JOHN LENNON JOHN LENNON
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JOHN LENNON JOHN LENNON
JOHN LENNON Thirty years ago today For ever in your debt (Lennon, in « Woman ») For ever in your debt (Lennon, in « Woman ») M algré son extrême médiatisation, l’homme demeure énigmatique, complexe, fascinant. 1962-1980, dix-neuf ans de songwriting. Mais son évolution ne sera pas toujours facile. Ce sera une route longue et sinueuse. « The Long And Winding Road », en quelque sorte, comme aurait dit son ancien complice Paul McCartney. LES SIMPLES (1969-70) En juillet 1969, Apple sort en 45 tours « Give Peace A Chance » qui se veut un mantra pacifiste. Paul McCartney l’a même repris sur son dernier album live, en 2009. « Cold Turkey », en octobre, est le premier échec de John Lennon en solo. Les trois autres Beatles ont refusé d’enregistrer ce morceau, jugé trop hard. Ce sera l’une des causes de la séparation à venir au printemps 1970. C’est la chanson du manque et du désespoir, avec des cris à la Marc Bolan. « Cold Turkey » est assez poignant. C’est une description clinique du junkie en manque : Je ne peux pas envisager l’avenir, pas voir le ciel/ Mes pieds sont lourds, ma tête aussi/ J’aimerais être un bébé/ Je voudrais être mort/ Mon corps me fait mal/ Je ne peux plus dormir. Ce morceau figure aussi sur le 33 tours « Live Peace In Toronto », capté en septembre 1969, et également sur le double album « Some Time In New York City » en 1972, enregistré par le Plastic Ono Supergroup le 15 décembre 1969 au Lyceum à Londres. Puis John Lennon écrit dans l’urgence « Instant Karma », qui sort en février 1970. Produit par Phil Spector, c’est un autre sujet de déchirure entre John Lennon et Paul McCartney qui, lui, reste fidèle à George Martin, évincé du mixage final de l’ultime LP des Beatles, « Let It Be ». Le simple « Instant Karma » connaît un succès mondial. Mais le ton n’y est pas car l’interprétation (pessimiste) contredit les paroles : And we’ll all shine on/ Like the moon and the stars and the sun. Les images annoncent un crescendo de lumière, mais la voix de John est désabusée. Elle baisse d’un octave, s’assourdit. C’est un procédé que reprendra Led Zeppelin sur « Stairway To Heaven ». Robert Plant chantera : And it makes me wonder (et cela m’émerveille), mais il le dira d’une voix navrée, plaintive, désabusée, comme s’il n’y croyait plus. Il y a un terrible décalage entre le ton et les mots. Quant à la face B de Premier simple solo en juillet 1969. La séparation des Beatles s’est passée dans la douleur. Elle a fait l’effet d’un divorce chez les poissons rouges. John, George et Ringo avaient pris l’eau et les cailloux, Paul avait conservé le bocal, ou l’inverse. Mais, au début des années 70, the dream is over (le rêve est fini). John Lennon abandonne le surréalisme, la pataphysique et les Fab Four. Il prend la réalité à bras le corps. Les problèmes de société le préoccupent, la répression policière, la guerre civile en Irlande, l’enlisement au Viêt-nam, la pollution, etc. Il se sent pleinement un citoyen du monde. Le doux rêveur fait place à l’activiste, au militant pacifiste convaincu. C’est l’époque des bed-in avec Yoko, des grandes déclarations à la presse. La star déconnectée devient un homme de gauche. Trente ans après son affreux assassinat à New York, le 8 décembre 1980, un nouveau bilan s’impose alors que ressort sa discographie post-Beatles remasterisée le 9 octobre, jour de sa naissance à Liverpool en 1940. « Instant Karma », « Who Had Seen The Wind », elle est chantée par Yoko Ono, comme pour tous les 45 tours. LIVE PEACE IN TORONTO TORONTO (1969) En décembre 1969 paraît le 33 tours « Live Peace In Toronto », enregistré le 13 septembre 1969 lors de ce festival au Variety Stadium de Toronto, filmé par D.A. Pennabaker, qui réunit quelques-uns des plus grands rockers : Chuck Berry, Little Richard, Jerry Lee Lewis, Gene Vincent, Bo Diddley, etc. et encore Alice Cooper, les Doors, Chicago Transit Authority, plus le Plastic Ono Band, invité de dernière minute. C’est le grand retour de John Lennon (chant, guitare) sur scène avec sa femme Yoko Ono (vocalises), Eric Clapton (guitare solo), Klaus Voormann (basse) et Alan White (batterie). En effet, sa dernière prestation en public remonte au 29 août 1966, lors de l’ultime tournée des Beatles, au Candlestick Park de San Francisco. Annoncé par Kim Fowley, le Plastic Ono Band débute bien avec les reprises de « Blue Suede Shoes » (Carl Perkins), « Money » (Barrett Strong via les Beatles), « Dizzy Miss Lizzy » (Larry Williams) puis « Year Blues » (Beatles) et les premiers simples en solo de Lennon, « Cold Turkey » et « Give Peace A Chance », où Yoko intervient de plus en plus avant de totalement monopoliser la face B. 7