. Ta main envahit mes cheveux.
C’est une attaque en règle, je n’ai plus aucune défense. Pronger passe à Brière. Ta
bouche s’approche de l’enclave. Brière s’élance. Ta langue décoche un boulet qui
touche la cible. Tes lèvres se blottissent au creux des miennes, alors que Brière
marque son deuxième et détruit le Canadien. Profitant de la cohue générale, tu
m’embrasses encore plus. Ton baiser est un baume, un voile. J’en oublie le hockey
et me dédie entièrement à toi. C’est la défaite dans l’air, mais l’euphorie dans ma
bouche. Ton regard me fait comprendre qu’on reste pas pour l’Antichambre, ta main
dans ma nuque, qu’on reste même pas pour les étoiles. »
D’où est-ce que ça vient le « Théâtre Jésus, Shakespeare et Caroline »?
Le Théâtre Jésus, Shakespeare et Caroline, ce sont trois
amis qui trouvaient avec regret que bien souvent la poésie
était traitée et rendue de façon ennuyeuse au théâtre.
Nous nous sommes donc donné comme mission de chercher les façons de
la rendre plus vivante, plus sensible, plus près des gens. Pour ce faire, nous
travaillons sur une poésie extrêmement concrète,une poésie à notre image,
jeune, intense, bien ancrée dans la réalité, dans le quotidien d’aujourd’hui.
Nous visons une parole sincère et vraie, sans fioriture. Nous
voulons prendre les mots à bras le corps, avoir des images dans les mains plutôt que la tête dans les nuages.
« Jésus, Shakespeare et Caroline » parce que nous croyons que nous rassemblons tous en nous-mêmes le suprême (Jésus), l’épique (Shakespeare)
et le banal (Caroline); le magnifique et l’ordinaire; le poétique et le concret.
C’est quoi ça Amours écureuils, qu’est-ce que ça raconte?
Amours écureuils, c’est une histoire d’amour. C’est une histoire de rupture, une quête de
sens, une recherche de l’autre, une recherche de soi.
Ça raconte l’histoire d’Alex, qui par un soir de printemps retourne chez Agathe son excopine. Il entre dans son appartement, puis dans sa chambre alors qu’elle est endormie. Du
moins, c’est ce qu’il croit. Car Agathe ne dort pas, elle fait semblant. Alex va donc profiter de
ces quelques heures avant l’aube pour lui raconter une histoire. La sienne. La leur.
« Notre histoire, c’est une belle histoire. J’ai peur que tu l’oublies. Pis, je veux te raconter ce
que tu sais pas aussi. Parce que les fois où j’ai souri, mais où t’étais pas là, passeront pas au
téléjournal. Les fois où j’me suis levé en retard, parce qu’il n’y avait personne pour vérifier le
réveil, passeront pas aux Bloopers TVA. Les fois où j’ai pensé à toi, où je t’ai dit « je t’aime »
dans le silence de mes insomnies, sortiront pas en coffret DVD. Fak tu le sauras jamais. Fak
c’est pour ça que j’ai envie de rester. »
La pièce parle de cette nécessité de dire, de raconter. Au fil des souvenirs et des confessions, Alex tentera de faire la paix avec Agathe. Se réconcilier avec lui-même pour enfin faire
taire l’Écureuil, cette entité mystérieuse et poilue qui hante les pensées d’Alex de ses conseils sur la vie. À travers ses constats d’échec, il doit rétablir le pont avec ses émotions, afin
d’établir un véritable contact avec l’autre.
Amours écureuils révèle également avec nuances les préoccupations, les malaises, les désirs
de la génération de son auteur, soit les 20-35 ans. De jeunes adultes qui n’arrivent pas à bien
comprendre, à gérer, à accepter toutes les émotions qui les parcourent, les hantent. Une
génération qui connaît les principes et l’importance de la communication, mais qui peine à
entrer en contact avec l’autre de façon sincère et authentique. Une génération qui au fond
d’elle-même cherche le vrai, l’unique et qui pourtant favorise l’apparat et la consommation.
Qui ça va intéresser ça, Amours écureuils?
La réponse à cette question est bien-sûr un très large public. Cela dit, Jean-Michel
Girouard (l’auteur) avait envie de rejoindre plus précisément le public masculin qui
n’est malheureusement pas le premier à s’intéresser au théâtre et encore moins à la
poésie. Il avait envie que les gars qui viennent voir le spectacle ne soient pas là « juste
pour accompagner leur blonde » ou parce qu’ils ont un travail à faire pour l’école.
Il avait envie d’une pièce de gars qui allait intéresser les gars, dans laquelle les gars
pourraient se reconnaître en tant que gars.
Et c’est ce qu’il a fait. Grâce à son style d’écriture, son humour et sa sensibilité, JeanMichel développe un univers profondément masculin où se mélangent le hockey, la
poésie, les filles, la bière, l’amour, les écureuils, la Russie, le aki et le fleuve Saint-Laurent.
Un spectacle de gars, un univers masculin, mais qui réussit également à charmer et à
toucher les filles. Le personnage d’Agathe assure le point de vue féminin de l’histoire.
Ses réactions face à l’intrusion d’Alex, ainsi que son regard sur son ancien amoureux
révèlent avec sensibilité l’intimité de leur couple passé.
Tout est une question de point de vue. Selon vous, l’histoire qui est racontée, est-ce
que c’est celle d’Alex qui entre chez son ex-copine et lui raconte l’histoire de leur
relation passée ou n’est-ce pas plutôt celle d’Agathe qui voit son ex-copain surgir en
pleine nuit et décide de faire semblant de dormir, car elle ne sait pas comment réagir?
Venez voir le spectacle et ce sera à vous de nous le dire!
À quoi ça va ressembler ce spectacle-là?
La dynamique entre les deux personnages est un aspect crucial de la mise en scène. Alex
et Agathe ne peuvent interagir directement l’un avec l’autre, mais Vincent Champoux, le
metteur en scène, veut tout de même qu’ils restent connectés pour garder la fragilité que
provoque leur proximité physique et émotive. Dans ce grand monologue à deux, les nuances d’interprétation dynamiseront l’action. En jouant sur le rythme et l’intensité, chaque
souvenir dévoilera un climat différent.
Pour la mise en espace, le défi est important. L’histoire se passe entièrement dans la chambre d’Agathe, qui feint de dormir toute la pièce durant.Vincent Champoux veut s’éloigner
du réalisme de la situation afin d’éviter que ce personnage ne reste toujours cloué au lit.
Ainsi, Agathe pourra se lever et prendre vie dans les souvenirs d’Alex, afin d’éviter les
pièges du monologue. Nous pourrons ainsi explorer le plus d’avenues possible et mettre
en lumière les différents états émotifs d’Agathe.
L’idée est de dupliquer la chambre en trois temps, soit trois espaces identiques, érigés
côte à côte, nous permettant de faire coexister plusieurs réalités ou temporalités. Ainsi, de
droite à gauche, Alex évoluera d’une pièce à l’autre, reculant plus profondément dans ses
souvenirs, permettant à Agathe (en chair et en os) de se mouvoir librement d’une pièce
à l’autre et de réagir à ses propos. Plus on recule dans le temps, plus sa présence se fera
sentir.
Le choix des couleurs et des textures sera le plus possible collé à la réalité. Nous sommes très sensibles à cette idée que la pièce doit emprunter au réalisme magique (voire
poétique) et non à une symbolique onirique trop forte. En suggérant une chambre plus
dépouillée que les personnages ne la décrivent, la scénographie assurée par Marie-Renée
Bourget Harvey saura trouver le juste équilibre entre l’épure et la féminité des lieux. Nous
cherchons une façon de transposer la poésie de l’écriture en créant un lieu théâtral créant
une certaine distorsion avec la réalité.
Mais pourquoi avoir écrit Amours écureuils?
Mot de l’auteur
« Amours écureuils,
c’est une grande déclaration d’amour, un débordement que je ne pouvais plus contenir, à la
vie, à mes amis, à mes parents, à toutes les filles qui sont passées dans ma vie, même celles
qui ne l’ont jamais su.
c’est une prise de position, non pas politique, mais humaine.
ça crie haut et fort que la vie est belle, difficile et éprouvante, mais magnifique et plus
grande qu’on pourrait le penser.
ça crie mon désir d’être en vie et de le rester
ça crie qu’il faut plonger, se commettre, ne pas rester assis à attendre que la vie passe.
ça crie qu’il ne faut pas baisser les bras, qu’il faut « planter ses griffes dans la vie », qu’il faut
décider de « rester debout, les pieds plantés dans le sol, le front tourné vers le soleil ».
Finalement, qu’est-ce que ça veut dire le titre, Amours écureuils?
À vous de nous le dire! Venez voir le spectacle et dites nous ce qu’est pour vous un «
amour écureuil », ce que peuvent être des « amours écureuils »!
Est-ce qu’on peut en parler avec quelqu’un?
Si vous en ressentez le besoin ou l’envie, vous pouvez demander à entrer en communication avec l’auteur, le metteur en scène ou les comédiens, ils se feront un immense plaisir
de discuter avec vous et de répondre à vos questions.
Il est également possible d’organiser une rencontre avec vos élèves, rencontre préparatoire en vue d’assister au spectacle ou rencontre suite à une représentation pour échanger avec les concepteurs et artisans.
Il est également possible de faire une demande pour avoir accès au texte avant de voir le
spectacle et ainsi en faire la lecture pour vous-même ou avec vos élèves.
Activités pédagogiques possibles
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Analyse sémantique et thématique du texte.
Comment la poésie est-elle construite? Quelles figures de style sont-elles utilisées (comparaisons, métaphores, allitérations, assonances, amplifications, anaphores, antiphrases, antithèses, hyperboles, etc.)? Comment cela influence-t-il le récit, la psychologie des personnages?
Relevez les champs lexicaux se rapportant aux cinq sens, à la nourriture, à la nature, à la
spiritualité, au hockey à la vie quotidienne.
Quels thèmes, quelles valeurs sont développés dans la pièce? L’auteur prend-il position? Si
oui, quelle est-elle?
•
La poésie
La poésie est avant tout une expérience personnelle et émotionnelle. Quelles images vous
ont le plus accrochés, touchés? Pourquoi? Que signifie le titre, Amours écureuils, pour vous?
•
Exercice d’écriture
À travers le personnage d’Alex, l’auteur parle de l’importance de la mémoire, l’importance
de raconter nos histoires. À d’autres époques, la tradition orale était beaucoup plus importante, c’était ainsi que le savoir, que l’Histoire des familles et du monde se transmettait.
Identifiez un souvenir, un moment, une anecdote de votre vie que vous trouvez marquante
et que vous désirez ne jamais oublier. Rédigez-là en une ou deux pages pour ensuite en faire
le récit devant la classe.
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Amour et philosophie
L’amour est un thème, un enjeu au cœur de nos vies. Mais les artistes ne sont pas les seuls à
avoir abordé cette grande et brûlante question de qu’est-ce que l’amour. Plusieurs éminents
philosophes ont aussi tenté de mieux comprendre ce mystérieux phénomène. Comparez
la position d’un philosophe aux visions et actions des personnages. En quoi les positions se
rapprochent-elles? En quoi divergent-elles? Quelle est votre position? Voici quelques suggestions de philosophes qui ont abordé les thèmes de l’amour, du désir, de la passion : Platon,
Lucrèce, Montaigne, Rousseau, Kant, Schopenhauer, Kierkegaard, Nietzsche, Heidegger, Sartre, Beauvoir.
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À découvrir
Voici une liste d’écrivains et de musiciens québécois qui œuvrent de nos jours et qui ont fortement influencé et inspiré l’auteur.
Littérature :
-
Guillaume Vigneault, Carnet de naufrage et Chercher le vent.
-
Matthieu Simard, Échecs amoureux et autres niaiseries, Ça sent la coupe, Douce moitié.
-
Charles Bolduc, Les perruches sont cuites.
-
Nicolas Langelier, Dix milles choses qui sont vraies
-
Sylvain Trudel, Le souffle de l’Harmattant, Du mercure sous la langue.
Musique :
-
Dumas, Traces, Fixer le temps, Le cours des jours.
-
Yann Perreau, Un serpent sous les fleurs.
-
Le Husky, La fuite, Chanson moderne pour cyniques romantiques.
-
Karkwa, Le volume du vent, Les chemins de verre.
-
Monogrenade, Tantale.
-
David Giguère, Hisser haut.
-
Philippe B.,Variations fantômes.
À découvrir…