Rencontres Nationales du Réseau de l`Accompagnement à l

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Rencontres Nationales du Réseau de l`Accompagnement à l
COMPTE-RENDU
RENCONTRES NATIONALES DU RESEAU DE L’ACCOMPAGNEMENT A
L’ENTREPRENA
L’ENTREPRENARIAT
CULTUREL
SOMMAIRE
I/ PLENIERE D’INFORMATION ............................................................................................ 3
LE RAPPORT DE STEVEN HEARN, 6 MOIS APRES SA REMISE ? ............................................... 3
PRESENTATION DU FORUM ENTREPRENDRE DANS LA CULTURE .......................................... 5
II/ RESTITUTION DES ATELIERS PARTICIPATIFS ................................................................... 6
ATELIER 1A – COOPERER : PROFESSIONNELS DE L’ACCOMPAGNEMENT A
L’ENTREPRENEURIAT CULTUREL : C’EST QUOI NOTRE METIER ? ........................................... 6
ATELIER 1B – COOPERER : PROFESSIONNELS DE L’ACCOMPAGNEMENT A
L’ENTREPRENEURIAT CULTUREL : C’EST QUOI NOTRE METIER ? ........................................... 8
ATELIER 2 – REFLECHIR : L’ENTREPRENEURIAT CULTUREL ET L’ESS : ASSO, SCOP, SCIC,
ENTREPRISE… RESPONSABILITES D’ENTREPRENEURS ? ....................................................... 10
ATELIER 3 – STRUCTURER : APPORTER DES DONNEES AU SECTEUR : LESQUELLES ?
COMMENT LES TROUVER ? COMMENT LES METTRE EN VALEUR ?..................................... 12
ATELIER 4A – COOPERER : TERRITOIRES ET COOPERATION : VALORISER LES INITIATIVES EN
REGION, COLLABORER AVEC LES STRUCTURES D’ACCOMPAGNEMENT « GENERALISTES »14
ATELIER 4B – COOPERER : TERRITOIRES ET COOPERATION : VALORISER LES INITIATIVES EN
REGION, COLLABORER AVEC LES STRUCTURES D’ACCOMPAGNEMENT « GENERALISTES »15
ATELIER 5 – REFLECHIR : ACCOMPAGNER ET APRES ? QUELLES RESPONSABILITES ?
ATTENTION A « L'EFFET D'AUBAINE » .................................................................................. 16
III/PLENIERE DE CLOTURE : LE RESEAU DE L’ACCOMPAGNEMENT A L’ENTREPRENARIAT
CULTUREL ....................................................................................................................... 18
ATELIER 6 – STRUCTURER : FORMALISER LE RESEAU MERCI ............................................... 18
PRESENTATION DE LA NOUVELLE VERSION DU SITE ENTREPRENDRE-CULTURE.FR ............ 21
Compte-rendu – Rencontres Nationales du Réseau de l’Accompagnement à l’Entreprenariat culturel – février 2015
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I/ PLENIERE D’INFORMATION
LE RAPPORT DE STEVEN HEARN, 6 MOIS APRES SA REMISE ?
Avec Gilles Castagnac (IRMA) et Steven Hearn (Scintillo)
•
Genèse du rapport « Sur le développement de l'entrepreneuriat culturel »
Steven Hearn est le président de Scintillo et le fondateur du Troisième Pôle. Il a également obtenu la
délégation de service public de la Gaîté Lyrique.
En 2010, il imagine le projet de créer un fonds d’investissement de capital-risque destiné aux
entrepreneurs culturels car ces derniers sont souvent isolés par les acteurs du développement
économique. Les premiers retours sur le projet ont été compliqués, on lui a renvoyé l’idée que « la
culture = subventions + mécénat ».
Il a lancé Creatis (incubateur d’entreprises culturelles) afin de casser cette image et pour montrer
que les entrepreneurs dans le secteur culturel peuvent être sérieux et économiquement viables.
C’est David Kessler alors conseiller médias et culture auprès de François Hollande qui a sollicité
Steven Hearn pour lancer une réflexion sur l’entrepreneuriat culturel pour le Ministère de la Culture
et de la Communication. Steven Hearn a proposé de ne pas rester centré sur la culture, ce qui a
permis de mettre autour de la table le Ministère de Fleur Pellerin pour l’innovation, les PME et
l’économie numérique.
Le rapport, fini en avril-mai 2014, a été remis le 25 juin à Aurélie Filippetti et Arnaud Montebourg.
•
Comment le rapport a-t-il été reçu ?
Il y avait beaucoup d’attentes sur le rapport mais aussi beaucoup de suspicion sur la commande. Estce que la mission cachait la volonté politique de changer le modèle économique de la culture ? Est-ce
que le soutien aux entrepreneurs allait empiéter sur l’existant ?
L’objectif du rapport est d’aider au développement des entrepreneurs immatriculés, qui sont
souvent isolés, ont peu de ressources humaines et peu de lien avec les collectivités. Le rapport
cherche à voir comment les aider à se doter de fonds propres.
Les entrepreneurs culturels sont souvent animés par des choses profondes sur la culture, mais ils
n’oublient pas l’impact de leurs activités (pas seulement concernant l’argent mais aussi l’impact sur
le tourisme…). Ils participent à leur manière à la préservation de l’exception culturelle. Ils repensent
des articulations entre les projets, les financements, l’innovation et le financement de l’innovation…
Il y a eu des débats concernant le public du rapport et le fait qu’il parle uniquement des entreprises
et non des associations. Sur cette question, la démarche entrepreneuriale au sein de structures qui
ne sont pas des entreprises existe et n’est pas exclue. Mais les cibles du rapport sont les entreprises
culturelles immatriculées, afin de faire en sorte qu’elles soient considérées comme les entreprises
des autres secteurs.
Compte-rendu – Rencontres Nationales du Réseau de l’Accompagnement à l’Entreprenariat culturel – février 2015
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Ce n’est pas une définition exclusive mais une définition précise. Le rapport n’est pas là pour dire que
l’association ne sert plus à rien. Le rapport ne chronique pas la démarche entrepreneuriale mais
comment l’entreprise peut se développer.
Le rapport met juste en avant que dans la culture, il y a peu de réflexions en amont du projet sur la
structuration. Les personnes vont de base vers la structuration en association, c’est une facilité
administrative.
Ces débats sont compréhensibles, notamment car le rapport est sorti dans un contexte de
transformation forte, un compliqué et incertain avec le débat sur l’intermittence.
•
Comment les 8 recommandations proposées ont-elles été prises en considération ?
La 1ère recommandation - intégrer la culture dans les processus d’innovation : c’est en cours, il y a
déjà des dispositifs qui sont ouverts aux entrepreneurs culturels (comme la French Tech) et la FING
met en avant l’innovation qui n’est plus seulement technique et numérique.
La 2ème recommandation - inscrire la culture dans le champ de l’économie sociale et solidaire : la loi
ESS a notamment aidé à cette évolution. Les démarches de certains entrepreneurs culturels sont
vraiment ancrées dans le secteur de l’ESS.
La 3ème recommandation - accompagner le passage du modèle associatif marchand vers les modèles
entrepreneuriaux : c’est une démarche volontaire et non une injonction à le faire. Pour trouver un
modèle, il faut des aides pour être accompagné sur cette question. Qui peut s’en emparer ?
La 4ème recommandation - créer un outil piloté par Bpifrance consacré à l’amorçage des entreprises :
un fonds d’investissement est en cours de création.
La 5ème recommandation - favoriser l’émergence et la consolidation de structures d’accompagnement
des entrepreneurs du secteur en incitant à la structuration de clusters régionaux : il y a un vrai intérêt
pour que les conditions soient créées pour aider à ce développement, la question reste à travailler.
La 6ème recommandation - soutenir la communication et la réflexion sur le rôle de l’entrepreneur
culturel : reste un sujet dont il faut s’emparer
La 7ème recommandation - encourager la création d’une représentation des entrepreneurs culturels :
reste un sujet dont il faut s’emparer
La 8ème recommandation - développer un site internet ressource: le Collectif MERCI s’en occupe.
Compte-rendu – Rencontres Nationales du Réseau de l’Accompagnement à l’Entreprenariat culturel – février 2015
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PRESENTATION DU FORUM ENTREPRENDRE DANS LA CULTURE
Par Philippe Tilly (DGMIC)
Le rapport de Steven Hearn vient enrichir les réflexions de la DGMIC depuis sa création. Ces
réflexions pour répondre aux principaux besoins des entreprises culturels (dont le besoin de
développer les financements et sortir de l’isolement) ont été engagées dés 2010 par la DGMIC.
Parmi les actions mises en place : l’accès au crédit d’impôts, le développement du travail avec l’IFSIC,
la publication du guide Entreprendre dans la culture.
La DGMIC a lancé la première édition du Forum Entreprendre dans la Culture qui aura lieu en France,
avec le soutien du Ministère de l’Économie. Il aura lieu à Paris (à la Gaité Lyrique, au CNAM et au
TANK) du 25 au 27 mars 2015, et du 30 mars au 13 avril 2015 à Lille, Lyon, Aix-en-Provence,
Montpellier, Toulouse et Strasbourg.
Les objectifs du Forum Entreprendre dans la Culture sont de valoriser les entrepreneurs et rendre
visible leurs activités. Il y aura beaucoup de témoignage d’entrepreneurs. Le Forum va également
permettre de montrer les problématiques communes des entrepreneurs en dehors des champs
d’action (musique, audiovisuel, média…), et de parler des questions communes.
L'évènement s’adresse aux entrepreneurs ou futurs entrepreneurs du secteur culturel, aux étudiants,
ainsi qu’aux acteurs institutionnels intéressés par la question du soutien au développement
économique dans le secteur.
Les inscriptions sont ouvertes en ligne :
www.culturecommunication.gouv.fr/entreprendredanslaculture
Il y aura une restitution de ces rencontres nationales le vendredi 27 mars matin à la Gaité Lyrique.
Le Forum de cette année est une première qui est amenée à être un rendez-vous régulier sur
l’entrepreneuriat culturel et elle répond aussi aux préconisations du rapport.
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II/ RESTITUTION DES ATELIERS PARTICIPATIFS
ATELIER 1A – COOPERER : PROFESSIONNELS DE L’ACCOMPAGNEMENT A
L’ENTREPRENEURIAT CULTUREL : C’EST QUOI NOTRE METIER ?
Animation : Géraldine Dallaire (Adecc) – Synthèse : Paméla d’Authier (Appuy Créateurs)
•
Quel est le profil des entrepreneurs accompagnés et quels sont leurs spécificités ?
On peut constater certaines spécificités en fonction des secteurs culturels. Par exemple, si on prend
le cas de certains intermittents du spectacle, on est confronté à des chefs d’entreprise dans les faits
mais qui ne le sont pas d’un point de vue juridique puisqu’ils sont salariés d’une structure
employeuse qui implique un lien de subordination.
Les entrepreneurs accompagnés sont ceux qui ont suivi un certain parcours artistique et culturel :
études, expériences professionnelles, etc. Le projet d’activité a été réfléchi et muri. Si la personne est
en reconversion ou n’a aucun bagage artistique et culturel on se situe davantage dans le suivi de
porteur de projet.
Le distinguo entre les porteurs d’idées et les entrepreneurs culturels va impacter le type
d’accompagnement proposé. La distinction entre porteur de projet et entrepreneur culturel (notions
artistique, économique, posture) est mise en évidence, bien qu’il y ait quelques années la notion
d’entrepreneur culturel était peu utilisée.
Le fait de devenir entrepreneur soulève notamment des questions de statut et de modèle
économique. L’entreprise culturelle se situerait entre l’offre -artistique et culturelle- et la
consommation -le public, le spectateur. L’entrepreneur culturel allie à la fois des critères esthétiques
et des critères économiques.
•
Quand devient-on entrepreneur ?
La notion d’entrepreneur culturel renvoie au statut de chef d’entreprise et de rentabilité
économique. L’entrepreneur culturel se pose à un moment la question de la pérennité sur le moyen
et long terme de son projet. Il a une stratégie de développement (contexte, moyens, enjeux).
Il a également une réflexion sur le statut juridique et le modèle économique et il se fixe des objectifs
de rentabilité. Il existe une tension entre culture et management : arriver à être au milieu des deux
pour être un entrepreneur.
•
Quel est le rôle des structures d’accompagnement ?
Certains préfèrent parler d’appui plutôt que d’accompagnement (aider « à faire » et non pas « faire à
la place de »). Il y a comme une interdépendance entre la structure d’accompagnement et le porteur
de projet.
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Les structures font de l’accompagnement dans différentes phases du projet (émergencedéveloppement-post-création) et accompagnement de publics variés : artistes, entrepreneurs
artistiques – culturels/ bénéficiaires de minimas sociaux, intermittents …
Les structures d’accompagnement sont là pour conseiller, informer, observer, former. Il n’y a pas de
notions théoriques. Il y a également différentes formes d’accompagnement : individuel, collectif,
rencontres…
Se pose la question sur la légitimité des structures d’accompagnement et l’importance du regard et
de l’appui des pairs.
•
Quel est l’impact du financement public des structures d’accompagnement ?
Le financement ou le non financement des structures d’accompagnement influeraient sur la relation
entre la structure et l’entrepreneur culturel. Les services proposés par les structures non
subventionnées seraient ressentis de manière plus positive par les entrepreneurs, ce qui pourrait
impacter le développement du projet.
•
Quelle reconnaissance des différents statuts des entrepreneurs culturels ?
Les modèles de l’entrepreneur culturel sont en constante évolution et innovation. Il y a une nécessité
de sensibiliser les clients des entrepreneurs et les partenaires institutionnels sur les nouveaux statuts
et mode de fonctionnement, et communiquer davantage sur les démarches collectives et innovantes
du champ de l’économie culturelle.
•
Comment évaluer les projets pour les structures d’accompagnement ?
Sur la question des objectifs et de l’évaluation : comment mettre en place des indicateurs (souvent
sollicités par les institutions) ? Sachant que les indicateurs dépendent souvent des politiques
publiques.
Le développement des outils de suivi est important mais: il y a des difficultés pour avoir des réponses
économiques sur le long terme.
•
Autres remarques
Des associations culturelles se créent avec des conseils d’administration constitués uniquement pour
pouvoir exercer une activité artistique avec un statut juridique légal. Il n’y a pas toujours de réflexion
sur le modèle juridique le plus approprié pour développer un projet économique.
Il est important que les entrepreneurs de différents secteurs d’activité (hors culture également) se
rencontrent. Les structures d’accompagnement culturel doivent cependant être à même de
répondre aux spécificités du secteur.
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ATELIER 1B – COOPERER : PROFESSIONNELS DE L’ACCOMPAGNEMENT A
L’ENTREPRENEURIAT CULTUREL : C’EST QUOI NOTRE METIER ?
Animation : Marion Godey (La Coursive Boutaric) – Synthèse : Aude Merlet (Cluster Paris Musique)
•
Quels sont les profils parmi les structures d’accompagnement ?
Ce qui apparaît tout de suite c'est la diversité des structures d’accompagnement. Cette
hétérogénéité des dispositifs se distingue très rapidement de par leurs modèles, leurs genèses mais
aussi leurs missions et actions.
De toutes formes (clusters, CAE, couveuses, fédérations, pépinières, agences…), ces acteurs ont bien
souvent un historique propre (initiative individuelle, impulsion d'une collectivité, rassemblement
d'entrepreneurs...) qui a permis leur création et leur mission de base.
Souvent parti d'un domaine précis, certains s'y sont spécialisé, d'autres au contraire se sont ouvert à
d'autres champs, culturel ou non, alors que certains ont eu une approche généraliste.
En plus du domaine d'action, la diversité est présente par l'échelle de l’accompagnement, si certains
ont une action locale, pour d'autres c'est l'échelle départementale ou régionale qui prime, et d'autres
accompagnent aussi à l'international.
Cette notion de territoire qui n'est pas prédéfinie pour certains peut dépendre aussi du financement
du dispositif, si certains dispositifs s'autofinancent ou ont des ressources émanant du privé, d'autres
sont soutenus par les pouvoirs publics.
Là aussi une diversité apparaît, car ce ne sont pas spécifiquement des financements venant des
services culturel, mais aussi de l'économie, l'innovation, le territoire, l'ESS ou encore le social qui
participent à l'effort de soutien à l'entrepreneuriat.
•
Quelles sont les missions des structures d’accompagnement ?
Au delà de la construction de ses dispositifs d'accompagnement, les missions sont aussi très diverses.
Si les notions d'incubation, coworking, formation, ressources et conseil sont récurrentes ; des
prestations de services administratifs, comptables ou juridiques tendent à apparaître, ainsi que la
mise en place d'outils pratiques ou encore de conseils en stratégie.
Le moment de l'intervention est aussi variable d'un acteur à l'autre. Certains interviennent en amont
du projet, certains en amorçage ou développement alors que d'autres agissent à tout moment du
projet entrepreneurial. Ainsi l'action de certains est limité dans le temps et pour d'autres
l'accompagnement n'a pas de durée limité.
Enfin l'aspect du public témoigne aussi d'une très grande hétérogénéité, si certains reçoivent
directement des artistes ou des individus en préparation d'un projet, d'autres n'accompagnement
que des entrepreneurs déjà en action.
Compte-rendu – Rencontres Nationales du Réseau de l’Accompagnement à l’Entreprenariat culturel – février 2015
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•
Quels sont les points communs des structures d’accompagnement ?
En premier lieu un questionnement évident sur les nouveaux modèles qui apparaissent et les
dispositifs à mettre en place pour répondre aux nouveaux besoins. Ces réflexions émanent des
structures d'accompagnement, mais aussi des collectivités qui ont la volonté d'avoir des soutiens
plus ciblées pour aider les entrepreneurs.
Il apparaît aussi que ce n'est pas forcément par le financement que l'accompagnement se dessine,
mais plutôt sur le soutien à la recherche des financements ou du modèle économique.
On note aussi une volonté de fertilisations croisées de plus en plus fortes en créant des passerelles
entre les secteurs, notamment l'innovation, l'économie sociale et solidaire ou encore le social.
Le rôle de l'accompagnateur implique des aspects de parrainage et de responsabilisation. Il apparaît
aussi que par l'accompagnement de l'individuel, de l'entrepreneur, participe à la structuration d'un
secteur dans son ensemble.
•
Quelle définition de l’entrepreneur culturel ?
Au delà de la définition « officielle », on se rend compte que les profils que l'on accompagne
répondent souvent à d'autres réalités. Et pourtant c'est en définissant au mieux à qui on s'adresse
que l'on pourra au mieux les accompagner.
Ainsi, la sémantique a été évoqué, est ce que celui qu'on appelle aujourd'hui l'entrepreneur culturel
est celui qu'on appelait avant le porteur de projet ? Même si il est convenu que l'entrepreneur à la
vision et la démarche plus construite que le porteur de projet, cela ne paraît pas évident pour tous.
Le profil de l'entrepreneur culturel n'est pas forcément bien appréhendé par tous. S’il est convenu
que la posture de l'entrepreneur est notamment définie par son profil de gestionnaire & décideur,
par la prise de risque et sa responsabilité, la réflexion porte sur ses autres qualités qui ne sont pas les
mêmes d'un individu à l'autre, d'un métier à l'autre, et encore moins d'un domaine culturel à l'autre.
•
Secteur culturel « traditionnel » VS entrepreneuriat culturel ?
La notion du champ culturel est aussi abordée, notamment via l'apparition de nouveaux modèles, qui
seront variables selon les métiers et les disciplines.
La frontière est elle nette entre les 2 systèmes : un ancien dit « traditionnel », souvent incarné par
des associations régulièrement subventionnées, sans réelle remise en question du modèle
économique face aux profils d'entrepreneurs plus contemporains, qui portent des nouveaux modèles
économiques, via une réalité de l'autofinancement nécessaire.
Est finalement questionnée la valeur de la création, qui très spécifiquement dans le champ culturel
sera toujours le fruit d'une évaluation compliquée.
Pour mieux accompagner les entrepreneurs, il sera nécessaire de bien définir qui ils sont, mais aussi
qui nous sommes, nous dispositifs d'accompagnement, et si ce que nous proposons répond bien à
leurs besoins et réalités.
Compte-rendu – Rencontres Nationales du Réseau de l’Accompagnement à l’Entreprenariat culturel – février 2015
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ATELIER 2 – REFLECHIR : L’ENTREPRENEURIAT CULTUREL ET L’ESS : ASSO, SCOP, SCIC,
ENTREPRISE… RESPONSABILITES D’ENTREPRENEURS ?
Modérateur : Claire Léauté (CIGALES d’Auvergne) - Synthèse : Joël Beyler (CAE Artenréel)
•
Qu’est ce que l’ESS ?
La personne est au cœur du projet, l’économie est un moyen et non pas finalité. C’est une forme de
démocratisation de l’économie par l’engagement citoyen
L’ESS : c’est la diversité, ce qui fait à la fois si richesse mais parfois aussi sa faiblesse (plusieurs
« familles » qui ne se reconnaissent pas toujours)
Les statuts ne suffisent pas ; il faut penser un triptyque autour de 3 piliers : les valeurs, le statut
juridique (garde-fous), et les pratiques.
Il a été souligné l’importance de la cohérence entre valeurs et pratiques (en terme de RH, de
fonctionnement, etc.) ; les valeurs ne doivent pas être du discours mais doivent se vivre au quotidien.
La notion d’utilité sociale ne se décrète pas mais se détermine par une évaluation participative
faisant participer toutes les parties prenantes bénéficiaires du projet.
•
Qu’est ce qui encadre l’appartenance à l’ESS ? Existe-t-il un label ESS ?
Non, pas de label. Le débat est récurrent mais non retenu par la loi ESS de juillet 2014.
Par contre, il existe un agrément d’entreprise solidaire (d’utilité sociale) mais il est peu connu et il n’y
a pas ou peu de contrôle à posteriori puisqu’il s’obtient de façon déclarative à un instant précis.
Des leviers de contrôle et de limitation du risque de dérive ont été identifiés :
-
-
La double qualité (décideur/bénéficiaire) permet de garantir certaines pratiques, dans une
logique de contrôle interne : les sociétaires ont accès aux informations de gestion, élisent
collectivement et régulièrement leurs dirigeants
L’obligation de révision coopérative annuelle et l’inscription sur la liste ministérielle des SCOP
qui permet aussi de vérifier les pratiques démocratiques et de gestion en vigueur dans
l’entreprise.
Ces leviers représentent de bonnes pistes mais ne sont pas forcément suffisantes.
•
Quelle place pour l’ESS dans le secteur culturel ?
Dans certain secteur (notamment Spectacle Vivant), il demeure une tradition culturelle de créer sa
structure en association. Pour autant, ce choix est fait par défaut plus que par choix militant : pour
avoir un support juridique (obtenir des subventions / obtenir une salle pour répéter / etc.) ; les
politiques culturelles menées depuis les années 80 ayant incité à la structuration associative.
Ces créateurs ne se revendiquent pas de l’ESS et la gouvernance associative est mise à mal
(dirigeants de paille, artiste décideur, absence de dimension collective, etc.).
Compte-rendu – Rencontres Nationales du Réseau de l’Accompagnement à l’Entreprenariat culturel – février 2015
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Depuis peu, le développement des statuts coopératifs (SCOP et SCIC) change quelque peu la donne
même si ces statuts sont encore largement méconnus notamment par les pouvoirs publics et les
collectivités.
Le statut SCOP est peut être davantage choisi par militantisme : quelques exemples historiques de
SCOP dans le spectacle vivant sont portés par des personnages qui ont affirmés leur vision du monde,
à travers le choix du statut de leur entreprise.
Quelle alternative s’offre alors à la création d’association ? Les nouvelles organisations du travail
(CAE, bureaux de production, …) offrent des perspectives intéressantes même si certains aspects
juridiques restent fragiles (circulaires sur le portage salarial et la licence d’entrepreneur de spectacle,
structures en recherche de leurs propres modèles, etc.).
Au final, au-delà des statuts, ce qui semble important, c’est de créer des parcours personnalisés
d’accompagnement, au plus près des besoins des publics et de sécuriser les démarches, qu’elles
soient individuelles ou collectives.
•
Quelle est la posture de l’entrepreneur culturel ?
L’accompagnement d’un entrepreneur culturel fait apparaître un paradoxe : le porteur d’un projet
artistique ou culturel n’est pas forcément un entrepreneur. Il n’a pas vocation à créer des structures
mais pourtant les règles du système culturel lui suggèrent. Il se retrouve malgré lui dans une posture
d’entrepreneurs « de fait ».
Comment prendre en compte ce paradoxe dans l’accompagnement ? Les participants soulignent
l’importance d’accompagner les porteurs de projets pour qu’ils prennent conscience de la posture
qu’ils vont occuper.
Il y a également des ponts et des rapprochements à créer avec de secteur de l’économie
traditionnelle (banque, etc.).
De nouvelles dynamiques territoriales participent à ces
rapprochements : Clusters, Pôle Territoriaux de Coopération Economique, coworking, …
•
Y a-t-il une responsabilité partagée de l’entrepreneur culturel ?
Le triptyque historique de financement hybride d’un projet culturel (financement public / recettes
propres / réciprocité notamment à travers le bénévolat) est aujourd’hui mis à mal (baisse des
financements et de l’intervention de l’Etat ou des collectivités, tendance à la rentabilité,
généralisation des logiques d’appels d’offres, crise du bénévolat, etc.) et invite à redéfinir de
nouveaux modèles et à réfléchir à des logiques de mutualisation. Pour autant, les acteurs et
entrepreneurs de secteur culturels ne peuvent pas seul assumer la crise d’un secteur d’activité.
Alors, oui, l’entrepreneur a sans nul doute une responsabilité mais celle-ci est une responsabilité qui
doit être partagée globalement entre entrepreneur, citoyen, société civile, politique…
Compte-rendu – Rencontres Nationales du Réseau de l’Accompagnement à l’Entreprenariat culturel – février 2015
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ATELIER 3 – STRUCTURER : APPORTER DES DONNEES AU SECTEUR : LESQUELLES ?
COMMENT LES TROUVER ? COMMENT LES METTRE EN VALEUR ?
Modération : Mathias Milliard (IRMA) - Synthèse : Nathalie Miel (Le Damier)
•
Pour quels objectifs collecter des données ?
La collecte de données pose l'idée de la normalisation, de la production d'argumentaire pour changer
les représentations et montrer la culture comme faisant partie intégrante de l'économie pour faire
entrer l'entrepreneuriat culturel dans les dispositifs traditionnels.
Il existe un paradoxe à ne pas vouloir être considéré comme les autres, tout en souhaitant être dans
le droit commun. Il convient d'être attentif à ce paradoxe pour ne pas être contre-productifs, et être
prudent à l'image qui est renvoyée au politique. Il s'agit de ne pas donner de clés susceptibles de
nous nuire.
Il est donc très important de savoir clairement pourquoi nous récoltons des chiffres, et en vue de dire
quoi à quel interlocuteur. En tant qu'experts sur nos secteurs, nous savons souvent que nous voulons
observer, ce que l'on recherche, et nous produisons des données parce que l'on a une réponse
directe à apporter, notamment en terme de mise en place de dispositifs, de positionnement
politique, etc.
Les chiffres foisonnent : il y a donc nécessité à les rationaliser pour faciliter la lecture politique et
déclencher les bonnes réponses, les bons dispositifs pour faire levier.
•
Quelle méthodologie pour récolter des données ?
La question se pose du mode de collecte des données. Des difficultés existent pour obtenir des taux
de réponse satisfaisants. Nous pouvons être amenés à extrapoler des résultats, ce qui a pour effet
immédiat d'invalider l'analyse. Il est noté qu'il est plus facile de mobiliser les acteurs et de collecter
les données lorsque le résultat produit par une enquête à une répercussion directe et utile.
La question d'utiliser les données recueillies par d'autres structures telles l'INSEE ou le CNV a été
soulevée.
Nous essayons parfois de comparer des données alors que ce qui a été observé n'est pas tout à fait
identique. D'une étude à l'autre, les données peuvent différer sur le même sujet car les mêmes
champs n'ont pas été étudiés. Se pose alors également la question de la comparaison de l'expertise
produite.
Afin de faciliter l'actualisation des données, il a été émis l'idée d'observer moins de champs, mais de
manière plus récurrente.
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•
Quel rôle peut jouer le Collectif MERCI ?
Le rôle du Collectif MERCI sur ce sujet peut être d'entamer une réflexion sur une méthode partagée :
est-il possible d'imaginer des protocoles universels et une nomenclature unique pour la collecte des
données, afin de se donner les moyens de comparer ? S'agirait-il pour cela de mettre en place une
base de données commune, alimentée par les structures inscrites ?
Il est nécessaire d'identifier un besoin commun (chiffres quantitatifs / qualitatifs ? au plan national /
local ? par branche ?...).
Les attentes des participants à ce sujet est de mettre en commun et rationaliser les données,
comparer les pratiques, valoriser les initiatives sur leur territoire, produire des indicateurs et faire
remonter des chiffres. L'idée est de s'enrichir mutuellement des expériences et des dispositifs
développés ailleurs, tout en étant vigilant à ne pas calquer de dispositif sur des territoires différents.
Enfin, le Collectif MERCI pourrait devenir un espace de réflexion sur la création de nouveaux
indicateurs, au-delà des seules questions d'emplois, de chiffres d'affaire et de poids économique (par
exemple: comment réfléchir ensemble sur la question de la valeur, et sur les moyens de la mesurer?).
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ATELIER 4A – COOPERER : TERRITOIRES ET COOPERATION : VALORISER LES INITIATIVES EN
REGION, COLLABORER AVEC LES STRUCTURES D’ACCOMPAGNEMENT « GENERALISTES »
Modération : Fabrice Borie (Le Transfo) – Synthèse : Valérie Weidmann (Pygmalion et Cie)
•
Quelle collaboration entre les structures d’accompagnement généralistes et
spécialisées ?
Avec les banques il y a deux difficultés : estimer la valeur d’un projet culturel et la mise de fonds
propres (ce qui est peu dans la culture de la culture…)
Il a été évoqué que cela dépendait des chargés de clientèle et des banques. Certaines sont plus
sensibles que d’autres…. Il n’y a pas de prêt sans garantie. Il y a besoin d’un garant ou des projets
comme des fonds d’investissement qui sont des pistes en cours. Il existe parfois des acteurs
spécialisés dans le domaine culturel qui sont sollicités pour participer aux commissions lors
d’instruction de dossiers pour mieux appréhender les enjeux, les perspectives.
Avec d’autres acteurs de l’accompagnement généralistes comme les chambres consulaires, les
boutiques de gestion, des collaborations sont effectives mais souvent parce qu’une personne au sein
de l’organisme est sensible ou intéressé par la culture.
Seulement, parfois en voulant se rapprocher d’acteurs de l’accompagnement généralistes, on peut
aussi y rencontrer de la concurrence… Par exemple, les DLA évoquent un référencement de
nombreux consultants généralistes mais beaucoup moins de consultants du secteur culturel, une
centaine au niveau national.
De manière générale, le rapprochement entre les structures généralistes et les structures culturelles
peut fonctionner mais avec des à priori, voire des réticences sur des actions collectives, même s’il y a
des résultats en terme de collaboration entre secteur d’activité
•
Comment valoriser les initiatives en région ?
L’identité territoriale est souvent liée à une identification régionale, mais la fusion des régions
interroge certains acteurs devant les différences de méthode d’action.
Pour valoriser les initiatives des acteurs, il a été proposé par les participants de passer par les chefs
de files thématiques, par les collectivités en région, et s’emparer des plateformes thématiques des
projets européens. Mais cela reste encore très frais et peu lisible pour certains acteurs. Et lorsqu’on
parle de valoriser les initiatives il faut penser au porteur de projet ou l’entrepreneur qui tout seul
face aux méandres des multiples services peut se perdre.
Pourquoi également ne pas reconsidérer les contrats avec la puissance publique, dans l’intérêt
collectif, pour développer des processus de Recherche & Développement afin d’identifier, de
valoriser et de soutenir les initiatives ? Ces processus pourraient mobiliser des financements hybrides
(secteur culturel et généraliste).
Sur les complémentarités culture/généraliste, des zones de blocages persistent. Il faut persévérer
dans la pédagogie et la connaissance réciproque autour pour les acteurs culturels que les acteurs
plus généralistes. La place de l’accompagnant est souvent un décodeur.
Compte-rendu – Rencontres Nationales du Réseau de l’Accompagnement à l’Entreprenariat culturel – février 2015
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ATELIER 4B – COOPERER : TERRITOIRES ET COOPERATION : VALORISER LES INITIATIVES EN
REGION, COLLABORER AVEC LES STRUCTURES D’ACCOMPAGNEMENT « GENERALISTES »
Modération : Yann Chapin (Fontaine O Livres) – Synthèse : Carole Le Rendu (chercheuse)
•
Comment collaborer avec les structures d'accompagnement « généralistes » ?
Il est possible de mettre en place des partenariats avec des structures ou des dispositifs généralistes,
dans lesquels le rôle de la structure spécialisée est d’apporter son expertise, sa compétence sur le
champ culturel et de permettre d’adapter les offres aux entrepreneurs culturels.
On semble plutôt dans une problématique de mieux structurer ce travail de partenariat avec les
structures généralistes. Continuer à récolter des « bonnes pratiques » avec les structures spécialisées
collaborant déjà avec des structures généralistes de façon efficace.
La question se pose de savoir si le parcours entrepreneurial n'est-il finalement pas le même que pour
les autres secteurs. Oui et non. Certains peuvent penser que l'entreprise culturelle est à part,
beaucoup pensent la nécessité de traduire, d’amortir le choc culturel : certains interlocuteurs ne
comprennent pas l'activité, le fonctionnement culturel.
•
La structure spécialisée, un « facilitateur » ?
Problématiques auxquelles font face les entreprises culturelles :
- une sous représentation dans les instances généralistes telles les CCI, voire dans l'ESS,
- un modèle de l'entreprise culturelle peu compris, défiance vis-à-vis de ce champ, où il
manque des chiffres ou des modèles d'entreprises auxquels se référer.
Réponses que peuvent apporter les structures spécialisées :
- Certains besoins sont spécifiques, il faut dans ce cas des commissions et des acteurs
généraliste peuvent faire appel à l'expertise de structures spécialisées
- Le rôle des structures spécialisées serait de donner confiance aux autres acteurs par leur
expertise.
- Il est important de cultiver des coopérations entre structures spécialisées, générateur de
« fertilisations croisées » en croisant nos expertises.
•
Comment valoriser les initiatives en région ?
Le constat est fait que « tout se passe à Paris », il faut relayer ce qui se passe sur les territoires. Pour
cela l’implication institutionnelle semble importante.
L’outil Créafil de la région Rhône Alpes, semble être une initiative exemplaire, même si elle c'est une
démarche descendante. Une plateforme internet pour tous les acteurs, avec un outil
d'autodiagnostic, et décliné par territoire.
De manière générale il faut aller vers un travail tant sur la visibilité que sur une articulation de tous
les dispositifs d’accompagnement sur un territoire. Pour cela il faut faire un travail afin de démarcher
les structures existantes, pour que les entrepreneurs connaissent mieux les dispositifs de droit
commun. Il faut également faire que les structures d’accompagnement spécialisées se connaissent
mieux pour favoriser les coopérations. D’où la nécessité de se rencontrer sur un territoire.
Compte-rendu – Rencontres Nationales du Réseau de l’Accompagnement à l’Entreprenariat culturel – février 2015
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ATELIER 5 – REFLECHIR : ACCOMPAGNER ET APRES ? QUELLES RESPONSABILITES ?
ATTENTION A « L'EFFET D'AUBAINE »
Modération : Alexandre Tinseau (FRACAMA) – Synthèse : Franck Zimmermann
•
Accompagnement des porteurs de projets : quels objectifs et quelles méthodes ?
Les échanges ont fait apparaître un consensus certain sur les valeurs et notions clés de
l'accompagnement. Il est nécessaire de « ne pas faire à la place de », bien qu'une distinction puisse
s'opérer entre organismes institutionnels, financés par des fonds publics pour leurs missions, et
opérateurs privés qui n'hésitent pas à utiliser des termes marchands pour qualifier leurs prestations
d'accompagnement.
On retrouve les notions d'autonomisation des porteurs de projet, et sur la nécessité de l'aide à la
prise de conscience de ce qu'est un entrepreneur. Dans les logiques de l'accompagnement, ce
dernier est actif dans son développement. Pour certain, le rôle de l'accompagnateur ne s'arrête
évidemment pas là : dans un monde complexe, en perpétuel mouvement, il a pour rôle de sécuriser
les porteurs de projets.
Les méthodes employées sont aux antipodes du savoir descendant : les termes de parrainage et de
compagnonnage sont apparus pour définir la posture adoptée par beaucoup. L'accompagnateur est
assimilé bien plus ici à un intermédiaire, un médiateur qui oriente et qui aiguille le porteur de projet.
Sa compétence s'affirme dans sa capacité à repérer, comprendre et diagnostiquer les
problématiques rencontrées, et à mobiliser en face les bonnes réponses et les bonnes ressources.
Pour y parvenir, l'accompagnateur se doit de coller au terrain, et de disposer d'une expertise
reconnue. Certains ont soulevé la pertinence et l'efficacité des dispositifs collectifs par rapport aux
entretiens individualisés, lorsqu'ils s'inscrivent dans des dynamiques de l'échange, et non de la
transmission d'information verticale.
•
Évaluation : quelles limites des dispositifs d'accompagnement ?
La question de l'évaluation des dispositifs et des réponses mises en œuvre est que complexe. Il
n'existe pas ou peu d'outils d'évaluation. Ce qui s'apparente à de la prestation intellectuelle est
difficile à comptabiliser et à rationaliser facilement.
Il a été pointé aussi le manque de données globalisées sur les effets des dispositifs, malgré des
études sectorielles ou territoriales foisonnantes. A ce titre, si l'accompagnateur opère sur une
période précise du développement d'un projet, les résultats et les effets de cet accompagnement ne
peuvent être suivis aisément sur des temps plus longs.
La question de l'évaluation a permis de pointer les difficultés du métier d'accompagnateur, coincés
entre les réalités et la capacité de réaction institutionnelle, qui ne fonctionne clairement pas sur le
même tempo et la même vitesse.
Compte-rendu – Rencontres Nationales du Réseau de l’Accompagnement à l’Entreprenariat culturel – février 2015
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L'évaluation devient ainsi extrêmement compliquée lorsque des dispositifs deviennent obsolètes à
peine terminés, et que le cadre administratif, réglementaire et institutionnel s'adapte mal à un
monde en mutation constante et rapide.
Les formes de structurations et les cadres de financements imposés s'adaptent de la même manière
mal au monde de la culture et à la question de l'entrepreneuriat culturel.
Se posent in fine la question de la capacité des professionnels de l'accompagnement à faire bouger
et évoluer ces cadres et ces formes, dès lors qu'ils ne sont pas invités aux commissions qui les
forgent...
C'est enfin la capacité d'expérimenter qui est mise sur le tapis : les temporalités de l'action publique
ne permettent pas de tester des dispositifs et d'innover dans les réponses apportées. Il s'agirait
finalement de sortir de ce qui se fait pour aller vers ce qui va se faire.
•
Quelle responsabilité des structures d’accompagnement ? Et quelle durabilité de leurs
actions ?
Si l'accompagnement se définit bien comme une prestation de diagnostic, de préconisations et de
mise en œuvre de réponses adaptées, le porteur de projet demeure le seul maître à bord. Ses choix,
et la qualité intrinsèque de son produit – élément central de la viabilité même de l'entreprise – ne
dépendent que de lui. A ce titre, les professionnels de l'accompagnement ont bel et bien une
obligation de moyens, mais pas de résultats.
La sécurisation des parcours d'entrepreneurs passe avant tout par la mise en œuvre de montage
financier complexe : fonds publics, fonds d'investissement et fonds privés, fonds participatifs... Il est
dans cette logique primordiale de diversifier les sources, afin que la durabilité des projets ne puisse
être remise en cause par un excès de fonds publics, non sécurisés car dépendant de la volonté
politique.
Il a enfin été émis l'idée que la durabilité des projets passe aussi par la remobilisation des
entrepreneurs sur leur cœur de métier : l'innovation, la création, la prospective, en insistant sur la
nécessité de déléguer toutes les tâches qui ne relèvent pas de la dynamique de projet (tâches
administratives particulièrement) à d'autres...
•
Et « l’effet d'aubaine » ?
La notion d'effet d'aubaine a été soulevée, mais s'est heurtée à l'incompréhension de beaucoup sur
la signification de ce terme. Si l'expression renvoie aux dispositifs d'amorçage (aides au démarrage
par exemple) qui pourrait induire des effets négatifs à terme (politique uniquement centrée sur
l'amorçage et non sur le suivi, entrepreneuriat voué à l'échec car mal préparé à l' « aprèsfinancement d'amorçage »...), beaucoup de participants préfèrent relever au contraire les effets
majoritairement positifs de ces politiques, qui donnent leur chance...
Compte-rendu – Rencontres Nationales du Réseau de l’Accompagnement à l’Entreprenariat culturel – février 2015
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III/PLENIERE DE CLOTURE : LE RESEAU DE L’ACCOMPAGNEMENT A
L’ENTREPRENARIAT CULTUREL
ATELIER 6 – STRUCTURER : FORMALISER LE RESEAU MERCI, OBJECTIFS ET GOUVERNANCE
DE L’ASSOCIATION, OBJECTIFS ET GOUVERNANCE DU SITE
Modération : Myriam Faivre (CAE Clara) – Synthèse : Morgane Vinet (Collectif MERCI)
•
Qu’est ce que le Collectif MERCI ? Où en sont les réflexions ?
Il semblait important de faire un point historique sur le Collectif MERCI pour que tous les participants
soient au même niveau d’information.
Des professionnels de l’accompagnement en Ile-de-France ont lancé un forum informel en 2010. Les
questions qui ont mobilisé les acteurs: Comment mieux répondre aux besoins des porteurs de
projets ? Comment identifier les autres structures d’accompagnement pour travailler sur la
complémentarité des dispositifs ?
Ce forum a permis aux professionnels qui le souhaitaient de se rencontrer pour se connaitre, pour
partager de l’information sans compétition et pour échanger sur les pratiques. Les réunions sont
devenues un temps de rencontre régulière en région.
Ce collectif d’origine francilienne est devenu un comité constitutif du Collectif MERCI actuel quand
on a demandé aux membres de travailler sur la valorisation des structures d’accompagnement, et
d’avancer sur l’échelle nationale. Cette évolution dans le projet a été soutenue par la DGMIC, qui a
financé la création du site internet www.entreprendre-culture.fr en mai 2014.
En juillet 2014, une association a été créée, elle a pour objet de :
-
valoriser les initiatives et les actions des structures d'accompagnement à l'entrepreneuriat
culturel
proposer la constitution puis animer le réseau des structures d’accompagnement à
l’entrepreneuriat culturel sur le territoire national,
et rendre plus visible sur chaque territoire les dispositifs d’accompagnement dédiées aux
entrepreneurs culturels
Ce qui est opérationnel au sein du collectif : le comité constitutif, un bureau, un comité technique
pour le développement du site internet et un comité éditorial pour les contenus du site. Une
coordinatrice a été recrutée pour animer le réseau et gérer le site.
Aujourd’hui la réflexion ne peut plus se faire dans le comité constitutif, il y a un vrai besoin de la
participation de toutes les régions. L’objectif n’est pas de faire comme en Ile-de-France mais de
mobiliser les compétences et les connaissances en région pour nourrir le projet.
Le Collectif MERCI souhaite promouvoir un réseau à disposition de ses membres et non pas faire une
tête de réseau. Le projet associatif est à minima pour être souple, pour permettre aux structures des
régions de s’impliquer dans le réseau et de s’emparer du pouvoir.
Compte-rendu – Rencontres Nationales du Réseau de l’Accompagnement à l’Entreprenariat culturel – février 2015
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•
Quel est l’intérêt du projet ?
Les participants de l’atelier ont ensuite échangé sur la manière dont ils appréhendent le Collectif
MERCI et sur l’intérêt du projet.
Le projet est intéressant, il n’existait pas de structuration pour les structures et les professionnels de
l’accompagnement à l’entrepreneuriat culturel. Le Collectif Merci s’est donc constitué pour répondre
à un besoin qui n’était pas couvert. Le projet répond à l’actualité (avec la publication du panorama
EY, la remise du rapport Hearn…), c’est le moment d’avancer sur l’accompagnement à
l’entrepreneuriat culturel.
Ce réseau n’est pas là pour remplacer des réseaux existants, il se positionne en complémentarité des
autres réseaux nationaux. Le Collectif MERCI pourrait être un interlocuteur privilégié avec des
réseaux comme l’union des couveuses, le groupe de travail des groupements d’employeurs, le réseau
ressource, etc.
Pour réussir à mobiliser autour du réseau, les structures doivent trouver un intérêt. Il faut avoir un
projet associatif et travailler sur les objectifs. Ce qui mobiliserait les professionnels : connaitre
initiatives innovantes, ne plus être isolés, être soutenus pour sensibiliser son environnement sur la
question de l’accompagnement à l’entrepreneuriat culturel (partenaires publics, structures
généralistes d’accompagnement…)
La dimension collective est également très intéressante mais le réseau doit prendre une forme
souple et doit travailler en transversalité. Il faut un socle partagé avec des référents/acteurs
régionaux qui vont expérimenter, qui vont brasser le terrain. Le réseau pourrait par exemple
fonctionner comme une fédération informelle où il faudra adhérer à des valeurs et un projet
commun.
Dans l’organisation du réseau et de la gouvernance, il faudra aussi prendre en compte les spécificités
thématiques ou les différentes filières. En interne il faudra surement cloisonner et proposer des
temps de travail en groupes thématiques (soit par filières, soit par type de structures, etc.)
Il a été signalé que le projet du site internet est trop mis en avant. Le site internet est une vitrine, un
outil, qui n’est pas une fin en soi et qui n’est pas l’apport premier du Collectif MERCI. L’intérêt c’est la
coopération, la rencontre, l’échange.
•
Quelle prospective pour le réseau du Collectif MERCI ?
Un brainstorming sur l’avenir de MERCI, sur ses objectifs, sur ses possibilités a fait ressortir 3 pistes
de développement principales :
-
Etre un observatoire et un relai d’information et de ressources sur l’entrepreneuriat culturel :
o Proposer des fiches pratiques/pédagogiques pour les entrepreneurs
o Etre un réseau interlocuteurs avec les autres réseaux pour valoriser leurs ressources
(comme les documents d’Opale ou de l’Avise…)
Compte-rendu – Rencontres Nationales du Réseau de l’Accompagnement à l’Entreprenariat culturel – février 2015
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o
Produire de la donnée sur l’accompagnement à l’entrepreneuriat culturel mais aussi
observer les pratiques des entrepreneurs culturels.
-
Faire un travail de lobbying et de développement pour les structures d’accompagnement à
l’entrepreneuriat culturel :
o Accompagner les structures d’accompagnement à se développer (veille sur les appels à
projets, aide à la réponse à des appels à projets, etc.)
o Sensibiliser les structures généralistes et les collectivités au développement et au
soutien à l’entrepreneuriat culturel (travailler un discours commun, être présents sur
des salons...)
o Et pourquoi ne pas créer des Chambres régionales de l’entrepreneuriat culturel –
équivalentes aux Chambres de commerce et de l’industrie ou aux Chambres des métiers
et de l’artisanat. Les « CREC » permettraient d’impliquer les entrepreneurs culturels sur
la représentation et le développement de leurs activités puisque qu’ils formeront la
gouvernance de ces chambres consulaires.
-
Développer et encourager une dynamique participative :
o Encourager, accompagner des rencontres dans les régions pour que les structures
d’accompagnement se connaissent et collaborent sur leur territoire
o Mobiliser les acteurs autour de commissions thématiques (par filières, par type de
dispositifs...)
o Faire vivre le site de manière collaborative via le partage d’information, des documents,
la création d’évènement…
Les idées qui ont été partagées sont des propositions qui devront être travaillées avec les autres
structures d’accompagnement qui voudront s’impliquer dans le réseau. Ce seront des idées qui
pourront être discutées lors de la prochaine Assemblée Générale du Collectif MERCI.
En effet, une Assemblée Générale au printemps 2015 pour avancer ensemble sur le projet associatif
du réseau, pour élire un nouveau conseil d’administration et organiser les groupes de travail (comité
technique du site, comité éditorial, etc.) - toute structure ayant réglé son adhésion avant fin mars y
sera invitée.
Compte-rendu – Rencontres Nationales du Réseau de l’Accompagnement à l’Entreprenariat culturel – février 2015
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PRESENTATION DE LA NOUVELLE VERSION DU SITE ENTREPRENDRE-CULTURE.FR
Par Morgane Vinet (Collectif MERCI)
La première version du site Entreprendre dans la Culture a été présentée le 19 mai 2014 lors de la
journée dédiée aux dispositifs d’accompagnement lors du Silicon Valois.
Ce site a été pensé, créé, réalisé par le collectif MERCI avec le soutien de la DGMIC. C’est un outil
collaboratif qui offre aux entrepreneurs culturels et aux professionnels de l’accompagnement une
interface d’échange et un lieu ressource sur l'entrepreneuriat culturel.
Cet outil s’est construit autour de la création d’une cartographie nationale qui référence les
structures qui proposent des dispositifs d’accompagnement à l’entrepreneuriat culturel. Les
dispositifs d’accompagnement présentés sur le site rentrent dans le cadre d’une mission d’intérêt
général soutenue par les pouvoirs publics, et sont dédiés aux porteurs de projets et aux
entrepreneurs culturels.
Cette base de données permet notamment de donner une visibilité aux porteurs de projets et aux
entrepreneurs culturels des structures d’accompagnement qui existent en France, et d’offrir aux
structures d’accompagnement un vecteur de communication pour présenter et valoriser leurs
dispositifs d’accompagnement.
Une nouvelle version du site est en cours de développement afin de proposer de nouvelles
fonctionnalités. Cette version du site qui sera présentée lors du Forum Entreprendre dans la Culture
à la Gaité Lyrique le 27 mars 2015 propose :
-
une amélioration des fiches structures, les professionnels pourront désormais mettre en
ligne leurs documents de communication et des contenus (news et vidéo)
une page d’information-ressources sur l’entrepreneuriat culturel pour valoriser les
productions des professionnels et des institutions (guides, fiches pratiques, rapports…)
un agenda et une newsletter dédiée aux porteurs de projets et aux entrepreneurs culturels,
un outil d’autodiagnostic pour les entrepreneurs afin de les orienter vers les structures
d’accompagnement en fonction de leurs besoins
et un espace professionnel pour les structures d’accompagnement avec un agenda privé, un
outil de partage de documents et des listes de diffusions qui seront accessibles uniquement
aux adhérents de l’association
Compte-rendu – Rencontres Nationales du Réseau de l’Accompagnement à l’Entreprenariat culturel – février 2015
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CONTACT
MORGANE VINET
Coordinatrice du Collectif MERCI
[email protected]
www.entreprendre
www.entreprendre-culture.fr
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Réseau de l’Accompagnement à l’Entreprenariat culturel – février 2015
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