Initiation a l`anthropologie economique : resume de cours

Transcription

Initiation a l`anthropologie economique : resume de cours
- 1C
Archimer, archive institutionnelle de l’Ifremer
E S D 2 me Année : cours de M.Jacques WEBER
1988-1989
INITIATION A L'ANTHROPOLOGIE ECONOMIQUE
RESUME DE COURS
Le présent document ne constitue que le résumé du cours
d'initiation à l'anthropologie économique. Il se limite
d l'exposé des définitions et raisonnements essentiels;
sauf dans l'introduction, il ne reprend que quelques uns
des exemples présentés oralement pendant l'année. Il ne
saurait donc remplacer la présence au cours.
INTRODUCTION
STRUCTURES SOCIALES
ET APPROCHE
QUANTITATIVE
p
cours
propose
d'anthropologie
économique
d'examiner
des notions ou des faits dont l' "évidence"
supposée
onduit
à
les étudier- de prés, sous un angle
peu
fami 1 I er
a.u::<
économistes ou aux stati aticieris. Les
problèmes de définition du "ménage" dans de s l i eux oa il
existe
ste
de
formes variées d'orq_anisati on fami 1 ia.le
i 1 1 ustre
besoin
de
des données
le
"qualification"
q uan t i tat i y es préalablement a la mise e n oeuvre des
méthodes
Pour
nous
économiques
et
statistiques.
permettre
de
1 a nature des
plain-pied dans
d'entrer
questions
pou r
lesquelles
l'approche
an thropologique
peut enric h i r l'approche économique, nou s examinerons
une série
d'exemples permettant d' in rc'du ire les bases
du cours.
Les exemples choisis ont trait aux questions
de mesures
(1); •à. l'écart qui peut séparer les logiques
de la rationalité des projets de dével oppement
paxsannes
(om);
pour terminer par l'examen de quelques idées reçues
en économie du développement (3) .
Le
1.- Mesures de la réalité
Lorsque nous mesurons des grandeurs économiques, nous
exister des
puisse
qu' i 1
ssornrne_ conduits a. supposer
vraies:
un métre ou un kiloor.amme
mesures objectives,
longueur et poids bien
sont des mesures "vraies" de
"réels".
F'ar•ceqIJe
nous polJvon-. admettre cette "vérité"
d e
la mesure
pour des quantités physiques, nous en
déduisons spontanément que cette "vérité" de la mesure
vaut
pour
la quantification de grandeurs économiques.
Cr,
les orandeur's
te l l es que production,
eccnc'm i que s.
revenu,
Coût,
ont
un fort
contenu
social qui peut
amener
l'observateur
a mesurer- autre chose que ce qu'I1
croyait:
nous rfi?_.urrins peut-étr'e moins la r'éa.l I tN que
1. i dée que nous nous faisons
-Eons de ce l l e -c i
de la mesure à l'
"échec" d'un projet:
production par hectare et production par planteur.
L'exemple est emprunté aux 2API du Centre-Sud Cameroun,
projet de développement de la production cac•ao/6r'e, dans
les années soixante dix.
-1 év-al uat i on ex
ante du projet table sur de -c
r'endement s
cacaoyers
de
3_0
kg /ha dans la zone
,_oncernée;
le projet aura pou r objectif de doubler ces
reridemerits. en 5 ans
a
-
l' i ssue
des 5 ans, le rendement _'établ i t
aux environs de 400 Kg/ha.
Il
est fait un constat
d'échec du projet.
L'évaluation
de départ était établ i e a partir de "carres
de
densité"
"p
mis
en
lace
danss
l e =_. ca cao_er-e
^^
_.; or, 1es
carrés de densité mesurent le rendement de s arbre
a
l'hectare,
non ce l u i des planteurs. En prenant pour base
la productivité
des arbres , les éval uateurs faisaient
implicitement
1'h>-pûthe_.e
que toute 1a production était
récol tée . . .
qui
ce
n'était pas le cas. Des évaluations
menées par ailleurs montraient que le rendement des
planteurs
(production par planteur rapportée et sa
surface
en c.- c.e_oyér'e 1 , _' r- tabl I _. a i t aux environs
rcon s• de
Kg /ha..
De
plus, si l'évaluation du projet e>; ante était établie
a partir de carrés de densité, les évaluations en cours
et
a
l'issue du projet étaient obtenues par division de
production
la
totale de
les surfaces
la zone par
plantées:
c'est
a dire le rendement des. planteurs, non
des- arbres.
-
En comparant le rendement des Planteurs au départ et a
l'issue du projet,
on pouvait observer une progression
de 22..^
225 F;q/ha n 400 1• g/ha. En comparant des grardeur'=.
comparables (rendement des planteurs), le jugement porté
sur
le projet n' Ctai t plus cel u i d'un échec: le projet
au
moins obtenu
avait
que
toute
1 e.
de'_. planteurs
soi t
production
récoltée et ceci '_.e tradu i sai t bien par
un aua.:si - doublement de la production de 1a. zone...
Hais pourquoi les planteurs ne récoltent pas tout?
-
les
lois
foncier•es declarant
vacantes
les.
expl oi tées
non
terres
j nc i ter•erit
planteurs a
les
leur
maté r i a.l i _ser
appropriation
des
fc'nc j Cre
par
•
plantations
triés étendues de cacao, trop étendues pour
entièrement récoltables.
- la production ne répond pas A un souci de
3aximis.a.tion
du
revenu. mais découle d'une anticipation
d2
dépenses
l'année suivante. Les
cours
au
de
rendements par planteur fluctuaient d'une année sur
l'autre,
et
d'un
selon
a l'autre,
planteur
qu'une
construction,
un mariage ou une dépense importante était
prévue.
Le
même planteur pouvait sortir de ses
plantations,
125 K ' ha. une
année et ?Îlli Kc/ha l'année
d'après.
Il
se
trouvai t
la cacaoyère const j tuai t
que
une
moins
réelle ac t i v i te de production qu'une épargne
pieds:
sur
l a plantation
fonctionnant comme un livret
d'épargne dont
on
retirait
l'argent nécessaire,
pas
plus.
L''util is a. t i or, de
carrés de densité,
que 1'obsr'vateur
récolte
et pèse
lui-même est en soi
une méthode
3igoureu se d'éval uat i on des rendements. Mais l'hypothèse
implicit e d'une récolte totale relève d'un postulat de
rational ité: "il est logique, rationel, de chercher A
tirer
u r, maximum de profit de la cacaoyère". où l'on
qu 'une grand eur physique, le rendement par hectare,
a un f ort conte nu
social;
oû 1 ' on voit que 1 a mesure
pou r ap pr'ecier
u tilisée
grandeur
véhicule des
cette
hypc ithés_ es
impl jc i tes sur la grandeur a mesurer. Four
conclure , quelle
que _oit
la rigueur d'une méthode de
mesure,
ses r'e s•u l tats peuvent en fait mesurer tout autre
chose q u'espéré:
la mesure d'une réal i te •3. fort contenu
social
contenu soi t
implique,
préalablement,
qe
ce
claireme nt identif l é .
* des
-
aléas
de is notion de
productivité
cultures pures ou as•s=.ociéess
En
1972,
des agronomes voulurent tester la posssi bi l j té
des cultures vivrières
d 1 ne I ter
les femmes et passer
associées,
t des cultures séparées. Etai ent cultivés des
arachides,
du mais. I 1 était demande aux
un
légume,
la même quantité de
femmes de cul t i ver,
séparément,
y
Les femmes
se
plantes
qu'en
associées.
cultures
plaignirent
de
que
les cultures pures étaient
ce
beaucoup plus fa.t i rouan tes• que les cultures associées.
la
fa. i t ,
En
lorsqu'elles séparaient
les cultures,
surface
cuti t iç4e
était bien plus vaste qu' en cultures
associées:
trois plantes, cette surface
1'a.y_ issant de
peu
prés multipliée par trois: d'où la fatigue
-
était
invoquée.
cette extension de la surface totale? Dksi octant
Pourquoi
la parcelle
tache
.ja.un_.tre
milieu
de
une
a.0
toutes mes.
"si
expliqua:
une
d'arachides,
femme
je
tache,
s'étaient
trouvées dans cette
arachides
les cultures sent
rien maintenant;
lorsque
n'aurais
- sm :5 l ang e-_.. J e suis sure d' avo it de tout un peu ".
Tout se passait comme si:
(a)- les femmes su pposajent que chaqu e plante
dans 1 e =•c'1 une "nourr i ture" di fferente de • autres
prend
plantes,
a.uxquel l e-s elle
a pporterait ega.lement quelque
chose.
Donc
1a séparation d es cultures impliqua i t, pour
supposé
un
re-s'Jl tat
chaque
d'affecter
a
ident igue,
plante
séparée la surface qu i était nécessaire p our leur
cul tune en a.=.'sc"_iatic' n ("c'e=. t fatiguant");
<b)-
1 e mélange de s cultures sur un
m'Orne
es p ace
repc' nda.i t a. une strat egje de division des risques
'de
tout
un
peu"?;
la sepa.rat on des
tend is que
cultures comporte le risq ue
d'avoir
be-a.ucou p
d'une
plante et trop peu d'une autr e .
Dans cet exemple comme da ns
precedent,
on peut
le
la
apprécier
ce
que
=_.jmpl e notion de productivité par
unité
de
surface
peut vehi cule r de vision du mc' ride. Le
technicien
cherche
a maxi m iser la production par unite
a nourrir sa fami 1 l e dans
surface,
la femme vise
'hypothese de la pire année climatique; elle sera ainsi
conduite à produire plus qu e strictement nécessaire, et
en
minimisant,
A. sa manière , les risques.
sques. La différence
entre
le comportement attend u et le comportement c'bser':,ê
ce
à
des r'a.t j c' nal i tes
la part des femmes r envoie
différentes.
2.- Projets de développement et logiques
paysannes
Les projets de développement rural sont er, géneral
conçus selon des procédures rigoureuses:
analyse de
projet
ex-ante;
calcul
du
taux
de rendement interne;
éventuelle
analyse des effets_-; suivi-évaluatic' r, er, cours
projets,
la phase
de
etc...
Nais
de
la rapidité
préliminaire
d'identification
de
frequents
conduit
e.
contre-sens
projet.
mettant
du
en
peril
l'ensemble
Inversement,
certains projets
"réussissent" nnace a la
ca.pa.c i te d'innovation spontanée de_. populations
concernées,
autant qu'en raison de la valeur i ntr i nseque
du projet.
du contre-sens social .
.Les messinterprétation=_• de type social peuvent se faire
jour dans l'identification des "groupes-cibles", comme
dans l ' appr ec j a.t i on des prnri,-. dans le temps.
-le groupe de chasse et 1 a cooperative
1972, ur, projet de rat orl de "pre-cooperatives" e st
Er,
Lekie
la.
identifié
dans
de
le
depa.rtement
au
Sud-Cameroun.
Cc'nst.a.ta.n t que des jeunes produisent en
cha.mp-a communs, sur une base volontaire,
sur de
groupe,
'sur eux. En fait,
les experts proposent
de
s'appuyer
les hypothèses
"identification"
sur
cette
repose
c
=_.
in,pl icites
u!'Jantess: (I) Il
agit de groupes durables;
les mo n=• de production sont mis en commun; ( i i i )
( ! i )
j n've =•t i ''=.emen ts productifs son t entrepris en commun.
1
La dernière hypothèse suppose à son tour qu'une partie
du revenu commun
dans la production.
soit ré I nvesst I
L'observation^
di rect
ces gr'oupe
de
e plusieurs de
faisait ressortir les éléments suivant'_:
-le groupe se dissout au bout d'une ou deux
saisons
=onss. de culture; il se reconstitue éventuellement sur
d nouvel es bases avec des membres en majorité
té
différents;
la
terre
est
u t i 1 j sée
fournie par l'un des
membres,
à t j tre gracieux. El l e est prise sur la réserve
forestière,
défrichée par le groupe et récupérée par le
propriétaire
lorsque
groupe
est
le
dissout:
le
défrichement
ch.ement est la remuneration du propr i etai re .
le revenu est partagé sur une base égalitaire
entre les membres du groupe. Dans aucun des cas observé
le
revenu
ne
débouche
des
sur
investissements
p roductif'?.
Les
utilisations
de
sont
ce
revenu
'_ =
=.
-
le
nombre de participants est de cinq,
correspondant aux jours ouvrables de la semaine: le
,,.iéme
eat
celui
du marché
et
le septième celui du
culte.
Le système des groupes est tout-é-fait coherent et
adéquat
ÿ.
son
objet,
mais
ne peut être une
p necooperat i':'e .
I 1
s'agit d'une tontine de tr'a'•.'ai 1 , non
d'un
Le nombre de
groupement
productif
durable.
du trava i l :
participants
(5)
garantit
la reci proc i té
tout se passe comme si
divise dans
étai t
le champ
l'imaginaire
en .cinq
parcelles,
r crevant chacune une
ega.l e
d'organisation, de
part
de
travaj l .
La forme
courte durée,
pour un objectif dét ermine, avec partage
éga.l i taire
dissolution
et
du
gr oupe, correspond à
de chasseurs qui se
l'ancienne organisation du groupe
reunjssait
de quiconque,
spontanément,
à
1'initi at j y e
produit de 1 a chasse
chacun amenant ses armes et le
étant ensuite réparti égaljtairement.
groupes
des
Les
experts
rencon trer
croyaient
pré COOpér•a.t i ts;
eu x-mêmes pensaient
1e
paysans
. partir des
exister en tant que producteurs en ommun,
-
_•
c
r'éferences
d'orcianisa.tiori
dont
ils
disposaient
,
lesquelles n'étaient en rien des coopératives.
-le mythe du "grand planteur"
Dans les r égion=• de production arbustive (café, cacao),
les projets
de develc' ppement partent d'une hypothèse
d'accumulatj on
d 'écoulant
deux observations: (i) les
de
terre qui lea porte étant
arbres dura nt
longtemps,
la
est
des arbres,
il
par
revendiquée
le
propriétaire
ste
la prapr i e té privée ex i ste ; (ii) il existe
supposé que
foncière
dss
des grands
planteurs,
l'accumulation
"donc"
exi^te
pt
sur
une
scc umulation
doit
d^boucher
d^
Il
caoital.
^xiste
des grands olanteurs , "donc" il
^oe
exis^*
"cla^se" de grands p|^nteurs. D ans le cas du
sud-Cameroun `il
est donné d'o^ser"^r
que plus un
plonteur
est
"grand", plus s*s succes seurs seront
"^etits".
Seule
la guantité de main d'oeuv re disponibl*
exp|ique
la
taille
des plantat|ons, en
l'absence de
p^nuri+
^e
terre
et
l'absence de méc anisation^ la
en
piantation grandira avec
le nombre des é pouses ^t des
enfants.
Puis
l'héritage
sera divisé
en un nombre ^e
part proportionnel
au nombre ^es descen dants, nombre
lui-méme
d'autant p\us grand qu^
les
plantations
étaient
vastes...
Des
grand planteurs ,
oui,
mais
"c7asse" ^e grands plan^eurs, stable dans le temps, non.
* du contresens ^conomique:
Les contresens économ^ques 1 p s plus couramment observ*s
ont
trait
à
la définition
de
la richesse
et
^ la
trensposition
trop h^tive du
fonctionnement
la
de
mcnna^e
^anc
}es
scc/etes
^n^^s^rie|ies:
p^u^^^`
libératoire ab^o\u,
- richesse e^ accumulation: le pa's MOSSI
L*s travailleurs Mossi du Burkina Fasso sont nombreux en
C^te
d'Ivoire.
On
pourra^t
penser
que
les revenus
tirés
de la migrat/on puissent trouver à s'investir dans
l'agricu7ture.
ou
dans
des
pos)tion^
socialeme^t
avantageuses lors du retour. G,Ancey (1977) montrait
ou'il
n'en
était
rien.
Les revenus migratoires, s'ils
permettaient
l'ouverture
d'un
petit
ne
commerce,
permettaient
pas
l'installation
en
agriculture,
ni
d'a^^leurs
7e mariage.
Pour
accéder
à
la
terre, il
fallait
avoir
un
statut
fami7ial
reconnu
(chef
de
fami}l^)^
de m^me, seule la demande d'une épouse par
un A^né
est-elle
recevable
par
un
autre Ainé et
l'argent n'y peut rien.
- les "sphéres de circulation"
Dans de nombreus^s contrées `les biens circulent dans
des
"sphéres" déterminées. Ainsi, les biens n^^^^^^ires
^
la dot peuvent bien Atre réuni^ par un Jeune homme.
Ils oe
permettront
d'obtenir
un mariage qu'en passant
par
les mains d'un A^né. A Madagascar, (Althabe,
1969),
la monnaie elle-méme restait ^risonni^re de son
origine:
si
le
poulet
était
un
tabou
alimentaire
tiré
de
familial,
l'argent
la vente
de ce poulet n^
pouvait servir à l'achat d'aliments.
- les formes de la richesse
"eorichissez-vous"
ne
signifie
pas partout
la mAme
chose. Au ^ud Cameroun, cela signifie avoir beaocoup
donc d^ ncv^breuses ^pouses. d'onfants, En Mé\anésie,
cela signifie
^tre généreux,
donc pauvre au sens où
pauvreté^
entendons
la
non
l'abondance matérielle
reflétant
,non
la richesse,
mais 1'av.a rire, suprême
défaut.
La. mise en oeuvre de projets de développement . ,
base
individuelle,
donnant
pour
_.e
objectif
un
enrichissement
par
av ance, vouée a
i ndiv i due l ,
est,
l ' échec !
Ce
pas.
n'est
problème
anecdotique:
l'incompréhension des formes soc j al emen t admises de la
richesse
conduit
pressé
l'observateur
a la conclusion
que
1 a
société
qu'il
observe
est "aut o—subsistante",
puisqu'elle ne produit guère DDu r
1 "échange. Or i1
n'existe pas de société vraiment auto- subsistante, et
1/échange de marchandises sur un marc hé n'est pas la
seule
forme d'échange possible:
la c irculation
des
épouses,
la
circulation
de
biens
cérémoniels,
correspondent aussi A des c i rcu i ts d'échan des.
spontanées:
volontarisme développeur
et
innovations
Lorsqu'une opér•at i ori de développement est conçue, sari
d'action
champ
est. néces.=..airement, limité a son objet:
égales par
ailleurs".
Plais
l'activité
agricole forme
système de production technique, économique, social:
toucher a un des aspects du système agraire aura des
répercutions sur tous les autres aspects de ce système.
Cette observation conduit parfois a refuser d'agir, par
ne
crai rite
que
les effets
inattendus d'un
projet
l'emportent
sur
ceux
qui
sont espérés. Mais il arrive
que
les effets inintentionnels soient justement ceux qui
exemples
permettent
le
succès
du
projet.
Deu:>,
l' i l lusstreront.
— Les sorghos repiqués (Mu skwar i ) au Cameroun.
Le coton et les sorghos sont des plantes concurrentes:
elles occupent
les mêmes sols, au même moment, et
travail
requièrent
du
en même
temps. L'adoption du
di 1emrle
su i v a. n t:
avoir beaucoup de
coton
conduit
au
pe u de nourriture, ou
e
cotont
(donc
d'argent)
1 'i riverse .
Les paysans du Nord—Cam eroun ont résolu cette
contradiction
en mettant e n valeur les terres argileuses
afin d'y repiquer, en
inondées en saison
son des pluies,
début de saison sèche, de s va.r•iét é spéciales de sorgho,
coton
cultivent
le
les
Mus.k:wa.r i .
Les
pa y a n ss
sèche,
ils
normalement,
en
début d e
saison
puis,
cultivent
les sorghos re piqués. Les M u 's k w •a. r i donneront
au m i l i eu de la saison sèche,
une
récolte
en
février,
les
bêtes au moment oi_l
ainsi
que du fourrage p our
l'herbe est rare.
19=9. la production cotonnière du Cameroun atteint un
En
et
vivrier
tonnes,
déficit
un
de
7.000
record
repl i e sur les
se
En
la popula.ti con
important;
1970,
de cotan tombe .
la produc t i cirl
cultures vivrières et
et
1 975,
1970
Entre
tonnes.
28.000
- 8-
sorghos repiqués vont doubler, tandis que la production
cotonniére remonte, rendue possible par le Muskwari. U n
projet
de
(cocon) était rendu viable par
développement
un effet inattendu (l'extens|on spontanée des Muskwari).
- Transformation du p oisson au Sénégal
En 1972,
la FAO es saie d'intro d uire un nouvel engin de
peche
au Sénégal, d ans la peche piroguére: la Senne
Tournante et Couliss ante. Il s'agit dun filet (senne) a
petites mailles, av ec
lequel
on
encercle un banc de
poisson;
puis la cor de du bas du filet est tirée par lea
marins, ce
qui ress erre le filet en poche dans laquelle
le poisson est cap tif.
eng i n entraîne de hauts
Cet
rendements:
une pri se p e u t atteindre ou dépasser 20
tonnes;
une
unité
de péche à la senne tournante
débarque en moyenne
700 t onnes de poisson par an.
L'effet du developp ement des sennes tournantes sur le
marché pouvait étre rédhibitoire: comment absorber un
tel
accroissement
de la production?
L'adoption du
nouvel
engin
se fit «u prix d 'une prodigieuse exte-ision
s ac
n ines C3 zransTormation ar^isan^^* ^'~
poisson, et notamme nt
d'une technique, plus appropr ié e
les autres au
le
que
t y pe de poissons débarqué s :
fraisage.
Le
déve loppement de la transformation
artisanale
était un effet inintentionnel de la diffusion
ces sennes tournante s; par effet en retour, cel a rendait
possible la diffusion technologique recherchée,
* le développeur-le développé: deux
discours, deux pratiques.
A la fin des années c inquante / les puissances coloniales
place
mettaient
en
des micro-projets villageois a
objectif
et
clairement
défini :
la qual ité du
unique
cacao ou du café pa r exempl e . Puis lea années soixante
v us'acrottre
ont
la
taille
des projets e tla
concentration
de
leu rs moyens. A la fin des années
soixante,
la mode e st aux
"projets de développement
int é gré".
La poursuit e de cette logique d'un encadrement
de
plus en
plus va.ste
des activités rurales par lea
"sociétés
structures de projet s devait
condu}re aux
nationales".
Dix
ans . plus tard, la tendance é tait à la
la mise e n
dissolution
des stru ctures nationales • et
oeuvre de
s'agissait en fait dun
"petits p rojets":
retour
aux doctrine s des années ayant précédé les
indépendances.
des sociét4s nat i onales,
La di sparition
un
peu
partout,
all ait de pair avec la multiplication
les Organisation Non
micro-projets
inités par
des
Die ntbt
Gouvernem p ntales.
devait
fair e sentir le
se
et de coordonner ces initiatives
besoin de regrouper
éclatées, dispersées et parfois contradictoires: on peut
se demander si / de n ouveau ` on n'assiste pas a un début
de cycle de concentrat ion.
Tout
projet de développement ="=.t
réducteur ; il portera
sur
quelques aspects d'un
système agr'air'e complexe, .ÿ.
travers
lesquels
accrut tre
i l
sera supposé
les
revenus,
entrai ner
d'une
épargne etc . .
I ' appa. i : i on
Mais
pour les paysans, la ref ; _.'. I On est en sens inverse:
le projet est analysé au regard de ses conséquences sur
les autres aspects. du
système
agraire. la vision des
paysans
est
mais
non
réductrice,
au
contraire
généralisante,
gl obal i sa.nte .
Il
que dans les
s'ensuit
réunions à propos d'un projet très spécifique dans ses
objectifs,
les questions que posent les paysans semblent
souvent,
à première vue, rie concerner en rien le projet
lui-même:
une étude attentive des questions posées
montrera le plus souvent qu'elles corr're =•pondent à une
anticipation
d'effets
très
indirects du
projet
erg
discussion.
Les échecs répétés des projets de développement sort
bien
là qui justifient de se poser la question de savoir
société_• concernées.
3- Pourquoi
économique
une initiation à l'anthropologie
La science économique est généralement définie comme
"science
l'allocation optimale
de ressources rares
de
entre
des fins innombrables". El l e se construit sur uric
hypothèse de rareté,
et sur une croyance en la l i berté
Elle présuppose des postulats de rationalité
des choix.
salarié, monnaie et
issus des "économies avec emploi
intérêt" selon l'expression de J.M.KEYNES.
pressentir
faire
ce
L'introduction
de
cours voulait
n'ex i stai t pas une mais
des r•at i oria.l i tés. Pour
qu' i l
Maurice ALLAIS, un homme est rationnel quand:
)-
des fins cohérentes avec
(i)i 1
poursuit
elles-mêmes;
des moyens adéquats aux fins
i i )-
il
emploie
poursuivies.
* Les théories
sont
des visions du monde
leur environnement ainsi
Toutes les soclét é _ classent
que les relations que 1 es homme s entretiennent entre eux
Les catégories sont
à propos de cet
envjronnemen t.
le sens est accepté par
désignées par des mots, dont
du groupe; s'ils ne le sont pas, les
tous les membres
comme
interlocuteurs.
classent
mutuellement
e
"irrationnels".
La théoriee écon omique est ainsi conduite
exclure de son champ de s at t j tudess et des faits jugés.
les
biens,
extra-économiques;
destru ction
la
des
guerres,
ou les bi ens religieux par exemple (F.PERRiILIX).
Les disciplines scient itique=, dont l'économie, reposent
sur
aussi
des . = t éme s de classement (économique/
que
extra-économique;
rat iannel/ nori-ra.tionrlel ...) . El les
produisent des concep t'_ dont la val i di té repose sur un
consensus
.
et les concepts qu'elles
Les disc iplines,
créent,
sont
abstraites;
elles
des
élaborations
n'acquier_nt
de
rea.li té que sur la base d'un consensus.
Le
"revenu
na.t i onal " ,
"PNB"
n'existent
que
le
"par
déf i rl i t i on" ;
mais
une fois créés, ils engendrent bel et
bien
une
r•éal i té:
classement des pays du monde %+.
le
partir
de
ces
not ion=_, quinous permettra de
hiérarchiser
les pays du Monde, en riches, pauvres etc..
Que
changent =_.impl emen t les définitions des agrégats et,
car i catur•a i ement ,
la face du monde pourrait en être
changée,
des hiérarchies qui en
par
la mcldi ficaticn
découlerait!
I1
de bien prendre
appar al t
nerP=. =..ai re
conscience
économiques ou
de ce qu e les concepts,
autres,
e: i stence que cel l e résultant de
n'ont d'autre
notre accord.
.
Ainsi,
.h o i1 n'est <vraie... Elle st
aucune
acceptable jusqu'a ppreuve du contraire . Dans les
sciences humaines plus qu'ai l leurs, aucun exemple n'a de
valeur
démonstrative
un
exemple
confirmant urge
l' i 1 1 ustre
h;•• pclthese
mais rie démontre pas. Le seul
exemple
qui ait valeur de preuve est celui qui coritredi t
la théorie.
Lorsqu'une
théorie
est
acceptée,
1e
sont
aussi
les
postulats qui
sont a sa base, par exemple, la rareté et
l'utilité
dans
le
cas de l'économie. De ce fait, toute
en expliquant les faits concrets, en donne une
théorie,
,
image
"vraie
i
tout
est égal par ai l l eurss" . Toute
théorie,
aussi
efficience
et
efficace
soit-elle, est
donc une
i déo-1 ag i e ,
un systeme de classement parmi
F u^ci tll e'^, et reposant sur un consensus.
_ possibles,
d'autres
l'anthropologie économique:
su
sens e thymol clgl que, est LA science
L'anthropologie,
de
l'homme
et le s diverses sciences humaines, histoire,
économie
sont
sociologie,
p_.ychclooie,et
géographie,
englobées par
l'anthropologie.
De façon plus modeste,
l'étude
des
a.
économique
que
-=.e
propose
1'nthropcll
ogi e
groupes entretiennent
individus !ou
relations que
les
encore,
eux
propos
des
choses.
nu
A
entre
l'anthropologie
économique tentera d'étudier les aspects
sociaux
rapports
matériels
el =^
des rapports
d-
r-. larts.
Les r-.
1 1 a ts entre
1
individus et entre groupes peuvent être de toutes
natures:
pol i t i ques,
affectifs,
esthétiques, guerriers
ers.
L'anthropologie
étudie les
bien qu'économiques.
aussi
a travers les flux et les usages des
r•apar t_. sociaux
les sous-tendent. El l e voudrait éclairer les
biens qui
(l'allocation
des ressources)
économiques
en
choix
mettant en évidence leurs déterminations observable, et
partir
non
.j.
de
postulats de
comportement.
Les
comportements
peuvent
économiques
avoir
des
déterminations
extra-économiques:
croyances, mythes,
définitions particulier-es de
la "richesse", système de
parenté etc.
A
titre
d'exemple, le don, la religion, qui échappent
l'analyse
écc'ncmi qe,
deviennent
objets d'étude
pour
l'anthropologie économique; ils sont sous-tendus par des
biens
matériels,
l'objet donné,
les offrandes des
fidèles,
la
construction
de
temples,
les biens
sacrifiés.
Pour
l'économiste,
il
s'agira de domaines
extra-économiques;
l'anthropologue,
pour
la question
sera de
savoir qui donne quoi à qu i , pourquoi les biens
sacrifiés sont
ceux-ci
et
pas d'autres, quelle est la
relation entre
le niveau des revenus et le volume de
biens sacrifiés,
le
coût du temple. Toujiours à titre
d'exemple,
nous
observerons
des
rationalités
multiples;
découvrirons
rons que
la rareté est
un fait
1 ,
r
„
1 d=
t --ni,-1... t=r=' r,r
c cr:_ i-1 ; e
le
e
1:e1me
de
ar'en l _
l'ensemble des relations économiques.
L'économiste
part
définition
a priori
de
la
d'une
ra.t i ona.l i té ,
l ' an thropol o'ue
essaye
de
décrypter
la
rat i onal i té des comportements qu' i 1 observe, et qui peut
etre
de
celle
différente
de
l'homo economicus.
L'anthropologie
économique
empr'unter'a
aux
diverses
sciences
sociales
au carrefour desquelles el l e se
trouve.
Il
s'agit donc d'une démarche et de méthodes,
mais pas d'une discipline.
L'intérêt
d'une
initiation à l'anthropologique est de
conduire à examiner comme dignes de question des notions
ou des faits habi tuel l ement considérés comme "al l ant de
soi".
Cette
initiation
permettra un meilleur usage des
en économie ou
connaissances acquises par ai l l eur's, stat i st i ques,
en
en
percevant mieux les l imi tess et les
probl érrie= que pose leur transposition dans des sociétés
Cette relativisation des certitudes est un
différentes.
de compréhension du
préalable
à
toute
tentative
poursuit
changement
soc i al ,
objectif
que
l'anthropologie.
ri
;Ti
_i-'=
I.-
BASE
n cr o t
L'ANTHROPOLOGIE ECONOMIQUE: QUELQUES NOTIONS DE
1.- Définitions
Pou r pouvoir comparer des comr' ortements et des faits
=..a.i re de
relevant
de
contextes différents, i 1 est né
portée
"universelle"; c'est à.
de
notions de
disposer
notions définies de te l l e sc' r te qu'elles soient
dire
de
selon
le
tout
lieu,
"spécifiables"
en
applicables
- 12contexte. Il faut donc qu'el l es soient abstraite=. et
qu'elles ne contiennent aucun postulat de comportement;
plus pre c i sement, le postulat sera que les comportements
different selon le contexte social.
1.1.
Système
social, structures
sociales
La démarche anthropologique est
stemique. Dans l'étude
d'une
situation,
on tentera a ch aque fois de repérer la
"marge
de manoeuvre"
Irldl'•.' idu_. et des groupes, la
de_.
liberté
de
choix
ils dis posent a l'intérieur du
dont
contexte
dans
lequel
Pour
cela,
ils évolu ent.
nous
dis p osons de concepts tels que
système et structure,
est
qu' i l
n6re, '=. =-aire de définir de façon précise, pour
éviter
I es u_ctue-.
i ncc' nsi deres de
ces notionsqui
reviennent souvent dans le langage courant.
Un système, social
ou autre, est une
totalité composée de niveaux di fférents, lesquels rie
*
autres nivea.u,
aux
et a la tot lite. Un :_. e m e est un
ensemble de structures liées en tre elles par certaines
régies
et
l oi s
. Chaque struc turc est un ensemble d'
objets
eiéments
liés ent re eux par certaines
ou
r'eg1 ea et
1 co i s .
Chaque niveau d'un sys_•teme est a la foi
spécifique et
lie d chacun des autres niveaux ainsi qu'a la tota.l i té
du = . steme. On ne peut pa_ dédui re un niveau d'un autre
cu réduire un niveau é un autre
de meme, on ne peut
réduire
systeme .. l'un de ses niveaux ni déduire
ni
le
le système de l'un de ses niveau ., i ndependamment de ses
relations au>, autres niveaux.
d'analyse -,_temique: l'analyse input-output
Un
exemple
int erindustrie1a (T.E.I.):
tableau d'echanges
dans un
chaque branche fournit les autres et reçoit d'elles, les
br'anche-. ("nives ux") étant meaurees par
relations entre
ques. Ce rtaines branches_. _.ont
les coefficients techniques.
plus autonomes
que les autres; U n changement dans l'une
des branches aura de s r'ér'ercus i ons dans les autres,
donc_ sur le tabl eau tout entier.
*
n iveaux
Les relations entre
sont de deux ordres: "règles" et "lois ".
d'un système
Par refile ,
car,=_.c i en te vol ors ta. i re ,
l'organisation
on
entend
d el iber'ee,
des structures ou de'_ éléments a. l'intérieur
loi , on ent end la logique cachée,
des structures. Par
resul tarite
de
inir^tentionne1le
ou
l'organisation des
_.on t elle -meme dans des
l oi s_
structures.
Règles et
L'organisa .tion
relation
donnees.
consciente
de_.
de 1 a
structures
l'ordre
conjoncture;
eat
de
"cachée" ou result ante, est de l'ordre de
l'organisation
résultent d'un accord:
Les "régies"
la longue
durée.
elles sont en general observables .; tandis que les "lois"
par
par
la recherche,
etr'e
decou','ertes
doivent
sont
pa.s propres a
Ce=.
définitions ne
l'analyse. l'anthropologie: elles renvoient à la théorie des.
(Von
Berta.l a.nfy, 1973) et à l'usage qu i en e=.t
s y stèmes
f j t
darts les sciences sociales comme en bi ol ogi e ou en
.
p h _ I que
l'analyse de systèmes sociaux, nous poserons qu' i 1
Fou r
est
possible
arbitrairement
les découper
de
sel cri
niveaux:
l'économique,
le
pol i t i que
et
trois
1' idéoiocique,
sans
qu'il
soit
possible de réduire la
un
total i tr
oc i a.l e
.a.
l'un
de
ses
niveaux
ni
de l ' en
déduire.
1.2.
1'flidéologique".
L'"économique",
le
"politique"
et
Par
niveau
économique
, j'entends l'ensemble des
matériels
a.-Dec t'_•
de
la vie
niveau
sociale.
Le
econ ':mi que
compr'endr' a
les faits de
production,
de
d'usage
distribution
et
de s biens et services. Cette
définition
n'implique ni postulat de rareté, ni postulat
de
rationalité:
elle sera ainsi adéquate
l'analyse de
sociétés autres qu'industrielles.
Par
niveau
politique , nous définirons l'ensemble des
relations d'a.utor i té , de contrôle. Lea structures de
propriété et de pouvoir relèvent du niveau politique.
niveau
idéologique
comprend
l'ensemble des
Le
représentations de la ré.a.l i té . Les mythes, les systèmes
de
valeurs,
les
ideologies politiques, mais également
les
re l i g i ons,
relèvent
niveau
idéologique.
Les
du
religions
offrent
des
interprétations,
des
représentations
d'origine
de
la réal i té ,
bien
que
divine.
Les
sciences,
que systèmes de
en
tant
représentation
des
de
réalité,
sont
également
la
"idéo-locie.s".
Toute relation entre des individus ou groupes a propos
de
choses
rel a.t i cri
de
("économique"),
impl i que
une
contrôle
ou
d'autorité
("politique"); cette relation
elle-même
d'une
établie,
à partir
est
organisée,
représentation
de
qu' i i
la
réal i té
<I déo-1 oci e) ,
d'éthique,
s'agisse
de morale, de référence religieuse.
La division en trois niveaux est arbitraire, mais
cohérente: chaque niveau est dépendant des autres et à
son tour les conditionne.
d'illustration,
une usine produisant des
titre
soit
A
tchadors. Le type de production découle d'un système
de
représentation de la réalité (idéologie)
particulier
ordonne aux femmes de porter le tchador. Les
qu I
l'usine
de
dan.. des relations
ouvriers
travaillent
té
(pol i t i que) , propres non seulement
données d'autorité
produire
des
techniques, et au volume de biens
'l'état
mais condi tj conné
le système de
(économi e) ,
aussi
par
travail pa.rcel l i _é (taylorisme) ou non,
représentations:
auto-oére
cu
hiérarchique etc..L'us-ine appartient à des
t
actionnaires,
ou
i'Eta.t, ou .a un propriétaire unique
fonction
en
de
dominante. L a relation des
l'ideologie
er=
ouvriers
.avec
propr i e ta. i re( )
sera
le(s)
ici
d'opposition
"de
de
type
classe",
1 à pa.ternal i te,
filial, ou rel i'aieu:.
Plusieurs remarques:
quand
j e
parle
structure,
niveaux
de
._y .ateme ,
économique,
fabrique
politique,
1deologique,
des
je
abstra.ction 3 , des outils. Ces outils valent quelque chose
s'ils
me
permettent
de rendre compte de ce que
j'observe.
Ce
qui
ne veut pas dire que 1'economige, le
politique
l'idéologique
aient une existence réelle,
ou
qu'il
s'agisse
"vraies".
Elles sont
de
notions
pertinentes
qu'elles remplissent la mission pour
parce
laquelle elles sont créées: permettre d'approcher, de
représenter tous les t ypes de société sans présupposé de
rationalité ni de comportement.
les préférences individuelles s'expriment dans un
cadre donné, celui du système de valeurs. Les choix des
individus sont
mais seulement •a. l'intérieur de
libres,
ce
cadre
def i n i t ce qui est bien ou mal , propre ou
qui
sale,
riche ou pauvre, honorable ou déshonorant etc. Je
suis
1 ibre d'affecter une part de mes revenus a mon
ha.bi l lement: je rie suis pas "libre", de facto, de
m'habiller en femme. Français, je ne suis pas "libre"
d'affecter mon épargne a un deuxième mariage, parce que
l a société
française
ne reconnaît ni la polygamie ni
la
compensation matrimoniale pour l'obtention d'une
épouse.
lorsqu'on
passe
d'une
société
'+. une
autre,
les
références
éthiques
comportement
du
individuel
ou
collectif
sont modifiées.
bien
devient le mal, le
Le
propre
devient
sale
etc.
Dans
le
domaine
de
l'anthropologie,
rien
fondement
"naturel", en
ri'a de
(boire, manger, dormir,
dehors de
quelques nécessités
auxquelles l'imagination des hommes et les
procréer)
de
urge multitude
circonstances historiques apportent chaque société tente de poser comme
réponses
que
"naturelle_".
Les scientif igues semblent s'accorder pour admettre
premier de tous les =atemes est de se
l 'object i f
que
Dans
a.
survivre
le
cas des sy s.temes
e u::.-memes .
implique
de
, de
sociaux,
cet
objetif
consommer
coopérer
de
procréer Nous ne pouvons donner ni tort
ni
raison a auc un système social sur une ba"se objective:
seul
criter e objectif de jugement est la capacité de
le
ce système a se survivre.. Cela ne revient
erlt en aucun cas
- 15
t ou s
justifier
les syst emes; mais à faire la part entre
qui relève de mes r•éf érences éthiques personnelles et
ce
relé'.:' er•a.i t
ce
qui
ordre "naturel". Les systèmes
d'un
ap i tal i te
e t
ccimmun i s te sont également aptes à se
ils sont donc efficients, voilàoù s'arrête
survivre:
ob:i ective. Je
l'analyse
préfère le système cap i ta.l i ste
carr•
" i 1
perm et à chacun de se réaliser" ou
préfère
le
système
la
communiste
car
"il
assure
propriété
co1 1 e ct ive" :
voici
oa commence
l'influence
de me_.
références ide
logiques. personnelles.
c
2.— Questions de méthodes
Les méthode s employées en anthropologie économique sont
celles de
1 'ethnologie, de la sociologie, de l'histoire
et
de
l'é conom i e.
Erioncée
ainsi,
la question
des
méthodes a de
quoi
faire reculer... Ce serait oubl i er•
que
l'histo ire procède à des analyses économiques,
sociologique= ,ps y chologiques; que l'économie édicte des
comportement
psychologiques,sociologiques et des lois
historiques
(cycles de Kondratieff;
loi
de la baisse
tendancielle du taux de profit, ...)
Nous examine rons ces questions de méthodes à travers le
recour-s. à
1 'histoire,
les procès
de
production,
la
circulation e t l'accumulation.
2.1. Le rôle de l'histoire
le temps. Au-de là des e vériemen ts , de
L'histoire,
la conjoncture,
i 1 existe une hi st oire inc cinsc i en te qui
conditionne
luc idité
des acteu rs,
mai
échappe à la
ainss i
de
l'organisa tion de "tontines de
choix:
leur s
travail"
dont
1 e modèle inconscie nt de ré Térence était
1e groupe de cha as.e
d'autrefois. La publ icit' utilise
des com portements de
largement
induire
fait
pour
ce
de
la
temps. de_. =.truc tur•es r eléve
consommation. Ce
longue durée. Pour reprendre 1 'e.pr es.s i on d e F. E,RAUDEL ,
les
"les
1' histoire
l'histoire,
hommes
fon t
puis
emporte".
Le
temps
de
1 'anthropologue
n'est p as celui de
l'économiste,
dés lors qu' i l
a.pp 1 i que à ompreridre les
transformation des systèmes sociaux, tr•ansf ormat i c in = qui
à l'échelle
nécessitent
durées
très longues,
des
individuels
desquelles
les ch oix
ne joue nt plus qu'un
rôle
indirect. Le sta.t i st i i en , plus que l' économiste,
prend en compte la
rejoint
l'a.rithropo 1 ogu e1 or•s.qu' i l
durée
et
fait res sortir permanences et cha ripements dans
des séries tempor• el l es
En outre , les mêmes
longues.
des motifs
comportements
peu 'rent
être
dicté s par
différents selon les époques.
pour
la
L'histoire
est
une
approche
indispensable
__.
c
c
conception
de projets de "di: v.:'el oppement" : el l e permet de
en
mettre
evidence 1'evolution des fait= d'observation,
et
de
bien
distinuuer l'image du film dans lequel elle
_' insere. Reprenons l'exemple des "grands planteurs" de
cacao:
le
l'histoire noua indique qu'a tout
recours a
instant
il existe des orarld'_ planteurs, mais que dans la
durée
il
n'existe pas. de "classe" de (grands planteurs.
Au
a
Seneca.l ,
tout moment j'observe plusieurs t}'pes de
peche
artisanale:
ces
types
mai s
différents
correspondent a autant de "moments" de la ca.rr'iere d'un
p cheur.
Développer tel ou tel t y pe de poche revient
a
modifier
les
professionnels
des
itinéraires
pécheurs.
Ainsi,
le
développement, et le concept de développement
ant
une
histoire.
Il ._ sont lies aux décolonisations et
aux ind é pendances: le concept fait son apparition dans
les adnées cinquante (FRE'fSSINET, 1964). L'évolution des
théories
es du développement a profondément influence la
conception des projets;
elles ant elles -memes été
influencées par l'état des relations internationales, et
par less débats idéolc' oiques entre l'Est et l'Ouest, puis
entre le Nord et le Sud. (WEBER, 1978; AUEERTIN et al i i
19'83)
2.2. La production
acte économique
excellence,
est
La
production,
par
contexte
e ' alemerlt
un acte étroitement
dépendant
du
L'anthropologue,
a comprendre
le
soc i al .
cherchant
productif
dans ses relations i l' ar'gan i sat i on
=ysteme
sociale et aux systemes de valeurs, rie pourra pas se
d'apprécier
contenter
la
production en
termes de
"combinaison
de
facteurs de production". Le travail, le
cap i ta.l ,
les techniques, ne sont pas définissables de la
meme maniere dans tous les contextes: l'exemple de la
t_ d L_.y. I_lyeri_
production
au
Cameroun,, "épargne sur p i edss" ,
nous l'a de :i:_. __.ugcer'e.
l'acte productif
le contexte,
L'étude
de
quelque
soit
l a production,
supposera d'examiner:
sexe, le
qui
l'.^e,
le
travaille:
selon
statut (noble, libre, esclave; a.ïnc, cadet..)
quels sont
les objets et moyens de tra.va.i l .
Par
objet
cri entend la matier'e premiere .
de
tra.vai 1 ,
l'état
terre
suppose
brut.
Ai nsi ,
la
agricole,
qui
d'être
pouvoir
préalablement
tra.nssformee
pour
la mer
produire,
est
de
tr'a.va.i 1 ,
quand
moyen
dans
laquelle
poisson
est simplement prélevé, n'est pour
le
les pccheurs qu'objet de tra.va.i 1 .
ceux qui
les relations
entre
quelles sont
tra vai l lent
les objets et moyen ,-, de travail nous
et
- 17permettra d'analyser
productifs.
C'est ici
les act es
qu'interviennent
les
les mêmes outils,
techn i qu es:
a.ppl i qu ~'_ aux mêmes objets, 1 e seront fréquemment de
façon différente,
techniques différentes erg
selon des
des
fonction
l i eu :.
A
t i tre d'exemple, l'obtention de
vin
n
de palme peut s'effectuer par la coupe de l'arbre et
le
recueil
de
la sève
a base, OU par saignée au
à
sommet de cet arbre. Les out ils seront les mêmes, le
produit également; mais dans
le
premier cas, l'arbre
meurt et l'on ne procedera de cette manière que dans les
zones oa une faible densité
population garantit
de
contre une pénurie d'arbres. En Nouvelle Guinée, il fut
possible d'observer le passa ge de la hache de pierre
la
hache
métallique: à la sur prise des observateurs, le
gain
de
productivité
du trav ail n'était que de l'ordre
de
10%.
La raison en était que la hache de fer était
utilisée
de la même façon que la hache de pierre; tout
la bêche métallique é tait
comme
utilisée
comme un
bâton
à fouir.
L'outil ne va ut que par la façon dont
il est utilisé (M.G0DELIER).
le processus productif
v
n
L' e n semb e
dJi
processus
productif ^.__jgne
aux individus
assigne
de
des places déterminées,
découlant
la division du
seme,
récolte,
travai l .
Oui
défriche,
entretient,
commercialise? Oui
contrôle
le s>ssteme de places que
constitue
le
procès de production? Nous avons vu
précédemment que tout s4'steme de valeurs est un sjsteme
de
classement des choses, des individus et des relations
entre
individus à propos des choses. Autant que les
ce systéme de valeurs pèsera
contraintes techniques,
dans l'assignation de places précises dans le processus
RAD'jKOI:.I'LKI
productif.
reprendre
les
Pour
termes de
(1987):
"Les rapports des hommes entre eux préjugent
toujours des rapports des hommes aux choses".
correspond des
tout
processus de production
i 1
A
fonctions d'autorité
et
de
contr•OOle.Dans la plupart
des mi l i eux ruraux du Tiers-Monde, ce sont les systemes
de parente qui régissent l'organisation de la
production.
L'aîné de lignage, dépositaire du sol, en
répartit
l'usage entre les groupes domestiques dépendant
de
sol sera réparti entre les foyers des
lui.
le
Ici,
les foyers des neveux ("f i l s de
fils mariés,
là entre
fami l i aux seront con trôl ?•_ par
soeurs") ;
les grenier
l'aîné.
le travail s'organisera
La coopération dans
sur
la base oncles/neveux, pères/fils ou encore à partir
de classes d'âges (ceux qui ont le même âge, ou
_
1
La grande
qui
"initiés ensemble"
"initiés
etc.).
c'rit
été
di'.'er•site de s systèmes de parenté ira de pair avec celle
des formes d' or•Qan isa.t i on de la produc t i on observables
dans des éco-s..'stemes peu différents les uns de autres
(voir ci-dessous).
A travers le temp=s, nc' us• retrouverons les mêmes places
1_-
dan-s le système productif; mais nous retrouverons ou ne
retrouverons pas 1 es mêmes groupes aux mêmes places.
dans
Ai nsi ,
les sc+c i Ptes de chasseurs, il y a toujours
un
chef
de
chasse; mais celui-ci peut être, tour
tour n'importe lequel des chasseurs. Dans la plupart des
m i l i eu:>;
ruraux,, l ea cadets travaillent pour les aines,
jusqu'à ce qu' i l s deviennent eux-mêmes des aînés: il
?' a permanence des "places" (des aines et des cadets)
mais mcobi l i té d'une place à l'autre. Puis on observe que
par
delà
la
travail selon les ages, se
division
du
fait
jour
urne
selon
tous les
des groupes:
division
individus d'un l i gnage sont appel es "père" par ceux d'un
autre
1 i gnage
qui ont un statut de "f i l 5" , ces derniers
étant prestataires de
les premiers: dés
travail
pour
lors,
il
existe permanence et des places et des groupes
auxquels elles sont assignées. A la division du travail
par
age se superpose une différentiation sociale
permanente. Cette situation est actuellement présente en
de nombreux endroits, entre des lignages "nobles" et des
lignages d'anciens "esclaves" ou d' "affranchis".
les sociétés capitalistes, selon Marx, les places
Dans
déterminées par
le rapport salarial. D'un côté,
sont
un propriétaire de moyens de production; de l'autre, des
Tous
tra':-'a.i 1 l eur's
1 i br'ess.
deux
sont
parfaitement
interdépendants:
les moyens de production ne peuvent
r i en
l,
peut
produire
sans
travail,
et
le
travaill
ne
s'exercer saris moyens de production, Mai_ qui contrôle
les moyens de production contrôle
les produits du
travail:
la
l'antagonisme
entre
de
"capitalistes" et
tra.vai 1 1 eur•ss,
pourtant
parfaitement
complémentaires. A
les deux fonctions, cap i tal I stess et
travers
le
temps,
se perpétuent
et
les mêmes groupes cri
travai l leur-
restent lea supports: i 1 ya donc deux classes.
*
le changement technique
ve
nouvelle
technique
} de nouveaux
L'introduction
d/ une
erv i r" , aura des
ou t i l s associés à des "façons de s'en processus productif:
les
sur
le
effet'_
en cascade
oroupes innovateurs se trouveront dans des relations
group
1es objets du travail; la position des
modifiee=• avec
individus ou groupes dans le processus de production
que
les formes de
trouver modifiée,
ainsi
peut
se
cooperation;
les formes d'autorité et de contrôle
technique
n'a pas pour
L'innovation évoluer.
devront
l a production
ou du
seul . effet
un accroissement de
nPr' irement
des
elle
revenu:
entraîne
transformations de nature sociale, voire idéologique.
la charrue attelée en pays Serer au
L'introduction de
servira
d'exemple.
Serer sont
S riéci..l
nous
Les
et
1 e marché)
cultivateurs
(pour-
la subsistance
et
rls. La terre cul t i'•.!4e est possession du
éleveurs de
bovins.
l'usage
est
attribué -a chaque
lignage
paternel,
dont
dans
1icinaci e.
troupeau est
domestique
le
Le
cellule
du
1 ignace
maternel
(voir
=I-d s'_.! u-,.,
"matri l igne.ge'),
en
indivision;
il
est
alimenté
en
nouvel l es
têtes_ par
le ma.tr i 1 I Q rl•_. C
et oère par le
de
chef
ce l u i -c i.
Les champs
sont f er• t i l i é
par une
rotation cohérente des troupeaux. Un arbre, l' acacia
al bi da
,
présent en abondance dans les champ-E., joue un
rc,l .e
c l é:
l edum i neu'_e ,
il
enr i ch i t le sol en azote;
.. cycle inversé, il est feu i l l u en saison sèche et
arbre
fournit un fourrage pour le troupeau; dénudé
^` en saison
pluies,
des
il
ne
gène
pas
l'arrosage
et
1 ' ensol e i 1 1 emerit des cul tures.Pour pousser,
sa graine
doit avoir été ingérée par des boeufs; les pousses,
buissonnantes,
ne deviennent arbres que ta i l l ées par les
hommes.
L a
décision
d'introduire
le. charrue
attelée
pour
accroître
la production ar'•ach I di èr'e est l edi t imee par
la
présence
bovins.
de
El l e
aura
les con'séquences
suivantes:
(i)
arrachage des ar'bres présents dans le champ,
qui sont autant d'obstacles au mouvement de l'attelage;
( i 1 )
en conséquence, modification de la rotation
des troupeaux;
(i i i)
par
suite
de
(i)
(i i) ,
et
nécessité
d'utiliser des engrais;
(iv)
.0 i te
par
de
(1) ,
accroissement
des
ruissellements et
de
l'érosion
en saison pluvieuse,
tendance progr•e =. =. i ,)e a la désertification;
(4!)dé=.t.abi l i sat i on
de l'élevage, per manque de
fourrage
en saison sèche. donc, menaces sur 1 ' équ i 1 I bre
l i gn.ager .
(v i )
or,
dari'_ un
premier
temps,
les revenus
.augmentent,
et se
transforment en boeufs additionnels
pour
le
troupeau du matr i -1 I gnla.ge , ce qui accroit les
déséqu i l i bres et le surp:ti.tur'.a.ce ...
Au
Sénégal,
1 e-z- communautés de pêcheurs ont Jusqu' i c i
refusé
la mise
err
place
de tr'eu i l s pour- remonter les
p i r'ogue=•
e-s,
sur
lea
Fil a^__
Cettee
opération
tion
e=.
est
le
pr i v i l ège
des
personnes ê.dées et
entraîne
rle
uric
contr'epar'tie
en
nature. L'argument explicitement avancé
par
le_•
pêcheurs contre
Te_
treuils
est
qu'ils
auraient
trop
de
conséquences sur les relations entre
pêcheurs et
"retraités".
De même, parmi les causes
e fait
d'échec des centres coopératifs de mareyage, le
-a t que
le
e projet
j entendait se sub i tuer aux mareyeurs dans le.
fonction
commerciale, sans pour autantt assumer les
autres
fonctions
de
approvisionnement
de
ceux -c i :
pecheurs
en
intrants,
fourn i ture's
de
crédits de
campagne
ou
des fêtes f•a.mi 1 i •al e_. cou religieuses
pour
Ptr,
Pour E.BOSER:UF' (1?' 0),
en agriculture "on ne progresse
que
contraint
contrai rite
au
La première
et
forcé".
cra.ngemerit
démocr•a.phje.
technique
1a.
étant
On
peut
constater
que
les
?, steme aora.i res les plus intensifs
se
trouvent dans des contrées .3. trés fortes densités de
population
au
cu l t i va.bl e:
kilometre- carré
la 0h rie ,
Java,
l'Indconésie, les monts Nlandara entre
ou encore
Cameroun
et
Nigérja.
traits,
A orands
l'extensif
rapporte
et
c'est
l' i ri trris i f
nourr j t:
la trop grande
pression
démographique, entre autres, qui "contraint" a
l'intensification.
I 1
est possible d'étendre
le propos, en admettant que
les
résistances
et
1 ' i rinovat i on
technique
résultent
souvent d'une évaluation plus ou moins objective, mais
bien réel l e,
des conséquences potentielles en cascade
d'une
innovation, même ponctuelle, par les pol u 1 at j ons
concernées.
=_.
l
2.3. La circulation, et
l'accumulation
Dans les sociétés occidentales,
les biens sont sensés
être échanges en contrepartie et en équivalence les
uns des autres, sur Un marché. Cet échange économique
n'est
pas
universel,
il
n'est
pas non plus la seule
forte
existant
d'échange
dans
les
=_•c - i é té
j ndusstr i e l l es.
peuvent circuler,
de façon
Ou tre
des marchandises,
spécifique
a. chaque société, des individus, du pouvoir,
don
et
du
pr'est j e
Et
le
le pa.rtac i e sont aussi des
modes de circulation.
Comme
tous les actes de la vie
modes
sociale,
les
d'échange,
circulation des
de
personnes,
des biens et des symboles sont 1 i és aux
a la "vision
du monde", qui se
stemes de valeurs,
traduit par un s> steme de classement généralisé. Les
"écha.noess"
que
j'observe,
par
lesquels circulent des
individus,
des statuts, peuvent résulter de
biens,
des
partages,
de
transferts (dons) , de prestations et
de
redistributions;
trocs,
d'échanges marchands.
Ces
la circulation seront étudiées plus
diverses formes de
(11.2: :';
tard
mais
il
est
important
de noter que ces
circulation peuvent s'entre-mêler
rriul tiples modes de
et
provoquer des situations di ff i i l es a déchiffrer pour
le concepteur de projets de développement. Nous en
exemples,
qui
seront repris et
quelques
donnerons
approfondis par la suite.
prêt
d'une
d'arcierit
somme
Four
le
l'Européen,
puisse être remboursée par
suppose
que
cel l e
i
dette
implique. une
d'argent
l'emprunteur.
Un
prêt
" l oai que" . Chez les pêcheur"_
plus
d' arci en t ,
rien
de
des lieux autres q ue le
Saint-L uisien'_.
bien
-mais
en
i mpl i que
une
d'emprunter
Sénéci al
fait
également-
le
vis-a-vis du préteur; mai'_ elle n'implique pas
"dette"
prêtée.
1 a.
somme
de
toute
le
remboursement
redevable plus que débiteu r ; cette
L'emprunteur
est
=_.
•
c
-c
-1dette crée un
fort avec le préte ur qui
lien
social
aura un droit absolu a pr-é 1 eI:1e 3 quel que
poisson • sur la
péche, qui rec e y ra des cadeaux , aussi
s. s. i 1 ongterrlps que la
dette ne sera
e 11e a bic n peu de
pass rembour=sé e ,
et
chances de 1 étre. Le prêt rrl o n é t a i r e reçoit une
obligation
soc laie en con trepa rtie, l'.a. rger,t .acq u iert du
sens. On ima p ine
1 es prob 1?mes qu e cette
ai sèment
conception de 1 a dette peut po•5 e r• en matt 1ère de
redit.
- En économie , marxiste comme néo-cl as sique, la monnaie
a un pouvoir
libératoire absolu et une équ j Ya.l enCe
universel le:
tout bien échangé sur un marc hé peut
l'étre
contre
de la monnaie, laquelle à son tou 3 peut
permettre
l'a.c quis_.ition
d'autres biens. C'est 1 e fameux
circuit March andi e -Argent -Marchandise. Or
en de
nombreuses soc iétés,
lea bien s sont
classés dans des
categories plu
ou moi ris étanches.
Che z
1 es T1V du
Nigeria.,
les p rodui ta vivriers_. se ',v endent sur le marché,
1e produit de
la vente ne pe rmetta.nt que l'acq u i 1i tion
de produits y i ur i ers; esclave • , be. ta 1, grand_ boubous,
barres de met al
sont
a=_•soc i é s au
prestige,
peuvent
étre échangés entre eux, et sont "c cités" entr e eux;
enfin,
les dr cri ts sur des pe r- s o n n e ss autres qu' esclaves
ne seuvent
échanger qu'erlt re eux ( BOHANNAN , 1955). A
Madagascar,
selon
ALTHABE
(1 9AQ)
est
large nt
prisonnier de
son
origine:
l'argent d'une dot ne peut
acheter de vé tement;
celui
obtenu
le
t rayai]
par
salarié
tempor aire ne
peut
servir
à autre c hose que
l'impôt.
L'étude de la circulation des biens est de nature a nous
de
éclairer
sur
la pertinence
de
choix
er, matière
avoir des effets
dévelr pement.
Cette circulation
peut
le premier cas, les
di =.si pat i faa ou
accumul a.t i f=•.
Dans
selon
des
biens
les revenus circulent
produits et
détruits dans la
circuit= cérémoniels et
sont
soit
fête
ou le sacrifice, soit stérilisés- du strict point
dans la constitution de trésors.
de vue économique-
Gares le deuxième cas, les bien_ et revenus sont ut i 1 i sé=.
peur
une bonne part de façon productive (sociétés
ou vont se concentrer en des mains peu
industrielles)
sson du mode de circulation (sociétés
nombreuses en raison
h i êra.rch i a es ) ,
engendrant un e accumulation, el le-mëme
L'accumulation
est
non
nécessairement
product i ve .
porteuse de changement soci al: aussi, "pour minimiser
smes
les soc j é t éS• génèrent des mécanismes
les changements,
qui,
er, fait, lea tra.rlsformer, t" (MEILLAS;SOLIX) . Or le but
de
toute doctrine de develop pement eat bier, de susciter
prnr. P . =.0 =.
de croissance c umula.tif et auto - entretenu,
ur,
d'accumulation.
Bien de 5 échecs du "développement"
donc
or j ci i ne
leur
trouvent
dans l e s modes dl' u t j 1 i sat i orl des
richesses.
3.- Limites de l'approche anthropologique
Le_.
1 imi te_s
de
1 'approche .a.nthrcperlociique découlent de
-es objectifs:
rendre comp te des interaction-m. entre l ea
différents niveaux
_
de
la r4a.l i té soc
i al e , chercher 1^_r aticrnal i té_. qui
dictent 1e=• choi::< des individus et des
crcrupe s ,
approcher
1 a "ma.r'oe de manoeuvre" de ces
individus
et
groupesdans
contexte
le
social
Pt
i déol ;I i que
qui
eat
le
l eur .
Ces objectifs excluent
d'admettre
une
un i ver=..a.l i té
de comportements;
ils
excluent aussi que les individus soient libres de leurs
choix et préférences indépendamment du contexte dans
lequel ces préférences et choix sont exprimé_..
=_
3.1. Quantitatif et qualitatif
I l
enss.0 i t
que l'analyse an thropol oo i que sera pour une
1.aroe
part
qual i tative,
1a sionification
des dcrnnée s
quantifiée s
l'emportant
sur
la précision de cel les-ci .
I l
serait
cependant
incorrect
d'opposer
science
économique
et
arlthropolooie
sou=-
1'anole du niveau de
formalisation
atteint
par
l'une
et
l'autre: avec les
proores rapides de
l'analyse dec. données, l'analyse de
données qual i tat i ve•c. sera elle-même
de plus en plus
formalisée.
L'étude anthropolooique
implique des temps de présence
lono .
En milieu
rural,
un
cycle
acricole
complet,
c'est-.y -dire
une année, est la durée minimale cohérente
d'une
étude.
C'est
le temp's nécessaire
r•e a l'observation
de s faits économiques,
mais aussi
des événements qui
permettent
l'interprétation
de
ces faits: naissances,
m_ar i aces,
décés,
rites divers,
qui ren=.e i onent sur la
r-aticrnal i té des comportements.
L'anthropologue
disposera
ainsi
d'une abondance de
données non quantifiables, et d'utilité pratique l i m i tée
da.rl=.
l'espace.
Ses r
resteront souvent hors de
portée
opérstiorlel le
immédiate
du
planificateur cru du
stat i st i i en . A
l ' i nverse ,
la
tendance
actuelle
a déduire
les
comportements locaux de oénéra.l I tés macro-économiques a
s a part
de
re-_.ponac b i-lité
dans 1 e
échecs répétés des
opérations
de
développement.
L'étude
anthropcllooique
préalable
au
projet
j
de
développement
certes,
v et,
est,
coûteuse:
elle
est beaucoup moins, comparé au coOt
de l'échec du projet.
_'
c
=.
7
•
Pour
lea
3.2. Macro et micro
raison'_
l'anthropologie
qui
précédent,
économique
de
n'est
portée
macro-économique
que
l corsqu' e l l e
é tudi e... l e
orcupe de= pl en i f i ca.teur' ou la
classe
dir-iceante!
Plu s sérieusement,
compte-tenu
du
ri,
nombre
p.a.ra.metres.
_rrmprte,
a.
en
prendre
l'a.nthr•crpolcr U ie
requiert
une
petite
échelle, celle du
ou de l a rédiol, ou d'un groupe a l'échelle d'un
vi11arie
pays.
Mais,
partant
des r•a.t i onal i tés et comportement_
ree 1 1 emerlt
obse r•'..,.a.bl es –et non présupposé– _– elle
a.
±.
vocation
ec I .a i r'er
cur
la pertinence
de po1 i t i ques
nationales. Nou •
a.'-- cri c vu précédemment
les
que
conceptions du p rêt et de la dette pouvaient ^.vOi
_
r deconsequences sér ieusea sur un système de crédi t. En pa/s.
Haoussa, au N i g 'é p ia,
plus
de 0% de la masse m o ri t a i r• e
serait
i nutili'--.able
1 ' i n y e ct i _'semen t
pour-
la
ou
consommation,
ca 3 confinée dan_. une circul.a.ti on ausein
d'un système d ' endettement
Qenér-a.l Isé. Chacu n emprunte
pour
prêter,
la circulation monétaire "à 3ide" du
point
de
vue
é conomique, correspondant é. la génération
de
l i e n
c'c i .au x:la dette monétaire cor r-ea.pc' nd une
dette
sociale
e t
derrière
la monnaie,
ce
sont des
obl i ga.t i ons.
soc i ales qui circulent. Dans ce contexte,
les phénomene-cc monet.a.ires risquent fort d'éct- lapper• - la
rigueur de l'ana lyse économique; parai l leur_, mobiliser
cette monnaie e n circulationpour- qu'elle er ' gendre des
investissements productifs
d
devraitêtre une priorité
de's poi i t i que s économiques au Nigeria.^•.-1c'i ci comment
l'observation
de
faits regi c' nau::;
peuvent éc l a. i rer• des
choix nationaux.
Le dilemne micro./macro est celui du changement dans
l'échelle d'observation et d'analyse. Il est difficile
de
déduire
de
conclusions d'ampleur nationale de
l'observation
faits
tss
de
locaux.
Il
est
peu pertinent
d' .adréger
des
r-et I on._.l I tés
qui
peu''ent
être
contradictoires.
Ceci est vrai en anthropologie comme en
économie, ni plus, ni moins.
généralisat
3.3.
Spécificité,
comparabilité
et
ion.
En
écc'rlc' mie,
la comparaison
entre
des
lieux,
de-c
=si tua.t i on's
diverses,
est
rendue possible par le corpus
de
postula t-a- de comportement de la théor i e . Puisque tout
le monde
est
rat c' ne l
de
la même manière,, chacun
cherche
•3. maximiser _see U uti 1 i te-_-" en exerçant un libre
p a.r t i r de ses préférences, dans un univers de
hoi:.
à.
rareté.
La dém-arrh e de-E. e thn c' lc'',.J Ues, è l'inverse, rend difficile
toute comp era.isor,
dens la me-cure ca l'ethnologue tente
de mettre
en évide nce
la société qu'il
ce
en
quoi
observe
e'-. t spécifiq ue, différente de toutes les autres.
Or- il est
de
vain
vouloir compa.rer, - des flrls de
ciér^ér•a.l i sa.t ion,
des
choses définies comme spécifiques:
"on ne peut comparer des litres et de's kilos".
A mi–chemi n,
1'a.nth ropclocie
économique peut permettre
de'_
comp.a.r a i son=
et des c néra.l I =a.t on's, d-an-:. la mesure
où.
les. corlc e p t =• employéssont suffisamment abstraits pour
–
n'impliquer'
aucun postulat de comportement,
ce qui
permet de r omp•a.r'er• ce•a- comportements;
circonscrit
le
caractère
de
du
domaine
-4l'anthropologie, "relations des homme entre eux à
propos des choses", lui permet de compar'er non de"_
sociétés, mais des phénc'menes donnés dans des sociétés
différentes.
Exemples: la circulation monétaire dans tel
lea conceptions de la richesse
tel
type
et
de société
dans différents contexte =_., etc.
La démarche
de celle de la science
est
l'inverse
ici
économique
qui
postulats,
quitte
à
les
part
de
relativiser
selon les contextes; l'anthr•c' pc' looie partira
dc
la comparaison de compor'tements part i cu l i er-s dont
elle déduir'a des principes de généralisation.
CONCLUSION
"Nous ignorons quelles données de
base, en
qui
ce
les
concerne
comportements strateg igues de
sujets
prenant des décisions, sont adéquates •i. la réal
a. l ité. Tant
que nous ne
le savons pas, la cc'nstr uctic' n de s mc' de l e s
restera une branche des mathématiques et de la logique,
et non un
instrument efficace des sc iences em pjriques"
State of
(T.
KOOPMANS,
1957 Three essays
on the
Economic Science
Gram Hi 1 1 .) . Jamais 1 a science
triomphan te et s ollicitre
économique
n'a été aussi
'J' au j ''ur'dh' u i :
e11e
a acquis un ni veau prod i g i eu:x de
sophistication
d ans les formalisations . En même temps,
dénoncé la crise
jamais
les écc'n omi ates. n'ont
autant
Eeoutori=a
leur
sc i ence .
dans
laquelle
se
trouverait
Calmari
W.LEONTIEFF
(1 974,
essais
écen cmiques,
Levy,p.100)
"Il1
faut malheur eusement admettre que n i 1'expr esssic' n la
plus
simple
de
1a
théorie éconcmiqu e , ni ses versions
dynamiques les p lus modernes, ne nc'us ontt fait parcourir
d'une ex plication
tres long c hemir,
sur
1a
voie
un
i tuat i c'ris
des
détaillée,
_ans parler
de
prévision ,
spécifiques du
système économique r éellement observé.
moderne , a-t-on
Rarement,
dans
la science positive
construit une st ructurc théorique .auss j élaboré e sur des
bases concretes •a u '=•'_ i étroites et super -F ici eli e-a
Ces deux grands
la just ifica.tion
économistes donnent
d'une approche
anthropologique, qui w oudra i t C cntrjbuer
so it moins
à élaborer un e science économique
qui
bref, des
détachée de la réalité,
de
la d i '•:' ersité,
hommes de chair
et de sang, vivant e n interac tien avec
d'autres qui
ne
sont
n t
pas ri e c e •a •_..a i r ement leu rs égaux,
dans des context e'_ qui laissent une pl us ou moi n ss grande
"1 ibre
choix"
au
place
et
dans
le squels 1 'individu
f-a.çç' ri uniforme; une science é rc' ricmi que
n'existe pas de
ne confondr ait plus des postulats commodes avec des
qui
de force
n•a.tu re et renoncerait
de
faits
a u coup
à plier
toutes
les socié té=_ L l'u n i f orm i t e
consistant
des comportements quelle suppose.
II.- ANTHROPOLOGIE ECONOMIQUE ET DE)ELOPPEMENT: ETAT DES
CONNAISSANCES
Le nombre d'heures im p arties .
cette initiation ne
permet pas d'entrer dan_ le détail des théories sociale_
ou
anthropologiques,
pour
1 eaque lies l'étudiant voudra
bien se reporter é quelques ouvr ages et manuels donnés
en bibliographie. Deus problèmes constamment présents
dans les débats autour des théorie du développement nous
serviront de fil
conducteur pour aborder cette seconde
partie.
Le
premier
est celui du changement social, qui
est
recherché a travers les polit i que_• de développement,
mais qui est également nécessaire a leur mise en oeuvre:
que
de
fois nous
faut
"changer
les
lisons qu' i 1
mental i tés" ,
qu'il
faut
responsabi l iser les
populations"
ou
"structurer
les groupes cibles"...Nous
aborderons cette question en ex aminant divers types
d'organisation
sociale,
pour en isager les passages
possibles d'un modèle a l'autre. Le second problème est
celui
de
l'accumulation,
object if
évident de
toute
pol i tique
de
développement.
Nou s tenterons dans un
premier
temps
d'examiner
cett e question de façon
classique,
a travers le surplus et les échanges; dans un
second
nous
l'accumulation a
temps,
réexaminer orsa
travers
une
esquisse
de
thé orie de
l'usage des
richesses, donnée en annexe.
1.- Les formes d'organisation sociale
On rencontre à travers le monde des types très divers
d'organisation sociale, dont la société industrielle est
une parmi d'autres.
Définitions:
parenté,
mode
de
production
La p arenté
Dans les socié tés des pays en dével opement, la parenté
est au coeur
l'organisati on sociale: eslle sert de
de
v illagess, comme de la
cadre
des
d'organi sat i o n
production et
de
la circulat ion des personnes et des
biens.
systèmes de p a.renté, la prohibition de
Au départ des
c'e st a dire l'i nterdiction d'avoir des
l'inceste,
relations se:>;ue 11es avec ses géniteurs (père, mère) et
les autres enf ants issus des mémes géniteurs. Pour
C. LEV I -STRAUSS ,
l a prohibition de l' i nceste serait 1 i ée
d l a nécessité d'échanger avec d'autres_ groupes: il est
nécessaire de
choisir sa femme en dehors de son 1 i finage
II.-
ANTHROPOLOGIE ECONOMIQUE ET DEUELOPPEMENT: ETAT DES
CONNAI SSANCES
Le nombre d'heures im p arties a cette initiation ne
permet pas d'entrer
trer dans le détail des théories sociales
ou anthropologiques, pour 1 esque 1 l e s l'étudiant voudra
bien se reporter a quelques ouvr ages et manuels donnés
en
bibliographie.
Deux
problèmes
constamment présents
dans les débats autour des théorie du développement nous
serviront de fil
conducteur pour aborder cette seconde
partie.
Le
premier
est celui du changement ssoc j al , qui
est
recherché a travers les pol i t i ques de développement,
mais qui est également nécessaire à leur mise en oeuvre:
que
de
fois
nous
lisons qu'j 1
faut
"changer
les
mental i téss" ,
qu' i 1
faut
responsabiliser les
populations"
ou
"structurer
1 es groupes cibles" ...Nous
aborderons cette question en ex aminant divers types
d'organisation
sociale,
pour en • isager les passages
possibles d'un modèle à l'autre. Le second problème est
celui
de
l'accumulation,
toute
object if
évident de
pol i t i que
de
développement.
Nou •
tenterons dans un
premier-
temps
d'examiner
cett e question de façon
classique,
a travers le surplus et les échanges; dans un
second
temps,
nous
réexaminer ons
1 ' accumu 1 a.t j cri
à
travers
urge
esquisse
l'usage des
de
thé or i e de
richesses, donnée en annexe.
1.- Les formes d'organisation sociale
On rencontre à travers le monde des types très divers
d'organisation sociale, dont la société industrielle est
une parmi d'autres.
Définitions:
parenté,
mode
de
production
*
La parenté
Dans les soc étés des pays err developement, la parenté
l'organisation sociale: esl le sert de
est au coeur
de
de
la
des
cadre d'orga n j =a.t i an
v i l l ages,
comme
personnes
et
des
production et
la
circulation
des
de
biens.
Au départ de s systèmes de parenté, la prohibition de
c 'est
d'avoir
des
a dire
l'interdiction
l'inceste,
relations se::<: uel les avec ses géni teurs (père, mère) et
les autres e nfants issus des mêmes géniteurs. Pour
1 a prohibition de l' i ricesste serait liée
:. LE'••JI -STRAUSS ,
è la nécessi té d'échanger avec d'autres groupes: il est
choisir sa femme en dehors de sors 1 ignacie
nécessaire de
pour avoir des relation-.. avec d'autres 1 I cnaoes•.
La.
-forme
la
d'a.l l ia.rice
est l'échange de
us
simple
soeurs;
puis
ma.trimoniale
permet
compensation
la
d'étendre
la 1 rcu l a.t i on des femmes: A donne sa soeur en
mar i .a. e
a B;
B donne a A des biens lui permettant
d'épouser
lequel
pourra ainsi prendre
la soeur de
épouse a i l l eurs. A la circulation des femmes va
correspondre une circulation de biens, aussi durable que
l'alliance.
existe un gr-and nombre de systèmes de parenté, mais
tous dérivent
de
l'alternative suivante: conserver des
droits sur sa soeur et aliéner ses droits sur l'épouse,
ou
l ' i nverse . La première situation (droits sur la soeur
et
sa
aux
descendance)
systèmes
correspond
matri-linéaires;
<droits sur l'épouse et sa
la seconde
descendance) correspond aux systèmes pa.tr i -1 i néai r•ea.
Pour
la définition du vocabulaire de l a parente et la
description
des divers types de filiation et d' al l i a.nce ,
I~
975 : "les
édité par t°1.A ►_L^E,
1Tr_
se
S reportera a
^ l'ouvrage
le_
domaines de
la parenté", et aux extraits distribués en
cours.
c
C
Il
Les modes de production
La notion de "mode de production", définie par MARX, et
ses disciples,
aujourd'hui passée
re-définie
par
est
dans le
1 anq-aoe courant des étudiants, sans que le sens
en soit toujours bien mal trisé.
Le concept de mode de production illustre bien l'analyse
en termes de système et structures.
de trava.i l ") , des matières
Des
trava. i l l eur•s
("force
des outils et
premières
("objets
de
travail")
et
techniques
("moyens
définissent
la
de
travail")
structure des forces productives;
les rapports des producteurs aux objets et moyens de
trava i l définissent les "procès de travail" ou "procès
d'appropriation réelle";
- les rapports des producteurs entre eux dans le travail
(répartition
répartition des résultats) et
des acierts,
les.
rapports
des
producteurs
aux non-producteurs
définissent des rapports de production.
Nous avons 3 invariants (travailleurs, objets et moyens
travail) et 2 relations (forces productives, rapports
de
la structure
nous
prGduc t i on) :
déf i r, i t
ceci
de
Pour Marx,
la structure économique est
économique.
non
parce
qu'il
serait
possible
"déterminante"
d'er,
le
reste
de
la
société,
maissimplement
parce
déduire
fournit
(pol i t i que ,
autres
aux
niveaux
qu'elle
leur• s
limites,
idéolooigije)
les conditions de
donc
du
"détermination
système.
La.
par
poasibi 1 i té
chez MMarx
ne sidnifie nullement que tout
l'écconomique" déductible de
l'économique;
mais simplement que
soit
•
l'économique
fournitt
l e'=. "deires de 1 i ber'té" de
au res
du
niveaux
systeme
soc i al : la bourse ne pouvait être
inventée par des chasseurs-cuei1leur's.
Enfin ,
il
faut surtout se garder- de confondre modes de
et
production
r'éelle's.:
il
s'agit
sociétés
de
représentations
tout L. fait abstraites qui sont sensées
de
permettre
types
distinguer
des
différents
d'organisation, non de décrire des organisations
réelles.
Et
il
faut
tout autant
se
garder de toute
tentation d'évolutionnisme, rien rie permettant de penser
que les sociétés passent d'un t y pe d'organisation à un
autre de façon inéluctable.
1.2. Typologie des systèmes sociaux
Lorsque nous parlons de formes d'organisation sociale,
nous définissons des modèles abstraits,
tss, fictifs, qu' i l
faut se garder de prendre pour la réalité concrète. Par
ailleurs, ces types d'organisation sociale sont examinés
à partir ce qui est leur
a partir de
la production,
activité
essentielle de
production.
Or, noua avons vu
précédemment
que
les- conditions d'existence matérielle
rie suffisent pas à caractériser l'organisation sociale.
* chasseurs cueilleurs
Les sociétés de chasseurs-cueilleurs correspondent aux
sociétés de Pygmées, aux Bosh I man du Kalahari, aux
aborigènes d'Australie et du Sud de l'Inde, ainsi qu'à
quelques groupes d'Indiens d'Amazonie. Les principales
caractéristiques en sont les suivantes:
1a
terre, l'environnement sont "objets de travail" cri
ce
sens que l'activité est l imi tee à une prédation, à un
prélèvement sans aménagement préalable;
-
les activités de chasse et cuei l lette supposent un
de petits groupes et un nomadisme,
vaste
territoire,
ressources prés evées le temps de se
laissant
aux
renouveler.
-
les outils sont rudimentaires: arcs, filets, lances et
instrument de cueillette; tous peuvent être élaborés
partir des ressources immédiatement disponibles du fait
de l'environnement.
la cueillette est effectuée par les femmes et par les
hommes, ces derniers sur les parcours de chasse;
- la chasse au f i l et, dans le cas des Pygmées, suppose
de réunir 7 à 30 filets, ces derniers étant individuels;
1 'arcan i sat i on du groupe de chasse est basée sur des
groupes d'àce de force identique:
+ les hommes disposent les filets et abattent le
gibier,
les adolescents rabattent le
+
les femmes et
gibier,
+ les personnes ..Qées fabriquent des out i l s,
et +ont du piégeage de petits animaux;
1 a coopération est limitée à l'opération de chasse, é
l'issue
partage
est
immédiat
et
laquelle
le
de
éga.l i taire;
type d'activité seront les
- Les conséquences de ce suivantes:
+ on a à faire é des hordes instables et
liens durables entre
composites; on n'observe pas de
cadets;
n'existe pas et la cellule
aînés et
la dot
fa.mi l i a.l e, mono-nucléaire, est instable;
+
il n'y a aucune base, dans ce type de société,
pour un pouvo i r pol i t i que stable;
n'existe
détention
individuelle,
en
+
il
ni
des f i l e tss, ni accumulation, incompatible a'.'ec le
dehors
mode de v
les
individus
ne
connaissent
pas
leur
+
troisiéme
génération;
généalogie
au-delà
de
la
il
culte des ancêtres e t l a r'e l i g i oss i té
n'existe
pas de
est 1 imi tée à uric croyance en un "c i el i natte i gna.bl e" .
Pour approfondir , on pourra se reporter aux ouvrages de
C. TUIRP.JBLILL , aux articles de C .1ME I LLHSSOLI). et G. r,LTHABE .
i e
,
sociétés agraires segmentaires
Les sociétés segmentaires correspondent aux sociétés
rurales de toute l'Afrique, elles sont aussi les plus
répa.ndues à travers le monde.
La terre, cu l t ivée , est devenue "mo y en de tr'ava i 1 " ; il
faut
consentir des avances en travail pour en obtenir
une
production;
le sol est possession col l ec t i ve , gérée
par les Aînés;
la
production
impl i que
une
que
soit
différée
coopération
prolongée
et
continue:
la coopération
nécessitée
pour
la préparation
des sols et les semis
do i t _-e prolonger jusqu'aux récoltes;
la filiation
Conséquence:
et 1 e mariage deviennent de
préoccupations centrales;
les généalogies s'allongent;
le cu l te des ancêtres est present..
rrl e
le
de
la compensation matrimoniale
estt
général, et la polygyn i e , courante.
div i si on
la
sexuelle du travail est plus marquée que
chez les chasseurs;
de
l e
c i rcu i t
prestation
redistribution
=•e
et
Génér'al i sse .
l'extension des groupes _'opére par segmentation, au
l i Qn•a.Qe'_ don t
les segments
des
acqu i ér'en t
une
s•e i n
autonome, reproduisent en leur sein le c i rcu i t
ex i'stence
prestataire.
segmentaire
sociétée
la
connaît un degré de
croissante
quand
i 1
apparaît
d_s
cc' mpl ex i té
entre
1 i gna.ges_-
lignages
"cadets"
et
hiérarchies
"aînés" .
=
1 Y
I_ r-
t
Dans ce
t::pe d'organisation sociale, l'accumulation e s t
possible en théor• i e .
eté
a
er• ce qui se pf odu I t lorsque
Il
possible d'observer
horde_.
des
de
-_.ant
contraintes
Pygmées
à
la
sédentarisation;
la dot fait rapidement son apparition,
1a profondeur généalogique = 'accr'oît,
la pol,'gInie
apparaît,
les cellules fami l ia.les_.
deviennent
plus
stables.
•
sociétés
pêcheurs
de
et pasteurs
nomades
Dans
les sociét es de pêcheurs, comme dans celles de
existe
pasteur s nomades,
il
des biens approprjables:
ici,
1 'embarcation et les filets; là, le bétail, capital
sur
pi ed. Bien que pêcheurs et éleveurs nomades. soient
de l'en ':!Ironnement (respectivement le poisson
predate urs
existence
et le •
pàturage s),
cette
de
biens
appropr iables les
rend radicalement di -Ffer•erits des
chasseu r•s cue i l l eur
- les u ris comme les autres sont mobiles;
les uns comme les autres, en raison de l'unicité des
aliment s
dont
i 1 s- disposent (lait ou poisson), sont
contrai n t_ d'échan ger• pour se nourrir. Mobi 1 i te , ca.p i t•al
et nec essité
d'ec hanger les prédisposent au commerce,
mais au • i à la que rre et à la conquête du pouvoi r.
- en c e qui concer rie les éleveurs nomades, tôt ou tard
ils s' opposent au x agriculteurs sédentaires; le véc1 tal
et l'an imal sont de s compétiteurs.
* spécialisations ethniques
Du
fait de l'organisation 1ignagére, il est difficile de
voir
se maintenir des spécialisations individuelles; en
gé n e r.a.l e,
règle
la spécialisation est d'abord l i gnaq?r•e
ou de
(l i gnagess
de
teinturiers,
forgerons,
ou de
une
soit
commerçants...),
elle
devient
puis
une
soit
=.S
spec i al j
t i on
i ntr•a-e thn j que
(castes)
Fi
I
n
=.
les
I
,
spécialisation
ethnique
(commerçants).
constituent une caste dans de nombreuses
forgerons
société
sahélienne; mais des peuples entiers sont
spécialisés dans le commerce: Diou1a, Haoussa...
• chefferies,
sociétés à Etat
Dans
les sociétés à chefferies,
es, celle-ci est détenue par
un ou plusieurs lignages s'étant imposés comme °aînés•"
à
.^
autre=.
l jgnages,
des
1 ign_{.ge^s.
sont
ces.
Ce
l'exclusions des autres, qui fourniront les chefs. Lette
peut résulter d'une conquête, comme de
aînesse
l'antériorité sur les lieux.
lorsque
1 es structures de 1 a chefferiee sont très
Même
(existence d'une armée et d'une admi ri i stat i on
élaborées
des
dans
les
la circulation
émirats peul),
comme
richesses s'exprime
langage de la réciprocité
dan ,--.
le
l i onacer•e.
"père", les biens
Le
appelé
souverain
est
+ont
mouvement
et
il
est
réputé
"nourrir ses
vers
lui
erifarit ,
1lesggarantirccontre1e eexactions^
^r-°^.? à
son armée, et contre les +ami ne-E or-ace a ses oreri i er-_.
Cela
étant,
une
organisation
tantôt
on
ob=.erve
v i 1 1 ageoi se
calquée
sur ce l l e de la chefferie, comme en
pa>'s
Houssa,
ta.ri t6t une organ i sat i ciri étatique calquée
sur
l'organisation
1 i gnaoére, comme dans les chefferies
Peul du Nord-Cameroun.
=.
=.
2.- échange, don
Historiquement,
redistribution
don
prestations,
et
précédent
L'échange d'épouses
induit des
l'échange.
écharicies de biens. Des biens pa.r•t i cul i er=. sont consacrés
exclusivement
a.
la comp.aensatiori matrimoniale
des
biens
matériels
statuts
des
s'échari ierit
contre
individuels.
Mais
ces
biens
pour
puissent
que
eritr•atner des échanges de femmes,
il
faut encore
qu'ils soient manipulés par des personnes particulières:
les at nés de l i gracie : 1 e statut de=. personnes confère
biens des u=.aces donnés. Ai rassi , un cadet peut réunir
-aux
fois
les biens rie e • .t ireE- au m.aria.oe, seul l'aîné
rl
peut les faire "fonctionner" comme dot. L'échange de
femmes induit des dor is et contre-dor is aussi longtemps
que dure l '.E.l l i ance .
Dan'_
très
nombreuses sociétés s'observent des
de
biens qui ='ech.angent entre eux, saris que
catégories de
étr e
biens d'une
catégorie
puissent
ech.a.rioè-s
des
contre ceux d'une autre.
sociale
Accumulation
matérielle,
accumulation
socie tés non-industrie 1le- , 1e- dr-oit s sur le
les
Dans
ri
personnes dé ter minent les droits surr- les choses. Je suis
"ri che"
tiçuri des biens matériels
ou
cir- . rid"
., prop or t i ori du nombre de mes
mais
i=
dont je dispos e,
dépendants.
avoir pour fonction de
Less dons et oritre-dons vont
démontrer ces st atuts, comme l'Il lustre le "potl atch" .
de type "potlatch " ont
Les cérémoniee
ri t été observées dans
ri
les régi ons du monde riori industriel, les analyses
toute-s_.
plus cc'ririu es étant celles de F. BOAS, B.MALINiI1.I:_,K,I ,
les
A grands traits, un individu, de
G . EALAND I ER , M. r A irc..
importari t
(Aine), "provoque" un au tre individu
statut
de
en
lui
statut
offrant
des biens
é'q uiva.lerit,
gra.nde s qu.ant i té-s
(plaques de
spécifiques en
u i vre,
dans
le
cas de- Indien- de la.
couvertures, es claves,
des USA).
L'adversaire, a son tour,
t e Nord-Ouest
Côte
répond par un dcori plus import-ant que celui précédemment
les dons re;u=. 'scorit soit détru i t•_.,
reçu. A chaque +oi
=_.
c
=•,
soi t
jmmedi•atement redistribues pour démontrer qu'on
n'en
a pas
le
che" pour ça. Et
étant trop "riche"
besoin,
de
ainsi
suite jusqu' a ce
qu'un
des adversaires ne
puisse
plus r i en donner. Le dernier qui donne en sort le
=muni, mais aussi avec le plus grand prestige. Le
plus
potlatch
peut
al l er j u squ' a la destruction totale de ce
que
les adversaires possèdent, y compris l'habitation,
le canoe chez
les Indiens,
les reserves de tarots en
Nouvelle Ou I nee, les épouses au Sud-Cameroun.
Pour Marcel
Mauss,
" l e
don obl i ge" , a l ' obl i gat i on de
donner correspond ce l l e de recevoirr et de rendre. A la
circulation
des biens correspond celle des statuts. La
destruction des richesses et l'ostentation transforment
une
accumulation matérielle
en
accumulation
sociale;
c'est
pourquoi je précise que la stérilisation des biens
par
le
trésor
n'est
telle
que du strict point de vue
économique.
Mais
dderrière
ère ces échanges ostentatoires, c'est la
survie
de
l'organisation
sociale
qui
se
joue.
La
conduit a un
des
destruction
ordonnée
richesses
fonctionnement
du
système qui minimise les possibilités
de changement qui
résulteraient nécessairement d'une
accumulation de richesses. Pour ne pas changer, les
societes mettent en place des mecanIsmes qui, en fait,
les transforment.
III . ELEMENTS
ECONOMIQUE
1.
D'HISTOIRE
DE L'ANTHROPOLOGIE
L'HISTOIRE DE L'ANTHROPOLOGIE:
l'anthropologie par le
Si
nous
définissons
regard sur les sociétés "autr es", a des fins d'analyse
et de comparaison avec la soc iété d'origine, il s'agit
d'une démarche très ancienne et très répandue: Aristote,
Hérodote,
en
leurs
temps, ma. is aussi Ibn Battuta, Ibn
Kha.l doun et
voyageurs ont porté un
tous les grands
"regard
ont
1 es sociétés qu'ils
ethnologique"
sur
de Montaigne ,
rencc' ntrees_.Il
même
en
va
de
les récits de
utilisent
Montesquieu,
Rousseau
qui
,
de
leur propre
voyages d des f i rls de cc'mpr ëhens. i ori
ici de l'histoire de
s-ociété.Il
s'agit
donc moins
l'anthropolcgi. e
que
d'une expl ici tation des origines et
des déterminations des savoirs a nthropcilogiques actuels.
1.1. Marx et les "sociétés précapitalistes"
pas des sc' c i é tés " précap i ta.l i stes."
se
soucie
Marx
ne
elles-mêmes.
El l es sent peur lui les "formes qqui
pour
la production
capitaliste", cette dernière
précédèrent
son
d'étude. Il s'agit de saisir la
objet
étant
seule
genèse du Capitalisme, et de remonter le temps a partir
de
lui,
dans
occidentale.
les société=s
d'Europe
En
Europe parce que là est né le Capitalisme; parce que son
h i _.tr' i re
doit
saisir
les conditions
d'en
perm ettre
historiques d'a.ppar j ti '_' n.
Marx
construit des
Pour cel-à,
modèles abstraits d
s y stemes sociaux susceptibles de
rendre compte de
connue :
historique
1 'évolution
les
modes- de production
ou plu= précisément les formes de
production
(fr'rmeri
en al 1 emand) . Un des schémas de
succession
hi stor i qu e serait celui qui, partant de la
p r i m j t i ve" conduirait au Cap i tal j sme en passant
"commune
par 1 ' "esc l a.vari e anti que" et 1e "féodalisme".
-- La premier.? rep rise
les
"liens de
sang"
et
sur
1 ' ab' scenre de propr i e té , d'exploitation et de classes;
1' esclavage
--
connaj t
antique
1a
propriété,
l 'explc' i ta.tiori
et
1 es classes sociales,
mais
ici le
travail
de l'esclave appartient au maître en raison de
_.a propriété sur 1 ' es clave l u i —meme ;
-- darts
1 a -féodal 1 té,la
terre appartient au souverain
éminent"),
<"domaine
celui—ci en conférant le droit
d'usage
à ses vas saux . Le serf n'appartient pas au
Seigneur féodal, ma is relève du domaine éminent, de la
terre
• .
laquelle il est attaché.I1 s'agit là bien sûr
d'une société de clas sess à E t a. t.
Pour- Marx, à un état donne des forces productives il
correspond des formes données de rapports de production;
le développement des forces productives rend inadéquats
qui sont alors
les rapports de production existants, remplacés par
d'autres plus efficients <Manifeste). Les
postulats
sont
que
l'histoire
de
l'humanité
est
progressive,
et
qu'el l e
est
ri la fois cel l e de
l'accumulation et de =. classes sociales.
lors,
les sociétés
"autres",
"pr'éca.p i tal i stes" ,
Dés
va.l i di té
seront
examinées
poiJr
vérifier
la
des
recherches
sur la genèse du c-a.p i tal i sme .
Marx ne prétend pas rendre compte des sociétés "autres",
analytiques
et
ne
construit que des modèles
et
,
ts
abstraits
en prenant soin de préciser souvent qu' il
faut surtout -se garder de plaquer ces schéma.s sur des
sociétés
concrètes.
est
que
des
Il
donc
singulier
périodissa.ti rs
de
l'histoire,
entendre
que
laissant
toutes
lessociétés
seraient
passées parr les Irl C !rl e `'•
phases d'évolution", et du simple au complexe, aient pu
se réclamer de 1 ' hér i tage de Marx.
1
• L •
Maine.
L'évolutlonisme :Morgan
Spencer et
a. coutume de situer .. la fin du 196 siècle les débuts
On
.a'-:'ec
les premiers travaux de terrain
l'ethnolo g ie,
de
le-=, structures de'_
effertués dan=. 1 e but d'analyser
sociétés étudiées . Les "pères fondateurs" ont en commun
d' el tre des juristes.
(1820 - 190I3)
- '=Spence r
pense que les sociétés, à l'image
ces
espèces,
évoluent du simple au complexe. Les
sociétés
les
plus simples sont celles de nomades
"IJr da.teurs"
stratification
_.ociale.LDan=.
les
sans
"7,ocjétés simples",
j1 n'y a pas d'autorité politique
il apparaît des chefs occasionnels
l'autorité est imprécise ou instable
ru,
il existe une autorité pol i tique
enfin,
permanente.
Ces quatre types de sociétés "simples" ayant en commun
de reposer sur des groupes sociaux autonomes et sur
1 ' abscence d'intermédiaire entre le pouvoir et
l'ensemble de la société.
"sociétés
Les
composées"
présentent
des
niveaux
intermédiaires entre pouvoir et société.
Les
sociétés
"doublement
composées"
sont
toutes
sédentaires,
avec dével oppement des techniques, des
transports, du droit posi t i f.
Les. sociétés "triplement composées " sont les grandes
i v i l i ssa.t i ons "d'oa sont sorties les grandes re l i r i ons" .
Enfir,
et parallèlement, Spencer oppose société militaire
imposant
une
société
et
industrielle,
la première
coopération
obl i ga.toi re,
la seconde une coopération
volontaire.
-
++
++
++
++
c
a!'-a '; èr,t
notamment da.n
"ancient
les bases du droit comparé, t partir d'études de
jette
de
ssûc i été's
structures
soc j o-,jur i di ques
relevant
différentes.
Le
premier,
i1 distingue les liens par le
que
les
pense
i l
sang
des
1 i enss
terr i tc' r i aux ;
institutions peuvent s'étudier du simple au complexe, il
d'une évolution identique des
rejette
néanmoins
l'idée
sociétés, insistant sur leur diversité.
Maine
_-
=_.
_
)
,
_'
Morgan
l'analyse des
(1818-1881)
est
le père de
la
de
met en évidence
parenté,
dont
il
la compréhension des
l'importance
pour
et
est
"Ancient
sociaux.
Son ou'vr'ace majeur
sociétés
se
society"
''1877 .'
1e
M r... I rl,
F Jr
complexifient au cours du
temps en passant par trois
"états",
chaque état comportant trois étapes. Ces trois
"barbarie",
la
états
_.ont
la
la
"sauvagerie",
"civilisation". Dans la "sauvagerie" régne la
absence
"pro'mi scu i té" ,
de
r ni1 e matrimoniale; ensu i te ,
pour les parents immédiats, puis
est
l' i nceste
prohibé
"patriarcat",
le
suj'.:'i
du
apparaît
"matriarcat",
d'abord polygame, enfin monogame. Morgan é tabl i t des
évolution
et
fami 1 i al e
entre
relations
structure
la
les
sociétés
par
faitt
qui
passer
technol or i que
l'écriture
et
la.
l'élevage,
1'aor'icu1ture,
cueillette,
systèmes
diversité
sst t rries
°_
-
_;4-
(de
métal lurci ie
d'sionant
"civi l isa.tion"
la
la vient
célébre
saris
doute
l 'c' pposi t i on
tristement
stement
entre
" et
u
"sociétés
sa.ns.
(donc)
h i to
} "_.a.n=. histoire"
-é'_ riture
et
.d
I c i é t e
"civilisées").
1.3. Le fonctionnalisme: Malinowski, Mauss,
Mer ton
Avec
le
fonctionnalisme
commence l'étude de ta.i l l ee des
_ . ociété'_
qu'on
appelle
alors
"primitive_.".
Commence
1 ''ere du recue i 1 systématique de données selon des
procédures r i coureuses,
s_.e
ÿ. des fins d'analyse
et de
comparaison.
Malinowski
(1884-1942 ) considére au départ que chaque
société
se
caractéri e et se distingue des autres_ par
or i g i na le
urie
culture
ssinguliére.
Ceci
par
et
particu l i er entre les parties, les
l'arrangement
éléments qui
les cons tituent, et la façon dont tous les
éléments se
relient e ntre eux. Le tout est unifié et il
totalité:
faut
l'expliquer
sa
chaque
trai t
de
dans
culture ne prend son sens que par la place qu'il tient
les autres
1 i ens avec
l'ensemble et
par ses
dans
éléments culturels. Da na tous les types de civilisation,
objet matériel , chaque idée et
chaque
coutume,
cha.qu e
uric
fonction
vitale,
a une
chaque croyance remp1 i t
é. accompl i r, rep récente une partie indispensable
t..che
d'une
total i té c' rga.ri i q ue. L_' i d'e de "fonction" est tirée
de la fc' rictic' ri d'un c' rrie qui , 1 i ée . . la cohérence du
tout, correspond é une fonction vitale.
remplit
urie
culturel
ou
social
Donc, tout élément
indispensable
au tout.
fonction
élé ment
est
et
tout
de Malinowski
est
"les
L'ouvrage
1e
plus célébre
argonautes du Pac i f i que Occ i dental " , paru en 1922.
Mauss
élabore
la ric' tic' rl de "fait social
(
tota.l " :
toute
l a
réa.l i té
sociale
est
i ns.cr i te
dans
ceremoni e, mdrne si cette cérémonie rie
chaque
coutume,
suffit
pas a définir toute la •_. o c i é t e . Dans
ri
son "essai
sur
Il
montre
que don et contre-don
: 1'7 4? ,
le
don"
créent une u =•'=.l r' ri d'c'bl i qat i oris qui rendent
cohérente la structure sociale et appl ique cette idée a
l'étude du "potl a.tch" .
(1910-
Merton
)
dans "elements de
th4c' r i e
de
et
(1765),
sc'ciolo'iique"
affine
l'analyse
méthode
que
tout
fonctionnaliste
en
remarquant
element peut
et
que
la vision
plusieurs
fc'rictic'ris,
de
avoir
imp 1 I que
cohérence totale de la so ': i é te
une
Ma.l i nc'i.':isk. i
cette société s'inscrit dans
Or,
part
d'une
c'b=.er','ée.
les elements, comme leurs fonctions,
h i stoi re
donc
une
société
des
d'autre
toute
part,
corral t
évoluent;
d y .=fc' rict i c'ris.
C
1.4. Le
structuralisme:
Levi-Strauss (1910- )
C1 suie
Lev i -S;tr•a.us=.
pose
la méthode
1 es bases de
structurale dans "anthropologie structurale" (1958). Les
recherches des 1 I ngu i stes montrent que chaque langue
sélectionne certains sons et en omet d'autres. Toutes
les langues de 1a terre ne comportent pas tous les sons
possibles.
Il
en va de même pour
les sociétés et
cultures:
chaque système sélectionne certaines formes
d'organisation
parmi
celles qui sont possibles. La vie
est
sociale
fondée sur un vaste appareil symbc' l i que; i 1
lui
correspond l'échange de femmes. Les éléments sont
ri s sionifiants que
leurs relations.
moins
La structure
sociale n'est pas apparente,
directement observable:
est
abstraite
elle est "1e contenu appréhendé
elle
et
dans une organisation
logique conçue comme propriété
du réel". Les deux grands axes de recherche de
Levi-_trauss sont les structures des rapports de parenté
et celles de mythes.
Levi-strauss a eu des prédécesseurs, tels que , entre
autres, Wolf, Nadel,
Radcliffe-Brown. Mais tandis que
ceux-ci
cherchaient
des
structures
concrètementt
observables,
telles que celles observables en biologie,
celles-ci
sur
un plan abstrait ,
Levi-Strauss conçoit
non
plus descriptif. Parmi les disciples
analytique
et
li
n n
é'. i -titra,u=.=.
te L.Gumont
le^ t
citer
Lévi-Strauss,
entre autres,
_,C
de
^r
peut,
"homo h i érarch i cus•" ; "homo aequal i s" ) .
1.5
de production
Le
néo-marxisme et la théorie des modes
A
1'is• sue
du .`; :é congrès du P.C.souiétique, la critique
du^
sta. liriisme
a un e relecture de Marx et é un
conduit
' d é p o u= i Cracie"
de
la pensé e marxiste a 1a lumière des
progrès accomplis par
la re cherche arithr'op ol ogi que . La.
critiqu e du
dogme ssta.l i ri i en d'une évolution urii 1 iriéair'e
cl L i é tés.
de
la
a
des
stades al l an t
travers c i riq
la
relance
"commun a.uté
primitive"
"socialisme"
au
".
Dans
le
discuss ion
surr les "modes de production
context e de
l a déco1c'riisa.ti on, du "sous-dé ue 1 oppeinen t"
luttes
et de
"anti - impérial i s•tes" , 1 acce rit est porté
sur
le s modes de production " féodal" et "asi atique". Les
ouvrage s-clés de
cette
r'éfl ex i cri sC' ri t dûs a Gode1ier
M e i l l a s. o u x
(15'64)
Terray
(196S),a
(1969),, Al th us__r
(1944), en France.
qui
cc' ricer•rie
En ce
1 ' évol u tic' n, le mode de production
abstrai te , un modèle, déf i ri i comme
est un e structure
forces productives et de
combina i s.ori
spécifique
de
ne s'agit p.as d'étapes par
de
production;
il
rapport a
Dans ttoute
les
sociétés.
le-_quel les devraient passer
concrète ou "format lori économique et sociale",
société
un mode de production est dominant, mais ceux qui 1 ont
précédé
cru 1 uj succéderont _.ont perr- eptibles. a l'état de
"survivances" ou de "germes".
En
ce
qui
concerne
fonctjanal j_me, la théorie des
le
modes de pr oductjori
1' I e e de "fonct i on" , qui
rejette
implique
la
steme et conduit a rendre
sstabi l i té
d'un
i_ompapabl e'_ des éléments de 1a ré a.l i té qui ne le sont
pas:
_.i
tou t
élément
joue un r°_r 1 e indispensable, 1a
société est b 1oqu'e.
En
ce
qui
le mode
concerne
le structura l j E.me ,
de
production e st analysé comme "tot al j té structurée" en
niveaux
veaux dont
l'un
domine
-determi ne- les autres, er,
assignant au
steme ses degrés
de liberté. Dans les
sociétés ab•= ervéess par les a.nthropo l ogues, les rapports
de parentér
sont a la fois rapports politiques, rapports
idéologiques et rapport de praduc tjOri: ils impr-ér nent
les
tous
aspects
uIe
de
la
sociale.
Mais
le
structuralism e
est critiqué car il e st a-historique. Or,
pour-
les
chercheurs marxistes,
la question est
historique:
el l e est de comprendre comment apparaissent
les sociétés de classes et comment se constitue 1'Etat.
=_
_,
1.6 Tendances actuelles
La theor i e de s modes de production ne pouvait guère
étr•e
uti le pour comprendre less société_ actuelle s dans
le Tier E. Monde. Le concept de mode de production
est
a
asiatique
applicable
aussi
bien
l'Eci>pte
phe.r•aonn j que,
qu'aux sociétés a mégalithes , aux empires
soudanais ,eu '` empires précolombiens, au Dahomey du <:I._CC
siècle:
plus rien.
définissant
tout,
il
n'explique
d'autre
part,
1 e
revient
a
mode
de
production
société sur la base de ses spécificités
car?.tér j er
unee
pe rmett?.nt
ne
que
la classification descriptive, il
interdit
la comparaison
son anal yt i que . Dés que l e'-. auteurs
historiques,
les
les
veulent
a. i i r
mouvements
tiennent
lieu
d'analyse:
con=.idéra tion_
"obstétricales"
de
de production
"a naître",,
on
p?.r era
mode
"embryonn i r'e" , "mort-né" >=ou "moribond" au "sur- i vant" .
Les tend ances actuelles ont en commun de faire amplement
appel
a
l'histoire
des sociétés et de's théories mais
vis
distinguent
c't VI_
de
attitude
se
par
leur
l'économie.
"économistes"
considèrent que le développement est
Les
le
partie
intégrante
sociale:
concept de
de
l'étude
en
oeuvre
crnt
eux-meme
une
développement
_.=r. mise
et
d'étude
objet
et non
Le développement est
histoire.
projet (c+.Aubert i n et al i i . et Weber )
travaux
partant
de s
de
Rer,
Le _•"anti-utilitaires", la
place
supposée
remettent en question
dr
Girard,
r'anc.e , ce mouvement
l'économie
dans l a. vie ssoc i al e En ( France
mouvement
dans
les sc i enceL.
an t i u t i l ta i r•e
(MA USS,
) est parti de spécialistes de la gestion et de
sociales
=.
.
=_.
1
I
l'école
polytechnique,
non
des
a.n thropol ociues,
contrairement au premier (cf. bulletin du NAIISS:).
Rappelons que Mauss a axé une grande part de son travail
sur l'analyse des faits ostentatoires.
Da.n s
lea
tedances actuelles se classent également les
travaux
de Mary Doucil as
("de la s.cou i 1 l ure" , "1 e monde
des biens")
et de Marshal
Sahlins (" ge de pierre,
r.ce
d' a.bc' rldance" ;
"au
coeur
des
=•oc i été'_" . . . ) . Ces
deu:::
auteurss on t en commun de s'opposer à l ' u t i l i tar i sme
et,
comme Bourdieu en France, de tenter une analyse de
la société a. partir de la façon dont celle-ci traite les
biens •_l travers leurs fonctions symbol i ques.
2.L'ANTHROPOLOGIE ET L'HISTOIRE
C-1.;r- >-
avançaitt
que
"les sociétés ne se posent que les
questions qu' el 1 s sourit cl même de résoudre". Sans al 1 er
si l o i n, on rie peut que constater la l i a i sorl étroite
entre
l'évolution
des
idées et les faits historiques,
aussi
bien
sur
le
plan
pol i t i que
qu'idéologique
et
économique.
Le tem p s des découvertes et des colonies
en
La
découverte
de l'Autr e
conduitt
à l'analyser
référence à sa propre soci été, celle-c i étant envisagée
comme
Ainsi, Rousseau
modele
ou comme
repoussoir.
u t i 1 i sa.ri t le "bon sauvage
cri tiquer la société
pour
française du XVIIIéme sié c l e ou Mon t esquieu demandant
"comment peut-on être Persan
oCi
Au
départ de
la o ol on i ss ation,
a
u rl moment
/a
supposée
triompha rite
et
technologie
européenne
e st
résoudre L. terme tous les p robl emes (=_.c i eri t i _me) , il "va
d e
soi"
les sociétés autres ne p eu'.,ent ne peuvent
que
être
qu'en
retard,
voir e attardées . Jules FERRY
"less peupl es. supérieurs ont
déclare a l'Assemblée que
inférieu r=".
des droits sur
La société
les peupl es
la deux i éme moitié du ::<Ixéme
européenne
triomphante de
l'about issemerlt
d'une
siecle
"ne
que
peut
être"
évolution
qual I ta.t i ve condu i sa.n t de la "sauvagerie" à la
par
1a
"barbar'ie".
"civilisation"
en
pass antt
c i
i 1 jsa.trice"
_sont
l'évolutionnisme
et
laa.
" mission
contemporains et ces paradigmes ne sont contestés que
par
quelques anarchistes tels El i s''e et Orle'=. i me Reclus (
colonies").
A
"nos
"l'homme
et
terre";
la.
demandera. de "trouver
on
l'anthropologue (ethnologue),
-1
oi tse
les leviers
de
chef",
trouvent
déterminer
le
de
la
l'efficacité
d'accr'oitre
permettant
colonisation.
2.2 Décolonisation et développement"
L_.
décolonisation
"développement"
le
a
la
=•ub_.t i tue
"mission
c i v i l i satr i ce" .
de
Les
.i :es
recherche
s'inversent.
"traditionnel-moderne"
L'opposition
a p paraît
dans les écrits;
dans le même temps , la
valeur
des
est
sociétés
étudiées
reconnue,
l'ethnocentrisme
cr i t i qué : les ethnologues chercheront a
comprendre
les soci6t4s "de l'intérieur" si possible en
participant aux rites d'initiation...
Avec
la décolonisation,
les aspects économiques sont
plus
étudiés. G.Ba.landjer, en 1754, fait l'analyse de la.
"situation
coloniale", a
partir
de
laquelle
se
comprennent
des
phencimenes
d'ostentation
et
des
syncrétismes
religie^
^
^<<
("Sociologie
_^i-logie
actuelle
actu_lle
de
l'Afrique Noire").
Avec
le
XXtrie
congres
du
PC soviétique et
la
" l i béra.t i on"
de la recherche marxiste, celle-ci =' engage
aux côôté s des mouvements de
1 I bt`ra.t i on et met son
savoir au service des causes "anti-impérialistes".
suites
2.3.
Affrontements Est- Ouest, Viet Nam, et
L'épisode
de la guerre du Viet Nam marquer a profondément
la reche rche anthropologique.
D'abord en la stimulant,
puis en
la perturbant:
la guerre termi née, l'épisode
c.a.mbodg i e n et
la mise au pas - du sud-Viet Nam, en meme
- emp•s qu e la "découverte" du Goulag ont de quoi ébranler
plus d'un convaincu!
On
_'ape r ',oit que l a recherche en sciences sociale
peut
être une
arme de guerre. La these de P.Gour- u SUP
l'agrjcul turc
util is_ ée par le_
vietnamienne
fut
Amerjca.in •
les chercheurs américains t rcu'a.j erit plus
fa.c i l emen t
des crédits pour
travai l 1 er dans des zones
-_ tra.téci i q ues telles que les h-auts. plateaux
birmans .
e_. t
C'est
le
courant
alors
que
développe
se
"a.n t i -u t i l i ta i re" ,
en même
temps que dans la société
s'observe
un
le
spirituel .
regain
d'intérêt
pour-
L" sri t i -u t i l i ta.r i aame
remise en cause
se
fonde
sur
une
profonde des paradigmes sur lesquels sont basées les
utI1jté.
recherches:
jnt'rêt,
économisme,
L'inspirateur
pr i nc i pa.l
est R. G i rard ( "La v i ol ence
en
la création du
et
le sacré"; "des choses cachées d
Monde")
Seuls quelques esprits semblent
rester
a l'abri des
pol i t i ccu_
et
i déol ogi ques., tel
I_.L6v i
tourmentes
Strauss ("Le Regard El oi gne" ; .
ANNEXE
quisse d'une théorie de l'usage des r I _h e
1e
'-•
3.1. L'usage des richesses: position du problème
_imul tanéi té
de
la rareté et du ga.spi l l.a.ge,
des famines, de la guerre et de l'ostentation
postulat
économique
d'une
histoire
accumulative, victoire sur la rareté
subordination
théorique
que
de la consommation .tk
la production et exclusion par la théoriee économique des
faits de des•tructjnn et d'ostentation
une
définition
des "richesses": tout ce qui, dans
société donnée, est susceptible d'un usage, soit par-
tra.va i l .
Les. "richesses" ne seront pas les même =s d'une
société
i une
autre,
et
leur
hiérarchisation
sera
différente.
la consommation,
1 a destruction (gaspillage,
guerres...),
mai s
également
l'investissement
seraient
des usages alternatifs possibles des richesses.
3.2. esquisse d'une théorie
*hypothèse historique: conservatisme des structures
sociales
La destruction ordonnée des richesses préserve les
structures sociales des risques de changement; la rareté
serait une organisation sociale.
A travers des exemples course aux armements, Occident
médiéval, Eg:rp te pharaonique, sociétés é. "potlatch".
*
hypothèse anthropologique: l'usage "codifié" des
3ichesses
Chaque société classe les choses, les hommes et les
relation des homme'_- aux choses et les relations entre
les hommes a propos des- choses (bi en/mal ; propre/sale;
noble/vil; riche/pauvre etc.).
principalement
de=-"Les
richesses ri'ont
jamais été
s'exprimer,
de
de
moyens de survivre mai s des moyens
participer
ce système de relations symboliques qu'est
la société." (Radk ca::isk. i)
attitudes alimentaires; définitions de la
Illustrations:
socialisées
"richesse";
catégories
biens
de
(vetements...)
Le système de classement propre à. chaque société codifie.
l'usage des richP == .. _.
- 4;f!-
hypothese économique: la production est une fonction
de la dépense
Tout se passe comme
i tout ce qui est produit devaitt
nécessairement
être
dan ..
détru i t ,
1 ' i nstar t
ou
de
façon
différée,
volontairement
a ude
fragon
catastrophique.
L a production
en (t+1 )
en
(t) serait une fonction de la dépense
F'(t) =
f( D(t+1) )
avec
D = C + I + Th + X
(Consommation,
Investissement,
Thésaurisation/stérilisation, X
et
pour
la
destruct i on , 1 e gasp i 1 l age) .
Chez
'..3at=.I i le
,. est 'la_. part maudit,_". La repart _I -..
de
la Dépense
entre
c , I ,Th , ,
serait propre =. chaque
système social.
3.3 Usage des richesses et développement
re-intégration
é. l'analyse
économique de
comportement et faits traditionnellement exlu'_;
cc' herence'des comportements o=•tentatoires dans
les zones de projets de développement
compréhension des systèmes "stables" sur de
longues périodes (sociétés "asiatiques")
la norme: elle ne
n'est
pas
l'accumulation
peut apparaître que "par défaut".
ee.
Aux sociétés "condamnées a la croissance" (les
sociétés industrielles), ='c'ppo'_.er,t celles que la
croissance condamnerait (toutes les autres) .
lNlTIATION A L'ANTH^OPOLOGlE ECONOMlQUE
ELEMENTS BIGLIOGRAPHOQUES
Que^ques manue7s :
H. MENDRAS, 1975: "Elements de Sociologie", Armand Colin
H ' MENDRAS et M. FORSE. 1983:
Armand Colin
"Le Changement Social"
G,
ROCHER,
197O:
"Introduction
à
la
Générale". 3 tomes, Le Seu^l, coll. Po}nts.
Documents de
Sociologie
cours
F.
BRAUDEL 1969
Flammarion.
-
"Ecrits
sur
)'Histoire"
Champs
- "Essais sur \a reproduction de
Coll ect^f,
1977
form ations
socia^es
dominées"
(Cameroun,
C^te
^'Iv oire,
Ha ute Volta, Sénégal, Madagascar, Polynésie),
cf, notamment papiers de
Trav .
et
do c. ORSTOM n"64.
J. CHARMES, J.Y,MARTIN, G. ANCEY ` J, WEBER`
J .P.
DOZON,
.
J.M.
P . BOHANNAN 1955- "Some principles of exchange and
investment among the Tiv". American Anthropologist, vol
57, febr.
P.
BOURDIEU;
social.
La Distinction,
-
M.
DOUGLAS
anthropologie.
"De
)a
crit(que
Souillure"
du
jugement
Maspero
E. GREGOIRE 1986 - "Les ALHAZAl de Maradi^ histoire
d'un groupe de riches marchands sah^liens. ORSTOM, 2OO
pages,
\98O - "Food, cocoa, and the division br sex
J.
GUYER
african societies". in Comparative Studies
in
two west
in Society and history, vol22, n"3,july.
COUTY
G.WINTER,
et
P.
Quantifatif, deux
ccvnplémentaires". AMIRA n"43.
M.
GODELIER, 1968
-
1983
modes
- "
Qualitatif et
d'inv^stigation
" Rationalité et irrational)té en
économie" Maspéro.
B. LATOUR , 1974 - " Les Ideologies de l a Competence en
Milieu Industriel à AbidjEtn" ORSTOM
C.
MEILLAS ^ OUX`
1968-
"ostentation` destruction`
reproduction" Economies et sociétés. 11,4, avr.
1975- "femmes'
Maspéro, textes à l'appui.
gren i ers
et
capitaux".
1976-"Le gr a in de la sueur", Maspéro.
TURNBUL,
C.
1973- "Un peuple de fauves". Stock; (titre
originel:"the mountain people").
J,WEBER `1979-
"Rational it étechnique
logiqu. ^
et
paysannes:
illustrations camerounaises" ; co7loque ORSTOM
CVRS, Ouagadougou.
1973- "Le développement:
concept, doctrine ou
idéologie?"in
actes du
seminaire interdisciplinaire de
l'ORSTOM.
1983- "Péches et stratégies de d éveloppement :
discours et pratiques"., FAO, Rome, mai 1983
1985- "C = R-I, my God, my Gold !" Colloque
Georges Batai}le et les Ethnologues, 25 P.
P. GOUROU , 1983 - "Terres de Bonne Espérance :
Tropical". Plon, Terre Humaine.
Le Monde
J .
FAVRET- SAADA `1977: "Les mo t s, la mort, les sorts"
Folio essais.
J .P.
CHAUVEAU, 1984: La péche pirogui è re sénégalaise:
les }eçons de l'histoire,CRODT. DAKAR,
M.RODINSON 1966: "Islam et Capitalisme", Seuil
G. DESTANNE DE BERNIS, é conomique".
cahiers de
octobre, p.105- 150.
1960 - "Islam et développement
(série V, t.2)`
l'ISEA n"106
Philippe
J. BERNAR D , 1984: "Les Trésors de Ceres:
l'Economie". SEDES, (88
Fondements Anthropologiques de
bd.St.8ermain`Paris),
I. SCHULTE-TENCKHOFF, 1985 : "La Vue Portée au Loin; Une
h i stoire de la pens é e anthropologique". Ed. d'En Bas.
A.O.
HIRSCHMAN, 1980: "Les Passions et les Intéréts".
- 4S-
PUF
1986^
"V*rs
^largie". Ed. de Minuit
une
éconcvnie
politiqu^