ARABIE SAOUDITE Persécution des chrétiens et des musulmans

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ARABIE SAOUDITE Persécution des chrétiens et des musulmans
ARABIE SAOUDITE. Persécution des chrétiens et des chiites
MDE 23/09/93 - ÉFAI -
L
e service de presse du Secrétariat international aux attachés de presse
Communiqué de presse sur l'Arabie saoudite
Embargo : mardi 14 septembre 1993 à 00 h 01 GMT
Index AI : MDE 23/09/93
Traduction et diffusion aux sections francophones et au Secrétariat international : LES
ÉDITIONS FRANCOPHONES D'AMNESTY INTERNATIONAL - ÉFAI -
ARABIE SAOUDITE
Persécution des chrétiens et des musulmans chiites
Les persécutions dont sont victimes les minorités religieuses en Arabie saoudite se sont
nettement accentuées depuis la crise du Golfe en 1990. Les musulmans chiites sont
persécutés depuis longtemps dans ce pays et, aujourd'hui encore, nombre d'entre eux sont
maintenus en détention pendant de longues périodes, torturés, voire tués. Ces trois
dernières années, le nombre d'arrestations de chrétiens a par ailleurs sensiblement
augmenté : des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants ont été arrêtés et maltraités
par la police religieuse, la plupart étant détenus sans inculpation ni jugement, et bien
souvent expulsés.
« Les musulmans chiites et les chrétiens sont obligés de pratiquer leur religion en secret,
terrorisés à l'idée d'être découverts par la police religieuse. Celle-ci a en effet pleins
pouvoirs pour faire irruption chez les gens et arrêter ceux qu'elle trouve en train de prier, ou
en possession de chapelets, de la pierre servant aux prières des chiites (appelée turba),
d'images de Jésus-Christ, ou d'ouvrages religieux chiites ou chrétiens. » déclare
Amnesty International.
La grande majorité de la population saoudienne est de confession sunnite et la
religion officielle est la doctrine wahabite de l'islam. Aucun culte non-musulman ne
peut être célébré dans le pays, ni en public, ni en privé, et il n'existe aucun lieu de
culte public pour les non-musulmans.
L'intolérance religieuse en Arabie saoudite ne se limite pas aux non-musulmans :
l'islam chiite est considéré comme étant incompatible avec l'islam wahabite. La
discrimination officiellement approuvée par les autorités à l'encontre de la minorité
chiite saoudienne, soit près de 10 p. 100 de la population, signifie en pratique que
les chiites sont considérés comme des dissidents politiques. Certains ont même été
reconnus coupables d'apostasie (reniement de l'islam) et condamnés à mort à l'issue
de procès iniques.
En septembre 1992, Sadiq Abdul Karim Malallah, un chiite, a été décapité sur la
place publique à al Qatif après avoir été condamné pour apostasie et blasphème à
l'issue d'un procès d'une inéquité flagrante. Il lui avait été demandé, lors de son
procès en juillet 1988, de se convertir au wahabisme, ce qu'il avait refusé. Amnesty
International pense que cet homme a été exécuté parce qu'il revendiquait la liberté
de pensée, de conscience et de religion pour la minorité chiite de son pays.
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ARABIE SAOUDITE. Persécution des chrétiens et des chiites
MDE 23/09/93 - ÉFAI -
La communauté chrétienne, composée essentiellement d'expatriés travaillant en
Arabie saoudite pendant quelque temps, a tendance à former des confréries privées.
Les chrétiens qui appartiennent à ces confréries ont expliqué à Amnesty
International que leurs réunions — au cours desquelles ils prient en secret et
étudient la Bible – sont fréquemment interrompues par les descentes de la police
religieuse, qui arrête tous les membres présents.
La nationalité semble être un autre facteur de discrimination lors de ces arrestations.
Sur 329 fidèles de la religion chrétienne dont on a appris l'arrestation depuis août
1990, 325 étaient des ressortissants de pays en voie de développement, et seulement
quatre étaient originaires d'Europe de l'Ouest ou d'Amérique du Nord.
Amnesty International n'a cessé de signaler des cas de détention de chrétiens et de
musulmans chiites aux autorités saoudiennes, mais elle n'a reçu aucune réponse.
Malgré la récente libération de 21 chiites, aucune mesure concrète n'a été adoptée
pour protéger les minorités des persécutions religieuses.
Dans un rapport publié aujourd'hui (mardi 14 septembre 1993), l'Organisation
exhorte le gouvernement saoudien à promulguer des lois visant à combattre cette
forme de persécution. Elle l'invite instamment à faire montre de sa volonté de se
conformer aux normes internationales relatives aux droits de l'homme qui
garantissent le droit de toute personne à sa liberté de pensée, de conscience et de
religion. Elle demande en outre que des garanties soient mises en place pour
protéger les détenus contre la torture et les mauvais traitements, sévices qui
devraient être explicitement interdits par la loi.
Amnesty International conclut : « L'intolérance religieuse est profondément ancrée
dans les mœurs en Arabie saoudite et le gouvernement doit adopter une position très
ferme pour montrer que des pratiques telles que les arrestations arbitraires, les
détentions et les actes de torture doivent cesser. »
FIN DU COMMUNIQUÉ
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