Elodie, Michèle, Christine ORAIN - Thèses
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Elodie, Michèle, Christine ORAIN - Thèses
ÉCOLE NATIONALE VETERINAIRE D’ALFORT Année 2005 UTILISATION DE LA CRYOCOAGULATION DES CORPS CILIAIRES POUR LE TRAITEMENT DU GLAUCOME AU STADE TERMINAL CHEZ LE CHIEN THESE Pour le DOCTORAT VETERINAIRE Présentée et soutenue publiquement devant LA FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL le…………… par Elodie, Michèle, Christine ORAIN Née le 19 Juillet 1972 à Paris XVI ème (Seine) JURY Président : M. Professeur à la Faculté de Médecine de CRETEIL Membres Directeur : M. B. CLERC Professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort Assesseur : M. C. DEGUEURCE Professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT Directeur : M. le Professeur COTARD Jean-Pierre Directeurs honoraires : MM. les Professeurs PARODI André-Laurent, PILET Charles Professeurs honoraires: MM. BORDET Roger,BUSSIERAS Jean,LE BARS Henri, MILHAUD Guy,ROZIER Jacques,THERET Marcel,VUILLAUME Robert DEPARTEMENT DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET PHARMACEUTIQUES (DSBP) Chef du département : M. BOULOUIS Henri-Jean, Professeur - Adjoint : M. DEGUEURCE Christophe, Professeur - UNITE D’HISTOLOGIE , ANATOMIE PATHOLOGIQUE -UNITE D’ANATOMIE DES ANIMAUX DOMESTIQUES M. CRESPEAU François, Professeur * Mme CREVIER-DENOIX Nathalie, Professeur* M. FONTAINE Jean-Jacques, Professeur M. DEGUEURCE Christophe, Professeur Mme BERNEX Florence, Maître de conférences Mlle ROBERT Céline, Maître de conférences Mme CORDONNIER-LEFORT Nathalie, Maître de conférences M. CHATEAU Henri, AERC -UNITE DE PATHOLOGIE GENERALE , MICROBIOLOGIE, IMMUNOLOGIE Mme QUINTIN-COLONNA Françoise, Professeur* M. BOULOUIS Henri-Jean, Professeur Mme VIALE Anne-Claire, Maître de conférences -UNITE DE PHYSIOLOGIE ET THERAPEUTIQUE M. BRUGERE Henri, Professeur * Mme COMBRISSON Hélène, Professeur M. TIRET Laurent, Maître de conférences -UNITE DE PHARMACIE ET TOXICOLOGIE Mme ENRIQUEZ Brigitte, Professeur * Mme HUYNH-DELERME, Maître de conférences contractuel M. TISSIER Renaud, Maître de conférences -UNITE DE BIOCHIMIE M. BELLIER Sylvain, Maître de conférences* M. MICHAUX Jean-Michel, Maître de conférences - UNITE DE VIROLOGIE M. ELOIT Marc, Professeur * Mme ALCON Sophie, Maître de conférences contractuel -DISCIPLINE : PHYSIQUE ET CHIMIE BIOLOGIQUES ET MEDICALES M. MOUTHON Gilbert, Professeur -DISCIPLINE : BIOLOGIE MOLECULAIRE Melle ABITBOL Marie, Maître de conférences contractuel -DISCIPLINE : ETHOLOGIE M. DEPUTTE Bertrand, Professeur DEPARTEMENT D’ELEVAGE ET DE PATHOLOGIE DES EQUIDES ET DES CARNIVORES (DEPEC) Chef du département : M. FAYOLLE Pascal, Professeur - Adjointe : Mme BEGON Dominique , Professeur - UNITE DE PATHOLOGIE CHIRURGICALE -UNITE DE MEDECINE M. FAYOLLE Pascal, Professeur * M. POUCHELON Jean-Louis, Professeur* M. MAILHAC Jean-Marie, Maître de conférences M. CLERC Bernard, Professeur M. MOISSONNIER Pierre, Professeur Mme CHETBOUL Valérie, Professeur Mme VIATEAU-DUVAL Véronique, Maître de conférences M. MORAILLON Robert, Professeur M. DESBOIS Christophe, Maître de conférences M. BLOT Stéphane, Maître de conférences Mlle RAVARY Bérangère, AERC (rattachée au DPASP) M. ROSENBERG Charles, Maître de conférences contractuel M. ZILBERSTEIN Luca, Maître de Conférences contractuel Melle MAUREY Christelle, Maître de conférences contractuel M. HIDALGO Antoine, Maître de Conférences contractuel - UNITE DE CLINIQUE EQUINE M. DENOIX Jean-Marie, Professeur * - UNITE DE RADIOLOGIE Mme BEGON Dominique, Professeur* M. TNIBAR Mohamed, Maître de conférences contractuel M. RUEL Yannick, AERC M. AUDIGIE Fabrice, Maître de conférences Mme DESJARDINS-PESSON Isabelle, Maître de confér..contractuel - UNITE DE PARASITOLOGIE ET MALADIES PARASITAIRES M. CHERMETTE René, Professeur * -UNITE DE REPRODUCTION ANIMALE M. POLACK Bruno, Maître de conférences M. MIALOT Jean-Paul, Professeur * (rattaché au DPASP) M. GUILLOT Jacques, Professeur M. NUDELMANN Nicolas, Maître de conférences Melle MARIGNAC Geneviève, Maître de conférences contractuel Mme CHASTANT-MAILLARD Sylvie, Maître de conférences (rattachée au DPASP ) M. FONTBONNE Alain, Maître de conférences M. PARAGON Bernard, Professeur (rattaché au DEPEC) M. REMY Dominique, Maître de conférences (rattaché au DPASP) M. GRANDJEAN Dominique, Professeur (rattaché au DEPEC) Melle CONSTANT Fabienne, AERC (rattachée au DPASP) DEPARTEMENT DES PRODUCTIONS ANIMALES ET DE LA SANTE PUBLIQUE (DPASP) Chef du département : M. CERF Olivier, Professeur - Adjoint : M. BOSSE Philippe, Professeur - UNITE DE ZOOTECHNIE, ECONOMIE RURALE -UNITE DES MALADIES CONTAGIEUSES M. BOSSE Philippe, Professeur M. TOMA Bernard, Professeur M. BENET Jean-Jacques, Professeur* M. COURREAU Jean-François, Professeur* Mme HADDAD H0ANG XUAN Nadia, Maître de confér.contractuel Mme GRIMARD-BALLIF Bénédicte, Maître de conférences M. SANAA Moez, Maître de conférences Mme LEROY Isabelle, Maître de conférences M. ARNE Pascal, Maître de conférences M. PONTER Andrew, Maître de conférences -UNITE D’HYGIENE ET INDUSTRIE DES ALIMENTS D’ORIGINE ANIMALE M. BOLNOT François, Maître de conférences * - UNITE DE PATHOLOGIE MEDICALE DU BETAIL ET DES M. CARLIER Vincent, Professeur ANIMAUX DE BASSE-COUR Mme BRUGERE-PICOUX Jeanne, Professeur M. CERF Olivier, Professeur M.MAILLARD Renaud, Maître de conférences associé Mme COLMIN Catherine, Maître de conférences M. MILLEMANN Yves, Maître de conférences* M. AUGUSTIN Jean-Christophe, Maître de conférences M. ADJOU Karim, Maître de conférences Ingénieurs Professeurs agrégés certifiés (IPAC) : Mme CONAN Muriel, Professeur d’Anglais Mme CALAGUE, Professeur d’Education Physique * Responsable de l’Unité AERC : Assistant d’Enseignement et de Recherche Contractuel Remerciements A Monsieur le Président du Jury de nous faire l’honneur de participer à cette soutenance A Monsieur le Professeur B. Clerc pour la direction et la relecture patiente et attentive de ce travail A Monsieur le Professeur C. Degueurce pour ses conseils. A Benjamin et Jeanne. UTILISATION DE LA CRYOCOAGULATION DES CORPS CILIAIRES POUR LE TRAITEMENT DU GLAUCOME AU STADE TERMINAL CHEZ LE CHIEN NOM et Prénom : ORAIN Elodie Résumé : La cryothérapie consiste à provoquer une nécrose tissulaire focalisée par l’utilisation de basses températures. Cette technique, non invasive, d’exécution rapide et facilement répétable si besoin, possède de nombreuses applications en médecine vétérinaire, notamment en dermatologie et en ophtalmologie. Après une étude bibliographique des mécanismes d’action du froid sur les tissus et des applications vétérinaires de la cryochirurgie, l’auteur s’intéresse, au glaucome du chien et à son traitement par cryochirurgie. Enfin une étude rétrospective décrit les protocoles opératoires employés et les résultats obtenus par cryocoagulation des corps ciliaires chez des chiens atteints de glaucome au stade terminal présentés à la consultation d’ophtalmologie de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort en 1996 et 1997 Mots clés : chien, glaucome, cryothérapie, cryocoagulation, corps cilaires Jury : Président : Pr. Directeur : Pr. Clerc B. Assesseur : Pr. Degueurce C. Adresse de l’auteur : Elodie Orain 34 rue de la Cartelée 18200 Saint Amand-Montrond USE OF CILIARY BODIES CRYOCOAGULATION FOR TREATMENT OF ABSOLUTE GLAUCOMA IN DOG SURNAME : ORAIN Given name : Elodie Summary: Cryotherapy consists in causing a focal tissu necrosis by using low temperatures. This technique, non-invasive, fast to execute and easy to repeat if necessary, offers many applications in veterinary medcine,specially in dermatology and ophtalmology. After a bibliographic study of mechanisms of cold-induced effects on tisssues and of veterinarian applications of cryosurgery, the author deals with canine glaucoma and his cryosurgical treatment. At last, a retrospectve study describes surgical process and results obtained by cryocoagulation of ciliary bodies for absolute glaucoma in dogs presented at the Ecole Vétérinaire d’Alfort in 1996 and 1997. Keywords: dog, glaucoma, cryotherapy, cryocoagulation, ciliary bodies. Jury : President : Pr. Director : Pr. Clerc B. Assessor : Pr. Degueurce C. Author’s address: Orain Elodie 34 rue de la Cartelée 18 200 Saint Amand-Montrond ORAIN E. UTILISATION DE LA CRYOCOAGULATION DES CORPS CILIAIRES POUR LE TRAITEMENT DU GLAUCOME AU STADE TERMINAL CHEZ LE CHIEN 2005 8 Table des matières INTRODUCTION............................................................................................................................................... 14 PREMIERE PARTIE : CRYOCHIRURGIE :CONSIDERATIONS GENERALES................................... 16 A/ MECANISMES DE LA CRYODESTRUCTION ....................................................................................... 16 1/ Effets cellulaires et tissulaires du froid ................................................................................................... 16 a/ Mécanisme de destruction des cellules par le froid............................................................................................... 16 b/ Réaction des tissus................................................................................................................................................ 16 b-1/Phase immédiate ........................................................................................................................................... 16 b-2/La phase différée........................................................................................................................................... 18 b-3/La phase tardive ............................................................................................................................................ 18 2/ Résultats pour l’optimisation de la cryodestruction................................................................................ 18 a/ Rythme congélation/décongélation....................................................................................................................... 18 b/ Nombre d’applications de froid ............................................................................................................................ 19 3/ Effets biologiques de la cryochirurgie (39) ............................................................................................. 19 a/ Cas général ........................................................................................................................................................... 19 b/ Cas du tissu nerveux............................................................................................................................................. 19 c/ Cas du tissu osseux ............................................................................................................................................... 20 d/ Cas des vaisseaux sanguins .................................................................................................................................. 20 4/ Méthodes de contrôle de la cryodestruction............................................................................................ 20 a/ Le contrôle visuel ................................................................................................................................................. 20 b/ Par thermocouple.................................................................................................................................................. 21 c/ Par méthode impédancemétrique (32) .................................................................................................................. 21 B/ LES DIFFERENTS CRYOGENES ............................................................................................................. 24 1/Les fréons ................................................................................................................................................. 24 2/Le dioxyde de carbone.............................................................................................................................. 24 3/Le protoxyde d’azote ................................................................................................................................ 24 4/ L’azote liquide......................................................................................................................................... 25 C/ APPLICATIONS DE LA CRYOCHIRURGIE EN MEDECINE VETERINAIRE..................................... 26 1/ Applications de la cryochirurgie à la chirurgie générale ....................................................................... 26 a/Dermatologie (30).................................................................................................................................................. 26 a-1/Les lésions cutanées bénignes ....................................................................................................................... 27 a-2/Les lésions cutanées malignes....................................................................................................................... 27 b/Oncologie .............................................................................................................................................................. 28 b-1/Cryochirurgie anorectale et périanale (33).................................................................................................... 28 b-2/Cryochirurgie des tumeurs buccales (25)...................................................................................................... 29 2/Ophtalmologie .......................................................................................................................................... 29 a/Chirurgie des paupières ......................................................................................................................................... 30 a-1/Cryochirurgie des tumeurs palpébrales ......................................................................................................... 30 a-2/Cryothérapie des anomalies ciliaires............................................................................................................. 31 b/Chirurgie du globe oculaire ................................................................................................................................... 31 b-1/Cryothérapie de la cornée ............................................................................................................................. 32 b-2/Cryothérapie iridienne (iridocryothermie) .................................................................................................... 32 b-3/Cryoextraction cristallinienne ....................................................................................................................... 33 b-4/Cryothérapie de la chorio-rétine.................................................................................................................... 33 DEUXIEME PARTIE : LE GLAUCOME DU CHIEN .................................................................................. 36 A/ SIGNES CLINIQUES ................................................................................................................................. 36 1/Motifs de consultation .............................................................................................................................. 36 2/ Diagnostic ............................................................................................................................................... 36 a/Diagnostic de suspicion ......................................................................................................................................... 36 b/Diagnostic de confirmation ................................................................................................................................... 37 c/Diagnostic différentiel ........................................................................................................................................... 38 B/ ĒTIOLOGIE ................................................................................................................................................ 39 1/Rappels anatomiques................................................................................................................................ 39 a/Lieu de production de l’humeur aqueuse............................................................................................................... 39 b/Les voies d’écoulement de l’humeur aqueuse ....................................................................................................... 40 2/Glaucomes primaires (28)........................................................................................................................ 41 a/Goniodysgénésie et goniodysplasie ....................................................................................................................... 41 b/Goniodystrophie .................................................................................................................................................... 42 3/Glaucomes secondaires (28) .................................................................................................................... 44 9 a/Glaucome secondaire à une luxation ou sub-luxation du cristallin ........................................................................ 44 b/Glaucome secondaire à un processus inflammatoire ............................................................................................. 44 c/Glaucome secondaire à un traumatisme................................................................................................................. 44 d/Glaucome secondaire à une tumeur intraoculaire .................................................................................................. 45 C/TRAITEMENTS .......................................................................................................................................... 46 1/Le traitement médical ............................................................................................................................... 46 a/Déshydrater les milieux intra-oculaires ................................................................................................................. 46 b/Réduire la sécrétion d’humeur aqueuse ................................................................................................................. 46 b-1/Les inhibiteurs de l’anhydrase carbonique.................................................................................................... 47 b-2/Les bêtabloquants ......................................................................................................................................... 47 c/Améliorer le drainage de l’humeur aqueuse .......................................................................................................... 47 c-1/Améliorer le drainage de l’humeur aqueuse par l’angle irido-cornéen.......................................................... 47 c-2/Améliorer le drainage uvéo-scléral de l’humeur aqueuse ............................................................................. 47 d/Lutter contre l’inflammation ................................................................................................................................. 48 2/Le traitement chirurgical.......................................................................................................................... 48 a/Techniques fistulisantes......................................................................................................................................... 48 b/Techniques visant à réduire la production d’humeur aqueuse ............................................................................... 50 b-1 L’injection intra-vitréenne de gentamicine ................................................................................................... 50 b-2/La photocoagulation (19).............................................................................................................................. 51 b-3/La cryocoagulation ....................................................................................................................................... 52 TROISIEME PARTIE : ETUDES CLINIQUES DE CRYOTHERAPIES DES CORPS CILIAIRES ...... 54 A/ ETUDES PORTANT SUR DES YEUX CLINIQUEMENT SAINS........................................................... 54 1- Etude de la température atteinte par les corps ciliaires.......................................................................... 54 a/Robert Séverin 1984 (cyclocryothérapie part I) : Évaluation d’un système à azote liquide (37) ........................... 54 a-1/Matériel et méthode ...................................................................................................................................... 55 a-2/Résultats........................................................................................................................................................ 55 a-3/Discussion..................................................................................................................................................... 55 b/Vestre et Brightman 1983 (Températures des corps ciliaires lors de la cyclothérapie chez le chien sain) (47)..... 56 b-1/Matériel et méthode ...................................................................................................................................... 56 b-2/Résultats........................................................................................................................................................ 56 b-3/Discussion :................................................................................................................................................... 56 2- Étude portant sur la P.I.O., les effets secondaires cliniques et les modifications histologiques (48) ..... 57 a/Matériel et méthode ............................................................................................................................................... 57 b/Résultats ................................................................................................................................................................ 57 b-1/Pression intra-occulaire................................................................................................................................. 57 b-2/Effets secondaires du traitement cryochirurgical .......................................................................................... 58 b-3/Evaluation histologique ................................................................................................................................ 59 b-4/Discussion..................................................................................................................................................... 60 B/ ETUDES PORTANT SUR DES YEUX GLAUCOMATEUX.................................................................... 62 1-Evaluation clinique d’un système à azote liquide et d’un système à protoxyde d’azote dans la cryothérapie de l’œil glaucomateux (38)..................................................................................................... 62 a/Matériel et méthode ............................................................................................................................................... 62 b/Résultats. ............................................................................................................................................................... 62 c/Discussion ............................................................................................................................................................. 63 2-Etude de Brightman et Vestre................................................................................................................... 64 a/Matériel et méthode ............................................................................................................................................... 64 b/ Revue de cas......................................................................................................................................................... 64 c/ Discussion ............................................................................................................................................................ 65 C/ ETUDE CLINIQUE ENVA 1996-1997....................................................................................................... 66 1-Matériel et méthode.................................................................................................................................. 66 a/ Choix des animaux rentrant dans le cadre de cette étude...................................................................................... 66 b/ Matériel ................................................................................................................................................................ 66 c/ Protocole opératoire.............................................................................................................................................. 67 2-Résultats obtenus...................................................................................................................................... 67 a/ Revue de cas ......................................................................................................................................................... 67 b/ Critères d’évaluation de l’efficacité thérapeutique ............................................................................................... 72 c/ Résultats ............................................................................................................................................................... 73 3/ Discussion ............................................................................................................................................... 75 a / Comparaison avec d’autres études....................................................................................................................... 75 b/ Evaluations distinctes des cryoapplications et des cryopulvérisations.................................................................. 75 c / Complications observées ..................................................................................................................................... 77 CONCLUSION.................................................................................................................................................... 80 BIBLIOGRAPHIE.............................................................................................................................................. 82 10 11 Liste des figures Figure 1 : Evaluation visuelle de l’étendue de la cryonécrose (50)................................... 21 Figure 2 : Variation de la résistance d’une solution saline lors d’un cycle de congélation (1) et décongélation (2) (32) . ......................................................................................... 22 Figure 3 : Anatomie de l’angle irido-cornéen d’après Clerc (15). ..................................... 40 Figure 4 : Flux de l’humeur aqueuse d’après Slatter (42)................................................. 41 Figure 5 :Cryospray ® .......................................................................................................... 67 Figure 6 : Œil gauche du cas n°6, un mois post-opératoire.............................................. 69 Figure 7 : Œil droit du cas n°9, 8 jours post-opératoire.................................................... 70 Figure 8 : Œil gauche du cas n°10, deux mois post-opératoire ......................................... 70 Figure 9 :Œil droit du cas n° 10, deux mois post-opératoire............................................. 71 Liste des tableaux Tableau 1 : Epidémiologie des Glaucomes......................................................................... 43 d’après Jégou (29) .................................................................................................................. 43 Tableau 2 : Critères d’évaluation de l’efficacité thérapeutique des cryocoagulations D’après Clerc (17) .......................................................................................................... 73 Tableau 3 :Revue de cas....................................................................................................... 74 Tableau 4 : Résultats séparés des cryoapplications et des cryopulvérisations ................. 76 Tableau 5 : Complications distinctes des cryoapplications et des cryopulvérisations..... 76 12 13 Introduction L’utilisation d’application de basses températures en tant que méthode thérapeutique est une pratique ancienne.(31,40) Historiquement, les grandes étapes de l’utilisation du froid à des fins thérapeutiques sont les suivantes : *2500 av JC : des papyrus égyptiens relatent l’emploi de compresses froides sur les blessures et les fractures. *Hippocrate recommande l’emploi du froid pour réduire l’œdème et contrôler l’hémorragie. *Larrey (1807) utilise le froid comme agent anesthésique lors d’interventions chirurgicales. *Arnott (1845) obtient des températures de –10°C avec un mélange glace/sel. Il est également connu pour avoir utilisé l’application locale de compresses froides lors de cancer de la peau et du sein (1851). *Karl von Linde (1895) produit industriellement de l’air liquide et de l’azote liquide. *Dewar (1898) liquéfie l’hydrogène et, surtout, met au point un récipient adiabatique destiné à le conserver. *Lortat-Jacob (1930) utilise l’azote liquide pour traiter les verrues et les chéloïdes par tamponnement du cryogène sur la lésion. *Bory (1963) évoque l’action biostatique et immunisante de la cryothérapie. *Cooper (1965) marque le début de la cryochirurgie moderne, développe un système cryogénique utilisant l’azote liquide comme réfrigérant et obtient une température de –190°C à l’extrémité de la sonde. *En ce qui concerne la chirurgie ophtalmologique, les cyosondes ont commencé à être utilisées pour congeler, manipuler et extraire des cristallins cataractés par Bellows en 1964 (04). Ainsi s’est perfectionnée la cryochirurgie (du grec, kruos : froid et kherurgia : geste thérapeutique manuel) au cours des siècles. C’est maintenant une technique d’utilisation contrôlée du froid pour produire une nécrose tissulaire. En premier lieu, nous évoquerons les principes généraux de destruction par le froid, les agents cryogéniques et les différents domaines d’application de la cryochirurgie en médecine vétérinaire canine. Dans une seconde partie, nous étudierons les glaucomes du chien du point de vue étiologique et diagnostic. Nous en envisagerons les possibilités de traitement. Enfin dans une troisième partie nous présenterons des études cliniques de cyclocryothérapie des corps ciliaires chez le chien, dont celle menée à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort. 14 15 Première Partie : GENERALES CRYOCHIRURGIE :CONSIDERATIONS A/ MECANISMES DE LA CRYODESTRUCTION 1/ Effets cellulaires et tissulaires du froid a/ Mécanisme de destruction des cellules par le froid La congélation d’un milieu biologique est différente de celle de l’eau pure. Le changement d’état ne se produit pas dès que le point de congélation est atteint, il existe une phase de surfusion. Cela correspond à un état instable où la température s’abaisse en dessous du point de congélation tandis que le milieu reste à l’état liquide. Pendant cette période, les premiers cristaux se forment, élevant alors la température du milieu jusqu’au point de congélation puis, la température s’abaisse à nouveau lors du changement d’état complet de la phase. Dans une solution que l’on refroidit, il se forme tout d’abord des cristaux d’eau pure. Cela entraîne l’augmentation de concentration en solutés dans l’eau encore à l’état liquide. Quand la concentration atteint le point de concentration eutectique, la cristallisation des solutés se produit (sous forme de cristaux de solutés et de cristaux d’hydrates). Un milieu biologique est constitué de systèmes de solutés variés à différentes concentrations. La température de congélation d’un tel milieu sera donc inférieure à la température de congélation de chaque système de solutés la composant. La solidification interviendra quand on aura atteint le point d’eutexie de tous les constituants du milieu. A la température eutectique, le milieu est cristallisé et se compose d’un mélange de cristaux d’eau pure, de cristaux de solutés et de cristaux d’hydrates. b/ Réaction des tissus b-1/Phase immédiate Cette phase, aussi appelée phase cryolésionnelle correspond à la destruction cellulaire par le froid. On distingue quatre voies de destruction cellulaire. La déshydratation et la concentration des milieux intracellulaires, la formation de cristaux de glace, la dénaturation des protéines et le choc thermique participent à la destruction cellulaire. Seim (39) relate en détail ces phénomènes. 16 Déshydratation et concentration des solutés La formation de cristaux de glace extracellulaire augmente l’osmolarité du milieu extracellulaire. Cela conduit à la fuite d’eau intracellulaire par osmose. Ainsi, la concentration intracellulaire en électrolytes augmente, causant des dommages cellulaires irréparables, et cela pour trois raisons ; l’augmentation de concentration en électrolytes change la conformation des macromolécules, la désorganisation des phospholipides de la membrane plasmatique et d’importants changements de pH se produisent.. Formation de cristaux de glace La formation de cristaux de glace dans le compartiment intra ou extra cellulaire dépend de la vitesse de refroidissement et de réchauffement du tissu D’après Ducret (22) en cas congélation lente, il y a formation de cristaux de glace (dont le volume est augmenté de 10% par rapport au liquide dont ils sont issus) mais extracellulaires, la membrane plasmatique agissant comme une barrière protectrice pour la cellule. Le pouvoir létal est donc faible. En revanche si la congélation est rapide, la cellule n’a pas le temps de se déshydrater et il y formation de cristaux intracellulaires après une phase de surfusion d’où lésion mécanique des différents organites. Mais les cristaux intracellulaires sont de taille plus modeste que ceux formés dans l’espace intercellulaire. Ils peuvent même être si petits qu’ils ne seront pas assez délabrants pour la cellule. C’est pendant la phase de réchauffement que les dégâts cellulaires vont être les plus importants. En effet, la fonte des cristaux aux différentes températures eutectiques libère de l’eau qui va se fixer sur les différents cristaux de solutés encore existants. Il y a donc formation de cristaux de plus grand volume à température eutectique. Ce phénomène est appelé recristallisation migratrice. Les effets cytotoxiques immédiats résultent en grande partie des effets combinés de l’exposition à des concentrations importantes en solutés toxiques et à la formation de cristaux intracellulaires. Dénaturation des protéines L’architecture de membrane cellulaire est relativement fragile. Les complexes de lipoprotéines constituant la membrane cellulaire sont maintenus entre eux par des liaisons faibles et non par des liaisons covalentes. Ainsi la congélation, qui perturbe de façon importante l’environnement physique de la cellule, permet la dissociation des composants membranaires. La dispersion des phospholipides rend les cellules perméables aux ions. De ce fait elle gonfle et se lyse. Ce phénomène peut se produire au refroidissement comme au réchauffement. On pense que de tels dommages sont également infligés aux membranes internes de la cellule, comme la membrane nucléaire et celle des différents organites. Le choc thermique Le choc thermique fait référence aux lésions subies par la cellule plus lors d’un changement brutal de température que lors d’une congélation. Un changement rapide de température peut endommager les cellules même avant que soit atteint le degré de congélation recherché. C’est pourquoi le choc thermique participe à l’effet létal lors d’une congélation rapide (par opposition à une congélation lente). On pense que l’effet choc thermique résulte 17 de la variation des coefficients d’expansion des membranes résultant du changement de température dans les différents composants cellulaires. b-2/La phase différée Elle correspond à la phase de cryonécrose et survient quelques heures après l’intervention. La destruction cellulaire lors de cette phase est en grande partie due à la stase vasculaire. Cette dernière est strictement limitée à la zone de tissu exposé au cryogène. Autrefois, on pensait qu’une très importante augmentation de perméabilité membranaire, en entraînant une hémoconcentration, provoquait la stase vasculaire. Or, des degrés extrêmes de perméabilité membranaire peuvent être atteints sans qu’une stase vasculaire ne survienne, tandis qu’une perméabilité membranaire modérément augmentée peut s’accompagner d’une stase vasculaire. Le fait essentiel est un amoncellement de cellules sanguines entre elles ainsi qu’une adhérence à l’endothélium vasculaire. Cette agrégation s’explique par des lésions endothéliales ou des lésions plasmatiques. La stase vasculaire conduit à la formation de thrombus et à l’ischémie, suivie par l’anoxie, les variations de pH et la mort cellulaire. Les modifications histologiques précoces d’un tissu congelé ressemblent à un infarctus. b-3/La phase tardive Il s’agit, sur le plan théorique, d’une phase immunologique suivant la cryonécrose, décrite par Neel (35). De nombreuses tumeurs contiennent des antigènes spécifiques pouvant être reconnus par le système immunitaire et induire des réponses cytotoxiques à l’encontre des cellules tumorales. La destruction cryochirurgicale d’une tumeur conduit à augmenter l’immunité à médiation cellulaire et humorale contre la tumeur. Le degré d’immunité obtenu est supérieur lors de cryochirurgie par rapport à l’exérèse chirurgicale seule ou à l’électrocoagulation de la tumeur. Le traitement cryochirurgical de différentes tumeurs humaines induit une réponse immunitaire apparemment dirigée contre la tumeur. Il est possible de potentialiser l’immunité anti-tumorale, en injectant dans la tumeur, un immunoadjuvant non spécifique de 1 à 5 jour avant cryochirurgie. Le degré d’immunité spécifique anti-tumorale après cryochirurgie n’est toutefois pas suffisant pour empêcher la croissance de tumeurs récidivantes. 2/ Résultats pour l’optimisation de la cryodestruction a/ Rythme congélation/décongélation Ainsi qu’on l’a vu précédemment, une congélation rapide permet un délabrement cellulaire plus important par la formation de cristaux de glace préférentiellement intracellulaires plutôt qu’extracellulaires. Pendant la phase de décongélation, le phénomène de recristallisation permet la formation de cristaux de glace plus volumineux, donc plus délabrant. Ainsi plus la phase de 18 décongélation est lente et prolongée, plus la recristallisation migratrice est importante. Inversement, un dégel trop rapide entraîne une disparition des cristaux avant qu’ils n’aient pu endommager la cellule. Il convient donc de ne pas chercher à accélérer le réchauffement du tissu traité mais de laisser, à l’air libre, revenir de lui-même à température ambiante. b/ Nombre d’applications de froid Il est admis que deux applications de températures allant de –15°c à –20°c vont conduire à une destruction cellulaire et à une nécrose tissulaire. La multiplication des cycles de congélation augmente la conductivité thermique des tissus dont les membranes cellulaires ont été précédemment détruites. Ce phénomène peut être mis à profit pour la cryodestruction de tissus particulièrement résistants au froid comme l’os ou certaines tumeurs très denses. De plus lors de congélations répétées, la vitesse de réchauffement est retardée. Cela augmente d’autant la cryonécrose (grâce au phénomène de recristallisation migratrice décrit plus haut). 3/ Effets biologiques de la cryochirurgie (39) a/ Cas général Les effets produits par le froid ont des caractéristiques uniques par rapport au autres moyens de produire de la nécrose. La réponse des tissus est appelée cyonécrose. Elle débute immédiatement après le dernier cycle congélation/réchauffement et suit la séquence chronologique suivante. -De 0 à 2heures : Un volumineux massif oedémateux survient au site cryochirurgical. Il résulte des évènements survenant pendant la phase immédiate de destruction cellulaire. Lors des quelques heures qui suivent, les évènements de la phase différée surviennent. Ils résultent de la stase vasculaire, de la thrombose et de l’ischémie. -De 1 à 3 jours : La zone traitée se démarque franchement du tissu environnant. Elle est recouverte par une croûte. Les tissus environnants peuvent être, ou non, le siège d’une discrète réaction inflammatoire. L’œdème persiste et la lésion en elle-même rétrécit graduellement. Histologiquement, la lésion apparaît comme un infarctus vasculaire. -De 7 à 14jours : Selon le tissu impliqué, la croûte tombe, laissant apparaître un tissu de granulation. Puis l’épithélialisation se produit. Des poils blancs peuvent éventuellement pousser sur la cicatrice. b/ Cas du tissu nerveux Les nerfs sont extrêmement sensibles au froid. La région congelée est donc rapidement insensibilisée par destruction des terminaisons nerveuses. La dégénérescence de l’axone 19 intervient avant les lésions d’ischémie, lors du dégel. Les manchons de myéline et la gaine de Schwann restent en place, ce qui permet une régénération en 5 à 6 semaines. c/ Cas du tissu osseux Les tissus renfermant moins de liquide, comme le tissus osseux, sont moins sensibles au froid. La cryochirurgie détruit les éléments cellulaires normaux, ou éventuellement malins de l’os, mais la trame osseuse minérale ne souffre pas et peut être re-colonisée par des vaisseaux sanguins et des ostéoblastes. d/ Cas des vaisseaux sanguins Les gros vaisseaux sanguins sont résistants à l’action du froid. Les fibres élastiques et le collagène de la paroi ne sont pas endommagés. L’architecture de la paroi vasculaire est conservée et la circulation n’est pas interrompue. Les fibres musculaires lisses, plus sensibles, sont détruites mais se régénèrent facilement 4/ Méthodes de contrôle de la cryodestruction Pour obtenir une nécrose optimale, le tissu cible doit être porté à une température de – 20°c à –30°c. Certains tissus très denses ou très vascularisés nécessitent des températures plus basses encore. Une bonne évaluation de l’étendue de la zone congelée ainsi que de la température obtenue permettent d’éviter les complications post-opératoires. Le contrôle peut se faire à l’œil nu, à l’aide un thermocouple ou bien par la mesure de l’impédance électrique. a/ Le contrôle visuel C’est la méthode de contrôle la plus simple. Il suffit en effet de visualiser la « boule de glace » obtenue. Or, si les tissus gèlent à partir de –2°c à –3°c, la cryonécrose n’intervient qu’à partir de –20°c à-30°c, d’où de possibles erreurs par défaut. Plus on se rapproche du centre de la boule de glace, plus la température est basse. D’après Withrow (50) , on peut estimer que 75% de la boule de glace sont cliniquement détruits. 20 0°C :limite visible de la boule de glace -20°C : limite probable de la cryonécrose -196°C Figure 1 : Evaluation visuelle de l’étendue de la cryonécrose (50) Il est préférable d’étendre la zone de congélation jusqu’à 5 à 10mm en tissu sain lors du traitement de tumeurs malignes. L’étude de Torre (45) permet d’estimer l’étendue de la cryonécrose en profondeur. Ainsi, lors de cryoadhésion de tumeurs de petite taille, la diffusion du froid en profondeur (DP) est proportionnelle à sa diffusion en surface (DS) selon la formule suivante : DP/DS=1.3 Ces estimations concernant l’étendue de la congélation et de la cryonécrose sont utiles pour préserver les structures sous-jacentes au tissu cible. Mais il existe des méthodes de contrôle plus précises. b/ Par thermocouple L’utilisation de thermomètre à thermocouple (cuivre nickel) indique le flux de courant provoqué par le changement de température ressenti au point de jonction de deux fils métalliques. Les aiguilles sont placées à la périphérie de la lésion et à la jonction tissu sain/ tissu cible en profondeur. Cela permet une bonne estimation de l’espace de la zone effectivement congelée. Cette méthode est limitée par le fait qu’elle ne donne qu’une indication de la température en 1 ou 2 points du tissu cible sans connaissance de l’état physique de l’ensemble du tissu. c/ Par méthode impédancemétrique (32) Cette méthode, mise au point par P. Lepivert consiste à mesurer la résistivité tissulaire entre deux électrodes soumises à une tension électrique constante. On assimile les tissus à des cellules baignant dans un milieu liquide ionisé. Ce milieu conduit le courant électrique alors que les cristaux de glace sont isolants. Lors de la chute de la température, les cristaux de glace augmentent et l’eau extracellulaire se raréfie. Ainsi, la résistance électrique du tissu augmente. 21 Arrivé à la température eutectique, le milieu extracellulaire se solidifie complètement et la résistance augmente brutalement jusqu’à devenir infinie. Figure 2 : Variation de la résistance d’une solution saline lors d’un cycle de congélation (1) et décongélation (2) (32) . 22 23 B/ LES DIFFERENTS CRYOGENES Un cryogène se définit comme un gaz ou un liquide ayant comme propriété de la chaleur d’une zone donnée. Tous les cryogènes agissent en provoquant un flux de chaleur depuis le tissu cible jusqu’à la surface d’application du réfrigérant (40) Les trois cryogènes les plus utilisés dans le domaine médical sont l’azote liquide, le dioxyde de carbone et le protoxyde d’azote. D’autres fluides ou gaz cryogéniques sont occasionnellement employés. Ils comportent des fréons variés, de l’oxygène liquide, du propane liquide et de l’air liquide. L’utilisation d’oxygène liquide et de propane liquide est déconseillée à cause du danger lié à l’oxygène en tant que support de combustion et à cause du caractère inflammable du propane 1/Les fréons De nombreux fréons sont disponibles et capables de fournir des températures de–60°C. Leur caractère polluant pour l’environnement en restreint l’usage au domaine ophtalmologique où de petites quantités sont utilisées. Ils servent principalement à l’extraction cristallinienne et la température de –30°C obtenue est optimale pour l’adhésion. 2/Le dioxyde de carbone Le dioxyde de carbone liquide est incolore, inodore non inflammable et légèrement acide. Sous forme solide (glace carbonique) le CO2 a été largement utilisé en médecine en France dans les années 1930. Il a une température de –78°C et est très sure. En cryochirurgie, il est utilisé en passant d’un cylindre à haute pression au travers d’un petit orifice à l’intérieur d’une cryode. Cet orifice permet une brusque expansion du gaz dans une zone de basse pression et le refroidissement de la sonde est obtenu par l’effet de Joule-Thomson. Ce type de cryode permet généralement d’atteindre des températures de –75°C. Alors que le dioxyde de carbone a des avantages environnementaux sur le protoxyde d’azote (qui est aussi utilisé avec des cryodes de type Joule-Thomson), le pouvoir réfrigérant du CO2 est d’environ 10°C moins performant que celui du protoxyde d’azote et sa capacité de pénétration tissulaire ne dépasse pas 5mm. 3/Le protoxyde d’azote C’est un cryogène facile à stocker et proposé par plusieurs fabricants de matériel cryochirurgical. Il peut produire des températures à l’extrémité de la sonde approchant les –89°C. Le protoxyde d’azote (N2O) est relativement expansif lors de l’utilisation de volumes importants. Il faut savoir que le protoxyde d’azote contient de l’oxygène et peut servir de 24 support à la combustion. De même qu’avec le dioxyde de carbone, la sonde est refroidie par effet de Joule-Thomson. Le protoxyde d’azote peut aussi être utilisé en pulvérisation. Dans ce type d’utilisation, il faut retirer régulièrement la couche hydrophile de cristaux de neige d’oxyde d’azote, afin de permettre un refroidissement optimal. Ses principaux inconvénients sont sa faible capacité de pénétration tissulaire et l’obtention relativement lente de la température voulue au sein de tissu cible. 4/ L’azote liquide. L’azote liquide (N2) est le cryogène le plus largement utilisé. Il se présente à la température de –195,8°C (-320,5F) sous la forme d’un liquide transparent, incolore et inodore. Il n’est, en outre, ni inflammable ni toxique et est totalement inerte. Il n’est pas agressif pour les surfaces biologiques ou métalliques et peut être manipulé en toute sécurité. L’azote liquide est disponible partout dans le monde pour des usages médicaux, industriels ou agricoles. On s’en procure soit chez un fournisseur de gaz médicaux soit auprès d’un centre d’insémination artificiel. L’azote liquide doit être stocké dans un récipient adiabatique, type vase Dewar Le vase Dewar est un récipient à double paroi de verre argenté entre lesquelles on fait de vide. A la partie supérieure, on trouve un système de contrôle du débit, une double tubulure reliée à la cryosonde, permet l’arrivée de l’azote liquide et le retour de l’azote gazeux. Les cryosondes peuvent être munies soit d’un embout applicateur soit d’un embout pulvérisateur. (03) Le pouvoir réfrigérant de l’azote liquide peut s’employer de différentes façons. Soit il sert à refroidir l’extrémité d’une sonde soit l’azote liquide est pulvérisé directement sur la surface à traiter. Lors de l’utilisation en spray, la zone à traiter est refroidie par un mélange d’azote liquide et gazeux. Ce changement d’état au contact du tissu cible augment le pouvoir réfrigérant de l’azote liquide en spray par rapport à son utilisation par l’intermédiaire d’une sonde. En effet, pulvériser de l’azote liquide sur le tissu est le moyen d’en extraire le plus de chaleur en comparaison avec l’application d’une cryode à l’azote liquide ou d’autres applicateurs cryochirurgicaux. Le pouvoir réfrigérant du spray d’azote dépend aussi de son degré d’humidité. Cela est montré par le test suivant. Trois sprays d’azote sont testés. Le diamètre des orifices est le même, la pression interne est identique et la température à l’extrémité de la canule est la même. Les dispositifs testés diffèrent par le pourcentage d’humidité de chacun : 85%liquide et 15% gazeux pour le premier, 45% liquide et 55% gazeux pour le deuxième et 15% liquide et 85% gazeux pour le troisième. Il en ressort que le spray le plus humide a la plus grande capacité d’extraction de chaleur du tissu cible. Cela peut avoir son importance dans le traitement de lésions en profondeur (27). Des appareils à azote liquide(comme le C.E 8 ou le Zacarian C 21) ont été conçus avec des échangeurs de chaleur dans la ligne de flux de manière à convertir l’azote liquide en azote gazeux. Cela permet de réduire les projections d’azote liquide sur la surface à traiter. D’autres appareils (comme le Cryospray) sont élaborés de manière à ne permettre qu’un très modeste changement d’état dans l’appareil mais le liquide est atomisé au moment où il sort de l’extrémité de la sonde. Il faut retenir que plus le pourcentage de liquide est grand à la sortie, plus le pouvoir réfrigérant du dispositif est important, en comparaison avec des sprays à teneur élevée en gaz. 25 C/ APPLICATIONS VETERINAIRE DE LA CRYOCHIRURGIE EN MEDECINE De même qu’en médecine humaine, la cryochirurgie a de très nombreuses applications en médecine vétérinaire. Les domaines d’utilisations thérapeutiques du froid sont essentiellement la dermatologie, la cancérologie et l’ophtalmologie. Cette dernière fera l’objet d’un chapitre particulier tant les indications de la cryochirurgie en ophtalmologie sont variées et spécifique à cet organe. 1/ Applications de la cryochirurgie à la chirurgie générale a/Dermatologie (30) Les tumeurs de la peau et des tissus sous-cutanés représentent la localisation tumorale la plus fréquente. La majorité des tumeurs cutanées (75%) sont bénignes, ce qui leur confère un pronostic favorable après un traitement adapté. La cryothérapie, quoique largement utilisée en dermatologie vétérinaire, n’est pas l’unique moyen de traiter les tumeurs cutanées. Elle offre néanmoins de nombreux avantages. Elle peut être utilisée seule ou en complément d’autres moyens comme l’exérèse chirurgicale, l’irradiation, le curetage la chimiothérapie ou l’utilisation de cytotoxines. De même que lors de toute thérapie oncologique, il faut réaliser un bilan d’extension tumorale et un bilan pré-anesthésique du patient. La cryochirurgie est intéressante à bien des égards. Certaines tumeurs, d’accès difficile, sont aisément traitées par le froid et il n’est pas nécessaire de suturer la peau. Une anesthésie générale profonde est inutile. Une sédation associée à une anesthésie locale peut être suffisante, ce qui facilite la gestion du patient âgé. Les animaux atteints de tumeurs multiples sont traités bien plus rapidement avec la cryochirurgie qu’avec la chirurgie conventionnelle. En effet, le site cicatrisant par seconde intention, un asepsie rigoureuse n’est pas indispensable, ce qui diminue la durée de l’intervention. Les deux cryogènes les plus communément employés sont l’azote liquide et le protoxyde d’azote. Le protoxyde d’azote (-89.5°C) à un pouvoir réfrigérant pénétrant sur 5mm de profondeur dans le tissu cible. C’est pourquoi on ne l’utilise que pour des lésions superficielles bénignes et non infiltrantes. L’azote liquide (-196.5°C) est plus à même de pénétrer des lésions de dimensions plus importantes à des températures létales de –20°C à –30°C. On applique le cryogène soit par cryoadhésion à la sonde soit par cryovaporisation. On préfère la pulvérisation pour des lésions étendues ou de surface irrégulière. La profondeur centrale de la boule de glace produit par une pulvérisation d’azote liquide est à peu près égale au rayon du cristal de glace visible en surface, si la pulvérisation est concentrée en un point. 26 a-1/Les lésions cutanées bénignes *Le granulome de léchage : La cryochirurgie (efficace dans 50% des cas) doit être complémentée par une thérapie comportementale et par l’administration d’anxiolytiques, le granulome étant en effet une manifestation d’un état anxieux du chien. L’efficacité de la cryochirurgie serait due à la destruction des terminaisons nerveuses sur le site. *La pododermatite interdigittée : Cette méthode est employée chez les animaux n’ayant répondu à aucun autre mode de traitement. Les lésions, incluant toute l’épaisseur de la peau, sont refroidies à –25°C. L’œdème post-opératoire est important et la cicatrisation prend plusieurs semaines. *Les adénomes sébacés, kystes, hyperplasies, trichoépithéliomes et papillomes : Ces lésions sont communes et souvent multiples chez les patients âgés. La cryochirurgie est un excellent moyen de les traiter car elle se pratique rapidement, l’anesthésie générale n’est pas indispensable et l’animal peut être immédiatement rendu à ses propriétaires. Les petites lésions sont congelées jusqu'à ce que la boule de glace les englobe totalement ainsi qu’une marge de 2 ou 3mm en tissu sain. *Les histiocytomes : Ces tumeurs, à croissance rapide et d’aspect agressif, surviennent sur le jeune adulte et sont néanmoins bénignes. Une biopsie est nécessaire pour confirmer le diagnostic. Le traitement cryochirurgical offre de très bons résultats. a-2/Les lésions cutanées malignes *Le mastocytome : La difficulté de traitement du mastocytome tient à sa tendance à la récidive locale et à l’envahissement des nœuds lymphatiques loco-régionnaux. Il est essentiel de congeler une marge minimale d’1cm en tissu sain. La cryochirurgie est surtout intéressante combinée à la chimiothérapie. De fortes quantités d’histamine et d’héparine contenues dans ce type de tumeur peuvent se libérer après la cryochirurgie. Les risques post-opératoires, quoique peu fréquents, sont l’hypotension et l’hémorragie. Ces complications ne se rencontrent que dans les cas de volumineuses tumeurs. 27 *L’épithélioma spino-cellulaire : C’est un néoplasme rencontré beaucoup plus fréquemment dans l’espèce féline. Il faut geler de larges marges de tissu sain car la tumeur est mal délimitée. Les lésions de l’oreille chez le chat se traitent aisément en gelant tout le bord libre du pavillon auriculaire. *Le fibrosarcome : Ce type tumoral montre un certain degré de résistance au froid, à cause de son fort taux de tissu fibreux. *Les adénosarcomes et hémangiopéricytomes : Ces tumeurs sont sporadiques et, à moins d’être traitées de façon agressive, elles récidivent fréquemment. Elles envahissent rapidement les tissus sous-jacents, rendant leur délimitation difficile. Une thérapie précoce, avec de larges marges en tissu sain ainsi qu’un suivi postopératoire systématique sont essentiels pour un traitement réussi. La cryothérapie a également été entreprise dans le traitement des sarcoïdes équins dont la localisation cutanée intéresse fréquemment les paupières ; les lésions sont superficielles et les récidives après exérèse chirurgicale , de l’ordre de 50%. Le cryogène employé, dans une étude de Frezt et Barber (24), est l’azote liquide en pulvérisation et la température tissulaire est mesurée à l’aide de thermocouples. Afin d’éviter la nécrose des tissus sains adjacents, des isolants tels que le polystyrène ou des gazes imbibées de nitrufurazone sont utilisés pour encercler la tumeur.Selon la taille de la tumeur, la cryothérapie peut être réalisée seule (tumeurs inférieures à 6cm de diamètre) ou en complément de l’exérèse chirurgicale (23).Le taux de récidive des sarcoïdes après traitement cryochirurgical semble varier entre 5 et 30% (24). b/Oncologie Les principes de cryochirurgie ainsi que la gestion du patient sont identiques à ce qui se fait en cryochirurgie dermatologique. Les domaines d’applications de la cryochirurgie oncologique, outre la peau, sont la cavité buccale et la zone périanale. b-1/Cryochirurgie anorectale et périanale (33) La cryochirurgie est une méthode de choix pour le traitement des tumeurs de la zone anale. L’anesthésie générale est souvent nécessaire. Si le canal anal doit être obturé, une antibio-prophylaxie est utile. Les lésions sont portées à –20°C minimum, à deux reprises. La température atteint au sein du tissu cible est vérifiée au moyen d’un thermocouple. On utilise aussi bien le spray que la cryode. 28 *Le circumanalome : Cette tumeur des glandes périnéales est hormonodépendante et se rencontre surtout chez le mâle entier de plus de 6 ans. Les adénomes des glandes périnéales sont plus fréquent que les adénocarcinomes. La cryochirurgie est plus aisée à pratiquer qu’une exérèse conventionnelle car le tissu à suturer est friable et hémorragique, conduisant souvent à des déhiscences de plaies. Si on pratique une cryoadhésion à la sonde, on se place au centre de la lésion on opère une légère traction sur la tumeur, ce qui permet de protéger les tissus sous-jacents. Le temps d’application du froid varie de 30 à 120 secondes. Le réchauffement, qui ne doit être hâté par aucun dispositif, est assez lent et, en cas de tumeurs multiples, il est intéressent de disposer d’un jeu de sondes de manière à diminuer la durée opératoire. La cicatrisation complète, après chute du tissu nécrosé, prend de 14 à30 jours, au maximum pour les tumeurs les plus volumineuses. Une complication possible, si les circumanalum sont envahissant sur 360°, est la sténose du canal anal. Les circumanalums sont superficiels par rapport au muscles sphincters et caudaux par rapport au nerf rectal, l’incontinence n’est donc pas une complication à craindre. Le pourcentage de récidive après cryochirurgie est inférieur à 10%. Dans cette éventualité, on peut pratiquer une nouvelle cryochirurgie avec de bons résultats. *Les fistules périnéales : Cette entité pathologique se caractérise par des trajets fistuleux ulcératifs de toutes parts du canal anal. Le Berger Allemand est la race la plus fréquemment atteinte. La symptomatologie (ténesme, écoulements nauséabonds,..) est directement liée au nombre et à la longueur des trajets fistuleux qui finissent par devenir coalescents. La technique de gestion des fistules anales n’est pas uniquement chirurgicale. En effet, même si la cause exacte de cette maladie n’est pas parfaitement connue, une origine immunitaire est communément admise. Le traitement fait appel à la corticothérapie à dose immunosuppressive et à des immunosuppresseurs tels que la Ciclosporine. La chirurgie est un traitement complémentaire du traitement médical (18). b-2/Cryochirurgie des tumeurs buccales (25) Les intérêts de la cryochirurgie pour le traitement des tumeurs buccales sont la facilité d’application, le peu de complications post-opératoires, le maintien de l’intégrité osseuse ainsi que les effets palliatifs sur la douleur et l’halitose. La cryochirurgie n’est cependant pas sans risque. Les tissus mous de cavité buccale réagissent par un important œdème post-opératoire qui doit être surveiller en raison de la proximité des voies respiratoires. Dans le cas de tumeurs agressives, l’amélioration du confort de l’animal (même si cela est transitoire) est nette. Le cryogène de choix est l’azote liquide, en raison de sa grande capacité de pénétration, au spray ou à la sonde. Les tumeurs ainsi traitées sont les mélanomes malins, les épithéliomas spino-cellulaires et le fibrosarcomes. 2/Ophtalmologie L’utilisation de la cryochirurgie est particulièrement intéressante en ophtalmologie car les différents tissus palpébraux ou intraoculaires ont des sensibilités au froid très différentes, 29 ce qui permet de détruire sélectivement certains tissus ou de créer une adhérence entre la cryosonde et certains tissus. a/Chirurgie des paupières La cryochirurgie des paupières concerne uniquement les paupières inférieure et supérieure, la membrane nictitante n’étant pas impliquée. Les paupières inférieures et supérieures sont des replis cutanéo-muqueux mobiles. (02) Elles délimitent une ouverture en forme d’amande appelée la fente palpébrale. Chaque paupière présente un bord libre épais et anguleux délimité par les limbes palpébraux. Seule la paupière supérieure est pourvue de cils, implantés à proximité du limbe antérieur et dirigés vers l’extérieur. Les paupières se rejoignent au niveau des commissures médiane et latérale. La structure de la paupière peut se diviser en deux couches : la face externe est recouverte de peau, la lame interne est constituée de la couche musculo-fibreuse limitée en face interne par une muqueuse, la conjonctive. *La peau comprend notamment un épithélium pluristratifié, kératinisé et pigmenté, des poils fins et de petites glandes sébacées. Associées aux follicules ciliaires, se trouvent des glandes sébacées bien développées (les glandes de Zeiss) ainsi que des glandes sudoripares modifiées appelées glandes ciliaires. *La couche musculo-fibreuse et glandulaire est la couche intermédiaire. Les formations fibreuses, qui donnent une certaine rigidité aux paupières, représentent le prolongement de la péri orbite. Elles se terminent par le tarse qui rigidifie le bord libre. Divers muscles assurent l’ouverture palpébrale, dont le muscle élévateur de la paupière supérieure (la plus mobile). Le principal muscle fermant la fente palpébrale est le muscle orbiculaire. Les deux paupières possèdent des glandes tarsales (glandes de Meibomus). En rapport étroit avec le tarse, elles se situent dans la face profonde de la conjonctive. Ces glandes sébacées modifiées sécrètent la phase lipidique du film lacrymal. La conjonctive est la muqueuse qui tapisse la face interne des paupières, elle se prolonge par la conjonctive bulbaire qui tapisse la sclère. L’épithélium de la conjonctive, surtout au niveau des fornix, contient des cellules caliciformes, produisant le mucus du film lacrymal. a-1/Cryochirurgie des tumeurs palpébrales Les tumeurs palpébrales représentent 5% des néoplasmes du chien. Les plus communes sont l’adénome tarsal, le papillome, l’adénocarcinome et le mélanome bénin.(41). Elles ont tendance à être localement invasives. Il est difficile, tout en maintenant un bon fonctionnement de la paupière et sans greffe de peau, de traiter ces tumeurs quand leur taille atteint 30% du bord libre. L’intérêt de la cryochirurgie est ici évident d’autant plus que les tissus sains de la paupière ont une certaine résistance à la cryonécrose. L’autre avantage, non négligeable chez le patient gériatrique, est la rapidité d’exécution (moins de 10minutes). On opère sous anesthésie générale de courte durée. Une pince à chalazion enserre le tour de la tumeur, ce qui renforce l’efficacité du froid par l’effet de garrot crée. La tumeur peut être traitée par cryovaporisation d’azote liquide, ou par cryoapplication (N2 liquide ou N2O). La boule glace obtenue dépasse la marge tumorale de 3mm en tissu sain. On effectue trois cycles de congélation puis réchauffement. L’élimination tissulaire s’effectue dans les deux semaines et la cicatrisation est achevée en trois semaines. La complication possible, outre la perte de poils (définitive) et la dépigmentation (temporaire), est une nécrose incomplète favorisant une récidive de la tumeur in situ. 30 a-2/Cryothérapie des anomalies ciliaires Toute anomalie d’implantation ou de direction des cils constitue une malimplantation ciliaire. Elles sont au nombre de trois. Le distichiasis correspond à une implantation ciliaire anormale, sur la ligne des glandes de Meibomius. Le trichiasis se caractérise par le déviation de cils normaux ou surnuméraires vers la cornée. Quant au cil ectopique, c’est un cil qui se développe hors du hors palpébral, en face interne de la paupière. Les techniques chirurgicales possibles comprennent la résection d’un lambeau palpébral si une rangée de cils plus ou moins importante est à retirer, l’électro-épilation et la cryothérapie (13). L’électro-épilation est utile si quelques cils sont mal plantés. Une électrode pour épilation est montée sur un manche de cautère et reliée à un générateur qui délivre un courant de faible intensité (100mA) pendant 10 secondes. Une trop forte intensité provoquerait une nécrose palpébrale induisant une cicatrice. La difficulté de l’opération réside dans la précision. Une loupe ou mieux un microscope opératoire est nécessaire. La cryocoagulation des follicules pileux se fait par voie trans-conjonctivale. Son avantage est lié à la grande sensibilité du follicule pileux au froid. Une température tissulaire de –20°C provoque une destruction du follicule pileux sans nécrose ou réaction cicatricielle de la paupière. La cryoépilation est donc la méthode de choix pour traiter les malimplantations ciliaires. La paupière est immobilisée et éversée dans une pince à chalazion. On traite les cils mal implantés au moyen d’une cryode en regard des glandes de Meibomius. Un double cycle de congélation est préconisé avec N2O comme cryogène (11). Il semble préférable d’observer la boule de glace au microscope opératoire de manière à ne pas léser les autres follicules ciliaires. Les complications les plus communes sont l’œdème palpébral, le chémosis et une douleur limitée. L’abord trans-conjonctival et l’utilisation de la cryosonde permettent de limiter la dépigmentation du bord palpébral. La glande tarsale subit une cryonécrose histologiquement visible à partir du quatrième jour suivant l’intervention. La paupière est réexaminée à 14 jours post-opératoire, tout cil restant, non attaché à la glande est retiré. Après quatre semaines la glande tarsale a régénéré en l’absence de cil (41). Dans le cas de trichiasis du aux poils, la cryothérapie peut intéresser une partie du pourtour palpébral. Un Chevauchement des zones de congélation est préférable. La dépigmentation ainsi produite peut persister de 6 à 8 semaines. b/Chirurgie du globe oculaire La cryothérapie en ophtalmologie a de nombreuses indications pour le traitement de pathologies intraoculaires comme la décollement de rétine, le prolapsus irien, le glaucome, l’extraction du cristallin cataracté. La cryothérapie s’appuie sur deux propriétés : la destruction sélective de certains tissus plus sensibles au froid et l’adhésion entre la cryosonde et certains tissus. Les tissus les plus sensibles aux basses températures sont : l’endothélium cornéen, les cellules pigmentées uvéales, les muscles sphincter et dilatateur de l’iris, les muscles du corps ciliaire, la rétine neuro-sensible, l’épithélium pigmentaire de la rétine, les vaisseaux capillaires uvéaux et rétiniens. Les effets histologiques produits par l’irido-cryothermie (similaires à ceux produits sur d’autres tissus oculaires) ressemblent à ceux que génère un infarctus hémorragique. Les fibres musculaires, les cellules pigmentées de l’iris, les mastocytes stromaux et l’épithélium postérieur sont détruits. De la mélanine se libère et se disperse dans la stroma irien, la chambre antérieure et l’angle irido-cornéen. Les capillaires uvéaux subissent une thrombose 31 et cela conduit à une hémorragie dans le stroma irien ainsi que dans la chambre antérieure. Des cellules de l’inflammation (des neutrophiles puis des lymphocytes) en nombre modéré envahissent le site. La régénération est incomplète, le stroma irien est atrophié et contient un nombre réduit de mélanocytes. Il se décolore et apparaît cliniquement de marron clair à blanc (34). . En ce qui concerne la cryoinstrumentation, les sondes doivent être de petite taille car elles sont utilisées dans un espace restreint parmi des tissus fragiles. La pièce à main doit être protégée par un manchon isolant pour éviter le contact fortuit avec les tissus oculaires environnants. Un refroidissement ainsi qu’un réchauffement rapides et contrôlés permettent de manipuler et de re-placer la sonde si besoin. Les températures à l’extrémité de la sonde sont comprises entre –20°C et –40°C pour des procédures d’adhésion et –70°C à –90°C pur les procédures impliquant une cryonécrose. Le diamètre de la pointe de la sonde doit être de 1 à 2 mm pour l’extraction cristallinienne, et de 3 à 5 mm pour la cyclocryothérapie. Quant aux cryogènes, azote liquide et protoxyde d’azote sont les plus communément utilisés. Cependant, le protoxyde d’azote est cher s’il est utilisé en grande quantité. La première pression doit se maintenir entre 600 et 625 mm hg dans l’appareil, pour maintenir une température tissulaire de –20 à –25 °C. Il ne s’utilise qu’à la cryosonde, ce qui peut être un inconvénient dans le cas de lésions étendues (43). b-1/Cryothérapie de la cornée Les applications sont limitées mais des études humaines et animales suggèrent plusieurs indications. Alors que l’endothélium cornéen est très sensible au froid, le stroma n’est pas affecté. Une adhérence vitréo-cornéale (séquelle de l’extraction cristallinienne) peut causer une opacification et prédisposer au glaucome. La cryothérapie est une méthode satisfaisante pour rompre ces adhérences. On applique sur la zone de cornée concernée une cryosonde d’un diamètre de 2 à 5 mm. La température de la sonde est abaissée à –60°C. La boule de glace ainsi formée englobe toute l’épaisseur de la cornée. Elle est contrôlée à la lampe à fente (biomicroscope). La durée de la cryoapplication varie de 15 secondes à 1 minute, et peut être répétée pour augmenter la nécrose des cellules endothéliales. L’adhérence vitréo-cornéenne se rompt dans les 24heures (43). Des ulcères herpétiques récidivants ont été traités avec succès chez l’homme. Un refroidissement rapide à –79°C détruit l’herpès virus présent dans le tissu cornéen. On applique la sonde sur les zones ulcérées ( mises en évidence par la fluorescéine) pendant 20 secondes. Cette méthode peut s’appliquer au ulcères herpétiques du chat (43). Enfin, la cryochirurgie a été essayée lors de kératites superficielles chroniques comme celles du berger allemand. Le froid est alors utilisé pour diminuer la réponse vasculaire de la cornée dans les cas ne répondant pas au traitement médical. b-2/Cryothérapie iridienne (iridocryothermie) L’iridocryothermie permet une destruction focale , graduellement contrôlée du muscle sphincter de l’iris. Cela faciliterait la gestion de l’iridocyclite post opératoire aux chirurgie d’extraction cristalliniennes en maintenant l’iris en mydriase. Lors d’études menées sur l’animal sain, un contact de 10 secondes de la marge pupillaire de l’iris avec une cryosonde refroidie à –79°C, conduit à une dégénérescence du sphincter. Une 32 mydriase modérée s’installe et conduit à une déformation pupillaire au bout de 21 jours post opératoires (43).L’inconvénient majeur de cette technique est une iridocyclite importante en post opératoire immédiat, s’accompagnant d’un myosis. Il convient d’administrer des mydriatiques par voie locale, et des corticoïdes par voie générale, pour tempérer l’uvéite. En raison de ces effets secondaires , cette technique est inutilisable conjointement à l’extraction cristallinienne chez le chien. b-3/Cryoextraction cristallinienne On utilise dans ce cas les propriétés de cryoadhésion d’une sonde portée à -20°C , - 40°C. Des températures plus basses ne renforceraient pas l’adhésion. L’étendue de la liaison dépend de la durée de contact et de la taille de la sonde. Cela permet d’exercer une traction sélective sur la seule capsule antérieure ( pour des extractions extra capsulaires de routine), ou sur la capsule et le cortex antérieur (lors d’extraction intra capsulaire d’un cristallin luxé (34). On introduit une sonde à température ambiante, de 1 à 2 mm par la voie d’abord classique au niveau du limbe, puis on active la sonde quand elle est au contact du cristallin. Pour une extraction extra capsulaire la durée d’application est limitée à 1 ou 2 secondes. La sonde n’est alors liée qu’à la capsule antérieure, on relève un peu l’extrémité de celle ci pour éviter l’adhésion avec le cortex antérieur sous jacent, on tourne la sonde et on déchire une section de 7 à 10 mm. Pour une extraction intra capsulaire (lors de luxation du cristallin), la cryosonde est laissée au contact du cristallin pendant 4 à 6 secondes. Cela permet d’établir une liaison avec la capsule antérieure et le cortex antérieur. Le cristallin est manipulé pour casser les fibres de la zonule de Zinn restantes. Il est important que le dispositif possède un système de réchauffement de la sonde pour pouvoir la détacher rapidement lors de contact accidentel avec la cornée ou l’iris. Cette méthode peut s’appliquer à un cristallin luxé antérieurement ou postérieurement. Lors de luxation antérieure, où un contact direct entre la sonde et le cristallin est assuré, un dispositif à fréon est suffisant. Par contre lors de luxation postérieure, où du vitré s’interpose entre la sonde et le cristallin, ces sondes à usage unique n’ont pas le pouvoir de créer une liaison suffisamment forte. On préfèrera l’usage d’une unité à protoxyde d’azote ou à azote liquide (43). Ces techniques ont un intérêt historique plus que pratique depuis l’utilisation en routine de la phacoémulsification du cristallin. b-4/Cryothérapie de la chorio-rétine La cryothérapie chorio-rétinienne a été utilisée de façon limité en médecine vétérinaire. Elle est indiquée comme traitement des décollements rétiniens localisés, des déchirements rétiniens et des néoplasme du segment postérieur. Cette technique vise à induire une choriorétinite focale avec des formations cicatricielles. La lésion rétinienne est localisée à l’ophtalmoscope indirect. Une cryosonde est appliquée sur la face externe de la sclère pour marquer la zone à traiter. Quand la lésion est délimitée, on la gèle de façon répétée. Le temps d’application avec un dispositif à azote liquide varie de 5 à 10 secondes. On contrôle la boule de glace obtenue avec l’ophtalmoscope indirect. Dans les quatre jours post opératoires, on observe une véritable choriorétinite conduisant à une adhésion de la zone traitée. Les 33 modifications de la sclère sont minimes, ce qui est en faveur de la cryothérapie par rapport à la diathermie, qui occasionne une inflammation et une destruction sclérale étendue (34). Par contre Sue West et Barrie (43) signalent que les récentes avancées technologiques du laser et des techniques de photocoagulation rendent obsolète la cryoapplication choriorétinienne. Les décollements de rétines sont souvent vus en consultation à un stade assez tardif :décollements étendus et dégâts cellulaires déjà irréversibles, d’où le peu d’applications de cette technique en pratique courante. 34 35 Deuxième Partie : LE GLAUCOME DU CHIEN Le terme de glaucome recouvre de nombreuses maladies oculaires très différentes dont le point commun est l’augmentation de pression intraoculaire (P.I.O.) à un niveau incompatible avec le fonctionnement du nerf optique (28). A/ SIGNES CLINIQUES 1/Motifs de consultation Le chien peut être présenté pour un œil gonflé, rouge, douloureux (paupières fermées, animal prostré) ou bien pour une cécité d’apparition brutale. 2/ Diagnostic a/Diagnostic de suspicion Plusieurs signes cliniques (liés à l’hypertension et au mode d’évolution du glaucome) peuvent être observés (28). La rougeur oculaire C’est un signe précoce d’hypertension intraoculaire. En effet jusqu’à une pression de 45mm de mercure, la congestion des veines ciliaires et épisclérales provoque une légère hyperhémie conjonctivale et une rougeur vasculaire périkératique. Au-delà de 50mm de mercure les veines épisclérales prennent un aspect de larges vaisseaux tortueux. La mydriase L’augmentation de la pression intraoculaire paralyse le muscle sphincter de l’iris. Si la pression est inférieure à 45 mm de mercure, le réflexe photomoteur est lent et incomplet. Pour des valeurs supérieures à 50 mm de mercure la mydriase est complète et le réflexe photomoteur est absent. 36 L’œdème de cornée Il concerne l’ensemble de la surface de la corné. La forte pression hydrostatique de l’humeur aqueuse sature la capacité de l’endothélium à déshydrater la cornée. Celle-ci devient turgescente. Au fur et à mesure de l’augmentation de pression dès 45 mm de mercure la cornée prend un aspect opalescent puis bleuté et devient complètement opaque. La buphtalmie L’augmentation de volume du globe oculaire résulte du peu de résistance de la coque cornéo-sclérale du chien à l’augmentation de pression (cela est notamment plus marqué chez l’animal jeune).La membrane de Descemet, qui limite la cornée en profondeur peut même se rompre, on aperçoit alors au sein de la cornée des stries blanchâtres. Au stade de buphtalmie, l’étirement des fibres zonulaires du cristallin peut occasionner une luxation de celui-ci. L’appréciation digitale de la tension oculaire La pression oculaire peut être globalement estimée par la palpation digitale du globe au travers de la paupière supérieure. On exerce une pression des deux index successivement ce qui permet d’apprécier la déformation du globe. Cette méthode, peu précise ne permet de déceler que des très fortes hypertensions ou hypotensions. La coexistence des ces différentes signes cliniques rend certain le diagnostic de suspicion. b/Diagnostic de confirmation La mesure de la tension oculaire permet de confirmer la suspicion de glaucome. La pression intraoculaire augmente la tension de la cornée et de la sclère. Différentes méthodes permettent d’apprécier la tension pour évaluer la pression. Deux méthodes sont utilisées en pratique: la tonométrie par indentation et la tonométrie par aplanissement. La tonométrie par indentation mesure la tension de la cornée par l’application sur celle-ci d’une tige chargée d’une masse donnée. La surface cornéenne se déprime d’autant plus que la pression intraoculaire est faible. La tige est reliée à un système amplificateur et à une aiguille se déplaçant devant un cadran gradué. On obtient ainsi une appréciation chiffrée de la tension oculaire. L’estimation de la pression intraoculaire (P.I.O.) qui résulte de cette méthode rend également compte de la rigidité de la sclère et du rayon de courbure de la cornée (variable selon les différents formats de chiens). L’appareil le plus utilisé en pratique est le tonomètre de Schioltz-Comberg (16).Mais il tombe en désuétude du fait de son emploi difficile sur de nombreux animaux. La tonométrie par aplanissement utilise le fait qu’une force exercée pour aplanir une certaine surface de cornée soit égale à la pression qui s’exerce à l’intérieur de la sphère sur cette même surface. Si on connaît la force exercée et la surface d’aplanissement, on peut calculer la pression (loi d’Imbert-Fick). Le tonomètre de référence a longtemps été le 37 tonomètre de Mac Kay Marg. De nouvelles générations de tonomètres par aplanissement, électroniques ont été mises au point. Avec le Tonopen ®, la valeur est exprimée directement en millimètres de mercure. Les valeurs usuelles sont comprises entre 12 et 18 mm Hg (16). c/Diagnostic différentiel Il convient d’éliminer les causes d’hyperhémie des vaisseaux conjonctivaux profonds, de mydriase, d’œdème de cornée et de différencier la buphtalmie de l’exophtalmie. La congestion des veines épisclérales et ciliaires peut traduire toute inflammation endoculaire: kératite profonde, uvéite. La mydriase de l’œil atteint peut résulter d’une pathologie rétinienne (décollement, atrophie…), d’une névrite optique ou de l’atrophie de l’iris. L’œdème de cornée peut être dû à une kératite (ulcérative ou non), à une endothélite ou à une dystrophie cornéenne. Enfin la buphtalmie est à différencier de l’exophtalmie(protrusion du globe oculaire) due à une pathologie orbitaire: abcès ou tumeur par exemple. 38 B/ ĒTIOLOGIE Le glaucome résulte toujours d’un défaut d’écoulement de l’humeur aqueuse ou d’une gène à sa circulation. Le glaucome en fin d’évolution est le stade le plus fréquemment rencontré en consultation. La cryothérapie, appliquée au glaucome au stade terminal, est un moyen de traiter des glaucomes d’étiologies variées. Le glaucome peut être primaire ou secondaire à une autre affection intraoculaire. 1/Rappels anatomiques L’humeur aqueuse, produite par le corps ciliaire, passe de la chambre postérieure vers la chambre antérieure au travers de la pupille. Elle s’écoule au travers de l’angle irido-cornéen et est éliminée par le plexus veineux de la sclère. a/Lieu de production de l’humeur aqueuse L’humeur aqueuse est produite par les cellules du corps ciliaire. Le corps ciliaire appartient à la tunique vasculaire de l’œil (l’uvée). Il se situe entre l’iris et la choroïde. Il forme un anneau crénelé et est constitué de deux parties: le muscle ciliaire et les procès ciliaires. Le muscle ciliaire constitue la partie crâniale du corps ciliaire. C’est l’organe actif de l’accommodation. Il comprend des fibres circulaires et des fibres radiées. Ces dernières s’insèrent sur l’anneau scléral et vont de la surface interne de la sclère à l’angle irido-conéen. Les procès ciliaires constituent le pourtour interne du corps ciliaire. Ils sont le lieu de production de l’humeur aqueuse. L’humeur aqueuse est produite par sécrétion active et par ultra-filtration de l’épithélium de couverture des procès ciliaires. Sa composition est contrôlée par l’action filtrante de la paroi des vaisseaux sanguins du corps ciliaire et par les jonctions intercellulaires de l’épithélium. La base des procès ciliaires donne insertion aux fibres zonulaires qui suspendent le cristallin (42). 39 1 : Angle irido-cornéen 29 : Chambre antérieure 30 : Chambre postérieure 37 : Cornée 40 : Corps ciliaire 45 : Cristallin 63 : Fibres zonulaires 81 : Iris 88 : Ligament pectiné 97 : Muscle ciliaire 152 : Procès ciliaires 177 : Sinus veineux de la sclère 221 : Bande pigmentée Figure 3 : Anatomie de l’angle irido-cornéen d’après Clerc (15). b/Les voies d’écoulement de l’humeur aqueuse L’angle irido-cornéen est l’espace délimité en avant par la région du limbe (cornée et sclère) parcourue par le plexus veineux de la sclère et en arrière par le corps ciliaire et al racine de l’iris. L’angle est en partie comblé par un tissu d’aspect spongieux composé de fibres qui rayonnent en éventail de la cornée vers la sclère, le fond de l’angle et l’iris. Ces fibres sont divisées en ligament pectiné et en réseau trabéculaire. Examiné en microscopie électronique à balayage sous une incidence gonioscopique, le ligament pectiné apparaît composé de fibres longues et fines, le plus souvent non bifurquées, tendues de la base de l’iris à la périphérie de la cornée. Leurs attaches cornéennes sont cylindriques et à égales distances tandis que leurs ancrages sur l’iris s’étalent en delta. Ce ligament contient lui-même deux rangées de fibres. Une rangée principale est tournée vers la chambre antérieure et va de la portion périphérique de l’iris vers la terminaison de la membrane de Desmet (lame limitante postérieure de la cornée). Une rangée accessoire, placée derrière la précédente, s’attache à distance sur la racine de l’iris mais rejoint la rangée principale avec laquelle ses insertions cornéennes sont souvent fusionnées. Ces fibres sont plus fines que celles de la rangée principale. Le réseau trabéculaire, situé derrière le ligament pectiné, il comprend deux portions : uvéale et cornéo-sclérale. La partie uvéale est un feuillet percé de nombreux trous, larges, à orientation radiaire. Il est tendu de la base des corps ciliaires à la région du limbe cornéen où ses insertions se ramifient avec celles du ligament pectiné. La partie cornéo-sclérale est une mince lame appliquée contre la face interne du limbe cornéen et perforée de multiples trous microscopiques. Le plexus veineux scléral est un ensemble de deux à quatre vaisseaux parallèles reliés par de nombreuses anastomoses, logés dans l’épaisseur de la sclère juste derrière le limbe. Il déverse son contenu mixte (sang et humeur aqueuse) dans la circulation générale par un 40 minimum de quatre grosses veines qui partent en arrière du plus gros de ses vaisseaux et se dirigent vers les veines vorticineuses (14). Figure 4 : Flux de l’humeur aqueuse d’après Slatter (42) 2/Glaucomes primaires (28) L’augmentation de pression intraoculaire à pour origine une résistance à l’écoulement de l’humeur aqueuse au travers de la fente ciliaire de l’angle irido-cornéen. Certaines races de chiens sont prédisposées au glaucome par diverses anomalies des différentes régions de l’angle irido-cornéen. Le glaucome primaire peut être du soit à une anomalie constitutive du développement de l’angle irido-cornéen, soit à une anomalie de fonctionnement d’un angle qui est anatomiquement normal au début. a/Goniodysgénésie et goniodysplasie Toute goniodysgénésie par anomalie de mise en place d’une ou plusieurs structures du ligament pectiné et du trabeculum durant la vie embryonnaire ou par défaut de résorption mésenchymateuse post-natale (deux premières de la vie), est responsable d’une goniodysplasie. Ces anomalies anatomiques de l’angle irido-cornéen se rencontrent sous deux formes distinctes : - le mésoderme situé entre la base de l’iris et le limbe cornéo-scléral peut ne pas s’être complètement résorbé. Le ligament, au lieu d’être pectiné, apparaît comme un ligament plein percé de quelques trous pour l’écoulement de l’humeur aqueuse. Cette anomalie peut concerner de 10% à 100% de la circonférence du globe. Elle atteint les deux yeux et est décrite chez le Basset Hund, le Bouvier des Flandres, le Chihuahua, le Cocker Spaniel, le Fox Terrier, le Husky Sibérien, le Samoyède, le Schnauzer Géant, 41 - la dysplasie du ligament pectiné, associée à une étroitesse inconstante d’importance variable de l’angle irido-cornéen peut également être observée. Les fibres ligamentaires sont de petite taille, certaines ne réalisant pas leur attache cornéenne. Le races atteintes sont l’Akita Inu, le Beagle, le Caniche Nain et Toy, le Chihuahua, le Cocker Américain, le Cocker Spaniel, l’Elkound Norvégien, le Fox Terrier, le Griffon Korthals, le Husky Sibérien, le Samoyède, le Teckel et le Welsh Springer. b/Goniodystrophie Les chiens atteints de goniodystrophie ont un angle anatomiquement normal au début puis il se ferme progressivement par accumulation de glycosminoglycanes (résistants à la hyaluronidase) dans le trabeculum. Cette anomalie est due à un défaut de métabolisme des cellules trabéculaires. Elle correspond au glaucome chronique à angle ouvert chez l’homme. Elle se rencontre particulièrement chez le Beagle mais aussi chez le Caniche Nain et Toy, l’Elkound norvégien et le Pinscher Nain. Le tableau suivant résume l’épidémiologie des glaucomes primaires chez le chien. 42 GONIODYGENESIE=GONIODYSPLASIE Dysplasie du Angle étroit Angle fermé GLAUCOME ligament pectiné Welsh Springer Cocker Races Basset Hound, Spaniel Américain Affectées Chihuahua, Akita, Bouvier des Basset Hound, Flandres, Schnauzer Géant, Beagle, Chihuahua, Cocker Spaniel, Teckel, Anglais, Griffon Korthals, Samoyède, Cocker Spaniel Fox Terrier, Anglais, Terre Neuve, Caniche Toy, Husky Siberien, Elkound Norvégien, Husky Sibérien, Fox Terrier, (de 10 semaines Cocker Age Bouvier: âge à 10ans) Américain : âge d’apparition moyen 3 ans ½ moyen 6 ans (de qq mois à 10 (de 3 à 9 ans) ans) GONIODYSTROPHIE Angle ouvert (exceptionnel) Beagle, Pinscher Nain, Caniche Nain et Toy, Elkound Norvégien, (de 1 à 3ans) Basset :âge moyen 1 an (de 1 à 9 ans) Evolution Transmission Atteinte bilatérale avec décalage des signes cliniques, dans le temps. Apparition aiguë, évolution lente avec parfois iridocyclite chronique associée. Crises successives transitoires par fermeture progressive de le fente ciliaire : collapsus associé à l’étroitesse de l’angle. Aiguë ou chronique. Insidieuse et progressive atteinte bilatérale. Prédisposition raciale Prédisposition raciale Autosomale dominante Autosomale récessive Tableau 1 : Epidémiologie des Glaucomes d’après Jégou (29) 43 3/Glaucomes secondaires (28) De nombreuses pathologies intraoculaires peuvent conduire à l’obstruction (par des cellules ou par des protéines inflammatoires) ou à la fermeture de l’angle irido-cornéen. a/Glaucome secondaire à une luxation ou sub-luxation du cristallin Le basculement, vers la chambre antérieure ou dans la région du vitré, du cristallin peut provoquer une obstruction mécanique de l’angle irido-cornéen. En effet, que le cristallin soit passé en chambre antérieure ou qu’il appuie sur la face postérieure de l’iris (en cas de luxation postérieure), l’écoulement de l’humeur aqueuse se trouve perturbé. Si le cristallin luxé se maintient dans l’ouverture pupillaire il conduit à un bloc pupillaire et au glaucome secondairement. En plus de la gène mécanique de la luxation, le cristallin peut entraîner du vitré adhérant à sa capsule postérieure. La présence de vitré en chambre antérieur perturbe le flux d’humeur aqueuse. Les causes de luxation cristallinienne sont nombreuses. Outre un traumatisme la luxation du cristallin est spontanée chez de nombreux chiens de terrier (Fox terrier à poil dur et à poil lisse), chez l’Epagneul Breton, chez le Caniche Nain et Toy. Cette prédisposition est héréditaire. Les deux yeux sont touchés. Elle correspond à une fragilisation des fibres de la zonule qui sont dysplasiques ou ectopiques et se rompent. Toute inflammation endoculaire chronique peut fragiliser les fibres de la zonule. Ainsi une cataracte avec irido-cyclite chronique, une uvéite peuvent être à l’origine d’une luxation du cristallin. b/Glaucome secondaire à un processus inflammatoire Lors d’uvéite antérieure de nombreux évènements peuvent gêner la circulation normale et l’écoulement de l’humeur aqueuse. L’uvéite s’accompagne fréquemment de myosis, d’augmentation de la viscosité de l’humeur aqueuse, de synéchies antérieures et postérieures, d’œdème trabéculaire, de l’envahissement de la fente ciliaire(par des cellules inflammatoires, du sang) qui gênent le flux et l’élimination de l’humeur aqueuse. Dans le cas particulier où l’ouverture pupillaire est obstruée par des débris inflammatoires et où des synéchies postérieures se sont formées sur le bord libre de l’iris, l’humeur aqueuse est bloquée dans la chambre postérieure. L’iris est alors poussé vers l’avant : « iris bombé ». La base de l’iris ferme ainsi la fente ciliaire. c/Glaucome secondaire à un traumatisme Outre l’inflammation endoculaire générée par les lésions des différentes structures oculaires touchées, le traumatisme peut provoquer un hyphéma qui, en s’évacuant envahit la fente ciliaire. Lors de traumatisme par un corps étranger perforant la constitution d’un staphylome irien peut empêcher l’écoulement de l’humeur aqueuse vers la fente ciliaire. 44 d/Glaucome secondaire à une tumeur intraoculaire Chez le chien les tumeurs intraoculaires touchent principalement le segment antérieur. On rencontre essentiellement des tumeurs primitives de l’iris et des corps ciliaires (adénomes, adénocarcinomes, mélanomes plus ou moins malins). Ce sont aussi des métastases de tumeurs mammaires, rénales ou de lymphosarcomes. Le volume occupé par ces tumeurs peut désorganiser les structures intraoculaires fermant ainsi la fente ciliaire. Des cellules tumorales et inflammatoires peuvent également venir envahir le trabéculum. 45 C/TRAITEMENTS Selon le degré d’atteinte de l’œil, l’objectif du traitement peut être différent. Sur un œil encore fonctionnel, il faut diminuer la P.I.O. de façon à la maintenir à une valeur compatible avec le bon fonctionnement de la papille. Si la vision est irrémédiablement abolie, il faut conserver au globe oculaire un aspect normal (si le propriétaire de l’animal souhaite conserver un globe oculaire) et lutter contre la douleur. 1/Le traitement médical Le traitement médical peut être envisagé comme un traitement d’urgence face à la crise glaucomateuse (préalable à un traitement chirurgical permettant de conserver la vision). Dans quelques rares cas de glaucome modéré à angle ouvert le traitement médical peut s’avérer suffisant pour contrôler la P.I.O. . Pour une efficacité optimale, les quatre objectifs suivants doivent être poursuivis conjointement : déshydrater les milieux intraoculaires, réduire la sécrétion d’humeur aqueuse, en améliorer le drainage et lutter contre l’inflammation. a/Déshydrater les milieux intra-oculaires C’est le moyen le plus efficace pour obtenir une baisse rapide de le P.I.O. On utilise des agents hyperosmotiques. Une augmentation rapide de l’osmolarité du plasma induit un gradient de pression osmotique qui déshydrate d’humeur aqueuse et le vitré. Pour être efficace, cet agent doit être de faible poids moléculaire, pénétrer lentement ou pas du tout dans l’œil et demeurer extracellulaire (15). Les deux agents les plus utilisés mannitol et la glycérine. Le mannitol est utilisé en perfusion intraveineuse à la dose de 1à 2 g/ kg. La PIO baisse en 30 à 60 minutes. La glycérine (Glycérotone ®) est administrée per os à la dose de 1 à 2 g/kg, 2 à 3 fois par jour. Elle est moins efficace que le mannitol et son administration est parfois difficile En outre elle n’est plus disponible sur le marché. On utilise les agents hyperosmotiques pour traiter l’urgence de la crise glaucomateuse ainsi qu’en per-opératoire lors de chirurgies fistulisantes ou d’exérèse d’un cristallin luxé. b/Réduire la sécrétion d’humeur aqueuse Réduire la production d’humeur aqueuse par les corps ciliaires participe au contrôle de la P.I.O.. Pour cela 2 catégories de molécules sont disponibles: les inhibiteurs de l’anhydrase carbonique et les bêtabloquants. 46 b-1/Les inhibiteurs de l’anhydrase carbonique Les inhibiteurs de l’anhydrase carbonique sont les produits les plus utilisés pour réduire la sécrétion d’humeur aqueuse. Leur mécanisme d’action repose sur l’inhibition de formation de bicarbonates à partir de la combinaison du dioxyde de carbone avec les ions hydroxyde, dans l’humeur aqueuse. L’acétazolamide (Diamox ®) inhibe 98 % de l’activité de l’anhydrase carbonique. On l’utilise par voie intraveineuse à la posologie de 10 mg/kg (lors de la crise glaucomateuse ou en médication per-opératoire). En relais, il peut s’utiliser par voie orale à la dose de 5 à 7,5 mg/kg deux fois par jour. En traitement médical à long terme il peut favoriser l’acidose métabolique hypokaliémie. Il est contre-indiqué chez les insuffisants rénaux. Pour contourner ces effets secondaires gênants on peut employer en instillations locales un collyre au dorzolamide (Trusopt collyre ®). D’autres inhibiteurs de l’anhydrase carbonique, le métazolamide et le dichlorphénamide, engendrent moins de d’effets secondaires mais ne sont pas disponibles sur le marché. b-2/Les bêtabloquants Les bêtabloquants, en instillations locales, permettent de réduire la sécrétion active d’humeur aqueuse. Le maléate de timolol (Timoptol collyre 0,5 % ®) est le plus couramment utilisé. Administré 3 fois par jour son effet, bien que limité à une baisse de PIO de quelques mmHG, s’additionne à celui de l’acétazolamide. c/Améliorer le drainage de l’humeur aqueuse c-1/Améliorer le drainage de l’humeur aqueuse par l’angle irido-cornéen Les collyres myotiques tendent à ouvrir l’angle irido-cornéen et le trabéculum. Ils provoquent également une vasodilatation de l’iris. Le drainage de l’humeur aqueuse s’en trouve facilité. Ils ne sont actifs qu’après une baisse de PIO préalablement obtenue avec d’autres médicaments car l’hypertension paralyse le muscle sphincter de l’iris (28). On utilise des parasympathomimétiques directs d’origine naturelle comme la pilocarpine à 1 ou 2 %, instillée tous les quarts d’heure ou un parasympathomimétique indirect synthétique l’acéclidine (Glaucostat®). Ces produits sont contre-indiqués dans les états inflammatoires de l’iris. c-2/Améliorer le drainage uvéo-scléral de l’humeur aqueuse En plus de l’écoulement par la fente ciliaire, une partie (15 % chez le chien, 3 % chez le chat) de l’humeur aqueuse est drainée par voie uvéo-sclérale. Ce drainage est indépendant de la P.I.O. (19). Le latanoprost (Xalatone collyre ®) est une prostaglandine relâchant le muscle ciliaire ce qui augmente le drainage uvéo-scléral. Il s’utilise à la dose de 1 goutte par jour et son emploi est contre-indiqué lors d’utilisation conjointe de parasympathomimétiques et lors d’inflammation oculaire (l’œil, étant déjà inondé de PGF2α). 47 d/Lutter contre l’inflammation Lors de glaucome aigu, l’inflammation endoculaire, qu’elle soit primaire ou secondaire est toujours présente. Un traitement anti-inflammatoire est justifié que ce soit par voie locale et/ou systémique. 2/Le traitement chirurgical La chirurgie s’impose quand le traitement médical seul ne peut contrôler l’hypertension. Le traitement chirurgical de la crise glaucomateuse peut être étiologique, par exemple l’exérèse d’un cristallin luxé permet de libérer l’angle irido-cornéen. En dehors de ce cas l’indication chirurgicale dépend moins de l’étiologie du glaucome que du pronostic fonctionnel de l’œil atteint. En effet, quand le pronostic fonctionnel de l’œil est favorable (vision conservée ou récupérable) les techniques chirurgicales de choix sont celles permettant d’améliorer le drainage de l’humeur aqueuse. Ce sont les chirurgies dites fistulisantes. En revanche, lors de glaucome chronique au stade terminal, la rétine et la papille étant irrémédiablement lésées, le but du traitement est la suppression de la douleur. Dans ce but deux solutions s’offrent au chirurgien : les techniques ne conservant pas l’intégrité de la structure du globe et les techniques supprimant la production d’humeur aqueuse par destruction des corps ciliaires. Les techniques ne conservant pas l’intégrité du globe sont l’énucléation (très satisfaisante pour le confort de l’animal mais parfois inacceptable pour le propriétaire) et la pose d’une prothèse intra sclérale (bille de silicone) après éviscération du contenu de la sclère. Ces deux techniques fiables et faciles à réaliser ne seront pas décrites ici, n’étant pas spécifiques du glaucome. Elles témoignent par ailleurs de l’échec complet de la thérapeutique anti-glaucomateuse entreprise. Les techniques de destruction des corps ciliaires comprennent la cryocoagulation, la photocoagulation et la destruction chimique par la gentamicine. a/Techniques fistulisantes Comme le glaucome résulte d’un drainage défectueux de l’humeur aqueuse, il semble logique que les méthodes chirurgicales visent à le rétablir. Cependant il est difficile de transposer les résultats obtenus chez l’homme. Les résultats sont très irréguliers et les complications possibles sont l’hyphéma (fréquent dès que l’iris est impliqué) une hypotension persistante ou, au contraire, une PIO élevée incontrôlée. Ces chirurgies peuvent être pratiquées avec ou sans matériel de synthèse. Parmi les techniques n’employant pas de matériel prothétique exogène on trouve : l’iridencléisis, la cyclodialyse, la trépanation cornéo-sclérale, la trabéculectomie et la cyclorétraction. Cette liste, non exhaustive, est celle des méthodes décrite par Jégou (28). • L’iridencléisis consiste à amener une section de l’iris dans l’espace sous conjonctival en le fixant à un bord de la plaie sclérale. Cette chirurgie peut être associée à une cyclodialyse. La cyclodialyse est la création d’une fistule entre la chambre antérieure et l’espace supra-irido-ciliaire. Sous un volet scléral à 48 charnière limbique, une section de l’iris est détachée depuis son bord libre jusqu’à la périphérie puis suturée à la face externe de la sclère au moyen d’un fil résorbable 6/0 (19). Les complications immédiates sont l’hémorragie (par déchirement de l’iris ou lors de la cyclodialyse), l’issue de vitré éventuellement accompagnée d’un décollement de rétine (si la sclérotomie est trop postérieure). L’installation d’une cataracte ou la luxation du cristallin peuvent faire suite à des manipulations endoculaires indélicates. A long terme, une cicatrisation avec fibrose du volet scléral est à craindre, conduisant à une récidive de l’augmentation de P.I.O. Ces complications sont communes à toutes les techniques de fistulisation. • La trépanation cornéo-sclérale permet le drainage de l’humeur aqueuse de la chambre postérieure jusqu’à l’espace sous-conjonctival. Pour ce faire on associe une ouverture cornéo-sclérale à une iridectomie périphérique. Une fois la trépanation sclérale réalisée, l’iris tend à se déplacer vers le site de trépanation, ce qui permet de le saisir et de pratiquer l’iridectomie. Il convient de ne pas endommager le cercle artériel de l’iris. Si une hémorragie survient elle peut être contrôlée par des lavages répétés de la chambre antérieure au sérum physiologique ou par utilisation d’adrénaline (15). • La trabéculectomie (qu’il conviendrait de nommer trabéculo-sclérectomie) est une intervention à fistulisation protégée. Sous un volet conjonctival à charnière limbique, un volet scléral lamellaire est pratiqué. Sous ce dernier on excise une portion de trabeculum. Après une iridectomie périphérique, la suture du volet scléral protège la fistule (28). Le résultat post-opératoire immédiat est satisfaisant mais la cicatrisation exubérante de l’orifice ainsi créé entraîne immanquablement une remontée de P.I.O. (15). • La cyclorétraction est une opération plus complexe au cours de laquelle une trabéculectomie et une iridectomie périphérique sont réalisées sous un volet scléral disséqué en 2 plans. Le plan profond est divisé en 3 lambeaux (à charnière limbique), seul le lambeau central est retiré, les 2 lambeaux latéraux sont glissés entre la cornée et l’iris, le volet scléral externe protégeant la fistule. Les voies d’écoulement artificielles de l’humeur aqueuse peuvent aussi être établies par du matériel exogène. Divers dispositifs de valves ou de tubulure ont été essayés. Il permettent également de drainer l’humeur aqueuse depuis la chambre antérieure jusqu’à l’espace sous-conjonctival où elle est maintenue en place par un volet suturé à la sclère. En post-opératoire immédiat, une hypotonie marquée peut survenir et pourrait être évitée par l’utilisation de valves unidirectionnelles baro-sensibles La complication majeure de ces techniques de fistulisation réside dans la cicatrisation exubérante et la fibrose de la voie de drainage créée. Il s’ensuit une remontée de la P.I.O. dans les 2 à 6 mois post-opératoires. Cette tendance à la prolifération des fibroblastes est beaucoup plus marquée chez le chien que chez l’homme. Dans le but de pallier à cet échec, des agents inhibant la fibrose ont été essayés, comme le 5-fluoro-uracile en injections répétées ou bien la mitomycine C. La mitomycine C réduit la synthèse fibroblastique in vitro et in vivo. Bien que le traitement du site de filtration en peropératoire, par une application de cinq minutes de mitomycine C réduise la fibrose du tissu conjonctif, cela n’a pas conduit à une réduction significative de P.I.O. ou à un écoulement facilité d’humeur aqueuse (19). 49 b/Techniques visant à réduire la production d’humeur aqueuse La baisse ou la suppression de production d’humeur aqueuse est obtenue par la destruction des corps ciliaires. Elle peut se faire au moyen d’un agent chimique (la gentamicine), par l’utilisation de rayonnement laser ou bien par l’utilisation du froid. b-1 L’injection intra-vitréenne de gentamicine La gentamicine, antibiotique de la famille des aminoglycosides, introduite dans le vitré, possède une activité toxique qui s’exerce sur toutes les structures oculaires. La dose communément employée se situe autour de 15 à 20mg. L’animal, tranquillisé ou sous anesthésie légère, est placé en décubitus latéral, l’œil à traiter en position superficielle. Après une instillation d’anesthésique local en collyre, on ponctionne la chambre antérieur au niveau du limbe et on aspire un volume d’humeur aqueuse équivalent à celui de gentamicine à injecter. Cela diminue la P.I.O. et facilite l’injection de gentamicine par voie trans-sclérale, l’aiguille étant plantée 8mm en arrière du limbe. Cette méthode, simple et peu coûteuse, est à réserver à des yeux non fonctionnels. En effet, la toxicité de la gentamicine pour les structures intraoculaire s’exerce sur la rétine à des doses bien inférieures à celles utilisées lors du traitement du glaucome (17). La dose de gentamicine des situe aux alentours de 20mg. Bingawan (06) constate que des animaux traités avec une dose supérieure à 20mg de gentamicine ont une P.I.O. postinjectionnelle significativement plus basse que ceux traités avec moins de 20mg . Cependant l’absorption systémique de gentamicine après injection intra-vitréenne est à prendre en considération. En effet beaucoup de patients de petite taille sont susceptibles de dépasser la dose quotidienne recommandée (4.4mg/kg). De même, chez des patients dont la fonction rénale est altérée, la sensibilité aux effets néphrotoxiques des aminoglycosides est augmentée. Ainsi les doses de gentamicines de plus de 20mg sont à réserver aux patients ayant une forte P.I.O. et dont l’état général le permet. Il est intéressant d’associer à cette procédure une thérapeutique anti-inflammatoire. Si l’association de corticoïdes n’est pas nécessaire à la réussite du traitement (06) un traitement anti-inflammatoire permet de diminuer la douleur et la réaction inflammatoire dans les jours qui suivent l’injection. Le protocole retenu par Clerc (17) consiste en une injection systématique d’anti-inflammatoire non stéroïdien (A.I.N.S.) par voie intra-musculaire avant l’injection de gentamicine. L’administration d’A.I.N.S. étant maintenue pendant 5jours après l’intervention. De même pour limiter l’inflammation postinterventionnelle il convient d’employer de très fines aiguilles (24G) tant pour ponctionner l’humeur aqueuse que pour injecter la gentamicine, ce qui permet de limiter le traumatisme subi par un œil déjà très enflammé. Il est également préférable d’injecter un faible volume de gentamicine. Pour cela Clerc préconise l’emploie de préparations commerciales très concentrées en antibiotique (80mg/ml). Les résultats de cette technique sont les suivants : • pour Bingawan, l’injection inta-vitréenne de gentamicine offre un taux de réussite de 65% avec comme critère de réussite une P.I.O. post interventionnelle stable à moins de 25mmHg (06), • pour Clerc, les critères d’évaluation comprennent l’aspect de l’œil, l’absence de douleur spontanée et la nécessité de l’emploi de collyres anti-inflammatoires. Il obtient, sur les 48 cas suivis, 33 résultats satisfaisants et 13 cas non satisfaisants , plus de trois mois après l’injection (17). 50 Parmi les complications, la cataracte (conséquence de la toxicité de la gentamicine pour le cristallin) est apparue sur tous les yeux. Une autre complication possible est l’hémorragie intraoculaire. Elle peut être directement liée à l’action traumatique de l’aiguille ou bien à la toxicité de la gentamicine pour l’uvée. b-2/La photocoagulation (19) La photocoagulation trans-sclérale est une méthode pour réduire la production d’humeur aqueuse par destruction partielle des corps ciliaires. Le principe est comparable à celui de la cryocoagulation, cependant la photocoagulation trans-sclérale a l’avantage d’induire des lésions focalisées plus importantes avec potentiellement moins d’effets sur les tissus sains et moins de complications. L’énergie laser produit des effets thermiques aussi bien que photodisruptifs selon la longueur d’onde, l’intensité et la durée d’action. Les composants actifs du laser déterminent la longueur d’onde du rayonnement. Les lasers ophtalmologiques utilisent l’argon, le krypton et le néodymium avec une diode semiconductrice contenant gallium, arsenic et aluminium (laser Nd:YAG) Les effets tissulaires escomptés sont le fait de l’hyperthermie. Les tissus chargés en mélanine absorbent préférentiellement cette énergie, ce qui conduit à une photocoagulation nécrosante. Les tissus uvéaux des chiens sont en règle générale biens pigmentés, ce qui leur confère une grande sensibilité au traitement laser. Les facteurs influant sur l’effet biologique du laser incluent la transmission par la sclère (fonction de la longueur d’onde et de l’indentation sclérale), la distance de la source laser au tissu cible (rayonnement appliqué avec ou sans contact), la durée d’application et le niveau énergétique. Histologiquement, on constate une coagulation nécrosante ainsi qu’une rupture cellulaire. A 100°C, la vaporisation des fluides intra et extracellulaires survient, accompagnée d’une onde de choc audible indiquant la rupture cellulaire. Elle est cliniquement identifiée par le son «Pop» durant la procédure. Plutôt que d’appliquer le laser avec une intensité fixe, on ajuste le niveau énergétique de manière à produire le son «Pop» sur environ 20% des sites traités. Lors du traitement par contact, la sonde est appliquée directement sur la conjonctive, perpendiculairement à la surface de la du globe, à 3 ou 4mm en arrière du limbe. On applique une pression sur la sonde, de façon à créer une certaine indentation de la sclère. Le traitement par contact requiert un niveau énergétique plus faible que lors de traitement à distance de la sclère. Les animaux, sous anesthésie légère, ont reçu une injection d’A.I.N.S. au préalable. La procédure nécessite 15 à 20 minutes. Le protocole couramment utilisé prévoit 35 sites de traitement régulièrement espacés sur la circonférence du globe, en évitant toutefois les applications à 3h et 9h (position des artères ciliaires postérieures longues). Comme le laser interagit avec la mélanine, on évite les zones pigmentées de la conjonctive. Une hypertonie oculaire immédiate ( jusqu’à 50 ou 60 mmHg) est fréquemment observée. Elle est évitée par une paracentèse de la chambre antérieure. On laisse l’humeur aqueuse s’écouler librement au travers d’une aiguille jusqu’à obtenir une hypotonie mesurée à 10mmHg. On administre une injection sous-conjonctivale de 2 à 4mg de triamcinolone et la P.I.O. fait l’objet d’un suivi régulier pendant 7 à 10 jours. Une thérapeutique anti-glaucomateuse adjuvante est mise en place et maintenue jusqu’à une semaine après retour à un œil normo-tensif. Les complications de traitement laser comprennent l’hémorragie intraoculaire, le décollement de rétine, la cataracte , l’ulcération cornéenne et la persistance de l’hypertonie. En cas d’échec la procédure peut être renouvelée pour normaliser la P.I.O. Il faut noter un amincissement de la sclère persistant au niveau des sites de traitement. Les animaux à iris peu pigmenté requièrent des traitements plus intenses et répétés et présentent un taux de récidive plus important. Avec 51 un taux de réussite de 50à 60% à court et moyen terme (2mois), la photocoagulation transsclérale est comparable aux autres méthodes de traitement du glaucome. b-3/La cryocoagulation La cyclocryothérapie, traitement anti-glaucomateux, est probablement la technique cryochirurgicale la plus utilisée en ophtalmologie vétérinaire. Le gel des corps ciliaires détruit la vascularisation fine ainsi que leur épithélium (sécrétant l’humeur aqueuse), tout en épargnant les structures adjacentes. Cela conduit à une baisse de P.I.O. Cette technique, non invasive, peut être répétée si nécessaire et s’applique au glaucomes chroniques à angle ouvert, au yeux buphtalmes et aux glaucomes non contrôlés par les traitement médicaux. Dans le but d’obtenir une congélation efficace qui détruira de manière sélective l’épithélium du corps ciliaire, il convient que le diamètre de l’extrémité de la sonde avoisine les 4mm et que sa forme soit circulaire ou oblongue avec une surface de contact plane (36). La cryode est appliquée par voie trans-sclérale, environ 4 mm en arrière du limbe en regard des corps ciliaires. Les corps ciliaires doivent être portés à une température de –20°C à –25°C. On laisse le site se réchauffer sans aide extérieure. Ces applications sont répétées sur toute la circonférence ou demie-circonférence du globe sur 4 à 8 sites suivant les auteurs. Les modalités opératoires sont assez variables, mais plusieurs auteurs s’accordent sur le fait que la durée d’application, le nombre de points traités et la répétition de chaque application dépendent de la sévérité du glaucome et des habitudes du chirurgien (43). Certains (37) préconisent une thérapeutique médicale anti-glaucomateuse préopératoire. L’animal est anesthésié pour une courte durée, les paupières étant maintenues par un blépharostat. Certains (47,08) pratiquent une canthotomie latérale pour faciliter l’abord chirurgical. En postopératoire immédiat, on constate une conjonctivite importante avec un chémosis et une hyperhémie. On a recours à des anti-inflammatoires stéroïdiens par voie locale et/ou générale. Une augmentation transitoire de la P.I.O. est souvent constatée en postopératoire immédiat. Elle peut nécessiter l’administration de d’anti-glaucomateux. Les complications incluent la récidive du glaucome, l’uvéite, l’hémorragie intra oculaire, la cataracte, le décollement de rétine et le phtisis bulbi. Selon certains auteurs (43) la cyclocryothérapie est le traitement de choix du glaucome aigu de moins de 36 heures. L’animal est alors hospitalisé de façon à faire rapidement diminuer la PIO et l’inflammation quand l’œil est stabilisé, dans les 4 à 12 heures, on procède à la cyclocryothérapie. La PIO postopératoire est étroitement surveillée et des antiglaucomateux et anti-inflammatoires sont administrés au besoin. Si, après 36 heures, la PIO reste toujours supérieure à 25 mm Hg, on répète la procédure. La cryothérapie est une méthode de traitement applicable à tout type de glaucome d’autant plus que l’animal nous est souvent présenté au stade terminal de l’évolution du glaucome. L’étiologie, qui ne peut pas toujours être déterminée lors de la consultation, importe peu dans la décision d’entreprendre une cryothérapie. En effet, quelle que soit la pathologie d’origine, les yeux à traiter ont atteint une configuration commune ; c'est-à-dire une destruction de l’anatomie normale de l’angle irido-cornéen et du globe dans son ensemble. Cependant il faut faire une exception pour les glaucomes secondaires à une tumeur intra-oculaire qui eux relèvent de l’énucléation. 52 53 Troisième partie : ETUDES CLINIQUES DE CRYOTHERAPIE DES CORPS CILIAIRES La cryothérapie des corps ciliaires vise à diminuer la production d’humeur aqueuse en provoquant une fibrose induite par le froid des cellules de l’épithélium ciliaire. L’objectif de la cryothérapie n’est pas selon Robert et Severin (37) de conduire à une nécrose massive du tissu cible mais de créer des zones focales d’atrophie et de fibrose au sein de l’épithélium des corps ciliaires. Si les modalités opératoires varient d’un auteur à l’autre, l’intervention consiste toujours à appliquer de très basses températures sur 4 à 8 points de la sclère, à 3 à 5 mm en arrière du limbe, en regard des corps ciliaires. Ce chapitre a pour but de décrire différents protocoles opératoires et leurs résultats. A/ ETUDES PORTANT SUR DES YEUX CLINIQUEMENT SAINS Ces études n’ont pas pour objectif d’évaluer la cryothérapie en tant que méthode de traitement des glaucomes dans l’espèce canine. En revanche, elles s’intéressent aux effets obtenus sur l’œil, à savoir la température atteinte par les corps ciliaires, les variations de P.I.O., les effets secondaires cliniquement visibles ainsi que les effets histologiques induits. 1- Etude de la température atteinte par les corps ciliaires La température atteinte par les corps ciliaires n’est pas celle de la sonde appliquée par voie trans-sclérale. Il est important de connaître la température atteinte au niveau des corps ciliaires pour déterminer si on obtient ou non l’effet recherché à savoir la cryonécrose des cellules épithéliales des corps ciliaires. a/Robert et al 1984 (cyclocryothérapie part I) : Évaluation d’un système à azote liquide (37) L’objet de cette étude est d’évaluer les températures produites sur les corps ciliaires et les procès ciliaires lors de procédures de cryothérapie à l’azote liquide. 54 a-1/Matériel et méthode Dix chiens adultes, cliniquement sains du point de vue ophtalmologique, ont subi, sous anesthésie générale une cryothérapie. Le dispositif utilisé est un vase Dewar libérant le cryogène (azote liquide) au travers d’une sonde de cuivre de 2,5x6,5x58 mm. La température à l’extrémité de la sonde, atteinte en 15 secondes, se maintient à -185°C. Deux techniques opératoires sont employées : • • 1ère technique : on laisse la sonde, placée sur la sclère, en regard des corps ciliaires, jusqu’à ce que la boule de glace s’étende et pénètre de 1 mm dans la cornée, en avant du limbe. 2ème technique : le positionnement de la sonde est identique mais on maintient la cryosonde pendant 30 secondes sans se préoccuper de l’étendue de la boule de glace. Les températures (suivies au moyen d’un thermocouple) sont relevées au début et à la fin de chaque congélation. Le réchauffement s’effectue sans aide extérieure jusqu’à ce que la cryode se détache de la conjonctive. Les températures de réchauffement sont notées toutes les 30 secondes pendant 180 secondes. La durée de latence du détachement de la cryode a également été notée. a-2/Résultats Avec la 1ère technique, les températures les plus basses sont -10,42°C pour les corps ciliaires et -3,37°C pour les procès ciliaires. Avec la 2ème technique (congélation pendant 30 secondes) ces températures sont respectivement de -23,23°C et de -8,85°C. La 2ème technique produit donc des températures plus basses que celles obtenues avec la 1ère technique (congélation jusqu’à 1 mm dans la cornée) tant au niveau des corps ciliaires que des procès ciliaires. Le temps de détachement lors du réchauffement spontané des cryodes est plus long avec la 2ème technique. De même, les températures à 180 secondes de réchauffement sont significativement différentes pour les deux techniques. a-3/Discussion L’intérêt de cette étude est d’envisager la température du tissu cible et non celle de la sonde, comme c’est souvent le cas. Or il y a une différence entre le température de la sonde et celle des tissus adjacents. La distribution des températures notées ici n’atteint pas les -20°C à -30°C nécessaires à la cryonécrose. Ces températures plus chaudes semblent néanmoins être suffisantes pour altérer la production d’humeur aqueuse. Une cryonécrose massive des tissus est à éviter. Un refroidissement rapide (produisant des cristaux de glace intra-cellulaires) jusqu’à -13°C est souhaitable. 55 b/Vestre et Brightman 1983 (Températures des corps ciliaires lors de la cyclothérapie chez le chien sain) (47) Après une étude préliminaire in vitro, permettant de choisir une unité cryochirurgicale, l’objectif de cette méthode est de déterminer les températures des corps ciliaires lors de cyclocryothérapie. b-1/Matériel et méthode Chez trente-trois chiens dont l’examen ophtalmologique est normal, après anesthésie générale, on injecte 0,005 ml d’encre à tatouer à 12 h, 1 à 2 mm en arrière du limbe, comme point de repère. Un thermocouple est inséré après canthotomie. On applique une cryode, portée à une température de -70°C à -85°C, pendant 5 minutes. Dix huit chiens sont traités avec l’œil en position physiologique, sept chiens après protrusion du globe et huit servent de témoin. Les températures des corps ciliaires sont relevées toutes les 15 secondes pendant 5 minutes. Les chiens sont euthanasiés 5 minutes après la cryochirurgie (un d’entre eux), une semaine plus tard (huit chiens), un mois post-opératoire (six chiens) et 6 mois post-opératoire (six chiens). b-2/Résultats On ne note pas de différence significative de température entre les yeux en position physiologique et ceux en protrusion. La température moyenne, avant cryothérapie, au niveau des corps ciliaires est de 27,7°C et la température la plus froide atteinte par les corps ciliaires est de -13,6°C. Il a fallu 120 secondes pour les globes en protrusion et 165 secondes pour les yeux en position physiologique pour atteindre la température considérée comme essentielle pour la destruction cellulaire (-10°C). Cette différence se révélant statistiquement non significative. b-3/Discussion : Après 5 minutes de congélation, avec une sonde portée à -70°C à -80°C, la température des corps ciliaires n’atteint pas les -20°C nécessaires à la cryonécrose. En effet, après une baisse rapide de la température, au bout de 120 à 130 secondes, la température des corps ciliaires se maintient à -13°C pendant 5 minutes, cela en raison du pouvoir isolant des structures oculaires environnantes et du flux sanguin uvéal. Lors du traitement du glaucome, une cryonécrose massive n’est pas nécessaire, il suffit d’atteindre suffisamment les procès ciliaires pour contrôler la P.I.O. tout en préservant l’intégrité du globe. Par conséquent, une température de -10°C à -13°C semble adéquate pour le traitement du glaucome. La protrusion du globe pour optimiser le refroidissement est apparue inutile. La baisse du flux sanguin uvéal attendu n’a pas conduit à des résultats significativement différents par rapport à ceux laissés en position physiologique. 56 2- Étude portant sur la P.I.O., les effets secondaires cliniques et les modifications histologiques (48) Cette étude de Brigthman et Veste a pour but d’étudier la cyclocryothérapie sur l’œil du chien et de développer un mode opératoire qui pourrait être établi sur la base d’une épreuve clinique. Dans le détail, les objectifs sont les suivants : - évaluer les effets de la durée d’application du cryogène, de la position (physiologique ou protruse) du globe oculaire et de la re-congélation sur des yeux cliniquement sains, - suivre les modifications cliniques oculaires pendant six mois post-opératoires, - évaluer les modifications tissulaires et histologiques après cyclocryoapplication, - établir des recommandations quant à l’utilisation de la cryothérapie. a/Matériel et méthode La procédure est menée sur trente-trois chiens, ne présentant pas de pathologie ophtalmologique et sous anesthésie générale. Les points de cryocoagulation sont repérés à l’aide d’une injection de 0.005 ml d’encre à tatouer, à 4 mm en arrière du limbe, en six points régulièrement espacés. En regard de chacun de ces points de repère, après canthotomie, on pratique la cryoapplication selon quatre modalités différentes : - congélation pendant 1 min, - congélation pendant 2 minutes, - double congélation de 1 minute avec réchauffement spontané entre chaque application, - cryoapplication pendant 2 minutes avec le globe maintenu en protrusion. La cryoapplication s’effectue au moyen d’une cryosonde maintenue à une température de -75°C à -85°C. Les chiens sont ensuite euthanasiés : 11 dans les 5 minutes postopératoires, 8 chiens 1 semaine après, 8 chiens 1 mois post-opératoire et 6 chiens 6 mois plus tard. Les yeux sont prélevés et mis dans un milieu de conservation pour subir un examen anatomo-pathologique b/Résultats b-1/Pression intra-oculaire La P.I.O. est mesurée au tonomètre de Schiotz’s, à une semaine, un mois et six mois post-opératoire. Ces résultats sont comparés à la PIO pré-opératoire. Pour chacune des quatre modalités de traitements, la baisse de PIO est significative à une semaine et à un mois. A six mois, bien que cela ne soit pas significatif, la PIO est inférieure à la PIO pré-opératoire. On ne note pas de différence significative entre les quatre techniques employées. 57 b-2/Effets secondaires du traitement cryochirurgical Ces effets secondaires sont survenus dans chacun des quatre groupes de traitement, ils sont mis en évidence par un examen ophtalmologique complet des animaux avant euthanasie. Les effets secondaires répertoriés dans cette étude sont : - des décollements de rétine, - des chémosis, - des conjonctivites, - des élévations transitoires de PIO, - des uvéites, - des dépigmentations de l’iris, - l’apparition de tissu de granulation sur la cornée. Les décollements de rétine Ils concernent 14 chiens sur 22. Leur gravité va de simples décollements localisés jusqu’à un détachement complet de la rétine. Ils sont détectés de un à quatre jours post-opératoires et semblent se résorber en 10 à 20 jours. Cependant des zones de dégénérescence de rétine laissent place à des décollements. L’étude n’a pas mis en évidence de corrélation entre les décollements rétiniens et la procédure employée. Les chémosis et la conjonctivite Ils affectent tous les chiens à des degrés divers. On les rencontre dans les quatre groupes de traitement, et, par ordre décroissant de sévérité, parmi les chiens ayant subi une double congélation, ceux ayant subi une cryoapplication de deux minutes, ceux dont le globe oculaire était maintenu en protrusion pendant l’intervention et enfin ceux ayant subi 1 minute de cryoapplication. La conjonctivite persiste 7 à 10 jours chez les chiens les plus atteints et rétrocède après 3 à 4 jours chez les animaux les moins affectés. L’élévation transitoire de PIO Elle se distribue de la façon suivante. Sur 22 chiens dont on a suivi les variations de PIO, 5 ont eu une élévation de PIO immédiate qui a perduré pendant 2 jours pour 3 chiens et 3 jours pour un sujet. Ces chiens avaient subi une soit une cryoapplication de 2 minutes (1 chien), soit une cryoapplication avec protrusion du globe (2 chiens), soit une double congélation (2 chiens). La P.I.O. post-opératoire la plus haute était de 37,2 mmHg. Elle fut repérée sur2 chiens. L’uvéite Elle est rencontrée chez tous les chiens et tous expriment un certain inconfort (se manifestant par un blépharospasme et de l’épiphora). Trois chiens parmi les vingt deux ont manifesté une réelle douleur. Dans tous les cas ces signes ont rétrocédé en 7 jours. On a relevé la présence d’un dépôt de fibrine dans la chambre antérieure de 8 yeux, se résorbant en 7 à 10 jours. Sur plusieurs chiens, l’examen final avant euthanasie révèle la présence de dépôt de fibrine sur la capsule antérieure du cristallin. Les chiens ayant présenté les signes d’uvéite les plus sévères, avaient de petites zones hémorragiques au sein de l’iris. Ces zones se résorbaient en 10 jours. Cinq chiens parmi les 22 ont présenté un hyphéma post-opératoire. 58 La dépigmentation partielle de l’iris Elle a atteint des chiens appartenant aux différents groupes de traitement. La perte de pigmentation s’étend de façon centripète sur 1 à 2 mm à partir de la base de l’iris. On n’a pas noté de corrélation avec l’une ou l’autre des techniques, et, l’étendue de l’aire dépigmentée était différente pour chaque point de congélation sur le même œil. Chez quelques chiens on a noté une atrophie de l’iris dans cette zone et une raréfaction des fibres du ligament pectiné. L’apparition d’un tissu de granulation Il a envahi la zone centrale de la cornée de deux chiens, ne s’étendant pas jusqu’à la zone soumise à l’application de froid. b-3/Evaluation histologique Tous les yeux prélevés après euthanasie ont fait l’objet d’un examen histologique. Groupe des 11 chiens euthanasiés 5 min post-opératoires On note (sans distinction entre les différents traitements) un œdème et de petites hémorragies sous conjonctivales chez 5 chiens, et la présence de granulocytes éosinophiles dans la chambre antérieure. Tous les yeux présente un œdème de la choroïde avec accumulation d’exsudat sous rétinien, ce qui provoque un décollement de rétine. Groupe des 8 chiens euthanasiés 1 semaine post-opératoire L’examen histologique des yeux révèle la présence de flammèches de fibrine dans la chambre antérieure surtout chez ceux ayant subi une congélation de 2 min, ainsi que chez ceux dont l’œil était maintenu en protrusion et dans une moindre mesure chez ceux ayant subi la double congélation. Des granulocytes sont présents dans l’angle irido-cornéen des chiens des groupes « 2 minutes de congélation » et « double congélation ». L’iris n’est pas modifié pour les yeux congelés pendant 1 min mais dans les autres groupes de traitement, il souffre d’œdème et d’exsudation. Les globes en protrusion présentent même de petites hémorragies au sein du stroma irien. Pour tous les yeux l’œdème choroïdien est évident mais l’exsudat est moins abondant que dans les cinq minutes post-opératoires. Les globes en protrusion présentent des amas protéiques dans la choroïde. Les décollements de rétine concernent 2 yeux au sein du groupe « 1 minute de congélation », 2 yeux au sein du groupe « 2 minutes de congélation », et la moitié des yeux des groupes « double congélation » et « globes en protrusion ». Dans tous les cas, le décollement est intra-rétinien avec la présence de fluide entre l’épithélium pigmentaire et la neurorétine. La dégénérescence de rétine est identique dans tous les groupes. Elle se manifeste par une hyperplasie et une hypertrophie de l’épithélium pigmentaire ainsi que par une perte cellulaire. Parallèlement, on note une diminution de la couche des cônes et des bâtonnets. Les procès ciliaires sont atteints d’un œdème et de desquamation des épithéliums pigmenté et non pigmenté. Les deux yeux traités en protrusion présentaient des hémorragies au sein du stroma des corps ciliaires. On a également noté des modifications du vitré (amas protéiques dans le vitré antérieur) dans tous les groupes de traitement. 59 Groupe des 8 chiens euthanasiés 1 mois post-opératoire La conjonctive est d’aspect normal. On remarque des amas protéiques dans la chambre antérieure chez un chien sur les deux traités pendant une minute, et pour les deux chiens traités avec le globe en protrusion. L’angle irido-cornéen apparaît collabé dans les cinq cas (répartis dans les différents groupes de traitement). On note de petites zones de synéchies antérieures périphériques et postérieures. L’iris est exsudatif chez un chien du groupe « 1 minute de congélation » et un chien du groupe « globe en protrusion ». De petites zones de l’épithélium postérieur de l’iris apparaissent desquamées (chez 1 chien sur 2 du groupe « 2 minutes de congélation » et chez 1 chien sur 2 du groupe « double congélation »). Une nécrose de la base dorsale de l’iris s’est produite sur un œil du groupe « double congélation ». En ce qui concerne les corps ciliaires, on ne note pas d’hémorragie, un chien présente une desquamation de l’épithélium et un autre un œdème des procès ciliaires. L’œdème de la choroïde est encore largement rencontré (7 yeux sur 8) mais plus modéré qu’à une semaine. La choroïde apparaît plus fine que la normale mais son apposition sur la sclère est normale. On remarque quelques agrégats protéiques dans la choroïde de 4 yeux et des hémorragies rétiniennes affectaient 1 œil de chaque groupe de traitement sauf ceux ayant subi une minute de congélation. b-4/Discussion Les mesures de PIO obtenues après chacune des 4 techniques montrent que celle-ci peut être abaissée quel que soit le protocole utilisé. Le chirurgien pourra donc choisir une technique en fonction de ses effets secondaires, des modifications histologiques induites et de sa propre préférence. Les effets secondaires mis en évidence dans cette étude montrent la grande sensibilité à la cryothérapie de l’œil du chien par rapport à ceux du lapin, du singe et de l’homme. L’auteur ne prévoyait pas une telle incidence de décollement de rétine (14 chiens sur 22). L’examen post-mortem révèle que les décollements de rétine sont dus à des exsudats choroïdien sous l’épithélium pigmentaire de la rétine ou entre celui ci et la couche des photorécepteurs. Ce fort taux de décollement de rétine (64%) est propre au chien. Il n’est que de 5% chez l’homme, le singe et le lapin. Cela peut s’expliquer par le fait que le chien possède un plexus veineux scléral (et non un canal de Schlemm comme l’homme). On présume que la lésion lors de la cryothérapie de ce fin réseau trabéculaire, conduit à une exsudation choroïdienne puis au décollement de rétine. Ceci pourrait être évité en appliquant la cryode plus près du limbe, ce qui épargnerait le plexus veineux, ou bien en ne pratiquant la cryocoagulation que sur une hémi-circonférence du globe. Le chémosis et la conjonctivite (de même importance que chez l’homme et le lapin), semblent plus marqués chez les chiens ayant subi une double congélation, ce qui d’après l’auteur devrait conduire à préférer les autres méthodes. L’élévation transitoire de la PIO, bien que non systématique, est à prendre en considération surtout chez le chien glaucomateux dont la rétine est déjà endommagée et ne pourrait pas supporter une hypertension. Cela indique qu’un suivi de la PIO et une thérapeutique médicale adjuvante sont nécessaires pour conserver un œil normo-tensif en post-opératoire. Ce phénomène n’a pas été rapporté chez d’autres espèces animales mais chez l’homme. 60 L’uvéite, comparable à ce qui est décrit chez l’homme et chez d’autres espèces animales pourrait être atténuée par une injection sous conjonctivale de corticoïdes en post-opératoire immédiat. Les dégénérescences de rétine font suite aux décollements. Les zones de rétine dégénérées apparaissent chargée de pigments. On ne sait si ce sont des macrophages ayant phagocytés les pigments perdus par la rétine ou si ce sont des mélanocytes qui ont envahi les zones endommagées. Les mêmes cellules chargées de pigments ont été décrites chez l’homme et le lapin. De nombreux auteurs ont rapporté qu’on obtient de meilleurs résultats lors de cryochirurgie sur des yeux très pigmentés (hommes de couleur ou lapins fortement colorés). Cette étude n’a pas mis en évidence d’effet de la pigmentation. Elle semble donc sans influence chez le chien. 61 B/ ETUDES PORTANT SUR DES YEUX GLAUCOMATEUX Ces études menées dans différents centres hospitaliers vétérinaires, permettent d’évaluer l’efficacité de la cryothérapie en tant que méthode de traitement du glaucome et d’élaborer un protocole facilement reproductible en clientèle. 1-Evaluation clinique d’un système à azote liquide et d’un système à protoxyde d’azote dans la cryothérapie de l’œil glaucomateux (38) Cette étude menée par Robert et Severin a pour objectif de décrire la prévalence des glaucomes observés à la Colorado State University et de rapporter les résultats cliniques obtenus soit avec un appareil à azote liquide soit avec un système au protoxyde d’azote. Un total de 44 yeux sont traité par cryoapplication, 27 à l’azote liquide et 17 au protoxyde d’azote. Nous n’aborderons ici que le second objectif de cette étude. a/Matériel et méthode Les animaux rentrant dans cette étude souffrent de glaucomes d’origines variées (primaires, secondaires à une uvéite, une luxation du cristallin, un traumatisme ou une tumeur). Le système à azote liquide est constitué d’un vase Devar contenant un mélange d’azote liquide et gazeux. La circulation du cryogène dans le dispositif permet le refroidissement à -165 °C d’une cryode en cuivre de 2.5X6,5X58 mm. La cryode est placée 5 mm en arrière du limbe. On traite alors 3 à 5 points (souvent 4) selon la taille du globe et du degré d’augmentation de la P.I.O. Les sites traités sont régulièrement espacés autour du globe (en évitant la région des artères ciliaires postérieures longues). Chaque site est traité jusqu’à ce que la boule de glace pénètre d’un millimètre sue la surface cornéenne (15 à 25 secondes environ). On laisse le réchauffement se faire spontanément et on répète la même opération. Un système au protoxyde d’azote avec une sonde 3 mm de diamètre est également utilisé. Les cryoapplications se font 5 mm en arrière du limbe, en 4 à 6 points (généralement 5). La sonde, maintenue à une température de -65°C, est appliquée pendant 2,5 min. Après réchauffement spontané on recommence la procédure sur chaque site. Les soins post-opératoires visent à limiter l’inflammation (anti-inflammatoires stéroïdiens topiques et anti-inflammatoires non stéroïdiens systémiques) ainsi qu’à maintenir l’œil normo-tensif. Le traitement médical est suspendu quand les valeurs de PIO le permettent. b/Résultats Vingt-six patients représentant un total de 35 yeux glaucomateux, sont traités par cryothérapie. Six yeux reçurent plusieurs traitements, trois reçurent deux cryo-applications de suite, trois reçurent une cryo-application, ce qui porte à 44 le nombre de traitements. 62 Le protoxyde d’azote à été utilisé à 17 occasions (pour traiter 12 yeux différents). L’azote liquide a été utilisé à 27 occasions (pour traiter 24 yeux différents). Les 26 chiens traités se répartissent ainsi : -3 yeux (2 chiens) étaient sans traitement médical, -un œil avait subi une cyclodialyse et une iridectomie, -18 chiens (22 yeux), dont le traitement médical initial s’est avéré insuffisant pour contenir le glaucome ont également relevés de la cryothérapie. Parmi les 12 yeux traités au protoxyde d’azote, 2 ont nécessité 2 autres séances de cryothérapie au protoxyde d’azote, et 1 œil a reçu un traitement au N2O, suivi d’un traitement à l’azote liquide. Pour les deux yeux ayant subi trois traitements au N2O, la PIO étant insuffisamment contrôlée, il a fallu implanter une prothèse intraoculaire. L’azote liquide était appliqué sur 24 yeux dont 3 ont nécessité un second traitement. L’œil qui avait été précédemment traité deux fois au N2O a subi une cryoapplication d’azote liquide permettant de stabiliser la P.I.O. Deux yeux, ne répondant pas à la cryothérapie, ont finalement dus être énucléés. Le N2O a permis de contrôler la PIO dans 66,7% des cas, l’azote liquide dans 79,2% des cas. Le système à azote liquide décrit dans cette étude a une efficacité supérieure à celui à N2O. Cela peut s’expliquer par le fait que l’azote liquide (avec une température de –130°C à la sonde) permet d’abaisser la température des corps ciliaires –10,42°C alors que l’utilisation de N2O (avec une température de –65°C à la sonde) ne permet d’atteindre qu’une température de 0°C au niveau des corps ciliaires. Les surfaces des cryodes sont aussi différentes, 16,22 mm² pour le système à azote liquide contre 7,07 mm² pour celui à N2O. La température de la sonde la plus froide associée à la surface de contact la plus étendue permet le refroidissement le plus efficace. La PIO moyenne préopératoire qui était de 52,8 mmHg, tombe après traitement à 35,5 mmHg. c/Discussion Cette épreuve clinique montre que la cryothérapie réduit la P.I.O. d’yeux glaucomateux Le système à azote liquide utilisé ici est d’une efficacité supérieure à celui à N2O. Il est difficile d’établir un protocole stricte car la sévérité de la pathologie est variable d’un sujet à l’autre. Les cas qui répondent au traitement médical requièrent un traitement cryochirurgical moins lourd, par contre les cas chroniques, réfractaires au traitement médical peuvent s’avérer difficiles à contrôler même avec la cryochirurgie. La cryoapplication n’est pas sans effets secondaires. Le chémosis et l’uvéite sont les principaux problèmes rencontrés dans cette étude. L’augmentation transitoire de P.I.O., souvent décrite, n’a pas été notée ici, et cela grâce à l’utilisation systématique d’inhibiteur de l’anhydrase carbonique. Le traitement anti-inflammatoire systémique permet de contrôler le chémosis et l’uvéite. L’inconfort post-opératoire rétrocède ainsi en 24 à 48 heures. La cryothérapie est un mode de traitement utile pour de nombreux types de glaucomes, cependant, les glaucomes secondaires à une luxation du cristallin ou à une tumeur intraoculaire ne répondent que faiblement à la cryothérapie. Néanmoins, dans cette étude, on estime que la cryoapplication est une bonne alternative thérapeutique. Elle permet d’éviter l’énucléation ou l’implantation de prothèse intraoculaire sur des yeux non visuels (cas hélas le plus fréquent du fait de la prise en charge tardive des chiens glaucomateux. 63 2-Etude de Brightman et al Les objectifs de cette étude (08) sont; -décrire les techniques cryochirurgicales employées pour traiter les différentes formes de glaucome chez le chien, -proposer un protocole cryochirurgical de traitement du glaucome. a/Matériel et méthode Les chiens sont anesthésiés et on procède à une canthotomie temporale si besoin. On utilise une cryode à N2O de 25mm de diamètre à son extrémité. Les points de cryocoagulation, au nombre de 3 à 7 sur l’hémi-circonférence dorsale du globe, sont repérés à l’aide d’un pied à coulisse avec lequel on mesure une distance de 5mm en arrière du limbe. En post-opératoire, les chiens reçoivent5mg de triamcinolone par voie sous-conjonctivale, des collyres myotiques ainsi qu’un inhibiteur de l’anhydrase carbonique per os. Cette dernière molécule étant administrée jusqu’à ce que la P.I.O. soit sub-normale. Le traitement myotique en topique est continué si le glaucome avait pour origine une fermeture de l’angle. b/ Revue de cas Quarante-quatre cryothérapies ont été pratiquées sur les yeux de 20chiens atteints de glaucome. Les cryoapplications avaient pour indication : -cesser le traitement médical anti-glaucomateux (24 yeux), -remédier à une chirurgie de filtration infructueuse (6 yeux), -remédier à un échec de cryothérapie (14yeux). L’âge moyen des chiens dans cette étude est de 8ans et ½ lors de la première cryothérapie. On ne note pas de prédisposition raciale ou sexuelle. Sept chiens parmi les 20 subissent une cryothérapie bilatérale. Sept yeux encore visuels et 37 non fonctionnels sont traités. La thérapeutique pré-opératoire anti-glaucomateuse est entreprise dans tous les cas. On effectue de 4 à 8 points de d’application de froid (6 points pour une majorité d’yeux) pendant 1minute et ½ en moyenne avec une cryode dont la température moyenne se maintient à –74.75°C. La P.I.O. préopératoire moyenne s’élève à 39.10mmHg contre 23.20mmHg vingt quatre heures après l’opération (soit une baisse de 14.38mmHg). Les chiens sont ensuite suivis pendant 36 semaines en moyenne et la P.I.O moyenne lors du dernier contrôle est de 22.54mmHg (soit une baisse de 15.39mmHg par rapport à la P.I.O. préopératoire). La seule complication notable concerne un cas de phtisis bulbi survenu 6 mois après le traitement, sur un oeil ayant reçu 8 points de congélation. En post-opératoire immédiat, tous les animaux présentent de la conjonctivite. Elle rétrocède en 10 jours. Quatre chiens, aveugles, on recouvré une vision partielle, appréciée par leur capacité de déplacement. 64 c/ Discussion Cette étude montre, avec un recul de 2,7 ans, que la cryochirurgie est une alternative acceptable aux chirurgies conventionnelles du glaucome. Le nombre de points de congélation est laissé à l’appréciation de chirurgien en se basant sur la sévérité du glaucome. On retient ici comme indicateur de la gravité du cas, le degré de réponse au traitement anti-glaucomateux (inhibiteur de l’anhydrase carbonique et collyres myotiques). Les cas réfractaires au traitement médical semblent nécessiter une cryothérapie plus conséquente. L’importance de la conjonctivite post-opératoire semble être davantage liée à la manipulation des tissus qu’au nombre de points de congélation. L’usage des corticoïdes est indiqué pour réduire l’inflammation post-opératoire et le risque d’œdème choroïdien (non décrit dans cette étude). De ces différentes études de cyclocryothérapie, il ressort que cette méthode permet bien un contrôle efficace et durable de la PIO des yeux glaucomateux. La procédure présente les avantages d’être relativement sûre, rapide, non invasive et répétable au besoin. Par contre ses effets secondaires ne sont pas négligeables, au nombre desquels on retrouve le chémosis, l’inconfort, l’augmentation transitoire de la PIO, et le décollement de rétine. Ils sont néanmoins nettement amoindris par une thérapeutique médicale anti-glaucomateuse et antiinflammatoire. Plusieurs auteurs soulignent qu’un protocole rigide est difficile à établir car l’instrumentation, l’expérience du chirurgien et la sévérité de chaque cas sont autant de facteurs de variation (38). 65 C/ ETUDE CLINIQUE ENVA 1996-1997 L’objectif de cette étude est de décrire les protocoles opératoires et les résultats obtenus sur le chiens glaucomateux présentés à l’E.N.V.A. en 1996 et 1997. 1-Matériel et méthode a/ Choix des animaux rentrant dans le cadre de cette étude Les 13 chiens participant à cette étude rétrospective sont des patients du service d’ophtalmologie de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort. Dans la majorité des cas (14 yeux sur 16), l’affection est ancienne, l’aspect de l’œil est modifié et la vision est abolie. Ce sont des glaucomes au stade terminal pour lesquels la cryoapplication est une bonne indication. Dans 2 cas la cryothérapie est pratiquée sur des yeux encore fonctionnels. La sélection des chiens candidats à la cryothérapie ne s’est pas faite à l’aveugle, sans but de comparaison avec un autre mode de traitement. Il n’y avait donc pas de lot témoin. Les conditions de cette étude sont celles de la clinique avec des protocoles de traitement choisis en fonction de l’appréciation du clinicien. En effet , certains glaucomes ne nous paraissant pas relever de la cryothérapie ont fait l’objet d’autres traitements. Parfois nous avons proposé l’énucléation pour des yeux non fonctionnels, d’aspect très dégradé et quand cette alternative ne heurtait pas la sensibilité du propriétaire. Pour certains chiens, dont les propriétaires étaient attachés à préserver l’esthétique de la face de l’animal, nous avons choisis de poser une prothèse de silicone intra-sclérale après éviscération du globe. Quelques glaucomes ont pu être stabilisés par un traitement médical, d’autres ont fait l’objet d’un traitement chirurgical spécifique (exérèse du cristallin luxé ou technique de fistulisation). Le cadre de cette étude, bien qu’éloigné des conditions expérimentales et concernant un nombre restreint d’animaux, permettent d’envisager la cryothérapie en tant que pratique clinique proche de l’ophtalmie vétérinaire rencontrée en clientèle. b/ Matériel L’appareil choisi dans le cadre de cette étude est une unité portable de cryochirurgie libérant de l’azote liquide (Cryospray ®). Ces dimensions en font un appareil maniable, en effet, il mesure 32 cm de haut pour un diamètre de 6.4 cm, et pèse 600 g. Il se compose de 3 parties : - un réservoir adiabatique en acier inoxydable pressurisé disposant d’une isolation par le vide dans un carter à double paroi. Ce récipient permet de contenir 0.45 l d’azote liquide à une pression de 0.5 à 0.7 kPa, - un capot supérieur vissé associé à une poignée permettant un débit contenu et réglable, 66 - deux dispositifs de libération du cryogène , soient des canules de pulvérisation de différents diamètre (0.5 mm, 0.6 mm et 0.7 mm), soit un embout de contact pour un traitement par cryoapplication. Figure 5 :Cryospray ® c/ Protocole opératoire Les chiens, sous anesthésie générale (métomidine et kétamine) sont placés en décubitus latéral, l’œil à traiter en position superficielle. Ils ont reçu, une pré-médication antiinflammatoire (acide tolfénamique) par voie sous-cutanée. Les sites d’application de froid sont régulièrement répartis sur la circonférence du globe, à 4mm en arrière du limbe en regard des corps ciliaires. L’azote liquide est appliqué par voie trans-sclérale selon deux modalités, soit en pulvérisation de 30 secondes sur 4 points du globe, soit par contact avec la cryode pendant une durée de 40 secondes à 1 minute sur 6 à 8 points du globe. La cryopulvérisation s’effectue au moyen de la canule de taille intermédiaire (0.6mm de diamètre). Le choix du moyen d’application du froid (pulvérisation ou contact) s’est effectué selon des critères cliniques. En post-opératoire, les chiens reçoivent une pommade ophtalmique anti-inflammatoire et antibiotique (Maxidrol ®), 3 fois par jour pendant 15 jours. Ils sont contrôlés à 8 jours puis 1 mois après l’opération. La thérapeutique anti-glaucomateuse n’est pas systématique mais envisagée au cas par cas. 2-Résultats obtenus a/ Revue de cas • Cas N°1 : un mâle de race Fox Terrier croisé, âgé de 10 ans est vu à la consultation avec un glaucome sur l’œil gauche, ancien avec perte de vision. L’œil est cataracté et la PIO est de 50 mmHg. Il subit 4 points d’application de froid à la cryode pendant 1 minute. Un ulcère de cornée présent le jour du traitement impose de réaliser une 67 tarsorraphie d’une durée de 8 jours. Lors du contrôle à 8 jours, la PIO est de 15 mmHg, l’ulcère est toujours présent et on note une inflammation profonde de l’œil. Le traitement adjuvant entrepris comprend antibiotique, AINS et β-bloquant par voie locale. Lors du contrôle après 1 mois, la PIO est descendue à 6 mmHg, on note une rougeur oculaire modérée et la présence de quelques néo vaisseaux cornéens profonds. Ce chien sera revu 1 mois plus tard avec une PIO stable et une hyperhémie conjonctivale discrète. • Cas N°2 : un mâle Caniche de 9 ans est atteint d’un glaucome consécutif à une opération de cataracte. La P.I.O. sur l’œil atteint est de 45 mmHg. La cryocoagulation est pratiquée par contact en 4 points pendant 40 s chacun. A j+8, la PIO reste élevée à 33 mmHg, et on note une légère décoloration palpébrale dans l’angle nasal. Un traitement anti-glaucomateux systémique est instauré (acétazolamide). A j+1 mois, la PIO est de 14 mmHg et une injection sous conjonctivale de triamcinolone est pratiquée. Le chien est revu 2 mois après l’intervention, ; la PIO est stabilisée à 20 mmHg après suspension du traitement à l’acétazolamide. • Cas N°3 : un mâle fox terrier de 9 ans, présente un glaucome avec une PIO de 51 mmHg, consécutif à une exérèse de cristallin luxé. L’œil est fonctionnel. Il a subi 4 points d’application de froid, à la cryode pendant 1 minute. A j+8, la PIO est de 11 mmHg, on note une légère hyperhémie conjonctivale et la vision est conservée. Un mois plus tard, l’examen est le même, la PIO est stable, les conjonctives sont calmes, la vision est conservée, on note seulement une œdème de cornée persistant. • Cas N°4 : une chienne Caniche de 8 ans, atteinte de cataracte bilatérale, présente sur l’œil gauche un glaucome avec une PIO de 52 mmHg, ainsi qu’une perte de vision. La cryocoagulation est pratiquée à la cryode en 6 points pendant 1 minute. A j+8, la PIO est effondrée à 5 mmHg, on note une hyperhémie conjonctivale discrète et le cristallin a pris une teinte jaunâtre. A j+1 mois, la PIO est toujours très basse (3 mmHg) et l’œil est calme. La décoloration du cristallin persiste. • Cas N°5 : une chienne Berger Belge de 7 ans, est présentée à la consultation pour un glaucome sur l’œil droit d’origine traumatique. L’aspect de l’œil est très modifié avec hyphéma, fissures de la membrane de Desmet et œdème de cornée. La PIO est de 31 mmHg et la vision est abolie. On pratique une cryoapplication en 5 points durant 1 minute. A j+8, on constate une hyperhémie conjonctivale, un œdème diffus et une néovascularisation profonde de la cornée. L’œil est toujours buphtalme et la PIO est de 15 mmHg. A j+1 mois, l’hyperhémie conjonctivale est toujours importante, on note un début d’atrophie du globe et la PIO est de 3 mmHg. Par ailleurs le propriétaire nous signale une nette amélioration du comportement de sa chienne. Elle lui semble plus vive et plus joueuse alors qu’elle était prostrée avant l’intervention. Ceci peut être mis en relation avec la suppression de la douleur liée à l’hypertonie de l’œil. • Cas N°6 : un Caniche mâle de 10 ans, est suivi pour un glaucome au stade terminal sur l’œil gauche, depuis six mois. L’œil atteint présente une kératite pigmentaire ulcérative, sa PIO est de 50 mmHg. Il subit 6 point de d’application de froid pendant 40 secondes. Une semaine plus tard on note une décoloration partielle du bord libre palpébral, un chémosis et une buphtalmie persistante avec une PIO de 12 mmHg. Au contrôle 1 mois plus tard la PIO a chuté à 3 mmHg mais un ulcère cornéen profond nous conduit à décider d’une énucléation devant le risque de perforation oculaire. 68 Figure 6 : Œil gauche du cas n°6, un mois post-opératoire • Cas N° 7 : un Basset Artésien mâle de 10 ans, est atteint d’un glaucome au stade terminal depuis quelques mois. La PIO est de 67 mmHg. Ce glaucome avait précédemment fait l’objet d’une chirurgie de fistulisation qui s’était révélée infructueuse en raison de la cicatrisation exubérante de la voie de filtration artificielle. La cryocoagulation a été pratiquée par pulvérisation d’azote sur 4 points pendant 30 secondes. A j+8, la PIO est de 30 mmHg et un ulcère cornéen profond nous conduit à réaliser une tarsorraphie. Un mois plus tard, la cornée est cicatrisée mais reste opaque, la PIO est de 5 mmHg. • Cas N° 8 : un Setter Anglais mâle de 10 ans, est atteint d’un glaucome d’origine inconnue sur l’œil gauche. Cet œil, non fonctionnel, présente un hyphéma et sa PIO est de 40 mmHg. On pratique sur ce chien une pulvérisation d’azote liquide en 4 points pendant 30 secondes. A j+8, la PIO est de 35 mmHg, l’œil est toujours buphtalme. On note une décoloration palpébrale et une néo-vascularisation cornéenne profonde. A 1 mois post opératoire, l’œil n’étant toujours pas normotensif, une seconde cryocoagulation est pratiquée. Cette fois on réalise une cryo-application à la sonde en 7 points et durant 1 minute. A j+8, la PIO est de 15 mmHg, l’hyperhémie conjonctivale est importante et la buphtalmie persiste. Un mois plus tard, la PIO est de 5 mmHg et l’œil est calme. • Cas N° 9 : une Caniche femelle de 12 ans est atteinte de cataracte bilatérale. Elle présente en outre un glaucome sur l’œil droit (P.I.O =45mmHg). Ce glaucome évolue depuis 2 mois et l’œil n’est plus fonctionnel. Il est traité par cryo-application en 5 points pendant 30secondes (pour 3 points) et pendant 1 minute (pour 2 points) Lors du contrôle à 8 jours , on constate une légère hyperhémie de la conjonctive bulbaire, une décoloration modérée des paupières inférieures et supérieures dans l’angle interne. La PIO est de 5 mmHg. La chienne ne manifeste pas de douleur. A j+1 mois, la PIO est remontée à 15 mmHg, l’œil semble calme, on note un discret œdème cornéen et la décoloration palpébrale persiste. A 2 mois ½, la chienne est revue avec une PIO de 45 mmHg, l’œil est calme mais légèrement buphtalme. Une seconde cryoapplication est entreprise (5 points de froid pendant 1 minute). Le contrôle à 8 jours, révèle un changement de couleur du cristallin qui apparaît plus ou moins vert. La PIO est de 8 mmHg et l’œil est calme. Un mois après la seconde intervention, la PIO reste basse (9 mmHg), et le cristallin est redevenu bleuté. L’œil est calme. 69 Figure 7 : Œil droit du cas n°9, 8 jours post-opératoire • Cas N° 10 : un Cavalier King Charles de 5 ans, est référé à l’E.N.V.A. pour un glaucome bilatéral consécutif à des chirurgie de cataracte. L’œil gauche, non fonctionnel, a une PIO de 50 mmHg. L’œil droit, encore visuel, a une PIO de 45 mmHg. Ce chien par ailleurs reçoit un traitement topique anti-glaucomateux. Sur l’œil gauche on pratique une cryopulvérisation d’azote, en quatre points pendant 30 secondes, alors que sur l’œil droit on préfère une cryoapplication en quatre points pendant 1 minute, afin de générer moins de dommages sur les tissus environnants, pour conserver la vision. Au contrôle à 8 jours, on remarque que l’œil gauche présente une décoloration palpébrale des ⅔ de la paupière inférieure, au niveau de l’angle interne, les conjonctives sont modérément enflammées. Cet œil semble douloureux et sa ¨PIO est de 7 mmHg. L’œil droit présente une hyperhémie conjonctivale modérée, une PIO de 9 mmHg et il existe une vision résiduelle. Après 1 mois, l’œil gauche est stable, sa PIO est de 10 mmHg, la décoloration palpébrale persiste (elle s’estompera 2 mois après l’intervention). L’œil droit, quant à lui, conserve une certaine vision résiduelle, mais la PIO est remontée à 30 mmHg. La reprise d’un traitement médical anti-glaucomateux par voie locale (Trusopt ®, Timoptol 0.25 ® et Ocufen ®) a permis de stabiliser la PIO à 22 mmHg tout en conservant la vision. Figure 8 : Œil gauche du cas n°10, deux mois post-opératoire 70 Figure 9 :Œil droit du cas n° 10, deux mois post-opératoire • Cas N° 11 : une Caniche femelle de 10 ans, présente un glaucome de l’œil droit secondaire à une luxation du cristallin. La PIO est de 32 mmHg. On réalise une cryoapplication en 6 points pendant 40 secondes. Au contrôle à j+8, la PIO est effondrée à 3mmHg, les conjonctives palpébrales sont hyperhémiées et la chienne ne manifeste pas de douleur. Un mois après l’intervention, la PIO reste basse et l’œil est calme. • Cas N° 12 : un Sealhyam Terrier de 7 ans, est suivi à l’E.N.V.A. pour une luxation cristallinienne bilatérale. Quatre ans après l’exérèse du cristallin droit et quelques mois après celle du gauche, malgré un traitement préventif anti-glaucomateux, une hypertension est survenue sur les deux yeux (PIO respective de 40 mmHg et 34 mmHg). On pratique une cryoapplication en 8 points sur l’œil droit (6 fois 1 minute et 2 fois 30 secondes) et en 6 points sur l’œil gauche (5 fois 1 minute et 1 fois 30 secondes). A J+8 jours, on constate sur l’œil droit, une hyperhémie conjonctivale modérée, un œdème cornéen central et une uvéite mise en évidence par l’effet Tyndall. L’œil droit est normotensif (22 mmHg). L’examen de l’œil gauche révèle les mêmes signes cliniques mais on note une importante hypertonie post-opératoire (78 mmHg). Un mois plus tard, l’œil droit est le siège d’une discrète hyperhémie conjonctivale et d’une néo-vascularisation cornéenne. Sa PIO est de 13 mmHg. L’œil gauche restant hypertensif (53 mmHg), il est le siège d’une légère hyperhémie conjonctivale. Un dernier contrôle est réalisé 2 mois après l’intervention, on note alors une tension oculaire satisfaisante sur les deux yeux (15 mmHg à droite et 30 mmHg à gauche). • Cas N° 13 : une chienne Husky de 6 ans, est référée à l’E.N.V.A. pour un glaucome sur l’œil droit (50 mmHg) et une hypertonie débutante à gauche (35 mmHg). La cryocoagulation est envisagée d’emblée, l’instillation de collyre étant mal acceptée par la chienne. Cet animal subit une cryoapplication en 5 points sur l’œil droit (3 fois 1 minute et 2 fois 45 secondes) et en 3 points sur l’œil gauche. Huit jours après l’intervention, l’œil droit est calme, on observe une sub-luxation postérieure du cristallin, et la PIO est de 35 mmHg. L’œil gauche est calme et normotensif (20 mmHg). Le contrôle à 1 mois post-opératoire révèle un œil droit hypertensif (50 mmHg) et un œil gauche quasiment normotensif (27 mmHg). Une seconde cryoapplication est décidée sur l’œil droit. On pratique alors une cryopulvérisation d’azote liquide avec la canule de taille moyenne en 3 points pendant 30 secondes. Au contrôle à j+8, l’œil droit est calme avec une tension de 17 mmHg et on note une 71 légère décoloration palpébrale. Au contrôle suivant les deux yeux restant normotensifs. b/ Critères d’évaluation de l’efficacité thérapeutique Les résultats sont évalués lors des contrôles effectués à 1 semaine et à 1 mois après l’intervention. Ont été pris en compte l’aspect de l’œil et la PIO, l’absence de douleur spontanée, la nécessité de poursuivre le traitement médical (anti-inflammatoires et antiglaucomateux) à long terme.Ces critères d’évaluation facilement observables en clinique, sont inspirés des critères de jugement de B. Clerc lors de l’étude du traitement du glaucome par injection intra-vitréenne de gentamicine (17). Il sont regroupés dans le tableau suivant 72 SATISFAISANTS NON SATISFAISANTS Aspect Volume P.I.O Douleur Inflammation oculaire Excellent Aspect normal Volume normal Œil normo-tensif non non Bon Aspect sensiblement normal non non Acceptable Modification notable d’aspect non Non ou exceptionnelle Médiocre Modification notable d’aspect oui Fréquente Echec Hypertonie persistante oui oui Tableau 2 : Critères d’évaluation de l’efficacité thérapeutique des cryocoagulations D’après Clerc (17) c/ Résultats Les 19 procédures de cryocoagulation réalisées donnent lieu à 13 cas satisfaisants et 6 non satisfaisants. On relève 5 excellents résultats , 5 bons résultats (la PIO étant satisfaisante mais l’aspect de l’œil est un peu modifié). Parmi les 3 résultats jugés acceptables, 2 cas ont fait l’objet d’ulcères cornéens post-opératoires et 1 cas révèle un début d’ atrophie du globe. Pour les 2 cas dont le résultat est médiocre la PIO doit être contrôlée par un traitement antiglaucomateux. Les 4 échecs sont dus pour la majorité à une efficacité insuffisante de la cryothérapie. En effet 3 procédures ont été reprises, la PIO étant insuffisamment abaissée. Les 3 reprises de cryothérapie donnent lieu à des résultats satisfaisants (2 excellents et 1 bon). Un seul cas a conduit à une énucléation en raison d’un ulcère profond constaté 1 mois après l’intervention. L’ensemble de ces résultats est consigné dans le tableau suivant 73 P.I.O Préoprératoire P.I.O à j+8 P.I.O à j+30 (mmhg) (mmHg) Résultat (mmHg) Cas n°1 50 15 6 Acceptable Cas n°2 45 33 15 Bon Cas n°3 51 11 11 Excellent Cas n°4 52 5 3 Bon Cas n°5 31 15 3 Acceptable Début atrophie du globe Cas n°6 50 12 3 Echec Ulcère profond,à énucléer Cas n°7 67 30 5 Acceptable ulcère cornéen Cas n°8 40 35 Echec Cas n°8 bis 35 15 5 Bon Cas n°9 45 5 45 Echec Cas n°9 bis 45 8 9 Excellent Cas n°10 droit 45 9 30 Médiocre Traitement adjuvant antiglaucomateux Cas n°10 gauche 50 7 10 Excellent Cas n°11 32 3 3 Bon Cas n°12 droit 40 22 13 Bon Cas n°12 gauche 34 78 53 Médiocre Traitement adjuvant antiglaucomateux Cas n°13 droit 50 35 Cas n°13 droit bis 50 17 Cas n°13 gauche 35 20 Tableau 3 :Revue de cas 74 50 Echec Excellent 27 Excellent 3/ Discussion a / Comparaison avec d’autres études Cette étude a pour objectif d’évaluer l’efficacité de la cryocoagulation des corps ciliaires en tant que méthode pour abaisser la P.I.O. d’yeux atteints de glaucome dans l’espèce canine. Nous constatons 13 résultats satisfaisants sur les 19 procédures de cryocoagulation pratiquées. Ramené en pourcentage, ce résultat correspond à un taux de réussite de 68%.Bien que le nombre de patients soit assez peu élevé, il est intéressant de comparer ce résultat à ceux obtenus par d’autres. Dans son étude Aragon (01) relève un taux d’échec de 27% après la première cryocoagulation, ce qui est assez comparable avec nos résultats. En effets 3 yeux sur 16 ont nécessité une seconde intervention. Par suite d’une mauvaise réponse à la première procédure de cryothérapie. Dans notre étude, la P.I.O. de ces 3 yeux a été normalisée par la seconde intervention alors que la reprise de cryocoagulation s’est avérée infructueuse dans l’étude réalisée par Aragon. Dans une étude menée chez l’homme, Vesti et al (46) obtiennent le contrôle de la P.I.O. dans 50% des cas et le contrôle de la douleur dans 92% des cas (cas pour lesquels la douleur constituait l’indication opératoire). Cette étude peut se rapprocher de celle menée à l’E.N.VA. car les indications pour pratiquer la cryocoagulation sont assez similaires. Il s’agissait de traiter des glaucomes secondaires d’étiologies diverses dont la pression était incontrôlée médicalement. L’autre indication majeur était la gestion de la douleur liée à la maladie glaucomateuse. Cette étude traitait aussi de la vision résiduelle et de son amélioration suite à la procédure mais cet aspect nous est plus difficile à transposer au chien. Nous avons néanmoins noté, en ce qui concerne la douleur, une nette amélioration du comportement chez une chienne (cas n°6) après l’intervention. Pour ce qui est de la vision, deux yeux qui sont encore fonctionnels lors de la cryothérapie (cas n°10, œil droit et cas n° 3) le restent après traitement. En post-opératoire, il reste une vision résiduelle (appréciée par la capacité de chien à se déplacer dans un lieu inconnu et par le réflexe de clignement à la menace) mais on ne peut savoir si elle a été améliorée par la procédure. D’après Brightman et al (08) un des indicateurs de la sévérité du glaucome est la réponse, en terme de baisse de la P.I.O., obtenue avec l’usage des inhibiteurs de l’anhydrase carbonique. Il remarque que les cas aisément contrôlés par le traitement médical semblent répondre à une cryothérapie moins extensive que ceux réfractaires aux traitements médicaux. Cette constatation ne se retrouve pas dans notre étude car seuls 3 yeux n’étaient pas atteints de glaucome au stade terminal. Dans la grande majorité des cas, l’hypertension, datant de plusieurs semaines ou de plusieurs au moment de la consultation, n’était pas contrôlée médicalement. Aussi, nous n’avons pas pu mettre en évidence cette tendance d’une meilleure réponse thérapeutique lors d’hypertension contrôlable médicalement. b/ Evaluations distinctes des cryoapplications et des cryopulvérisations Le but de notre étude n’étant pas de comparer les deux méthodes, nous n’avons pas procédé à un tirage au sort pour déterminer quels chiens subiraient une cryopulvérisation plutôt qu’une application à la sonde. Les critères de choix de l’une ou l’autre sont essentiellement pratiques. En effet il faut un accès large à la sclère pour employer le spray. La cryopulvérisation gelant une surface plus étendue, nous l’avons réservée à des animaux de 75 grande taille (Setter, Husky…) ou à des chiens présentant une large ouverture palpébrale (Cavalier King Charles, Basset Artésien). Quant à la cryosonde, son emploi s’est imposé naturellement sur des animaux de petit format (Caniche, Sealhyam Terrier) et sur des chiens présentant un œil petit logé dans une orbite profonde (Fox Terrier). On remarque d’emblée que les procédures de cryopulvérisations (au nombre de 4) ont été bien moins fréquentes que celles de cryoapplications (au nombre de 15). Chacune des méthodes donne les résultats suivants : Résultat Excellent Bon Acceptable Médiocre Echec Cryode (nb de cas) 3 5 2 2 3 Spray(nb de cas) 2 0 1 0 1 Tableau 4 : Résultats séparés des cryoapplications et des cryopulvérisations L’utilisation du spray permet d’obtenir 3 résultats satisfaisants sur 4 cas. Quant à l’application par contact, elle donne satisfaction dans 10 cas sur 15. Les échecs sont le plus souvent dus à une P.I.O insuffisamment abaissée. Pour les animaux concernés (cas n°8,9,13 œil droit) une reprise de la procédure de cryocoagulation offre de bons résultats qu’elle soit effectuée par contact (cas n°8,9) ou par pulvérisation (cas n°13 œil droit). Les complications observée sont de même type quelque soit la méthode employée. On observe des cas de décolorations palpébrale, des ulcères cornéens, des changements de couleurs du cristallin et des cas où persiste une P.I.O élevée. Les complications , en fonction de la méthode employée se distribuent ainsi : Complications Décoloration palpébrale Ulcère cornéen Cristallin (teinte jaunâtre) P.I.O incontrôlée Cryode (nb de cas) 4 2 2 4 Spray (nb de cas) 3 1 0 1 Tableau 5 : Complications distinctes des cryoapplications et des cryopulvérisations Les différences notables entre ces deux méthodes sont les suivantes : les cas de décolorations palpébrales engendrés par la cryopulvérisation concernent une plus grande surface que lors de cryoapplication et aucun changement de couleur du cristallin n’est survenu lors de cryopulvérisation. On peut penser que cela n’est pas du à la méthode. En effet , cela ne s’est produit que sur des cristallins préalablement cataractés et il s’est trouvé que nous n’avons pas traité par cryopulvérisation d’animaux atteints de cataracte. 76 c / Complications observées Ces effets secondaires des cryothérapies sont ceux observés en consultation, les complications ne sont pas étudiées au niveau histologique. Les complications décrites ici, concernent les paupières, le segment antérieur de l’œil et la P.I.O. Nous avons observé des cas de décoloration palpébrale, d’ulcères cornéens, des changements de couleur du cristallin et des cas de PIO insuffisamment abaissée. La décoloration palpébrale est une complication fréquemment rencontrée avec notre protocole opératoire. Elle concerne 7 des 16 yeux traités. Elle se rencontre avec l’emploi de la cryode (4 cas), ainsi que lors de cryopulvérisation d’azote liquide (3 cas). La dépigmentation est un suite fréquente en cryochirurgie dermatologique (28). La repigmentation peut prendre plusieurs mois. Dans notre étude elle est le plus souvent transitoire. Elle ne persiste plus d’un mois que dans 2 cas. Nous n’avons pas remarqué d’alopécie post-opératoire comme cela peut arriver en dermatologie. La décoloration palpébrale n’est donc qu’un effet indésirable transitoire, ne nécessitant pas de traitement et pour lequel il suffit de prévenir le propriétaire. Nous avons rencontré 3 cas d’ulcères cornéens. Ils se caractérisent par leur position centrale, leur profondeur importante dans le stroma cornéen, leur extension rapide et leur cicatrisation lente. Dans 2 cas ces ulcères étaient cicatrisés au contrôle à 1 mois post opératoire. L’un des deux ayant nécessité une tarsorraphie. Un cas d’ulcère très profond faisant craindre une perforation a conduit à l’énucléation. Dans ce cas le chien souffrait avant le traitement d’une kératite pigmentaire et ulcérative. Deux cas de changement de couleur du cristallin se sont produits. Ils concernaient des cristallins cataractés. On constate 8 jours après l’intervention (ou après reprise de cryothérapie), que le cristallin prend une teinte jaune-verte, ce qui ne semble pas être associé à des signes d’uvéite. La complication majeure des procédures de cryocoagulation est l’échec thérapeutique dû à la persistance d’une PIO élevée. Elle est survenue dans 3 cas. Le mode d’application de froid ne semble pas être en cause (1 cas de cryopulvérisation et 2 cas de cryoapplication). La persistance d’une hypertonie ou la remontée de la PIO proviennent d’une destruction insuffisante des cellules des corps ciliaires. Il se peut qu’après une inactivation temporaire par le froid, la régénération de l’épithélium ciliaire ait permis la reprise de sécrétion de l’humeur aqueuse. Dans notre protocole, seul un contrôle visuel de l’étendue de la boule de glace était effectué et on sait qu’il ne donne qu’une évaluation approximative du volume cellulaire réellement congelé. Ce mode de contrôle ne permet pas de connaître la température des corps ciliaires pour savoir si les -13°C requis pour la cryonécrose (37) sont atteints. L’utilisation de l’impédancemètre avec 1500 kΩ d’impédance (mesurés entre la sonde et la plaque neutre placée sous la tête du chien) comme valeur seuil permet une évaluation plus précise du temps de congélation nécessaire (01). Mais cette méthode, employée par Aragon, ne mesurant pas directement la température des corps ciliaires, n’empêche pas quelques échecs thérapeutiques par insuffisance de congélation (3 cas sur 11). La méthode la plus efficace serait la mesure directe de température des corps ciliaires par thermocouple comme cela est fait lors de nombreuses études expérimentales (37,08). Une autre cause d’échec peut être envisagée : le positionnement inadéquat de la sonde. Il a été démontré,chez l’homme (46), que la localisation précise des corps ciliaires par 77 transillumination permettait d’accroître le taux de réussite de la cryothérapie. A ce titre, il serait intéressant de pratiquer un examen anatomo-pathologique sur les yeux dont le traitement a échoué afin de vérifier si l’application de froid était convenablement localisée. L’augmentation transitoire de PIO est une complication possible de la cyclocryothérapie. Vestre (49) constate une élévation de PIO post opératoire sur 5 chiens parmi 22, jusqu’à 37.2 mmHg sur des yeux normo-tensifs avant l’intervention. Elle persiste au maximum pendant 3 jours. Dans notre étude, cette hypertonie transitoire n’a pas été mise en évidence, le premier contrôle étant réalisé 8 jours après l’intervention (38). L’utilisation d’inhibiteurs de l’anhydrase carbonique pendant 72 heures minimum après l’intervention semble éviter cet effet secondaire. En effet aucun cas d’augmentation transitoire de PIO en post-opératoire immédiat n’est relaté dans cette étude. Brightman et Vestre (08) proposent un protocole opératoire incluant une hospitalisation systématique de 72 heures permettant un suivi de la P.I.O.. Vestre et Brightman (48) notent une complication assez fréquente : le décollement de rétine (il atteint 14 chiens sur 22). Ces décollements sont repérés 4 jours après l’intervention et rétrocèdent en 10 à 20 jours. Ils sont dus à une exsudation choroïdienne. Tous les yeux de cette étude font l’objet d’un examen anatomopathologique ce qui n’est pas le cas en clinique. De plus dans bon nombre de cas, les milieux oculaires n’étant pas transparents, l’observation du segment postérieur de l’œil est difficilement praticable. Ainsi, dans notre étude, nous n’avons pas relevé de décollement de rétine. L’administration d’anti-inflammatoires semble également prévenir cette complication (08). Enfin une complication fréquemment décrite (38,48), l’uvéite, est assez difficile à objectiver. Les signes cliniques de l’uvéite sont : le blépharospasme, l’épiphora, l’hyperhémie conjonctivale, le myosis et l’hypotonie. Le myosis n’est jamais observé, la plupart de ces yeux sont en mydriase aréflexique du fait du glaucome déjà ancien lors de la première consultation. Le blépharospasme et l’épiphora , signes d’inconfort, peuvent être présents en pré-opératoire aussi bien qu’en post-opératoire. Quant à l’hypotension oculaire il est difficile de quantifier la baisse de P.I.O due à la cryonécrose et celle due à une réelle uvéite. La chambre antérieure de certains yeux n’est plus transparente lors du premier examen (cas n°5 : œdème de cornée et hyphéma, cas n°8 : hyphéma) ce qui ne facilite pas la mise en évidence de signes d’uvéite. Cependant nous avons rencontré un cas d’uvéite bilatérale , mise en évidence par l’effet Tyndall , au contrôle post –opératoire à 8 jours chez le chien n° 12. De même on peut penser que l’atrophie du globe du cas n° 5 , constatée un mois après la cryoapplication, est une suite d’uvéite. 78 79 Conclusion La cryothérapie se révèle être une méthode utile en médecine vétérinaire et plus spécifiquement en ophtalmologie. Cette méthode présente de nombreuses indications dans cette spécialité dont le traitement du glaucome. Quelle que soit l’étiologie du glaucome (à l’exclusion d’un processus néoplasique intra-oculaire) la cryocoagulation des corps ciliaires est une technique adaptée. Elle tend à être supplantée par la photocoagulation. Mais l’utilisation du laser est encore beaucoup plus onéreuse que le matériel cryochirurgical. L’étude menée à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort montre que la cryocoagulation est une technique permettant de résoudre le traitement des glaucomes au stade terminal ne répondant pas à la thérapeutique médicale. Elle permet de contrôler la P.I.O., la douleur et de conserver un globe d’aspect acceptable (c'est-à-dire d’un volume sensiblement égal à l’œil controlatéral) dans 13 cas sur les 19traités. Les deux yeux encore fonctionnels lors du diagnostic ont conservé la vision après cryothérapie. Dans les 3 cas où la P.I.O. était insuffisamment abaissée par le premier traitement, une reprise de la procédure a permis de normaliser la tension. Cette technique est en outre simple à réaliser, avec du matériel facilement disponible en France et peu coûteux. Cela fait de la cryocoagulation des corps ciliaires une technique adaptée à l’exercice en clientèle, sous réserve d’avoir, à proximité de la clinique, la possibilité de s’approvisionner en azote liquide. Dans le cadre de notre étude, le cryogène nous était fourni par le CERCA, laboratoire présent sur le site de l’Ecole. Cependant notre étude ne permet pas de comparer la cryopulvérisation et la cryoapplication tant en ce qui concerne l’efficacité que l’intensité des complications en fonction de la technique employée. Pour cela il aurait fallu disposer d’un plus grand nombre de cas et tirer au sort les candidats à chacune des deux techniques. Une analyse histologique des yeux dont le traitement a échoué aurait sans doute permis d’expliquer les causes de reprise de l’hypertonie, parmi lesquelles on suspecte une cicatrisation des corps ciliaires insuffisamment détruits par le froid. Cela aurait néanmoins supposer de proposer l’énucléation systématique lors d’échec thérapeutique. Enfin, l’utilisation de thermocouples pour mesurer la température atteint par les corps ciliaires aurait peut-être permis d’éviter certains échecs thérapeutiques et de minimiser les risques de complication liées à une congélation excessive (dépigmentation palpébrale, ulcère cornéen notamment). Cependant cette technique nécessite du matériel qui n’était pas à notre disposition. En conclusion, cette étude constitue une démonstration de l’utilité de la cryochirurgie dans un domaine où les solutions sont généralement décevantes. Une étude prospective visant à comparer les deux techniques de cryodestruction par contact avec une sonde ou par pulvérisation d’azote liquide en constituerait la suite logique. 80 81 BIBLIOGRAPHIE 1-ARAGON A. : Contribution à l’étude de la cryothérapie en ophtalmologie vétérinaire. Utilisation d’un système à azote liquide : l’erbocryo-derm chez les carnivores. Thèse de Médecine Vétérinaire, Lyon, 1998, n° 44 2-AUDIGIE F. : Paupières : structure générale. 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