LES ARTS TECHNIQUES DE LA PEINTURE

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LES ARTS TECHNIQUES DE LA PEINTURE
LES ARTS
TECHNIQUES
DE LA PEINTURE
L'art de peindre un tableau du 13e au 18e s.
Jusqu'au début du 19e s. aucun des éléments qui composent un tableau n'est produit de
façon industrielle. Le peintre doit donc être également un menuisier, un chimiste, un
sculpteur et un doreur.
LE PEINTRE, SCULPTEUR ET DOREUR
La fabrication des cadres
Il doit être capable de concevo i r, de construire et de sculpter les cadres, souve n t
complexes, des grands tableaux d'autel. Jusqu'au début du 15e s. ces cadres évoquent les
façades des cathédrales gothiques. Par la suite, ils fe ront référence à l'arc h i t e c t u re
classique inspirée de l'antiquité.
L'emploi de l'or
L'or est un matériau très cher qui donne en partie sa valeur au tableau. Il ne doit pas être
gaspillé. Il est très utilisé dans le décor des cadres. Jusqu'à la fin du 14e, il est la couleur
fondamentale du fond des tableaux :
Il est le reflet de la lumière divine sur laquelle se détachent les personnages
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vivement colorés.
Dans la pénombre des églises, la feuille d'or capte la lumière des cierges. Le
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tableau apparaît comme la vision de la "Jérusalem céleste", symbole du Paradis.
La technique
Le bois est re c o u ve rt d'une couche de peinture ocre rouge, le "bol d'Arménie". Par
transparence, le côté "clinquant" de la feuille d'or est atténué.
La feuille est posée avec un fin pinceau en poil de marte. Elle est polie avec une pierre
d'agathe ou une dent de loup.
LE PEINTRE, MENUISIER
Il lui faut construire le support sur lequel il va poser la couche picturale. Il existe
essentiellement deux types de support : le bois et la toile.
LE SUPPORT DE BOIS
Sa préparation
C'est le principal support jusqu'à la fin du 15e s. En Italie on utilise surtout le peuplier; en
Flandres et en Hollande, le chêne.
Le peintre surveille la taille des planches qui doivent avoir séché au moins 10 ans. Il les
assemble lui-même pour construire son panneau qu'il ponce soigneusement (croquis).
Le gesso
Pour dissimuler les jointures des planches et les veines du bois, il passe plusieurs couches
de préparation bl a n c h e ou g e s s o. C'est un mélange de plâtre et de colle d'origine
animale (peau de lapin, par ex.). Le résultat doit être aussi lisse et dur que l'ivoire.
Cette préparation homogénéise le panneau, diminue le pouvoir absorbant du bois et
facilite l'adhésion de la peinture sur le support. Elle confère plus d'éclat et de luminosité
aux couleurs.
Les inconvénients
Le bois est très sensible aux variations de température. Il peut se dilater ou se rétracter.
les planches peuvent se disjoindre et gondoler. Dans ces cas là, la couche picturale se
craquelle et se soulève. C'est un support lourd et difficilement transportable.
LE SUPPORT EN TOILE
Préparation
Le peintre construit le châssis de bois sur lequel elle va être tendue. De lin ou de chanvre,
elle est plus ou moins finement tissée selon le grain que désire l'artiste.Il faut la recouvrir
techniques peinture - 2
L'ART ET LA MANIÈRE
L a t ou ch e du pe int re e st
invisible. La surface du tableau
est lisse et luisante comme de la
porcelaine. C'est la "m a n i è r e
flamande".
Dès le début du 16ème s. à Venise,
Giorgione et Titien inventent
une nouvelle touche. Ils laissent
apparaître les coups de pinceau
e t couv ren t le urs œ uvre s
d' em pâtem en ts d e c ou le urs
pures :
- l a surfac e granu le use du
tableau joue avec la lumière.
- le geste créateur du peintre
devient visible.
Ils sont les précurseurs de la
peinture moderne.
❖ Le m edium est le liant qui
permet à la poudre de couleur
de s'agglu-tiner pour former une
pâte plus ou poins épaisse.
❖ Le véhicule est un diluant qui
permet d'étaler facilement cette
pâte, à l'aide d'un pinceau,
généralement fait en poils
d'écureuil.
LES TECHNIQUES
LES PLUS EMPLOYÉES :
COUCHE PICTURALE
(PIGMENTS + MEDIUM + VÉHICULE)
PREPARATION
support
au 14ème siècle :
PEINTURE A TEMPERA
(PIGMENTS + ŒUF + EAU)
GESSO
bois
au 16ème siècle :
PEINTURE À L'HUILE
(PIGMENTS + HUILE DE LIN
+ ESSENCE DE TÉRÉBENTHINE)
GESSO
toile
de plusieurs couches de gesso pour atténuer son pouvoir absorbant.
Usage
Son usage apparaît à la fin du 15e s. avec l'essor de la peinture à l'huile. Son succès est
assuré par les peintres vénitiens :
l'humidité de la ville rend problématique le support en bois.
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Venise est la spécialiste du commerce des œuvres d'art. Démontées de leurs
châssis, les toiles peuvent être roulées. Légères, elles peuvent facilement voyager.
LES AUTRES SUPPORTS
A cette époque, il existe d'autres types de supports (cuivre, marbre, papier,etc.). De nos
jours, ils n'ont cessé d'augmenter (ciment, matière plastique, carton, matériaux de
récupération …). Aucun support n'est parfait.
LE PEINTRE, CHIMISTE
Il est capable de doser les quatre éléments de la couche picturale : pigments, médium,
véhicule et vernis.
LES PIGMENTS
Les pigments naturels
Jusqu'au début du 18e s., ils sont naturels, d'origine végétale ou minérale.
Les pigments "végétaux", parfaits pour la teinture des tissus sont souvent impropres à la
peinture.
Les pigments "minéraux" se présentent comme des cailloux ou des tablettes qu'on achète
chez les apothicaires. il faut les broyer et les réduire en poudre (par ex. le lapis-lazuli,
pierre semi-précieuse, donne le plus beau bleu, le bleu outremer)
Les pigments "artificiels"
En 1704, deux chimistes tro u vent par hasard le premier pigment artificiel, le "bleu de
P r u s s e". Jusqu'à cette époque, il n'existait qu'une trentaine de teintes. Au 19e s. on
arrivera à en obtenir plus de 90. Cet élargissement de la gamme des couleurs, lié à la
fabrication industrielle de la peinture que l'on peut transporter dans des tubes , favorisera
la "révolution impressionniste".
LE MEDIUM ❖ ET LE VÉHICULE ❖
Le mélange de ces éléments se fait sur la palette à l'aide d'un couteau de peintre.
La peinture a tempera ou à l'œuf
Cette technique est majoritairement utilisée durant tout le Moyen Âge et jusqu'à la
p re m i è re moitié du 15 e s. Le medium est un mélange d'œuf et de colle animale. Le
véhicule est l'eau ou le lait de figue.
La tempera sèche très vite. On peut difficilement corriger une erreur.
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L'éclat des couleurs est un peu sec et froid.
La peinture à l'huile
L'huile de lin cuite était utilisée comme liant depuis longtemps. Mais son usage était peu
pratique : elle séchait très mal et la pâte obtenue, trop épaisse, avait du mal à s'étaler.
Vers 1410, Van Eyck tro u ve le véhicule idéal de l'huile : l'essence de
térébenthine. Les peintres flamands venus travailler à Naples et à Venise répandent ce
procédé en Italie. Cette technique entraîne une véritable révolution artistique. Peu à peu
l'huile supplante la tempera.
La peinture sèche plus lentement ; on peut donc se corriger, se repentir.
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Les couleurs sont plus éclatantes et plus moelleuses. la transition entre deux
couleurs peut être fondue et se faire insensiblement.
En diluant davantage la pâte dans l'essence, on obtient un jus transparent et coloré. On
peut alors peindre par fines couches juxtaposées : c'est la technique du glacis.
On obtient un très grand nombre de nuances d'une même couleur.
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Ce "jus" peu chargé de matière permet de peindre de minuscules détails.
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LES VERNIS
Leur rôle est essentiellement protecteur. Ce sont des résines d'origine végétale
(le pin par exemple). Mélangés aux pigments, ils leur donnent de la solidité et assurent la
stabilité des couleurs. Posé sur la surface du tableau, le vernis isole et protège la couche
picturale des variations atmosphériques et des pollutions.
Texte : Claude BASTY - Conception et réalisation : Michèle GOZARD - Edition 2001