Aspects cliniques et therapeutiques de la névralgie faciale
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Aspects cliniques et therapeutiques de la névralgie faciale
UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR ***** FACULTE DE MEDECINE, DE PHARMACIE ET D’ODONTO-STOMATOLOGIE ***** ANNEE 2006 N° 23 A S P E C T S C L IN IQ U E S E T T H E R A P E U T IQ U E S D E L A N E V R A L G IE F A C IA L E E S S E N T IE L L E D U TRIJUMEAU : A PROPOS DE 11 CAS COLLIGES A L ’H Ô P IT A L G E N E R A L D E G R A N D -Y O F F THESE POUR OBTENIR LE GRADE DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE (DIPLOME D’ETAT) PRESENTEE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT LE 29 JUILLET 2006 PAR NDEYE LISSA DIA Née le 25 juin 1978 à Dakar (SENEGAL) JURY PRESIDENT : M. Lamine GUEYE Professeur MEMBRES : M. Seydou.B BADIANE Professeur M. Boubacar DIALLO Professeur Mm Soukéye DIA TINE Maître assistant DIRECTEUR DE THESE Mm. Soukéye DIA TINE DIA (Ndéye Lissa).- Aspects cliniques et thérapeutiques de la névralgie faciale essentielle du trijumeau à propos de 11 cas colligés à l’hôpital général de Grand-Yoff / par Ndéye Lissa DIA [s.l.] : [s.n.], 2006 – [ I ] – 86f : ill. ; 29,7cm – (Thèse : Chir. Dent. : Dakar : 2006 ; 16) Maître assistant N° 42.63.06.16 Rubrique de classement : CHIRURIGE BUCCALE Mots-clés : - Trijumeau - Névralgie - Carbamazépine - Anesthésie Me SH : - Trijeminal - Neuralgia - Carbamazepine - Anesthesia Résumé : La névralgie faciale essentielle est une pathologie rare, marquée par le caractère fulgurant de la douleur, et son aspect épileptiforme. C’est une affection invalidante non mortelle, qui se distingue par les aspects cliniques de la douleur et par l’importance que revêt la sphère crânio-faciale. Notre travail s’articule autour de trois parties. Nous avons évoqué dans la première partie, les bases anatomiques, la physiopathologie et la classification de la névralgie essentielle du trijumeau. Dans la deuxième partie nous avons rappelé les aspects cliniques et thérapeutiques et enfin la troisième partie est consacrée à notre étude réalisée à l’hôpital général de Grand Yoff HOGGY. Elle est rétrospective et prospective et s’est déroulée de juillet 2002 à juillet 2006 (5 ans). Elle a concernée 11patients atteints de la névralgie essentielle du V. Nous avons analysé les aspects épidémiologiques, la durée des symptômes, les aspects cliniques et thérapeutiques de la névralgie essentielle du V. JURY PRESIDENT : M. Seydou B. BADIANE MEMBRES : M. Lamine GUEYE M. Boubacar DIALLO Professeur Professeur Professeur DIRECTEUR DE THESE : Mme. Soukéye DIA TINE Maître assistant ADRESSE DE L’AUTEUR : Ndéye Lissa DIA Sacré cœur II Villa N° 8635 G Dakar (Sénégal) Email : [email protected] FICHE D’ENQUETE ETAT CIVIL - Nom : Prénoms : Age : Sexe : Profession : ETAT BUCCO DENTAIREHYGIENE BUCCO DENTAIRE : ANCIENNETE DE LA DOULEUR : CARACTERISTIQUES DE LA DOULEUR 1. SIEGE DE LA DOULEUR • • UNILATERAL BILATERAL SIEGE OPHTALMIQUE V1 • Paupière • Front SIEGE AU MAXILLAIRE V2 Pommette • Aile du nez • Lèvre supérieure • Gencive Dents SIEGE A LA MANDIBULE V3 Lèvre inférieure Plancher buccal Gencive • • Joue • • Dents • • • 2. DUREE Brève : quelques secondes à moins d’une minute Inférieure ou égal a 5mn • • Inférieure ou égal à 10 mn Supérieure ou égale à 10 mn • 3. Type de douleurs Coup de poignard Piqûre • • Décharge électrique Brûlure • • • Graduel 4. DECLANCHEMENT Parole • Mastication Affleurement d’une Zone gâchette Alimentation • • • MANIFESTATIONS MUSCULAIRES : Spasmes faciaux • Tic douloureux • MANIFESTATIONS VASOMOTRICES : Larmoiements • Congestion oculaire Troubles neurologiques Examen Radiographique • • Hyper salivation • • • TRAITEMENT DE LA NEVRALGIE AVANT CONSULTATION A L’HOGGY: Traitement traditionnel : Collier • incantation mystique • • Badigeonnage de produits gargarisme de produits Traitement odontologique antérieur : Extraction • soins conservateurs (OCE) traitement parodontal • • • Réhabilitation prothétique • prescription médicamenteuse • Traitement à l’HOGGY : Traitement médicamenteux • carbamazépine (Tegretol R) • • Vitamine B1 B6 B12 (PRINCIPE B FORT R) • • Prednisone (CORTENCYL) ou Chlorhydrate de tramadol • Evolution : délai accalmie Examen Radiographique • Traitement par alcoolisation : Nerf sous orbitaire • Nerf maxillaire supérieur Nerf mentonnier • Evolution : délai accalmie : • Nerf maxillaire inférieur • • INTRODUCTION La névralgie essentielle du trijumeau ou «tic douloureux» de la face décrite par André dés 1956, est une entité clinique parfaitement définie dont la physiopathologie demeure imprécise. [32] Il s’agit d’une douleur faciale paroxystique, intermittente et strictement unilatérale ; localisée à une ou plusieurs branches du nerf trijumeau. La névralgie est "essentielle" quand l’examen neurologique est normal et les examens paracliniques normaux. Dans ce cas, elle est probablement due à un conflit vasculo-nerveux. La névralgie apparaît vers l’âge de 50 - 55 ans avec une nette prédominance féminine. L’incidence de la maladie est faible : 5 nouveaux cas par an pour 100 000 sujets. [32] En l’absence actuelle d’explication objective concernant la physiopathologie de cette maladie idiopathique, les traitements restent symptomatiques avec une efficacité certaine mais d’une durée imprévisible. L’efficacité de la carbamazépine est telle qu’elle est considérée comme un test diagnostic. Les algies de la sphère crânio-faciale qui relèvent de divers spécialités (médecine générale, odontologie, ORL, ophtalmologie, neurologie) peuvent poser des problèmes diagnostiques et thérapeutiques lorsqu’elles prennent un caractère chronique. Il faut y associer l’importante dimension psycho-affective que représente le visage dans l’expression de la personnalité, ce qui peut influencer péjorativement le tableau algique. 1 L’objectif de notre étude était d’étudier : − Le profil épidémiologique des patients souffrant de la névralgie faciale essentielle du V. − Les aspects anatomo-cliniques et thérapeutiques de cette pathologie ; − L’apport de l’alcoolisation dans la prise en charge thérapeutique. Pour atteindre ces objectifs nous avons scindé ce travail en 3 parties : Dans la première partie nous avons rappelé : − les bases anatomiques du V, − la physiopathologie de la névralgie essentielle du V, − la classification des algies de la sphère oro-faciale. Dans la deuxième partie, nous avons étudié les aspects cliniques et thérapeutiques de la névralgie faciale essentielle du V. Enfin dans la troisième partie nous avons rapporté 11 cas de névralgie essentielle du V, qui ont été suivis à l’HOGGY. La névralgie faciale essentielle est une pathologie rare marquée par le caractère fulgurant de la douleur, et son aspect épileptiforme. C’ est une affection invalidante non mortelle, qui se distingue par les aspects cliniques de la douleur et par l’importance que revêt la sphère crânio-faciale. 2 3 I- RAPPELS ANATOMIQUES [31] La tête et le cou sont innervés par les nerfs crâniens, le plexus branchial, les branches postérieurs des nerfs cervicaux et par la partie céphalique du grand sympathique. Les nerfs crâniens sont au nombre de douze 12, et numérotés suivant leur ordre d’émergence à la surface de l’encéphale et leur ordre de sortie de la cavité crânienne. Du point de vue physiologique, les nerfs crâniens se répartissent en trois catégories : − Les nerfs sensoriels : Nerf olfactif (I), nerf optique (II), nerf auditif (VIII). − Les nerfs moteurs : Nerf moteur oculaire commun (III), nerf pathétique (IV), nerf moteur oculaire externe (VI), nerf spinal (XI), nerf grand hypoglosse (XII) − Les nerfs mixtes: Nerf trijumeau (V), nerf facial (VII), nerf glosso-pharyngien (IX), nerf pneumogastrique ( X ) ou vague. Les névralgies faciales essentielles intéressent les territoires anatomiques innervés par le trijumeau (V) et le glosso-pharyngien (IX). Notre étude sera consacré aux névralgies essentielles siégeant sur le territoire du trijumeau. I.1- LE TRIJUMEAU : V Le trijumeau, 5ième paire de nerfs crâniens émerge de la partie latérale de la protubérance par deux racines, l’une motrice l’autre sensitive . Ce nerf est donc mixte ou sensitivomoteur; d’une part, il 4 anime les muscles masticateurs; d’autre part, il donne la sensibilité à la face, à l’orbite, aux fosses nasales et à la cavité buccale. Embryologie Le trijumeau est le nerf du 1er arc ou arc mandibulaire. La racine sensitive dérive de la crête ganglionnaire. Le ganglion provient de la fusion de deux ébauches, qui chez les vertébrés inférieurs, restent séparés, l’une est annexée au V1 ou nerf ophtalmique de Willis et l’autre au nerf maxillo-mandibulaire. En face de chaque ébauche, se développe une placode dont l’une renflée volumineuse, s’accole à l’ébauche ophtalmique et l’autre plus réduite à l’ébauche maxillo-mandibulaire. Ebauche et placode forment le ganglion définitif d’où partent entre ectoderme et endoderme trois branches : − la 1ière va vers l’ébauche du globe oculaire − la 2ième vers le somite pré mandibulaire ou maxillaire − la 3ième vers le somite mandibulaire. Origine Les fibres sensitives naissent du ganglion de Gasser ou ganglion semi-lunaire. Le ganglion de Gasser est une masse nerveuse, semilunaire, aplatie de haut en bas, située sur la partie antérieure de la face antéro-supérieure du rocher. Il est contenu dans le cavum de Meckel, résultant du dédoublement de la dure-mère. 5 Branches Le trijumeau se compose de trois branches principales qui sont : − l’ophtalmique de Willis (V1) − le maxillaire supérieur (V2) − le maxillaire inférieur (V3). I.1.1- Le nerf ophtalmique de Willis : (V1) Origine Le nerf ophtalmique, sensitif, naît de la partie antéro-interne du ganglion de Gasser. Trajet Le V1 se porte en avant et un peu en haut, dans l’épaisseur de la paroi externe du sinus caverneux, jusqu’à l’extrémité antérieure du sinus; où il se divise en trois branches terminales: − l’une interne, est le nerf nasal, − une deuxième, moyenne; est le nerf frontal − la troisième, externe; est le nerf lacrymal. Collatérales L’ophtalmique de Willis V1donne : − Des filets anastomotiques au plexus péri carotidien, au pathétique et au moteur oculaire commun. − Des rameaux collatéraux méningés. L’un d’eux, appelé nerf récurrent d’Arnold, s’infléchit en arrière, croise le pathétique, auquel il adhère, ou bien le perfore, et se distribue à la tente du cervelet. 6 Terminaison Le V1 va donner trois branches terminales : − Le nerf nasal, − Le nerf nasal interne Le nasal interne accompagne l’artère ethmoïdale antérieure et parcourt avec elle d’abord le conduit ethmoïdal antérieur, ensuite le sillon ethmoïdal qui le conduit au trou ethmoïdal. Le nerf pénètre par cet orifice dans les fosses nasales, où il se divise en deux filets ; l’un interne, l’autre externe. Le rameau interne se ramifie à la partie antérieure de la cloison. Le rameau externe ou nerf naso-lobaire, descend dans la gouttière de la face postérieure de l’os propre du nez, contourne le bord inférieur et se termine dans la peau du lobule du nez. − Le nerf nasal externe Cette branche continue le trajet du nerf nasal et longe, avec l’artère ophtalmique, le bord inférieur du grand ophtalmique, le bord inférieur du grand oblique et se divise en filets ascendants pour la peau de l’espace inter-sourcilier et en filets descendants destinés aux voies lacrymales et aux téguments de la racine du nez. − Le nerf frontal Le nerf frontal pénètre dans l’orbite par la partie interne, large, de la fente sphénoïdale. Il chemine d’arrière en avant, entre le releveur, la paupière supérieure, la voûte orbitaire, se divise un peu en arrière du rebord supérieur de l’orbite, en deux rameaux, le frontal externe et le frontal interne. − Le frontal externe : nerfs sus orbitaires 7 Sort de l’orbite par l’échancrure sus-orbitaire. − Le frontal interne : Croise le rebord orbitaire en dedans du précédent. Ces deux rameaux se distribuent aux téguments du front, de la paupière supérieure et de la racine du nez. − Le nerf lacrymal : Cette branche traverse la fente sphénoïdale immédiatement en dehors du précédent. Il se porte en avant et en dehors, le long du bord supérieur du droit externe. Il se ramifie dans la glande et la partie externe de la paupière supérieure. Territoires fonctionnels du nerf ophtalmique : Le nerf ophtalmique reçoit et transporte la sensibilité de la peau du front, de la paupière supérieure. Par ses branches profondes, il assure la sensibilité des muqueuses de la partie supérieure des fosses nasales, c’est à dire de la gouttière olfactive des sinus frontaux, sphénoïdaux, ethmoïdaux, et du globe oculaire (réflexe cornéen). Par ses branches intracrânienne, elle assure la sensibilité de la dure-mère frontale et occipitale. Il transporte enfin les fibres végétatives empruntées au facial pour la sécrétion lacrymale et au moteur oculaire commun pour la dilation de pupille, la vasomotricité du globe oculaire. 8 I.1.2- Nerf maxillaire supérieur ou maxillaire : (V2)) Origine Le nerf maxillaire supérieur, de même que l’ophtalmique, est exclusivement sensitif. Il se détache du bord antèro-externe du ganglion de Gasser, en dehors de l’ophtalmique. Trajet − Dans l’étage moyen de la base du crâne: presque sagittal, il se dirige en avant et légèrement en dehors, − traverse le trou grand rond, − passe dans l’arrière fond de la fosse ptérygo-maxillaire, − traverse la fente sphéno-maxillaire et enfin chemine dans la gouttière puis dans le canal sous-orbitaire. Collatérales Elles sont au nombre de six : − Rameau méningen moyen: Il se détache du maxillaire supérieur avant sa sortie du crâne et se distribue à la dure-mère voisine. − Rameau orbitaire : Naît immédiatement en avant du trou grand rond. Ce rameau traverse la fente sphéno-maxillaire et s’anastomose avec un rameau du nerf lacrymal sur la paroi externe de l’orbite, à peu prés à l’union du tiers postérieur de cette paroi. De l’anse anastomotique ainsi formée partent des filets lacrymaux pour la glande lacrymale, et le nerf temporo-malaire. Le nerf temporo-malaire naît à la hauteur du bord inférieur du droit externe, pénètre dans le canal temporo-malaire et donne : 9 1er : un filet malaire pour les téguments de la pommette. 2ième : un filet temporal qui se distribue à la peau de la région temporale et s’anastomose parfois avec un filet temporal profond antérieur, branche maxillaire inférieur. − Nerf sphéno-palatin : Cette branche se détache du maxillaire supérieur dans l’arrière fond de la fosse infra-temporale. Il se porte aussitôt en bas et un peu en dedans, passe en dehors ou en avant du ganglion sphéno-palatin, auquel il s’accole. Il lui donne un ou deux rameaux anastomotiques. Le nerf se divise au-dessous de ce ganglion, en de nombreuses branches terminales qui sont : − les rameaux orbitaires, − les nerfs nasaux supérieurs, − les nerfs naso-palatins, − le nerf ptérygo-palatin, − le nerf palatin antérieur, − le nerf palatin moyen, − le nerf palatin postérieur. − Les rameaux dentaires postérieurs Ces rameaux, au nombre de deux ou trois, se séparent du nerf maxillaire un peu avant son entrée dans la cavité orbitaire. Ils descendent sur la tubérosité du maxillaire, s’enfoncent dans les canaux dentaires postérieurs et forment, en s’anastomosant audessus des molaires et prémolaires, un plexus dentaire qui fournit 10 des filets aux racines de toutes les molaires supérieures, à l’os maxillaire et à la muqueuse du sinus maxillaire. − Le nerf dentaire moyen Il naît du nerf sous orbitaire, soit dans la gouttière sousorbitaire, soit à l’extrémité postérieur du canal. Il descend de là dans l’épaisseur de la paroi antèro-externe du sinus jusqu’à la partie moyenne du plexus dentaire. Ce nerf est inconstant parce qu’il est fréquemment confondu avec le plus élevé des rameaux dentaires postérieurs, dont il partage le trajet jusqu’au voisinage de son territoire de distribution. − Le rameau dentaire antérieur Il naît du maxillaire supérieur dans le canal sous-orbitaire, s’engage dans le canal dentaire antérieur et supérieur. Ce rameau se distribue aux racines des incisives et de la canine correspondante ainsi qu’à la muqueuse de la partie antérieure du méat inférieur. Il s’anastomose en arrière avec le plexus dentaire. Terminaison Le nerf sous-orbitaire, dés sa sortie du canal sous orbitaire, se divise en de nombreuses branches terminales. On les distingue en ascendantes ou palpébrales, descendantes ou labiales, internes ou nasales. Les palpébrales vont à la paupière inférieure. Les labiales se ramifient dans les téguments de la muqueuse de la joue et de la lèvre supérieure. Les nasales se rendent aux téguments du nez. Un ou plusieurs rameaux du sous-orbitaire s’anastomosent; d’une part, en 11 bas, avec les rameaux sous-orbitaires du facial; d’autre part, dans les paupières, avec des filets palpébraux du nerf lacrymal en dehors et du frontal en dedans. Territoires fonctionnels du nerf maxillaire Le nerf maxillaire par ses terminaisons, transporte la sensibilité de la peau, de la joue de la paupière inférieure, de l’aile du nez; de la lèvre supérieure. Ses branches profondes transportent la sensibilité des muqueuses de la partie inférieure des fosses nasales ou étage respiratoire, celles des dents, des gencives et de la mâchoire supérieure. Ces branches intracrâniennes innervent la dure mère temporale et pariétale, ainsi que l’artère méningée moyenne. Il transporte enfin les fibres végétatives empruntées au nerf facial pour les sécrétions lacrymales et nasales. I.1.3- Le nerf maxillaire inférieur ou mandibulaire : (V3) Le nerf mandibulaire est un nerf mixte sensitivomoteur, c’est la plus grosse branche du trijumeau. Origine Le nerf mandibulaire est sensitivomoteur. Il résulte de la réunion de deux racines : − Une grosse racine sensitive qui naît de l’extrémité antèro-externe du ganglion de Gasser, en arrière du maxillaire supérieur, − une petite racine motrice placée sous la précédente; qui est la racine motrice du trijumeau. 12 Trajet Les branches sensitives et motrices du maxillaire inférieur se portent en bas et en dehors, dans un dédoublement de la duremère, particulier à chacune d’elles, et s’engage dans le trou-ovale. C’est là que les deux racines jusque là indépendantes, se réunissent. Dans le trou ovale, le nerf maxillaire inférieur est en rapport avec l’artère petite méningée, qui est en arrière et en dehors du nerf. A quelques millimètres au-dessous de cet orifice, le nerf se divise en deux troncs terminaux, l’un, antérieur, l’autre postérieur. Collatérales − Rameau méningé : A son émergence du trou ovale, le nerf maxillaire inférieur donne un rameau récurrent qui se porte en arrière, pénètre dans le crâne par le trou petit rond. Les ramifications de ce rameau accompagnent celles de la méningée moyenne. Terminaison − Branche du tronc terminal antérieur : Le tronc terminal antérieur donne trois branches : le nerf temporo buccal, le nerf temporal profond moyen et le nerf temporomasseterin. − Le nerf temporo-buccal : Ce nerf naît par deux racines rapidement réunies, se porte en avant et en dehors, passe entre les deux faisceaux du muscle ptérygoïdien externe, auquel il donne quelques filets. 13 Ce nerf se divise, à la surface externe du muscle en deux rameaux : − Le rameau ascendant, ou nerf temporal profond antérieur, est moteur. Il se distribue à la partie antérieure du muscle temporal. − Le rameau descendant, ou nerf buccal est sensitif. Il descend en arrière de la tubérosité du maxillaire, appliqué sur la face profonde du tendon du muscle temporal, prés du bord antérieur de ce tendon. Il atteint la face externe du muscle buccinateur, où il se divise en rameaux superficiels et profonds pour la peau et la muqueuse des joues. − Le nerf temporal profond moyen Ce nerf se dirige en dehors entre le ptérygoïdien externe et la grande aile du sphénoïde, se réfléchit en haut sur la crête sphéno temporale, et se termine dans la partie moyenne du muscle temporal. − Le nerf temporo-masseterin Le nerf temporo-masseterin se porte également en dehors entre le ptérygoïdien externe et le toit de la fosse ptérygo-maxillaire, mais en arrière du temporal profond moyen. Arrivé au niveau de la crête sphéno-temporale, ce nerf se divise en deux branches. − La branche massetérine traverse l’échancrure sigmoïde et se termine dans le masséter, qu’elle aborde par sa face profonde. 14 − La branche temporale, ou nerf temporal profond postérieur, s’infléchit en haut et se distribue à la partie postérieure du muscle temporal. L’une ou l’autre de ces deux branches donne un filet à l’articulation temporo-mandibulaire. − Branche du tronc terminal postérieur Ce tronc se divise en quatre branches: le tronc commun des nerfs du ptérygoïdien interne, du péri staphylin externe et du muscle marteau, le nerf auriculo-temporal, le nerf dentaire inférieur et le nerf lingual. − Tronc commun des nerfs ou ptérygoïdien interne, du péristaphylin externe et du muscle marteau Très court, ce tronc se porte en dedans, croise le bord antérieur du ganglion optique, auquel il est uni, et se divise en trois branches : − Le nerf du ptérygoïdien interne, se dirige en bas et s’enfonce dans ce muscle ; − Le nerf du péristaphylin externe ; − Le nerf du muscle du marteau. Ces deux derniers nerfs traversent la zone criblée de l’aponévrose inter-ptérygoidienne pour gagner les muscles auxquels ils sont destinés. − Le nerf auriculo-temporal Ce nerf se dirige en arrière et se partage en deux branches qui entourent l’artère méningée moyenne. 15 − Le nerf dentaire inférieur C’est la plus volumineuse des branches du nerf maxillaire inférieur. Dans les deux tiers des cas, ce nerf chemine avec les vaisseaux dentaires inférieurs, dans le canal jusqu’au trou mentonnier. En ce point, le nerf dentaire inférieur se divise en deux branches terminales : les nerfs mentonnier et incisive. Le nerf mentonnier à sa sortie du trou mentonnier, donne de nombreux rameaux terminaux destinés à la muqueuse, à la peau de la lèvre inférieure ainsi qu’au menton. Le nerf incisif se porte en avant et donne des rameaux à la canine, aux incisives et à la gencive. Dans un tiers des cas, le nerf dentaire se divise, dés son entrée dans le canal dentaire, en deux branches terminales. L’une est le nerf mentonnier, qui gagne le trou mentonnier sans donner de rameaux dentaires. L’autre est le nerf dental, fréquemment anastomosé avec le mentonnier, donne les nerfs dentaires. − Le nerf lingual Ce nerf descend en avant du nerf dentaire inférieur et décrit une courbe concave en avant et en dedans. Le nerf lingual se dégage du bord antérieur du muscle ptérygoïdien interne. Il s’infléchit en avant et chemine d’abord sous la muqueuse du sillon gingivo-lingual, au dessus du bord supérieur de la glande sousmaxillaire et du ganglion sous maxillaire. Il descend ensuite sur la face interne de la glande, contourne le canal de Wharton de dehors en dedans, en passant au-dessous de lui, et se place en dedans de la glande sub-linguale. 16 Il se divise en de nombreux rameaux terminaux qui innervent la muqueuse de la langue en avant du V lingual. Le lingual donne, au cours de son trajet, quelques filets destinés à la muqueuse antérieure du voile du palais et des amygdales. D’autres vont à la glande sous-maxillaire et à la glande sublinguale, par l’intermédiaire des ganglions nerveux sous-maxillaires et sub-linguaux d’où partent des filets nerveux destinés aux glandes correspondantes. Territoires fonctionnels du nerf mandibulaire Le nerf mandibulaire transporte les influx sensitifs perçus au niveau de la peau de la région temporale, de la joue et du menton. Ses branches profondes assurent la sensibilité de la muqueuse buccale, de la face interne de la joue, des gencives, de la lèvre inférieure, celle de la région antérieure de la langue, des dents et de la mandibule. Il transporte des fibres sensitives empruntées au VII bis par la sensibilité gustative de la pointe de la langue. Il fournit leur innervation proprioceptive aux muscles de la mimique. Ses branches intracrâniennes innervent les méninges du territoire de la fosse cérébrale moyenne. 17 Figure 1: représentation schématique du nerf trijumeau et de ses branches (d’après Pitres et Testut) [4] 1. Nerf facial 2. Corde du tympan 3. Nerf du ptérygoïdien interne 3’.Nerf du ptérygoïdien externe 4. Nerf du masséter 5. Nerf du mylo- hyoïdien 6. Nerf du ventre antérieur du digastrique 7. Nerf dentaire inférieur 8. Glande sublinguale 9. Glande linguale de Blandin 10. Nerf buccal 11. Nerf dentaire antérieur 12. Nerf sous-orbitaire 13. Glande lacrymale 14. Nerf nasal 15. Nerf frontal externe 16. Nerf frontal interne 17. Rameau cutané du nerf frontal interne 18. Nerf maxillaire supérieur 19. Nerf lacrymal 20. Nerf ophtalmique 21. Ganglion de Gasser 22. Ganglion optique 23. Nerf trijumeau 24. Nerf auriculo-temporal 25. Nerfs temporaux profonds 26. Ganglion sphéno-palatin 27. Nerf dentaire postérieur 28. Ganglion sous-mandibulaire 30. Glande sous-mandibulaire 18 Figure 2 : Les territoires sensitifs cutanés des branches périphériques du nerf trijumeau [19] 19 II- PHYSIOPATHOLOGIE DE LA DOULEUR La douleur est définie par l’OMS comme une : « sensation et émotion désagréables associées à des lésions tissulaires réelles ou potentielles ou présentées en des termes décrivant de telles lésions ». La douleur oro-faciale est complexe ainsi on note : − Une composante sensorio-discriminative ou nociceptive, organisée autour du complexe trigémino-thalamique ; − une composante cognitivo-affective, qui conditionne la perception et l’expression de l’expérience douloureuse. Elle est d’autant plus importante que la bouche est un lieu important dans la représentation du schéma corporel (nutrition, gustation, respiration, communication, zone érogène…) [27, 42] Mécanismes générateur de la douleur [27] Les différents mécanismes de la douleur dite idiopathique peuvent être d’emblé aigus, chroniques, ou évoluer vers la chronicité. − Mécanisme nociceptif C’est une hyperstimulation douloureuse due à des lésions périphériques. Son traitement est étiologique et symptomatique. − Mécanisme neurogène ou neuropathique Les lésions nerveuses peuvent être périphériques ou centrales. La douleur peut être paroxystique (décharge électrique, élancements ) et/ou continue(fourmillements, brûlures,hypoesthésie ou hyperesthésie associée ou non à une allodynie…). 20 La réponse aux antalgiques classiques est très faible. Les traitements neurologiques tels que les antiépileptiques ou les antidépresseurs sont plus efficaces. − Mécanisme psychogène La douleur physique est décrite comme l’expression d’une douleur psychique. Elle s’en distingue par une absence de signes organiques avec souvent des signes psychopathologiques. − Mécanisme idiopathique (mécanisme inconnu) Ce sont des douleurs qui peuvent être parfaitement décrites, voire traitables, mais dont l’étiologie n’est pas connue telles que les stomatodynies, les algies faciales atypiques. [42] Les voies de la douleur [10, 39] La connaissance des voies de la douleur, est importante pour comprendre la genèse de la douleur et ses possibilités de traitements. La sensation douloureuse peut être déclenchée par la libération de molécules algogénes telles que : l’histamine, la bradykinine, l’acide lactique, la sérotonine, les prostaglandines… La sensation douloureuse est perçue au niveau des récepteurs nociceptifs. terminaisons nerveuses Ces libres récepteurs des correspondent neurones sensitifs aux non myélinisés, situés dans la peau, les muscles, les parois viscérales. Ils sont de deux types : − Les fibres A mécanonocicepteurs : répondent aux stimuli mécaniques. 21 − Les fibres C polymodaux répondent à tous les types de stimulations. La transmission se fait par 3 types de fibres : − Les fibres A alpha : sont des fibres nerveuses de gros diamètre (6-17µm) myélinisées. Ces fibres assurent la sensibilité proprioceptive (sensibilité profonde) et le tact épicritique (sensibilité superficielle). − Fibres A delta : se sont des fibres de faible diamètre (1-5µm). Ces fibres sont faiblement myélinisées, et leur vitesse de conduction est lente (4-30m/s). Elles entraînent des douleurs localisées comme une piqûre. − Les fibres C : sont de faible diamètre (0.3-0.5µm).Ce sont des fibres non myélinisées et leur vitesse de conduction est lente (0.4-2m/s). Elles véhiculent la douleur diffuse, tardive comme la brûlure. − Enfin la douleur sera transmise aux niveaux des centres de terminaison des voies de la douleur − Le cortex frontal : donne le caractère nociceptif. − Le cortex pariétal : localise la douleur − L’hypothalamus : engendre les réactions neurovégétatives − Le système limbique : traduit la composante émotionnelle. [38] Evaluation de la douleur [5, 38] 22 Cette évaluation est importante, elle servira de base au traitement antalgique et surtout à ses adaptations. Cette adaptation peut s’aider de grille remplie par le patient, type questionnaire de la douleur de St Antoine . Elle comporte de même une autoévaluation par échelle visuelle analogique, méthode simple, qui sera répétée au cours du traitement. Echelle visuelle analogique (EVA) : « thermomètre" de la douleur. L’intensité de la douleur peut être définie par un trait tracé sur une échelle : Il faudra demander au patient d’indiquer par une croix ou un trait sur la ligne, le niveau de sa douleur actuelle. En cas de difficultés de compréhension de l’EVA, proposer l’échelle numérique (EN) ou l’échelle verbale simple (EVS). Echelle numérique (EN) Entourer ci-dessous la note de 0 à 10 qui décrit le mieux l’importance de votre douleur au moment présent : 23 Questionnaire de la douleur de Saint Antoine [39] 24 II.1- PHYSIOPATHOLOGIE DE LA NEVRALGIE FACIALE DU TRIJUMEAU : [13, 19, 26, 32] La physiopathologie reste un sujet de discussion. Il existe trois principales théories : 1 - Théorie centrale qui attribue la névralgie essentielle du trijumeau (V) à une hyperexcitabilité « épileptiforme » du noyau du V. Cette théorie est suggérée par le caractère épileptiforme des douleurs et leur sensibilité à la carbamazépine (Tégrétol), qui est un médicament anti-épileptique. 2 - Théorie périphérique stipule que des agents externes agressifs sont à l’origine des lésions de démyélinisation du nerf périphérique. Celles-ci favorisent des phénomènes de « courtcircuit », entre les fibres de la sensibilité tactile et celles de la sensibilité douloureuse. Ce qui expliquerait l’existence d’une zone gâchette, qui traduit la transformation d’une excitation tactile en une douleur. Cependant un mécanisme central cadrerait mieux avec le caractère intermittent de la douleur alors que le « court circuit » devrait être permanent. D’autre part de nombreuses affections démyélinisantes des nerfs périphériques ne réalisent pas le tableau clinique de la névralgie faciale essentielle. En faveur de cette hypothèse militent l’existence de névralgie symptomatique de lésions périphériques (ostéite, tumeurs …) et dans la névralgie « essentielle », la fréquente constatation d’un conflit vasculo-nerveux occasionné par une boucle artérielle. 3 - Il serait possible que la pathogénie soit mixte. Une altération des fibres des nerfs périphériques provoquerait une distorsion des messages et une modification dans le fonctionnement du noyau central. 25 III- CLASSIFICATION DES ALGIES FACIALES [27] Les algies de la sphère crânio-faciale qui relèvent de divers spécialités (médecine générale, dentaire, ORL, ophtalmologie, neurologie…) peuvent poser des problèmes diagnostiques et thérapeutiques notamment lorsqu’elles prennent un caractère chronique. Il est donc important de connaître ces pathologies de la sphère oro-faciale [11]. Une classification relativement simplifiée des algies faciales facilite le diagnostic. Elle comprend cinq groupes d’algies. (Voir tableau1) − Algies neurogénes − Algies vasculaires − Algies de la sphère crânio-faciale − Syndromes de l’ATM − Algies faciales idiopathiques Cette classification a été spécifié dans le tableau I. [2, 3, 8, 32, 41] 26 Tableau I : Classification des algies faciales Algies d’origine neurogène − Névralgie essentielle du trijumeau − Névralgies symptomatiques du trijumeau (post herpétique, dans le cadre des scléroses en plaques, d’un expansif de la base du crâne, d’une atteinte vasculaire du tronc cérébral) − Neuropathies sensitives isolées du trijumeau − Névralgie vagale, intermédiaire du glosso-pharyngien Algies d’origine vasculaire − Céphalée en grappe − Autres céphalées trigémino-autonomiques − Algies faciales et maladies cérébrovasculaires Algies d’origine ORL, de la cavité buccale, d’origine dentaire, − Sinusites et interventions sinusiennes − Obstruction nasale − Tumeurs ORL − Otalgies primaires et secondaires − Stomatites, pulpites Syndromes douloureux de l’articulation temporo-mandibulaire − Avec malocclusion dentaire − Polyarthrite rhumatoïde, maladies infectieuses, néoformations locales Algies faciales idiopathiques [16, 23, 34] 27 I- ASPECTS CLINIQUES 1.1- EPIDEMIOLOGIE La névralgie du trijumeau est une affection rare dont la prévalence est de 1,5/1000 habitants. Elle apparaît aux alentours de 50-55ans avec une prépondérance féminine de trois femmes pour deux hommes. Son diagnostic se fait par l’interrogatoire [30]. 1.2- SEMIOLOGIE CLINIQUE [14-25] Localisation de la douleur La névralgie est strictement unilatérale. Selon Sellal F, [32] : le plus souvent une des trois branches du trijumeau est affectée, V2 dans 15% des cas, V3 dans 20% des cas, V1 dans moins de 5% des cas. Lorsque deux branches sont impliquées, il s’agit le plus souvent du V2 et du V3 [32]. Par contre Rancurel G. [30], la topographie porte sur le nerf maxillaire supérieur dans 40% cas, le nerf maxillaire inférieur dans 20% des cas et elle intéresse la branche ophtalmique, dans le territoire sus-orbitaire dans moins de 10% des cas. Caractères de la douleur [13, 19, 21] La douleur est brève (de quelques secondes à moins d’une minute), à début et fin brusques, intermittente et discontinue se répétant à intervalles plus ou moins courts (constituant des accès), avec absence totale de douleurs entre les crises. La douleur est intense au point d’entraîner une crispation du visage (le tic douloureux). Elle survient par éclairs, à type de décharge électrique très brève, de l’ordre de la seconde, qui se regroupe en salves d’une durée de une à deux minutes. La période s’écoulant entre chaque éclair est parfaitement muette. Les salves 28 peuvent être espacées de plusieurs heures, comme elles peuvent se rapprocher au point de constituer un « état de mal névralgique ». Dans les formes graves, on peut observer quelques phénomènes vasomoteurs fugaces (rougeur cutanée, congestion nasale ou oculaire). Les salves peuvent se reproduire tous les jours pendant quelques semaines ou quelques mois. Ensuite peuvent survenir des rémissions de quelques mois à quelques années. Condition de déclenchement de la douleur [13, 19, 21] Son déclenchement provoqué est évocateur et classique. Le malade sait que l’excitation d’une zone déterminée, cutanée ou muqueuse, provoque la douleur. Elle est appelée « zone gâchette » ou « trigger zone ». Il peut indiquer la zone exacte dont la stimulation déclenche la crise. Le déclenchement se fait par simple affleurement d’une zone « gâchette » lors de la toilette, de la mastication, de la parole… La douleur est en outre favorisée par les émotions, alors que le repos, l’immobilité et la chaleur la diminuent. 1.3- LE DIAGNOSTIC POSITIF [19, 33] Le diagnostic de la névralgie trigéminale est essentiellement un diagnostic clinique. La simple présentation du malade à la consultation et son comportement peuvent suffire pour évoquer le diagnostic. Il avance et s’assied lentement en évitant de mobiliser la tête. Une partie du visage souvent mal lavée ou mal rasée, il évite tout mouvement susceptible de déclencher une crise. L’interrogatoire est rendu difficile avec un patient immobile, qui craint de parler. Le plus souvent c’est l’entourage qui répond aux questions. La douleur est décrite comme des élancements très 29 intenses et très brefs, à type de déchirure, d’éclairs, de décharges électriques qui irradient dans toute la moitié du visage entraînant une mimique caractéristique : « le tic douloureux de Trousseau ». L’interrogatoire souvent capitale de l’examen. Il difficile, permet représente de une préciser étape certaines caractéristiques indispensables au diagnostic et de proposer une solution thérapeutique. Cette névralgie est à distinguer des autres névralgies. Les caractères très typiques de la névralgie essentielle du trijumeau doivent permettre de poser le diagnostic. Toutefois la tendance est de qualifier la névralgie essentielle par rapport aux autres névralgies. 1.4- L’EXAMEN NEUROLOGIQUE Cet examen explore la sensibilité de la face, le réflexe cornéen, les autres nerfs crâniens et cherche une atteinte des voies longues, pyramidales et sensitives. Dans la névralgie essentielle, l’examen est strictement normal. La moindre anomalie doit faire évoquer une névralgie symptomatique et réaliser un scanner cérébral, voire une ponction lombaire [19, 33]. 1.5- DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL 1.5.1- Les autres névralgies faciales essentielles 1.5.1.1- La névralgie essentielle du glossopharyngien [21] Elle présente les mêmes caractéristiques que celles de névralgie trigéminale (douleurs fulgurantes, en éclair, de durée brève). Elle s’en distingue toutefois par : 30 − La douleur qui siége au fond de la gorge et irradie vers le pharynx et l’oreille. − La zone gâchette se situe au niveau de l’amygdale, ce qui explique le déclenchement des crises non pas par la mastication mais par la déglutition. − Des bradycardies importantes avec syncopes peuvent accompagner les crises. Elles seraient dues à une excitation du X qui est situé à proximité. Cette affection très rare, nécessite un bilan ORL et neurologique approfondi à la recherche d’une lésion locale avant de conclure à une névralgie essentielle du IX. Le traitement est le même que pour la névralgie du V. Ce n’est qu’en cas d’échec que peut être proposé une intervention neurochirurgicale. 1.5.1.2- Algie vasculaire de la face [10, 21, 24, 29] Cette affection est plus connue sous le nom de « Duster Headache » aux Etats-Unis. Elle touche généralement l’homme jeune. La douleur est souvent nocturne (fin de nuit ou tôt le matin).Elle se caractérise par des brûlures, des battements. La durée des crises s’étend sur plusieurs heures, sans présenter les vrais paroxysmes de la névralgie. Les crises réveillent le patient tous les jours pendant 15 jours à 3 mois, voir des années pour réapparaître ensuite. La topographie unilatérale ne correspond pas à une branche terminale du V ou du IX (ce n’est pas un territoire neurologique mais celui de la carotide externe qui est intéressé) ; Les phénomènes d’accompagnement sont vasomoteurs à type et d’érythème sécrétoires localisé, de 31 larmoiement, et de rhinorrhée (syndrome de Claude Bernard Horner). Le traitement se fait à base de dérivés d’ergot de seigle. 1.5.1.3- La migraine [9, 38] En plus des céphalées, il peut exister une douleur faciale importante dans les régions orbitaires, infra-orbitaires, ou frontotemporales. On parle de migraine sans aura lorsque les céphalées s’accompagnent de nausées ou de vomissements sans trouble neurologique. On parle des migraines avec aura lorsque les signes d’une atteinte neurologique centrale se manifestent transitoirement et disparaissent complètement. Les antalgiques mineurs suffisent pour le traitement des formes mineurs (acide acétylsalicylique, paracétamol, anti- inflammatoires non stéroïdien). Les dérivés de l’ergot de seigle seront réservés aux crises importantes. 1.5.2- Les névralgies faciales symptomatiques [9, 38] Elles peuvent être rapportées à une cause. Elles s’opposent aux névralgies essentielles par les caractères suivants : − La douleur est continue (bien que pouvant présenter parfois des paroxysmes) et spontanée (absence de zone gâchette). − Il existe des signes objectifs d’atteinte de la sensibilité à l’examen. Ces signes expriment soit des lésions qui provoquent la stimulation des récepteurs nociceptifs d’un nerf périphérique, soit des lésions profondes qui stimulent les voies de la douleur. 32 Il peut s’agir d’une neuropathie qui doit alors faire rechercher une maladie générale. (Diabète, maladies systémique…). 1.5.2.1- Névralgie du nerf laryngé supérieur [9, 29] C’est une affection très rare ; avec des crises douloureuses intermittentes latéro-cervicales. Les douleurs sont déclenchées par la déglutition. Il existe un point douloureux à la pression de la grande corne de l’os hyoïde. 1.5.2.2- Artérite gigantocellulaire ou maladie de HORTON [14] Cette affection touche généralement les femmes de plus de 60 ans. Elle se manifeste par une altération de l’état général, des céphalées temporales, des douleurs et des raideurs des ceintures scapulaires et pelviennes. Le diagnostic se fait par la biopsie des artères temporales. 1.5.2.3- Carotidodynie [9, 29] Cette affection touche aussi bien l’homme que la femme. Elle se manifeste par une algie latérocervicale avec irradiation et des crises de plusieurs jours à intervalle libre de plusieurs semaines. On note des antécédents migraineux. La carotide augmente de volume et est douloureuse à la palpation. 1.5.2.4- Stylalgie [9, 29] Elle est aussi appelée syndrome d’Eagle. Cette affection est due à une apophyse styloïde trop longue, avec une sensation de corps étranger, une dysphagie haute et des douleurs irradiantes vers l’oreille. 33 1.5.2.5- Algies post traumatiques [9, 29] Elles font suite à une lésion ou à une compression d’une branche du V par traumatisme facial ces traumatismes peuvent toucher les nerfs suivants : − le nerf mandibulaire : par fracture de la base du crâne − le nerf alvéolaire : par fracture mandibulaire, l’extraction de la dent de sagesse, l’ostéotomie mandibulaire. − le nerf infra orbitaire : par fracture orbito-malaire. Ceux ci se traduisent par des dysesthésies. 1.5.2.6- S A D A M (syndrome algodysfonctionnel de l’appareil manducateur) [6] Douleurs articulaires Elles sont rares et unilatérales. Elles siégent dans la région prétragienne. Les douleurs sont provoquées par les mouvements de la mandibule et la mastication. Elles surviennent le matin au réveil et s’estompent dans la journée. Douleurs musculaires Elles sont les plus fréquentes et diffusent dans la région massétérine, temporale et ptérygoïdienne. Bruits articulaires Ce sont des claquements lors du retour brutal du ménisque dans sa position normale avec des signes de luxations méniscales qui sont réductibles. Ces craquement surviennent lors des mouvements d’ouverture et de fermeture buccale, ils sont unilatéraux ou bilatéraux, et sont d’intensité variable. 34 Modification de la cinétique mandibulaire Elle se caractérise par une limitation de l’ouverture surtout le matin au réveil. Cette limitation s’estompe en cours de journée. Il y’a une déviation de la ligne inter incisive et une asymétrie des condyles à la palpation. Syndrome extra articulaire Ce syndrome est dominé par : − Les algies faciales unilatérales, qui siégent dans la région prétragienne, avec irradiation temporale, cervicale occipitale; parfois sous, rétro, sus-orbitaires et peuvent s’associer avec les algies vasculaires. − Les douleurs cervicales, avec des symptômes salivaires. Le diagnostic se fera par la radio orthopantomogramme ; la face basse bouche ouverte, Schuëller 1.5.2.7- Algies dentaires [29] − La pulpite − La desmodontite − Le syndrome du septum − Dents incluses − Les alvéolites. 1.5.2.8- Algies des affections sinusiennes [9, 10, 29] Elles sont rares. Elles peuvent être aigues ou chroniques. Selon leur siége on distingue : − Le sinusite frontal : c’est une algie de la région susorbitaire et de l’angle interne de l’œil. 35 − Le sinusite ethmoïdale : c’est une algie d’intensité modérée, profonde, et siège à l’intérieur ou à arrière de l’œil. − Le sinusite maxillaire: elle se manifeste par des douleurs aiguës à la pression du foramen sous orbitaire. Elle irradie vers les dents, le front ou le maxillaire. − Le sinusite sphénoïdale: c’est une affection rare avec des douleurs profondes qui irradient vers le vertex et l’occiput. 1.5.2.9- Douleur des Cancers ORL [24, 29] Lors d’une douleur localisée au niveau de la face et accompagnée de symptômes de la sphère ORL ; une origine cancéreuse doit être recherchée. Lorsque le cancer est curable, la douleur cède avec le traitement. A l’opposé, lorsque le cancer est incurable,la douleur domine vite le tableau clinique. Son traitement est complexe et souvent difficile à bien mener parce qu’il fait appel à plusieurs spécialités surtout lors nécessitant d’une une extension loco-régionale chimiothérapie, une et métastatique radiothérapie, ou une neurochirurgie. Ces cancers représentent 5% des cancers avec 90% d’homme et 50% de survie à 5ans, 60% des patients atteints se plaignent de douleurs sévères. 36 II- ASPECTS THERAPEUTIQUES DES ALGIES FACIALES ESSENTIELLES 2.1- LES BUTS DU TRAITEMENT Le but du traitement de la névralgie faciale essentielle du trijumeau est d’obtenir une sédation complète de la douleur. En l’absence actuelle d’explications concernant la physiopathologie de cette maladie idiopathique, les traitements restent symptomatiques avec une efficacité certaine mais de durée imprévisible. 2.2- LES MOYENS THERAPEUTIQUES Le traitement peut être médicamenteux,et ou chirurgical. 2.2.1- le traitement médicamenteux Le traitement est essentiellement médicamenteux, divers produits peuvent être prescrits : Diphényl hydantoïne : Dihydan® Le premier traitement, de découverte empirique, la phénitoïne (Dihydan®) a été proposé par Bergouignan en 1942. Il faudra attendre les années 60 et la découverte de la carbamazépine (Tégrétol®)pour que la névralgie du trijumeau trouve enfin une solution médicale [15, 22, 35]. Carbamazépine : Le Tégrétol® [15, 22, 35] Le Tégrétol antiépileptique psychotrope constitue actuellement un véritable test diagnostic. La douleur doit disparaître en 48 heures Depuis les années 60 la carbamazépine s’avère être le traitement de référence de la névralgie faciale. Le traitement doit être 37 administré progressivement en débutant par une posologie de 200mg 2 fois par jour, en fonction de la tolérance jusqu’à la détermination d’une dose minimale efficace obtenue avec le minimum d’effets secondaires. La forme « ordinaire » dosée à 200 mg paraît plus efficace que la forme à libération prolongée (LP) 200 et 400 mg. Il importe de cette indication que le médicament soit administré, non pas comme il est recommandé mais au minimum ½ heure avant la toilette ou les repas, pour couvrir ces évènements de la vie quotidienne propices au déclenchement des crises. Depuis l’étude de Blom, il y a eu de multiples observations pour confirmer l’efficacité de la carbamazépine qui doit être essayée dans tous les cas de névralgie essentielle du V. La dose doit être déterminée progressivement, par tâtonnements successifs. L’efficacité de la carbamazépine est très spécifique de la névralgie essentielle du V. La carbamazépine est un inducteur pour le métabolisme de nombreux produits (clonazépam, ethosuximide, doxycycline, contraceptifs oraux, warfarine, halopéridol, phénytoïne…) dont elle diminue la demi-vie plasmatique. [19] Le métabolisme de la carbamazépine est inhibé par le propoxyphéne, l’érythromycine, la triacétyloleandomycine, l’isoniazyde. A long terme, les résultats sont plus décevants ; il faut souvent réajuster la posologie parfois temporairement au cours d’une poussée évolutive de la maladie. 38 Le baclofen (liorésal), Fromm et coll 11 sont les premiers à rapporter son efficacité, chez les patients souffrant d’une névralgie essentielle, intolérants ou réfractaires à la carbamazépine ou à la phénytoïne. La sédation de la douleur est obtenue dans 74% des cas, que le baclofen ait été utilisé seul (24%) ou en association avec des doses antérieurement inefficaces de carbamazépine ou de phénytoïne (50%). Le bénéfice thérapeutique s’est maintenu pendant plusieurs années pour 50% des patients Fromm [11]. Depuis d’autres études ont confirmé ces résultats et précisé les règles de prescription du baclofen. La posologie est de 50 à 60 mg par jour lorsque le baclofen est utilisé seul, de 30 à 40mg par jour lorsqu’il est associé à la carbamazépine [18]. 2.2.2- Les traitements chirurgicaux Ils ne doivent être proposés que lorsque le traitement médical devient inefficace ou est mal supporté. L’alcoolisation sera effectuée en première intension, devant une insuffisance du traitement à la Carbamazépine. 2.2.2.1- La technique d’alcoolisation des branches du V: [14, 16, 20, 33] Devant l’échec du traitement médical, on procédera à l’alcoolisation d’une branche terminale du nerf correspondant. L’alcoolisation est considérée comme une technique obsolète par SINDOU [18], elle se révèle néanmoins d’une aide précieuse dans le cadre de l’urgence, car elle peut être réalisée dans le cabinet de 39 consultation. L’alcoolisation sera proposée devant l’échec du traitement médical. Il est préférable d’alcooliser le patient en période de crise ceci permet d’obtenir une bonne anesthésie du territoire anatomique concerné. Cette technique a été longtemps le traitement de choix. La technique d’alcoolisation est réalisée après anesthésie du nerf concerné, par infiltration de xylocaïne sans vasoconstricteur. 2.2.2.1.1- La technique d’anesthésie des branches du V L’anesthésie locale ou loco-régionale se définit comme la suppression réversible de la transmission de l’influx nerveux sur un territoire anatomique sans perte de conscience. Elle se traduit par la suppression de toute sensation. L’accès de certains troncs nerveux est simple sous réserve d’une connaissance anatomique, d’un choix des blocs et des indications thérapeutiques. Les branches du V peuvent être bloquées par différentes techniques d’anesthésie : − Au trou sous-orbitaire, − Au trou mentonnier, − Anesthésie du nerf maxillaire inférieur à l’épine de Spix, − Anesthésie tronculaire du nerf maxillaire inférieur au trou ovale par voie trans-sigmoïdienne, − Anesthésie du nerf maxillaire supérieur au trou grand rond par voie trans-sigmoïdienne . 40 Anesthésie au trou sous orbitaire [1, 12] − Le matériel : Le matériel utilisé est constitué : − D’une seringue dentaire, − D’une carpule d’anesthésie sans vasoconstricteur de 2cc de xylocaïne, − D’une aiguille bipoint de 42mm. La position du patient et du praticien Le patient est en décubitus dorsal, le regard en position médiane. Une ligne droite imaginaire relie la pupille centrée,le foramen supra-orbitaire, infra-orbitaire et le trou mentonnier. L’opérateur se place latéralement par rapport au patient. La technique Les repères sont sous le foramen infra-orbitaire, facilement palpable et repérable au doigt, environ 8mm sous le rebord orbitaire, à l’aplomb de la pupille centrée, et à 2cm de l’ail du nez. Par voie endobuccale, le repérage se fait à partir de la fosse canine. Après avoir dégagé la lèvre avec la main gauche, on pique dans la fosse canine, à l’aplomb de cette dent, la pointe de l’aiguille prenant la direction du foramen repéré par l’index. L’aiguille est dirigée, oblique en haut, en arrière et en dehors. Dés la traversée des plans superficiels, on injecte sous la muqueuse 1/2cc de solution anesthésique pour que les tâtonnements au niveau des filets terminaux du nerf ne provoquent pas de douleur. L’aiguille est enfoncée d’environ 2cm dans le canal sous-orbitaire avec 1,5cc environ de produit anesthésique. 41 Les résultats L’anesthésie est obtenue en 3 à 4 minutes. Elle s’étend aux dents, de l’incisive centrale à la canine, au rebord alvéolaire et à la muqueuse vestibulaire, sauf prés de la ligne médiane. Elle dure 30 à 40minutes. Cette technique permet d’atteindre le nerf dentaire antérieur et supérieur qui se détache du nerf maxillaire supérieur à l’intérieur du canal sous-orbitaire à 4 ou 8mm de son ouverture antérieure. Les limites Les incidents sont rares. Certaines dysesthésies séquellaires ont été décrites lorsqu’une injection accidentelle a été réalisée sous pression dans le canal. Un hématome sous-orbitaire est toujours possible. Figure 3 : Le nerf maxillaire supérieur (V2) 42 Anesthésie au trou mentonnier [1, 12] Le matériel Le matériel est le même que pour l’anesthésie au trou sous orbitaire. La position du patient et du praticien Même position que pour l’anesthésie au trou sous-orbitaire. La technique Les repères sont représentés par le foramen mentonnier, facilement repérable par le doigt et situé à l’aplomb de la prémolaire inférieure. La main gauche écarte la lèvre inférieure, l’aiguille est enfoncée au fond du cul-de-sac vestibulaire, au niveau de la prémolaire. Dans le plan frontal, l’aiguille fait un angle de 15° avec l’axe de la 2ème prémolaire. Dans le sens antéro-postérieur, l’aiguille est oblique en bas et légèrement en avant. Après avoir exploré la table osseuse, on sent la pointe de l’aiguille pénétrer dans l’orifice. Après une discrète infiltration, l’aiguille recherchera l’orifice par de petits déplacements latéraux et verticaux. Résultats L’anesthésie s’étend à la muqueuse gingivale et labiale inférieure ; à la peau de la lèvre inférieure et du menton, jusqu’à la ligne médiane. La canine et les incisives sont intéressées. Les limites Le pourcentage d’échecs de ce bloc est très faible. Les incidents décrits sont les paresthésies par infiltration intra- canalaire accidentelle. 43 L’anesthésie tronculaire à l’épine de spix [1, 12] Matériel − Une aiguille de 16mm de long et 30/100° de diamètre . − Une seringue auto aspirante − Une carpule d’anesthésie sans vasoconstricteur de 2cc de xylocaïne. La technique Le repérage se fera d’abord avec la pulpe de l’index opposé ou de préférence le pouce sur le bord antérieur de la branche montante. Ce repère constitue la limite externe à ne pas dépasser. Le second repérage se fera sur le ligament ptérygo-maxillaire qui sera la limite interne à ne pas dépasser. Le dernier repérage est visuel il est situé derrière la troisième molaire mandibulaire. Lorsque la bouche est largement ouverte; on constate que la muqueuse présente une dépression triangulaire à base supérieure, limitée latéralement par le bord antérieur de la branche montante et par le bord antérieur du muscle ptérygoïdien médial en dedans. L’injection se fera directement au milieu de ce triangle avec le corps de la seringue posé sur les molaires et prémolaires controlatérales selon l’orientation de la branche horizontale mandibulaire. Après 20mm de course le contact osseux doit être aperçu. Dans le cas contraire on augmente la course de 10mm. Résultats La rapidité avec laquelle le fourmillement apparaît dans la lèvre inférieure est le témoin de la réussite plus ou moins parfaite de 44 cette anesthésie. Généralement, le patient ressent cette sensation au bout de deux à trois minutes. Mais il y’a intérêt à attendre une dizaine de minutes pour que l’anesthésie profonde soit obtenue. On obtient une anesthésie des territoires innervés par le nerf dentaire inférieur et le nerf mentonnier. L’anesthésie respecte la zone labiale aussi bien externe que buccale, la peau du menton, jusqu’au bord basilaire. Limites Il peut arriver que certains filets ne soient pas atteints. L’anesthésie n’est pas réalisable devant un trismus serré ou devant une infection du territoire à innerver. 45 Figure 4 : Mandibule (vue latérale et antéro-supérieure) [18] 46 L’anesthésie tronculaire du nerf maxillaire inférieur au trou ovale par voie trans-sigmoïdienne [7] Le matériel Le matériel utilisé est constitué : − D’un trocard à ponction lombaire muni de son mandrin et d’un repère mobile de profondeur, − D’une seringue dentaire, − D’un flacon d’anesthésie sans vasoconstricteur de 2cc. Position patient praticien L’opérateur se tient du côté où doit être pratiquée l’injection. Le patient sera en décubitus dorsal et maintient la tête bien droite. la technique Souvent mal connue, parce que peu familière au praticien non spécialisé. La technique que nous rapportons dérive de la technique classique. Elle a été décrite par Larroque et son équipe à Dakar, en tenant compte des mensurations effectuées sur des crânes sénégalais. (Ref) − le point de pénétration du trocard est tangent au bord inférieur du zygoma, à 3cm du conduit auditif externe, dans une zone dépressible facilement perceptible. − Le trajet du trocard rigoureusement horizontal est légèrement oblique vers l’avant selon un angle de 5/10ième par rapport au plan frontal. Cette inclinaison conduit l’aiguille au contact de l’ail externe de l’apophyse ptérygoïde qui constitue le repère de profondeur, le contact est obtenu en moins de 5cm. 47 − La profondeur est repérée par un«stop »coulissant sur l’aiguille, − le trocard est retiré sur presque toute sa longueur puis enfoncé à nouveau horizontalement mais cette fois, dans un plan frontal, − le produit anesthésique est alors injecté sur une longueur de 1cm de part et d’autre du point atteint par le trocard. Cet étalement de l’anesthésique permet de franchir les barrières aponévrotiques inter-ptérygoïdienne et ptérygo-temporo-maxillaire. Résultats [1] La zone anesthésiée, très étendue, intéresse toutes les branches du nerf maxillaire inférieur. On obtient une anesthésie de tout l’hémi maxillaire : les dents, les téguments de la lèvre inférieure et du menton (nerf dentaire inférieur) ; 2/3 antérieur de la muqueuse linguale (nerf lingual) ; la muqueuse de la face interne de la joue (nerf buccal) ; la muqueuse du plancher de la bouche (nerf mylohyoïdien téguments de la région parotidienne, de la région temporale, de la partie antérieure du pavillon de l’oreille (nerf auriculo-temporal). L’anesthésie apparaît 5 à 10minutes après l’injection. Limites [1] Les suppurations ou infections de la région ptérygo-maxillaire et de l’articulation temporo-mandibulaire sont contre indiquées pour cette technique d’anesthésie. 48 Anesthésie du nerf maxillaire supérieur au trou grand rond par voie trans-sigmoïdienne [7] Le matériel (Voir anesthésie du nerf maxillaire inférieur) Position patient praticien (voir anesthésie nerf mandibulaire) La technique La technique d’anesthésie est la même que précédemment jusqu’au contact de l’apophyse ptérgo-maxillaire. En effet, le bord antérieur de l’apophyse ptérygo-maxillaire représente la berge postérieure de la fente ptérygo-maxillaire où doit pénétrer l’aiguille. Le trocard est alors retiré presque entièrement pour être réenfoncé, toujours dans le plan horizontal, jusqu’au repère de profondeur, en faisant avec le plan frontal un angle de 20° vers l ’avant. Cette inclinaison lui fera franchir le bord antérieur de l’apophyse ptérygoïde. Le produit anesthésique est alors injecté après une aspiration de vérification. C’est donc dans l’arrière fond de la fosse que devra être porté le produit anesthésique pour assurer le blocage de toutes les collatérales. Dans le tissu celluleux qui occupe la région, chemine l’artère maxillaire interne, placée au dessous du nerf qu’elle côtoie vers le trou sphéno-palatin, et le plexus veineux du maxillaire interne. C’est l’arrière fond de la fosse que devra être porté le produit anesthésique pour assurer le blocage de toutes les collatérales. 49 Résultats [1] L’anesthésie apparaît au bout de 5 à 10mn ; elle intéresse tout le territoire du nerf maxillaire supérieur. Les limites [1] − La pointe de l’aiguille qui doit racler la tubérosité pour se repérer, menace les vaisseaux sanguins très denses dans cette région. − La présence d’une infection dans la fosse temporale ou ptérygo-maxillaire. Figure 5 : Pénétration du trocard dans la fenêtre transsigmoïdienne sur un crâne sec 50 Figure 6 : Pénétration du trocard au niveau du trou ovale (base du crâne) 2.2.2.1.2- La technique d’alcoolisation Elle consiste à effectuer une neurolyse chimique absolue à l’alcool de la branche trigéminale qui est la zone gâchette. On injecte lentement 2cc d’alcool 70° à l’orifice du n erf après l’anesthésie locale. Lorsque ce traitement ne suffit pas on va référer le patient au neurochirurgien qui procédera aux techniques chirurgicales suivantes : − Les techniques percutanées dont l’efficacité est immédiate et durable pour un risque opératoire très faible. 51 − Les techniques à ciel ouvert de section nerveuse ou de décompression vasculaire avec le risque opératoire commun à toute intervention sur la fosse postérieure. [13] 2.2.2.2- Technique percutanée 1°) La thermo coagulation du ganglion de Gasser [32] C’est une technique percutanée réalisée sous anesthésie locale ou brève anesthésie générale. Cette technique est permise par l’existence d’une somatotopie des fibres sensitives dans le ganglion de Gasser et la portion rétro-gassérienne de la racine, ce qui permet d’agir sélectivement sur les fibres sensitives de la région douloureuse. L’électrode est introduite sous contrôle radiologique à travers le trou ovale et permet d’appliquer une lésion thermique affectant préférentiellement les fibres nociceptives. Plus de 85%des malades sont améliorés au prix de complications modérées rares (troubles sensitifs pénibles, kératite, paralysie oculomotrice), avec un taux de récidive de 7 à 29%. Un tel traitement doit donc souvent être répété [30] 2°) L’injection rétro-gassérienne de glycérol [15,17, 22, 35] Elle est principalement indiquée en présence d’une névralgie du V1 ou en cas de réticence exprimée par le patient à l’éventualité d’une hypoesthésie séquellaire post thermocoagulation. Cette technique repose sur le principe de la faible activité neurolytique mais néanmoins suffisante du glycérol. Le déroulement de l’intervention est assez proche de celle de la thermocoagulation. Elle 52 est réalisée sous anesthésie générale et contrôle radioscopique. L’abord se fait au niveau du trou ovale. L’emplacement de l’extrémité de l’aiguille doit être placée dans la citerne rétrogassérienne comme doivent en témoigner l’écoulement du liquide céphalo-rachidien LCR et l’image radiologique après opacification. Le bon positionnement ainsi confirmé autorise l’injection de 1 à 2ml de glycérol. 3°) La compression par ballonnet gonflable (sonde de Fogarty) [15,17, 22, 35] Elle consiste à mettre en place un ballonnet gonflable dans la citerne trigéminale et à comprimer le nerf pendant quelques minutes. 4°) La radiothérapie par gamma knife C’est une nouvelle technique non traumatique qui consiste à effectuer une lésion de la partie périphérique du noyau cervical du V à l’aide de rayons gammas fractionnés et concentrés sur la cible qui est déterminée comme une méthode stéréotaxique [15,17, 22, 35]. 2.2.2.3- Les techniques à ciel ouvert La section du trijumeau dans la fosse temporale et surtout dans la fosse postérieure peut être proposée, en l’absence de contre indication liée à l’âge. Elle concerne essentiellement les exceptionnels échecs techniques des abords percutanés en rapport avec une anomalie anatomique empêchant l’abord au trou ovale [15,17, 22, 35] 53 1°) La décompression vasculaire micro chirurgicale C’est une technique qui nécessite un abord direct de la fosse postérieur sous anesthésie générale, avec son risque vital. Un tel geste se fonde sur la fréquente observation d’une boucle artérielle, en général une mégadolicho-artère cérébelleuse supérieure, agressive pour la racine du V. L’intervention, consiste en une petite craniotomie rétro mastoïdienne permettant d’accéder à la racine du V. Celle-ci est libérée de son conflit artériel par interposition d’un petit fragment de périoste. Le taux de guérison est estimé à plus de 80% avec des récidives de 5 à 10% . La réponse à ce traitement semble valider l’hypothèse d’un conflit vasculo-nerveux à l’origine de la névralgie essentielle du trijumeau. et une disparition immédiate des crises. La durée d’action de cette neurolyse périphérique est habituellement comprise entre 6 et 18 mois. Cette technique a pour avantage de permettre au patient d’anticiper les conséquences d’un geste neurolytique définitif et le risque de survenue d’une douleur neuropathique par désaffération sensitive. [15,17, 22, 35] 2.3- LES RESULTATS L’efficacité tout au début du traitement avec le tégrétol, est telle que ce médicament peut être utilisé comme test thérapeutique avec pour adage « toute névralgie qui ne répond pas au tégrétol n’est pas une névralgie faciale essentielle ». 54 Le traitement médical, est le traitement de première intention. Le carbamazépine est susceptible de soulager la douleur dans les 12 à 48 heures dans environ 70% des cas. Cependant, lorsque le traitement médicamenteux s’avère insuffisant ou inefficace. On aura recours à des techniques chirurgicales. L’alcoolisation des nerfs supra et infra-orbitaire ou du nerf alvéolaire au niveau de l’épine de Spix est une intervention encore appliquée. Les résultats obtenus sont cependant de durée relativement brève, 6 à 12 mois. Les injections d’alcool au niveau du trou ovale ont une durée d’efficacité plus longue [8]. L’électrocoagulation du ganglion de Gasser : au cours des années, la thermocoagulation a largement remplacé l’alcoolisation. Selby avec 2000 cas estime que 90 à 95% des malades ont bénéficié de cette méthode. Avec cette technique on obtient une anesthésie sans anesthésie. Elle est sélective et ne traite que le trijumeau. L’injection rétro-gassérienne de glycérol : les résultats sont moins satisfaisants et la guérison est moins constante (76%) que ceux obtenus avec la thermocoagulation mais la quasi absence de morbidité par séquelles sensitives représente un avantage incontestable. La sonde de Fogarty donne des résultats immédiats satisfaisants au prix de troubles secondaires (hypoesthésie dans le territoire du V3). 55 La radiothérapie par gamma knife est une technique récente pour pouvoir juger de son efficacité et de ses effets secondaires à moyen et long terme. La décompression vasculaire même si on obtient des résultats thérapeutiques satisfaisants l’indication à cette technique doit tenir compte de l’âge du patient. En définitive, quelque soit la méthode de traitement utilisée dans la névralgie du trijumeau, la durée de la rémission du syndrome douloureux est en rapport direct avec le degré d’analgésie cutanée obtenue [15, 17, 22, 35]. 56 I- JUSTIFICATIF La névralgie faciale essentielle du V, bien qu’étant une pathologie rare est marquée par le caractère fulgurant et invalidant de la douleur. Le diagnostic est souvent difficile, entraînant une prise en charge inadaptée et tardive trés préjudiciable pour le patient. C’est ainsi que nous avons jugé nécessaire de mener cette étude. II- OBJECTF L’objectif de ce travail est d’étudier : − Le profil épidémiologique des patients souffrant de la névralgie faciale essentielle du V ; − Les aspects anatomo-cliniques et thérapeutiques de cette pathologie ; − D’étudier l’apport de l’alcoolisation dans la prise en charge thérapeutique. III- CADRE D’ETUDE Notre étude a eu pour cadre le service d’odonto-stomatologie de l’hôpital Général de Grand-Yoff (HOGGY) qui compte : Des Services Chirurgicaux : − Orthopédie, − Traumatologie, − Chirurgie générale, − Maternité, − Ophtalmologie, − Odonto-stomatologie. − Urologie 57 − ORL − Neurochirurgie. Des services Médicaux : − Médecine Interne, − Cardiologie, − Pédiatrie, − Kinésithérapie. Des Urgences Médicales et Chirurgicales. Le service d’Odonto-stomatologie est une structure autonome, bien intégrée dans le dispositif hospitalier. − Les locaux sont constitués de : − Deux salles de soins abritant trois fauteuils dentaires, dont les deux sont installés dans une salle. − Un laboratoire de prothèse dentaire, − Une salle de stérilisation, − Une salle de radiographie, − Une salle de repos, − Des bureaux. − Le personnel comprend : − Quatre chirurgiens dentistes dont le chef de service, spécialisé en chirurgie buccale. − Un technicien supérieur en odontologie, − Quatre assistantes au fauteuil. − Deux techniciens de laboratoire de prothèse dentaire, − Une secrétaire. 58 IV- METHODOLOGIE IV.1- MÉTHODE Il s’agit d’une étude prospective et rétrospective, colligeant 11 dossiers de patients souffrant de névralgie faciale essentielle du V et suivis dans le service d’odonto-stomatologie de l’HOGGY entre juillet 2002 et juillet 2006 (5ans). Les dossiers médicaux et le registre de consultation ont été exploités, et nous avons étudié les paramètres suivants :l’âge, le sexe, la catégorie socioprofessionnelle, l’état bucco-dentaire, la durée des symptômes, les caractéristiques de la douleur, le type de douleur, les traitements antérieurs, les modalités thérapeutiques de la névralgie essentielle du trijumeau. Tous les patients souffrant de névralgie faciale essentielle du V ont été inclus dans notre étude. Le logiciel sphinx 2000 a été utilisé pour analyser les données IV.2- MALADES : VOIR FICHE D’ENQUETE EN ANNEXE 59 V- RESULTATS V. 1- EPIDEMIOLOGIE V.1.1- L’âge Tableau II : Répartition des patients selon l’âge Tranche d’âge (années) Effectifs 30 à 40 1 41 à 50 1 51 à 60 5 61 à 70 3 71 à 80 1 TOTAL 11 La moyenne d’âge était de 56 ans, avec des extrêmes à 30 et 75 ans. 60 V.1.2 – Le sexe Masculin Féminin 4 7 Figure n°7 : Répartition selon le sexe Sur les 11 cas, 7 patients étaient de sexe féminin. V.1.3- La catégorie socio-professionnelle Tableau III : Répartition des patients selon la profession Profession Effectifs Retraité 3 Fonctionnaire 1 Sans profession 6 Commerçant 1 Total 11 Les sans professions ont été les plus représentées : 9 patients étaient chômeurs ou retraités. 61 V.2 - LA CLINIQUE V.2.1- Répartition selon l’aspect bucco-dentaire 7 patients présentaient un aspect bucco-dentaire relativement bon sans caries ou parodontopathies apparentes. Chez 4 patients, une étiologie dentaire a été incriminée, ayant entraîné des soins dentaires. Ainsi 4 patients ont subi des extractions multiples, dont 2 ont été édentés totalement. 1 patient avait subi une dévitalisation dentaire avec obturation canalaire. 1 patient avait refusé l’extraction dentaire malgré l’insistance de son praticien V. 2. 2- Ancienneté de la douleur Tableau IV : Ancienneté de la douleur Durée des symptômes (années) Effectifs 15 1 8 1 7 1 6 1 5 1 3 2 2 3 1 1 TOTAL 11 La durée des symptômes a été longue, elle variait de 1 an à 15ans, avec une moyenne de 5ans. 62 V.2.3- Topographie de la douleur La douleur a été unilatérale chez les 11 patients. Tableau V : Répartition selon la branche du V affectée Siége Effectifs Ophtalmique (V1) 0 Maxillaire (V2) 5 Mandibulaire (V3) 3 Association (V2/V3) 2 Association (V2/V1) 1 TOTAL 11 V.2.4- La durée des crises Tableau VI : Durée de la douleur Durée (minutes) Brève (éclaire) Effectifs 5 Inférieure ou égale à 5mn 2 Inférieure ou égale à 10mn 2 Supérieure à 10mn 2 TOTAL 11 5 patients avaient décrits une douleur rapide à type «d’éclair». 63 V.2.5- Le type de douleurs Tableau VII : Type de douleur Type de douleurs Effectifs Coup de poignard+décharge électrique 1 Décharge électrique 8 Arrachement 2 TOTAL 11 Le type de douleur décrit était toujours vif, intense, à type de décharge électrique, de coup de poignard ou d’arrachement. V.2.6- Le déclenchement de la douleur Le moindre mouvement pouvait déclencher une crise, la parole, l’affleurement de la zone gâchette, l’alimentation, la mastication. 64 V.2.7- Manifestations musculaires Tableau VIII : Manifestations musculaires Manifestations musculaires Spasmes faciaux Tic douloureux Tic douloureux + Effecti fs 2 2 4 Spasme faciaux Sur les 11 patients, nous avons noté 8 cas ayant présenté des manifestations musculaires. 65 V.2.8- Manifestations vasomotrices Tableau IX : Manifestations vasomotrices Manifestations vasomotrices Effectif s Congestion oculaire 2 Hyper salivation 2 Larmoiement + Congestion oculaire + Hyper salivation 1 Larmoiement + Congestion oculaire 2 Néant 4 Trouble neurologique 0 TOTAL 11 Dans notre série, les formes les plus graves de la névralgie essentielle du V, étaient associées à des manifestations vasomotrices. V.2.9- Examen radiographique L’examen radiographique était demandé chez 6 patients. L’incidence de Blondeau a permis de découvrir 1 cas de sinusite maxillaire unilatéral. Chez un patient le scanner encéphalique, en coupe axiale et frontale avait montré une compression du V2. Ce patient était victime d’un accident de la circulation avec traumatisme 66 crânien grave, survenu 3 ans avant la manifestation de sa névralgie faciale. V.3- ASPECTS THERAPEUTIQUES V.3.1- Traitements avant consultation V.3.1.1- Traitements traditionnels Tableau X : Traitement traditionnel Type de traitements Effectif s Collier+ Incantation mystique+ Badigeonnage de produits+ Gargarisme Incantation mystique+ Collier+ Badigeonnage de produits Collier+ Incantation mystique Incantation mystique Gargarisme Néant 3 2 1 2 1 2 Sur les 11 cas, 9 avaient reçu un traitement traditionnel. 67 V.3.1.2- Traitement odontologique Tableau XI : Traitement odontologique Type de traitement Effectif s Extraction+Prescription 4 Prescription médicamenteuse +Soins conservateurs 1 Prescription médicamenteuse 5 Refus d’extraction du patient 1 Total obs. 11 V.3.2- TRAITEMENTS V.3.2.1- Le traitement médicamenteux Tableau XII : Traitement médicamenteux Produit utilisé Effectif s Carbamazépine +Vitamine B1B6B12 (PrincipeB Fort®) 7 Carbamazépine+ Vitamine B1B6B12+Prednisone (Cortancyl) 2 Carbamazépine+ Vitamine B1B6B12+Chlorhydrate de Tramadol Trabar 50® 2 TOTAL 11 68 La prescription de carbamazépine était systématique chez tous nos patients, associée à la vitamine B12. Parfois, devant l’intensité des douleurs, il a été prescrit du prednisone ou du chlorydrate de tramadol. EVOLUTION : Délai accalmie : Tableau XIII : Délai accalmie Délai (jours) Effectifs Moins de 2 2 De 2 à 30 3 De 31 à 60 2 De 61 à 90 0 Plus de 360 4 TOTAL 11 La carbamazépine avait permis d’obtenir, une sédation définitive des douleurs chez 4 patients. 69 V.3.2.2 - Alcoolisation de la branche du V Tableau XIV : Alcoolisation des branches du V : Branche du V alcoolisée Effectifs Nerf sous orbitaire+ Nerf maxillaire supérieur 4 Nerf sous mentonnier+ Nerf maxillaire inférieur 1 Nerf sous orbitaire +Nerf maxillaire inférieur 1 Nerf maxillaire supérieur+Nerf maxillaire inférieur 1 Dans notre étude, 7 patients ont été alcoolisés. Evolution Délai accalmie : Il y avait une reprise des douleurs chez tous les patients ayant bénéficié d’une alcoolisation au niveau des branches terminales, au niveau du trou sous-orbitaire ou du trou mentonnier. Cependant il y avait une nette accalmie de plus de 12 mois, chez les patients ayant bénéficié d’une alcoolisation au niveau d’un tronc nerveux (V2 et V3). . 70 VI- DISCUSSIONS VI.1- ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES VI.1.1- L’âge Notre série a montré que la névralgie essentielle du V intéressait surtout les sujets âgés avec une moyenne de 56 ans. Ces résultats sont conformes aux travaux de F.Sellal [32] qui rapportent une tranche d’âge entre 50-55 ans. VI.1.2- Le sexe Sur 11 cas, 7 de nos patients étaient de sexe féminin. La névralgie touche le plus souvent la femme ; F.Sellal [32] et Gérald Rancurel [30] rapportent dans leurs travaux que l’algie essentielle du V a une prépondérance féminine selon un ratio de trois femmes pour deux hommes. VI.1.3- La prévalence La pathologie est rare, comme en témoigne le nombre limité de nos cas. Sur une période de 5 ans, il n’y a eu que 11 cas de névralgie faciale essentielle du V. Cette rareté a été rapportée dans les travaux de Sindou M, Sellal F, [31, 32] qui ont trouvé une prévalence de 1,5/00 Habitants. VI.1.4- La catégorie socioprofessionnelle La majorité des patients étaient sans profession (n=6), et 3 étaient à la retraite. Le faible niveau socio-économique de nos patients serait-il, en rapport avec l’apparition de la névralgie ? La question reste à élucider, avec une étude de plus grande envergure, incluant un plus grand nombre de cas. 71 VI.2- ASPECTS CLINIQUES VI.2.1- L’état bucco-dentaire Malgré les douleurs, l’aspect bucco-dentaire des malades était relativement bon, sans foyer infectieux cliniquement ou radiologiquement apparent. Il n’y avait aucun signe objectif pouvant expliquer les douleurs vives de la sphère oro-faciale décrites par le patient. Cet aspect confirme les difficultés diagnostics et thérapeutiques, que pose cette pathologie à l’odontologiste en particulier, aux praticiens en général. Donc cette pathologie n’est pas en rapport avec les dents. Une névralgie est dite essentielle si l’examen clinique et paraclinique est normal [33]. Cependant, chez trois patients, il y avait nécessité d’une mise en état de la cavité buccale (détartrage, curetage, extraction des dents délabrées…) VI.2.2- La durée des symptômes La durée des symptômes a été longue, elle variait de 1 an à 15 ans, avec une moyenne de 5 ans. Les patients consultaient tardivement, ou consultaient des praticiens qui n’ont pas pu diagnostiquer ou traiter efficacement la névralgie essentielle du V. 72 VI.2.3- La topographie de la douleur Siége de la douleur Sellal.F, [32] rapporte que la névralgie essentielle du V est strictement unilatérale, comme nous l’avons constaté dans nos résultats avec 11/11 cas. Dans notre série, nous n’avons pas décellé de formes bilatéralisées. Les formes bilatérales des névralgies essentielles du V sont rares (5%) et toujours secondaires à une localisation initiale unilatérale. Chaque côté évolue pour son propre compte avec des accès asynchrones (Wertheimer) KERAVEL et SINDOU [19]. Branche du V affectée Le plus souvent une seule des trois branches est affectée. Le nerf maxillaire, V2 a été atteinte dans 5 cas sur 11 dans notre étude, et le V3, dans 3 cas sur 11. Ces résultats sont similaires à ceux résultats de Rancurel.G [30] qui montrent que le V2 domine le tableau clinique des algies essentielles du V avec 40% des cas, suivi du V3 20%. Dans notre échantillon il n’a pas été noté un cas isolé d’algie essentielle du V1.Cependant nous avons relevé, une association d’algie du V2/V3 dans 2 cas, et du V2/V1 dans 1 seul cas. VI.2.4- La durée des douleurs Cinq patients avaient décrit des douleurs très bréves à type « d’éclair ». Dans les formes graves la durée des douleurs dépassait 10 minutes. Sindou [33] décrit que les douleurs sont des éclairs très brefs, de l’ordre de la seconde, mais peuvent se grouper en salves pour constituer des accès d’une à deux minutes. SINDOU ne rapporte pas de douleurs qui dépassent 10 minutes donc nous pouvons penser que les patients n’ont pas bien répondu à la 73 question ou bien l’intensité des douleurs et les intervalles rapprochés des crises leur font penser que les douleurs sont continues. L’interrogatoire est rendu difficile avec un patient imobile, qui craint de parler. Le plus souvent c’est l’entourage qui répond. VI.2.5- Déclenchement de la douleur La douleur était déclenchée par le moindre mouvement, la parole, l’alimentation ou l’affleurement de la zone gâchette. Chaque accès douloureux était suivi d’une période réfractaire, d’accalmie plus ou moins longue. C’est une affection invalidante pour le patient, cependant elle n’est pas mortelle. VI.2.6- Les types de douleurs Dans notre série, les types de douleurs décrits étaient toujours vives, intenses, à type de décharge électrique, de coup de poignard ou d’arrachement, mais nous n’avons pas observé de douleurs à type de brûlures. Sindou [33] rapporte que ce type de douleur est rare. Comme il a été décrit dans ses travaux [33], l’algie faciale était caractérisée, par des douleurs vives paroxystiques, épileptiformes, mais brèves. Les malades sont anxieux et craignent les crises. La névralgie essentielle du V est un syndrome douloureux très pénible, insupportable. La fréquence des accès détermine la gravité de l’affection qui peut retentir sur l’alimentation ainsi que l’état général et pousser certains patients au suicide. [30] 74 VI.2.7- Les phénomènes vasomoteurs et musculaires Les douleurs sont intenses, paroxystiques au point d’entraîner des manifestations musculaires et vasomotrices (tic douloureux), qui s’observent surtout dans les formes graves et anciennes. Sur 11 patients, nous avons noté 8 cas ayant présenté des manifestations musculaires. Sindou [33] rapporte que l’attitude figée du malade, entre les salves réalise « le tic douloureux de Trousseau ». VI.2.8- L’examen radiographique L’examen radiographique était demandé, dans le but de rechercher une affection sinusienne, une lésion dentaire ou nerveuse. Les examens demandés sont : la radio panoramique dentaire, le Blondeau et le scanner. Ces examens réalisés sur 6 patients nous ont permis de détecter 1cas de sinusite, et un cas de compression du nerf maxillaire. L’étiologie n’est pas élucidée dans la littérature, mais dans notre étude nous rapportons un cas de névralgie essentielle survenu suite à un traumatisme crânien par accident de la voie publique, le scanner a montré une compression du nerf maxillaire supérieur. L’examen radiographique est en général négatif dans un cas de névralgie faciale essentielle. Néanmoins, il devrait être systématique chez tous les patients pour faire le diagnostic différentiel de la névralgie du V avec les autres algies de la sphère oro-faciale. Dans notre série, il a été demandé chez 6 patients ce qui peut être considéré comme une insuffisance de notre étude. 75 L’évaluation de la douleur n’a pas été exploitée dans notre série, parce que notre étude était à la fois rétrospective et prospective et la majorité des patients avaient un faible niveau scolaire, ils ont éprouvé des difficultés pour évaluer objectivement la douleur. VI.3- ASPECTS THERAPEUTIQUES VI.3.1- Les traitements antérieurs VI.3.1.1- Traitements traditionnels Les patients venaient consulter tardivement préférant toujours débuter par les traitements traditionnels. 9 de nos patients y avaient recours. Ils étaient dominés par les incantations mystiques et le port d’amulettes. Les résultats ont été toujours décevants. Ces croyances retarde la consultation des malades, et prolonge les délais de consultation, de diagnostics et de traitements. VI.3.1.2-Traitements odontologiques Chez 4 patients, une étiologie dentaire a été incriminée, ayant entraîné des soins dentaires. Ainsi ils ont subi des extractions multiples, et deux d’entre eux étaient édentés totalement. Un patient avait refusé les extractions dentaires malgré l’insistance du praticien. Nous pouvons constater que le praticien peut effectuer des traitements inadaptés, préjudiciables pour le patient, s’il n’est pas en mesure de distinguer une névralgie essentielle d’une névralgie symptomatique. 76 VI3.2- Traitements VI3.2.1- Traitement médicamenteux La prescription de la carbamazépine a été systématique, c’est un test diagnostic. Tous nos patients ont répondu positivement à la carbamazépine, ce qui nous a permis de confirmer notre diagnostic d’algie essentielle. La posologie nécessaire de Tégrétol doit être recherchée. Devant des cas de crises algiques aigues, la posologie pouvait atteindre 2 comprimés de 400mg LP trois fois par jour. La posologie était revue à la baisse devant les signes d’intolérances à type de nausées, somnolences, vertiges. Dans notre série la carbamazépine avait permis d’obtenir, une sédation définitive des douleurs chez 4 patients. Selon Sindou et Karavel [19], la carbamazépine permet la disparition des symptômes dans les 48 heures. Ce traitement constitue un authentique test diagnostique : son échec doit faire remettre en cause le diagnostic de la névralgie essentielle du V d’aprés Sweet 36. A court terme environ 70% des patients voient leurs douleurs disparaître, totalement ou non, et 25% environ résistent au traitement. Dans 5% des cas, celui-ci doit être interrompu du fait des effets indésirables selon Taylor 37. Taylor [37] rapporte 10% de résistances au médicament avec des récidives très variables de 2 mois à 10 ans. Dans notre série le Principe B Fort* vitamine B1 B6 B12, a été associé à la carbamazépine pour les propriétés des différentes vitamines du groupe B, qui interviennent dans de nombreuses réactions enzymatiques contribuant à la revitalisation nerveuse. 77 Ces vitamines sont utilisées aussi dans le traitement des algies à composante neurologique et neuromusculaire. Le Prednisone : Cortancyl®, a aussi été associé parfois au Tégrétol®, en effet, ce produit est utilisé en neurologie devant : un œdème cérébral, une paralysie faciale, ou sclérose en plaque. Le Chlorhydrate de Tramadol ; Trabar50® a été associé au Tegretol pour ses indications analgésiques. Le Prednisone et le Chlorhydrate de Tramadol étaient prescrits, pour prendre le relais de la Carbamazépine entre les intervalles de prises indiquées. Le traitement médicamenteux peut suffire pour obtenir une nette accalmie, définitive comme ce fut le cas chez 4 de nos patients. Ces divers produits ont donné de bons résultats, l’accalmie était plus complète, lorsqu’ils etaient associés à la carbamazépine. KERAVEL et SINDOU19 rapportent dans leurs travaux d’autres traitements médicamenteux de la névralgie essentielle en association à la carbamazépine, tels que: le clonazépam, les antidépresseurs tricycliques, les neuroleptiques, le tartrate d’ergotamine, la lidocaïne intraveineuse et les antalgiques courants, qui n’ont qu’un rôle d’appoint. Cependant selon Laurent ces divers médicaments peuvent être utilisés seuls ou en cas d’intolérance à la carbamazépine ou au baclofen. Le clonazépam (Rivotril®) Tournilhac et Dordain [40] ont souligné l’intérêt dans les états de mal. 78 Les antidépresseurs tricycliques, (Anafranil®) agissent vraisemblablement en potentialisant la fonction sérotoninergique centrale, donc les contrôles inhibiteurs descendants de la transmission nociceptive. Les neuroleptiques (Nozinam®) peuvent être associés à la carbamazépine lors d’une recrudescence évolutive.[19] Le tartrate d’ergotamine (Gynergène®) est utilisé lorsque l’élément sympathique est important. Selon Kugelberg et Lindblom [20], la lidocaïne intraveineuse est efficace sur les paroxysmes douloureux intolérables rebelles à la carbamazépine. Les antalgiques courants sont inefficaces et les opiacés ne soulagent que partiellement la névralgie du V, en ne modifiant en général que le seuil de déclenchement des accès [19]. Le baclofen (Liorésal), FROMM [11] a été le premier à rapporter son efficacité, chez les patients souffrant d’une névralgie essentielle, intolérants ou réfractaires à la carbamazépine. Il a été développé en raison de son effet myorelaxant et utilisé comme antispastique d’action centrale. La sédation des douleurs est obtenue dans 74% des cas, que le baclofen ait été utilisé seul (24%) ou en association avec des doses antérieurement inéficaces de la carbamazépine ou de la phénytoïne ( 50%) [19]. Dans notre série le baclofen n’a pas été prescrit ceci représente une des limites de notre étude. VI.3.2.2- L’alcoolisation des branches du V Devant l’insuffisance du traitement médicamenteux, nous avons procédé à l’alcoolisation de la branche du V concernée. C’est 79 la seule technique dont nous disposions dans notre arsénal thérapeutique en tant qu’odontologiste. Elle consiste à effectuer une neurolyse chimique absolue à l’alcool de la branche trigéminale concernée par la névralgie. On injecte lentement 4cc d’alcool 70° à l’émergence du nerf après l’anesthésie locale. Nous avons opté dans un premier temps à effectuer l’alcoolisation des branches périphériques terminales au niveau des orifices: sous-orbitaire, mentonnier et à l’épine de spix. L’alcoolisation a été effectuée chez 7 patients. Celle au trou sous orbitaire a été plus fréquente, du fait de la prévalence de la névralgie du V2. Les injections au niveau des troncs nerveux ont été réalisées lorsque celle des branches périphériques devenaient inefficaces. Il sagissait d’alcoolisation par voie trans-sigmoïdienne, réalisée chez 7 patients: − quatre au niveau du trou grand rond pour atteindre le V2 − trois au niveau du trou ovale pour atteindre le V3 (technique voir photo1 à 5). 80 Photo 1 : Désinfection de la zone prétragienne Photo 3 : Anesthésie transcutanée de la zone d’infiltration Photo 2 : Repérage de la zone dépressible trans-sigmoïdienne Photo 4 : Enfoncement du trocard vers le trou ovale Photo 5 : Adaptation de la seringue remplie de 4cc d’alcool à 70° 81 L’alcoolisation a été plus efficace en période de crise, ceci permet d’évaluer l’éfficacité de notre geste. Il y avait une nette accalmie de plus de 12 mois, chez les patients ayant bénéficié d’une alcoolisation au niveau d’un tronc nerveux. L’alcoolisation reste le traitement symptomatique efficace de la névralgie faciale essentielle. Elle permet d’obtenir une sédation immédiate des douleurs. Selon Piette et Reychler [28] les résultats de l’alcoolisation sont cependant de durée relativement brève, 6 à 12 mois. Les injections d’alcool au niveau du trou ovale ont une durée d’efficacité plus longue. L’alcoolisation du ganglion de Gasser et des racines voisines est manifestement plus efficace et, dans une série de 457 cas traités, 69% des malades ne montraient aucun signe de récidive 3ans après l’intervention et 31% après 10 années de suivi. L’utilisation du glycérol a également été préconisée. [28] Le seul inconvénient, est dû au fait qu’on observe au bout de 6 à 18 mois, un retour de la sensibilité qui s’accompagne habituellement de récidive de la symptomatologie névralgique Les résultats de notre série sont similaires, à ceux de KERAVEL et SINDOU qui rapportent que ce geste a été abandonné au profit de la thermocoagulation. [19] Cependant ce traitement n’est pas encore disponible au Sénégal. En cas de résistance aux médicaments, le malade est orienté vers un neurochirurgien pour une thermolyse du ganglion de Gasser par ponction du jugum vers le trou ovale de la base du crâne. [30] 82 L’alcoolisation est le dernier recours dans notre pratique, cependant il existe d’autres traitements neuro-chirurgicaux de la névralgie essentielle du V qui malheureusement ne sont pas pratiquables dans notre pays. La névralgie essentielle du V rentre dans le cadre des algies oro-faciales. Il faut une prise en charge psychologique des patients, surtout en Afrique, où les populations ont des croyances mystiques. Le praticien devra expliquer au patient, sa maladie, le rassurer. La douleur devrait être mieux prise en charge dans les structures de santé. Le faible plateau technique dont nous disposons, doit nous pousser à avancer dans les recherches pour une meilleure prise en charge de nos patients face à leur mal. 83 La névralgie essentielle du trijumeau V appartient au groupe complexe des algies oro-faciales. Nous avons au cours d’une étude rétrospective et prospective qui s’est déroulée au service d’odonto-stomatologie de l’hôpital général de Grand-Yoff de juillet 2002 à juillet 2006 (5 ans) recensé 11dossiers de patients victimes de la névralgie essentielle du V ; plusieurs paramètres ont été exploités notamment : l’âge, le sexe, la durée des symptômes, les aspects cliniques et les modalités thérapeutiques. Il ressort de notre étude, les résultats suivants : Sur le plan épidémiologique La névralgie essentielle du V est rare, en effet sur une période de 5 ans nous avons diagnostiqué seulement 11cas. Il a été noté une nette prédominance de femmes âgées de plus de 50ans. Sur le plan clinique Cette affection est invalidante, les douleurs sont intenses, paroxystiques, épileptiformes. La durée des crises est en générale brève. Dans les formes graves, les douleurs peuvent s’accompagner de manifestations musculaires et vasomotrices. La simple présentation du malade à la consultation permet de faire le diagnostic (congestion nasale ou oculaire, crispation du visage « tic douloureux »). Le délai de consultation est souvent tardif, les patients préférant le plus souvent débuter par les traitements traditionnels, qui n’ont pas été bénéfiques. 84 Dans notre étude la névralgie du V2 domine le tableau clinique, suivi de celle du V3, et du V1. Sur le plan thérapeutique La prescription de la carbamazépine a été systématique, et constitue le véritable test diagnostic, la douleur cède dans les 48 heures. Elle a permis d’obtenir, une sédation définitive des douleurs chez 4 patients. Devant l’insuffisance du traitement médicamenteux, l’alcoolisation de la branche trigéminale a été effectuée. Elle avait permis d’obtenir, une nette accalmie de plus de 12 mois chez tous nos patients. La névralgie essentielle du trijumeau, bien qu’étant une pathologie rare, est marquée par le caractère fulgurant et invalidant de la douleur. Le diagnostic est souvent difficile, entraînant une prise en charge inadaptée et tardive très préjudiciable pour le patient. En effet l’odontologiste peut dans certains cas procéder à des extractions ou des traitements abusifs, pour des douleurs qui ne sont pas d’origine dentaire. Nous estimons que cette pathologie qui affecte la qualité de vie du patient devrait être mieux prise en compte par le praticien qui doit bien expliquer au patient sa maladie, surtout dans nos pays où les croyances mystiques sont très fortes. 85 L’odontologiste doit être parfaitement en mesure de distinguer une algie symptomatique, d’une névralgie essentielle marquée par un examen paraclinique et neurologique normal. Une bonne prise en charge de cette pathologie nécessite une collaboration entre odontologiste, neurologue et neurochirurgien. 86 1. BATAILLE R., DESCROZAILLES CH. Anesthésie en pratique odonto-stomatologique. Paris : Edition Masson et CIE, 1964 : 58-145. 2. BIOUSSE V., WOIMAT F., AMARENCO P., ET AL. Pain as the only manifestation of internal carotid dissection. Cephalalgia ; 1992 ; 12 : 314-7. 3. BOGOUSSLAVSKY J., DESPLAND P.A., REGLI F. Spontaneous carotid dissection with acute stroke. Arch Neurol, 1987 ; 44 :137-40. 4. 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