Poème astrologique. Témoignages et fragments

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Poème astrologique. Témoignages et fragments
Sélection d’ouvrages présentés en hommage
lors des séances 2016 de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
« J’ai l’honneur de déposer sur le Bureau de
l’Académie de la part de Paul Schubert, helléniste,
professeur à l’université de Genève, l’édition critique et
commentée du Poème astrologique d’Anoubion conservé
sous forme de fragments, parue en 2015 dans la
Collection des Universités de France, série grecque.
Comme le dit l’auteur dès le début de sa préface,
l’ouvrage présente un lien étroit avec notre Académie.
Paul Schubert a présenté une communication sous mon
patronage où il portait à la connaissance du public savant
la découverte qu’il avait faite d’un nouveau papyrus
d’Anoubion en 2009. La communication a paru dans les
CRAI avec un titre explicite : P. Schubert, “Le papyrus de
Genève inv. 268 : un nouveau fragment du poème
astrologique d’Anoubion, précurseur de Firmicus
Maternus”, p. 399-432. C’est cette communication qui a
été le point de départ de l’édition que je présente aujourd’hui. Grâce à cette découverte
papyrologique, P. Schubert apporte un enrichissement par rapport à l’édition toute
récente de D. Obbink publiée en 2006, qui elle avait déjà apporté beaucoup de
nouveau par l’exploitation de plusieurs papyrus d’Oxyrhynchus que son auteur venait
de publier en 1999.
Dans son introduction (144 p. en chiffres romains), Paul Schubert présente
d’abord ce que nous savons sur la personne d’Anoubion, poète grec en Égypte
romaine, ayant écrit un poème astrologique en vers élégiaques dont le titre est encore
inconnu de nos jours. Pour le situer dans le temps, on doit adopter une fourchette
chronologique assez large sous le Haut Empire romain entre le milieu du Ier siècle
ap. J.-C. et la fin du IIe siècle ap. J.-C. Le personnage d’Anoubion a été inséré dans le
roman pseudo-clémentin comme un astrologue de Thèbes en Haute Égypte faisant
partie de l’entourage de Simon le Magicien. Il est, en tous les cas, antérieur à
l’astrologue latin Firmicus Maternus datant du IVe siècle ap. J.-C.
Après avoir présenté l’auteur, Paul Schubert fait un exposé dense et clair sur
l’astrologie antique : ses principes généraux et les divers systèmes d’interprétation à
l’époque impériale ; puis il remonte, en faisant le point, à la lumière des découvertes
des dernières décennies, sur l’astronomie et l’astrologie à Babylone, en Égypte et en
Grèce, dont la jonction des traditions s’est faite à Alexandrie dès l’époque hellénistique
vers le milieu du IIe siècle av. J.-C. ; et enfin il revient à la place et à l’image de
l’astrologie, à la fois admirée et contestée, dans la société à l’époque romaine au temps
d’Anoubion.
Dans une troisième partie, Paul Schubert aborde les sources d’Anoubion et
prend parti pour une source commune perdue (Néchepsos-Pétosiris) qui serait
utilisée de façon indépendante par des astrologues grecs (Anoubion de Thèbes,
Dorothéos de Sidon, les Apotelesmata du Pseudo-Manéthon) ou par des astrologues
romains (Firmicus Maternus).
Il présente ensuite les témoignages et les fragments dans leur contexte de
transmission. On perçoit les difficultés d’attribution des fragments. Car il n’y a, en fait,
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qu’un seul fragment qui soit nommément attribué à Anoubion. C’est la citation de
douze vers faite par Héphestion de Thèbes (Test. 6a Frag. F 2), en réalité des distiques
élégiaques. Les fragments papyrologiques, pour leur part, ne fournissent jamais ni nom
d’auteur ni titre. La versification peut servir de critère pour la forme, et pour le
contenu, la comparaison avec Firmicus Maternus. Mais la prudence conduit Paul
Schubert à faire des distinctions entre les fragments d’attribution quasi certaine et les
fragments d’attribution incertaine. L’introduction se termine par la structure du
poème d’Anoubion telle qu’on peut la reconstituer à partir des témoignages et des
fragments, ainsi que par la comparaison avec les autres traités d’astrologie dérivés du
même modèle perdu.
Vient ensuite l’édition proprement dite : le texte critique grec et la traduction
française annotée, d’abord des témoignages plus ou moins étendus au nombre de 13,
puis des fragments au nombre de 18. Les notes infrapaginales sous la traduction
française sont complétées, comme il est d’usage dans les volumes de la Collection des
Universités de France, par des notes complémentaires ici très attentives à la syntaxe, à
la versification, ainsi qu’aux passages parallèles pouvant éclairer le sens, sans pour
autant masquer les incertitudes dans un texte particulièrement difficile. Le tout est
précédé d’une table de concordance par rapport aux travaux précédents et il est suivi
d’un index thématique très fourni, puis d’un index grec des fragments.
Outre l’apport nouveau du papyrus de Genève qui complète les papyrus
d’Oyrhynchus publiés par Obbink en 1999, cette édition bénéficie par ailleurs d’une
étude récente de S. Heilen parue dans Aestimatio. Critical Reviews in the History of
Science 7, année 2010 sur “Anoubion reconsidéré” (Anubio Reconsidered). Nul doute
que cette édition va devenir la nouvelle édition internationale de référence. Il n’est pas
inutile de mettre en relief qu’elle offre pour la première fois une traduction française
d’une grande précision.
Grâce à la papyrologie, la connaissance de l’œuvre d’Anoubion précurseur de
Firmicus Maternus a fait des progrès spectaculaires depuis une quinzaine d’années. La
présente édition en est le couronnement. »
Jacques JOUANNA
Le 19 février 2016
Poème astrologique
Les Belles Lettres
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