Je ne suis pas seul(e) à le vivre Je me sens impuissant(e) Comment
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Je ne suis pas seul(e) à le vivre Je me sens impuissant(e) Comment
Je ne suis pas seul(e) à le vivre L'entourage prend conscience généralement du problème d'alcoolodépendance avant le consommateur. Des centaines de milliers de personnes ont dans leur entourage une personne présentant un problème avec l’alcool. L'alcool envahit la vie quotidienne, empoisonnant les relations affectives, amicales et familiales de la personne malade, engendrant très souvent des difficultés matérielles et financières, liées par exemple à la suppression d’un permis de conduire, à la perte d'un emploi. S'y ajoute aussi le regard des autres, de la société, envers la personne alcoolodépendante, qui rend difficile d'en parler et au-delà d'un certain seuil, la souffrance peut être si importante que l'entourage en tombe malade à son tour. Je me sens impuissant(e) Quels que soient les liens avec la personne consommatrice d'alcool, la proximité affective et/ou géographique avec elle, c'est un sentiment d'impuissance qui domine en général Comprendre pourquoi elle continue de boire, malgré les conséquences négatives, est difficile. Le sentiment de culpabilité peut aussi être très fort : croire que l'on est à l'origine de la consommation d'alcool de la personne malade ou se sentir fautif de ne pas réussir à l'aider à arrêter de boire. La maladie alcoolique a des causes multiples et complexes. Ni la personne malade, ni son entourage ne peuvent être désignés comme les seuls coupables. Pourquoi refuse-t-il/elle d'admettre son problème avec l'alcool ? Quand l'entourage essaie de confronter le proche alcoolique au problème, la première réaction est souvent le refus d'admettre, le déni. C'est un mécanisme de défense qui pousse le malade à refuser de voir qu'il est devenu dépendant, à refuser la maladie. Le déni sert de protection contre une prise de conscience douloureuse de la réalité : honte, culpabilité, conséquences des consommations, etc. Le déni peut prendre des formes diverses : la banalisation : « Je bois comme tout le monde » ; les excuses : « Je bois parce qu'elle m'a quitté », « Je bois parce que j'ai perdu mon travail » ; l'agressivité : « Mêle-tout de ce qui te regarde ! » ; la minimisation : « Je n'ai presque rien bu ! À peine deux verres ! » ; Comment l'empêcher de boire ? Cacher les bouteilles, vérifier leur contenu, accompagner la personne alcoolodépendante dans ses sorties pour éviter qu'elle consomme de l'alcool ou la menacer de la quitter sont autant de moyens que les proches utilisent pour inciter une personne à arrêter de boire, quasiment toujours sans succès. Protéger, excuser, assumer à sa place : fausses solutions Pour aider la personne alcoolodépendante, ses proches lui cherchent des excuses ou tentent de trouver des explications à sa consommation, ils assument parfois des responsabilités à sa place. Malheureusement, ces solutions n'en sont pas. Elles n'empêchent pas la consommation d'alcool et elles épuisent l'entourage de la personne alcoolodépendante. Leur quotidien est complètement accaparé par le problème alcool, et ils s'y enferment. Il s'agit du phénomène de codépendance. Comment aider une personne alcoolique ? L'alcoolisme est une maladie qui trouve son origine dans des racines anciennes et complexes propres à chaque personne malade. L'entourage ne doit pas passer la maladie sous silence, au risque de donner l'impression qu'il tolère la situation. Mais il ne doit pas non plus vouloir combattre à tout prix l'alcoolisme avec des moyens inappropriés. Ne pas le/la forcer à arrêter de boire Paradoxalement, vouloir obliger la personne alcoolique à arrêter de boire est en général voué à l'échec. Il est primordial que la personne dépendante à l'alcool adhère à cette démarche d'arrêt, qu'elle soit à l'origine de cette décision. L'attitude de son entourage doit l'aider à progresser vers l'abstinence une fois que le « déclic » a eu lieu. Une attitude favorable au changement. Dialoguer sans accuser. L'entourage souffre, au quotidien, de la dépendance de la personne alcoolique. Aux prises avec l’affect et l’inquiétude, il lui est souvent difficile d'en parler sans l'accuser, porter des jugements ou lui faire des reproches, qui seront assimilés à des agressions et entraîneront des réactions de rejet ou de violence, chacun restant ensuite sur la défensive. Une technique possible est d'utiliser le « je » à la place du « tu » : « Tu nous fais du mal » sonne comme un reproche, alors que « Je souffre de te voir ainsi » laisse la porte ouverte au dialogue. Poser clairement les limites S'il est illusoire de vouloir contrôler ou empêcher la consommation d'alcool, il est important de dire clairement ce que l'on accepte et ce que l'on refuse. De même, pendant le parcours de soins du malade, l'entourage a le droit de prendre ses distances quand la situation devient impossible, cela n'empêche pas d'être solidaire de sa démarche pour guérir. Ne pas excuser systématiquement Trop protéger la personne dépendante peut l'empêcher de prendre conscience de son problème et de ses conséquences. Il faut la laisser assumer ses responsabilités et affronter les conséquences de ses actes. Être solidaire pour encourager La prise en charge de la maladie alcoolique est une démarche longue et propre à chaque malade : il n'existe pas de parcours standard. Il faut être patient et se montrer solidaire tout au long de cette démarche, sans que cela n'empêche de poser des limites. L'entourage aussi a parfois besoin d'aide La souffrance de l’entourage est à prendre en considération, ils doivent aussi pouvoir parler de la situation à quelqu'un de confiance : le médecin de famille, un ami de la famille, un parent, etc. L’aide et le soutien d’une personne extérieure avec un regard neutre sur la situation (un psychologue, un professionnel spécialisé en alcoologie…) peuvent s’avérer très importants. Pouvoir s'exprimer soulage les souffrances, permet de partager le poids des difficultés et d'être ensuite plus disponible pour aider le malade alcoolique. Et si il/elle recommence à boire ? Le chemin vers l'abstinence est long et difficile. Malgré la prise en charge et les traitements, le malade alcoolique peut rechuter une ou plusieurs fois. Cela ne veut pas dire qu'il ne cherche pas à évoluer. Le soutien et la confiance de l'entourage sont alors très importants. Que faire pour les enfants ? Devenir une personne de confiance auprès d'un enfant en difficulté dans sa famille est une responsabilité délicate. Il ne faut pas hésiter à se faire aider par des professionnels de santé ou sociaux. Les structures associatives spécialisées sont là aussi pour aider et accompagner. Le vécu de l'enfant avec un parent alcoolique…Pour un enfant, vivre avec un parent alcoolique signifie vivre dans un climat familial tendu, sans en comprendre toujours les raisons, où les imprévus et les incohérences sont à l'origine d'un sentiment d'insécurité permanent. Pour certains, c'est aussi se sentir déchiré entre le sentiment d'amour filial pour son parent, et la crainte de ses réactions lorsqu'il est sous l'emprise de l'alcool. Bien souvent, les enfants de parent alcoolodépendant sont trop livrés à eux-mêmes et doivent faire face à des préoccupations qui ne sont pas de leur âge : s'occuper d'un frère ou d'une sœur plus jeune, faire leurs devoirs seul par exemple. On peut parler du phénomène de « parentification », quand un enfant prend la place de parent de ses propres géniteurs, en sacrifiant ses propres besoins d’attention et de guidance afin de servir le reste de sa famille, il prend la place de « sauveur ».Ces enfants peuvent également souffrir de ne pas avoir ou pas assez de moments privilégiés d’affection, de loisirs, d’activités avec le parent malade. Ils vivent au quotidien le poids du regard des autres et un sentiment de culpabilité et d'insécurité, qui perturbent leur développement. Cela peut se traduire par un sommeil perturbé, des difficultés scolaires, des troubles du comportement (colère, agressivité, isolement), de la dépression ou de l'angoisse, etc. Cette fragilité les expose plus tard eux aussi à un problème de consommation d'alcool et/ou à des problèmes psychologiques. Il faut donc donner à ces enfants la possibilité d'exprimer leur souffrance, sans qu'ils aient l'impression de trahir leur famille. Ils sont également dans un phénomène de protection du parent alcoolodépendant. Comment aider un enfant avec un parent alcoolique ? Il faut favoriser autant que possible les éléments qui vont protéger le développement de l'enfant et lui permettre de conserver sa capacité à : avoir une bonne estime de luimême, demander de l'aide, nourrir des projets, avoir des centres d'intérêt personnels. Une relation stable et de confiance avec le parent non alcoolodépendant ou avec un autre adulte, le maintien d'un rythme de vie aussi normal que possible (horaires des repas et du coucher par exemple) et la préservation des rituels familiaux (anniversaires, fêtes etc.) ont également une grande importance. L'enfant doit pouvoir s'exprimer sur ce qu'il vit et sur la maladie de son parent sans se sentir jugé. Il est important de noter qu’un enfant, même très jeune, ressent le mal-être d’un parent. Il faut lui en parler avec des mots adaptés à son âge, en le rassurant sur le fait qu'il n'est pas responsable de la situation, et que ce n'est pas à lui de soigner son parent ou de le faire arrêter de boire. Le recours à une aide extérieure peut jouer un rôle essentiel. Quel que soit son âge, l'enfant d'un parent alcoolique doit pouvoir s'adresser à une personne de confiance, professionnelle, bénévole d'une association ou membre de la famille (grand-parent, oncle, tante etc.) par exemple. Les lieux ressources pour aider les enfants avec un parent alcoolique Pour les enfants : les Centre d’Action Médico-Sociale Précoce (CASMP), les Centre Médico-Pscyho Pédagogique (CMPP),les maisons des adolescents, les soignants libéraux, les services de psychiatrie infanto-juvéniles, Certains Centres de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) proposent des temps pour les enfants. Où trouver de l'aide ? L'entourage du malade alcoolique ne doit pas hésiter à se faire aider. Simple besoin de se confier et de parler, recherche de conseil, aide à la prise en charge du malade, cas d'urgence : selon les besoins ou les situations, il existe différents interlocuteurs auxquels s'adresser. Un proche de confiance Membre de la famille, ami ou collègue en qui l'on a confiance, s'ouvrir à une personne connue peut soulager et aider à affronter les difficultés du quotidien. Continuer à entretenir des relations sociales et à avoir des activités fait du bien et permet de se changer les idées. La ligne téléphonique Écoute Alcool Accessible au : 0 811 91 30 30 (coût d’une communication locale depuis un poste fixe ; 14h-2h, 7 jours sur 7) Écoute Alcool est une ligne téléphonique d’aide et d’information sur l’alcool. Confidentiel et anonyme, ce service s’adresse à toute personne concernée, directement ou indirectement, par les consommations d’alcool et d’autres drogues. Il pourra vous aider à trouver un professionnel ou une structure près de chez vous en fonction de vos besoins. Un professionnel spécialisé dans l'accompagnement et le soin des malades alcooliques Le médecin traitant ou un service spécialisé en alcoologie apportent conseils et informations au malade et à son entourage. Ils aident à mettre en œuvre une démarche individualisée de traitement du malade alcoolique. Ils garantissent également le secret professionnel. Un travailleur social pourra aider à la prise en charge du quotidien. Les Centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) sont des centres médico-psycho-sociaux, c’est-à-dire regroupant en un même lieu des médecins, des infirmières, des psychologues et des travailleurs sociaux tous spécialisés en addictologie. Ils sont ouverts aux personnes en difficulté avec un produit ainsi qu’à leur entourage. Les consultations sont gratuites. Les groupes d'entraide Échanger avec des personnes qui vivent ou qui ont vécu la maladie alcoolique peut être bénéfique Certains groupes garantissent l'anonymat. Et il existe des groupes spécifiques pour l’entourage. Le site Alcool Info Service propose une liste des principaux groupes d'entraide et de soutien aux malades alcooliques et à leur entourage. Urgences : la police, la gendarmerie ou un médecin de garde Si le malade alcoolique se montre violent, sur un plan physique ou psychologique, ou s'il se met en danger, il ne faut pas hésiter à appeler la police, la gendarmerie et/ou un médecin de garde. Pour trouver de l'aide près de chez soi, il existe des annuaires spécialisés : les délégations départementales de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa); le répertoire des structures spécialisées du site Drogues Info Service ; l’annuaire des structures de soins en alcoologie sur le site de la Société française d’alcoologie (SFA). Références de ce dossier Sources : Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA) Institut national d'éducation pour la santé (Inpes). Alcool Info Service GISME Centre d'Addictologie. La personne alcoolique et ses proches : une interdépendance relationnelle ambivalente Rédaction :Le contenu de ce dossier a été élaboré par : l'équipe rédactionnelle de Priorité Santé Mutualiste ; Charlyne Clerc, psychologue, Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA) de l’Indre, dans le cadre du partenarait entre Priorité Santé Mutualiste et l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA)Publié le 20 juin 2013 sur http://www.prioritesantemutualiste.fr/psm/addictions