La voz animal en la literatur la segunda mitad oz animal en la

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La voz animal en la literatur la segunda mitad oz animal en la
UNIVE UNIVERSITÉ
UNIVER
DE PARIS -SORBONNE
ÉCOLE DOCTORALE IV
Centre de Recherches Interdisciplinaires sur
sur les Mondes
Ibériques Contemporains
THÈSE
pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE PARIS-SORBONNE
SORBONNE
Discipline/Spécialité : Études Romanes - Espagnol
Écrit par :
Alejandro RAMíREZ LÁMBARRY
La voz animal en la literatura hispanoamericana de
la segunda mitad del siglo XX
Sous la direction de :
Mme Milagros EZQUERRO
Professeur, Université Paris Sorbone Paris IV
La voix animale dans la littérature Hispano-américain de la deuxième partie du XXème siècle
Résumé
L’animal comme personnage et narrateur a été une figure présente depuis toujours dans la
mythologie, les fables et l’épique. Au XXème siècle, l’incertitude en face des idéologies
légitimatrices et l’émergence de nouvelles théories qui donnaient la parole aux opprimés, a
servi pour revigorer la voix de l’animal. Divers genres littéraires et plusieurs écrivains ont
utilisé cette voix. Notre recherche a comme but l’analyse de cette voix originelle dans les
œuvres des écrivains hispano-américains de la deuxième moitié du XXème siècle. Pour y
arriver, nous proposons l’identification d’un dessin général capable de répondre aux
questions suivantes: pourquoi et comment l’animal participe dans la littérature. Notre étude
est divisée en trois parties qui correspondent au dessin déjà mentionné. La première et la
deuxième partie font l’analyse de la voix satirique. La différence entre les deux voix se
trouve dans la cible de la satire. Pendant que la première critique et ridiculise les institutions
et idéologies humaines, la deuxième dénonce la relation de pouvoir entre l’humain et
l’animal. Finalement, nous faisons la recherche d’une voix narrative qui se concentre dans
la psychologie, le monde et l’anecdote du même animal.
Cette recherche propose de répondres à quelques questions qui motivent la participation de
l’animal dans la littérature hispano-américaine du XXème siècle, et la façon dont cette
participation se réalise. Nous espérons ainsi ouvrir le chemin para où la critique hispanoaméricain pourra s’intégrer à l’étude d’un des personnages et un des narrateurs les plus
intéressants : l’animal.
The animal voice in Hispano-American literature from the second half of the XXth century
Abstract
The animal character and the animal narrator have always played an important role, either
in mythology, fables and the epic. In the late twentieth century, the incertitude regarding the
metanarratives and the subsequent creation of theories that value the voice that were before
silenced, gave the animal voice a new strength. The animal has increasingly been used in
different genres and by several authors. Our research intends to analyze this voice, in the
work of Hispano-American authors from the second half of the XX century. In order to dos
this effectively, we have searched for patterns that will help us understand the why and the
how of animal literature. Our study is divided in three parts, based on the patterns we have
discovered in the texts. The first and second part of this study analyzes the satirical voice.
The difference between each voice has to do with the aim of their satire. While the first one
criticizes and ridicules human’s ideologies and institutions, the second one questions the
relationship of power established between humans and animals. In the third part, we inquire
on a voice that focuses itself on the psychology, the world and the adventures of the animal.
This study intends to clarify some of the reasons why the animal is used in the XX century
Hispano-American literature, and described the manner in which this happens. We hope to
create awareness in the Spanish academy about one of the most interesting characters and
narrators: the animal.
La voz animal en la literatura Hispanoamericana de la segunda mitad del siglo XX
Resumen
El animal como personaje y narrador ha estado siempre presente, ya sea en los mitos, las
fábulas y la épica. En el siglo XX, la incertidumbre ante los discursos legitimadores y el
surgimiento de nuevas teorías que privilegian la voz de los anteriormente silenciados, sirvió
para dar nueva fuerza al animal. Éste ha sido usado en diversos géneros y por una gran
variedad de autores. Nuestro trabajo tiene como objetivo el análisis de esta voz, en la obra
de los autores hispanoamericanos de la segunda mitad del siglo XX. Para ello, proponemos
la identificación de patrones, que nos ayuden a entender el porqué y el cómo del animal en
la literatura. El estudio se divide en tres partes, que corresponden a los patrones encontrados
en los textos. La primera y la segunda parte analizan la voz satírica. La diferencia entre
ambas voces radica en el blanco de la sátira. Mientras la primera censura y ridiculiza las
instituciones e ideologías humanas, la segunda hace lo propio con la relación de poder entre
el humano y el animal. En la tercera parte, nos abocamos al estudio de una voz se enfoca en
la psicología, el mundo y las aventuras del propio animal.
Este trabajo propone aclarar algunos motivos por los cuales el animal es usado en la
literatura del siglo XX hispanoamericana, y describir las maneras en que esto sucede. Con
ello, esperamos también abrir el camino para que la academia hispanoamericana se integre
también al estudio de uno de los personajes y narradores más interesantes: el animal.
Position de la thèse : « La voix animale dans la littérature hispano-américain de la deuxième
partie du XXème siècle »
Alejandro Ramírez Lámbarry
L’animal comme personnage et narrateur a été depuis toujours une figure présente dans la
mythologie, les fables et la littérature épique. Au XXème siècle, l’incertitude face aux
idéologies légitimatrices et à l’émergence de nouvelles théories qui donnaient la parole aux
opprimés a revigoré la voix de l’animal. Divers genres littéraires et plusieurs écrivains ont
utilisé cette voix. Notre recherche a comme but l’analyse de cette voix originale dans les
œuvres des écrivains hispano-américains de la deuxième moitié du XXème siècle. Pour ce
faire, nous proposons l’identification d’un schéma général capable de répondre aux questions
suivantes : pourquoi l’animal participe à la littérature et comment le fait-il.
Notre étude est divisée en trois parties qui correspondent à ce schéma. La première et
la deuxième partie font l’analyse de la voix satirique. Nous définissons la satire comme un
moyen de critique et censure qui utilise des modes d’expression obliques, comme l’allégorie
ou l’ironie, et qui a souvent recours à l’humour. L’animal satirique est anthropomorphiste :
un homme en déguisement. Nous ferons l’étude des deux voix satiriques différentes. La
différence entre les deux se trouve dans la cible de la satire. Pendant que la première, critique
et ridiculise les institutions et les idéologies humaines ; la deuxième, dénonce la relation de
pouvoir entre l’humain et l’animal. Finalement, la troisième partie de l’étude fait l’analyse de
la voix postmoderne. Cette voix s’intéresse dans la psychologie et le de l’animal.
Les romans de Luis Rafael Sánchez, Pablo Urbanyi et Ednodio Quintero,
respectivement Indiscreciones de un perro gringo, Silver et El rey de las ratas, ainsi que la
nouvelle “El policía de las ratas”, de Roberto Bolaño, appartient au premier type d’animal
satirique.
Le roman de Sánchez raconte le témoignage d’un chien au Grand Jury des États-Unis.
La raison du jugement est de découvrir si le président Clinton a eu une relation extra
conjugale avec Monica Lewinsky. Derrière ce jugement se cache une morale conservatrice et
hypocrite qui est ridiculisée par la voix du chien. Silver, le narrateur du roman de Urbanyi,
est un gorille capturé dans la jungle et qui est transporté au milieu de la civilisation
américaine. Victime d’innumérables injustices, Silver répond à tout avec résignation et bonté.
Le gorille finit par être le modèle moral plus fort et le plus consistant du roman, en opposition
à la méchanceté humaine. Quintero, dans son roman El rey de las ratas, fait l’allégorie d’un
système dictatorial. La société des rats qui travaillent de manière aveugle pour un roi immoral
est le sujet aussi de la nouvelle de Bolaño “El policía de las ratas”. Mais, si Quintero se
focalise sur l’esprit du dictateur, ayant comme résultat une narration d’un humour
rocambolesque, Bolaño, lui, adopte la vision d’un policier qui lutte pour un idéal de justice.
Les animaux du roman de Reinaldo Arenas, El portero, ceux des nouvelles de
Griselda Gambaro, “Perro 1”, “Perro 2” et “Perro 3”, et des nouvelles de Francisco Tario,
“La noche de la gallina” et “La noche del perro”, appartiennent à la deuxième voix satirique.
Ici, la cible de la satire est la relation de puissance verticale entre l’humain et l’animal.
Dans le roman El portero, les animaux forment avec le narrateur une association qui
lutte pour leur libération. À la fin, cette utopie se réalise au milieu de la jungle, où il n’y a pas
de maîtres. De leur côté, les nouvelles de Gambaro dénoncent trois manières dont on passe
sous silence la voix de l’animal : stéréotyper l’animal, le sous-estimer et imposer un registre
discursif éloigné du sien. L’idée sous-jacente à ces trois actions est l’idée de l’animal comme
subordonné. Finalement, dans les nouvelles de Tario, on fait face à une relativisation des
rôles de victime et de victimaire dans la relation humain-animal.
La voix satirique occupe les deux tiers de notre étude. “On peut résumer son
importance avec les mots de l’écrivain de fables Augusto Monterroso : Dans la littérature,
[les animaux] sont des prétextes très utiles parce que quand tu as recours à l’un d’eux, tu a
toujours dans l’esprit un être humain. L’inverse également”1 (Pacheco, 2001: 68).
Dans la troisième partie, nous faisons l’étuded’une voix animale nouvelle. Cette voix
se concentre dans la psychologie, les aventures et le monde du même animal. Nous avons
décidé de l’appeler postmoderne. Lyotard définit le postmoderne comme “ l’incrédulité face
aux métarécits” (Aylesworth, 2010: 11). Résulte de cette incrédulité la prolifération de ce que
Milagros Ezquerro appelle les “mini récits” : “les histoires qui expliquent des pratiques
limitées, des événements locaux et non pas des concepts globaux ou universels. Les “mini
récits” sont contingents, provisoires, temporaires, et ils n’ont pas l’ambition de l’universalité,
de la vérité, de la rationalité et de la stabilité”2 (Ezquerro, 2010: 5). En opposition à la voix
satirique qui s’attaque aux grands récits pour les censurer et les ridiculiser, la voix
postmoderne les laissent complètement de coté.
1
“En la literatura (los animales) son pretextos muy útiles porque cuando te refieres a uno de
ellos siempre estás pensando en seres humanos. También al revés.”
2
“las historias que explican prácticas limitadas, acontecimientos locales y no conceptos
globales o universales. Los “mini relatos” son contingentes, provisorios, temporarios y no
pretenden a la universalidad, a la verdad, a la racionalidad, a la estabilidad.”
Parmi les œuvres qui forment ce groupe, on a les romans de Daniela Tarazona, El
animal sobre la piedra, de Lucía Puenzo, El niño pez, et la nouvelle “Aires de familia” de
l’écrivain Leonardo Da Jandra.
Le roman de Tarazona raconte la métamorphose d’une femme en reptile. Grâce à cette
métamorphose, elle pourra surmonter une crise psychologique dûe a la mort de sa mère et à la
maladie de sa sœur. L’animal est à la fin le symbole de sa psyché rétablie. Il est aussi un
symbole du potentiel de la femme-animal. Ce parcours de maturation se trouve aussi dans le
roman El niño pez. Un chien, appelé Serafín, accompagne sa maîtresse dans un voyage
d’apprentissage. Les deux ensemble, maîtresse et chien, vont trouver la force de questionner
le statisme de leur milieu social et des restrictions sexuelles. Leur victoire sera de trouver une
vie où ils peuvent expérimenter le plaisir. Finalement, la nouvelle de Da Jandra nous raconte
l’histoire d’un animal — dont on ne connaît pas l’identité, mais qui semble être un hominidé
— qui finit par être le leader de son groupe. L’ironie de cette réussite est que le narrateur est
un animal lâche et timide, tandis que ses prédécesseurs étaient des mâles dominants. Le
narrateur connaît et admet ses défauts apparents, faisant de son récit une sorte d’aveu
humoristique très humain.
On peut voir dans les œuvres qui appartiennent à la voix postmoderne une tendance
au récit intime, en opposition à la voix satirique qui tend au récit plus universel qui embrasse
une vie ou une société entières. L’animal cesse de questionner les référants humains moraux
et politiques, et il commence à nous inviter dans son monde. Ce changement se fait,
néanmoins, de façon graduelle.
Quels sont alors les sujets qui peuvent intéresser un animal ? Et comment peut-on le
savoir, et l’écrire ? Ces deux questions nous amènent à une disquisition avec laquelle nous
conclurons cette position. Il s’agit d’abord de savoir quels sont les outils que possède
l’humain pour écrire l’animal. Selon l’écrivain anglais E. M. Forster, le seul outil qui pourrait
un jour nous donner la possibilité d’écrire l’animal, c’est la science. Il donnait deux siècles
pour arriver à une écriture qui lui fait justice. Le scientifique Thomas Nagel, lui, est d’accord
avec Forster, mais il est plus sceptique. Dans son article, “What Is It Like To Be A Bat?”,
Nagel conclut que la possibilité de nous introduire dans la conscience d’autrui est jusqu’à
maintenant impossible; et que ce le sera probablement pour toujours. Dans son livre The lives
of animals, Coetzee revalorise notre seule porte d’accès à la conscience d’autrui :
l’imagination. Selon lui, il n’y pas de différence radicale entre l’écrivain qui s’imagine un
personnage quelconque et l’écrivain qui s’imagine être une chauve-souris, un rat, ou un
mollusque. Tous partagent “le substrat de la vie”. (Coetzee, 1999: 35) Nous croyons, avec
Coetzee, en la valeur de l’imagination. Grâce à elle, on a pu imaginer des animaux parlants,
mais aussi des robots, des extraterrestres et des dieux. Le simple fait de s’intéresser à recréer
la voix d’un être éloigné de notre conscience enrichie cette même conscience, et c’est ce qui
nous semble important.
Comment écrire l’animal et pourquoi le faire ? Nous avons déjà attesté l’existence
d’un corpus important de textes écrits en espagnol avec des narrateurs animaux. Il s’agit dans
tous ses textes de créer une voix à laquelle on n’a pas un accès direct ; il s’agit de percer la
conscience d’un autrui éloigné de notre espèce. Les œuvres que nous qualifions de satiriques
donnent au narrateur une voix anthropomorphiste. Leur objectif est de critiquer les métarécits
des sociétés humaines : la religion, un idéal politique, une réalité sociale. Pour y arriver,
l’écrivain utilise l’animal comme le symbole d’un être humain idéalisé ou vilipendé ; un
modèle idéalisé que l’on n’a pas pu atteindre, ou un exemple de méchanceté auquel on peut
arriver si on continue sur la mauvaise voie.
L’animal qui attire l’attention sur son état de répression ouvre la voie à un autre
animal. On peut attester de ce passage dans l’œuvre d’Arenas, Gambaro et Tario. Tous trois
ont recours à un animal stéréotypé et conventionnel. Mais ces mêmes conventions se heurtent
à la réalité diverse de l’animal. Il y a pour la première fois un conflit entre humain et animal ;
ce conflit se résoud dans la création de la voix postmoderne.
Les romans de Tarazona et Puenzo, et la nouvelle de Da Jandra, sont des exemples
d’une recherche à peine entamée dans la littérature du siècle dernier écrite en espagnole. Il
s’agit d’imaginer une voix animale qui n’a pas comme but la satire des métarécits humains ;
une voix qui doit s’écrire en imaginant ce qui pourrait intéresser l’animal. Parfois, comme
chez Puenzo, on découvre que l’animal est intéressé par les mêmes choses qui intéressent
l’humain. Avec Tarazona, c’est l’exemple contraire : l’animal représente une sorte d’être
mystique qui ne s’intéresse à rien. Finalement, chez Da Jandra, l’animal apparaît comme un
lâche qui ne cherche que sa survie.
C’est ainsi que se conclut notre parcours de la voix animale dans la littérature
hispano-américaine du XXème siècle. La voix satirique critique, censure et se moque des
sujets les plus proches et les plus importants pour l’humain et sa société. Cette voix s’est
faite, si l’on peut dire, plus petite, en se concentrant sur la relation d’exploitation dont il a été
victime. En exigeant sa voix, l’animal en a trouvé plusieurs. Il est certain que ces voix que
l’on appelle postmodernes, ainsi que la voix satirique, sont le résultat de l’imagination
humaine. Alors, les deux ne sont que des fictions. La différence réside dans le comment et le
pourquoi, questions auxquelles nous voulons tenter de répondre dans cette thèse sans
prétendre, bien sûr, en finir avec la question. Au contraire, nous espérons ouvrir le chemin
par où la critique hispano-américaine pourra s’intégrer et enrichir l’étude de l’un des
personnages et des narrateurs les plus intéressants de la littérature : l’animal.