Monographie Istanbul
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Monographie Istanbul
ISTANBUL LA PLANIFICATION URBAINE DANS UNE MEGAPOLE Mots clés : Intégration des systèmes de transport ; Modes de gestion ; Projets de transports publics Monographie rédigée par Charles SIMON et Julien ALLAIRE sur la base de l’intervention de Mustafa ILICALI, Municipalité d’Istanbul (conférence de Barcelone, 2011). Propriété intellectuelle de CODATU Dernière mise à jour : 17/08/2012 Istanbul Véritable moteur du pays, Istanbul, métropole de plus de 12 millions d’habitants est la capitale politique, économique et démographique de la Turquie. Située à cheval entre l’Europe et l’Asie, Istanbul s’est développée sur une centaine de kilomètres le long des côtes de la mer de Marmara. Cette métropole de dimension internationale est aujourd’hui confrontée à une congestion importante. Pour faire face à ce problème plusieurs projets visant à développer le système ferroviaire urbain de la ville ont été engagés. LA PLANIFICATION URBAINE DANS UNE MEGAPOLE Turquie Population : 72 752 000 hab. Istanbul Superficie : 783 562 km² Population : Agglomération : 12 600 000 hab. (2007) Superficie : 5 390 km² Densité : 92,8 hab. / km² Densité : 2 338 hab. / km² Taux d’urbanisation : 69,60 % Longueur des lignes : Métro : 20 km Tramway : 22,3 km Parts modales : VP : 15,7 % TP : 35 % MA : 49,3 % Taux de croissance annuel de la population urbaine (20052010) : 1,93 % PIB / habitant : 10 094,1 $ IDH : 0,699 / 1 Taux de motorisation : 95 véhicules pour 1 000 hab. Véhicules par kilomètre de route : 29 Accidentologie : 0,62 accident mortel pour 10 000 hab. Sources : Banque Mondiale – PNUD – Plan Bleu – UrbanRail.net Mots clés : Intégration des systèmes de transport ; Modes de gestion ; Projets de transports publics D’après l’intervention de Mustafa ILICALI – Istanbul Metropolitan Municipality (conférence de Barcelone, 2011). Depuis les années 1950, Istanbul a connu une croissance démographique particulièrement forte, triplant en trente ans sa population. Si aujourd’hui, sa croissance urbaine s’est stabilisée autour de 3,3 % par an, il n’en reste pas moins que ce taux reste le plus élevé des régions métropolitaines des pays de l’OCDE. Pour pouvoir intégrer cette croissance démographique, la ville d’Istanbul a dû composer avec un espace morphologiquement déstructuré (relief accidenté et coupé en deux par le détroit de Bosphore). Cette complexité géographique a poussé les aménageurs à organiser la ville selon une logique polycentrique. Economiquement, Istanbul est désormais parfaitement intégrée à l’économie mondiale et représente aujourd’hui un pôle urbain de premier ordre sur la scène internationale. Au niveau national, Istanbul s’impose sans conteste comme la première ville du pays. Entre 1990 et 2000, l’agglomération d’Istanbul a produit plus de 20 % du PIB total annuel de la Turquie 1. Par ces dynamiques, Istanbul a nécessairement dû faire face à une forte urbanisation et de ce fait à une demande accrue en termes de mobilité. La difficulté première fut de coordonner la planification de la ville. La municipalité métropolitaine d’Istanbul (IMM) se décompose en 32 districts, soit 73 municipalités. L’IMM est l’autorité organisatrice des transports urbains (AOTU) mais doit d’une part composer avec les 73 municipalités et d’autre part, les prises de décisions en matière de planification se font à différents niveaux et par plusieurs institutions. On ne retiendra ici que les deux principaux acteurs : UKOME (Centre de coordination de transport) 2 et AYKOME (Centre de coordination des infrastructures) 3. Les différentes institutions et organismes ont des compétences et des champs d’actions parfois similaires ce qui n’est pas sans complexifier la mise en place d’une planification urbaine. Toutefois en partenariat avec l’Agence de coopération japonaise JICA, l’IMM a pu mettre en place un Plan directeur des Transports pour Istanbul 2023. Figure 1 : Schéma Institutionnel du système de gouvernance de la mobilité urbaine. 1 Sylvain HOUPIN, Mobilité et développement durable en Méditerranée : diagnostic prospectif régional, Les Cahiers du Plan Bleu n° 9, 2010 2 Coordonne le secteur des transports avec les autorités et organismes concernés par la planification. 3 Complète l’UKOME en coordonnant les réseaux ferrés et enterrés. L’OFFRE DE TRANSPORT A ISTANBUL La demande de mobilité s’est considérablement accrue : on comptabilisait 11 millions de voyages journaliers en 2004 contre 23 millions en 2011. Cette explosion de mobilité s’est traduite par une augmentation conséquente du nombre de véhicules particuliers. Mustafa ILICALI, de l’IMM, estime qu’il y a 600 voitures supplémentaires chaque jour dans les rues d’Istanbul. La forte dépendance des Stambouliotes pour l’automobile et plus largement pour leur réseau routier engendre une congestion quasi permanente dans le centre urbain d’Istanbul. Pour autant, la capitale turque dispose d’un réseau de transport collectif important et varié. Le développement rapide du réseau de transport collectif a permis d’augmenter la fréquentation tout en réduisant le temps moyen de parcours de ses usagers. De 2004 à 2010, le temps de déplacement s’est réduit de 4 minutes passant de 53 à 49 minutes. L’offre d’autobus et de minibus est particulièrement bien développée, le réseau de bus comprend 591 lignes de bus et 123 lignes de minibus. L’exploitation du réseau est confiée à l’entreprise publique IETT ainsi qu’à plusieurs opérateurs privés. C’est aujourd’hui le mode de transport public le plus utilisé avec 83 % des déplacements réalisés sur le réseau en 2010. Le projet de Bus Rapide Transit (BRT) d’Istanbul dont la première phase a été mise en service en septembre 2007 a contribué à l’amélioration de l’offre de bus. En 2011, à l’issue de la troisième phase qui a étendu le réseau de BRT à 41 km, la clientèle est passée à 700 000 voyageurs/jour. Les temps de parcours se sont considérablement améliorés pour l’ensemble des usagers. Le réseau ferré, d’une longueur totale de 138 km, comprend un métro (8,5 km) ; un métro léger (19,3 km), cinq tramways (36 km) ; deux funiculaires (1,2 km) ; et un chemin de fer de banlieue (72 km). Aujourd’hui le réseau par rail représente 13 % des déplacements quotidiens. La fréquentation des réseaux est en croissance rapide puisqu’en 2004, il comptait pour seulement 8,6 % et devrait compter pour 31 % en 2014 au détriment du bus. Le Plan directeur des Transports pour Istanbul 2023 s’est principalement concentré sur le développement de ce mode de transport afin d’amorcer la décongestion d’Istanbul. 52 km de métro sont en construction et les chemins de fer totaliseront plus de 230 km. Un tunnel de 13,5 km est en construction pour permettre de faciliter la traversée du Bosphore. Le coût de ce projet est de l’ordre de 2,8 milliards de dollars. Ce projet Marmaray, d’une longueur totale de 77 km sera connecté au réseau ferré sur 10 points différents. Par ailleurs, 8 lignes de monorails d’une longueur totale de 48 km sont planifiées. L’offre de transport maritime représente 3 % des déplacements quotidiens et présente une tendance à la baisse. Ce mode de transport est surtout utilisé pour faire une jonction entre les deux rives du Bosphore. Figure 2 : Plan du réseau de transport par rail d’Istanbul. D’un point de vue financier, les différents projets présentés sont économiquement viables et obtiennent de bonnes appréciations auprès des agences de notation internationales. Istanbul a pu bénéficier d’une aide financière importante en provenance de différentes institutions. L’exemple de la ligne de Levent – Ayazaga – Haciosman metro project est parlant puisqu’il est financé par l’AFD et la BEI à hauteur de 340 millions d’euros. Mais Mustafa ILICALI précise que plusieurs contraintes peuvent venir se greffer aux projets : respect de l’environnement, respect du patrimoine (plus exigent si inscrit à l’UNESCO), etc. Celles-ci peuvent prolonger la durée du processus d’approbation des crédits, voire causer des annulations de contrats (pour crédits inutilisés dans les temps négociés, par exemple). Figure 31 : le pôle multimodal de Seyrantepe. Pour pérenniser son modèle de financement des infrastructures de transport, la municipalité d’Istanbul s’est intéressée à la valorisation foncière et immobilière autour des stations et des gares. Ainsi, le pôle multimodal de Seyrantepe qui desservira le stade de Galatasaray et un hôpital devrait concentrer de nombreuses activités : un centre de maintenance (42 000 m²) et un dépôt (44 000 m²). De plus, la station située près d’un axe autoroutier proposera 136 000 m² de stationnement. Par ailleurs, il est prévu de construire des surfaces de commerce et de bureaux au-dessus de la station. La location de ces espaces devrait apporter des recettes substantielles à l’autorité organisatrice de transport.