HIBOU GRAND-DUC Bubo Bubo - LPO Coordination Rhône

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HIBOU GRAND-DUC Bubo Bubo - LPO Coordination Rhône
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Gilbert COCHET
DONNÉES PRÉLIMINAIRES SUR LE HIBOU GRAND-DUC Bubo Bubo
DANS LES CAUSSES ET LES CÉVENNES
Référence; COCHET (G.) 1985
-
Données préliminairessur le Hibou grand-duc- Bubo
bubo-dans lesCaussesetlesCévennes -Bièvre,7l2l ,93-1OO-25,rue FrançoisMolé,
691 OO VI
LLEURBANNE,
Résumé.' Dans le cadre des recherches sur les grands Rapaces rupestres des Parcs naturels
du Midi de la France, une étude est actuellement en cours sur le Grand-duc dans les Causses
et les Cévennes.
Les premières données montre¡t une population de 22 couples inégalement répartis sur une
superficie d'environ 5 000 km2. L'alimentation est basée sur le Lapin et le Rat surmulot ;
le Hérisson est prat¡quement absent de ce régime, mais les micromammifères, les Oiseaux et
même les Poissons sont représentés. La ponte commence f in février et g reproductions
.l
suivies ont donné ,88 jeune en moyenne.
llexiste au moins 15 silesabandonnésqui montrent le déclin d'une partie de cette population, ce qui contraste avec la bonne tenue habituelle de l'espèce en France méridionaló.
Summary.'Preliminarydata abouttheEagleOwl(Bubobubo)intheCaussesandthe
Cévennes regions ( France).
Within the research programme on the larger cliff-dwelling raptors in the Natural Parks of
Southern France, a study is currently being made of the Eàgle Owl in the Causses and
Cévennes.
Thefirstdatashowapopulation of 22pairs irregularlydistributedoveranareaof about
5 000 km2. The diet is based on rabbits and brown (Ñonvay) rats ; Hedgehogs are practicallyabsentfromthisdiet,butmicromammals,birdsandevenfisharefound.
Laying
starts in late february, and g reproductions were observed, with an average of 1,88 young.
There are at least 1 5 abandoned sites, showing a decrease of a part of this population,
which contrasts with the usual steadiness ot the species in Southern France.
Les parcs naturels du Sud de la France effectuent actuellement une étude sur
les grands Rapaces rupestres. Les recherches sur le statut et la biologie du Hibou GrandDuc (Bubo bubo) dans le Parc national des Cévennes m'ont été confiées pour une pé-
riode de trois années.
L'objet de cette étude comporte le recensement aussi exhaustif que possible
de la population actuelle, la mise en évidence de ses caractéristiques biologiques et de
sa dynamique afin de pouvoir appliquer une polit¡que de protection adaptée,
A mi-parcours, l'objectif est encore loin d'être atteint ma¡s déjà les grandes
lignes apparaissent, elles seront présentées succinctement. Auparavant, il m'est agréable
de remercier J.C. AUSTRUY, coordinateur de l'étude, J. BONNET, J.L. PINNA et
B. RICAU gardes au parc des Cévennes. Leurs connaissances ont édifié les bases de cette
étude seulement prolongées par mes recherches. J.P. MALAFOSSE m'a fourni des données intéressantes sur les Grandsducs lozériens. Jean de KERMABON, responsable biologique au Parc des Cévennes, a souvent joué le rôle de médiateur entre les hommes de
terrain et les instances adm¡nistratives.
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Je tiens aussi à remercier le Parc de mettre gracieusement à ma disposition une
partie du château de Roquedols où j'ai apprécié l'aimable hospitalité de J.L. PINNA et
son épouse. Enfin, mon frère Philippe m'accompagne souvent sur le terrain.
I
-
DESCRIPTION DE LA ZONE D'ÉTUDE
Les recherches biogéographiques supportent mal les limites administratives. De
fait, notre zone d'étude s'est trouvée profondément remaniée et étendue par rapport
aux limites du Parc national des Cévennes, zone périphérique incluse. Les phénomènes
biologiques étudiés et notamment les modalités de la répartition pourront ainsi bénéficier d'une plus grande cohérence.
Limites approximatives et superficie (fig. 1)
La montagne du Goulet constitue la limite Nord. A l'Est les bassins du Chassezac et de la Borne appartiennent entièrement à la zone d'étude, y compris le canon jurassique du Chasezac dans le Bois de Paiolive. La limite suit ensuite le contact entre le
massif cévenol et le bas-pays en passant par St-Ambroix, Alès, Anduze, St-HippolyteluFort et Ganges. Le bassin de la Vis est exclu et la vallée de l'Arre constitue une partie
de la limite Sud. La totalité du bassin de la Dourbie est étudiée ainsi que celui du Tarn
jusqu'à Millau. Au Nord-Ouest la limite traverse le Causse de Sauveterre, le Cause de
Mende et exclut la vallée du Lot étudiée seulement dans sa part¡e la plus en amont.
Ainsi délimitée, la zone d'étude couvre une superficie d'environ 5 000 km'2.
Figure 1 : Limites de la zone d'étude.
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Approche géomorphologique et géologique
Sans entrer dans les détails et en ne mentionnant que quelques aspects pouvant
avoir un impact sur la répartition de l'espèce étudiée, il convient de donner quelques
grandes lignes.
Le versant méditerranéen est constitué dans sa plus grande part¡e par le schiste
des Cévennes. Ses caractères lithologiques alliés à une érosion intense ont donné un aspect
caractéristique en Serres et Valats. Les vallées, très encaissées, possèdent de nombreux
petits affluents et la pénéplaine sommitale a été réduite à l'état de crêtes. Pour l'ornithologue étudiant les Rapaces rupestres, ce relief signifie l'abondance des sites rocheux, mais
aussi la quasi inexistance des terrains de chasse suite à l'absence de plateau.
Mais ce n'est pas là le seul aspect de ce versant. Au Nord et au Sud des roches
plus résistantes (granite du Mont-Lozère, de l'Aigoual) ont laissé subsister des plateaux
dont le plus bel exemple est donné par la pénéplaine de la Borne. C'est d'ailleurs principalement dans ces secteurs que se sont réfugiés les derniers couples d'Aigles royaux cévenols
aujourd'hui disparus.
Enfin au Sud et à l'Est des Cévennes s'étendent des formations sédimentaires au
relief peu (canon du Chassezac) ou fortement (Sud des Cévennes) remanié par la tectonique.
Le versant atlantique entaille une partie du massif schisteux cévenol. Le relief est
cependant bien moins vigoureux :dénivellé de 400 à 500 m seulement entre plateaux et
fond de vallée contre souvent plus de 1 000 m sur le versant méditerranéen. La moins
grande capacité érosive des eaux atlantiques demeure l'explication principale.
La traversée des grands plateaux calcaires et dolomitiques des Causses par les
cours d'eau offre le meilleur attrait pour l'espèce étudiée. L'action conjuguée de l'érosion
chimique et mécanique guidée par le jeu tectonique a donné naissance aux canons des
Grands Causses. L'existence simultanée de parois rocheuses de très grande taille et de plateaux dénudés offre cette fois-ci terrain de chasse et secteur de nidification, soit un mi-
lieu géomorphologiquement très favorable aux Rapaces rupestres,
Aspect biogéographique
ll n'est pas de notre propos de présenter une étude sur la flore et la faune du
Parc national des Cévennes. ll nous suffira de préciser la diversité de cette région. En effet,
'l
d'une altitude d'une centaine de mètres au débouché des Gardons jusqu'à 699 m au
sommet de Finiels, la zone d'étude présente une palette s'étendant de l'étage méditerranéen
jusqu'à l'étage subalpin. La variété sera donc extrême du Lézard ocellé (Lacerta lepida) au
Lézard vivipare (Lacerta vivipara), du Merle bleu (Monticola solitarius) au Merle à plastron
(Turdus torquatus), de la chênaie verTe (Ouercus ilex) à la nardaie (Nardus stricta) des
pelouses som mitales...
II
-
LA BIOLOGIE DU HIBOU GRAND_DUC DANS LES CAUSSES ET
LES
CÉVENNES
Le Grand-duc est très anciennement connu en tant qu'espèce présente dans la
zone d'étude (cf. historique), mais n'a cependant jamais faìt l'objet de suivi continu. Ses
effectifs n'ont jamais été connus avec précision, et les données sur sa reproductlon se résument à quelques observations éparses dans le temps et l'espace.
Une prospection intense a porté tant sur les couples nicheurs que sur les sites de
nidification désaffectés actuellement par l'espèce. Même si nous pouvons préciser quelque
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peu.le statut numérique, devant l'ampleur du terrain restant à couvrir, il est certain qu'il
ne s'agit que d'une approximation.
De ce fait, les données quantitatives présentées ici (date de nidification, nombre de jeunes...) demandent à être confortées dans les années à venir.
ll-1
-
Historíque
Les données bibliographiques sur le Grand-duc sont assez clairsemées, mais permettent de confirmer une occupation ancienne. Dès 1840, cRESPON, dans <l'ornitho-
logie du Gard> le donne comme une espèce assez commune et indique qu'il <niche dans
les fentes de rochers, dans les châteaux abandonnés et dans les trous des masures>. En
1891, PAPAREL le mentionne dans la <Faune de la Lozère> et pour DELMAS, en
1912, il est commun dans l'Aveyron.
Plus tard, et sous l'impulsion du Dr ROCHON-DUVIGNEAUD, une série de
voyages ornithologiques, presque exclusivement dans les Causses à la recherche des derniers Vautours fauves, permet quelques contacts avec le Grand-duc. Ainsi successivement
BOCHON-DUVIcNEAUD (1921, 19341, HEIM de BALZAC (19221, MEYLAN (1934),
MAYAUD (1934), BLANCHET (1939) et enfin BERTHET (1947) indíquenr une série
de localités dans tous les grands canons des Causses.
En 1937, HUGUES signale que le Grand-duc se rencontre en Lozère sans autres
précisions et, en 1939, PERRIER le mentionne dans sa monographie sur la Montagne
du Liron.
L'étude de la toponymie nous apporte peu de renseignements, la discrétion de
l'espèce et ses mæurs nocturnes expl iquent certainement cette carence. Néanmoins, il
existe quelques grottes ou avens du Grand-duc avec son appellation en patois cévenol :
<dugo>. Ces mentions, malgré leur rareté, confirment la présence ancienne de l'espèce.
Plus près de nous, THIOLLAY (1966) donne la première estimation chiffrée
pour l'ensemble du <Midi français> (la zone étudiée y est totalement inclue) soit une
centaine de couples, quatre fois plus nombreux 30 ans plus tôt. Remarquons d'emblée
que les études ultérieures ont montré que cette estimation était très en dessous de la
réalité et que la variation d'effectif avancée était sans véritable fondement.
En définitive, l'ensemble de ces données peut se résumer à la présence régulière
du Grand-duc dans les grands canons des Causses, mais sans précision quantitative. Par
ailleurs, on ne posède aucune indication ancienne sur la présence de l'espèce dans les
Cévennes, si ce n'est dans la partie la plus méridionale.
ll-2
G
-
Méthode d'étude
Plusieurs méthodes d'étude ont été mises en æuvre pour étudier et recenser le
rand-duc.
- Repérage par le chant : des écoutes systématiques aux périodes les plus favorables permettent de déceler les couples notamment dans les zones très fortement rocheuses (gorges des Grands Causses).
- Recherche systématique dans les rochers pour déceler la présence d'indices,
plumées, pelotes, anciennes aires prouvant l'installation de couples, d'individus isolés ou
de nidification ancienne. Cette méthode bien que très fastidieuse apporte de nombreux
renseignements, et reste la seule valable pour trouver les sites abandonnés.
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- Écoute après la sortie des jeunes de l'aire. Ceuxci crient alors toute la nuit
ce qui permet la visite de plusieurs sites la même nuit (FAURE 1978).
-
Visite des aires après la nidification pour le ramassage des proies.
Le statut du Grandluc n'est pas, dans l'ensemble de la zone étudiée, des plus
florissant. De ce fait, nous nous sommes abstenus, chaque fois que cela était possible, de
visiter les aires pendant la nidification. Ces visitæ ont été remplacées avantageusement par
une observation à la jumelle qui, alliée à une bonne connaissance des mæurs du Grandduc, a permis dans la plupart des cas de découvrir læ aires et d'observer femelle et jeunes
sans causer de dérangement.
ll-3
-
Résultats
Répartition géographique
-
A partir des recherches effectuées,
sent
les traits marquants de la répartition apparais-
:
Les massifs d'altitude (au-dessus de 1 100 m environ) ne sont Þas (ou plus) occupés. Cette absence a déjà été mentionnée en Auvergne (CHOUSSY 1971)et nous l'avons
observé dans d'autres secteurs du Massif Central : Mézenc, Mont-Pilat or) l'espèce atte¡nt
très rarement 1 100 m.
Le versant méditerranéen est assez régulièrement occupé dans sa zone de contact
avec le bas-pays, mais le Grand-duc se raréfie fortement dès que l'on remonte les vallées
cévenoles en dépit de la faible altitude. Le couvert forestier dense, suite à l'abandon des
activ¡tés humaines, explique en partie cette absence.
Le versant atlantique, tant cévenol que caussenard, sans être densément peuplé,
l'est en tout cas beaucoup plus régulièrement. Cette fois, la présence d'activités humaines,
les territoires de chasse plus vastes favorisés par une morphologie plus ouverte, créent un
milieu bien plus favorable aux ducs.
-
Recensement
A l'heure actuelle, nous comptons au moins 22 couples nicheurs dans la zone
d'étude. L'effectif probable peut être estimé à une trentaine de couples.
'
A cette estimation, il convient de rajouter au moins 15 sites abandonnés. Ces
sites étant beaucoup plus difficiles à mettre en évidence que ceux des couples nicheurs,
cette dernière valeur est certainement très en dessous de la réalité.
Les 22 couples occupent une superficie approximative de 5 000 km2. Cette densité devient plus évocatrice quand on la compare à celle d'autres secteurs du Massif
Central et du Sud de la France. Ainsi dans le Velay, sur la même superficie, nous connaissons 33 couples tandis qu'en Ardèche, sur 5 500 km2, nichent au moins 70 couples' Dans
l'Hérault. CUGNASSE (1983) donne en moyenne un couple pour 100 km'.
'140 km2
Enfin, en Provence, BLONDEL et BADAN (1976) citent un secteur de
occupé par au moins 10 couples.
En définitive, les Causses et les Cévennes possèdent une population de Grands-ducs
aux effectifs relativement modestes, surtout au vue des innombrables possibilités rupestres.
-
Alimentation
L'étude de l'alimentation est basée sur la récolte des pelotes et des plumées dans
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les sites, ainsi que les restes de proies recueillis dans les aires après la nidification.
L'analyse détaillée est actuellement en cours au Museum d'Histoire naturelle
de lVarseille par P. BAYLE, mais déjà, nous pouvons déterminer les grandes lignes de
l'alimentation du Grand-duc dans les Causses et les Cévennes.
a-
tels que les grands Causses ou la Garrigue méditerranéenne, et de ce fait très défavorables au Hérisson.
Le Lapin est la proie type des couples chassant sur les plateaux des Causses
ou en Garrigue. Le Rat surmulot est capturé dans les vallées ou près des décharges
d'ordu res.
Nous avons noté parfois la capture de Lièvre (Lepus capensis) ou de Mustelidés comme l'Hermine (Mustela nivalis). L_es micromammifères font aussi partie du
régime du Grand-duc.
Dans la plupart des cas, les Mammifères ne suffisent pas et le Grand-duc sait
faire preuve d'éclectisme. Les Oiseaux de nombreuses espèces sont capturés surtout
s'ils sont de belle taille. ll en est ainsi de nombreux rapaces diurnes : Buse variable
(Buteo buteo) , Faucon crécerelle (Falco tinnunculus), Busard cendré (Circus pygargus),
Épervier (Accipíter nisus) , Bondrée apivore (Pernis apivorus) , ou nocturnes : ñrto-yeñ-Ouc
(Asio otus) , Effraie (Tyto alba) , Hulotte (strix atuco) et même petitduc (otus scops).
Le Grand corbeau (corvus corax) peuir être capturé à l'occasion mais le corvidé le
plus souvent observé dans les proies du duc est la Corneille noire (Corvus corone) suivie
par le Geai (Garrulus glandarius), la Pie Pica pica) eT le Choucas (Corvus monedula).
D'autres proies sont intéressantes à noter, ainsi dans les Gorges du Tarn, un
couple se nourrit en grande partie de poissons (Salmonidés et Cyprinidés), ailleurs, nous
avons observé un individu installé dans des rochers en forêt, et qui se nourrissait presque
exclusivement de Loir. Les insectes sont parfois capturés, surtout les Coléoptères.
Enfin des restes de proies beaucoup plus grosses (Mouton) découverts dans plusieurs cas
révèlent le caractère parfois charognard de ce régime.
En fonction des possibilités offertes par le secteur de chasse, le spectre alimentaire du Grand-duc peut donc être très l¡m¡té - cas de l'alimentation basée sur le Rat
surmulot - ou au contraire très étendu, et faire appel à des proies très diversifiées
(Oiseaux, Poissons, micromammifères, lnsectes, charogne).
-
Reproduction
Nos données proviennent de 9 cas de reproductions dans lesquelles le nombre
de jeunes a pu être déterminé. Nous obtenons 2 fois 1 jeune,6 fois 2 jeunes et 1 fois
3 jeunes, soit une moyenne de 1,88 jeune par nidification réussie. Cette moyenne n'a
cependant pas de valeur statistíque. Les 3 jeunes sont le fait d'un couple situé à proximité d'une décharge d'ordures ¡mportante, et qui se nourrit presque exclusivement de
Rat surmulot très abondant. ll s'agit donc d'un cas ponctuel qui ne reflète pas la tendance générale et la productivité est plus faible qu'en Provence (2,69 jeunes,
BLONDEL et BADAN 1976) ou dans l'exrrême sud du Massif Cenrral (2,C/ jeunes,
CUGNASSE 1983).
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La période de ponte, quand elle a pu être déterminée, se situe dans quatre cas
pendant la dernière semaine de Février et une fo¡s à fin Mars. Le caractère hâtif de la reproduction est classique chez le Grand-duc et la période de ponte est ici légèrement plus
tardive qu'en Provence (BLONDEL et BADAN 1976).
-
Évolution de la population et protection
Nous ne possédons pas actuellement le recul nécessaire pour juger de façon précise l'évolution de la population du Grand-duc des Causses et des Cévennes. Un travail de
prospection est encore nécessaire pour fixer, avec précision, les effectifs actuels. De plus,
les données anciennes sont rarement exploitables ou n'apportent aucun élément quantitar¡f.
Néanmoins, la recherche systématique dans les rochers a permis de trouver au
moins 15 sites actuellement abandonnés. L'examen des proies récoltées dans ces anciens
sites montre une alimentation basée essentiellement sur le Lapin de garenne. ll est probable que la baisse des effectifs de cette proie a pu entrainer la disparition d'une bonne
partie de la population de Grand-duc.
Un exemple précis met en évidence ce phénomène. Dans la vallée de la Dourbie,
nous connaissons seulement 3 sites occupés pour 7 sites abandonnés. Parmi ces abandons,
deux au moins sont postérieurs à 1980.
Un aperçu des causes de mortalité est apporté par 2 individus pris dans des clode fer barbelé, 1 électrocuté, 1 noyé dans une pisciculture et 3 jeunes mystérieusement disparus d'une aire en 1983. Les persécutions directes ont bien diminué voire
disparu, et ne sont plus en cause face à l'évolution des effectifs du Grandluc.
tures de
fil
L'espèce ne craint pas l'homme qui est très bien toléré, même à proximité immédiate. Les sites rocheux où nichent les Grands-ducs ne sont que rarement en danger
(carrière). C'est donc la nourriture qui a le plus d'impact actuellement, sur le statut du
Grand-duc. Des secteurs de chasse ont disparu suite au reboisement, le Lapin de garenne
a beaucoup diminué et hormis les secteurs riches en Bat surmulot, les proies de remplacement énergétiquement rentables sont difficiles à trouver.
Globalement, le Hibou Grand-duc a donc diminué dans les Causses et les Cévennes,
cette dim¡nution semble se poursuivre actuellement et est due essentiellement à la régression
de la nourriture. Géographiquement, c'est dans les secteurs les plus en amont des bassins
versants que la récession s'est faite le plus durement sentir. Au contraire, dans les basses
vallées ou au contact des plaines, l'espèce semble se maintenir. Cette situation est d'ailleurs
assez similaire à celle de l'Auvergne (CHOUSSY 1971), du Velay ou du Vivarais, où nous
constatons que les populations au contact des plaines assurent le maintien des couples
moins favorisés par les milieux fermés de l'intérieur des massifs.
ll-4
-
Conclusions
Dans les Causses et les Cévennes, le statut du Grand-duc présente donc, dans les
secteurs les plus défavorisés, un caractère franchement relictuel. Faute d'une nourriture
suffisante, ses effectifs n'offrent pas dans cette région le bon maintien ou la progression
observée dans d'autres secteurs du Sud de la France et du Massif Central et nuancent
quelque peu l'optimisme généralement admis pour cette espèce.
III-
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