OFF - RevEl@Nice

Transcription

OFF - RevEl@Nice
http://revel.unice.fr
Pour citer cet article :
Lionel Dufaye,
" OFF and ON Projet de représentation formelle ",
Cycnos, Volume 23 n°1,
mis en ligne le 30 juin 2006.
URL : http://revel.unice.fr/cycnos/index.html?id=337
Voir l'article en ligne
AVERTISSEMENT
Les publications du site REVEL sont protégées par les dispositions générales du Code de la propriété intellectuelle.
Conditions d'utilisation - respect du droit d'auteur et de la propriété intellectuelle
L'accès aux références bibliographiques et au texte intégral, aux outils de recherche ou au feuilletage de l'ensemble des revues est libre,
cependant article, recension et autre contribution sont couvertes par le droit d'auteur et sont la propriété de leurs auteurs.
Les utilisateurs doivent toujours associer à toute unité documentaire les éléments bibliographiques permettant de l'identifier correctement
et notamment toujours faire mention du nom de l'auteur, du titre de l'article, de la revue et du site Revel. Ces mentions apparaissent sur la
page de garde des documents sauvegardés sur les postes des utilisateurs ou imprimés par leur soin.
L'université de Nice-Sophia Antipolis est l'éditeur du portail REVEL@Nice et à ce titre détient la propriété intellectuelle et les droits
d'exploitation du site.
L'exploitation du site à des fins commerciales ou publicitaires est interdite ainsi que toute diffusion massive du contenu ou modification
des données sans l'accord des auteurs et de l'équipe Revel.
OFF and
formelle
ON
Projet
de
représentation
Lionel Dufaye
Université Denis Diderot, Paris VII
Introduction
Avant de commencer l’étude des marqueurs, je voudrais faire une
remarque liminaire quant à un débat sur la primarité éventuelle des
emplois à valeur spatiale. Le fait de commencer cet article en abordant
les valeurs spatiales semblerait me placer parmi les partisans de cette
primarité, de laquelle découleraient ensuite toutes les autres valeurs
par un jeu de métaphorisation plus ou moins abstrait. Or, ce n’est pas
mon point de vue. Mon idée consiste à dire que notre représentation
spatiale n’est que l’affleurement intuitif d’une capacité de
représentation plus fondamentale. Je veux dire par là que si les
représentations spatiales sont primaires dans notre activité consciente,
elles ne sont en revanche que le révélateur d’une activité cognitive à
laquelle nous n’avons aucun accès direct. Je pense ainsi que les autres
emplois, parfois qualifiés de métaphoriques, répondent à la logique de
cette activité sous-jacente et fondamentale. Selon mon point de vue, ce
n’est pas notre perception de l’espace qui est la condition de notre
capacité d’abstraction ; c’est notre mode d’abstraction qui détermine
l’organisation de nos perceptions. Autrement dit, si ces emplois dits
« métaphoriques » peuvent être rattachés aux configurations spatiales
c’est sous la forme d’une analogie et non sous la forme d’une
dérivation.
Une des conséquences de ce principe est que l’on ne peut pas traiter
du système des particules par le biais d’outils géométriques ; ainsi que
je l’ai montré dans Dufaye 2006, même en s’en tenant à l’étude des
valeurs spatiales, il est nécessaire de recourir à des abstractions
topologiques, qui se trouvent être généralisables à tout un ensemble de
phénomènes (bien au-delà des prépositions et des particules
adverbiales). Ainsi, les représentations topologiques devront non
seulement être en accord avec les emplois à valeur spatiale de ON et
OFF (to walk on the grass / to keep off the grass ; to get on / off the
bus), mais également des valeurs appréciatives QLT (to be on
someone’s back / to get off someone’s back ; sod off…) ou encore des
valeurs occurrencielles QNT (to go on / off the pill ; to turn the light
on / off). De même qu’on s’interrogera sur des cas d’alternances quasisynonymiques comme to run on / off batteries. Je chercherai à montrer
dans cet article que l’analyse des marqueurs ON et OFF exige une
organisation formelle du discours métalinguistique afin de rendre
compte de la stabilité de leur opération et de la déformabilité de leurs
valeurs.
La première partie de ce travail sera surtout méthodologique, et
consistera à poser les bases théoriques de l’analyse par le biais d’une
étude comparée des emplois à valeur spatiale de ON et de OFF. Il
s’agira de défendre l’idée que l’on a affaire dans les deux cas à des
repères topologiquement ouverts et fermés. ON sera présenté comme
la trace d’une identification au fermé ; OFF comme une opération de
différenciation.
La seconde partie sera une application de ces principes, où l’on
analysera essentiellement OFF, afin de voir dans quelle mesure ces
conclusions peuvent être généralisées aux valeurs non spatiales.
1. ON / OFF : Le repère est un ouvert
Dans des travaux précédents1, j’ai défendu l’idée que l’emploi de ON
impliquait
au
moins
une
des
deux
caractéristiques
formelles suivantes :
le repère a des propriétés d’ouverture.
la relation repère / repéré est une adjacence (identification au fermé du
repère).
Commençons par la question du repère ouvert. On constate dans le cas
des valeurs spatiales que ON apparaît en conjonction avec des repères
qui sont compatibles avec une absence de fermé. Il peut s’agir de
notions surfaciques comme table ou wall, mais il peut également
s’agir de notions linéaires comme street, beach, coast, etc. :
1. He bought a house on Main
2. He bought a house on Miami Beach.
Street.
On trouve une illustration intéressante de la différence entre un repère
ouvert et un repère fermé avec les exemples suivants :
3. The body was found in / on the river.
4. The body was found in / *on the swimming pool.
1
Dufaye 2005 et 2006.
Dans le cas de river, on peut avoir soit ON soit IN, selon que l’on
privilégie l’identification au fermé (la surface, parce que le corps
flotte) ou une identification à l’intérieur (parce que le corps est
immergé). Mais la possibilité d’avoir ON ne tient pas tant à
l’identification de repéré (le corps) avec la fermeture du repère (la
surface) qu’à la nature ouverte du repère. On le voit avec the
swimming-pool, qui fait intervenir une représentation fermée, de sorte
que on the swimming-pool est impossible, que le corps soit immergé
ou non.
Soulignons que lorsqu’on parle de « représentation ouverte », cela ne
signifie pas qu’il n’y a pas de dernier point empirique. Une rue ou une
plage peuvent être bornées à un moment donné (par des immeubles
par exemple) ; ce que l’on dit c’est que la « représentation » ignore ce
bornage éventuel pour ne retenir que le caractère ouvert du repère.
Pour être plus précis, on peut dire que ON construit un voisinage, au
sens topologique du terme : ON permet la construction d’une zone
ouverte à partir d’un point de référence donné. Autrement dit, l’ouvert
est toujours construit à partir d’un centrage point de vue.
Avec OFF, le repère va conserver ses propriétés d’ouvert, ce que
montrent les différents cas d’alternances oppositives :
5. He bought a house on/off Main
6. He bought a house on Miami
7. He bought an island off Miami Beach.
Street.
Beach.
La nature ouverte du repère semble alors rendre compte des blocages
suivants :
8. * Versailles is off Paris. [repère ponctuel]
9. * No-one knows how many wallabies live off
Melbourne. [repère ponctuel]
Alors que l’on accepte tout à fait :
10. No-one knows how many cuttlefish live off the
coast of Australia.
Cette caractéristique explique de la même manière l’impossibilité de
12 :
11. Jersey is approximately 14 miles off the coast of
France.
12. * The coast of France is approximately 14 miles off
Jersey.
De même, le cas de 13 est également intéressant dans la mesure où les
locuteurs anglophones l’acceptent sans réticence :
13. (?) The coast of England is 65 km off Calais.
Pourtant une recherche Google avec variables 2 ("the coast of * is *
miles off") ne fournit pas d’exemples (d’où le point d’interrogation sur
13).
En revanche, des cas comme 14 sont parfaitement classiques :
14. Calais is situated 65 km off the coast of England.
De sorte que le caractère ouvert du repère semble influencer
l’orientation du repérage dans les productions spontanées, au-delà de
la simple « grammaticalité » ressentie de la structure.
Enfin on pourra considérer les données suivantes, tirées elles aussi
d’une recherche Google3 :
"minutes off the coast" 1 100
"miles off the coast" 307 000
"minutes from the 29 600
"miles from the coast" 141 000
coast"
On constate que off est nettement minoritaire dans le cas des
distanciations temporelles, alors qu’il est majoritaire dans le cas de
distanciations spatiales. Ici aussi, l’explication me semble être que la
représentation temporelle a tendance à ponctualiser le repère (en
termes de points temporels de départ et d’arrivée), neutralisant par là
même les propriétés d’ouverture du repère).
Notons enfin que selon le contexte l’ouvert peut être statique ou
orienté. Dans le cas de notions repère telles que /wall/, /coast/, /beach/,
etc., on a des représentations statiques, mais dans le cas d’une notion
comme /river/, que l’on vient d’évoquer, on peut déjà estimer que la
représentation ouverte se double d’une orientation (en l’occurrence, le
courant). Un autre exemple de représentations dynamiques est celui
des bus, des trains et d’autres transports qui sélectionnent un repérage
avec on plutôt qu’avec in. Une recherche Google montre par ailleurs
2
Dans les recherches Google l’astérisque vaut pour n’importe quel syntagme.
D’après des exemples suggérés par Ivan Birks que je remercie pour ses précieux
commentaires.
3
que leurs « contreparties » négatives, off et out, se réalisent dans des
proportions analogues dans ces contextes :
"got off the bus"
203 000 "got off the cab"
243
"got out of the bus" 11 200
"got out of the cab" 24 700
Si l’on passe de bus à cab, on constate que les proportions s’inversent
radicalement :
"got on the bus" 175 000
"got on the cab"
216
"got in the bus"
1 170
"got in the cab"
13 300
On voit assez bien le parallèle avec l’opposition on the river / in the
swimming-pool évoquée plus haut. En fait, plusieurs facteurs
semblent en effet se conjuguer dans ce dernier cas. D’une part, le type
de véhicule semble important pour permettre la représentation d’un
ouvert : on remarque qu’il s’agit de véhicules dans lesquels on peut se
déplacer de l’avant vers l’arrière et vice versa. D’autre part, il faut que
le véhicule soit fonctionnel ; McIntyre 2001 remarque qu’on ne peut
pas dire :
15. *Cuthbert was on the old train on display in the
museum. (il faut in nécessairement)
Enfin, on a affaire à des modes de transport qui opèrent selon des
trajets prédéfinis ; en français comme en anglais, on parle d’ailleurs de
« lignes » pour les bus / métro / train ; on parle également de "liner"
pour un paquebot. La « linéarité » associée à ces notions va dans le
sens d’une représentation ouverte (cf. également la locution « en train
de » en français pour exprimer un processus en cours).
On pourrait aller au-delà des emplois à valeur spatiale et remarquer
que d’autres notions, comme le téléphone ou l’Internet, sont elles
aussi associées à une représentation linéaire (online, on the telephone
(line), on the Internet…). On note ainsi que ces notions peuvent être
conçues comme des processus impliquant des trajets d’informations
de point à point, ce qui est convergent avec une représentation ouverte
et rend compte de tous les emplois comme on television, on the
radio...
1.1. ON / OFF : Le repère est un fermé
On vient de voir que le repère avait des propriétés d’ouvert.
Paradoxalement, avec ON et OFF, le repère est également un fermé
dont on prend en compte la fermeture. C’est en ce sens que j’ai
rappelé plus haut que ON se caractérisait par au moins deux
composantes :
le repère à des propriétés d’ouverture (c’est ce qu’on vient de voir) ;
la relation repère / repéré est une adjacence (identification au fermé du
repère)4.
Selon que le contexte favorise l’une ou l’autre de ces deux
composantes, on aura des valeurs distinctes. Par exemple :
16. He’s always on my back. [fermé prépondérant :
valeur
de
contrainte/pression]
17. The house was on fire. / The fire went on. [ouvert
prépondérant : valeur processuelle]
Cette double propriété n’est pas contradictoire mais complémentaire,
si l’on accepte que l’on a des opérations qui font intervenir plusieurs
dimensions, ce qu’on peut schématiser de la manière suivante :
Sur ce point, ON se distingue de IN, dans la mesure où, avec ON, le
repéré est identifié à la fermeture du repère, alors qu’avec IN le repéré
est identifié à son Intérieur.
Avec OFF, le repéré est construit en différenciation par rapport au
fermé du repère, ce que l’on pourrait schématiser de la manière
suivante :
4
Notons que si l’on emploie le terme « d’adjacence » n’est pas à prendre dans un
sens littéral. On peut par exemple dire Your glass in on the table même si un livre se
trouve entre le verre et la table. Pour cette raison, il est plus juste de parler
« d’identification » plutôt que « d’adjacence ». Il s’agit bien d’un repérage et non
d’une mise en relation extralinguistique.
En écho à la comparaison sur ON et IN, on peut comparer OFF et OUT ;
alors que OFF construit un repérage par rapport au fermé, OUT
construit l’altérité relativement à l’Intérieur. On observe ainsi un
renversement de tendance radical dans les séries de recherche Google
suivantes :
"dried myself off with a * towel" 261 "dried myself out with a * towel" 0
"the sponge dried off" 0
"the sponge dried out" 63
Alors que le premier contexte suppose une adjacence préalable entre
le repéré (l’eau) et la fermeture du repère (la peau en tant que
fermeture du corps), le deuxième contexte implique au contraire une
identification du repéré (l’eau) à l’intérieur du repère (l’éponge). Un
autre exemple intéressant est fourni avec les exemples suivants :
18. The police marked off the area where the body was
found.
19. Residents had marked off the area with string, and
hung signs that read: "Danger: Cluster bombs."
Mark off est toujours le renvoi à une limite (à ne pas franchir, en
général), de sorte que l’extériorité est construite par rapport à cette
fermeture (cf. string dans l’exemple 19). Le cas de keep off the grass
est en quelque sorte l’exemple archétypal de ce type de valeur. Si l’on
compare mark off avec mark out, on note que OUT fait intervenir une
prise en compte des propriétés internes du repère, et ainsi une prise en
compte de son intérieur plus que de sa fermeture :
20. The Hampshire Park has finally gained protected
status nearly a millennium after William the Conqueror
marked out the area as a private hunting ground in
about
1079.
21. An unwelcome phenomenon that marked out the
area from the nineteenth century until well into the
twentieth was its extreme poverty. In 1891, the Bishop
of Marlborough reported that: 'There is no poorer parish
in London, it is squalid and destitute.'
Ainsi, dans le Collins Cobuild des phrasal verbs, on trouve la
définition suivante pour mark out (c’est moi qui souligne) :
When someone marks out an area of land which is to be
used for a particular purpose, they indicate that area
by drawing special lines on the ground.
On voit que c’est la délimitation qualitative interne au repère qui est
prise en compte. Et il est tout aussi intéressant de souligner que le
dictionnaire donne pour deuxième acception de mark out :
If a particular quality marks a person out, it makes
them seem noticeably different from other people.
que l’emploi de OUT apparaît ici aussi comme motivé
De sorte
par la
construction d’un qualitatif différentiel qui suppose le renvoi à la
structuration interne du repère.
Dans le même ordre d’idée, on note que cone off ne semble pas
permettre une alternance avec OUT :
22. The police had actually coned off (*out) the road
from St Ives to make everyone turn off.
Ce blocage s’explique sans doute par le fait qu’avec cone off la zone
délimitée n’acquiert pas de statut qualitatif particulier, et ainsi seule la
valeur de fermeture est mise en avant.
Dans certains emplois, la différenciation est la seule composante
pertinente, et le renvoi à un repère ouvert se trouve neutralisé. C’est
par exemple le cas dans des emplois comme :
23. He started to cut off the sleeves of his shirt.
24. You should saw off the withered branches.
On note deux choses intéressantes au sujet de ces exemples. D’une
part, OFF exprime dans ces exemples la séparation d’une extrémité par
rapport à un repère stable, de sorte qu’il y a une dissymétrie QLT entre
le repère et le repéré. Par exemple, on ne pourrait pas avoir :
25. *She sawed off the plank in two.
D’autre part, cette dissymétrie se manifeste au sein d’une
représentation QLT par ailleurs cohésive (une chemise dont on
découpe les manches, un arbre dont on scie les branches). On a affaire
à un phénomène comparable avec des cas comme :
26. The music room was shut off from the rest of the
house.
[représentation
cohésive
=
maison]
27. She shut herself off from her friends of the family.
[représentation cohésive = liens sociaux]
On peut également penser à des prédicats comme sell off, qui font
référence à la vente d’une partie d’un stock, d’un patrimoine, etc., en
général non profitable (alors que sell out renvoi à une vente jusqu’à
épuisement du stock). On retrouve ainsi à la fois une différenciation
au sein d’une même représentation cohésive et une dissymétrie QLT
(« non profitable »). Comme on le verra dans les analyses qui vont
suivre, ce dernier aspect va jouer un rôle prépondérant et récurrent
dans l’interprétation de OFF.
1.2. OFF : Différenciation QLT
Pourquoi peut-on avoir 28 mais pas 29 ?
(28) Jersey is some 14 miles off the coast of France.
(29) *Nantes is some 44 miles off the coast.
Certainement pas pour des raisons de proximité, car on trouve toutes
sortes de distances plus ou moins importantes avec OFF. En revanche,
on peut avancer comme explication que OFF construit une
différenciation QLT par rapport au repère. Or, on peut considérer que
coast et Nantes appartiennent l’un et l’autre au même Intérieur (le
territoire français, en l’occurrence), de sorte qu’il n’y a pas d’altérité
QLT. Mais dans le cas d’une île, comme c’est le cas en 28, le repéré
est situé dans une zone Extérieure (i.e. la mer, par opposition à la
terre) ; on a ainsi une zone en altérité QLT par rapport à l’Intérieur.
D’un autre côté, on note que OFF nous amène à interpréter la
localisation du repéré dans le prolongement du repère. Ainsi, il n’y a
pas rupture mais bien différenciation, puisque en dépit de l’altérité
QLT, la zone de localisation est rattachée au repère.
Si l’on ramène ces repérages à un domaine notionnel, on peut dire que
OFF construit une localisation dans la frontière, et non dans l’Extérieur
strict. Le fait que l’on ne renvoie pas à l’Extérieur strict, mais à une
zone d’altération relative, va dans le sens des remarques précédentes
concernant la cohésion QLT que suppose OFF :
On a toujours une représentation à deux axes. L’axe vertical
correspond ici au zonage du domaine notionnel, sur lequel vont
notamment s’opérer les opérations de calibrage QLT qui vont situer
l’occurrence dans une zone ou une autre, selon que l’on construit ou
non une altérité. L’axe vertical va également varier de statut selon que
l’on travaille sur un repère statique ou sur un repère muni de
propriétés dynamiques. Si l’on a affaire à des notions processuelles,
l’axe du repère peut se trouver affecté d’une orientation, compatible
avec des représentations aspectuo-temporelles.
2. OFF : Quelques études de cas
2.1. Altération qualitative : l’exemple du « décollage »
Prolongeons donc nos conclusions vers des emplois non spatiaux de
OFF, et voyons notamment pour commencer comment la dimension
temporelle s’intègre à notre représentation. On prendra pour cette
transition l’exemple des prédicats qui expriment un décollage :
30. I fell asleep before the plane took off.
31. The shuttle Columbia, carrying seven astronauts on
board,
blasted
off
at
1:21
pm.
32. Europe’s Ariane 5 super-rocket has successfully
lifted off from Kourou in French Guiana.
On a ici l’intervention des deux axes évoqués plus haut. D’une part,
on a un repère ouvert (le sol). D’autre part, ce repère est également un
fermé (la sur-face), à partir duquel on construit une différenciation
(littéralement le dé-collage), où l’on a passage d’un état QLT
d’adjacence au fermé à un état QLT en altérité : la non-adjacence. On
a toujours affaire à la construction d’une frontière dans la mesure où
l’on a une discontinuité QLT, avec un passage de zone à zone, au sein
d’une occurrence cohésive (le processus d’envol).
Mais une dimension supplémentaire intervient également dans cet
exemple, la temporalité, de sorte que les altérations QLT vont définir
des phases munies d’une orientation chronologique. Si l’on s’interroge
sur les propriétés formelles de ces phases, on observe un phénomène
intéressant dans le cas présent. En effet, intuitivement, un décollage
s’interprète comme un processus inceptif (de même pour des emplois
comme We’re off). Or, le test de l’alternance « IN / FOR + un adjoint de
temps » semble révéler qu’on a ici un processus télique :
33. During certification tests the plane took off in /*for
nine seconds after a run of only 360 feet.
On peut en fait concilier ces deux données en considérant que la borne
de changement d’état définit la télicité du procès, mais que cette borne
correspond également à la zone d’ingression dans la frontière, qui
correspond à un ouvert. De sorte qu’il est par ailleurs possible de
construire des valeurs d’inaccompli comme "…while we’re taking
off" ou encore des valeurs égressives comme "Wait until take-off is
complete", où l’on peut construire la fermeture de la frontière (= la
borne grise dans le schéma 4). On constate ainsi la compatibilité d’une
structuration du domaine en zones de différenciation successives, que
l’on peut schématiser ainsi5 :
Pour aller plus loin dans cette démonstration, on peut commenter cette
séquence de repérage à partir des 34 et 35, en observant la différence
de fonctionnement entre off et out :
34. Fortunately the effects of the gas passed off
relatively
quickly.
35. My head thumped solidly on a rock and I passed
out.
5
Rappelons que I, F et E, se lisent respectivement « Intérieur », « Frontière » et
« Extérieur ».
L’exemple 34 exprime un processus d’altération progressif, avec une
disparition graduelle des effets : on a une différenciation QLT avec
un passage de zone à zone entre QLTa et QLTb. En revanche, dans
l’exemple 35, on a une valeur de catastrophe (au sens mathématique
de R. Thom), c’est-à-dire une valeur basculement dans un état en
altérité radicale ; on passe de l’intérieur QLTa à l’extérieur strict QLTc
avec une rupture. Autrement dit, on peut avancer l’idée que, si OFF
construit le passage à une zone frontière ouverte, OUT en revanche
construit le renvoi à l’Extérieur strict avec franchissement de la
fermeture de l’Intérieur.
Dans le même ordre d’idée, on peut également comparer OFF à ON.
Alors que OFF construit une altérité QLT, on note que ON, dans ses
emplois à valeur aspectuelle construit un ouvert sans altération
QLT (e.g. They fought on) :
Cette discontinuité QLT peut se doubler d’une valeur appréciative :
36. What you did tonight really pissed me off.
On a ici encore passage d’un état QLT à un autre (calme > énervé),
avec un ouvert qui définit un état résultant ; la valeur appréciative per
se est véhiculée par le verbe. On reviendra plus loin sur ces valeurs
avec des prédicats comme fuck off, sod off, etc., dont l’analyse est
légèrement différente.
2.2. Altération QLT d’une valeur de référence
OFF permet ainsi de construire une altérité tout en restant rattaché à
une valeur de référence. Ce principe s’illustre assez clairement avec
des emplois comme :
37. My family is worse / better off than most.
On a dans ce cas des formes comparatives qui prennent appui sur une
représentation de référence pour poser une altérité QLT. On note
cependant que OFF n’est pas un simple redoublement du comparatif.
Ainsi, 37 n’a pas le même sens que 38 :
38. My family is worse / better than most.
Sans OFF, le comparatif porte un jugement sur les caractéristiques de la
famille elle-même, alors qu’avec OFF c’est le niveau de vie qui sert de
valeur repère (cf. the well-off). L’explication est sans doute liée là aussi
à la prépondérance d’un repère ouvert, qui oriente l’interprétation vers
un état plus que vers une propriété.
Dans les exemples 39-41, qui ont une valeur qu’on pourrait qualifier de
prolongement / finition, se prêtent à une analyse similaire. On retrouve
là encore un principe de repérage en différenciation ; on construit un
zonage au sein d’une même valeur de référence, de sorte que l’on a à la
fois cohésion et altération :
39. The ice cream was topped off with tiny pieces of
coloured
meringue.
40. She topped off dinner with a "bumpy cake" dessert.
41. A well stocked but not flamboyant cheese board
beautifully rounded off the meal.
On voit qu’il peut s’agir d’emplois à valeur statique, comme 39, ou
d’emplois à valeur dynamique comme 40 (voire 41). Dans un cas
comme dans l’autre, on a affaire à la même occurrence, de repas ou de
dessert, dont on considère une phase de « finition », autrement dit une
phase qui prolonge l’occurrence tout en étant qualitativement
différenciée de la phase précédente. Le cas de 42 va dans le même sens,
si ce n’est qu’ici le processus cohésif correspond à l’éducation d’une
jeune fille, dont le mariage est présenté comme le point
d’aboutissement :
42. She is a social climber who values appearances
above all else – the reason she married her daughter off
to a nutty nobleman in the first place
On observe que les emplois de marry off ont toujours une valeur
appréciative (« être bien marié(e) »), ce qui s’explique par l’altérité
qualitative que suppose OFF. On retrouve le même principe dans le cas
de finish off :
43. There he shoots Tony in the face. There's lots of
blood and Cole tries to finish him off, but the gun jams.
Il s’agit là aussi de la dernière phase d’un processus plus général. On
notera que l’on a ici une valeur dépréciative, ce qui n’était pas le cas
des exemples 39-41, et en ce sens, OFF n’a pas de valeur positive ou
négative dans l’absolu ; il ne fait que construire un passage de zone à
zone. On relève aussi beaucoup d’emplois à valeur sexuelle. Ainsi,
pour ne prendre qu’un exemple :
44. They went off at the same time.
Sans doute peut-on considérer là encore que l’on réfère à la phase
orgasmique, qui s’inscrit dans le prolongement d’un processus qui, sauf
accident, suppose des phases préalables.
À côté de ces valeurs de finition, on trouve des valeurs ingressives de
déclenchement. Par exemple :
45. The alarm / buzzer / bomb / fireworks went off.
46. The smoke detector started off. (G. Girard, 2005)
Il est important de remarquer que les notions en question ont parmi
leurs propriétés intrinsèques de supposer un déclenchement, qu’il
s’agisse d’une alarme, d’une bombe ou d’un feu d’artifice. On a un
exemple plus ou moins comparable avec les débuts de parties6 :
47. These buses start leaving three hours before kick off
on
regular
games.
48. (Snooker rules) At the beginning of each frame the
balls are set up by the referee as explained. This will be
followed by a "break-off" shot.
Dans tous les cas on a passage d’une phase à une autre avec altération
QLT, mais sans rupture comme c’est le cas avec OUT. Il s’agit toujours
d’un franchissement programmé, anticipé de sorte qu’il y a
différenciation QLT au sein d’une représentation cohésive. On peut à ce
titre comparer les emplois de OFF avec les exemples suivants :
49.
The
war
broke
out.
50. She broke out in a rash after eating some
strawberries.
On a dans les deux cas des basculements QLT de l’ordre de la
catastrophe (toujours au sens mathématique) : autrement dit, on a un
changement de condition radical, inattendu ou contraire à la
représentation normale.
2.3. QLT appréciatif
Les emplois qui suivent sont intéressants car OFF commute avec ON
sans inverser la polarité. Le sens des deux particules peut d’ailleurs être
si proche qu’en cherchant feed off dans le Collins des phrasal verbs on
doit se satisfaire d’un lapidaire : "See feed on". Il faut alors observer les
6
Notons qu’en français l’expression « coup d’envoi » rend à la fois compte du
bornage (coup) et de l’ouvert qu’il construit (envoi). Dans le même ordre d’idée,
dire qu’un match est « lancé » revient également à construire un processus ouvert.
contextes d’occurrence pour voir une tendance se dégager. Cette
tendance semble être que OFF se manifeste dans des contextes où l’on a
un écart par rapport à une norme. Ainsi dans l’exemple suivant :
51. Pepsi feeds off public ignorance to promote stupid
beverage. (titre d’article)
On comprend que public ignorance réfère à une situation détrimentale,
de sorte que feed s’interprète ici comme une forme de corruption (ce
qu’on qualifierait d’abuse en anglais). Une recherche contrastive sur
Google confirme cette tendance :
"feed
on
public 0
"feed on bananas"
119
ignorance"
"feed
off
public 26
"feed off bananas"
0
ignorance"
ON redevient ainsi majoritaire dans des contextes où il n’y a pas de
valuation négative (dans le second contexte feed a un sens alimentaire
banal). On voit se dégager de ces emplois la construction d’une
distanciation modale, où ON renvoie à un processus en adéquation
avec la représentation subjective alors que OFF renvoie à un processus
en décalage avec cette représentation. On retrouve ainsi le principe
d’identification / différenciation exposé plus haut, associé à un
processus (ouvert) :
Pour autant, il n’est pas exclu de rencontrer des cas où ON s’emploie,
parallèlement à OFF, alors même que le contexte est visiblement
dépréciatif :
52. The government often thinks the refugees are there
to
sponge
off
the
welfare
state.
53. Antarctica is a different vacation, certainly, but I
prefer places where I have friends so I can sponge on
them.
Ici encore, il est important de souligner que l’on travaille en termes de
« tendances », mais qui restent tout à fait cohérentes dans l’usage :
sponge off the welfare state= 116 sponge on the welfare
state
=
8
sponge off my friends = 78 sponge on my friends =10
De la même manière, des emplois comme to run on / off batteries /
mains, qui réfèrent à un procédé normal / attendu (sans valuation
négative), fonctionnent majoritairement avec ON :
54. Because it runs off / on batteries, I can carry it
from
room
to
room.
runs off batteries = 1 230
runs on batteries = 44
600
De manière intéressante, avec "by default" on constate que l’on
n’obtient plus aucune occurrence avec OFF7 :
it runs off * by default = 0
161
it runs on * by default = =
Ce qui va ici aussi dans le sens d’une absence d’altérité par rapport à
une représentation de référence.
Cette différenciation modale est généralisable au-delà de ces emplois.
Ainsi, on connaît le cas des emplois adverbiaux ou prépositionnels tels
que :
55. Fuck / Bugger / Sod /
56. Get that monkey off my back.
Piss
…
off
La valeur dépréciative est construite par le verbe, alors que OFF est la
trace d’une différenciation entre le repère et le repéré. La nature du
repère et du repéré varie évidemment selon les contextes. Dans le cas
des emplois adverbiaux cités, c’est par rapport à So que se construit la
différenciation ; dans le cas des emplois transitifs c’est le complément
qui sert de repère.
L’exemple suivant est à la jonction de deux emplois : on a à la fois une
valeur QLT appréciative, comme dans les exemples précédents, mais
on constate qu’on a également affaire à une valeur QNT de validation
d’occurrence, où OFF alterne obliquement avec ON :
57. One in ten people had sworn off alcohol.
58. He’s been on and off alcohol since his marriage.
C’est sur ces emplois que je finirai ce tour d’horizon des emplois de
OFF.
7
Rappelons que dans les recherches Google l’astérisque vaut pour n’importe quel
syntagme. Celui qui apparaissait le plus souvent dans cette recherche était « port +
un numéro » (pour un port informatique). Dans la mesure où run on port et run off
port s’emploient l’un et l’autre, les résultats de la recherche sont parfaitement
valides.
2.4. Retour au QNT : la discontinuité
occurrencielle
Comme cela vient d’être rappelé, ON et OFF alternent dans certains
contextes pour exprimer la validation ou la non validation d’un procès :
59.
Turn
the
heat
on/
off.
60. The heating/ light… only goes off / on at night.
On note que dans ce cas on ne travaille plus en termes de Frontière ; il
y a soit validation soit non-validation, de sorte que ON et OFF sont ici
les traces d’une localisation du procès relativement à l’une ou l’autre
des zones p / p’ du plan de validation. Autrement dit, la dimension
QLT que nous avions évoquée plus haut ne discrimine plus dans ce cas
et l’on travaille pleinement sur de l’occurrenciel. Ce qui est intéressant
c’est qu’on peut avoir la séquence on and off ou la séquence off and
on, alors que out and in, avec un sens d’alternance équivalent, serait
pour le moins curieux (??? out and in like a butterfly) :
61. Is it harmful to go on and off the pill?
62. I’ve been taking Prozac off and on now for 8 about
years.
Il ne s’agit pas de dire que les deux séquences sont synonymes ;
d’après des comparaisons de contextes effectuées sur les syntagmes
"off and on the pill" et "on and off the pill", il semblait se dégager que
off and on était préféré lorsque le contexte focalisait sur les périodes
d’interruption, alors que on and off faisait référence à une sporadicité
neutre. Je laisse cette question en suspens, mais on peut néanmoins
avancer l’idée que cette réversibilité est sans doute due au fait que ON
et OFF posent deux aspects complémentaires d’un même processus.
Considérons à ce titre l’exemple suivant :
63. I’ve been on the pill off and on for 5 years.
64. I’ve been on the pill on and off for 5 years.
On note qu’on peut commencer par poser la validation du processus de
référence be on the pill avant de construire la sporadicité par le biais de
off and on ou on and off. Cela signifie que l’on a des déterminations
QNT qui affectent une même occurrence de processus :
Ainsi, en dépit du jeu de polarité QNT binaire, OFF construit ici aussi
une différenciation au sein d’un processus qualitativement cohésif, et
dont les phases de validation justifient la représentation ouverte d’un
processus plus global.
Conclusion
Cet article s’inscrit dans un travail de réflexion sur le fonctionnement
des particules, et plus particulièrement sur la possibilité de proposer
une formalisation qui rend compte de l’articulation de ces marqueurs en
système. Par exemple, il sera intéressant dans des travaux ultérieurs de
s’intéresser aux jeux d’oppositivité entre OFF, OUT et AWAY, soit parce
qu’il y a alternance envisageable (to die off / out / away), soit au
contraire parce que les alternances sont bloquées (She was writing
away / *off / *out at her essay). Encore une fois, il s’agira de vérifier
l’idée que l’on travaille sur des configurations topologiques, organisées
selon deux axes complémentaires, et qui détermineront les propriétés
QLT et QNT des valeurs en contextes.
Bennett, D. (1975), Spatial and temporal uses of English prepositions:
An essay in stratificational semantics, London: Longman Linguistics
Library.
Bolinger, D. (1971), The Phrasal Verb In English, Harvard University
Press.
Christol, G. et al. (1997), Topologie, collection Mathématiques 2 e
cycle, Paris: Ellipses.
Cappelle, B. (2005) Particle Patterns in English, A Comprehensive
Coverage, Thèse de Doctorat, Université Catholique de Louvain.
Culioli, A. (1985) Notes du séminaire de D.E.A. 1983-1984, éditées
par le Département de Recherches Linguistiques : Université Paris
VII.
Culioli, A. (1999) Pour une linguistique de l’énonciation, Tome 2,
Gap: Ophrys.
Deschamps, A. (1999) « Essai de formalisation du système modal de
l'anglais », Les opérations de détermination : quantification /
qualification, Collection l’Homme Dans la Langue, Paris : Ophrys, pp.
269-285.
Desclés, J.-P. et Guentcheva Z. (1980) « Construction formelle de la
catégorie grammaticale de l'aspect », David, J. et Kleiber, G. (eds.), La
notion d'aspect, Actes du colloque du Centre d'Analyses syntaxiques
de l'Université de Metz, pp.195-237.
Dufaye, L. (2005), « A propos de l’adverbe ON », Parcours
Linguistique, G. Girard éd., C.I.E.R.E.C., Saint-Étienne : Publications
de l’Université de Saint-Étienne, pp. 201-222.
Dufaye, L. (2006), « Localisation spatiale et temporelle avec IN, ON et
AT », Actes du Colloque de Monbazillac, C. Delmas éd.
Gilbert, E. (2004), « Ebauche d’une formalisation des prépositions IN,
ON et AT », CYCNOS, n°21, Nice.
Girard, G, (2005), « Les constructions en start up, start out, start off »,
Sémantique et syntaxe des particules verbales en anglais, Colloque de
Monbazillac des 15 et 16 septembre 2005, organisé par C. Delmas et
N. Quayle, Groupe de recherche SESYLIA - Université Paris 3.
Herskovits, A. (1986), Language and Spatial Cognition: An
Interdisciplinary Study of the Prepositions in English, Cambridge:
Cambridge University Press.
Lindstromberg, S. (1997), English Prepositions Explained, John
Benjamins Publishing Company.
McIntyre, A. (2001) “Functional Interpretations: borderline
Idiosyncrasy In Prepositional Phrases and Other Expressions”,
Unpublished manuscript, University of Leipzig.:
www.uni-leipzig.de/~angling/mcintyre/ intro.pv.unabridged.pdf
McIntyre, A. (2002), Introduction to the Verb-Particle Experience:
Semantics, Argument Structure and Morphology, Unpublished
manuscript, University of Leipzig.
Wierzbicka, A. (1993), “Why Do We Say In April, On Thursday and
At 10 O’Clock; In Search Of An Explanation”, Studies In Language,
17-2, Amsterdam.
Dictionnaires
Cambridge
Advanced
Learner’s
Dictionary
(online)
:
http://dictionary.cambridge.org/
Collins Cobuild, 1989, Dictionary of Phrasal Verbs, Harper Collins
Publisher.
Oxford English Dictionary, 2nd edition, version CDROM.

Documents pareils