LA TUYERE KORT ET LA MER. Depuis que les premiers essais ont
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LA TUYERE KORT ET LA MER. Depuis que les premiers essais ont
LA TUYERE KORT ET LA MER. P ar P. CHARDOME, Ingénieur Naval, A. I. G., Administrateur-Directeur du Chantier naval de Rupelmonde. D epuis que les prem iers essais ont été effectués au Bassin d e H am bourg sur le m odèle du chalutier « V olksw ohl » — e t ces essais ne d a te n t que d e 1935 — un nom bre déjà ap p réciab le d e chalutiers et d e caboteurs ont été m unis d ’une tuyère K ort. Ces bateaux sont à ce jo u r au nom bre d ’une trentaine, leur puissance varian t de 75 à 9 0 0 CV. C ’est dire l’intérêt que prend le m onde m aritim e à cette application si jeune encore, et nulle occasion ne pouvait être m eilleure que le C ongrès d e la M er pour en résum er les aspects et pour en exposer les résultats; en d ’autres term es, suivant une expression bien m aritim e, p o u r « faire le point ». Ce sont les rem orqueurs qui o n t les prem iers bénéficié du gain que procure la tuyère Kort. Cela s'explique aisém ent : le rem orquage constitue le dom aine où les propriétés de la tuyère peuvent le plus facilem ent se trad uire en rendem ent com m ercial, puisque le rem orqueur vend sa force de traction. L’étap e suivante consistait à passer d e la navigation fluviale à la navigation m aritim e. C ette étape fut franchie lorsque les essais rappelés ci-dessus, sur le m odèle du chalutier à m oteur « V olksw ohl » eurent m ontré quel gain procurait la tuyère, principalem ent en eau houleuse. In d ép en d am m ent d e ces essais, des expériences en bassin et en m er av aient été faites, no tam m en t p ar le Dr. Kempi, D irecteur d u Bassin de H am bourg d o n t le bu t était d ’analyser la p erte d e vitesse qu’un bateau subissait en m er agitée, soit du chef des vagues et du vent, soit à cause d e la perte de ren d em en t subie p a r l’hélice. U n point très im p o rtan t avait été mis en lum ière : c’est que la résistance m axim um due à la houle, se pro d u it lorsque vague et bateau on t m êm e longueur, ce qui est un cas fréquent p o u r les b ateaux côtiers. Ces nouvelles données établissaient un rapprochem ent im m éd iat en tre les petits bateaux de m er et les rem orqueurs. IN T E R N A T IO N A A L C O N G R E S V A N D E Z E E 24! E n effet : le rem orqueur traîn e des chalands, le chalutier traîne son chalut, q u an t au chalutier et au caboteur, naviguant contre la houle et le vent debout, ils ne traîn e n t rien, m ais ils « pous sen t » contre les vagues et le vent. L eur cas est donc absolum ent assim ilable au cas du rem or quage et ces b ateau x peuvent p ré te n d re à bénéficier d ’avan tages analogues à ceux d o n t les rem orqueurs bénéficient. A vec u ne restriction toutefois, car une condition s’ajoute p o u r eux : 11 ne leur suffit plus de tirer ou de pousser : ils doivent, m êm e en eau calm e, conserver leur vitesse et si possible, l'augm enter. Or, une tuyère construite uniquem ent en vue de d o n n er un gain de traction est différente d ’une tuyère qui doit en mêm e tem ps respecter la vitesse prim itive. L ’une est très évasée et de profil large; l’autre est peu évasée et de profil mince. Les deux conditions se contrarient et le problèm e du cons tructeur est de choisir la form e d e tuyère qui réalisera le m eilleur com prom is en vue du service à rem plir. En l’occu rence, ce com prom is sacrifiera partiellem ent le gain de trac tion au p rofit d e la vitesse. Ces considérations générales étan t exposées abordons m ain ten an t l’explication du phénom ène : C om m ent la tuyère p ro cure-t-elle un gain ? De quelle im portance est ce gain ? P ourquoi diffère-t-il d ’un type à l’autre d e bateau ? P o u r rép o n d re utilem ent à ces questions essentielles, il est utile d e rap p eler au préalable les principes fondam entaux de la propulsion ; Le ren d em en t d ’une hélice, c’est le ra p p o rt entre la puissance qu’elle « rend » et la puissance q u ’elle a reçue. Q uelle puissance rend-elle ? Celle qui correspond à sa poussée et à la vitesse d ’avancem ent. Q uelle puissance reçoit-elle ? Celle que lui transm et la m achine d e propulsion. Le ra p p o rt en tre ces deux quantités est très variable : dans le cas le plus favorable (g ran d e hélice, vitesse et puissance ap p ro p riées) ce ra p p o rt ou rendem ent peut atteindre 75 %. D ans le cas d e petits bateaux de m er à m oteur, tels les 242 C O N G R E S IN T E R N A T IO N A L D E L A M E R chalutiers, caboteurs, etc. ce rendem ent descend à 55 % , parfois à moins. D ans le cas du rem orquage (ou du chalutage, ou d e la m auvaise m er) ce ren d em en t peut descendre à 25 ou 30 % . De quoi pro viennent ces différences d ’une hélice à l’autre ? D ’aucuns ré p o n d ro n t : de l’hélice. C ’est une b o n n e ou une m édiocre ou une m auvaise hélice. En réalité, il n ’en est rien. Ces grosses différences pro* viennent uniquement des conditions de propulsion. Si ces conditions conduisent à une hélice chargée, c’està-dire à une hélice qui reçoit beaucoup de puissance, vu son diam ètre réduit, le recul sera grand et le ren d em en t de p ro pulsion m auvais, si bonne que soit l’hélice elle-m êm e. Egalem ent, si le bateau est freiné p ar une cause quelconque, aussi bonnes que soient les conditions norm ales de propulsion ou aussi b o n n e que soit l’hélice, le recul augm entera et le ren d em en t tom bera. Ceci se com prend, car l’hélice étan t p ar n ature destinée à faire avancer le bateau, plus l’eau cède sous sa poussée, m oins le b ateau avance et plus il y a d ’énergie perdue. Ces notions élém entaires do n n en t la clef des questions que nous posions au d ébut de ce p aragraphe au sujet de la tuyère K ort. C om m ent celle-ci procure-t-elle un gain ? En résum é, parce qu'elle dim inue le recul. Elle le dim inue de deux façons : I o parce qu’elle produit d ev an t son entrée une dépression, tel une vantouse ou un aspirateur; 2" parce qu elle est dessinée de m anière à com battre la contraction de la veine liquide derrière l’hélice (form e cylin drique ou légèrem ent d iv erg en te). En d ’autres term es, elle facilite l’arrivée d ’eau à l’hélice et elle en ralentit la sortie. De quelle im portance est le gain dû à la tuyère ? La théorie com m e l’expérience on t d ém o n tré (e t nous le vérifierons plus loin) que ce gain varie entre quelques p o u r cents et ± 60 %. Pourquoi cette forte différence ? Parce que le gain d ép e n d essentiellem ent des conditions d e propulsion. Si le rendem ent de propulsion est à son m axim um , l’effet de la tuyère sera faible. Si ce rendem ent est bas, l’effet de la tuyère sera grand. C’est ce qui explique le succès de cette tuyère sur les rem o r queurs et sur les b ateaux côtiers. in t e r n a t io n a a l congres van d e zee 243 Puisque nous avons reconnu la sim ilitude de ces deux cas, il sera utile pour term iner ces considérations théoriques, de pro céd er à l’exam en des courbes caractéristiques obtenues p a r l’essai systém atique d ’un rem orqueur (fig. 1). C et essai consiste à m esurer la force de traction à diffé rentes vitesses, celles-ci étan t réglées p ar l’im portance de la traîn e : un, deux, trois b a te a u x ... Points extrêm es : T ractio n sur un m ur de quai, c’est-à-dire, à vitesse nulle; m arche sans rem orque, autrem ent dit en route libre, à vitesse m axi mum. Ce diagram m e nous m ontre ce qui suit ; A m esure que la vitesse dim inue, c’est-à-dire que la traîne devient plus lourde, la traction augm ente. (C ela se com prend puisque la puissance ab so rb ée p ar la propulsion du rem orqueur lui-même dim inue) et cette traction devient m axim um pour l'essai au point fixe. L ’essai que nous supposons exécuté d ’ab o rd sans tuyère peut être refait de la m êm e façon avec tuyère. C om parons ces deux courbes et indiquons pour chaque vitesse, le gain obtenu. Nous obtenons un troisièm e dia gram m e qui nous m ontre que dans l’exem ple considéré le gain varie de ± 38 à 45 %. Ce gain est m onté à 54 % au point fixe avec une hélice de pas m ieux approprié, mais des essais com plets n ’ont plus été exécutés avec cette nouvelle hélice. (N ous négligeons la partie extrêm e de la courbe, à droite, com m e ne correspondant pas à un cas pratique; pour celle-ci le gain tend vers l’infini si la vitesse en route libre est plus gran d e avec tuyère que sans tu y ère). Nous voyons que plus la vitesse du rem orqueur est petite, c’est-à-dire plus la traîne est lourde, plus le gain dû à la tuyère est grand. Nous voyons encore que le gain pour rem orquage lent n ’est pas de beaucoup inférieur à celui obtenu au point fixe. Ces courbes relevées p ar les essais d ’un rem orqueur, sont d ’une im portance capitale pour la com préhension du rôle de la tuyère appliquée aux petits b ateaux de mer, car elles p er m etten t d ’englober tous les cas que nous avons envisagés : 1° le chalutage, qui n’est que du rem orquage à ± 4 nœ uds. 2" l’effet de la m auvaise m er et du v ent qui peut réduire la vitesse du b atea u à 4 nœ uds, à 3 nœ uds, à 2 nœ uds mêm e, to u t com m e s’il avait une traîne. 3° la mise en action autom atique de la tuyère — tel un m oteur d e réserve — dans une m esure d ’au tan t plus énergique que le bateau est plus freiné dans sa course. 244 C O N G R E S IN T E R N A T IO N A L , D E L A M E R P ar contre, ce qui ne p e u t se déd u ire de ces courbes e t qui ne doit pas être sous-estimé, c’est que la tuyère assure à l’h é lice une alim entation d ’eau plus continue, no n o b stan t les m ouvem ents de tangage e t les vagues. A u lieu d e tourner folle d an s l'air ou dans une espèce de mousse, m élange d ’eau et d ’air, l’hélice travaille d an s une veine d ’eau bien pleine. C ’est une nouvelle source d e gain et non la m oindre. T elles sont les raisons qui justifiaient l’application de la tuyère K ort aux bateau x de m er e t qui perm ettaient d ’en esp érer d e b o n s résultats. ¡s * * Passons aux applications : C om m e prem iers résultats expérim entaux, nous citerons d ’ab o rd ceux qui on t été obtenus en bassin d ’essais sur le m odèle réd u it du chalutier « V olksw ohl » essais que nous rappelions au déb u t de la présente étude. D ’aucuns seraient tentés de contester ces résultats qu’ils considèrent com m e plutôt théoriques. Les résultats pratiques que nous donnerons ultérieurem ent m o n trero n t au contraire com bien ces essais en bassin, exé cutés avec toute la précision mise à ce genre d ’expérience, o n t été confirm és p ar ces résultats. I. Essais en route libre (à puissance v aria b le). A ) en eau calme à 12 nœ uds : Puissance nécessaire sans tu y ère : 965 CV. Puissance nécessaire avec tuyère : 805 CV. P o u r la propulsion ordinaire, il faut donc 160 C V de plus, soit 20 % , que pour la propulsion en tuyère. B) en eau agitée (à 3,5 nœ uds, vagues d e 49 m. de long X 2 m. d e creux) : Puissance nécessaire sans tuyère : 700 CV. Puissance nécessaire avec tuyère : 500 CV. 11 faut donc 200 C V d e plus, sans tuyère, soit 40 % , c’està-dire le double du cas d e la navigation en eau calme. II. Essais de traction (à puissance fixe d e 500 C V ). A ) En eau calme: T raction au point fixe : sans tuyère : 7.500 kg. avec tuyère : 9 .8 5 0 kg. G ain : 31,5 %. IN T E R N A T IO N A A L C O N G R E S V A N D E Z E E 245 T raction en rem o rq u an t à 3,2 nœ uds (chalutage) sam tuyère : 6.1 00 kg. avec tuyère : 7.400 kg. G ain : 22 %. B) Essais en eau houleuse (vagues de 47 m. de long X 1,70 m. d e creux) : T ractio n au point fixe : sam tuyère : 4 .6 6 0 kg. avec tuyère : 6 .5 0 0 kg. G ain : ± 40 %. T raction en rem o rq u an t à 3,2 nœ uds : sam tuyère : 3 .8 0 0 kg. avec tuyère : 5 .5 0 0 kg. G ain : 45 %. Ceci m o n tre que la tuyère donnait un gain de traction de 22 % à 3,2 nœ uds, en eau calme, et de 45 % à 3,2 nœ uds en eau houleuse, soit un gain en eau houleuse de plus du double q u ’en eau calm e. D ’au tres essais on t été effectués avec différents degrés d ’im m ersion d ’hélice (e n faisant varier le tirant d ’e a u ). Les résultats ont été très supérieurs aux chiffres cités plus haut. Le diagram m e d ’essais progressifs m ontre notam m ent que pour exercer dans ces conditions une traction de 3 tonnes sur le câble, il faut d év elopper 190 C V avec tuyère et 620 sans tuyère (q u a n d l’hélice ém erge de ± 30 % ) . D ’autres essais on t p orté sur la variation du couple m oteur, avec et sans tuyère. C es essais m o n tren t nettem ent la supé riorité de la tuyère au p oint de vue d e la régularité de m arche. A vec tuyère, le m om ent m axim um est d e 1,57 fois le m om ent m inim um . Sans tuyère, ce ra p p o rt est d e 3,14. Passons m ain tenant à l’application de la tuyère à des b ateau x existants : CABOTEUR « JOMA ». (Fig. 2 et 3 .) C om m e caboteur, nous citerons le « Jom a », d o n t nous avons suivi personnellem ent les essais. C ’est un bateau de zfc 4 0 0 tonnes de p o rt en lourd, d e ± 40 m. de longueur, m û p ar un m o teur d e 220 C V à 300 T . Son hélice a un d ia m ètre de 1,50 m. Ce b ateau a été très soigneusem ent essayé av an t et après placem ent d e sa tuyère, quoique seulem ent sur lest; sa puis sance a été m esurée p ar la consom m ation, au m oyen d 'u n réservoir jaugeur bien calibré. Les essais se sont effectués 246 C O N G R E S IN T E R N A T IO N A L » D E L A M E R sur l’Escaut p a r tem ps calm e, au m êm e en d ro it e t p a r m êm e condition de m arée. Ils présentent donc les garanties d ’exac titu d e désirables; ils ont d ’ailleurs été exécutés sous le co n trôle du capitaine-propriétaire. Les résultats d e ces essais sont résum és ci-dessous ( 1 ) : Essais au point fixe : sans tuyère avec tuyère Puissance développée 200 C V 204 CV N om bre d e to u rs/m in u te 248 285 T raction 2 .4 5 0 kg. 3 .4 5 0 kg. T raction p ar cheval 12,25 kg. 16,9 kg. G ain : 38 % P ar souci d'exactitude, cette com paraison a été faite à ég a lité d e puissance, m ais pratiquem ent ce gain, d éjà très substan tiel, a été dépassé. En effet, l’hélice, av an t placem ent de la tuyère, était d e pas un peu tro p grand et ne dépassait pas au p oint fixe les 250 tours. G râce à la tuyère, ce pas est devenu trop p etit et elle a pu tourner à 320 tours, p erm e tta n t ainsi au m oteur d e développer au point fixe une puissance de 223 C V et au bateau d e tirer 3.775 kg. sur le câble. G râce à cela, le gain pratiquement réalisé a donc été de 3.775 kg. - 2.450 kg. = 54 2 .4 5 0 kg. Essais en route libre : Puissance d éveloppée V itesse (m o y enne de 4 courses) Vitesse ram enée à une m êm e puissance G ain d e vitesse sans tuyère 225 C V 7,83 n. avec tuyère 219 CV 8 ,6 n. 7,83 n. 8,7 n. 8,7 — 7,83 _ c/. 7 83 — Observation: Ce gain étan t obtenu sans augm entation de puissance, il en résulte que la consom m ation n ’a pas aug m enté. ( 1) Pour plus d’informations sur ces essais, voir « Bulletin technique du Bureau Véritas » novembre 1938. , IN T E R N A T IO N A A L . C O N G R E S V A N D E Z E E 247 Manoeuvrabilité. II n ’a pas été fait d'essais de giration, m ais le bateau, après p lacem en t de la tuyère, a fait une m anœ uvre qu’il n ’aurait certainem ent pas faite si la tuyère avait dû nuire à ses qualités m anœ uvrières. Il a en effet viré de b o rd p ar une série de m anœ uvres en m arche av an t et arrière, à la m anière d ’une auto, dans un chenal d o n t la largeur ne dépassait la longueur du bateau que d e quelque 20 m ètres. Résultats en service. Ce bateau, après placem ent de la tuyère, a navigué tout l’hiver d ern ier en m er d u N ord e t en Baltique, à l’entière satisfaction du capitaine-propriétaire. Nous croyons utile de d o n n er l’avis de ce dernier, non com m e un docum ent ayant la rigueur d ’un essai rigoureusem ent exécuté, m ais com m e un résultat pratique. Ses observations sont les suivantes : En m er calm e, quand le b atea u est chargé, il gagne m oins en vitesse que lors des essais effectués sur le bateau lège, ce qui se com prend puisque l ’hélice est m ieux im m ergée. Toutefois, il évalue encore ce gain à 1 / 2 nœ ud. En m er houleuse, p ar contre, et p ar vent debout, le gain, selon l’expression m êm e du capitaine, est « énorm e » et il cite les chiffres suivants : sans tuyère la vitesse en m auvaise m er to m b ait parfois à 2 nœ uds. A ctuellem ent dans des con ditions identiques, il en fait 4. Il constate aussi que son m oteur tourne plus régulièrem ent st ne s’em balle plus, ce q u ’il apprécie fort. BATEAU DE PECHE (CHALUTIER-ECOLE) « IBIS » O. 178. Ce chalutier a les dim ensions suivantes : Longueur en tre p p d : 22,25 m. L argeur hors m em brures : 5,80 m. T iran t d 'e au arrière : 3,05 m. Il est mû p ar un m oteur B olinder de 120 C V à 375 to u rs / m inute. Le d iam ètre d e l’hélice (à 3 ailes) est d e 1,30 m. Des essais ont égalem ent été effectués avant et après p la cem ent de la tuyère, au point fixe com m e en route libre: m ais ces essais, quoique très soigneusem ent exécutés, on t été 248 C O N G R E S IN T E R N A T IO N A L D E L A M E R m alheureusem ent contrariés p ar diverses circonstances défa vorables. N o n obstant celles-ci, nous donnons les résultats obtenus, à titre docum entaire : Essais au point fixe : sans tuyère avec tuyère Puissance sur l’hélice 103,5 CV 99 CV N om bre d e tours 310 337 T ractio n sur le câble 1.760 kg. 2.035 kg. T raction p ar cheval 17 kg. 20,5 kg. G ain obtenu 20,5 % L ’hélice ay a n t été rem placée p ar une autre, à 4 ailes, de pas m ieux ap proprié, la traction a passé à 2.225 kilos, ce qui correspond à un gain global de 26,4 %. Essais en route libre : sans tuyere (dans le Bas-Escauc) avec tuyere (dans le canal m aritim e de Zeebrugge Puissance 1 10 C V 1 19 CV N om bre d e tours 362 376 V itesse (m o y enne de 4 courses) 7,59 n. 8,01 n. L ’essai dan s le Bas-Escaut a été fait p ar fort v en t; l’essai en canal, p ar contre, a pu d onner lieu à une résistance légère m en t plus g ran d e q u ’en eau illimitée. E tan t d o n n é ces circonstances, nous pouvons ad m ettre une certaine com pensation entre ces élém ents e t conclure que le gain de vitesse a été d e l’o rd re d e 5 %. Ce gain de 5 % a pu être m aintenu avec la nouvelle hélice. A ces essais on peut objecter que le gain obtenu au point fixe sur la traction, n ’est pas spécialem ent élevé, étan t donné que les rem orqueurs nous ont habitués à des gains plus spectacu laires. Mais, il faut se rappeler à ce propos, ce que nous di sions plus haut, à savoir que les rem orqueurs ne cherchent pas une augm entation de vitesse. A u contraire, ils sont prêts à sacrifier leur vitesse pour augm enter leur gain de traction, ce qui n ’est pas le cas des chalutiers. Essais en service : Il résulte d ’une enquête dans les milieux m aritim es osten- I N T E R N A T IO N A A L C O N G R E S V A N D E Z E E 249 dais que les faits suivants on t été relevés à l’actif d e ce ch a lutier, depuis qu’il a une tuyère : I o A u cours de l’hiver dernier, 1’ « Ibis » O. 1 78 revenait d e voyage p ar fo rt vent debout. D ans son voisinage naviguait un au tre chalutier plus puissant, le O. 295 connu com m e ayant une vitesse d ’environ 1 nœ ud plus élevée que 1’ « Ibis ». Or, p en d a n t vingt-quatre heures les deux bateau x on t navigué de conserve et le O. 295 n ’a pu rep ren d re de l’avance que lorsque la m er s’est calm ée. 2° Il y a peu de tem ps 1’ « Ibis » O. 178 était p arti en pêche, p a r très m auvais tem ps, tandis que d ’autres chalu tiers de son espèce ne sortaient pas et l’on s’a tte n d a it à le voir ren trer à to u t m om ent. M algré le m auvais tem ps, ce chalutier effectua son voyage com m e à l’ordinaire. 3° L’avis du personnel d e b o rd est que la traction sur le chalut est m anifestem ent accrue. 4° Le p atro n déclare que p a r gros tem ps la tuyère p araît ten d re à re ta rd er la levée de l’arrière à la lame, assurant ainsi une im m ersion plus constante de l’hélice et une m eilleure tenue du b âtim en t fo rçant l’allure dans une houle deb o u t ou m ain tenu à la cape. CHALUTIER « MARIA ELENA ». Ce b ateau a les dim ensions approxim atives suivantes : L ongueur à la flottaison ± 30 m. L argeur hors m em brures : 6,25 m. T iran t d ’eau arrière : 3,30 m. M oteur de 2 5 0 C V à 300 tours. Essais au point fixe : sans tuyère avec tuyère Puissance 194 C V E 191 C V E N om bre de tours 252 232 T raction 3 .8 5 0 kg. 3 .2 5 0 kg. T raction p ar cheval eff. 16,75 kg. 20,05 kg. 19,7 % G ain Nous n ’avons pas de résultats précis d ’essais en route libre. U ne prem ière sortie en m er avait d ém ontré que sa vitesse prim itive était conservée. N onobstant le gain plutôt faible obtenu au point fixe, lors des essais en eau calm e, l’ex périence a d ém o ntré qu’en service le bénéfice dû à la tuyère était positif. 2W C O N G R E S IN T E R N A T IO N A L D E L A M E R Un fait plus concluant encore que des essais techniques est venu le d ém o ntrer : l’arm em ent, propriétaire d e ce bateau, a passé com m ande d 'u n e nouvelle tuyère pour un sistership du prem ier. CHALUTIER « JOSEPH-ELISA ». Longueur hors tout : 20,10 m. L ongueur entre p p d : 26 m. L argeur hors m em brures : 6 m. T iran t d ’eau arr. : 3,50 m. Puissance : 200 C V E à 300 to u rs/m in u te. Essais au point fixe : Puissance N om bre de tours T ractio n T ractio n p ar C V E G ain sans tuyère 151,5 CV 231 2 .7 0 0 kg. 17,75 kg. avec tuyère 171 C V 230 4 .0 7 2 kg. 23,8 kg. 34 Çfr Essais en route libre : Puissance N om bre de tours V itesse sans tuyere 185 C V 208 9,5 n. avec tuyere 193-225 C V 268-278 9 ,1 6 -9 ,2 9 n. Com m e on le voit, le gain au point fixe est plus élevé que d an s les essais précédents et il est m oins im portant en route lib re (tem p s calm e). Mais l’hélice nouvelle avait m anifeste m ent un pas trop grand puisque le nom bre de tours norm al n ’a pas été atteint, m êm e en surcharge. O utre ces essais de bateau x transform és en Belgique, nous pouvons citer des résultats obtenus sur des b ateaux d e pêche transform és en A llem agne, et com m e ces chalutiers sont à vapeur, ils com pléteront utilem ent les renseignem ents p ré cédents qui se rapportent, eux, à des chalutiers à m oteur. CHALUTIER « JEVERLAND ». Essais au point fixe : Puissance N om bre de tours T raction G ain total sans tuyère 31 2 CVI 80 5 .3 0 0 kg. avec tuyère 356 CVI 90 7.000 kg. 72 % IN T E R N A T IO N A A L C O N G R E S V A N D E Z E E 251 Observation: Q uoique le pas de l’hélice en tuyère soit de ± 1 0 °/c pius g ran d que celui de l’hélice prim itive, le nom bre d e tours est accru, ce qui explique l’augm entation d e puissance développée. Essais en route libre : Puissance N om bre d e tours V itesse G ain d e vitesse sans tuyère 356 CVI 104,5 9,1 n. avec tuyère 365 CVI 104 10 n. 10 % Résultat en service. D ans son ra p p o rt au sujet du prem ier voyage de ce chalu tier, le capitaine d ’arm em ent note que la m achine tourne plus régulièrem ent m algré un tem ps très dur. Il y n o te encore que le bateau est m oins sujet aux v ib ra tions. D ’au tre part, fait im p o rtan t à n o ter : A u cours de ce voyage, le « Jev erlan d » avait navigué de conserve sur un p arco u rs de 2 6 0 milles avec un autre vapeur, qui devait donc avoir la m êm e vitesse que lui. Le v ent ay an t com m encé à souffler, le chalutier à tuyère reprit im m édiatem ent de l ’avance, laissant l’autre bateau loin derrière lui, au point de le p erd re d e vue après quelques heures. P our ne pas allonger indéfinim ent ces rap p o rts d ’essais, nous résum ons ci-dessous les résultats d e quatre autres bateaux sem blables au « Jev erlan d », tous de 4 0 0 VCI. Sans tuyère A vec tuyère G ain en % Jane 4 ,7 T. 7,4 T. 57 1 /2 Essais en route libre : Sans tuyère 10 n. A vec tuyère 10.71 n. G ain en 7 Kassel 4,4 T. 6,7 T. 51,5 Gorch Fock 4,4 T. 6,8 T . 54,5 Hansa 5,4 T. 7,8 T. 44,5 10,51 n. 10,51 n. 0 10,62 n. 10,8 n. 1,7 10,23 n. 10,22 n. 0 CONCLUSION. D es no m b reu x résultats ci-dessus, nous pensons q u ’on peut d ég ag er les conclusions suivantes : 252 C O N G R E S IN T E R N A T IO N A L D E L A M E R La tuyère K ort s’applique aux chalutiers et aux caboteurs au m êm e titre qu’aux rem orqueurs. Elle donne pratiquem ent un gain de traction (ou de pous sée) d e 25 à 50 % suivant la vitesse envisagée. Son effet sur le pouvoir de traction est d ’au tan t plus gran d qu’on en exige m oins pour la vitesse en route libre. Son effet en m er houleuse est au m oins doublé suivant les essais effectués en bassin et vraisem blablem ent plus que doublé en réalité. Elle assure à l’hélice une rotation plus régulière. A son débit, on lui reproche parfois q u ’elle affecte les qua lités évolutives du navire. Le cas s’est produit, il est vrai, m ais nous ra p p elan t les constatations faites au cours des essais du cab o teu r « Jo m a », nous dirons que les qualités évolutives du navire, avec ou sans tuyère, d ép e n d en t principalem ent du gouvernail. Il faut sim plem ent se rendre com pte qu’en plaçant une tuyère, on altère les conditions d e gouverne; il faut donc m odifier le gouvernail en conséquence, tandis que le p e r sonnel do it s’h abituer aux nouvelles conditions. Nous serions incom plets si nous ne répondions à une question que les considérations ci-dessus suggèrent : L a tuyère K ort sera-t-elle jam ais applicable aux grands navires d e mer, puisque le ren dem ent propulsif de ceux-ci est d éjà b o n ? De m êm e q u ’elle a été essayée en bassin p o u r des chalu tiers, elle est essayée en ce m om ent pour de grands p aq u e bots. Les résultats de ces essais ne sont pas encore du dom aine public. Q u’il nous suffise de dire que les essais d éjà effectués sont très encourageants puisqu’ils conduisent à cette conclusion que des gains de puissance, d e l’ordre d e 1 7 % , sont possibles à des vitesses de 15 à 16 noeuds. De plus, ils ont m ontré que sans altérer sensiblement le rendement des hélices, la tuyère permettait d ’en augmenter le nombre de tours, dans une proportion importante; au tre m en t dit, de réduire le poids des m achines propulsives et leur encom brem ent. C’est un résultat extrêm em ent intéressant pour les navires d o n t les engins d e propulsion ont attein t la lim ite adm issible d ’encom brem ent. T elles sont les possibilités de la tuyère, envisagée au point d e vue d e la m er. U n avenir très prochain — car les per- *. ” ^ r «-& V • '; •• ' ' o K26 «C £ ¿i D f\NHL w / A/ fl / tJ Ci lURRl A Ci - a f j ta u .s s e R, ]RPO ÏTCN ’ 4 o V£ í ‘ "* S i R/e J» [A>4¿ r ñ* R £ é RfOOl n c i n o a O Í i H£Lii ROtM * t?u e it 6 / UN a /IV ñ # r R T T t w r , » X ON i * c u r co v a u , i t a [/£ L e s a qiN S ÊN R i MOR 7 0 q a C é 0 NT/jA IRJO it£ R BA ' RR PROA 'TION VN x k, X 1 "A* s 22 \ 2¿ Toa % i» 'V * lá ~*ta. •' ;*X- uqui 3a s es * ' * •'< •■ ' . j / . ¡ r é / A r /i ■ £S¿ 'A tó o u R&Mi RQUL í//? D ilói L - £ r/ p ti \ 5 i ■ >/ — Tñ£fr\ >ÚN Al / &RUVULA H&LtCl /¡RPR, ?T£NÁ NT /? i.4 1//Zi t 3 • ■ ' V n ^ ? , / ? > < - . • * :’. ; -■ •■; ‘/ " . ' . . ' ^ l . ** '■■ ■ J ' S % <& ■< & 16 * 5 X V''x \ ' V-i-J'. ^ ■>•; r-’ ; ■* -V1r;V\ K^T*Tv r;.>*V:,;1T;>X ;-¥.'r ¿ t' , ' ' r■ % k y> ^ ^T f’Ar K • \ 12 ^6- IO «A fl \ y V V 9 . 5— c 6 .10 ‘3 *í *1 VI 3í q ta t o i 4 lo \ ‘a -*■ l| ? 2 j vi ï » « I * BAIg. UV- % > / / '•: *-y9'*w r 3 ' / f « \ \ \ V \ \ \ \ \ \ _J ■ k * *‘ « Î <i » 4 I Fig. i. _ i> _ j «} i0 \ \ ; 11 I> IL 1 v ire / 5E C 4 K^ & . _ . . . Rapport P. Chardomi. A I N T E R N A T IO N A A L C O N G R E S V A N D E Z E E 253 fectionnem ents v o n t vite d e nos jours — confirm era vraisem blablem ent, en les d év eloppant, les conclusions que les essais e t les prem ières applications nous on t perm is d ’établir. Paul C H A R D O M E. F ig. 2. — T uyère du caboteur à m oteur « Jom a ». F ig. 3. — Tuyère du caboteur « Jom a »