Confort du patient en réa Chartres
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Confort du patient en réa Chartres
EVALUATION DU CONFORT DU PATIENT EN REANIMATION Centre Hospitalier de Chartres (28) Aurore Béras, Nathalie Harrot, Sandrine Marais. INTRODUCTION • La qualité de vie et le confort du patient hospitalisé en réanimation est au centre des préoccupations quotidiennes des personnels soignants depuis plusieurs années, mais prend une importance considérable aujourd’hui. En effet, les durées de séjours sont longues d’autant que la tendance est à l’anticipation des problèmes de santé avec des hospitalisations de plus en plus précoces en réanimation, et les comportements évoluent. • Cependant dès 1975, une infirmière anglo-saxonne montre déjà ses préoccupations en matière d’inconforts d’ un patient en réanimation et affirme qu’un service de réanimation n’est pas seulement un lieu de survie mais aussi un lieu de vie. • “Intensive Care is a place to live –not just to survive” • Woodward, JA RN 1978;41:62 TENDANCE ACTUELLE EN REANIMATION Diminution de la mortalité en réanimation Augmentation du nombre de lits en réanimation Mise en place de lits de surveillance continue Prolongation de la durée de séjour en réanimation Précocité d’hospitalisation en réanimation Réanimation pour prévenir la survenue de défaillances vitales Recours croissant à la VNI Diminution de l’utilisation des agents sédatifs Augmentation de la présence des proches en réanimation Meilleure écoute des personnels soignants non médicaux PLAN • LES INCONFORTS DU PATIENT EN REANIMATION (EN GENERAL, tirés da la littérature) ainsi que les méthodes qui permettent de les évaluer. • IPREA – Le questionnaire, l’étude (deux parties, avant et après la charte visant à réduire les inconforts perçus par les patients en réanimation. – Ses intérêts – Ses limites • CONCLUSION : - La conférence de consensus de la SFAR et de la SRLF sur le « mieux vivre en réanimation » (2009) - adapter IPREA dans nos pratiques quotidiennes LES PRINCIPALES SOURCES D’INCONFORTS • liées au patient et a sa pathologie: ◊ la soif ◊la douleur liée a la ventilation mécanique ◊ dues aux gestes médicaux et paramédicaux • • Liées a l’environnement ◊ le bruit ◊ excès de lumière Liées a l’organisation du travail ◊ réduction des temps de visite ◊ surveillances rapprochées la nuit ◊ manque d’informations données aux patients UNE AUTRE CLASSIFICATION DE CES INCONFORTS • Les inconforts physiques ◊ soif ◊ douleurs ◊ odeurs ◊ froid et chaleur ◊ manque de sommeil ◊ literie inconfortable • Les inconforts psychiques ◊ incapacité de communiquer ◊ absence d’information • ◊ limitation des visites ◊ angoisse ◊ manque d’intimité ◊ manque d’autonomie LES DIFFERENTES METHODES D’EVALUATION DES INCONFORTS Mesures objectives Mesures subjectives IPREA • Qu’est-ce qu’IPREA? • Ce questionnaire a au préalable bénéficié d’une étude de faisabilité, c’est un questionnaire qui a été validé et cette étude a ensuite été publiée. Il interroge le patient à propos des inconforts en globalité et celui-ci exprime son ressenti par rapport à chaque inconfort, qu’il évalue entre à 0 et 10 à l’aide d’une réglette EVA en environ 10min. IPREA 1399 patients éligibles 276 patients décédés âge 58 ± 19 IGS2 = 39 ± 19 1123 patients sortis vivants Taux de mortalité 19.7 % 255 patients manquants 868 patients interrogés (77 % des patients sortis vivants) LE PROGRAMME DE RECHERCHE IPREA Etape Objectif Lieu, durée IPREA1 Validation d’un nouvel outil de mesure des inconforts perçus en réanimation : questionnaire IPREA Phase 1 (génération d’items et faisabilité) : Hôpital des Diaconesses, Paris, oct. 2000 à sept. 2002 Phase 2 (validation du questionnaire) : étude multicentrique SFAR 14 centres, mars 2005 à nov. 2005 IPREA2 Impact de l’adhésion à une charte visant à réduire les sources d’inconforts Etude multicentrique SFAR 17 centres, mars 2008 à nov. 2008 IPREA3 Surveillance continue des inconforts perçus liés à une hospitalisation en réanimation C.H. Chartres, 2010 IPREA4 Impact de diverses interventions visant à réduire les sources d’inconforts en réanimation Etudes multicentriques, 2011 - …. LA CHARTE VISANT A REDUIRE LES INCONFORTS PERCUS PAR LE PATIENT EN REANIMATION Sources d’inconfort Bruit Mesures correctrices Lumière IPREA 2 En cas de report d’alarmes, inhiber leur réception la nuit dans la chambre des patients conscients Mettre en place une prescription médicale de réglage des alarmes Mettre à disposition une lampe de poche par chambre pour la surveillance nocturne à utiliser par les soignants et médecins Selon le respirateur, activer l’éclairage de nuit Maintenir les portes des chambres fermées, si le patient le désire. Proposer systématiquement des bouchons d’oreilles aux patients. Fermer les stores ou les rideaux, selon la volonté du patient La nuit, diminuer la luminosité dans le service et dans chaque chambre Lit Expliquer régulièrement le fonctionnement du lit au patient Evaluer régulièrement l’installation du patient Sommeil Evaluer chaque matin la qualité du sommeil et informer le médecin si troubles du sommeil. Limiter les soins de nursing la nuit pour les patients conscients et sans problème cutané Eviter si possible la nuit tout acte non prescrit, non nécessaire qui risque de réveiller le patient Ne pas dépasser la nuit le rythme de surveillance prescrit en l’absence de problèmes Demander au moins une fois par jour au patient conscient s’il a soif Proposer l’application de compresses humides ou de soins de bouche supplémentaires et utiliser des brumisateurs Soif Augmenter le volume des boissons à la disposition du patient (proposer +++) sauf prescription médicale contraire Après accord médical, diversifier les boissons selon le goût du patient Faim Demander au moins une fois par jour au patient conscient s’il a faim Adapter les apports per os au goût du patient le cas échéant Froid / Chaleur Demander au moins une fois par jour au patient conscient s’il a froid ou chaud Mettre en place les mesures adéquates (couverture, ouverture des fenêtres, réglage du thermostat, …) Sources d’inconfort Douleurs Tuyaux Intimité Angoisse Mettre à disposition une réglette EVA par Appliquer le protocole d’analgésie basée sur l’EVA chambre pour l’évaluation de la douleur et noter sur la feuille de surveillance quotidienne les résultats de l’EVA selon le rythme prescrit ou objet de protocole Travailler en collaboration avec l’infirmière clinicienne et/ou l’équipe douleur en vigueur dans le service et favoriser l’utilisation d’antalgiques pour les gestes invasifs et les soins infirmiers. A chaque changement d’équipe, transmission systématique, orale et écrite, relative au contrôle de la douleur Vérifier régulièrement la position des câbles, Favoriser en fin de séjour les périodes de sondes, et lignes de perfusion (absence de tension, …) débranchement du scope ou selon médicale le retrait du saturomètre Mettre en place à l’entrée de la chambre une Favoriser en fin de séjour l’habillement pour les signalétique (pancarte) lors des soins de nursing pour les patients conscients Lors des soins et des visites des proches, fermer la porte et les rideaux patients conscients (casaque, pyjama) Evaluer l’angoisse par des critères spécifiques Favoriser la transmission des informations aux propres au service définis au préalable proches en présence du patient, même si celui-ci est sous ventilation mécanique, lorsque les nouvelles sont positives Proposer au patient des séances de relaxation et de toucher-massage par les soignants formés Expliquer au patient l’environnement et avant chaque soin, acte, transport, les gestes réalisés Eviter de transmettre des informations aux proches dans le champ de vision (derrière une vitre,…) du patient conscient sans que celui-ci puisse entendre la conversation Utiliser la relation d’aide Isolement IPREA 2 Mesures correctrices prescription Demander au patient conscient s’il se sent isolé Proposer en fin de séjour des moyens de et en cas de réponse positive l’indiquer lors des transmissions divertissement adaptés au patient : musique, lecture, télévision…. IPREA 2 Sources d’inconfort Visites Téléphone Informer Mesures correctrices Prévenir systématiquement le patient Permettre en accord avec les médecins l’adaptation conscient avant toute visite et vérifier son accord des horaires, durées de visite, et nombre de visiteurs par rapport aux règles en vigueur dans le service, en fonction des souhaits du patient et des membres de sa famille ou proches Transmettre au patient s’il le désire le Proposer au patient s’il le désire un téléphone sans téléphone sans fil en cas d’appel de membres de la famille ou de proches en prenant en compte le risque de transmission bactérienne fil pour appeler en dehors des périodes de soins un membre de la famille ou un proche en prenant en compte le risque de transmission bactérienne Evaluer quotidiennement la qualité de Privilégier le binôme (médecin, IDE ou AS) lorsque l’information délivrée au patient des informations sont données au patient et/ou aux membres de la famille ou proches RESULTATS ET IMPACT DE L’ADHESION A UNE CHARTE SUR LES SCORES D’INCONFORT Avant Après ETUDE AVANT - APRES CHARTE 5 4 3 2 3,2 3,2 2,7 2,6 1 2,0 2,0 3,4 3,2 3,1 3,1 2,7 2,6 2,1 2,1 1,8 2,0 1,5 1,8 1,5 1,4 1,7 1,7 lu m iè re is ol em en t 3,2 vi si te s* 3,5 1,5 1,3 1,3 1,4 1,4 1,2 1,3 ch al eu r in tim ité fa im fro id lit in fo rm at io n té lé ph on e br ui t tu ya ut er ie do ul eu rs an go is se so if so m m ei l 0 1,2 LES INCONFORTS PRINCIPALEMENT RESSENTIS PAR LE PATIENT • Le sommeil • La soif • Les tuyaux • La douleur • L’angoisse • Le bruit • Le sommeil : pour un patient en réanimation le sommeil est très difficile à trouver à cause de: -l’intensité des soins, le matériel environnant, le bruit, angoisse - la perte de la notion du temps - l’alitement 24h/24h ces nuisances altèrent sa durée et sa qualité. • La soif : Elle est prépondérante en réanimation car la majorité des patients sont à jeun quelque temps et souffrent d’une sécheresse buccale à cause des tuyaux, de l’oxygène, de la déplétion. C’est l’une des premières plaintes exprimées par le patient après l’extubation. • Les tuyaux : sonde d’intubation, SNG, KTA, KTC, KTP, SU, drains… La douleur :- les soins et gestes médicaux et paramédicaux - la maladie et ses conséquences (alitement) - les douleurs psychologiques (stress, angoisse…) - les contentions L’angoisse : du devenir, à cause de l’environnement très stressant en réanimation… Le bruit :Le bruit est généré par : -les alarmes : les respirateurs, les scopes, les pousse seringues, le lit. -les soignants : voix trop forte, aller/retours dans la chambre jour et nuit. -le téléphone, sonnettes, -les patients d’à côté Recommandation : < 45 dB le jour(le réfrigérateur= 40dB), < 35 dB la nuit à l’hôpital(conversation à voix basse=30dB) (US Environnemental Protection Agency EPA, 1974) Niveau moyen durant 24 h. en réanimation : 60 à 84 dB (60dB=conversation normale, 85dB= aboiement) Endormissement si < 40 dB • Cette charte n ’a donc pas d’influence sur les chiffres des inconforts ressentis par le patient hospitalisé en réanimation. • On peut se demander pourquoi? • A-t-elle apporté une réelle nouveauté? Une chose est sûre, elle a apporté une certaine sensibilisation du personnel. LES INTERETS D’ IPREA • Traite de tous les inconforts • Traite du ressenti du patient qui peut être différent d’un patient à l’autre pour un même inconfort (selon pathologie, vécu…) • Rapidité d’exécution • Questionnaire validé et qui a bénéficié d’un article publié LES LIMITES D’ IPREA • L’instant de l’interrogatoire : le jour de la sortie du patient. • Non prise en compte du patient décédé qui lui a probablement souffert d’autant d’inconforts. • Manque de précision du questionnaire CONCLUSION La conférence de consensus de la SFAR et de la SRLF sur le « mieux vivre en réanimation » (2009) 1. Quelles sont les barrières au « mieux vivre » en réanimation ? 2. Comment améliorer l’environnement en réanimation ? 3. Quels sont les soins qui permettent de mieux vivre la réanimation ? 4. Quelles stratégies de communication en réanimation ? 5. Comment personnaliser un processus décisionnel? • Afin de réduire les inconforts du patient en • réanimation, il faut tout d’abord les évaluer individuellement et l’idéal est de les évaluer en continu et pas seulement à la sortie du patient. IPREA pourrait être adapté grâce à sa simplicité et sa rapidité d’exécution. Avec l’informatisation de la majeure partie des services de réanimation, il pourrait même être adapté à un logiciel renseigné quotidiennement par les soignants qui montrerait l’évolution des scores d’inconforts du patient immédiatement après sa réalisation.