Saint-Étienne : Le City Lofthotel, le seul hôtel contemporain dans un

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Saint-Étienne : Le City Lofthotel, le seul hôtel contemporain dans un
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SAMEDI 22 OCTOBRE 2016
LE TEMPS WEEK-END
Voyage
Le Musée d’art moderne
et contemporain avec son
look de monolithe noir
abrite 19 000 œuvres,
dont des Fernand Léger
et des Picasso. (DR)
A Saint-Etienne,
le design est partout dans
la rue. A l’image du «Cube
Gigogne», concept de
stand urbain modulable.
(AURÉLIE SANCHEZ)
PAR EILEEN HOFER
◗ «Enfant, quand je descendais du
train, je me laissais envoûter par
l’odeur du chocolat qui venait de
l’usine Weiss en face de la gare.»
Pour remplacer la fabrique à rêves
de Willy Wonka et ce souvenir
proustien d’Anne-France Decroix
de l’Office de tourisme de SaintEtienne, des œuvres artistiques
occupent désormais le parvis de
la station SNCF de Châteaucreux.
Sitôt arrivé, le voyageur zigzague
à travers l’Arbre multicolore de
Philippe Million ou les Chevaux
bleus du sculpteur Assan Smati.
Avant de découvrir les peintures
d’Ella & Pitr, qui habillent les
murs aveugles des boulevards de
type haussmannien. La dernière
fresque du duo d’artistes, Un
Arbitre de foot, célèbre l’Euro 2016
à l’angle de la rue Cugnot et Ferdinand. Car à Saint-Etienne, le
ballon rond, c’est sacré. Il rappelle
la folie des stades, l’âge d’or des
penalties de Platini et cette
grande époque où tout l’Hexagone
chantait: «Allez les Verts!», qui a
réussi à traverser les générations.
Ville design
Depuis 2010, la capitale du
département de la Loire savoure
un autre succès, celui d’un développement visionnaire qui a vu
son urbanisme durablement
modifié tout en mettant en avant
la création contemporaine autour
de l’objet. Le résultat? La voici
seule ville française – parmi
116 autres dans le monde – flanquée du label «Ville créative
Unesco» dans la catégorie design.
«Les critères sont exigeants. Nous
devions notamment posséder une
école de design et un site dédié
aux entreprises fédérées autour
de cet art», poursuit Anne-France
Decroix.
La Biennale internationale
design, lancée en 1998, propose
ainsi une soixantaine d’exposi-
Ateliers transformés
Au nord, implanté sur des
anciennes friches industrielles,
le Zénith, avec sa silhouette aérodynamique signée par l’architecte
britannique Sir Norman Foster,
renforce cette image de ville nouvelle. Plus loin, le Musée d’art
m o d e r n e et c o nte m p o ra i n
(MAMC) conserve la deuxième
collection d’art moderne et
contemporain de France avec plus
de 19 000 œuvres dont un choix
d’œuvres de Picasso, Victor Brauner et Fernand Léger.
Au sud, sur les collines, se
dressent les ateliers de passementiers. Autrefois, on regroupait ces fabriques à rubans, histoire d’éloigner les nuisances
sonores des machines qui claqu a i e nt t o ut e l a j o u r n é e.
«Aujourd’hui, ces demeures à
hauts plafonds de 5 mètres,
conçus pour accueillir les
métiers à tisser, sont transformées en lofts», explique Nadine
Besse, conservatrice en chef et
directrice, depuis 1981, du Musée
d’art et d’industrie construit à la
gloire de l’artisanat stéphanois
lié au textile, aux armes et aux
vélocipèdes. «Le ruban, c’était la
mode. Jadis, les cours d’Europe
et de Russie passaient commande
à Saint-Etienne, connue pour ce
s avo i r - f a i re. M o l i è re s’e n
moquait. Dans Les Précieuses
ridicules, il caricature ces gentilshommes qui s’affublent de cen-
Commencée
en 1970, l’église
Saint-Pierre
de Firminy par
Le Corbusier a été
achevée en 2006.
(DR)
&
Y aller
Depuis Genève: 3 heures en train
ou 2h40 en voiture.
Y séjourner
Le City Lofthotel Saint-Etienne
est situé dans le cœur historique
de la ville et propose
85 appartements à la décoration
épurée, du studio à l’appartement
deux pièces pour 4 personnes.
www.cityloftsaintetienne.com
Y manger
A l’Aromatic, restaurant
à tendance bistronomique
avec une cuisine méridionale
qui valorise une improvisation
autour des produits du terroir.
www.aromatic-pierredaret.fr
Bâtiment protégé
A une vingtaine de minutes en
voiture, dans la périphérie de Firminy, se dresse un laboratoire
architectural. «Le site Le Corbusier est aux Stéphanois ce que la
tour Eiffel est aux Parisiens»,
lance fièrement le chauffeur de
taxi. Trente euros plus tard, vous
voilà circulant sous les pilotis du
plus grand ensemble architectural conçu par Charles-Edouard
Jeanneret (de son vrai nom) en
Europe. Eugène Claudius-Petit a
également participé à la genèse
du projet. Le maire de Firminy
cherche dès 1953 à désengorger le
centre-ville délabré en offrant à
la population ouvrière un urbanisme résolument moderne. Il se
tourne vers l’architecte dont l’empreinte austère s’allie au fonctionnalisme d’un nouvel art de vivre.
A côté du stade, la Maison de la
culture surplombe la falaise avec
sa toiture courbe et son profil
élancé. Terminée du vivant de Le
Corbusier, l’Unité d’habitation est
le seul édifice du site inscrit
depuis juillet sur la liste des bâtiments construits par le Suisse
désormais protégé par l’Unesco.
A 10 mètres de là, les enfants du
quartier apprennent leurs premières brasses dans la piscine
construite par André Wogenscky,
selon les préceptes du maître,
avant de se perdre dans les longs
couloirs du bâtiment, un peu plus
dans les hauteurs. Des expositions in situ créent, tout au long
de l’année, un dialogue entre l’espace et le travail d’artistes comme
Anish Kapoor ou Wang Du actuell e m e nt p ré s e nt é j u s qu’au
6 novembre. n
Q
SAINT-ÉTIENNE
de l’Hexagone
Entre les Verts de Michel Platini,
les métiers à rubans et
l’architecture de Le Corbusier,
escapade dans une ville
autrefois industrielle qui parie
sur le design contemporain
pour se réinventer
taines de rubans produits chez
nous.» Les maisons de haute
couture ont désormais remplacé
cette clientèle royale. Chez Nina
Ricci, Martin Margiela ou Christian Dior, le ruban en soie ceint
une taille, agrémente une paire
de chaussures, un chapeau.
La capitale design
SaintEtienne,
à fond
la forme
tions réparties dans la ville. Ce
rendez-vous orchestré par la Cité
du design, située dans l’ancienne
manufacture, accueille une pépinière d’entreprises. Chacune présente ses projets souvent à l’état
de prototype. Lors de la dernière
édition, en 2015, des bancs d’essai
ont été sélectionnés par les Stéphanois – en latin, Saint-Etienne
se disait Sanctus Stephanus – en
fonction de l’usage, de l’esthétique
et de leur confort. On en retrouve
plantés sur la place Jean-Jaurès
et autour de l’hôtel de ville.
A Saint-Etienne, le design est
partout. Même dans les assiettes.
Nombreux sont les bistrots qui
ont fait appel à un décorateur
pour ajouter une pincée de style
à leurs plats. Ils figurent dans un
mini-guide qui dresse la liste de
ces adresses branchées. Comme
l’Aromatic, où la cuisine du terroir
se marie aux poutres apparentes
blanches et aux murs couleur
pierre de lune, ce qui donne à l’établissement un petit côté cocooning chic. Son chef, Pierre Daret,
y décline les produits de saison
selon son humeur du jour. Sa
famille appartient aussi à l’histoire de cette ville au passé fortement industriel: «Mon arrièregrand-père travaillait comme
épicier pour les mineurs. Un
concurrent, Geoffroy Guichard,
lui a proposé de s’associer à lui.
Mon aïeul, qui rêvait de retraite,
a refusé. Comment aurait-il pu
imaginer qu’il passait à côté du
futur succès des supermarchés
Casino, la grande fierté de notre
région?»
Grâce à sa Cité du
design, Saint-Etienne
peut prétendre au
label «Ville créative
Unesco». (AGENCE
LIN FINN GEIPEL
+ GIULIA ANDI)
La salle du Zénith
avec son auvent
lumineux, dessiné
par l’architecte
anglais
Norman Foster.
(CHRISTOPHE ROY)
Les cubes tronqués
de la Cité des
affaires par
Manuelle Gautrand
Architecture.
(VINCENT FILLON)

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