Une nouvelle étude montre que la consommation de graine de lin
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Une nouvelle étude montre que la consommation de graine de lin
Une nouvelle étude montre que la consommation de graine de lin contribue à réduire la tension artérielle Graines de lin. Photo: Anthony Ryan. par Rosanna Tamburri La clé du contrôle de l’hypertension, un fléau qui touche aussi bien les pays développés que les pays en développement, pourrait résider dans une toute petite graine à peine plus grosse qu’une tête d’épingle. Selon Grant Pierce, professeur de physiologie et de pharmacie à l’Université du Manitoba et directeur général de la recherche à l’Hôpital Saint-Boniface de Winnipeg, si la chose se confirmait, cela pourrait constituer une avancée majeure dans le traitement de l’hypertension, le premier facteur de risque en matière de maladies cardiovasculaires. Le partenaire de recherche de M. Pierce est le docteur Delfin Rodriguez Leyva, chef de la recherche en maladies cardiovasculaires à l’Hôpital universitaire de Holguin, situé dans la ville du même nom à Cuba. L’hypertension « se répand très lentement, comme un raz-de-marée montant, au Canada et ailleurs », souligne M. Pierce. M. Pierce et le Dr Rodriguez Leyva ont mené une étude clinique étalée sur un an portant sur les effets de la consommation de graine de lin broyée. L’étude a porté sur 110 patients atteints d’hypertension et de maladies artérielles périphériques, ou souffrant de blocages artériels aux extrémités. Environ la moitié des sujets, sélectionnés au hasard, ont consommé chaque jour 30 grammes de graine de lin broyée, soit l’équivalent de trois cuillères à soupe combles. La graine de lin était intégrée à divers aliments spécialement préparés pour l’étude : muffins, brioches, bagels, pâtes, etc. Les autres participants ne se sont vus administrer qu’un placebo. Au bout de six mois, la tension artérielle des sujets bénéficiaires du régime enrichi à la graine de lin avait baissé, de manière plus importante que n’avait réussi à le faire jusqu’alors tout autre régime alimentaire. Selon M. Pierce, la baisse observée serait de nature à réduire de 50 pour cent les risques de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral. « C’est au moins autant que ce que permettent les médicaments actuellement sur le marché », précise-t-il. Les résultats de l’étude pourraient avoir des conséquences considérables pour les pays en développement, qui n’ont pas les moyens de recouvrir à de coûteux médicaments pour traiter l’hypertension. « Les médicaments contre l’hypertension coûtent cher et ne sont pas accessibles à tous. Dans les pays en développement, la situation peut être encore pire », précise le Dr Rodriguez Leyva. Selon lui, la possibilité de contrôler l’hypertension grâce à la graine de lin aurait une incidence considérable à Cuba, où on estime que le tiers de la population souffre de cette maladie. « Il s’agirait là d’un tournant important, qui nous permettrait de traiter autrement nos patients atteints d’hypertension tout en transformant leur manière de prendre eux-mêmes en charge leur maladie. » Toujours selon M. Pierce, les résultats de l’étude présentent également un intérêt pour le Canada, où on estime que 19 personnes sur 20, par ailleurs en bonne santé, risquent d’être atteints d’hypertension au cours de leur vie. Ces mêmes résultats pourraient en outre être porteurs d’avantages économiques pour le Canada, qui est l’un des premiers producteurs et exportateurs mondiaux de graines de lin. Le lin est l’une des plantes les plus riches en acide alpha-linolénique, un acide gras oméga-3 qui réduit la tension artérielle. Le lin contient également des antioxydants et des fibres qui, on le sait, contribuent à réduire le cholestérol. L’étude a été financée en partie par une contribution de 15 000 $ du programme Subventions pour la coopération en recherche entre le Canada, l’Amérique latine et les Antilles (SCR-CALA), administré par Universités Canada au nom du Centre de recherches pour le développement international. Ce programme finance des projets de recherche concertée menés entre le Canada, l’Amérique latine et les Antilles. C’est grâce à cette subvention de 15 000 $ que le Dr Rodriguez Leyva a pu se rendre à Winnipeg pour mener l’étude clinique au côté de M. Pierce, puis en analyser les résultats. Les deux collaborateurs de longue date ont depuis cosigné plusieurs articles consacrés aux résultats de leur étude. Le plus récent d’entre eux a été sélectionné pour publication dans Hypertension, une importante revue au contenu évalué par les pairs. Principal auteur de l’article en question, le Dr Rodriguez Leyva a de plus organisé chez lui, à Holguin, un sommet cubano-canadien sur les maladies cardiovasculaires, auquel ont pris part des cardiologues et des chercheurs des deux pays. Les médecins cubains sont bien formés, mais n’ont accès ni à du matériel de pointe ni aux derniers résultats de la recherche, une situation que l’embargo américain de longue date ne fait qu’aggraver. « Ils se fient aux chercheurs d’autres pays pour qu’ils viennent à eux et leur communiquent les toutes dernières avancées en matière de recherche », explique M. Pierce. La collaboration existante montre que « les chercheurs de différents pays peuvent collaborer à une même cause et en vue du même objectif : améliorer la santé à l’échelle mondiale », ajoute le Dr Rodriguez Leyva. La prochaine étape du processus consistera en une seconde étude clinique, qui devrait démarrer sous peu dans le but de tester les effets de la graine de lin sur des sujets chez qui l’hypertension n’a été diagnostiquée que depuis peu, sans qu’ils soient encore sous médicaments. Signalons que tous les patients ayant pris part à la première étude étaient déjà sous médicaments, sans toutefois que leur tension artérielle ou leurs maladies artérielles périphériques soient encore sous contrôle. « Nous souhaitons cette fois étudier les effets de la graine de lin sur des sujets qui ne souffrent d’hypertension que depuis peu », précise M. Pierce.