ThéâTre de la BasTille marguerite bordat raphaËl CottiN pierre

Transcription

ThéâTre de la BasTille marguerite bordat raphaËl CottiN pierre
Théâtre
de la Bastille
Direction Jean-Marie Hordé
76 rue de la Roquette 75011 Paris
Réservations : 01 43 57 42 14­
www.theatre-bastille.com
marguerite bordat
raphaËl COTTIN
pierre meunier
BUFFET à VIF
Avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles d’île-de-France-Ministère
de la culture et de la communication, de la Ville de Paris et de la Région Île-de-France
PRÉFET
DE LA RÉGION
Du 15 juin au 1er juillet 2016
à 20h, relâche les 18, 19, 25,
et 26 juin
Plein tarif : 24 €
Tarif réduit : 17 €
Tarif + réduit : 14 €
Florence Kremper
Production & diffusion
La Belle Meunière
Pierre Meunier
Portable : 06 74 68 16 43
www.labellemeuniere.fr
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distribution
De
Marguerite Bordat
Raphaël Cottin
Pierre Meunier
Avec
Raphaël Cottin
Pierre Meunier
Administration
Caroline Tigeot
Production
La Belle Meunière
La Poétique des Signes
Coproduction
SACD-Festival d’Avignon
Remerciements à
Frédéric Kunze
site des compagnies
www.labellemeuniere.fr
www.lapoetiquedessignes.com
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PRésentation
Buffet à vif est d’abord une histoire de rencontre :
celle de Pierre Meunier, homme de scène, et
de Raphaël Cottin, danseur et chorégraphe, à
l’invitation de Sujets à vif, qui chaque année
suscite des collaborations inédites au Festival
d’Avignon. La rencontre a fonctionné si bien
qu’elle se prolonge aujourd’hui par une série
parisienne.
Soit, au départ, un buffet, un beau buffet bien
ouvragé qu’il s’agit de réduire en miettes.
Comme toujours dans l’univers de Pierre
Meunier, il est question de la chose prise à la
lettre et de sa métaphore : détruire, oui, mais
s’agit-il de faire place nette pour se désencombrer
ou de mettre à bas, de mettre à mal, de faire
disparaître ce qui a été patiemment construit,
échafaudé ? Faut-il s’entourer de précautions, ou
congédier la prudence étouffante ? Pour répondre
à ces épineuses questions, les deux hommes, aux
corps très dissemblables, s’assemblent autour
d’un même geste et font appel aux ressources du
burlesque pour joyeusement détruire, saccager,
douter et, étonnamment, laisser aussi passer
beaucoup d’affection.
Laure Dautzenberg
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buffet à vif
Détruire
en venir à bout
mettre à mal la chose qui nous occupe
nous obsède
nous encombre
nous provoque
avec acharnement
ne pas s’arrêter à la surface
briser en profondeur
désassembler démembrer
jusqu’à ce que ça pète
que ça craque
que ça ne ressemble plus à rien
à deux
pour s’épauler dans cette rude tâche
s’encourager
améliorer le geste du massacre
optimiser
harmoniser les han !
à grands coups dans le buffet
toute cette patience anéantie
ce savoir
cet attachement
qu’on en parle plus
on y verra plus clair
l’horizon dégagé
la mémoire en miettes
plus d’obstacle
à qui le tour ?
en avant !
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Entretien
Pierre Meunier est un habitué du Théâtre de la
Bastille où il a notamment joué Le tas, Du fond
des gorges, Sexamor, ou La bobine de Ruhmkorff.
Il revient cette fois en duo avec le danseur et
chorégraphe Raphaël Cottin. Ensemble avec
Marguerite Bordat, ils ont créé Buffet à vif au
festival d’Avignon 2014, qu’ils viennent
re-présenter au Théâtre de la Bastille en juin
2016.
Laure Dautzenberg : Comment est né le projet
de Buffet à vif ?
Pierre Meunier : Le projet est né dans le cadre
de Sujets à vif-la SACD propose chaque année
à deux artistes qui ne se connaissent pas de créer
ensemble une pièce pour le Festival d’Avignon.
Agnès Troly, qui nous connaissait tous les deux,
a eu l’idée de provoquer notre rencontre. J’étais
par ailleurs habité depuis longtemps par la vision
d’hommes s’acharnant sur un meuble jusqu’à
le réduire en miettes. Mais un beau meuble,
pas un meuble laid qu’on serait soulagé de
voir disparaître. J’avais vu une telle scène très
marquante dans un film de Béla Tarr, Sátántangó,
qui apparaissait comme une tentative désespérée
de se libérer de toute construction, de toute trace,
de tout passé. L’idée de Buffet à vif est donc
partie de là.
L. D. : Comment s’est passée votre collaboration ?
P. M. : Nous sommes fort différents : nous avons
des corps, des énergies très dissemblables, qui,
me semble-t-il, se complètent efficacement
et parfois drôlement. Une sorte de trio
tragi-comique, avec le buffet en véritable
partenaire, est apparu peu à peu au fil du travail
d’improvisation mené avec Marguerite Bordat,
dont le regard et la sensibilité au rythme du
plateau ont largement contribué à construire ce
Buffet à vif.
Raphaël apporte une forme de distance liée à la
composante dansée de ses mouvements.
En portant son attention sur les transformations
du corps dans le temps, il entre en résonance avec
l’équilibre du meuble autant qu’avec mon état
de cogneur obstiné et résolu. Comme lorsqu’il
danse sur les ruines du buffet sur fond de grands
coups, dans un geste d’anéantissement qui peut
apparaître comme une célébration ou un rituel
païen. Nous avons aussi souvent pensé à Laurel
et Hardy, qui ont érigé le principe de destruction à
un niveau inégalé de fantaisie visuelle.
L. D. : C’est un spectacle sur la destruction
conçue aussi parfois comme une jubilation…
P. M. : Oui, il y a dans ce passage à l’acte,
dans cette volonté manifeste de fracasser, de
désassembler, de désolidariser, une grande
violence en même temps que le plaisir d’en finir
avec ce qui encombre et fait obstacle, avec ce
qui bouche l’horizon. La tentative de créer les
conditions d’un changement de perspective, d’un
nouveau départ. Nous sommes tant orphelins
d’espaces vides !
Casser est aussi un acte joyeux, une jouissive
dépense d’énergie à se donner ce droit, à mettre
toute son énergie dans cette tâche… Quoi de plus
fascinant qu’une boule de fonte balancée au bout
d’une grue et qui fait exploser un immeuble !
C’est une joie primitive de péter ce qui nous
précède, cet environnement hérité qui nous
constitue pour une grande part, et que nous
subissons de plus ou moins bon gré.
J’ai vu un jour ma mère lancer de toutes ses
forces une assiette fêlée sur le carrelage de la
cuisine. L’assiette a explosé, en même temps que
ma mère a éclaté d’un rire joyeux que je ne lui
avais jamais entendu.
Ce fut un vrai coup de tonnerre, une transgression
sidérante de l’ordre du monde tel que je le
percevais alors !
Dans Buffet à vif, cette dimension burlesque
et libératrice de la destruction cohabite avec la
dimension plus inquiétante et émouvante de
la disparition, de la négation volontaire d’une
forme d’existence. C’est cette complexité de
perceptions qui peut rendre la performance
intéressante.
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entretien
L. D. : Comme souvent chez vous, il y a une
attention et une affection particulière pour la
matière, pour le travail artisanal…
P. M. : Oui, car s’il y a jouissance à casser, à
transgresser, on pulvérise en même temps une
œuvre en soi.
En anéantissant ce splendide buffet à deux corps
aux verres biseautés, on réduit en poussière un
travail qui a nécessité beaucoup de savoir-faire,
de temps, de patience, la transmission d’un
métier et de ses secrets. Toutes dimensions mises
à mal de nos jours, où la plupart de nos meubles
sont fabriqués la nuit par des machines outils
numériques.
Les meubles constituent un cercle intime autour
de nous. Je trouve intéressant de se demander
dans quelle mesure la forme, les matériaux,
la nature des assemblages peut nous affecter,
influer secrètement sur notre état d’esprit. Il ne
s’agit pas de nostalgie, mais de laisser résonner
la question de l’empreinte humaine dans notre
environnement.
Ce qui demeure du tissu social, du sentiment
d’utilité, du rapport entre des êtres, que la
fabrication d’un tel meuble nécessitait. Comme
une métaphore de l’état de la société.
Au fond, nous construisons ici des moments qui
mettent en scène des questions et des doutes sur
ce qui nous relie aujourd’hui les uns les autres.
Mars 2015
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parcours
Pierre Meunier
Pierre Meunier est né en 1957. Il suit les
formations dispensées par Pierre Étaix, Émilie
Letendre, Clémence Massart, Philippe Caubère,
Amy Lavietes. Il travaille notamment avec
Pierre Étaix et Annie Fratellini au Nouveau
Cirque de Paris ; avec Zingaro ; avec le Théâtre
de l’Unité dans L’Histoire du soldat de Ramuz
et Stravinsky ; avec la Volière Dromesko ; avec
Matthias Langhoff dans Désir sous les ormes
d’Eugène O’Neill ; avec François Tanguy et
le Théâtre du Radeau dans Choral (Théâtre de
la Bastille, 1994) ; avec Philippe Nahon (Ars
Nova) dans Les Naufragés de l’Olympe, fantaisie
lyrique dont il a écrit le livret, musique de
Giovanna Marini ; avec Isabelle Tanguy dans Feu
d’après Luxun ; avec Joël Pommerat dans Pôle
et Treize étroites têtes ; avec Jean-Paul Wenzel
dans Caveo ; avec le Cabaret Dromesko dans La
Baraque. Depuis 1999, il fabrique ses propres
spectacles : L’Homme de plein vent avec Hervé
Pierre, Le Chant du ressort avec Isabelle Tanguy,
Le Tas avec Jean-Louis Coulloc’h (Théâtre de la
Bastille, 2002), Les Égarés, fabrication collective
(Théâtre de la Bastille, 2007), Au milieu du
désordre (Théâtre de la Bastille, 2008), Sexamor
avec Nadège Prugnard (Théâtre de la Bastille,
2009).
En 2012, il engage un chantier autour du langage
avec Du fond des gorges (Théâtre de la Bastille,
2012), création collective avec Pierre-Yves
Chapalain et François Chattot ; Molin-Molette,
spectacle jeune public avec Gaël Guillet et Emma
Morin et La Bobine de Ruhmkorff (Théâtre de la
Bastille, 2013). En 2015, il a conçu et réalisé avec
Marguerite Bordat Forbidden di sporgersi à partir
du texte Algorithme éponyme de Babouillec. Ce
spectacle a été présenté dans le cadre du Festival
d’Avignon 2015. Il a créé également Badavlan,
spectacle jeune public en octobre 2015 avec Gaël
Guillet, Emma Morin et Jeff Perlicius.
Parallèlement, il met en scène Éloge du poil de
Jeanne Mordoj (Théâtre de la Bastille, 2009). Il
conduit sur trois années un travail d’atelier avec
des patients de l’hôpital psychiatrique d’Ainay-
le-Château. Il participe au projet collectif Les
Étonnistes avec Stéphanie Aubin, Christophe
Huysman et Pascale Houbin. Il réalise également
plusieurs courts-métrages, Hoplà ! Hardi !
Asphalte, et une série de onze films autour de
la matière intitulée Et ça continue !, présentée
dans l’émission Histoires courtes sur France 2 en
juillet 2007.
Raphaël Cottin
Raphaël Cottin étudie dans les années 1990 au
Conservatoire national supérieur de musique
et de danse de Paris, où il rencontre des grands
noms de la danse : Cyril Atanassoff, Peter Goss,
Jean Guizerix, Martin Kravitz, Wilfride Piollet ou
encore Odile Rouquet.
En tant qu’interprète, il danse pour Stéphanie
Aubin, Christine Gérard, Odile Duboc et surtout
Daniel Dobbels (1999-2007). Il a également
interprété des pièces de Wilfride Piollet et Jean
Guizerix, Andy de Groat et Merce Cunningham.
En 2008, il rejoint la compagnie de Thomas
Lebrun (aujourd’hui directeur du Centre
chorégraphique national de Tours) au sein de
laquelle il danse en France et dans le monde
entier (Afrique, Amérique latine, Belgique,
Canada, Chine, Espagne, Russie).
Pédagogue diplômé d’État, il transmet la
technique des barres flexibles de Wilfride Piollet,
centrée sur l’entraînement et l’autonomie du
travail du danseur. Chercheur et notateur du
mouvement en cinétographie Laban, après
des études avec Noëlle Simonet au CNSMDP,
il est depuis 2013 membre expert du Conseil
international de cinétographie Laban (ICKL),
dont il coordonne depuis 2016 le comité de
recherche. Également chorégraphe, il articule
ses projets de création et de recherche au sein
de sa compagnie La Poétique des Signes.
Il collabore régulièrement avec Corinne
Lopez, Angela Loureiro, Wilfride Piollet,
Noëlle Simonet ou Jacqueline Challet-Haas
(danse et recherche), David François Moreau
(compositeur), Catherine Noden (éclairagiste)
et Catherine Garnier (costumière) et de manière
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parcours
ponctuelle avec d’autres artistes, musiciens
ou comédiens, comme la soprano Patricia
Petibon, le violoncelliste Alexis Descharmes, le
percussionniste Joël Grare, la violoniste Hélène
Schmitt. Il participe aussi à plusieurs productions
d’opéra ou de comédies musicales, notamment
aux côtés du metteur en scène Jean Lacornerie,
pour le Théâtre de la Croix-Rousse ou l’Opéra
national de Lyon.
En 2015/16, il crée Les 7 premiers jours, quatuor
autour de la création chorégraphique, entouré de
la danseuse Lola Keraly, du flûtiste Cédric Jullion
et de la comédienne Sophie Lenoir.
Marguerite Bordat
Marguerite Bordat sort de l’ENSATT en 1997
et collabore jusqu’en 2005 à l’ensemble des
créations de Joël Pommerat, comme scénographe,
costumière et collaboratrice artistique.
Plusieurs rencontres importantes jalonnent son
parcours : Bérangère Vantusso, amie et partenaire
dont elle scénographie tous les spectacles depuis
2004 (Va Où, Kant, Les Aveugles, L’herbe folle,
Violet) et avec qui elle développe un travail
autour de la marionnette hyperréaliste.
Pierre-Yves Chapalain, rencontré alors qu’il
était comédien avec Joël Pommerat, et pour qui
elle crée scénographie et costumes de plusieurs
spectacles (La Lettre, La Fiancée de Barbe bleue,
Absinthe).
Pierre Meunier l’invite à travailler sur plusieurs
de ses créations : Le Tas, Les égarés, Du fond des
gorges, La Bobine de Ruhmkorff. En 2015, elle a
imaginé et conçu avec Pierre Meunier Forbidden
di sporgersi d’après le texte Algorithme éponyme
de Babouillec. Ce spectacle a été présenté dans le
cadre du festival d’Avignon 2015.
éric Lacascade fait appel à elle pour créer les
costumes de ses spectacles depuis 2006 (Les
Barbares dans la cour d’Honneur d’Avignon, Les
Estivants et dernièrement Tartuffe et La Vestale).
On citera également d’autres partenaires, amis,
collaborateurs auprès desquels elle s’est engagée
ces dernières années : le scénographe et metteur
en scène Jean-Pierre Laroche (création des
costumes du Concile d’Amour à l’Opéra de
Nantes en 2009), le metteur en scène Guillaume
Gatteau (scénographie et costumes pour Littoral
de Wajdi Mouawad en 2005 et Le Palais des
Fêtes de Mishima en 2008, Un ennemi du peuple
d’Ibsen en 2012), Jacques Falguières et le Théâtre
d’évreux pour qui elle créa costumes, masques,
marionnettes, de nombreuses créations de théâtre
et d’opéra.
depuis 2010, elle collabore comme scénographe
et costumière aux créations de l’auteur et metteur
en scène Lazare. Marguerite Bordat dirige un
atelier de scénographie à Censier Paris III ; elle
intervient également comme conférencière à
l’école des Arts Décoratifs.