La Verite sur la mort de Richard-Coeur-de
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La Verite sur la mort de Richard-Coeur-de
LA: VÉRITÉ 51FR LA MORT DE R I CHARD CŒUR-DE-LION (1) Richard Coeur-de-Lion est un de ces héros légendaires dont les aventures et les exploits chevaleresques ont été embellis k plaisir pai' l'imagination des peuples et les récits des, chroniqueurs. On a poétisé ses faits d'armes, sa captivité, sa sortie de prison oh a surtout poétisé sa. mort (2). On sait que ce prince, faisant le siège du château de Châlus en Limousin, fut atteint d'un coép d'arbalète k l'épaule, le 26 mars 1199, et mourut, des suites de cette blessure, le 6 avril suivant. Les détails de sa mort, tel qu'ils sont rapportés par les -historiens modernes, soit .de France, soit d'Angleten'e, manquent d'xactitude Au lieu de faire une étude critique et comparée des divers chroniqueurs et des écrivains contemporains qui ont parlé de -la mort de Richard, les historiens modernes n'ont consulté qu'une seule source, c'est-à-dire Roger de iloveden, chroniqueur anglais du xm° siècle. Or ce qu'on lit dans cet écrivain sur les derniers jours du roi d'Angleterre est plutôt une légende qu'une page d'histoire. Roger de ioveden a donné au récit d la mort de Richard une couleur dramatique qui a séduit les écrivains des deux siècles précédents et nos historiens contemporains, anglais (I) Ce mémoire n été lu en partie h la réunion des Sociétés savantes tonné h la Sorbonne (section d'histoire), le 24 avril 1818. (2) Voir h l'Appendice l'article 10F, qui a pour titre Légendes sur Eie/rnrd Cœur-de-Lion. ,< LO0t •- 3 1 IOIKÈUUE -Document l II I 1111 III Qiit l Ii II III II fra ncais, tels que Lingard et Henri Martin suivant les erreet français, ments de leurs devancies, out reproduit, sans la contrù1ei, cette narration défectueuse. Le but de notre travail est de démontrer que ce récit est inexact en plusieurs points; nous allons signaler les erreurs qu'il renferme 10 sur le nom de l'arbalétrier qui n blessé Richard; 2' sur le motif qui n porté Richard à faire le sige de Châlus ; 3° sur plusieurs autres détails relatifs h. la mort du roi d'Angleterre. Citons d'abord le récit de Roger de 1-loveden, qui n été reproduitde confiance et sans esprit de critique par tous les historiens modernes II Récit de la mort de Rihard d'après liorjcr dc lIot'cdcn. Sur ces entrefaites Widomar (lisez Adchnar on A.ymar), vicomte de Limoges, ayaùt trouvé dans sa terre un grand trésor en or et en argent, eu envoya une bonne part à Richard roi d'Anglcterrr, son seigneur ; mais le roi la refusa, disant qu'il devait avoir ce trésor tout entier, en vertu de son droit de su zeraineté. Mais le susdit vicomte ne voulut nullement le lui concéder. Le roi d'Angleterre vint donc avec une grande arijiée dans ce pays [du Limousin] pour faire la guerre au v i Colikte i et il assiégea un de ses châteaux, u'on appelle Châluz, dans ieqdel il pensait que le trésor avait été caché. Les chevaliers et les sergents d'armes qui étdient dans le château sortirent, et offrirent au roide lui livrer le château à la condition de conseiver la vie, les membres et les armes; mais le roi repoussa cette condition, et jura qu'il les prendrait de vive force et qu'il les ferait pendre. - Donc les chevaliers et les servants rentrèrent dans le château dolents et confus, et se préparèrent à la défense. - » Le même jour, comme le roi d'Angleterre et Marchadier (1) [ciwf dc Brabançons] faisaient le tourde la place pour reconnaître l'endroit le plus propre à donner l'assaut, un arbalétrier, nommé Bertrand de Gourdon, tira une flèche du haut du château, e, atteignant le roi au bras, lui fit une blessure incurable. Le roi blessé, remonta à cheval et chevaucha jusqu'à son logis. Il donna appelé fiiarcadeits par Coggeshale. Nous pensons que la véritable traduction de ce mot est filarchadftr, comme le dit M. Laurentie. Nous verrons plus loin le noni véritable de ce chef de Brabançons. (I) Marcha deus, -3-l'ordre h Marchadier et à toute son armée d'attaquer ]e château sans relâche jusqu'à ce qu'il fût emporté, et c'est ce qui eut lien » Après la prise du château le roi fit pendre tous les prisonniers. à l'exception de celui qui l'avait blessé, se réservant, comme il est permis de le croire, de le condamner à la mort la Plus infâme, si lui-même recouvrait la santé. s Ensuite le roi se mit entre les mains d'un certain médecin attaché h Marchadier, qui, en s'efforçant d'extraire (le la plaie le fer de la flèche, ne put en tirer que le bois, et laissa le fer dans la chair; et, après que ce bourreau (cern item) eut tailladé tout autour le bras du roi sans aucune précaution, il en retira enfin le carreau. » Le roi, ayant perdu tout espoir de guérison, transmit h Jean, son frère, le royaume d'Angleterre et toutes ses possessions. Il voulut que ceux qui étaient auprès tic lui prêtassent serment de fidélité à ce prince ; il commanda qu'on lui livrât ses châteaux et les trois quarts de son trésor; il fit don de ses joyaux (banbclia) à sou neveu Othon, roi des Allemands, et il ordonna que le dernier quart-de son trésor fût distribué à ses servants et aux pauvres. » Ensuite il fit venir devant lui Bertrand de Gourdon, qui l'avait blessé, et il lui (lit « Pourquoi m'as-tu donné le coup (le s mort? s Gourdon lui répondit s Vous avez tué de votre propre s main mon père et mes deux frères, et vous avez voulu main» tenant nie faire périr. Exercez donc sur moi votre vengeance » dè la mahière que vous voudrez. .Te souffrirai volontiers les plus grands tourments que vous pourrez imaginer, pourvu que vous périssiez, vous qui avez causé au inonde tant de maux et des anaux si grands I s Alors le roi ordonna qu'on lui Ôtât ses chaînes, et il lui dit «Je te pardonne ma mort s. Mais le jeune guerrier (ici le chroniqawaer parle en vers), Debout devant le roi, les yeux pleins de menace, Se dresse noblement et demande la mort. Le roi vit son désir de marcher au supplice, Et comprit qu'il craignait l'obtenir son pardon.,.:. « Tu vivras malgré toi! vis, car je te fais grdce Sois l'espoir des vaincus dans ces pays conquis De mon coeur généreux tu seras un exemple I » s Et ainsi [le prisonnier], délivré de ses chaînes, eut la permission de s'en aller. Le roi commanda qu'on lui donnât cent -4— sous de monnaie anglaise (1). Mais Marchadier, à l'insu de n Richard, mit les mains sur lui, et le retint en priso ; et, après la mort du roi, il le fit écorcher vif et le fit pendre. Ensuite le roi ordonna que son cerveau, son sang et ses entrailles fussent ensevelis à Charron, son coeur à Rouen et 5011 corps à Fonteraud, aux pieds de son père.. Il mourut le B des ides d'avril (O avril), le mardi avant le dimanche des Rameaux, le douzième jour après qu'il avait été blessé; et les siens l'ensevelirent dans les lieux susdits, comme il l'avait commandé (2). C'est eu s'appuyant sur ce témoignage isolé de Roger de s Hoveden que le s historiens modernes ont compo é l e ur récit de la mort de Richard nous disons i le témoignage isolé s , car nous ne comptohs pas pour un second témoignage celui de l'annaliste anonyme du monastère de Burton, qui florissait en 1262 (3), et qui a reproduit mot pour mot le passage de' Roger de Hoveden (4); nous ne comptons pas non plus Pour un second témoignage celui de deux écrivains du xIv 0 siècle - que l'historien Hume a allégués, à savoir Jean Broiupton (5), qui florissait à la fin du règne d'EdQuard III (1310), et Henri Knyghton (6), qui écrivait en 1395, deux chroniqueurs qui ont copié le récit de Roger de Hovedeu , sans ajouter la moindre valeur à son témoignage. III Ce récit de la mort de Richard a été accepté comme authen(1) Le sou anglais (sehelling) valait à cette époque quarante deniers (Du CANGE, Solidus anglicanus). Aujourd'hui le schelling vaut 1 franc 10 centimes de notre monnaie. (2) Clitonica Magistri Rogerii de Eloucdene, edited hy William Stubbs, London, 1871, T. 1V, p. 82. - SAvIUL, Rerizflt Angl.icantrn Scriptores, Francofurti , MDcI, in-fol, P. '790. - JE isloriens de Franco, T. XVJI P. 595. - Voir Pièces justificatives, n' 1. (2) CAVE, Historia literaria, 1720, P. 640. (4) Annal. monaster. Eurion., ab anno MIV ad ana. MCCLXIII; ap. THOMAS GALE, Historia .4iiglicance Scriptores quinque Oxoni[e, 1681, T. 1, p, 255. (5) Chronieon Joannis l3rompton, ap. Roesu TwI5DEN, Historia itnglicana Scriptores X; Londini , 1652, in-fol. T. , col. 1271. - Voir Pièce,justiflcativ&, n° 24. (6) ErNIt. DE KnÙT0N, de Eventibits Angliw, lib II; ftp. itocer TwlsDltN, Historiw Angiicanœ Seriptores XLondini, 1652, T. U col. 2412.— Voir Pièces justificatives. n°25. tique par tous les historiens modernes depuis le xvii 0 siècle jusqu'à nos jours. Parmi les historiens anglais, français italiens nous pouvons citer en particulier Isaac Harrow, mort en 1677 Histoire nouvelle et impartiale d'Angleterre, traduction française de 1171, T. III, p. 218. Mézeray, Histoiré de Franco • 1687, in-fol T. I, p. 137. Le P. Bonaventure tic Saint-Arnabie, Histoire de saisit Martial, T. 111, in-fol (Annales du Limousin), p. 524. (L'auteur cite le fait d'après Henri Enygliton, copistd de Roger de Hoveden.) De Larrey, Histoire d'Angleterre, dEcosse et d'Irlande, in-fol. Rotterdam, 1707, T. 1, p. 445. Le P. Daniel, Histoire de France, édit. j fl .40, 1755, T. 1V, p. 109. De Chevrières, Abrégé chronologique de l'Histoire d'Angleterre, 1130 Amsterdam, in-12, T. J, p. 199. Le P. Fontenay (1740), continuateur de, l'Histoire de l'Eglise Gallicane du P. Longueval, ait - édit. 1926, in-12, T. XIII, p.321. Jean-Dominique Mansi, continuateur clos Anndles de Baronius (1747), in-fol. Lue, T. XX, p. 55. Rapin de Thoyrns, Histoire d'Angleterre. 1149, la-4', T. II, p. 288. David Hume, Histoire d'Angleterre, traduction française, 1810, T. il, P . 103. Pufendorll', introduction à l'histoire moderne j générale et politique de l'Univers, etc., augrùentée par M. llruzen de la Martinière , et continuée par M. de Graie, Paris, 1153, in-1', T. HI. p. 98. L'abbé Vel-iy, Histoire (le France, 1710. 111-4°, T. 11, P. 188. •PoIler, Dictionnaire Historique, art. Richad Goeur-de-Lion. Encyclopédie Méthodique, 1190, in-4°, Histoire. • Goldsmith, itistory 0f J»ngland London, f800, p. 54. [Rongier-cliatdnet], Statistique de ta Haute-Vienne, in-'!', 1808, p. 121. Dtu'oux, Essai historique sur lit Sônatorerle de Limoges, inl', p. 158. Art de vérifier les dates, édition de M. de Saint-Allais, 1818, 1'. X, . p. 261. Sismondi • Histoire des Français, 182:3, T. VI, p. 171. Michaud, Biographie Universelle, art. Richard Cœur-de-[,ion. John Lingard, Histoire d'Angleterre, traduite de l'anglais par M. le baron de Itoujoux, Paris, 1846, T. II, p. 563.Laurcntie, Histoire de France, Paris, édit. 1873, T. il, p. 119-180. Henri Martin, histoire de Franco, Paris. édit. 1855, T. III, p. 556. Amédée Gabourd, Histoire de France, in-8, 1856, T. V.p, 316. •Dictionnaire de la Conversation, 18,51, art. Richard Coeur-de-Lion. Nouvelle Biographie générale, publiée $r MM. Firmin Didot, sous la direction du Dr Hoefer Paris, 1863, art. Richard Coeur-de-Lion. Iv Ce récit de Roger de 1-lovedou n'est pas une page d'histoire, c'est plutôt un roman historique et, dans k cas présent, le chroniqueur anglais nous semble un précurseur de Walter Scott Quoiqu'on ait dit que lé roman historique était plus vrai que l'histoire, signalons les erreurs que les historiens modernes ont empruntées n. cet écrivain 1 0 0e n'est pas Bertrand de Gourdon qui a blessé Richard, mais un chevalier appelé Pierre Basile;20 Bertrand de Gourdon n'a pas été écorché vif et pendu par l'ordre de Marchadier; 30 La revendication du trésor de ChOElus n'est pas la véritable cause du siège de ce château 40 ' La blessure de Richard n'est pas indiquée d'une manière exacte pat Roger de Hoveden et beaucoup d'autres historiens 50 Les entrailles du roi n'ont pas été ensevelies à Charroux, comme le dit Roger de Hoveden, ni à Poitiers , comme le prétendent d'autres historiens , mais à ChOElus ; 6° Quelques historiens fout mourir Richard entre les bras de Gantier, archevêque de Rouen.: c'est une autre légnde fabuleuse qu'il faut ajouter à la légende de Bertrand de Gourdon par Roger de Hoveden. Cc n'est pas ljerlrand de Gourdon qui- o- blessé Richard- mais un chevalier tiornnui Pierre Basile. Une première erreur de Roger de Hoveden, reproduite par les historiens modernes que nous avons cités plus haut, est relative au nom de l'arbalétrier qui a blessé Richard. Roger de Hoveden et les historiens qui l'ont suivi donnent à, cet arbalétrier le nom de Bertrand de Gourdon or, si l'on fait une étude critique et comparée des chroniqueurs et des historiens contemporains du roi Richard, on trouve que la majorité des chroniqueurs et les mieux informés appellent l'arbalétrier qui blessa le roi non pas Bertrand de Gourdon, mais Pierre Basile. Nous avons en faveur de ce dernier.quatre témoignages contemporains. 1. Citons d'abord un écrivain linlousiil dont la note sur la mort de Richard se trouve à la fin de la Chronique de Geoffroy de Vigeois dans deux manuscrits de la- Bibliothèque nationale (1). (])'Fonds latin, n" 13,891 (xvle siècle), fol. 62; - l3,895(xvi' siècle), fol. 108 v°. - A la.fln de ce dernier manuscrit, on lit ces paroles )3xplicit Cronica donini Caufredi, cœnobilw divi Mari-La-lis Leraovic&isis. A la, fin du premier on lit simplement : Explicit Chronies Caufredi. un vieuxmaaP. Labbe, qui ii publié cette Chronique d Le P. nuscrit nuscritdu château de Lastours et quatre autres anciennes copies (1), n'a pas cru que ce récit de la mort de Richard fùt de Geoffroy de Vigeois, sans doute parce que cet éerivaia: ail-dire de Bernard Itier (2), avait terminé sa Chronique en 1184; toutefois il a inséré dans le corps de cette Chronique (3) plusieurs faits relatifs à la première croisade qui, clans les deux manuscrits de la Bibliothèque nationale, suivent immédiatement le récit de la mort de Richard, tandis qu'il a rejeté ad caleam cette note importante, comme n'étant pas de Geoffroy de Vigeois (4. Il. semblerait que cette note a été écrite par Bernard Itier; eu effet, dans les deux manuscrits déjà cités, elle est prédédée de ce préambule que le P. Labbe a passé sous silence e Bernard Itier écrivit, le jour de la sixième férie (le vcn(tredi), la veille de Saint-Jean-Baptiste (5), que la même aimée mourut le roi Richard surnommé Coeur-de-Lion. Il fut enseveli avec son père dans le monastère de Fontevraud, plusieurs se réjouissant de sa mort, et d'autres déplorant cette perte (6). e Sur la foi de ce préambule, dom Estiennot a mis cette note au nom de Bernard Itier liée scrtpfll Bernar(1us Iteril (1). Quoi qu'il en soit, cet écrivain, qui entre dans les détails les plis précis sur le jour et l'heure de la mort de Richard, sur les circonstances qui l'ont précédée et qui Pont suivie, - qui se montre parfaitement au courant de l'orthographe des noms d'hommes et de lieu, - cet écrivain est pour ainsi due un journaliste (lui a dressé un procès-verbal; et, comme il était sur les lieux mêmes, comme il était à portée (l'être renseigné d'une manière exacte; il lieus semble avoir plus d'autorité historique que les historiens anglais, trop éloignés du théâtre des événements. L'édition du P. Labbe renferme quelques fautes que nous (1) Ex veteri Turrium in Lemovicensibus eodice, aliisqnemss. quorum liahui apographa. VV. cc. Henrici Justelli, Joannis l3ouchetii, Joannis i3eshi, ac nostrun. (Nova Bi&liothec(t nus. librorun,., T. Il, p.'279.) (2) Dup LÈs-AGIER, Chroniques (le Saint-Martial, p. 61. (2) Cap. xxvii. (Nova Jiibliotheca. etc., T. II, p. 292.) (4) Novaliibliotheea, etc., T. 11, p. 342. (5) La veille de Saint-Jean-Baptiste était un vendredi en l'an 1200. Bernard Itier aurait donc rédigé cette note Quinze mois après la mort de Richard, (6) Voir Pièces justificatives, n' 2. (1) Bibliothèque nationale, fonds latin, 12,764, fol. 51. - Pièces justiflcalives, n° 2. H avons corrigées à l'aide des deux manuscrits de Geoffroy de Vigeois que possède la Bibliothèque nationale, collationnés avec deux anciennes copies, l'une de dom Estieunot, et l'autre de Pa.rdoux de la Garde, conservée au grand-séminaire (le Limoges. Voici cette note « L'an de l'Incarnation du Seigneur mil deux cent moine un (1199), Richard, le roi très-courageux (les Anglais, fut atteint d'un coup de flèche à l'épaule lersqu'il assiégeait, une tour d'un certain château (castrum) du Limùusin, qu'on appelle CliâiusChabrol. Il y avait dans cette tour deux chevaliers, avec environ trente-huit personnes, hommes et femmes. L'un de ces chevaliers s'appelait Pierre Brun (1); l'autre, Pierre Basile. Il est dit de ce dernier qu'il lança avec une arbalète une flèche qui blessa le roi. Richard mourut le douzième jour après, c'est-à-dire la troisième férie (le mardi) ava.it le dimanche où I'Eglise célèbre la procession dés Rameaux, le S des ides d'avril (6 avril), h la première heure de la nuit (sept heures du soir). Pendant qu'il était malade, il avait donné l'ordre k ses éoldats d'assiéger le château du vicomte Adémar, qu'on appelle Nontron , et un autre fort (municipium) (2) qu'on appelle Piégut (3); cc qu'ils firent. Mais, ayant appris la mort du roi, ils se retirèrent confus. Le roi avait formé dans son coeur le dessein de détruire tous les châteaux et les forteresses (municipia) du susdit vicomte de Limoges (4. s 2. Un historien anglais, contemporain du roi Richard, c'est(1) Potrus Bru, c'était le seigneur du château de Montbrun, situé aux environs de châlu. (2) Municipiuin, eustruin, eastellum muris.einctuin. (Du CANGE, Glossaire, édition des Bénédictins, 1733, in-foi., T. 1V, col 1091.) On pourrait - ' ajouter le texte de cette chronique aux deux autres cités clans ce Glossaire, et dont voici le dernier Municipium quod... ibi oral construction loco ('unis cujusdam ccclesiœ. (3) Il y a dans le texte Montagut. Il s'agit ici, comme Nadaud l'avait soupçonné, 'et comme on le reconnaît dans la dernière édition de l'Art de vérifier les (laies ('I'. X, p. 261),. de Piégut, autrefois Pai-Agut , MensAcutus, qui fut, au témoignage de Bernard iticr, assiégé cli 1199. (DUPLÈSAcIER, p. 68.) Piégut-Pluviers, sur la lisière de la Dordogne, dans le caaton de Bussiùre-13adil et l'arrondissement de Nontron, n'est pas éloigné de Châlus, et forme un ttiangle avec cette dernière ville et Nontron. La tour de Piégut, située sur un mamelon, se voit à une grande distance. (4) LABBE, Noua Bibliotheca nus. lihr., T. 11, p. 342. - PIÈCES JuSTIFICATIVEs; n' 2. -9à-dire Raoul de Dicto, qui fiorissait, d'après Cave. en 1197 (1), et qui est mort peu d'années après le roi, en 1210 (2), donne aussi - au meurtrier de Richard le nain de Pierre Basile. L'ouvrage - auquel nous empuntons cette citation, et qui a pour titre flnagines liistôriarum, se termine en 1199, l'année de la mort de Richard. Voici ce passage Richard, roi des Anglais, après avoir régné neuf ans six mois et dix–neufjours, fut frappé d'un coup de flèche par Pierre Basile, le 7 des calendes d'avril (26 mars), au château de Cixâlus, dans le territoire limousin- et dans le duché d'Aquitaine; et ensuite, le 8 des ides d'avril (6 avril), cet homme, livré aux travaux de Mars, mourut un jour de mars (-un mardi), dans le susdit château. 11 fut enseveli à Fontevraid, aux pieds de son père, le roi Henri 11(3). 3. L'annaliste de l'abbaye de Margan. qui acheva d'écrire ses• Annales en 1231, et qui était par conséquent contemporain du siége de Ch lins, donne aussi le nom de Pierre Basile ait chevalier qui frappa Richard d'un coup mortel. Citons ce texte, qui est pour la première fois allégué dans la! question y L'an 1199, le roi Richard partit [en guerre] , pendant le carême, contre le vicomte de Limoges, à cause d'un trésor qu'il avait appris avoir été découvert récemment dans sa terre; il assiégea le château de Châlus, qui lui appartenait et, lorsqu'il était sur le point de s'en emparer, le 7 des calendes d'avril (26 mars), un chevalier des assiégés, un certain Pierre, surnommé Basile, ayant dirigé sur le roi un trait qu'on appelle vulgairement un carreau, l'atteignit à l'épaule gauche, et lui fit une blessure dont il mourut au même lieu le iv x(4) des ides d'avril (10 avril.). Il fut enseveli b .Fonevraud, au pieds de 5011 père. Sou coeur fut transporté à Rouan, et inhumé dans la grande église de la bienheureuse Marie (5). n « (1) CAvE, Historia litteraria, 1720, P. 601. (2) MORéRT, Dictionnaire hisior., art. fladuiphe de hEbdo. (3) Iterum liritannicaru,n mcdii oevi Scriptores The ilistorical Wor&s 01' ?aster IIALPU DE DEcaTo, by WILLIAM -Srujmiss London, 1870, vol. 11, P. 106. - ROCua Twisoun, JH-storim Anqticanoe Scriptores X. Londini, 1652, in-fol., T. 1, col. 705. - Historiens de Franco, T. XVII, p. 657. Pièces justica-tives, n' 3. (4) Lisez le vin des ides (O avril). Ce doit être une faute de copiste. (5) Annal. filarqan. ab ann.o1060 ad cnn. 1231: ap. Tnouxs GALE, lustoriLe Anglica-nis Scriptores quin que-: Oxoniœ, 1687, in-foi., vol. P 12. - Voir Pièces justificatives, n' 4. - 10 4. Un célèbre historien anglais, Matiiied Paris, qui fiorissait en 1240(1), et qui est mort en 1250, soixante ans après Richard, donne aussi le nom de Pierre Basile à l'arbalétrier qui blessa le roi d'Angleterre. Voici en quels termes il raconte sa mort 1.100. Dans le même temps, une trève ayant été conclue, comme ou l'a dit, entre Philippe, roi des Francs, et Richard, roi des Anglais, ce même roi des Anglais . tourna ses étendards et ses armes coutre quelques barons du Poitou qui s'étaient révoltés contre lui. Il mit le feu à leurs cités et à leurs villes il saccagea leurs vignes et leurs vergers , et même il massacra sans pitié quelques-uns de ses adversaires. Puis, étant entré dans le duché d'Aquitaine et dans le territoire limousin, il mit le siége devant le château de Châlus; et, le I dés -calendes d'avril (.26 mars), il y fut blessé, par Pierre Basile, d'un trait qui était, dit-on, empoisonné (2) niais (l'abord il n'avait pas attaché d'importance à cette blessure. Enfin, dans les douze jours qu'il survécut, il poussa vivement le siége du château, s'en empara, et enferma dans une étroite prison les chevaliers et les servants [qui le défendaient]. Puis, ayant mis dans le château sa garnison à lui, il lefortifia suffisamment. Or la blessure qu'il avait reçue là, mal soignée d'abord, commença à produire de l'enflure; et certaines taches noires, qui se mêlèrent à la tumeur, attaquant la plaie de tons côtés, faisaient éprouver au roi des douleurs intolérables. Enfin ce prince très-prudent, voyant l'imminence du danger, se prépara à la mort par une vraie contrition de coeur et une sincère confession de bouche; il se fortifia par la communion du corps et du sang du Seigneur, et il pardonna sa mort à celui qui en était l'auteur, c'est-à-dire à Pierre [Basile] qui l'àvait blessé; et, l'ayant délivré de ses chaînes, il lui permit de s'en aller en liberté. » Il voulut que son corps fat inhumé à Fontevrand, aux pieds de son père, qu'il avait trahi; il légua à l'église de Rouen sou coeur invincible; puis, ordonnant que ses entrailles fussent ensevelies dans l'église du château susdit (Châ lus), il les légua, comme un présent , aux Poitevins. Et il révéla à quelques-uns de ses familiers, sous le sceau du secret, la raison pour laquelle il avait fait une telle distribution de sa dépouille mortelle. A son père il légua son corps pour la raison susdite; aux habitants de 1120, p. 631.(2) Un autre chroniqueur anglais, Thomnos WiIços, qui florissnit en 1290, affirme la chose plus nettement. Voir Pièces justificatives, n° 18. (1) CAvE, ilistoria Litcrari, - 11 Rouen, à cause de leur fidélité incomparable, dont il avait fait l'épreuve, il transmit son coeur comme un présent; quant aux Poitevins, à cause de leur note de trahison, il leur assigna ses excréments, lie les jugeant pas digues d'une autre partie de son corps. Ap r ès ces recommandations, l'enflure ayant envahi subitement la région du coeur, ce prince, •livré aux travaux de Mars, rendit,le dernier soupir un jour de mars (un manu), le S dc,s ides d'avril (6 avril), dans le château susdit. il fut inhumé h Fontevraud , comme il l'avait ordonné de son vivant; et, avec lui, au jugement de plusieurs, furent ensevelis en même temps Ja.gloire et l'honneur de la chevalerie (1). » ,5. Ainsi quatre chroniqueurs ou historiens, l'un limousin, les trois autres anglais, tous contemporains de Richard, s'accordent à donner le nom de Pierre Basile au chevalier qui lança la flèche dont la blessure occasionna la mort du roi d'Angleterre. Nous disons quatre chroniqueurs, car nous ne voulons pas compter ici le témoignage de Thomas Walsingham, historien anglais du xv" siècle, qui, dans son Ypodqma Neustrioe, appelle aussi Pierre Basile le chevalier qui blessa Rihard (2). Ce quadruple témoignage d'écrivains contemporains l'emporte évidemment sur les témoignages isolés soit de Roger de Hoveden , qui l'appelle Bertrand de Goûrdon-, soit de Gervais de Cantorbéry, qui le nomine Jean Sabraz, soi t. de Guillaume le Breton, qui, dans sa Philippide-, lui donne le nom de Guy, r- d'autant plus que ces trois derniers chroniqueurs, moins bien renseignés que les premiers, se sont certainement trompés sur d'autres points de leur récit. Le meurtrier de Richard s'appelait donc Pierre Basile. VI Bert,'a9ut de Gourdon n'a pas été écorché vif et pendu par l'oédre de Marcl,.adicr. Roger de Hoveden rapporte que, après la mort de Richard. Marchadier (Mareliacteus) fit écorcher vif et pendre Bertrand de (1') Mattbi Parisiensis Chronica Majora, cdited by Henry Richards Luard , London, 1874 , in-8, vol. H, P. 451. - Edition 1644, in-fol., Paris, P . 137. - Voir Pièces justificatives, n°5. (2) TRouir WAL5IIq GHAM, Ypodiqrna IYcuslria', edited by Henry Thomas Riley, in-8: London, 1876, P. 121. - Voir Pièces justificatives, n' 26. -12— Gourdon. Or ce qui prouve que cette assertion est erronée, c'est que de nombreux documents attestent l'existence de Bertrand de Gourdon dans les trente années qui.ont suivi la mort du roi. 1. Ainsi Bertrand de Gourdon fit partie, en 1209, de l'expédition contre les Albigeois, et il est cité deux fois dans l'Histoire de U Croisade contre les /iériiqzecs écrite en vers provençaux pnr un contemporain, et publiée par M. Faune! « L'armée [des Croisés] fut merveilleusement grande . par ma foi [Il s'y trouvait] vingt mille chevaliers armés de toutes pièces, Et plus de dons cent mille, tant vilains que paysans; Parmi ceux—là je no compte ni les clercs, ni les bourgeois; Toute la gent d'Auvergne, et de loin, et (le près, De Bourgogne,, de Fronce cl du Limousin..... Là se trouve le cnmte Guy, un Auvergnat courtois, Le vicomte de Turenne, fortement engagé [dans l'entreprise] L'évêque de Limoges et celui de Bonus, Et le l,nn archevêque de Bordeaux L'évêque de Cahors et celui d'Agde, Bertrand de Cardailhac et celui de Gourdon (1). » (209) Et ailleurs, on lit erÇcore 5098. u Bertrand de Courdou et l'abbé deMontatihan (2). 2. De plus, Bertrand de Gourdon fit hommage, en qualité de seigneur de Gourdon, à Philippe-Auguste en 1211, à Louis,Ylli On en voit la preuve dans les en 1226, et à saint Louis en 1227. actes pris dans le Trésor des chartes, publiés clans la bibliothèque Lade l'Ecole des chartes (3) par M. H. Gérand, qui devait à M. les reproduiNous documents. cés cabane la communication de sons dans les Pièces justificatives (4). meravi)iO5a e grans si mejut tes ))1. niella cavaliers aran,Ltz do loins ras ic élus rie ce- moita que vEine que lange. En cols ne coutil pas ni clorgnas ni bornes 'rota la gens dAlverulle e do lonli et de prcs Do Bergonha o do }'ransa e de LoniozInes-..- Ae1ni es 10 coula Gais na Alver,,has cartes El vescoms do Torero (jnas ases fort ootromctie Ltvesqucs de bimotgcs o col de Basana Et an ],os arsevesques qui es do Dordales Lovesques do Osorir, et cea de Aguados nos. fortran de cardeihac e col de Gordolies .... (croisa-do ooniae irs-Albiooiis, 1887, In-4, p. 24) (2) 8908. En Bertran do Gordo e Isbas Montanus... (1) La est fo (lNci., P. 606.) rtes, T. 111, ii. 440. (3) Bibliot/eèquede I.'Ecoie des cha no 6. Pièàes justificatives, (4) -13 8. Enfin Bertrand dé (3burdon vivait encore en 1231, puisque, le 2 février 1231, il fit un traité de confédération avec les seigneurs du pays pour réprimer les excès des bandes de brigands qui infestaient le Quercy et le Limousin. e Cette alliance, placée sous la protection de Dieu et de Louis, roide France, et sous le patronage immédiat de Raymond, vicomte de Turenne, de Bertrand de Gourdon, et de Bernard, abbé de Tulle, avait pour objet de réprimer le brigandage et la férocité des pillards (1). Le 2 février 1231, Li Rocamadour, - en présence de la foule immense des pèlerins qu'avait attirés dans ce sanctuaire la fête de la Purification, - lepacte d'association fut solennellement et publiquement juré par le vicomte de Turenne, Bertrand de Gourdon , l'abbé de Tulle, les municipalités de Cahors et de Figeac, etc. (2). On pourrait objecter que peut-être ce Bertrand de Gourdon qui figure dans ces divers documents n'est pas le même que Bertrand de Gourdon qui, au dire de Roger de Hoveden, aurait blessé Richard. M. H. Géraud s'est chargé de répondre k cette objection. « Leé généalogies du, cabinet du 8aintEsprit, dit-ii, fixent à l'an lliO ou 1180 le mariage de Fortanier de Gourdon avec Aquiline, ou Aigline, fille d'Adémar V, vicomte de Limoges, qui mourut lui-même en 1199, à l'âge d'environ soixante ans. Ces mêmes généalogies ne donnent b Fortanier, sur quatre fils, qu'un seul du nom de Bertrand, ddnt elles font l'aîné de la famille. Il n'est doue pas possible d'imaginer que ce Bertrand ne soit pas le même personnage qui, en 1211, disposait de la seigneurie de Gourdon et, par conséquent, on ne peut admettre qu'il ait péri de mort violente douze ans auparavant (3). e Voilà donc mie double erreur commise par Roger de Hoveden - d'abord, le meurtrier de Richard ne s'appelle pas Bertrand de Gourdon, mais Pierre Basile; - ensuite, Bertrand de Gourdon n'a pas été écorché vif et pendu par l'ordre de Marchadier, puisqu'il a donné, dans le cours des trente années qui ont suivi la mort de Richard, plusieurs preuves de son existence, li suit de là que le dialogue si dramatique entre le roi d'Angleterre et (I) Âd reprimendam raptorum pi'avissiihorum in hie partibus, et sine rapacitatis imipanitatem nequissimam. (JùsrEL, Rist. de la Maison de Turenne, preuves, P. 43-45.) (2) H. GÉRAUU , Bibliothèque de lEcole des Chartes, T. III, P. 442. M Lainé (Archives de la Noblesse, T. VIII, art. Lentiihac, P. 9), et l'abbé Nadaud (Nobiliaire du Limousin, T. il, p. 200) ont placé le fait en 1230. (2) Bibliothèque des Chartes, T. III, p. 434. - 14— Gourdon e Pourquoi m'as-tu donné lu mort? etc., est tin détail d'imagination etun récit purement romanesque. Et cependant, cette page légendaire de Roger de Hoveden, prise au sérieux par quelques historiens de Quercy-(1), leur a fait supposer des faits dont on ne trouve la trace nulle part ailleurs. Ils ont vu dans l'article 15 du trhité signé, en 1195, entre Richard et Philippe-Augusto (2), que celui-ci s'était engagé à garder la neutralité dans la querelle qui pourrait intervenir entre Richard et Foitanier de Gourdon, au sujet des châteaux de Casais et de Peyrilies , en Quercy, châteaux qui étaient entre les mains de Fortanier, et que prétendait recouvrer le roi d'Angleterre. Ils ont supposé ensuite que la guerre s'était effectivement allumée à cette occasion; que le seigneur S de Gotirdon et deux de ses fils y avaient perdu la vie que c'était 'eiifin cette triple perte qu'avait voulu venger Bertrand de Gourdon, troisième fils de Fortanier, en tuant le roi Richard (3). e Or ces suppositions n'ont pour base que cette page légendaire de Roger de Ho'eden dont nous venons de montrer la fausseté historique. On voit, par les lignes qui précèdent, que nous ne sommes pas le premier à signaler cette erreur des historiens relativement au meurtrier de Richard Coeur-de-Lion. En 1842, un savant élève de l'École des Chartes, enlevé trop tôt à la science, M. H. Géraud, intitulé les Routiers au xni° siècle, avait dit, dans titi qu'il faut bien se résigner à retrancher de la biographie de Bertrand de Gourdon l'héroïque action dont on a voulu lui faire honneur (4) M. Félix deverneilh, dans un article surie château de Châlus, publié, cii 1848, dans le J3u1ictin Monumental, avait donné la préférence à Pierre Basile (5) en 1863, M. Tamisey de la Roque avait ajouté de nouvelles preuves à celles de M: H. Géraud dans un article publié -par les Annales de Plïiiosopliic chrétienne, et qui il titre M. Henri Mari-in et le meurtrier de Richard coeur-de-Lion (6). (1) CATHALAC0TUTIE, Histoire du Qaerc'j, T. I, p. 155, 158. - M. -DELDoi DE LIVERNON, Statistique du département du Lot, T. T, p. 483. (2) linian, Foeder., T. 1, p. 91 et suivantes. (3) H. Gtuun Bibliothèque de 1 École des Chartes , T. lii • 433; M. Marvaud (Histoire des Vicomtes de Limoges) n donné le nom de Fortuné 4 1-'ortanier de Gourdon.-•(1) Bibliothèque (le l'École des Chartes, T. III, p. 434. T. xi v, p428. (5) Bulletin Monumental, (U) Annales de Philosophie chrétienne, 1803, P. 259. - 15 \TJJ Ait li er de Hoveden n'est pas le-seul historien du temps qui se soit trompé sur le nom de l'arbalétrier qui a blessé Richard. Un outre chroniqueur anglais, Gervais dé Cantorbéry, qui florissait, d'après Cave, en 1201 (1), et qui termine sa chronique en 1199, donne ait le nom de Jean Sabraz; et, par nue double erreur, il place la scène à Nontron, au lieu de la placer à Châlus, et il ajoute que le château (le Nontron appartenait au comte d'Angoulême. Ecoutons son récit L'an de grâce 1199, le roi d'Angleterre assiégea un château qui appartenait au comte d'Angoulême, et qui s'appelait Nontron, et il le força à se rendre. Après avoir épuisé les vivres qui étaient dans le château , les assiégés envoyèrent des messagers pour implorer la miséricorde du roi et lui demander la vie. Le roi, inaccessible à la pitié, refusa la grâce qu'on lui demandait; et voulut obtenir uniquement par la violence ce que les assiégés lui offraient d'eux-mêmes, quoique un peu par force. Richard oublia peut-être que, en pareil cas, il est dangereux de pousser son ennemi au désespoir. Un jeune homme, nommé Jean Sabra',., qui se tenait sur le rempart du château, lança, au moyen d'une arbalète, un trait carré (un carreau), qu'il livra au hasard, en priant bien et en lui demandant qu'il iirigeût lui-même le coup, et qu'il délivrât de l'oppression l'innocence des assiégés. Le roi, qui était sorti de sa tente, entendit le sifflement fatal de l'arbalète, et, pour éviter le coup; il inclina sa tête royale et courba le corps; mais il fut frappé mortellement à l'épaule gauche. » Le onzième jour, le roi, désespérant de sa guérison, se frappa la poitrine avec repentir et il protesta de sa parole royale qu'il n'avait jamais fait de tort à l'église de Cantorbéry que d'après des suggestions étrangères. Ceux qui étaient auprès de lui avant sa mort racontent qu'il demanda avec instance quel était celui qui l'avait blessé ; et, quand celui—ci eut été amené, il s'approcha en tremblant; se prosterna aux pieds du roi, implora avec des larmes sa miséricorde. Le roi lui accorda la paix avec bonté, et lui pardonna sa blessure et sa mort. Et il défendit aux siens qu'on le molestât en aucune façon en raison de ce malheur. - (1) Historia Litteraria, fl2D, p. 618. -16» Donc le roi Richard mourut l'an de grâce 1199, la troisième année du cycle de dix-neuf ans, la dixième année de son règne, le mardi après le premier dimanche de la Passion du Seigneur, c'est-à-dire le 8 des ides d'avril (6 avril). Son corps, vidé de ses intestins et aspergé de sel, fut inhuié à Pontevrand, comme il l'avait ordonné son coeur, , remarquable par , sa grosseur, fut porté à Rouen et enseveli avec honneur (1). » Il ne faut donc pas s'étonner, en voyant Gervais de Cantorbéry donner au jeune soldat de Nontron le nom de Jean Sbraz, il ne faut pas s'étonner que Roger de iloveden, écrivant une légende plutôt qu'une page d'histoire, ait appelé Bertrand de Gourdon le meurtrier de Richard. Il faut placer ces deux écrivains sur la même ligne que Guillaume le Breton, l'auteur de la PMilppWe, qui donne le nom de Guy à l'arbalétrier de Châlus. VIII • Guillaume le Breton, dans nwpoème sur le règne de PhilippeAuguste, a fait un récit trop long et trop poétique de la mort de Richard pour que nonsie rapportions en entier. Toutefois, comme on y trouve quelques détails intéressants, nous allons en donner • quelques extraits. Le poète s'adresse au roi après la victoire de Gisors u O Richard, tu te repentiras d'avoir remporté cette victoire, lorsque, un rude carreau t'ayant atteint au milieu du corps, la mort frappera à ta porte, puisque ni la passion du Christ, ni le temps sacré du carême, ne peuvent te détourner des combats.-Telle est • la mort que te réserve devant Châles celui qui doit être, ton meurtrier... - »'Déjà un peu de temps s'était écoulé depuis ces faits, on • était au-delà de la mi-carême, et le peuple fidèle se disposait à célébrer la passion vénérable du Christ, lorsque, bien loin, dans le territoire de Limoges, un fait prodigieux arriva.. Dans la terre de Cliâlus, un certain paysan, placé sous les ordres d'un seigneur qui se nommait Achard, retournait la terre avec 'sa charrue, lorsqu'il trouva dans le champ labouré un trésorcaché; et, l'ayant trouvé, il alla 1cm révéler à son seigneur. Celui-ci enleva l'or en cachette, n'ayant avec lui qu'un petit nombre dé (1) Clzron.iea Gervasii, inonael,.i Dorobornensis, sire Cantutirensis: ap. Rocan TwIsDEN, Ilistoriœ Avgiicanoe Sc,'iptbres X, T. II, col. 16-Xi. - historiens de Fronce, T. XVII, P. 678. - Pièces justificatives,' n°8.--- - n témoins, selon ce que rapportent ceux qui aiment à raconter les faits mensongèrement. Cét événement fut connu de Richard par les récits (le la bavarde renommée, qui ajoute toujours de grandes choses aux choses moins grandes. et qui se plaît., dans ses bavardages, à mêler le faux avec le vrai.. Réjoui par des agréables rapports, Richard, négligeant tout antre soin, s'appliqua uniquement à cette affaire, afin d'amener Achard, de manière ou d'autre, soit de vive force, soit par affection, à lui remettre le trésor qu'il avait découvert. D'abord il lui écrivit, mais sans obtenir aucun résultat. Alors il rassembla ses cohortes et arriva, en grand fracas sous les remparts de Chftlus, proférant d'horribles menaces, et déclarant qu'il allait tout détruire, si Achard ne lui rendait au plus tôt l'or qu'il avait trouvé. Cependant Achard supplie, et demande une trêve pour les jours saints, jusqu'à ce que du moins la solennité de Pâques soit passée. Il se déclare, parfaitement innocent du crime et ignorant du fait qu'on lui impute; mais il promet qu'il se soumettra trèsvolontiers à tout ce que décidera sur ce sujet la. Cour de France, qui doit régir selon les lois les grands du royaume et Richard lui-même. Le roi, de plus en plus furieux, demeure sourd à toutes ces propositions...., et il fait en même temps les plus grands efforts pour s'emparer du château. Déjà la plus grande partie des murailles est tombée; la tour elle-même est ébranlée, et Achard n'aura bientôt plus rien pour se défendre. Mais il eu est venu à ce point où le désespoir donne des forces; ce qui arrive lorsque la dernière infortune accable les malheureux et qu'ils ne peuvent enfin redouter de plus grands malheurs. Six chevaliers et neuf serviteurs combattent encore dans la tour, et déploient toutes leurs forces pour défendre le château... ». Puis le poète-historien fait intervenir les trois Parques, et met dans la bouche d'Atropos un long discours à ses deux sœurs, Clotho et Lachésis, auxquelles elle rappelle tous les méfaits de Richard. Et s'adressant an seigneur de Châlus Pourquoi trembles-tu, Achard?... Que dis-tu, qu'il n'y a plus de traits? Sous cette pout*e encore ferme, à côté de toi, est suspendue une courte flèche, à la pointe carrée, que Richard a envoyée contre toi, désirant te frapper d'une mort subite. Présente cette flèche à Guy, qui porte une arbalète, afin qu'il renvoie à Richard ce que Richard a envoyé; je veux que Richard périsse de cette mort, et non d'une autre, afin que celui qui a, montré le premier aux enfants de la France l'usage de l'arbalète , en fasse lui-môme l'expérience , et sente en lui-même la fdrce de l'instrument dont il a enseigné la pratique aux autres... Pendant ce temps, Richard continue h aller et revenir sans cesse tout autour des murailles du fort; Guy, l'ayant reconnu du haut de la citadelle, fait tourner de sou pouce gauche la noix de Lon arbalète, presse la clef de la main droite; la corde a vibré, et, voilà I la flèche fatale est entrée dans l'épaule du roi. Tout k coup un bruit - de deuil se répand dans tout le camp; tout chevalier regagne tristement sa tente; les jeunes gens, déposant leurs armes, s'abandonnent aux lamentations; ils rapportent le roi vers sa couche royale, et les soldats, vaincus par la douleur, n'attaquent plus que faiblement... Les assiégés se livrent aux transports de leur joie.; déjà Achard ne se cache plus; niayaut plus de crainte, il se complait à parcourir les remparts avec ses compagnons d'armes, car déjà l'ennemi s'est éloigné. Il Cependant les troupes se pressent pêle-mêle autour du roi. Les médecins appliquent des calmants, les chirurgiens taillent dans la blessure, afin d'en retirer le fer avec moins de danger. Le coup n'était pas mortel; muais le roi refusa d'écouter les salutaires 'avis dés médecins et de ses amis, et, préférant les mauvaises joies de la volupté aux conseils des sages, il attira la mort sur lui , sans s'en douter (1). » Pour revenir k la question qui fait l'objet de ce mémoire, le véritable auteur de la mort de Richard Coeur-de-Lion ce n'est ni Goy l'arbalétrier, mentionné par Guillaume le Breton, ni Jean Sabraz, nommé par Gervais de Cantorbéry, ni Bertrand de Gourdon, désigné par Roger de Hoveden le véritable meurtrier de Richard, c'est Pierre Basile, ainsi nommé par quatre historiens contemporains, l'un limousin, savoir Bernard Itier, et les trois autres anglais, Raoul de Dicéto, l'annaliste de Mar.-an, et Mathieu Paris. Ix Trésor de CIiâ?us. - La revendicatio n du trésor de Ghâlus n'est pas la véritable couse du siège de ce château. La légende du trésor (le Châlus a fait fortune parmi les chroniqueurs du moyen âge, et a trouvé grâce même aux yeux des (1) GUILLAUME LÊ BRETON, la Philippide, traduction franeaise, collection Guizot, T. XII, P. 142-149. - Pièces justificatives, u° 9. - 19 critiques modernes. A la suite des historiens des deux derniers siècles, les historiens les plus célèbres de notre temps, Sismondi, Lingard, Henri Martin, ont adopté comme un fait historique la légende du trésor de Chfi.lus. « Richard Cœur-de-Lion,ciit Michelet, périt au siège de Châlus, dont il voulaitforcer le êeigneu.' à lui livrer un trésor (1) e. Disons toutefois que, il y a plus de trente ans, nu magistrat de la Cour d'appel de Limoges, M. Grellet-Duniazeau, avait s vivement attaqué cette légende dans un avant article publié Par la! Société Archéologique du Limousin (2). Et quand on étudie sérieusement la question, on voit que la revendication du trésor de Châlus n'est pas la véritable cause du siége de ce château. Avant d'en montrer la véritable cause, si g nalons les divergences des chroniqueurs et (les historiens 1° sur le trésor de ChÛtis; 2 0 sur l'inventeur de ce trésor. 1. Et d'abord, quel était ce trésor? - Les uns, tels que Roger de Hoveden, Guillaume le Breton, dans sa Phitippicle, le continuâteur de Guillaume de Tyr, disent que ce trésor consistait dans une grande somme d'or et d'argent. Rigord, dans son Histoire de Philippe-Auguste, embellissait la légende. Ecoutons-le e Le trésor dont il s'agit se composait, dit-on, de statues d'or très-pur, représentant un empereur, sa femme, ses fils et ses filles, tous assis à une table également d'or, avec (tes inscriptions qui indiquaient k la postérité l'époque où ces personnages avaient vécu (3) ». À la suite de Rigord, les chroniqueurs disaient que ces statues étaient de grandeur naturelle et en or massif (4). La légende ne s'arrêta pas là. Comme Rigord, en traduisant en latin, selon sa coutume, le nom que certaines localités portaient en langue romane, avait désigilé le château de ClidlusChatrot par ces mots Castra Lucit C'apreoii, -. d'autres chroniqueurs, à leur tour, traduisirent ainsi eu fran ç ais cette phrase latine le ehaleau de Luciu Gaprdo lus. Dès lors ce Lucius devint un personnage historique. Les chroniqueurs du xvi' siècle supposèrent que le château de Cliâlu4-Chabrol avait été bâti par un proconsul romain du nom de Lucius Capréolus; (1) Histoire de Franco, 1835, T. 11, p. 443. (2) Bulletin de la Société Archéologique du Limousin., 184G, T. J, P. 180. (3) De Cesiis Philippi Augusti, ap. DucHEsxn, Ifistor. Franc. Seripior., T. V, p. 42. - Pièces justificatives, n° 10. (4) Nicole Gifles, 1533, Pièces justificatives, u° 27. — 20 — ils attribuèrent à ce proconsul la construction, Limoges, (lit temple de Mon lions, dédié à Jupiter, et d'un palais d'une grande magnificence, situé entre l'église des Dominicains et celle de Sainte-Valérié, qu'ils appelèrent palais de Lucius; ils supposaient en outre que l'empereur Auguste l'avait surnommé Capréolus, parce que. type anticipé de la furia francesc, il courait sus aux ennemis avec l'agilité d'un chevreuil (1). Toutes ces broderies légendaires ne reposent que sur l'étymologie fantaisiste du mot de Châlus , qui, au lieu de dériver de Castra LucU, comme le croyait Rigord, vient en réalité de castellum, castel.iutittni, - petit château, en français, clt4tel, clzàtelus, par abréviation Clidius. -Quant au mot Chabrol, ajouté au nom de OhMus en. Limousin pour le distinguer des autres localités de ce nom , il doit venir du chevalier qui construisit ce château (2) probablement Bernard Chabrol, qui,• d'après Geoffroy de Vigeois, assista, en 1028, à la consécration • (le l'église d'Arnac (3). Avant B.igord, persbnne n'avait eu l'idée de désigner ChŒlus-Ghalrol par ces mots Castra Lucii Capreoli. Les documents qui mentionnent Châlus, du xi° au xm ê siècle, l'appellent Castellum-Chalu't (4), Chaluz-Oliabrol (5), Clialuchec vreo (0), Calucium-Clievrol (1), etc. Quelques é rivains anglais (1) « Lequel Lucius , pour avoir combattu contre les ennemis au sommet d'une montagne, fut surnommé Cappreolus. » (Annules manuscrites de Limoges. in-8, 1&T3, p..26.) - P. BONAVENT., 1.111, p - 23. ALLOU, MonuDunOuc, Essai sur la Sénatorerie de Limoges P. 54, 55 ments de in Havie- Vienne. P 4. T. I, p. 136) pense que ce (2) M. Grellet-Durnazeau (Bulletin. Archéolog-, nom de Cliâlus-Chabrol ou ChOElus-le-Chevreuil devait signifier château dans la fo' fl; M. Félix de Vernoilli dit Que « Chabrol est une épithète patoise, encore usitée d'ailleurs, qui S c rapportait soit Ii l'emplacement, soit à l'ancienne physionomie du double château de Châlus. » (Bulletin monumental. T. XiV. P. 426.) L'étymologie que nous proposons nous parait plus probable. Plusieurs châteaux, tels que La Rochc-Aymofl, La ltochefoucaud, tiraient leurs noms de leurs fondateurs. (3) LAnDE, Nova Juil'liolheca, T. 11, P. 283. n° L - Vie de Hugues (4) RoeuR DE HOVEDEN, Pièces justificativeS, Pièces justificatives, n» 3. DmcÉTo. DE Lacerta, xm e siècle. - RAOUL no 5. - TH0MAS WIKES, Pièces justiMATHIEU PAnTE, Pièces justificatives, ficatives, n° 18.JJUPLÈ5-AG1En, P. 66. ITIER, Pièces justificatives. no 2. (5) BERNARD (6) CIves iqzte de Tours, Pièces justificatives, n» 12. Ç) BALUZE, Miscellaflea, T. 1V, P . 355, 200. -21 l'appellent Chali-Chaperol, Caluca, Calux, —ucié (1); d'autres Calax, —acis (2). 2. A. cette divergence des chroniqueurs sur le trésor de Châlus ajoutons leurs divergences relativement à l'inventeur de ce trésor. Nous avons vu déjà ce que dit Roger de iloveden, que Widomar (A(tômar), vicomte (le Limoges, avait trouvé dans sa terre un grand trésor en or et en argent; qu'il en envoya une part considérable à Richard, mais que celui-ci la refusa, parce qu'il voulait le trésor tout entier; et que, dans cc but, il vint assiéger le château de Châlus, dans lequel il pensait que le trésor avait été caché (3); Mais cette version ne s'accorde pas avec celle des autres chroniqueurs. Ainsi Guillaume le Breton l'auteur de la Pitïiippwc, raconte qu'un paysan des environs de Châlus trouva ce trésor en labourant sa terre. Après qu'Acliaid, seigneur de Châlus, s'en fut emparé, Richard le lui réclama, et, sur son refus, vint faire le siégé de son château (4). Dans cette version, il n'est pas question du vicomte de Limoges. Rigord et Vincent de Beauvais prétendent que, le seigneur qui demeurait au château de Châlus ayant trouvé un trésor, Richard exigea la reddition de ce trésor du vicomte de Limoges, chez qui ce seigneur s'était réfugié (5) Nicolas Trivet, suivi par Thomas de Walsingham, dit que, le chevalier qui avait trouvé le trésor s'étant réfugié chez le vicomte de Limoges, Richard exigea du vicomte l'extradition du chevalier; et le refus du vicomte fut l'occasion de la guerre faite par Richard (6). Or cette divergence des chroniqueurs relativement h l'inventeur du trésor et au trésor lui-même montre que c'est là une légende sans valeur. Aussi trois historiens contemporains, Bernard Itier, Gervais de Cantorbéry et Mathieu paris, qui parlent (1) chali-Caperol (Raoul deCogujeshale, Pièces justificatives, n' 7). Cilice. (Nicolas Trivet, n' 21; Brompton, n°24; Walsidgha,n, no 2e); Calux (Knyflton, n°25; épitaphe de Richard, no 30). (2) Guillaume le Breton, n" 9 eV 11. (3) Pièces justificatives, no 1. (4) Pièces justificatives. n° 9. (5) Riconn, Pièces justificatives, no 10; - VINCENT DE BEAuvArs, Pièces justificatives, n° 16. (6) NicotAs Tnwr p , Pièces justificatives, no 21; - Tnor,zAs DE WALSIN011kM, Pièces justifi couves, n' 20. -22avec assez de détails de la mort de Richard, ont—ils passé cette légende sous silence; et Raoul de Goggeshale he La mentionne qu'en ces termes e Quelques-uns disent, etc. 3. Chose remarquable! aussitôt que Richard est arrivé devant la tour de Châlus, voici que le trésor s'évanouit. Les assiégés offrent de rendre la place, à la conditiofl d'avoir la vie sauve et de garder leurs armes; il, n'est pas question de trésor k livrer. Richard pardonne à son meurtrier; et, au lieu de réclamer de lui le trésor, il lui fait donner cent sous de monnaie anglaise. Le roi vient à mourir, et aucun chroniqueur ne raconte ce qu'est devenu le trésor, et ce qu'on a fait de ces statues en or massif et de grandeur naturelle. Après la mort de Richard, on parle k la vérité d'un trésor, mais de son trésor k lui, qui était conservé dans le château de Chinon, et que le chevalier qui en avait la garde, nommé Robert de Turnham, livra h Jean sans Terre, frère et successeur de Richard (1). Le trésor de Châlus est donc une pure légende, un produit de l'imagination du peuple pris au sérieux par les chroniqueurs. Le vulgaire ignorant, ne connaissant pas la véritable cause de la guerre faite par Richard à un de sés vassaux, aura trouvé pour prétexte de cette guerre la revendication d'un trésor. Il faut chercher ailleurs la raison du siège de Châlus. K4 Quelle est la véritable cause dusiége de ce château? Bernard Itier, ou l'auteur de la note qu ,oli trouve à la fin de la Chronique de Geoffroi de Vigeois , dit que Richard, après avoir assiégé Chalus, avait donné l'ordre k ses gens de mettre le siège devant (1) o 1199. Ét ipso Johannes perrexit ad Chinonem, ubi thesaurus fratrie nui erat, queux Robertus de Turneham habens in custodia tradidit ci, cum castello de Chinun, et castel Io de Saumur, et allis castellis regis, quœ ipso custodiebat. » (ROGER DE HOVEDEN, edited by WILLIAM STDBBS: London, 1811, T. 1V, P. 86.) cornes vero Joannes, dam lune in Anglia agerentur, perrexit ad Chinonem, ubi thesaurus erint regis defuncti • queux itebertus de Turnjiam in custodia habens reddidit ci cum castellis de chinone et Saumur et alUs castellis euh ipsius èustodia deputatis. » (MA'rHiEI PAIU5IEN5I5 Chronica Majora, editcd l'y HENRY luduArtos LUARD: London, 1874, in-8, vol. 11, p; 453.) - Voir encore C000E5IZALE, ap. MARTENNE, Amplies. Collect,, T. V, P. 859. - 23 le château de Nontron et le fort de Piégut, et qu'il avait formé le dessein de détruire tous les châteaux et tous les forts dir-vicomte de Limoges (1). Et pourquoi cet acharnement? C'est parce que Adémar l'avait trahi, lui sou seigneur suzerain, en faisant un traité d'alliance avec Philippe-Auguste, toi des Français. Nous trouvons cette raison nb-seulement insinuée par Mathieu Pùis (2), mais encore clairement exprimée par un autre historien anglais contemporain, ilaoni Goggeshale, qui s'exprime ainsi « Richard conduisit son armée contre le-vicomte de Limoges, qui, dans le temps de la guerre, s'était révolté contre le roi son seigneur, et avait fait un traité d'alliance avec le roi Philippe (3) e. Le P. Bonaventure a vu ce traité d'alliance et l'a traduit en Partie « J'ai trouvé dans quelques manuscrits que cette année 1199 (lisez 1198), Aymar, vicomte de Limoges, fit au mois d'avril une transaction avec Philippe. roi de France, de cette teneur e Moy, Aymar, vicomte de Limoges, nias connoîtreà tous qui verront cet écrit, que j'ay fait- les accords et conventions suivantes avec mon seigneur Philjppe, illustre roi des François; parce que à cause des injures que Richard, roi d'Angleterre, m'a fait (sic), et à mon frère Aymar, comte d'Angoulême, ilalla de ma part vers le roy, et je fis confédération avec lui de cette façon Que je l'ayderay toujours -selon mon pouvoir comme mon seigneur, et ne me retirera.y jamais de luy que par ses ordres; et que s'il rue joignoit a quelque autre, il me donnera ses lettrespatentes, qu'on me laissera en paix; et, si on y manquoit, il m'aydera contre celuy-la. -Que si un nouveau seigneur vouloit agir contre mon roy. Philippe. je m'y opposeray, rendant de bonne foy secours et aide au susdit roy Philippe. - » Fait à Arède (Saint-Yrtctw) , l'an 1199, au mois d'avril (4). e Il y a des lettres de confédération du roy Philippe contre Jean, successeur de Richard, au même lieu en faveur du même Aymar, que j'omets pour abréger (5). .(1) Pièces justi/icatives, n° 2. (2) In quosdam barones Pieta-v$ce sihi rebelles vexilla direxit et arma. Voir Pièces justificatives, no 5. (3) Pièces justificatives, n° 7. (4) 11 est évident qu'au mois d'avril 1199, Richard étant mort, Arlémar n'a pas pu faire un traité d'alliance contre lui avec le roi Philippe il faut donc lire 1198. (5) P. Bonavent., T. III, P. 524. - Art de vCrificr les dates, édition de Lvi. de Saint-Allais, 1818, T. X, p. 201. -24— Voilà h véritable raison clii siège de Châlus, (le Nontron et do Piégut Richard voulait se venger , de la trahison dAdéinar, vicomte de Limoges, qui, dans le temps de la guerre entre les deux rois, avait fait un traité d'alliance avec Philippe-Auguste, et abandonné son seigneur suzerain. Et ce qui confirmé l'existence de ce traité passé entre Philippe, roi de France, et les deux vassaux de Richard, c'est-à-dire Adémar, vicomte de Limoges, et son frère utérin, Àymar, comte d'Angoulême, c'est que, dans le traité conclu, après la mort de Richard, entre Philippe-Auguste et Jean sans Terre, on a inséré, en faveur du ceinte d'Angoulême et du vicomte de Limoges, une clause spéciale ainsi conçue « Quant au comte d'Angoulême et an vicomte de Limoges, le roi jean les recevra comme ses vassaux, de telle sorte qu'il leur laissera leurs droits (fl.». e Il est évident, dit M. Grellet-Dumuzeau, que le roi Philippe n'aurait pas fait comprendre ces deux seigneurs dans son traité, et n'aurait pas exigé la restitution de leurs biens, s'ils ne s'étaient Pas ligués avec lui et n'avaient pas étè dépouillés par suite de cette alliance. Voilà ce qui explique authentiquement et d'une manière rationnelle le motif de l'invasion exécutée par Richard, en 1199, sur les terres du vicomté de Limoges et ce motif connu achève d'écarter la supposition d'un'trésor à conquérir, supposition dont nous avions déjà démontré toute l'invraisemblance (2). Voilà pourquoi Gervais de Cantorbéry, , ayant, par erreur, fait blesser Richard devant le château de Nontron (dont on fit le siége effectivement pendant la maladie du roi), ajoute que ce château appartenait au comte d'Angoulême. Richard guerroyait en effet contre ses deux vassaux d'Angoulême et de Limoges, et nous en savons la raison. Il faut donc biffer des pages de Phistoire la légende invraisemblable du trésor de Chftlus. U) 33e coniite Engolismi et sieceoniitc Len;ovicCnSi sic cri!, (jaO(l rex Jocflncs recipiet côsin hommes, itaquod jura cotant ois di,nitlet. (ROGER DE Hovisnsiç, edited l'y WILUXM STuans London, 1871, in-s, T. 1V, P. 150.) - Voir ce traité dans mooRD, Historiens de France, T. XVII, p. 52. - (2) Bulletin AreMologique du Limousin, T. I, P. 145. -25— XI - Blessure de Richard. 1. La blessure de Richard n'est pas indiquée d'une manière exacte par Roger de Hoveden et d'autres chroniqueurs et historiens. Ainsi Roger de llovedéu dit que Richard fut blessé au bras percutions regem in brac/zio (1) ; mais d'autres chroniqueurs contemporains, qui paraissent mieux renseignés, et qui s'accordent entre eux, indiquent la blessure d'une manière plus exacte en disant que Richard fut atteint à l'épaule, et quelquesuns disent d'une manière encore plus précise à l'épaule gauche. Ecoutons Bernard Itier, ou l'écrivain limousin qui a rédigé la note qu'oit trouve à la fin de la Chronique de Geoffroy de Vigeuis: In humero percussus est (2). Guillaume le Breton, auteur des Gestes de Philippe-Auguste, parle aussi d'une blessure à l'épaule : Ipsum in seapula vutneravit (3). Un des continuateurs de Sigebert dit encore: In scapula percussus (4). Gervais de Cantorbéry désigne l'épaule gauche In ituwero sinistro let haliter percussus est (5). - - Raoul Coggeshale dit que le roi fut blessé à l'épaule gauche, près des vertèbres du cou : Percussit reem super hu,nerunz sinistrum, juwta colli spond-ilia (6); l'annaliste de Marga.n dit de même [n scapula sinisera (7). D'autres chroniqueurs, venus, plus tard, s'expriment avec la même précision. Voici les paroles de Nicolas Trivet In iturnero ,inistro tetati confod-itur vuinere (S); Thomas de Walsingham n'a fait que répéter ces paroles (9). 2. Faut-il maintenant signaler les divergences et les inexactitudes de plusieurs chroniqueurs sur ce point? (1) Pièces justificatives, n° 1. - Mans!, le continuateur des Annales de Baronius, a répété ce détail. (Annal., T, XX, P. 55;) (2) Id., na 2. (3) Id., flo :11. (4) Id., -n0 15. (5) Id., no 8. (6) Id.; n° 1 (1) Id., w 4. (5) Id., n° 21. (9) Id., n 26. /-.. OLE 2- 26 Le moine Renier (1230) dit que Richard fut blessé au gosier percussus in gutturc telo (1); Guillaume de Nangis (1300) dit qu'il fut atteint k l'oeil quatllo baliste oculo percussus (2); Le continuateur de Guillaume de Tyr (1261) dit qu'il fut frappé au milieu du corps « Si e feri par mile cors (3) » Nicole Gilles (1533) dit qu'il fut blessé au piedIce]uy traiet tomba sur le pied dudit roy d'Angleterre (4) s; Les Âuna.lc.s de Limoges (1038) trouvent l'opinion de Guillaume de Nangis (blessure à l'oeil) plus vraisemblable que celle de Nicole Gilles (5). On doit s'en rapporter aux chroniqueurs contemporains les mieux informés , pu s'accordent à dire que Richard fut blessé non pas au bras, ni à. l'oeil, ni au pied, mais à l'épaule gauche. 3. D'après Mathieu Paris, le trait qui frappa Richard était, dit-on, empoisonné; telo, ut dicebatur, venenato (6); un autre écrivain, Thomas Wikes (1290), affirme l'empoisonnement sans aucune restriction telo toxicato percussus (7); il est évident que ce détail est une superfétation légendaire. 4. Un des continuateurs de Sigebert raconte que Richard fut atteint par le défenseur de Châlus lorsque lui-même dirigeait sur ce soldat un carreau d'arbalète (g):; et l'auteur de la Phii$ppidc dit que le carreau quifrappa le roi avait été envoyé sur la tour de Châlus par le roi lui—même. Le même écrivain ajoute que Richard, qui avait enseigné le premier l'usage de l'arbalète, périt par l'instrument dont il était l'inventeur (9). Ces détails, répétés par plusieurs historiens, sont, k notre avis, d'autres superfétations légendaires. (1) Pièces justificatives, n° 13. (2) Id., n°20. - Jean Bouchet, môme chose. (Edit. 1551, fol. 89.) (3) Id., n° 11. (4) Id., n° 27. dans ses Annales d'Aquitaine, dit la (5) Annales manuscrites de Limoges, in-8, 1872, p. 116. (6) Pièces justificatives, flu (7) Id., n' 18. (s) Id.. n' 15. (0) Pièces justificatives, n 9. - Voir plus haut, .VlII. - 21 XII Sépulture de Richard. En exécution des dernières volontés de Richard , son corps fut inhumé à Fontevraud, auprès de son père, fleuri II; son coeur, légué aux habitants de Rouen, fut transporté dans l'église de Notre-Dame ur ces deux points, tous les historiens sont d'accord. Quant à * ses entrailles, Roger de iloveden dit qu'elles furent ensevelies à Charroux; et cette assertion a été reproduite par plusieurs historiens modernes, Fleury, le P. Fontenay, Henri Martin. D'autres historiens, tels que de Chevrières, de Larrey, le P. Bonaventure, les font inhumer k Poitiers. Or ce sont là deux erreurs qu'il est bon de signaler. Il est certain que les. entrailles de Richard n'ont pas été - ensevelies à Charroui, ni à Poitiers, mais à Châlus. En effet, Mathieu Paris dit positivement qu'elles furent inhumées, comme cela était très naturel, dans l'église du château où ilavait été blessé, c'est-à-dire k Châlùs. Voici ses paroles e Puis, ordonnant que ses entrailles fussent ensevelies dans l'église du château susdit (Cltd lus), il les légua, comme un présent, aux apud castrum prœfatum, viscera sua in ecclesia recondi proecipiens, hoec pro munere Pictaviensibus concessit (1). Mathieu de Westminster (13O7) et Jean Brompton Poitevins » - (19170) disent la même chose (2). Une épitaphe de Richard, rapportée • par Mathieu Paris, dit également que les entrailles du roi furent inhumées à Châlus Pictavis eita duels sepelit, tellusque Chalucis. «'Le Poitou et la terre de Châlus couvrent les entrailles du -duc... », Ou, d'après-une variante que nous avons trouvée dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale (1) Pièces justificatives, no 5. (2) o Apud èastrum vero proedictum, viscera sua in ecclesia recondi jubens, stercora sua Pictaiensibus; propter sue proditionis notam reliquit. » ( MATHIEU DE \VEsnhINsTuR, Pièces justificatives,' no 22.) viscera sua recondere in ecclesia orcli« Âpud castrum vero pree navit; stercoFa sua Pictavensibus propter notam swe proditionis reliquit. (J0ANN. BRO)PTON, Pièce justificatives; n° 24.) -28Pictavis esta ducis sepelis, rea terra Caliteis (1)... s O Poitou, terre coupable de Châlus, tu couvres les entrailles duduc...» Pour bien comprendre cette phrase, il faut observer que, aux yeux des Anglais de cette époque, Châlus était en Poitou, - le Limousin n'étant considéré par eux que comme une annexe de cette province. C'est probablement une mauvaise interprétation de ce vers, commençant par ces mots Pictavis exta dueis sepelîs, qui aura fait dire à quelques historiens que les entrailles de Richard avaient été ensevelies h Poitiers. On lit encore dans une ancienne épitaphe rapportée par Henry de Knyghton: Viscera Carleoluin, corpus fons servat Ebrardi, Et cor Rotomagum, magne Ricarde, tuum -(2) Tes entrailles sont à Ch lus A. lrontnvrpud ton corps repose; Et Rouen [ta ville raidie], O Richard, conserve toi. coeur. L'auteur a traduit C7l4 lus par Carleolum, ou mieux peut-Mat par Casicolum. Ces vers ont été publiés sous le nom de Geooy Visesauf avec cette variante: Visecra Caroicum-, corpus fons servaL Ebalfi (3). C'est peut-être b cause -de la ressemblance de Caroleum avec Citarroux en Poitou que Roger de Hoveden a fait inhumer dans cette abbaye les entrailles du roi Richard; niais Charroux se dit eu latin Carro/'urn et Carroph (4), et jamais Carifieum. Ce n'est donc ni à Charroux ni à Poitiers qu'a eu lieu cette inhumatio;i, mais à Châlus, comme on le voit par Mathieu Paris et d'autres documents contemporains. Seize ans avant la mort de Richard, son frère aîné, Henri au court Mantel, avait eu une double sépulture. Les entrailles, les (1) Fonds latin, n° 14,063, fol. 115; Pièces jvstificatives, n' 30. (2) Pièces justificatives, n° 25.(3) THOMAS GALE, Historiœ .1nglicanœ Scriptorès quinque Oxonioe, 1681, T. fi, P. 433. (4) Gailia Christia na nova-, T. II, col. 1211, 1278. - - 29 - yeux et le cerveau du prince furent enterrés à -randmoin; le reste du corps, embaumé, fut transporté à Rouen (1), et inhumé dans l'église de Notre-Dame, où Richard voulut que son coeur fût déposé. XIII Le confesseur de Richard. Plusieurs historiens font mourir Richard entre les bras de Gautier, archevêque de Roun la chose serait étonnante, si elle était vraie; on aurait de la peine à comprendre comment, dans l'espace de quelques jours, à une époque où les voyages n'étaient pas rapides, l'archevêque de Rouen aurait eu le temps d'être averti de la maladie du roi, et de se rendre de Rouen à Châ.lus; - mais la chose n'est pas exacte. Oeci ne' repose que sur un récit légendaire de Gautier d'Hemingford, moine de Gissebourne, qui mourut, dit-on, eu 1347 or ce récit est rempli d'erreurs, ou, pour mieux dire, n'est qu'un tissu de fables. 1 6 11 y est dit que Richard reçut le coup mortel, non pas devant Châlus, mais devant Château-Gaillard en Normandie, qu'il avait bâti dans l'espace dune année, et dont les Francais avaient réussi à s'emparer par ruse et par surprise ; 2 0 l'auteur fait venir, près du lit de mort de Richard, Géutier, archevêque de Rouen; 3 0 il met dans la bouche du prélat le discours sur les trois filles que Richard avait à marier, savoir la Superbe, l'Avarice, et la Luxure (2) or ce discours a été tenu à Richard, non . pas dans cette circonstance, non par l'archevêque de Rouén. mais, à une époque antérieure, par le saint prêtre Foulques de Neuilly. comme on le voit par le récit de Roger de iloveden, antérieur d'un siècle et demi à Gautier d'Hemingford (3). Un autre chroniqueur anglais, Jean Bronrpton, qui rapporte les mêmes détails légendaires, n'a fait que copier mot pour mot Gauthiér d'llemiagford, qu'il cite nommément comme la source historique où il a puisé (4). (I) Gc&ufrcd. Vôsiens., ap. LABBE, Z'Jovcv flibliotheca. etc., T. 11, p. 338. • (2) Chronica WALrERI Hameron.n; ap. ROGER TWISDEN, Historjœ Anglicanœ Seriplores X. T. II, P. 550. - Pièces justificatives, n 23. - (3) ROGER DE HOVEDEN, edited by William Stubbs, 1871 ., T. Iv, p. 76. - Pièces justificatives, no 28. (4) Chronjgoa JoANriis BROMp roN, ap. ROGER TWISDEN, Ifistorice Àngticance Scriptores X: Londini,.1652, T. 1, col. 1277. - 30 Nous ne relèverons pas les détails invraisemblables que le moine de Gissebourne donne sur la pénitence de Richard; D'après lui,. le roi aurait commandé qu'on lui liât les pieds, qu'on le suspendît en l'air, et qu'on le flagellât jusqu'au sang, h plusieurs reprises. Richard, les pieds liés, se serait fait traîner avec une corde a.u-devaflt du saint Viatique; il aurait déclaré qu'il consentait, -pour expier ses péchés, à ce que son âme restât en purgatoire jusqu'au jour du jugement, etc. (1). Gautier d'Hemingford, qui nous transmet ce récit, était trop éloigné des événements polir mériter la moindre confiance; et cependant de graves historiens se sont faits l'écho de ces détails fabuleux. Ainsi un historien anglais du xvii' iècle, Isaac Barrow, parle de la présence de Gautier de Coutances auprès du lit da mort du roi; et le P. Fontenay, un des continuateurs de l'Histoire de l'Eglisc gallicane, dit que Richard « expira entre les bras (le Gantier, archevêque de Rouen (2) ». C'est une erreur qu'il faut ajouter à celles que nous avons déjà signalées relativement à ce fait historique. En effet, un chroniqueur anglais contemporain, Raoul Goggeshale, qui était très-peu connu avant que sa chronique eût été publiée par dom Mârtenue, dit que Richard reçut les derniers sacrements.et les derniers devoirs par l'exhortation et les soins du seigneur Milon, son chapelain, moine de l'ordre de Cîteaux, abbé de l'abbaye du Pin, près de Poitiers, qui avait accompagné Richard à la croisade.Un chroniqueur anglais qui florissait ait commencement du xiv' siècle (1307), Nicolas Trivet, dit que Richard se confessa k trois abbés de l'ordre de Cîteaux; mais évidemment c'était bien assez- d'un. Ce chroniqueur, avant Gautier d'Hemingford, attribue à Richard cette parole « Je consens volontiers, pour expier mes fautes, à souffrir les peines du purgatoire jusqu'au jour du jugement (3) o. La critique doit s'en tenir au récit de Raoul de Coggeshale. Ce récit est un des plus intéressants et des plus détaillés qui aient été écrits sur la mort de Richard c'est pourquoi nous allons le traduire et le reproduire en entier. (1) p ièces jusliftcativcs, n' 23. (2) histoire dc tEglise gallicane an. 1179 édit. 1826 in-12, T. XIII, P. M. (3) NicotAs TRiVET, ap. d'AcHEnY Spicitége, T. III, in-fol., p. 177, Pièces justificatives n' 21. - Jean Brompton a emprunté ces détails Nicolas Trivet, Pièces justificatives, n- 24. 31 XIV L'an de 'Incarnation du Seigneur 1199, vers le temps du carême, après une conférence qui eut lieu entre les deux rois Pour le rétablissement de la paix, une trêve fut enfin conclue entre eux pour un certain temps. A cette occasion, le roi Richard, trouvant le moment favorable, conduisit, en carême, son armée à l ui contre le vicomte de Limoges, qii, dans le temps de la guerre, s'était révolté contre le roi son seigneur, et avait fait un traité d'alliance avec le roi Philippe. Quelques-uns rapportent qu'un trésor d'un très-grand prix avait été trouvé dans la terre du vicomte. Le roi le manda auprès de lui et Je somma de lui livrer ce trésor. Le vicomte, ayant refusé (ou ayant nié la chose), Q UO a vïcccomjje îzeyato, excita de plus en plus contre lui l'ani-• mosité du roi. Pendant qu'il dévastait la terre du vicomte par le fer et la flamme, ne sachant pas s'abstenir de guerroyer pendant ce temps sacré, il arriva à Chali-Chaperol (C/iâius-cfiarol), il assiégea une tour, il l'attaqua pendant trois jours furieusement, et .i I ordonna à ses mineurs de miner la tour, afin (le la renverser: ce qui arriva en effet. Or dans la susdite tour il n'y avait pas de chevaliers, ni de guerriers capables de lb défendre, mais seulement quelques servants du vicomte, qui attendaient en vain du secours de leur maître. Ils ne pensaient pas que le roi [d'Angleterre] fût présent et les assiégeât en personne ils croyaient seulement que c'était quelqu'un de la maison du seigneur roi. »Donc, pendant que les mineurs faisaient leur ouvrage, le roi, avec ses arbalétriers, attaqua les assiégés avec une telle vigueur, qu'à peine aucun d'eux osait apparaître vers les créneaux de la tour, on la défendre en aucune manière. Toutefois, de temps en temps, ils lançaient du haut des inachicoulis de très-grosses pierres, qui, tombant du haut de la tour avec impétuosité, jetaient la terreur parmi ]es assiégeants, mais toutefois ne renversaient point les mineurs, ni n'arrêtaient point leur ouvrage, car ils étaient protégés de tous côtés p'ar leurs engins. » Sur le soir du troisième jour, c'est-à-dire Je, lendemain de l'Annonciation de la bienheureuse Marie (26 mars), le roi, après dîner, s'était approché de la tour sans défiance, avec son escorte, sans autre armure que son casque de fer, et attaquait les assiégés selon sa coutume avec des traits, et des flèches : voici qu'un homme armé, qui, presque pendant tout le jour s'était tenu avant dîner dans un des créneaux de la tour susdite, recevant, - 32 sans être blessé, tous les traits de fer, qu'il repoussait avec son bouclier (1), voici que cet homme, qui avait observé avec soin tons les assiégeants, apparut tout à coup de nouveau, tendit son arbalète, et dirigea violèmmçut un carreau sur le roi, qui le regardait, et qui poussa un cri. Il blessa le roi à l'épaule gauche, vers les vertèbres du cou, et ainsi le trait, décrivant une courbe, tomba en arrière et alla s'enfoncer dans le côté gauche, pendant que le roi ne se baissait pas assez sous l'écu carré qu'on portait devant lui. » kprès avoir reçu cette blessure, le roi, toujours admirable de courage, ne poussa aucun souir, ne fit entendre aucune plainte, ne manifesta pour le moment aucune tristesse, ni sur son visage, ni par aucun geste, de peur de causer aux siens de la tristesse ou de la timidité, de peur aussi d'inspirer aux ennemis une plus grande audace à cause de cette blessure. Ensuite, comme s'il n'eût éprouvé aucun mal (la plupart des siens ignorant le malheur qui venait d'arriver), il. rentra dans son logis, et, retirant dé son corps le bois dans lequel le fer était fixé, il le brisa; mais le fer de l'arbalète, qui avait un palme de longueur, resta dans la chair. » ..Donc, le roi étant couché dans sa chambre, un certain chirurgien de la suite abominable du très-impie Marchadier, faisant des incisions dans le corps du roi, à la clarté des flambeaux allumés dans la maison, le blessa grièvement et même mortellement; il ne put trouver facilement le fer, dans un corps trop obèse, et, quand, à force d'incisions, il l'eût trouvé, il ne put le retirer qu'avec mmc grande violence. » On appliqua avec soin des médicaments et des emplâtres; mais ensuite les blessures qu'on lui avait faites commencèrent à s'envenimer et à s'accroître, et elles enflèrent de jour en jour jusqu'à devenir mortelles, le roi se laissant aller à l'incontinence (2) et ne tenant pas compte des prescriptions des médecins. L'entrée de la chambre où il couchait était interdite à tous les siens, excepté àquatre personnages des plus nobles, qui entraient librement pour le visiter, de peur que le bruit de sa maladie ne se répandit dans le public. Mais le roi, très-incertain s'il recouvrerait la santé, manda par lettre sa mère, qui deeurait à.i'on(1) Il y a dans le texte : sana gine opposita. Ce mot latin sart.ago veut dire.: poè?e à frire. (2) C'est ce que confirment d'autres chroniqueurs et historiens: Guillaume le Breton, dans sa PliiUppide. Gautier d'Hemingford , etc; - 33 tevraud il se prépara k la mort par le macrement salutaire du corps du Seigneur, s'étant préalablement confessé it sou chapelain (a quodam suo capeilano). Depuis près de sept ans, dit-on, il s'était abstenu de recevoir ce sacrement, par respect pour un si grand mystère, parce qu'il nourrissait dans le coeur une haine mortelle contre le roi de Franco. Il pardonna de bon coeur à son meurtrier la mort qu'il en avait reçue, et ainsi, le I des ides d'avril (1), c'est-à-dire le onzième jour depuis sa blessure, après avoir reçu l'onction de l'Huile sainte, il mourut vers la chûte du jour (2). Son corps, vidé de ses entrailles, fut porté k Fontevrand et inhumé auprèsde son père par l'évêque de Lincoln, le dimanche des Rameaux, avec tous les hohueurs dûs k son rang. Son règne, qui fut assez laborieux, dura neuf ans sept mois et vingt jours (3), si vous comptez avec exactitude depuis le jour de son couronnement, c'est-à-dire depuis le trois des nones de septembre (3 septembre 1189), où il fut couronné par le seigneur archevêque Baudoin ; il laissa k tous les princes ce bel exemple, vraiment digne d'éloges, que, ait de faire servir k son usage personnel les revenus des évêchés [vacants] ou des abbayes, ou les donations des églises, il les donna aussitôt avec libéralité. » A l'égard de l'Office divin, il se plaisait beaucoup à y assister dans les fêtes principales; il ornait avec soin sa chapelle de précieuï vêtements, et il stimulait par ses encouragements et par ses dons les clercs qui avaient une voix sonore k chanter d'une manière plus solennelle; et, se promenant çà et là dans le choeur, il les excitait de la voix et du geste k chanter plus haut. Pendant la secrète de la messe jusqu'kla communion, il gardait le silence et vaquait à la prière, quand même ou serait venu lui parler de quelque affaire importante (4). (1) 7 avril. - Coggeshale se trompe : tous les autres historiens du temps fixent la mort de Richard an vin des ides d'avril (B avril). Ce doit être une faute de copiste, puisque le chroniqueur ajoute: le onzième jour depuis sa blessure. (2)Bernard Itier dit : « A. la première heure de la nuit y , c'est-à-dire vers sept heures du soir. (Pièces justificatives, n° 2.) (3) Pour compter juste, il faudrait dire « trois jours (4) Roger de Roveden rend le même témoignage à la dévotion de Richard : «Ipso cairn mane consurgens quotidie primurn qaœrebat regnwrn Dei, et justitia.rn ejus, et ab ecclesia non reeedebat, douce more ecclesiastico opine divinurn perageretur officium. Otoriosuin siquidein est in principe quotidianos actus sans, et ab eo ineipere et finira in eo, qui prineipium sine principio, et judicat fines ten'œ. » (Ap. SAVILL, Rerum Anglicarum Scriptores; 3 - 34 Il construisit une abbaye de l'ordre de Citeaux qu'on appelle • Bonport (1), et une maison de chanoines Prémontrés dans l'Aquitaine. Il répara l'abbaye du Pin (2), qui était presque anéantie, et l'enrichit de grands revenus. Aussitôt après son couronnement, il donna. au Chapitre général de Citeaux cent vingt marcs dans l'église de Scardeburgh et confirma cette donation par la première impression de son nouveau scel. Après son couronnement, il se rendit dévotement eu pèlerinage b Saint-Edmond , et il donna.au très-saint roi martyr, avec son offrande, un revenu de quinze marcs pour l'entretien (le deux cierges qui devaient brûler à perpétuité jugiter) nuit et jour devant le corps du très-saint roi. 11 fit couvrir de lames de plomb, à grands frais, le monastère de Pontigny et plusieurs autres bâtiments de moines. Toutes ces oeuvres de piété et autres bonnes oeuvres, combattant ses actions mauvaises, lui obtiendront, nous en avons l'espoir, un très-grand soulagement à ses peines, - Dieu le traitant avec miséricorde, - d'autant plus que, avant sa mort, il s'est confessé et s'est repenti or, comme l'eau éteint le feu, ainsi l'aumône éteint le péché. (Eccit, III, 33.) » Il retint constamment auprès de lui, à sa cour, avec la permission du Chapitre de Cîteaux, le seigneur Milon, abbé du Pin, le constituant son aumônier, afin qu'il se chargeât de distribuer avec le plus grand soin les aumônes royales, et de soulager les pauvres. Plusieurs religieux qui fréquentaient la cour du seigneur roi polir diverse affaires ont éprouvé l'affabilité et la libérale générosité de ce vénérable persounrge. Cet abbé partit avec le seigneur roi pour l'expédition de Jérusalem; il exhortait instamment les chvaliers à combattre avec vaillance contre les ennemis de la croix du Christ, et à ne pas craindre de subir la mort pour le Seigneur. C'est 11H qui assista le roi malade à ses derniers moments, qui l'avertit pieusement de confesser ses péchés, qui lui fit recevoir, avant sa mort, l'Onction sainte, qui ferma la bouche et les yeux au roi mourant, et répandit la liqueur du baume sur sa tête royale et ses mains (3). » Franeofurti, MDCI, in-fol,, p. '73I). - Voir encore la Chronique de Tours, Pièces justificatives, no 12. (I) Bonport, abbaye d'hommes, de l'ordre de Citeaux, en Normandie (Euro), diocèse d'Evreux, fondée en 1100 par Richard Cœur-de-Lion. (Lunovic LALANNE, Dictionnaire historique de la Franco.) (GaPoitiers. Milon, chapelain de Richard, cu était (2) A deux lieues de abbé en 1102 et 1212. Il Christ, nova. T. H, col. 1350.) (3) RADL'LPHI DE CooGEsHhtE, Chrorsicon Augticanw?n (edidit JosspnuS -15 xv .Pies','e Basile. Qu'était-ce que Pierre Basile, le meurtrier de Richard? 1. D'abord c'était un chevalier - dans la note qui se trouve à la fin de la Chronique de Geoffroi de Vigeois. Bernard Itier le tilt formellement « Il y avait dans cette tour deux chevaliers, dont l'un s'applait Pierre Brun, et l'autre Pierre Basile (1) ». L'annaliste de iargan dit de même « Un chevalier des assiégés, Pierre, surnommé Basile » :'- e Miles eo obsessis, Petrus, cognomento Basilius (2) Geoffroy Vinesauf, un autre contemporain, dans son poème sur la mort de Richard, s'exprime ainsi Quid miles, perfide miles, Perfidiœ miles, pudor orbis, unica sordes Militiœ miles, manilum factura suaruin, Ausus es lac in enta? miles, scelus istud es casas (3)? Guillaume le Breton , chapelain de Philippe—Auguste, dit encore que c'était un chevalier (4. Et Thomas Walsinghant, historien anglais du XV' siècle, rend le même témoignage (5f. 2. Toutefois ce n'était pas un chevalier d'une grande famille, comme était par exemple Bertrand de Gourdon et voilà pourquoi plusieurs historiens anglais, tels que Mathieu Paris, Raoul de Dicéto, etc., n'ont pas mentionné ce titre de chevalier. Raoul de Coggeshale dit que, dans cette tour qu'assiégeait Richard, il n'y avait pas de chevaliers ni de personnages de marque, mais seulement quelques servants du vicomte, qui attendaient vainement du secours de leur maître et, en parlant du meurtrier de Richard, il s'exprime ainsi e Un homme armé (6) »; Gervais STEVENSON) London, 1875, p. 94-98. - MARTENNE, ArupUssima CoUeetio, T. V, col. 855-858, - Bibliothèque nalio»ale, fonds latin no l5, G, fol. 69 vo. - Voir Pièces justificalices, 110 7. (1) Pièces Justificatives, u° 2. (2) Id., n' 4.(3) Id., n' 30. (4) Id., n' Il. -(5) Id., 11 26. (6) Id., 110.1. -36— de Cantorbéry l'appelle simplement un j&lne homme (1); et d'autres. se contentent (le dire lin arbalétrier (2). 3. À cette époque, l'ordre de. la chevalerie était conféré en Limousin avec une facilité qui (levait en déprécier l'honneur. Non-seulement les vicomtes de Limoges (3), mais les abbés de Saint-Martial avaient le droit de créer des chevaliers. Il paraît même que les abbés de Saint-Martial seréserva .ient ce droit dans certaines limites, car nous voyons que, l'an 1159, l'abbé Pierre intenta un procès à Pierre Bernard, de Verneuil qui, n'étant que valet, avait usurpé injustement le ceinturon de la milice (4). Nous lisons dans la Chronique de Berna rd Iller que, l'an 1167, le jour de la Nativité de saint JeanLBptite (24 juin), on fit, à la cour de Saint-Martial, deux cent quarante nouveaux chevaliers (5). Cc qui suit est encore plus étonnant « L'ait dit le même chroniqueur, on créa mille chevaliers à . la cour de saint-Martial (6)». Que Pierre Basile eût reçut le ceinturon de la milicedes mains (lu vicomte on de celles de l'abbé, il n'en est pas moins certain qu'il était chevalier, 4. M. Félix de- Verneilh a conjecturé que Pierre Basile était, comme Pierre Brun, son compagnon, un chevalier des environs de Châlus la conjecture est assez vraisemblable. Mais il a cru lire, dans une vie ill e carte du Limousin, lenom de Basile-Champagnac, et il en a conclu que le bourg de Ohampagnac, situé à dix kilomètres au nord-ouest de Châlus, était l'apanage de Pierre Basile (1) c'est une erreur. On ne lit pas sur ces anciennes cartes Basile-Champagnac, on y lit le nom de deux localités voisines qui forment deux communes différentes, et dont l'uue s'appelle Saint-Basile, et l'antre Champaguac. 5. Pierre Basile, h qui Richard Coeur-de-Lion avait fait grâce, (1) Juvenis quidam. (Pièces justificatives. n' S.) VINCENT DE BEAUVAIS, no 16; (2) GOTLLAUiIE D'ANDRES, ' n° 14; — Tn0MA5 Wn,lEs, n° 18. (3) « Guillelmo (Arnaldi) Ademarus -viéecomes, apud Castruin de Segur cingulum militiin tradiderat. » (GATJVRED. Vosin y s., ap. LABBE, Nova Bibliotheca, T. IJ, P. 332.) (4) Petrus abbas tunc plaeitum habuit enta Petro Bernardi de Ver noue, qui contra jus ex bajulo mulitiin cingulum usurpaverat. n (GuurREO. VOSIENS., ap. LABBE, Nova Bhlil.iotlzeca. T . il. P• Bio.) S. Martialis (5) ((An. 1167 —la NaIAvittc sancti J. Baptiste adcûriam 57.) P . ducdnti XL: milites no\'i fiant- » (DuPLs-AGIER. Sancti Martialis M. milites fuerunt. » (6) « An. 1205. - Ad (DUPLÈS-AGIER p. 10.) ('7) Bulletin tno,ntmental, T. XIV, P. 426. - - 37 a-t-il été, après la mort du roi, écorché vif et pendu par l'ordre de Marchadier? Roger de Hoveden, qui s'est trompé au sujet de la personnalité de Bertrand de Gourdon, pourrait bien être dans le vrai au sujet de cette circonstance relative l'arbalétrier qui fit k Richard une blessure mortelle. En effet, un autre chroniqueur du xiii 0 siècle, le moine Renier, dit que, après la prise du château de Châlus, pour venger la mort d'un si grand prince, ceux qu'on y trouva furent, les uns écorchés, les autres déchirés par divers supplices (1). XIV jlicrehadter. Le chef de Brabançons qui se trouvait avec Richard devant le château de ChMus est appelé Marcliadier (Marcltad.cus) par Roger de Hoveden et Raoul de Coggeshale; et c'est ainsi qu'on prononce aujourd'hui ce nbm, qui est assez répandu en Limousin. Toutefois la véritable orthographe est Mercliadier. Nous avons en effet de ce célèbre routier un acte authentique, une pieuse donation h. l'abbaye de Cadouin.; et, dans cet acte, on lit ces paroles Moi, Merchadier, Ego Mt'rckaderius (2)». De pUis, deux écrivains limousins de cette époque, Geoffroy de Vigeois et Bernard Itier, l'appellent Mercaders (3), comme ils appellent Guillelmus Tempers (4) le saint évêque de Poitiers Guillaume Tempier. - Merèliadier était, depuis quinze ans au moins, b la solde de Richard. C'est sous son couvert (suh unWra diteis) que, le 26 février 1184, b la tête de sa bande, il était entré en tapinois (quasi ex obliq'uo) dans la province d'Adémar, vicomte de Limoges; et, au point du jour, favorisé par un épais brouillard; il s'empara d'Excideuil, et ravagea cruellement cette bourgade et ses faubourgs (5). L'année précédente, au mois d'octobre, il avait porté la dévas(1) Pièces justificatives, no 13. (2) Bibliothèque de 15e-ole des Chartes, T. III, p. 444. (3) LABBE, Nova Bi&tiotheca, T. II, p. 339, 341.; - flUPLÈS-AGIER, Ovoniques de Saint-Martial, p. 67. (4) LABBE, Nova Bibliotheca, p. 340; Du pLÈs-AoiS Chroniques de- SaintMartial, P. 65. (5) LABBE, Nova Dibliotheca, T. II, p. 342. - 38 tation dans les campagnes de Lubersac et de Pompadour, pillant les meubles, capturant les hommes et les animaux, n'épargnant ni les vieillards, ni les infirmes, ni les enfants, rançonnant les églises et les monastères (1). De sinistres présages, dit Geoffroy de Vigeois, avaient annoncé la venue du cruel Merchadier (2). Quand Richard fut de retour de la croisade, en 1104, Merchadier, fidèle à son ancien inaitre, combattit à ses côtés contre Philippe-Auguste (3) ; la même année, il s'empara d'Issoudun en Berry, et y laissa garnison pour le comte du roi d'Ângl6terre (4. A Oh élus, Merchadier se trouve à côté de Richard quand celui-ci est atteint; c'est le chirurgien de la bande de Mercliadier qui extrait le fer de la plaie; c'est Merchadier qui donne l'assaut et s'empare de la place; c'est lui qui, pour venger la mort de on maître, fait périr les assiégés par divers supplices; c'est lui qui, 'au mépris de la parole du roi, fait écorcher vif et pendre le chevalier qui lavait blessé.Merchadier ne survécut pas longtemps à son-ami Richard. Le lundi de Pâques de l'année suivante.(10 avril 1200), il périt à Bordeaux, assassiné par un routier aux gaes de Brandin, autre chef de bande (5); et, cette même année, Adéinar, vicomte de Limoges, fut tué par un fils naturel de Richard, nommé Plulippe, à qui son père avait donné le château et la seigneuHe de Cognac (6). -- - XVII - Château de Châtus. Le-31 août 1878, nous avons fait un voyage à C]iâlus, pour y compléter notre étude sur la mort de Richard Coeur-de-Lion. (1) LABBE, Nova Bibiiotheca-, T. IT, P. (2) Dans l'église de Lascaux (canton de Juitiac) , itou loin de Pompadour, on avait vu, pendant plusieurs jours, sur le linge de l'autel, un grand nombre de croix, d'une couleur indéfinissable. (LABBE ,-Nova Bibtiotheca, T. il, P . 341.) (3) ROGER DE RovEDEN, historien-s de Fre-ucc. T. xvii, P. 570. (4) Riooun, ibid., P. 42; - GUILL. Barr., ibid., P. 12, (5) BERNARD 1TiER ap. Du pLfS-AG1ER, P . 67 - ROUER DE Hovsoun, historiens dé France, T. XVII, P. 601, 603.(6) «Eodem anno Philippus, filins Ilicardi regis Angliœ nothus, cu prdictus rex pater suus dederat castellum et houorein (le Cuignac, interfecit memoratum viceco,nitem de Limoges in vindictam patris sui.» (Roosa DE HOVEDEN, edited by \VILLIAM Sruiins, 1871, T. IV, P. 97.) - 39 41 y w h Châlus deux châteaux 10 le bas-château auprès duquel s'est bâtie la ville' actuelle; 2° le haut-château, dont le bâtiment principal est occupé par les Soeurs de l'Instruction'Chrétienne du Puy, et qui forme, avec deux petits faubourgs, ce que les habitants appellent la ville haute. 1. D'après la tradition du pays, c'est du bas-château qu'est parti le carreau d'arbalète qui a blessé Richard. Dans le vallon que ce château domine, on voit un rocher grisâtre qui émerge au-dessus des herbes de la prairie, et c'est là, dit la tradition locale, que se tenait Richard quand il reçut le coup mortel. Cette tradition est très-vraisemblable: La tour que les mineurs anglais firent tomber, comme le raconte Raoul de Coggeshale (1), et comme on le voit dans la Chronique de Rouen (2), cette tour, •dont la chûte permit aux assiégeants de pénétrer dans la place et de s'en emparer, devait occuper l'angle nord-ouest du bâti'ment rectangulaire dont on ne voit plus qu'une partie et l'emplacement qu'elle occupait, sur la pointe escarpée de la colline, était plus rapproché du rocher (Yu se tenait le roi que la tour qui subsiste encore. Quant h celle-là, qui occupe l'angle sud-est du château, elle et au moins contemporaine de Richard ; et on pourrait même eu faire remonter la construction au xi° siècle. Elle est de forme ronde un rez-de-chaussée, dont la voûte est très-élevée, servait autrefois de prison. On monte dans . les trois étages supérieurs, non par un escalier à vis, mais par un escalier en spirale, qui fait le tour de l'édifice; de telle sorte qu'il y a de chaque côté de' l'escalier une muraille extérieure et une muraille intérieure qu'on traverse pour pénétrer dans les appartements. Cette disposition est peu commune; et c'est, paraît-II; la même disposition qui règne dans le donjon du haut-château. Les chambres des trois étages supérieurs sont octogones j et ont une voûte en forme de coupole; dans la plus élêvée on remarque une large cheminée et une fenêtre géminée en plein cintre. Du haut de la plate-forme, qui est dépouillée de ses créneaux, on jouit d'un beau coup d'œil ur le haut-château et sur la ?vallée oit coule le ruisseau de la Tardoire. ' (1) « Prœeipiens fossoribus suis, ut turrim suffoderent, atque subfossain subruerent quod postmodtnn factum est. i' (Pièces justificatives, no 7.) (2) «1199. Roc anno, octavo idus aprilis, obiit illustris roi Rieardus, apud Chaluz, ex vulnere quod ibidem recepit, cum turrim loei subverti faceret. » (Chronicou Jioloinagense, op. LASSE Nova Biôliothecu, T. I, P. 370.) - 40 Il ne reste actuellement que les débris d'une moitié de l'ancien château de Châlus. L'autre moitié, située au nord, etoù se trouvait la tour démolie par Richard, a presque entièrement disparu des maisons particulières en ont envahi.i'empacement, et la main des hommes et celle du temps en ont effacé les vestiges. Au reste, du côté du vallon, l'escarpement était considérable; et l'on s'explique comment les mineurs anglais ont pu facilement renverser la tour la plus avancée. Dans le corps de bâtiment qui, du côté du sud, est attenant h l'autre tour, on remarque une fènêtre géminée, en style ogival, qui est certainement postérieure à Richard. Au bout de la muraille de l'ouest, on voit également une porte ogivale, à double rang de voussoirs, qui est fortifiée par un arc de déehtfrge à plein cintre. De même que l'angle sud-ouest de ce bâtiment a été reconstruit en pierres de taille de granit, cette fenêtre et cette porte ont dû être refaites à la fin du siècle, xuv vers l'an 1280, lorsque le château de Châlus fut donné à maître Gérald de Maumont par Arthur, comte de Bretagne, vicomte de Limoges, et son épouse Marie 11). 0e Gérald de Maurnout, clerc, d'une famille de chevaliers, était conseiller du roi de France et gouverneur de la vicomte de Limoges (2). C'est dans sou château de Gliâlus que Gérald de Maumont recut. en 1285 et 1290, Simon, archevêquè de Bourges (3); c'est dans son èhâteau de Chû.lusChabrol qu'il mourut en 1299 (4. Du rocher où, d'après la tradition du pays, Richard fut blessé, on embrasse d'un coup d'oeil et le bas-château, d'où partit le carreau d'arbalète, et le haut-château, dont le donjon, avec la brèche qu'on remarque au dernier étage, fait un effet, trèspittoresque. 2. Le haut-château, placé au sommet d'une colline que le ruisseau de la Tardoire sépare de la ville, se compose d'abord d'un bâtiment flanqué d'une tour du xnP siècle, qui menace ruine; puis, sur le même plan, à. l'ouest, s'élève un édifice moderne (ivu' siècle), où la famille de Bourbon-Châlus entretient des Soeurs de l'Instruction-Chrétienne du Puy. (1) « Anno Domini Mo ec' Octuagesimo, Arturus, cornes l3ritannie et vicecoes Lemovicensis, et Maria, uxor.sua, Castrum Lucli coin omni honore sue dat in beneficium magistro G. de Malo-?,ionte. n (Du pt±5Aoisi, Chroniques de Saint -Mania?-, p. 176.) (2) Id., ibid., p. 134. (3) BALTJZE, Miscellan., T. 1V,. p. 290, 355. (4) Dup Ls-AoIEn, Chroniques de Saint-Martial, p. 185. - 41 • Au sommet du l3lateau, le donjon, isolé de toutes parts, se dresse fièrement k vingt-cinq mètres de hauteur, et domine toute la contrée. Ii est en style roman, et parktît remonter, comme la tour du bas—château ,.au xi° siècle. Il est dé forme ronde, et mesure trente mètres (le circonférence. Il n'a point de porte au - rez-de-ehaùssée: on y entre, comme dans beaucoup d'autres tours de cette époque, par une porte pratiquée au premier étage. Un escalier en spirale, semblable à celui dont nous avons déjà parlé, conduit aux appartements supérieurs. Au dernier étage, une large brèche, qui se produisit à une date mémorable, dans la nuit du 4 septembre 1870, permet de voir dans l'intérieur. On remarque dans cette toqr une fenêtre géminée à plein cintre. Près du donjon, à droite, on voit les ruines d'une église romane qui se composait de trois travées, d'un choeur et d'une abside à trois pans coupés. Cette église est antérieure k Richard. C'est dans le chœur de cette église que les entrailles du roi ont dû être inhumées. Une porte ogivale, .ouverte après coup dans le choeur, du côté gauche, formait une entrée réservée aux gens du château. Sur la colline, on trouve deux petites rues qui appartiennent à la ville haute; d'abord la rue Chabrol, qui rappelle l'ancien nom du château, Ch4lus-Chabrol; puis la rue Marclochéc, qui vient sans doute, par corruption, du nom de MarchacWc ou Marchadier, ce chef de Brabançons qui se trouvait avec Richard au siège de Châlus. Dans la ville proprement dite, auprès du bas—château, le nom de plusieurs rues rappelle le grand événement historique qui a rendu cette contrée illustre ce sont les rues Cœur—de—Lion, Richard, Gourdon (qu'il faudra nommer Pierrc—Basiic), puis la rue Salard-înc, qui dérive de Saladin, vainqueur de l'Orient, et vaincu par Richard.3. Ce fat la destinée de ce prince de trouver la mort dans une petite guerre faite à un de ses vassaux rebelles. C'est au pied de cette bicoque de Châlus, dans un coin obscur du Limousin, que le héros de la troisième croisade devait terminer sa vie aventureuse. C'est là que devait tomber le vainqueur de Saladin, r ce roi des Anglais qui, selon Pexpression d'un chroniqueur, ne fut vaincu que par le souverain Juge (1) e, celui, dit un autre chroniqueur, • (1) «MCXCJX. in hoc anno obiitRichardus, rex Anglorum, solo a summo judice superatus. o (Chronica Àndegav., ap. LA)3er, Nova iflbliotflcca, T. 1, P . 290.) - 42 « qui inspirait des sentiments. (le crainte et d'admiration h presque tout l'univers (1) ». C'est là que « la flèche de Limoges devait tuer le lion d'Angleterre , celui qui avait rempli l'Europe et l'Orient du. bruit de ses exploits ; celui qui, sur les rivages de la Syrie, s'était acquis une telle renommée, que, cent ans après sa mort, les cavaliers sarrasins se servaient de SQU nom polir gourmander leurs chevaux, et les mères pour effrayer leurs enfants. C'est lb que ce coeur invincible, ce Coeur-de-Lion, accoutumé aux traits héroïques de bravoure, couronna sa carrière chevaleresque par un trait héroïque decharité. Grâce aux inspirations de sa foi, devenant plus grand que lui-même, il pardonna sa mort h celui qui en était l'auteur; et, pour prouver la sincérité de sou pardon, non-seulement il ordonna qu'on le mît en liberté, mais il lui fit remettre une forte somme d'argent (2). Richard, sur son lit de mort, nous apparaît plus triomphant qu'a Saint-Jeand'Acre et à Jaffa, plus victorieux que dans les campagnes d'Arsur, car « celui qui triomphe de lui-même est plus grand que celui qui prend d'assaut des villes fortifiées (2) ». Cela fait espérer que lesfaiblesses de sa vie auront été rachetées par les sentiments de repentir.et de piété qu'il -manifesta à l'heure de la mort; cela nous autorise h penser qu'il aura été reçu avec miséricorde par Celui qui a dit cette parole « Pardonnez, et il vous sera par'donné '). (1) «Cum itaque ipsum Itegeai ltfcharduin Anglia3 fci'c totus vel timeret vcl prdicaret orbis, subito de hic vita raptus est. (Pièces justificatives, n° 14.) - (2) Cent sehellings. - ce trait u fait admirer la générosité de son caractère. (FALcorNET, Mém. de lAcet!. des inscriptions, T. XVII, P. 165.) (3) « Melior est... qui dominatur animo site, oxpugnatore urbium.» (Proverb., XVI, 32.) APPENDICE ARTIdLE joi LÉGENDES SUR RICHARD COEUR-DE-LION - Richard Coeur-de-Lion est un personnage légendaire sur lequel l'imagination des peuples a brodé des faits merveilleux ou a poétisé ses faits (l'armes, sa captivité et sa sortie de prison on a surtout poétisé sa mort. 1. Et d'abord on n poétisé ses faits d'armes. Un historien du dernier siècle, après avoir raconté quelques exploits de Richard cm Orient, ajoute ces paroles « On oserait à peine rapporter ses autres exploits, et on craint que sesIntoriens n'en aient fait nu héros de roman. Il ne faut pourtant pas supprimer tout ce qui parait incroyable, et rien quelquefois n'est plus vrai que ce qui semble le moins vraisemblable (1) Î. 2. On a poétisé sa captivité et sa sortie de prison. Richard, qui était poète à ses lie tires, et qui.a mérité de prendre rang parmi Ilés troubadours, a composé sur sa captivité un petit poème assez remarquable (2). La légende de sa sortie de prison est trop poétique pour être vraiment historique. On lit dans une ancienne chronique qu'un troubadour1 très-attaché k Richard, et qui avait composé avec lui quelques poésies; le Cherchait partout en Ailemagne, s'informant de tout ce qui pourrait le mettre sur sa trace. On lui indique, en Autriche, un château-fort, dans lequel se trouvait nu prisonnier de distinction. il s'y rend aussitôt. Arrivé au pied de la tour, Blondel (c'était son nom) se met à chanter une chanson en langue romane, qu'il avait composée autrefois avec Richard. A peine a-t-il chanté le premier couplet, qu'on lui répond (1) 0E LARREY, JiiRtoire dAnglelerre . 440. (2) Voir Pièces justificatives, no 32. Rotterdam, 1707, in-fol., T.-], -44— de la tour en lui chantant le second. Blondel reconnaît le roi à ce signe, et se hâte de donner avis aux grands du royaume d'une si importante découverte (1). Assurément il y a là beaucoup de poésie, mais y a-t-il autant de vérité? 3. On a poétisé la mort de Richard, et sa fin précoce a servi de thème à de curieuses légendes. Citons d'abord ce que raconte, dans ses Annales, Godefroy, moine de Saint-Pantaléon de Cologne, écrivain du xiii t siècle (1237) « Richard faisait le siège d'un certain château [situé dans le territoire] de Limoges. Il en faisait le tour, cherchant le lieu le. plus favorable pour donner l'assaut, lorsqu'il fut frappé d'un trait mortel; et ce né fut pas sans un secret jugement de Dieu, comme le prouve le fait suivant - un certain évêque avait, sans aucun m®tif, encouru sa disgrâce. Richard le persécuta tellement qu'il le chassa de son siège, en lui défendant de se présenter jamais devant ses yeux. Cet évêque se rendit à Rome; auprès du Pape. Un jour qu'il se tenait devant un autel, - au moment même où Richard mourut d'un coup de flèche, - il vit ce même trait tomber au bord de l'autel. Un billet s'y trouvait attaché, portant ces paroles de la prédiction qu'avait faite autrefois Merlin o Le trait de Limoges a tué le lion d'Angleterre o o Teluni Lirnogiœ oceidU deonen't Augiioe (2) o. Citons encore le trait suivant Un saint personnage, ami de Richard Coeur-de-Lion, Hugues, évêque de Lincoln, ressentit un trouble extraordinaire dans la nuit même où mourut le roi; on expliqua ce trouble par la coïncidence de'-cet événement. Laissons la parole, au biographe de saint Hugues de Lincoln: o Une nuit que de graves soucis et de vives sollicitudes assié(1) 1IILL0T, flistoire littéraire des Troubadours, T. 1, p. 57. (2) « Dam quoddam castruin, Limogire -seilicet, obsideret, et circulons qureret ubi assultus opportunes faceret, telo lethaliter percutitur, quod non sine judicio factum boa modo probatur. Siquidem episcopus quidam dum sine causa offensam ejus incurrisset, in tantum eum est persccutus, ut a propria sede ciim exturbaret, ,pnecipieils ei ne deineeps ejus se coulis offerret. 111e, Romam progressas, ad Apostolicum se contant. Qui dum quadam die astaret aitari, ipso momento quo -Ricchardus. obiit telo, videt ipsum teluni secus altaris crepïdinem lapsum, cul charta fucrat innexa, secundum vaticinium Merlini ohm puedictum Telum J,imOgi0B occidit leonein Angliœ o. (GoDErsun., M ibrnai., an. 1198, ap. MAN5I, Annal. Bdronii, T. XX, p. 56.) - 45 geaient son esprit et le fatiguaient d'une manière inaccoutumée, comme il-ne pouvait les chasser en raison de leur tumulte et de leur importunité, il ressentit une angoisse extraordinaire. Mais bientôt, revenant à lui—même, ï!. se frappe la poitrine, il pousse de longs gémissements de grand matin il fait venir sou confesseur, il lui déclare qu'il a beaucoup péché, parce qu'il n'a pas jeté toutes ses inquiétudes dans le sein de Dieu, comme il convient à un chrétien de le faire; mais qu'il - s'était tourmenté. et fatigué vainement, comme sil n'eut compté que sur ses propres forces; et toutefois qu'il s'était trouvé clans un pas si dangereux, que, si les cheveux lui eussent blanchi à cause de ses soucis, il n'y aurait eu là rien d'étonnant. - On apprit plus tard que c'était dans cette même nuit que le roi Richard était mort.; et c'est ainsi que ce trouble si extraordinaire et si véhément du saint homme ne fut pas exempt du mystère (1). » Richard délivré du purgatoire. Mathieu Paris raconte que, d'après une vision de Henri, évêque de Rochester, Richard fut délivré, trente-trois ans après sa mort, des peines du purgatoire, et il ajoute le récit d'une poétique légende, dont le fond a dû être emprunté à la vie de saint JeanGalbert. Mais laissons parler cet historien e Vers le même temps (mars 1232), Henri; évêque de Rochester, après avoir célébré la cérémonie de l'ordination à Sidingburn, devant l'évêque nouvellement élu de Cantorbéry, le samedi où l'on chante S'itWntes, venUe ad aquas (2), dit d'un air profon(1) « Noete quadam, cum graves curas et sollicitudines prreter morem animum ejus distralicrent et infestarent, easque po tumultu carum et importunitate excutere non valeret, admodum cœÏMt animo perturbari. Scd Illico ad se reversus, pectus percutit , graviter ingemiscit, primo marie confessarium accersit, fllde se peccasse. pronuntiat, quod non ita ut decet hominem christianum; omnem cuMm main jactasset in Dominum; sed, perinde ac si propriis adinventionibus !psi fidendum foret, discruciari et angi inaniter edepisset revers tamen in tain periculoso tum crat itinere, ut, si prn ravis canuisset, mirum videri non debuerit. Compertum est postea illa eddem nocte rnortuuin fuisse Iticcliardum regom. Ne» mysterio vacavit viri sancti tufbatïo tain tain vehemens.» (Ap. SunluM, T. VI, die 16 novembnis; - Annales Baronif, MANSI, T. XX, l• 56.) (2) Paroles d'Jsaïe, LV, 1. - M. Huillard-Brébolles e traduit de la -. aorte r « Venez aux eaux desséchées», (MATHiEU-PARI5, T. III, p. 473.) L. r - 46 - dément convaincu, pendant qu'il prêchait devant le clergé et le peuple, des paroles ((Mes frères, qui êtes ici présents, réjouissezvous tous dans le Seigneur. Sachez à. n'en pas douter que le même jour sont sortis du purgatoire, pour être admis à contempler la divine Majesté, le feu roi des Anglais Richard,.— Etienne, ,archevêque de Cantorbéry. et un chapelain du même archevêque. Et, ce même jour, eux trois seulement sont sortis de ce lieu de supplices. Et, afin que vous donniez nue foi pleine et. entière à mes paroles, sachez ue ce fait m'à été révélé à moi et à nue autre personne dans une vision qui. s'est renouvelée trois fois, mais avec une telle clarté que tout doute et toute incertitude se sont éloignés de mon esprit. o Puisque nous faisons ici mention (lit glorieux roi Richard, racontons, pour .l'édification des lecteurs, une de ses actions qui, pensons-nous, a été agréable à Dieu Le Chevalier exilé. Pendant le règne dudit roi Richard, un chevalier (lu royaume d'Angleterre, habitant dans la Forêt-Neuve, qui, depuis longtemps avait l'habitude de chasser clandestinement le gibier royal, fut saisi un jour, avec la venaison dont il venait de seinparer, et relégué en exil par le jugement de la cour du roi. En effet, le roi Richard, très-cléineut pendant la paix, avait tempéré la rigueur de la loi sur la miraude du gibier royal. Sous les rois ses prédécesseurs, tout homme surpris eu fraude de venaison était condamné soit à avoir les yeux crevés, soit à être mutilé, soit à lierdre les pieds du les mains. Mais dé pareilles lois parurent trop inhuffiaines au pieu± roi Richard il ne voulut pas que des hommes créés à l'image de Dieu perdissent la vie ou les membres pour des bêtes, qui, d'après la loi naturelle, sont données à tous en général et il craignit,, en faisant observer cette loi, d'être plus mauvais que les bêtes sauvages. il jugea que la réparation serait suffisante si ceux qui étaient pris pour un délit de cette nature étaient condamnés ou à sortir d'Angleterre, ou à subir un emprisonnement, ou à payer une certaine amende, en conservant la vie et les membres. Le chevalier dànt nous avons parlé fut donc envoyé en exil, et forcé, avec sa femme et ses enfants.' mnendier . son pain au milieu des étrangers, lui qui jouissait anparavan ,t de toutes les délicatesses du luxe. Enfin ce chevalier, rentrant en lui-même, songea à - 47 implorer la miséricorde du roi, pour mériter d'être réintégré clans l'héritage qu'il avait perdu. Etant venu trouver le roi en Normandie, il le rencontra (le grand matin dans une église où il était venu entendre la messe. Le chevalier entra tout tremblant dans l'église, n'osant pas lever les yeux sur le roi, parce que. si Richard était le plus beau des hommes, parfois il paraissait terrible. Alors le chevalier se dirigea vers un crucifix qui était dans l'église, et, faisant de fréquentes génuflexions en versant des larmes, il suppliait humblement le Christ que, pr sa clémence ineffable, il obtînt miséricordieusernent la grâce du roi, roi, de manière k recouvrer l'héritage qu'il avait perdu. Le roi, regardant attentivement ce chevalier qui priait avec larmes et avec une dévotion sincère, s'aperçut d'un prodige digne d'être rapporté. 'routes les fois que ce chevalier (que le roi ne savait pas être son vassal) fléchissait les genoux pour adorer l'image du Christ, le Christ, à chacune de ses génuflexions, inclinait la tête et le cou assez bas; et le roi, qui vit plusieurs fois ce prodige avec étonnement, en fut saisi d'admiration. Aussit& que -la messe fut achevée , le roi fit venir ce chevalier pour lui parler, et lui demanda avec intérêt; qui il était, et d'où il venait. Celui-ci répondit au roi, non bans trembler « Seigneur, je suis votre homme-lige, ainsi que tous mes ancêtres l'on été ». Et alors, commençant son récit, il raconta au roi comment il avait été surpris en fraude de venaison, et pour cela dShérité. et exilé avec sa famille. Le roi dit au chevalier « N'as-tu pas fait dans ta vie quelque bonne oeuvre par égard et par respect pour la sainte Croix? » Alors le chevalier, cherchant dans les souvenirs de sa vie passée, raconta au roi l'action suivante, qu'il avait faite en l'honneur du Dieu mort sur la croix; « Mou père, dit-il, et un autre hevalier possédaient par moitié un manoir qu'ils tenaient de droit héréditaire. Mou père abondait en toutes sortes de biens laut1Le . chevalier. au contraire, était pauvre et indigent. Dévoré par l'envie, il tendit des embûches à mon père, et le tua. A cette époque, je n'étais qu'un enfant; mais, quand j'eus atteint l'âge d'homme, et quand j'eus été mis en possession de l'héritage paternel, je résolus fehnement dans mon coeur de venger mon père en tuant ce chevalier. Il fut averti de mon dessein, et-il évita adroitement; pendant plusieurs années, tous les piéges que je lui tendais avec ardeur. Un jour enfin (c'était le Vendredi-Saint, où Jésus-Christ fut attaché à la croix pour le salut du monde), je me reùdais à l'église pour entendre le service divin, lorsque j'aperÇus mon ennemi qui -48— me précédait, se dirigeant également vers l'église je tirai mon épée, et courus après liii pour letuer. Cet homme, s'étant retourné par hasard, et me voyant accourir à grands pas, se réfugia vers une croix qui s'élevait le long du chemin, car il était si vieux qu'il ne pouvait se défendre. Au moment oh, levant l'épée, je me disposais à tuer ce malheureux, qui tenait embrassé le bois de la croix, il me conjura, au nom de ce Dieu crucifié qui était mort en ce jour sur la croix pour le salut du inonde entier, 'd'épargnei ses jours, faisant voeu et promettant solennellement d'instituer k perpétuité un chapelain qui prierait pour les morts, k l'intention de l'âme de mon père qu'il avait tué. A la vue de ce vieillard qui pleurait, mes entrailles s'émurent je fus vaincu par la pitié, et je remis mon épée dans le fourreau, ne voulant pas faire de mal k cet homme. Ainsi, par respect et par amour pour la croix qui vivifie, j'ai pardonné à ce vieillàrd la mort de mon père. » - A ces mots, le roi s'écria s Tu as agi sagement, et aujourd'hui le Christ mort sûr la croix t'a rendu le bien pour le bien . Aussitôt Il appela les évêques et les barons qui l'accompagnaient, et leur révéla k tons la vision qu'il avait eue; comment, à chacune des génuflexions du chevalier, l'image du Christ inclinait la tête et le cou assez bas. Puis le roi fit venir son chancelier, et lui dit « Adressez au vicomte que ce chevalier vous nommera des lettrespatentes par lesquelles vous lui ordonnerez, aussitôt qu'il les• aura reçues, de rendre k ce chevalier sa terre dans son intégrité, et dans l'état où elle se trouvait quand il fut envoyé en exil ). Cet acte de miséricorde et plusieurs antres bonnes oeuvres faites par le pieux roi llidhard lui valurent nous le croyons (dit Mathieu Paris), d'être délivré plus tôt des supplices (lu purgatoire et des périls de la damnation (1). » On lit dans la Vie de saint Jean Galijert le trait suivant Hugues, son unique frère, ayant été tué par un de ses cousins, - Jean Galbert, armé et environné de soldats, rencontra un jour le meurtrier de son frère seul et sans armes. C'était un VendrediSaint. L'homicide, s'étant mis k genoux, et ayant demandé pardon, les bras en croix, - Jean, par respect pour la SainteCroix et pour un jour si saint, lui fit grâce de la vie: puis, étant entré pour prier dans l'église de Saint-Miniat (voisine de Florence, il vit l'image du Christ qui inclinait la tête, comme pour édit. 1644 Paris, in-fol., p. 26, Pièces justificatives, 29.— Nous avons utilisé, en la modifiant quelquefois, la traduction de M. Huillard-BréholleS (T. III, P. 413.) (1) MATHIEU-PARIS, flo - 49 le féliciter de sa belle action (1). 0e fait, (lui date du xi° siècle, a U servir de théine à la légende du Chevalier exilé. ARTICLE 2 ÉPITAPHES DE nicnpan Nous allons rapporter et traduire quelques épitaphes de Richard que nous trouvons 1° dans Mathieu Paris; 2 0 dans Roger de iloveden; 3 0 dans Henry deKnyghton ;.4° nous ajoutons le texte d'une épitaphe que nous avons découverte dans les manuscrits de la Bibliothèque nationale 4° Epitaphes de Richard d'ajrèr Mathieu Paris. Pictavis ex ta ducis sepelit, tellusque Chalucis; Corpus dot claudi sub inarmore Pontis Ebraudi; Neustria tuque tegis cor inexpugnabile regis Sic Ioca per trina se sparsit tanta ruina, Nec fuit hoc funus cul sufficeret locus nous. Aliusque super hoc damnoso et irrestaurabili funere sic salis eleganter ait versifacator: A Clravs cecidit rex regai cardo Richardus Bis ferus, hishumilis, bis agnus, Ius.Ieopardus Casus erot (2) tuais Chaluz per sp cula nomen Non inlellecturn fuerat; sud nominis omeh Nunc patuit (3) ; res dansa fuit, sed, Ince cadente, Prodiit in lacera, pro casu lacis ademptw (4). Eu voici la traduction « 1. Le Poitou et la terre de Chûlus couvrent les entrailles du romain, 12 juillet. (2) lI y a casus cris dans l'édition de Londres (1874) et dans l'édition de Paris (1644).: il faut casais oral, comme on le voit dans le manuscrit 14,063 (fol. 175) de la Bibliothèque nationale. (3) 11 y a taon poSait dans l'édition de Paris, et no,a, jnUuit dans l'édition de Londres : il faut nun pelait, comme le sens 1'xige, et comme on le trouve dans le manuscrit cité plus haut. (4) Il y a lucis adcptoe dans l'édition de Paris et dans l'édition de Londres : le manuscrit déjà cité porte l=is adcmpta. - Voir Pièces justificatives, no 5. (1) Bréviaire - 50 duc; il a donné son corps pour être renfermé sous le marbre de Fontevraud. Et toi, Neustrie, tu possèdes le coeur invincible du roi. C'est ainsi qu'une si grandé ruine s'est dispersée en trois lieux différents : un seul lieu ne suffisait pas ti, de telles funérailles. » Un autre versificateur a composé l'épitaphe suivante: n 2. A Châlits est tombé le roi Richard, le pivot du royaume. Pour les uns, il était terrible; pour les autres, il était doux. Pour ceux-ci, c'était tin agneau; pour ceux-là, c'était un léopard. Chahut voulait dire « chûte de la lumière». Ce nom n'avait pas été compris dans les siècles passés; mais le présage que renmaintenant dévoilé. Longtemps ce secret fut fermait ce tient caché; mais, quand la lumière tomba, ce présage fut mis en - lumière, comme pour compenser la perte 4e la lumière qui était enlevée..» 2° Epitaphes de Richard d'après Roger de Hoveden. De morte .auten\ illius quidam sic ait In hujus morte perimit formica leonem Proli dolor in lento scelere mandas obit. Et alias sic -Virus, avarhia, scelus, enormisque libido, Foeda faites, atrox elatio , coeca cupido, Annis reportait bis quillis : arcubalista Arta, manu, tek, prosLravit viribus ista. Et alias sic genus et probitas meUs transcendere mords Possent, intrassem non ego mortis iter. Stars pelas hominem, cui mors ah origine finem Nunciat, et ((meus est, ingeininat, meus est » Long» mafias mord; mors fortior Tiectore forti; Expugnant hommes oppida, mors hommes (1). Si e 1. Dans la mort de ce [héros], la fourmi a tué le lion. O douleur! dans de si grandes funérailles, le inonde entier semble mourir. 2. Le poison (2), l'avarice, le crime, là passion effrénée, - la honteusé failli [des richesses] , l'orgueil farouche, la cupidité aveugle, - ont régné deux fois cinq ans: un arbalétrier, - par (1) Voir pièces justificatiVes. o 1. 558. iii, P. (2) Ni. Houri Martin a traduit ainsi: L'adultère, etc. 'È. — 51 son adresse, par son bras, par son trait, par sa' vigueur, a abattû tout cela. 3. Si la noblesse, cita valeur pouvaient mettre des bornes à l'empire de la mort, je n'eusse pas suivi le sentier du trépas. u Pensez-vous que l'homme puisse rester debout, lui à qui, dès sa naissance, la mort annonce sa fin s Il est à moi 1 répète-t-elle; oui, il est à moi! u » Oh I la mort a le bras bien long! la mort est plus forte qu'Hector le fort; - les hommes attaquent les forteresses, et la mort prend les hommes d'assaut! u 30 Epitaphe rapportée par Hery de Knyhton. Viscera Carleoluin, corpus tons servat Ebrardi Et cor Rotomagum, magne Ricarde, mura. In tria dividitur unus, quis plus fuit uno, Nec superest uno gratin tante vire. Christe, lui ca]icis prLedo fit prda Calucis, Aire brevi doicis (1) qui tulit oera crucis. Hic, Ricarde, jacos sed mors si cederet armis, Vidas timoro lut, cederet arma tuis (2). Ces vers, rapportés aussi par Brompton (3), sont attribués par quelques écrivains à Geoff'roy Vinesauf. On les trouve en effet, sous le nom de cet auteur, à la suite de son Itinéraire de Richard à Jérusateni, et de sou Poème sur la mort de Richard. Mais on ne cite que les vers suivants Versus ejusdem de eodem rce Rex Richarde, jaces quod si mors cederet armis %'icta timore lui, cederet ipsa luis.Viscera Caroleum corpus fous servat Eliulfi, Et cor Itothumaguen, magne Richarde, tuant. In tria dividitur unes, qui plus erat une (4). Quoi qu'il eu soit, voici la traduction des vers que rapporte Henry de Knyghton: (1) On trouve cette variante dans les Annales de Waverley ro b'e'l situ Qe, qut tant rnra cruels. (Pièces justificatives, no 19.) (2) Pièces justificatives, n o 25. (3) Id., 11° 24. (4) Ap. THoalAs GALE, Historiée Ànglicanoe Scriptores quin que Oxonire, 1687, vol. il, p. ac. - 52 1. Châlus garde tes entrailles, Fontevraud garde ton corps; et Rouen, ô grand Richard, conserve ton coeur. » On encore « Tes entrailles sont à Malles,  Fontevraud ton corps demeure Et Rouen [ta ville fidèle], O Richard, conserve ton mur n. « 2. un seul homme est divisé en trois, parce'qu'il était pins qu'un seul homme et à un seul homme n'est pas réservée une si grande faveur. » 3. 0 Christ, le voleur de ton calice devient la proie de Châlus: tu rejettes [de ce monde] avec une pointe d'aitain celui qui pilla l'airain de tes croix. » Ou encore « O Christ! celui qui vola ton calice , Sous les murs de Châlus reçut le coup mortel Un morceau d'airain fit justice -, De celui qui pilla l'airain do ton autel n. « 4. 0 Richard, tu es couché là [dans le tombeau]; mais, si la Mort pouvait être vaincue, effrayée à ton approche, devant toi elle mettrait bas les armes. » De Larrey a traduit ce dernier distique par le quatrain suivant n Richard, ton ombre ici réduite De la mort a subi la loi Mais la mort fuirait devant toi Si rien pouvait la mettre eu fuite n. 4° Epitaphe de Richard d'après un manuscrit de la Bibliothèque nationale. Nous avons découvert, dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale, l'épitaphe suivante de Richard Epitaphium ladite recurdationis Ricardi, conda[mT regis Anglie, dicti Cor bannis  Chalus cecidit roi regni cardo Ricardus Ris ferus, his burnilis; his agnus, bis leopardus. Casus erat lacis chalus per secula nomeri Ignolum fuerat ; sed certum naminis omen (fl (1) Mathicu Paris rapporte ainsi ce vers « Non Intellectum fuerat seS nominis amen.., n -53Nune patuit ces clause fuit, sel, lu ce cadentc, Prodiit in lacera pro cati' lueis adempie. Anno milleno ducenteno minus no, Â,nbrosii festo, decessit ah orbe molesto. Pictavis exta duels sepelis, roc terra Calucis Neustria tuque logis cor inexpugnabile rugis Corpus dat elaudi tub marrnoro Fenils EbrŒud. Sic Mea per Irina se sparsit tenta ruina, Nec fuit hoc funus cui.sufficerct locus unus. Ejus vite brevis cunetis plangetur et evis (1). Il y a là quelques variantes avec les épitaphes publiées par Mathieu Paris. On y lit, en outre, trois vers qûi ne se trouvent pas ailleurs. Dans l'un de ces vers, on place la mort de Richard au jour de la fête de saint Ambroise, que l'on célébrait à Paris le 4 avril. Le dernier vers est remarquable « Sa vie a été courte,' mais il sera pleuré dans tous les siècles ». ARTICLE 3 POÈMES SUR LA MORT DE RICHARD Nous nous bornerons à citer deuï poèmes sur la mort de Richard Coeur-de-Lion l'un,- en latin, a été composé par Geoffroy Vineauf; l'autre, en langue romane, est l'oeuvre d'un célèbre troubadour limousin, Gauc&m Faydit, né b Uzerche. 4° Poème de Geoffroy Vincsauf sur la mort de Bichard. Geoffroy Vinesauf, historien et poète normand, qui fiorissait sous le règne de Philippe–Auguste, l'auteur d'un Itinéraire de Richard, roi des Anglais, à Jérusalem (2), a composé un petit poème sur la mort de ce prince. En voici la traduction O Neustrie, [autrefois] défendue par le bouclier du roi Richard, maintenant sans défense, témoigne ta douleur par tes gestes [de désespoir]. » Que tes yeux répandent des larmes, que la pftleur altère ton (1) Fonds latin, no 14,063, fol. 175 (xve siècle). (-2) Ap. THOMAS GALE, IIiS(0PU13 Ànlioanœ scriptores quire que; 1687, T. Il, p. 245-429. Oxoni, - 54 visage, que la torture noue tes doigts, que la douleur fasse saigner ton coeur, et que tes cris frappent les airs! Tu péris tout entièrepar sa mort sa mort ne fut pas la sienne, mais la tienne; ce ne fut pas une mort isolée, ce fut une mort publique. » O jour lamentable de Vénus (vendredi)! ô mauvaise étoile Ce jour devint ta niilt, et cette Vénus un poison celle—ci fit la blessure ; mais ce jour, le plus mauvais des jours, le premier en avant de ce onzième jour, qui, mauvais père de la vie, en tarit le cours l'un et l'autre jour furent homicides par une horrible tyrannie. » Celui qui était renfermé [dans des murailles] a percé d'un trait celui qui n'était pas protégé; celui qui était àcouvert a blessé celui qui marchait à découvert; celui qui observait a frappé celui qui n'était pas sur ses gardes; le chevalier armé de toutes pièces frappé appé celui qui était sans ares; [le sujet] a frappé son roi! • » Pourquoi donc, ô chevalier, chevalier félon, chevalier de perfidie; honte de l'univers, chevalier déshonneur de la chevalerie (unica sordes), ouvrage des mains royales, pourquoi as—tu osé le frapper de la sorte? Pourquoi, ô chevalier, as-tù osé commettre ce crime? - O douleur! - mais c'est plus qu'une douleur! O mort! cruelle mort plût au ciel que tu fusses morte » Pourquoi t'es-tu souvenuede lui, et as-tu osé [commettre] un si grand forfait? Il t'a plu d'enlever le soleil, et de condamner la terre aux ténèbres? Sais—tu quel est celui que tu nous a ravi? C'était un flambeau pour nos yeux, une douceur pour nos lèvres, une admiration pour notre esprit; O mort impie, qui as-tu ravi? C'était le maître en fait d'exploits, c'était la gloire des rois, les délices du monde; il ne pouvait rien ajouter à sa gloire. Il fut tout ce que la nature put faire [de plus grand] ; mais c'est pour cette raison que tu nous l'as ravi tu choisis les choses de prix; mais, pour les choses viles, tu les dédaignes et tu les délaisses. » Etje nie plains aussi de toi, ô Nature! N'étais-tu pas avec lui lorsqu'il était encore un enfant pur et innocent; lorsque, à peine née, tu étais couchée dans un berceau, pleine de soins pour lui; et tes égards ne lui ont pas manqué avant sa vieillesse. Pourquoi un si grand effort a-t-il introduit cette merveille dans le monde, puisque une heure si courte devait le ravir? J] t'a plu, ô Nature, de donner au monde un si grand ouvrage, et de retirer ensuite ta main, c'est-à dire de donner et de retirer ce don? Pourquoi as—tu irrité l'univers? Ou bien rends celui qui est enseveli, ou formesen un semblable. Mais cela n'est pas en ton pouvoir. Tout ce - 55 qu'il y avait en toi d'admirable, de précieux, tu l'as dépensé pour lui des trésors de délices ont été lhépuisés; tu étais devenue trèsriche par cet ouvrage tu sens que tu deviens très-pauvre par suite de cette perte. Si auparavant tu as été heureuse, tu deviens d'autant plus misérable que tu as été plus heureuse autrefois. n Ah I s'il est permis, j'accuse Dieu lui-même... e O Dieu, le n meilleur des êtres, pourquoi perds-tu ta gloire, pourquoi n renverses-tu l'ami de l'univers? Si tu y fais attention, ta ville de Jaffa parle en faveur de son roi, cette ville qu'il a dé- , n fendue tout seul contre des milliers d'ennemis, - et la ville n d'Acre aussiplaide sa cause, car c'est lui qui, par son courage, » te l'a rendue. Et les ennemis de la croix! il les a tellement n effrayés de son vivant qu'ils le redoutent encore après sa mort. n C'est sous son règne que tes domaines ont été en sûreté. n Si, comme on doit le croire, tu es un Dieu fidèle et exempt de malice, pourquoi clone as-tu abrégé ses jours? Tu aurais » pu épargner [cette douleur] au monde le inonde avait besoin n de lui. Mais tu aimes mieux qu'il soit avec toi qu'avec lui tu n aimes mieux enrichir le ciel que le monde. Seigneur, s'il est permis de le dire, je le dirai avec le respect que je te dois. Tu pouvais faire cela plus convenablement; attendre] tu pouvais moins te bâter; [tu pouvais dit n qu'il eût mis un frein [à la fureur] des ennemis, et cela aurait » été fait sans aucun retard. La chose allait s'accomplir alors. » il aurait pu s'en aller d'une manière plias honorable et retourner vers toi. Mais en cela tu nous a donné à comprendre combien les joies de ce monde sont éphémères, et combien sont nombreux ses jours de larmes et de deuil (1). 2° Complainte historique de ('rawcelsn Faydit, troubadour limousin, sur la ino,'t de Richard Coeur-de-Lion. Oh! le triste évènement! c'est la plus grande perte Et la plus grande peine, hélas I que j'ai jamais , éprouvée I Ce malheur dont je rue plaindrai en tout temps avec des larmes Je m'en vais le dire et le raconter dans mes chants. Celui qui était le chef et te père de la valeur, Le .très—vaillant Richard, roi des Anglais..., If est mort Ah Bien I quelle perte et quel dommage il a le coeur bien dur celui qui peut l'endurer. (1) Pièces justificatives, n° 30. -56— Le roi est mort Depuis plus de mille ans Il n'y eut pas un homme si brave on ne vit jamais, Jamais il n'y eut un homme semblable à fui; Si large, si bra y e, si hardi si généreux. Alexandre, le roi qui vainquit Darius, N'était pas, je crois, aussi libéral • aussi noble; Ni Charles (Charlemagne), ni Artus, ne le valaient Il se faisait, - je veux dire le vrai, Craindre des uns et aimer des autres. Je m'étonne que dans ce siècle faux et pervers Il puisse y avoir encore un homme sage et courtois. Puisque ni les belles putoles ni les belles actions ne servent de rien, Pourquoi donc s'évertuer et faire des efforts? La mort nous a montré tout ce qu'elle peut faire D'un seul coup elle a pris au monde ce qu'il avait de mieux, Tout l'honneur, toutes les richesses, tous les biens Et, puisque nous voyons que rien ne peut lui échapper, Nous devrions bien moins redouter de mourir. - • - Ah 1 seigneur, roi vaillant, que deviendront Désormais les joûles et les brillants tournois, Et les cours splendides , et les dons riches et magnifiques, Puisque vous n'y êtes plus, vous qui en étiez le chef? Et que feront ceux qui portaient vos livrées, Ceux qui s'étaient mis â votre service Et qui attendaient de vous une récompense? Et que feront ceux qui devaient s'élever, Et que vous aviez fait parvenir à une grande richesse Ils auront une vie triste et pire que la mort; En tout temps ils se plaindront de leur infortune. Et les Sarrasins, les Turcs, les Payons, les Persans, Qui vous redoutaient plus que tout homme au monde (1), Verront tellement accroître leur orgueil et leur prospérité, Que plus difficilement sera conquis le Saint-Sépulcre; Et Dieu le veut! car, s'il ne l'eût pas voulu, Vous, seigneur, vous vivriez, et, sans mentir, De la Syrie vous les auriez fait fuir. Je n'ai plus d'espoir qu'il y aille jamais Rois ou princes qui puissent la recouvrer Mais tous ceux qui seront à votre place Devront savoir ce que vous valûtes, Et ce que furent aussi vos deux vaillants frères, (1) 11 y a dans le texte o Plus qu'homme S de mère». - 51 Le jeune roi et ]e brave comte Geoffroy (1) Et ceux' qui seront à la place de vous trois Devront avoir vaillant coeur et bon conseil Et s'exercer aux exploite glorieux. Beau Seigneur Dieu, vous qui aimez vraiment A pardonner, Vrai Dieu, vrai homme, vraie vie, miséricorde t Pardonnez-lui, car il a besoin de pardon Et ne regardez pas, Seigneur, à ses fautes, Et souvenez-vous comment il alla vous Servir (2). (1) Le, premier, Henri au Court-Mante!, couronné du vivant de Houri II; !'autre, Geoffroy, comte de Bretagne. (2) Pièces justificalives, no 31. MMI PIÈCES JUSTIFICATIVES NO.1 ROGER DE HOVEDEN Roger de iloveden, historien anglais, né à York fiorissait en 1198. 11 a écrit les Annales d'Angleterre, en deux livres, depuis l'an 131 jusqu'en 1202 (1). Voici l'article relatif à la mort de Richard Interim Widomarus, vicecomes de Limoges, invento magno thesauro auri et argenti in fundo suo, misit inde Ricardo, regi Angli, domino suo, partem non modicam; sed mx eam refutavit dicens se dehere totum illum thesaurum habere, de jure dominationis su; quod proedictus vicecomes nullo modo concedore voluit.. Venit ergo rex Ângliœ cum exereitu magno in partes illas, ad lrœdieturn viceconiitem debellaiidum; obseditque castellum suum qui dicitur Clic luz, in quo sperabat thesaurum illum esse absconditum ; et cmxi milites et servientes, qui erant in castello, exeuntes obtulissent ci castellum illud, salvis vita et membris et armis illorum, no luit mx recipere, sed juravit quod cos vi caperet et siispenderet. Reversi sunt igitur milites et servientes in câstellum, dolentes et confusi, et paraverunt se ad defendendum. .Ricardus rcx Anglioi vuineratur pWga insanabili, apwt Chatuz. » . Eodem die, éum rex .kngliœ et Matchadeus circuirent castelluin hinc et inde, explorantes in quo loco esset commodius insultum facere, quidam • arcubalista, nomme ]3ertrannus de Gurdun, traxit sagittam de - castello, et, perdutiens regem in hrachio, vulneravit eum plagia insanabih; et sic rex vulueratus ascendit equum snum, et ad hospitium suum equitavit, et pra- (CAVE, Historia Literaria, 1120, p. 602. - 59 cepit Marchadeo et exercitui suo universo, ut insultuin facerent indesinenter in caste)lum donec caperetur, et factum est ita. Quo capto, piœcepit rex cannes suspendi, excepto illo solo qui coin vulneraverat, quem, ut fas est credere, turpissiina morte damnaret, si convaluisset. Deinde rex commisit se rnauihus cujusdam medici Marchadei, qui, cum conaretur ferrant extrahere, solum lignum extraxit, et ferruni remansit in carne; et, cuita carnifex ille circuniqua.que brachium regis minus caute incideret, tandem sagittam extraxit. Oum autem rex de vita desperaret, divisit Johauni fratri sac, regnum Anglim, -et omnes alias terras suas; et fecit fieri proedicto .Johanni fidelitates ah luis qui a.derant, et prmcepit ut traderentur ei castella sua et tres partes thesauri sui; et omuia baubella (1) sua divisit Othoui nepoti suo, regi Aleniannorum; et quartam partem thesauri sui proecepit servientibus suis et pauperibus distribui. :Deinde fecit coram se venire Bertrannuih de Gurdun qui euin vuineraverat, et dixit ci : e Quid male tibi feci? .quare me interemisti? s Cul ille respondit « Tu interemisti patrem ineum et duos fratres meos manu tua, et nie none interimere voluisti. Surne ergo vindictam quamcumque volueris; libenter enim pattai qwecumque excogitaveris majora tormouta, dummodo tu interficiaris, qui tot et tanta mala contulisti mundo. s Tunc proecepit eum rex suivi, et dixit: « Remitto tibi marient mettra s. M juvenis Coristitit mite Vedas regis , voltuque mmcci Nohulitus recta ferrum cervice poposcit, Sensit rex pœiiarnque peU, veniarnque tirneri • Vive, licet nous, et rostre munere s, dixit, • Cerne diem ; victis.jam spes houa partibus este, Exernptumque tnei s. Et sic, laxatis vinculis. permissus est abire, et proecepit rex ci dare centum soudas Anglicana mouette. Sed Marcliadeus, rege nesciente, injecit manas in eum, et tenuit, et post obitum regis, excoriatum suspendit. -Deinde proecepit rex, ut cerebrum et sanguis ejus et viscera sua sepelirentur apud Charron, et cor sauta apud Rothomaguni, dt corpus suum apud Fontem—Ebraudi (2), ad pedes lmtris sui. (1) Au lieu de baubella, ml manuscrit porte jocaUa. (2) William Stubbs Fronlem-Ebraudi. -60Ricardus 11ex Angliœ obbit. Decessit a.utem vin' idus aprilis, feria tertia ante dominicain in Ramis Palmarum ,. xi' die (1) postqua.ni percùssus fuerat; et sui sepelierunt eum in supradietis locis , aient proeceporat De morte autem illius quidam sic ait • In bolus morte (2) perimit formica leonem. Proh dolor! in moto funere mondas obit Et aima sic • s rjrfl s, avarilia sec] us, enortuisque libido • Eceda fames, atrox elatio, cceca cupido, Arniis regnarunt bis quinis teubaiista Âne, manu, tete, prostravit viribus ista. Et abus sic - s Si genus et probitas metas transcendere mortis Passent, intrassem non ego mortis iter. Store putas hominem, coi mors ah origine finem Nunciat ((Et mens est, ingeminat, meus est! n Longe marins morti ; mors fortior Hectore forti Expugnant hommes oppidn, mors hommes. » Et alius sic Hujus dobellaro nequivit virtutom magnorom turba labarum (3) Cujus iter, gresius, obstacula nulle retardant, Non stropitus, non ira maris, non valus, ab'ssus, Non juge, non celsi praceps audacia montis, Asperitasque vie salis callosa, nec ipsa Limitis ambages, desertaque nescia gressus, Non rabies venu, non imbribus ebria aubes, Non tonitrus horrenda lues, non nubilus aer. » Quin experiretur, quid Sieuli, 4ui.d Cyprus, quid Saladinus, quidque gens pagana ossent in arniis; » Nec pede lento Affectum sequitur effectue, sed simili instant;Nascitur effectua, cum nascitur ipso voluntas. » - n Defuncto itaque Richardo rege, Phi lippus, rex Franeim, (1) 11 y a dans l'édition des Historiens do Franco d,wdecimo die. (2) Les 1fistoriens de France et trois manuscrits cités par M. Stubbs lisent Istius in morte. (3) Il faudrait, ce semble, lire de la: sorte Debellaro noiulvtb }lujus virtutem magnornm turba taborum. - 81 statim bello invasit civitatein Ebroicarum , et cepit, et lotion comitatum sibi subjugavit s (Chronica Ma.gistri Jiogerii de Houedene, editea by WILLIAM STUBBS London, in-8 0, 1871, T. TV, p. 85, inter Bcncm Britannicarum mediï oevi Scriptores. SAVILL, Jicrum Anglicarum Scriptotcs, Francofurti, MDCI, p. 790. - Historiens de Francs, T. XVII, p. 595, 596.) N. CHRONIQUE LIMOUSINE OU BERNARD ITIER Comme la note limousine sur la mort de Richard Coeur-deLion, note attribuée à Bernard Mer, n une importance Capitale, nous allons en donner le texte 1' d'après deux manuscrits de la Chronique de Geoffroy de Vigeois que possède la Bibliothèque nationale, collationnés avec une copie de Pardoux de la Garde; d'après une copie de dom Estiennot -qu'on trouve dans ses Fragmenta de l'Histoire d'Aquitaine; 30 d'après l'édition qu'en a donnée le P. Labbe, àla suitede la Chronique de Geoffroy de Vigeois, dans sou livre qui a pour titre Nova Bib liotheca mss. iibrorum. Texte de la Note limousine d'après deux manuscrits de la Bibliothèque nationale (V et un manuscrit de Pardoux de la Garde (2). - Oint us J3icharcii regis (8). e Scrips{t B[ernardus] Iterii feria sexta vigilia S[anct]i Johannis Baptiste quod ipso anno db Et rex Richardus cognominatus Cor • Leonis, qui sepultus fuit cum paire sua - in monasterio Fontis Ebraudi, multis letantibus et alus dolentibus (4). Anna ab Incaruatione Dni mill[esim]° CC° minus une, Ri(I) Fonds latin, n' 13,894, fol. 02 (xvi' s.); n' 13,895, fol. 108, r' (xvi' s.). (2) Vers la fin du Speculum Crandimoniense ( xvre s.), dans la Bibliothèque du Grand-Séminaire de Limoges. (3) Ms. 13,895 De ohitu s-upradicti ngis Richardi. (4) Pardoux de la Garde n laissé cepréambule seulement t côté de cet article il ajoute ces paroles sur les marges lu obitu illu.slri[s] E[egis] muftis Iclantibus et nUis dolentibus. -- Aw- - 62 charclus, rex Anglorum fortissimus (I), ictu sagitte in humera percussus (2), cum obsedisset turrim qua[m]dam in quodam castro Lemo[vicènsis] pagi q[uo]d appellatur Chasluxt Chabrol. In ipsa turri orant duo 1111111es cu[m] allis circiter (3) XXXa VIII0 vins et mulieribus. Unus ex militibus vocaljatur Petrus Bru, alter Petrus Basilii; de quo dicitur q[uo]d sagitta[m] coin arbalista tractant emiserit, qua pereussus rex infra duodecimu[m] diem vitam finivit, videlicet feria II? ante diem dominicain qua celebratur ab Ecclesia processio Ramis Palmarum, octavo ydùs apnilis, prima hora noctis, » Ipse intenim, dum oegrotaret, proeceperat suis ut obsiderent casteUum vicecomit4s Adexuari (4) q[uo]d appellat[u]r Numtrum et quoddam alind municipimn quod appellatur Montagut q[uo]d et fecerunt. Sed, morte rugis audita, confusi recesserunt. Proposuerat ipse rex in corde suo o[lnn]ia castella et municipia/predicti vicecomitis destruere (5). .» Texte de la Note limousine d'après inc copie de d-oih Estiennot. Dom Estiennot, dans ses Fragments d'Histoire d'Aquitaine (6), a donné une copie de la Note limousine relative k la mort de Richard Coeur—de—Lion on la trouve dans un Recueil qui a pour titre : Fragments historiques tirés , des main(scrUs de la Bibliothèque de Saint-Martial, etc. ('7). Le préambule qui est en tête de la note et que nous avons cité plus haut a été scindé par lui èn deux parts, dont l'une se trouve au commencement, et l'autre k ]a fin de l'article. Nous mettons eu caractères italiqns les leçons défectueuses ou les variantes de cette copie. (I) Ms. 13,895: vi' fortissinuts. (2) copie d'Esticnnot: perdussus est. (3) Pardoux de la Garde a laissé le mot circiter. (4)Pardoux de la Garde : vicecomitis Leniovicensis Adeniari. (5) MS. 13,895 vicecomitis Lento [vicenis] destruere. (0) Fragmenta Histo1iw Aquitanieoe, T. Il. foi. M. (Ribiiothèque nationale, fonds latin, no 12,764.) (7) V - Centones histor. ex qnss. codi. Bihliothecœ S. fliartiatis T.enzovieensisaliisque cxccrpsi, et ut occurreredeseripsi. ( A fol. 41 ad 61.) - 63 XVIII (T. II, fol. 57). Hoec seripsit Bernardus TIent. Anno ab Incarnatione Domini Mcxcix Ricardus rex Angkrum fortissimus ictu sagitt2 in humero percussus est cum obsediset turrim quauda.m in quodam castFo pagi Lernovicensis quod appellatur Chaluz. Chabrol ob statuas aurcas Lueti Caprcoii quœ tlfl repente sunt (1). In ipsa turri eraut duo milites cum alus xxxvnr vins et mulicribus. Unus ex militibus Petrus Bru. Alter Petrus Basilii de quo dicitur quod sagittam cum Ûalista tractam emiserit, qua percussus rex infra xii m dient vitam finivit, videlicet feria 1W ainte diem dominicain palinarum vin. Id. Apnilis, P hors noctis. Ipse enim dum oegrotaret proeceperat suis ut obsiderent caste]lum vicecomitis quod appellatur Nontron, et quoddam aliud municipium quod vocatur Montage, quod et fecerunt. Sed morte regis audita confusi recesserunL Proposuerat autem ipse rex in corde suo omnia castella et municipia dicti vicecomites destruere. - M vigilia sancti Joannts Baptiste ipso anno sepultus est rex supradiçtus (2) cum paIre suo in nonasterio F. E. multis loetantibus, alus dolenttbus. s (Ex ms. Cod. S. Martiatis, et scizedis V. P. Bonavent. à S. Amab.) (3). Texte de la Note linwusine d'après l'édition de Labbe. Voici le texte de cette Note limousine tel qu'il a été publié par, le P. Labbe, t la suite de la Chronique de Geoffroy de Vigeois, dans sa Nova Bibliotiteca mss. librorum. Le P. Labbe a sùpprimé le préambule de cette .note. Nous signalerons ' par des caractères italiques les variante g et les leçons défectueuses, notamment decima /zorè noctis, au lieu de prima itora noctis. Hactenus Gauf'çedi Vosiensis Cltron'tca am quod sequitur fragmentum aliunde assutum videtur. cÂnno ab Incarnatione Domini 1199. Richardus rex Anglorum fort.issimus ictu sagitt& cd /tunzerum percussus, cum obsedisset (1) Les mots soulignés ne se trouvent dans aucun des autres manuscrits, et sont évidemment unc fourrure. (2) Cette note, ainsi scindée, a fait croire s quelques chroniqueurs que Richard était mort le 23 juin. (Ap. Bo,uivent., T. III, p. 524.) (3) Nadand avait copié cette note (Mdvi. mn., T. II, p. 443, Séminaire de Limoges), et M. Marvaud l'a publiée d'après Nadaud (Histoire des Vicomtes de Limoges, T. I, p, 272). n turrim quandam in quodaih castro Lernovicensis pagi, quod appeflatur Ohalus-Chabrol. In proedicta turri erant duo milites, cum allis circiter 38. vins et mulieribus. Unus ex militibus vocabatur Petrus Bru, alter Petrus Basilii j de quo dicitur quod sagittam èum arbalista tractam emisit, qua percussus rex intra duodecimum diein vitam finivit,. videlicet feria 'tertia ante diem Dominicam qua celebratur ab Ecclesia processio in Ramis Palmarum, octavo idus aprilis decima hora nocti. Ipsè intêniin duin a3grotaret pneceperat suis ut obsiderent castellum vicecomitisquod appellatur Nuntrum, et quoddam àliud municipium quod appellaturMontagut, quod effecerunt, sed morte Regis audita confuse recesserunt proposuerat ipse rex in corde suo omnia castella et municipia prdicti Adeniari vicecomitis destruere(l). )) Ne 3 RAOUL DE DICÉT0 Raoul (Raduiplius) de Dicéto, anglais de nation, doyen de l'église de Saint-Paul de Londres, illustre non moins par doctrine que par ses voyages dans lés pays étrangers, florissait en 1107 (2). L'ouvrage clans lequel il parle de la mort de Richard a pour .titre: Yrnagines It-istoriarum, ab anno 1143 ad annum 1200. Voici cé passage Richàrdus, rex Ânglornm, cum regnasset annis novem, mdsibus sex, diebus decem et novem, in Aquitannico ducatu, Lemovico territorio ; castello Clialuz, nitm° kal. aprilis a PetroBasilii sagitta percussus est, et pbstmodum v" idus aprilis, die Martis, vir ôperi Martio deputatus, diem clausit extremum apnd prdictum castellum. Sepultus autem est apud Fontem Ebraldi secus pedes patris sui régis Renrici secnndi (3).» « (1) Nova Bibi. mss. librorum, T. 11, p. 342. (2) CAvE, Historia Lilteraria, 1 j2O, p. 601. (3) The Historical Works of master RALPU DE Dtcisro, by WILLIAM Sturnis: London, 1816, vol. Il, P . 166, inter Rerum Britannicarum mcdii œvi Scriptores. - Roernt TwI5DEN, Jlistoriœ Angiican& Scriptores X: Londliii, 1652, in-fol,, T. L col. 705. - IfiStOritflS de France, T. XVII, P. 657, E. - 65 No 4 L'ANNALISTE DE MARGAN L'annaliste de l'abbaye de Margeai (Angleterre), qui n écrit les annales de son abbaye depuis l'année 1066 jusqu'en 1231, était contemporain de Richard. Voici l'article qu'il consacre k la mort de ce prince MCXCIX. - Ret Richardus in Quadragesima contra vicecoanitem Lemoviéensem, pro thesauro qiiem nuper a.udierat inventum in terra ipsius, profectus, castellum CaTUC'IS quod ejus e,rat, obsedit cumque jam fore cepiset, vu. kal. aprilis, miles ex obsessis, unus Petrus cognomento Bas iifts, directe in eum spiculo, quod'valga quadreUum vocatur, percus.it in scapula sinistra': quo vuinere accepta, decessit ibidem w. idus aprilis sepultus est apud Font cm Ebraudi ad pedes patris sui cor autem ejus delatuni est Rothomagum et in ecclesia beate 111arioe majori tumalatum (1). » n N° 5 MATHIEU PARIS 1199. Eodem tempore, statutis ut dictmn est induciis inter regein Francorum Philippum et regem Anglorum Ricardum, idem rex Anglorum in quosdam barones Pictavim sibi rebelles (2) vexilla direxit et arma. In civitates autem eorum et dppida ignem accumulavit, vineas et pomeria siiedidit, nonnullos etiam ex adversariis suis immisericorditer trucidavit. Tandem in Aquitanuicum pervenidns ducatum, in territorio Lemovico (3) Chaluz castelum obsidione vaflavit; uhi septimo Kaiendâs aprilis n Petro Basilii, telo, ut dicebatur, veaenato percussus est, quam percussionem quasi pro nihilo reputabat (4). Denique diebus duodecim quibus supervixit, castellum acriter invasit et « (k) Ap. TH0MA5 GALE, historie Anglicane scriptorcs guinqlte: Oxonioe, 1687, in-fol., vol. H, P. 12. (2) Edition de Paris rebellantes. (3) Edition de Paris et in territorio Li,nozinico.(4)Edition de Paris roputaverat. - 66 cepit, militesque et servientes 5111) arctiori custodia inancipavit impositis autem in casteBo ministris suis, Ulud sufficieLiter muni-vit. Vuinus autem quod ibidem receperat, male iuterim custoditum tumescere incipiens, et nigredo qua3darn tumori permixta, locuin vuineris circumquaqne inficieus regein intolerabiliter torquebat. Tandem rex sapientissimus, cuin periculum ibi cerneret imminere, exituin suum cordis contritione, oris pura confessioue, corporis etsanguinis Domini communione munivit, t necis sure authori Petro sdilicet qui eum percusserat, mortem suam condouavit, atque liberatum a vinculis abire pnucepit. Corpus vero suurn apud Fontem Ebraudi, secus pedes patris su, cujus proditorem se confitebatur, sepeliri jubens, Eeclesioe Rothoniagensi inexpugriabile cor suum legavit. Sicque apud çastruin pnufatum, viscSa sua in ecclesia recondi prrncipiens, hec pro inunere Pictavensibus concessit. Quaro igitur (le corpore suo talera fieri distributionem decreverit, quibasdain familiaribus suis sub sigillo secreti revelavit. Patri enim corpus sauna ratione proedicta assignavit; Rothomagensibus propter incom-parabilem fidelitatem, quam in eis expertus. fuerat ,cor suuni pro exennio (1) transmisit; Pictavensibas quoque -propter notam proditionis stercora sua reliquit, quos non alia sui corporis portione dignes judicavit. Et lis dictis, tumore ad cor ejus subito penetraute (2) octave idus aprilis, die Martis, vir Martio operi dèditus, apud castrum proedicium spiritum exhalavit. Sepultus est autem apud Fontem Ebraudi, sicut ipse adhuc vivens ordinaverat cum quo - etiam multorum judicio Espdrin (3) decus et honor militia, paniter sepulta sunt. De cujus morte sinuI et sepultura quidam epitaphium edidit in hune modum: j'ktayis cita ducis sepelit, Lellusque Chalucis, Corpus dat claudi sub marrnore Ferais Ebraudi Neustria tuque tegis cor inexpugraobile regis Sic Ioca per trilla se sparsit sauta ruina, Nec fuit hoc funus cui sufliceret locus anus. .Aiiusque super hoc damnoso et irrestaurabili funere sic satis elega.nter ait versificator À Chai-u-z cecidit rex regni cardo Richardus; lus feras, hie humilis, his agnus, hie leopardus. (1) Edition de Paris : xcnio. (2) Edition• de Paris.: proeveniente peut-être faudrait-il perveniente. (2) 0e mot a été omis dans l'édition de Paris. - 67 Casus erat (1) lucis Chaluz per soecula noten Non intellectum fijerat sed nominis ornen (2) Naine pattait (3) res clausa fuit, sed bec cadente Prodiit in lucem, pro case loris ade'mptn (4). (Matthi Parisiensis Chronica majora, edited byflenry Richards Luard London, 1874, in-8°, vol. il, p. 451. - Edition de Paris, in-fol., 1664, p. 137.) No C BERTRAND DE GODIIDON Vidimus parle roi saint Louis d'un horrnnoge-lige fait â Pliilippc-Anguste par Bort, and de Gourdon /5). (Décembre 1256.) "Ludovicus, Dei gratin, Francorum rex. Noverint universi prosentes pariter et futuri quod, nos litteras meute recordationis regis Philippi, avi nostri, vidimus in bec verba. » (Septembre 1211.) «Phiuippus, Dci gratis, Francoriim rex, universis ad quos littere iste pervenerint, salutem. Noveritis quod, dilectus et fideuis noster Bertrannus de Gordonio, fecit noMs homagium.ligium contra omnes hommes. Nos autem ci creantavimus quod neque ipsum neque est de quibus fecit noMs bomagium in aliam manum mittemus, pr,terquam in nostr'arn vel in manum fui nostri. Et nos voluinus quod idem Bertrannus habeat et teneat oinniaa jura sua de quibus ipse est tenens, quamdiu ipso sustinere poterit (1) 11 y a casais ont dans les dent éditions de Paris et de Londres nous préférons la leçon casais erat du manuscrit de la Bibliothèque nationale que nous avons publié plus haut, (2) Dans le manuscrit que nous avons publié, le vers est ainsi conçu: ignotuni fuerat sod certunt noniinla omen... (3) 11 y a non potuit dans l'édition de Paris, et non patuit dans l'édition de Londres la leçon natte pelait, du manuscrit 14,663, nous semble prôfériibic. (4) 11 y a adepte dans les deux éditions de Londres et de Paris le sens exige adeanptœ, comme on lit dans le manuscrit que nous avons publié. (5) Les copies de ces actes ont été prises dans le Trésor des chartes. - 68 rectum curie nostre. Actum in civitate Ebroicensi, anno Domini MCCXI°, mense septembri. In cujus rei testilnonidm presentibus ' litteris nostrumfecimus apponi sigillum. Datum apud Nogentum, anno Domini millesimô ducentesimo quinquagesimo sexto, mense decembri. Au mois de mars 1226, au moment oh Lois VIII partait pour - le midi de la France, à la tête d'une armée, Bertrand de Gourdon lui adressa la lettre suivante « Illustrissime domino suo Ludovico, Dei gratia regi Franeorum, B. de Gordonio salutem et ipsius dominium obsèrvare. Ego Bernardus (1) de Gordonio recognosco dominium et- homagium vobis vestrisque successoribus super personam meam castraque mea, villas mecs et super omnia que possideo vestre proprie voluntati. Denique hbmagium prestiti domino meo Philippe, boue memorie, patri vestro, qui mihi promisit et concessit me semper et inituediate sub potestate regia retenturuni. Unde majestatem vestram suppliciter exoro quatenus istud vestre - dignemini inemorie commendari. Datum apud Gordonium, mense martii, anno Verbiincarnati MCCXXV (4226).» Enfin, en 1221, Bertrand de Gordon obtint du roi saint Louis des lettres semblables k celles que Philippe-AugustË lui avait fait expédier en 1211, et que nou s, venons de rapporter d'après le vidirnus de 1256 (2). No 7 RAOUL DE COGGESFIALE Rnoul de Coggeshale, moine de l'ordre de Cîteaux, ensuite. sixième abbé du couvent de Coggèshale, dans le comté d'Esse; fiorissa-it, d'après Cave, en 1228. Sa Chronique anglicane, qu'on trouve dans le manuscrit 15,076 de la Bibliothèque nationale, a été publiée par Martenne et Durand dans l'Ampiissima GolIec(io; une nouvelle édition de cet ouvrage a été donnée tout récémment (1875) à Londres par M. Joseph Stevenson. Nous citons ici le passage relatif à la mort (le Richard, en indiquant quelques -variantes du manuscrit ou de l'édition Martenne (1) Cest une faute de copiste. .Le sceau de la lettre, dont la légende est en partie conservée, Porte très-lisiblement s sigiflum Jiert.randi... (2) fliÙlioth'que de lEcote des Chartes,-T. III (1841-42), p. 446. - 69 c Jgitur anno ah Incarnatione Doinini MCXCIX. circa tempos quadragesimale, habito inter utramqne regem colloquio de pacis reformatione, tandem treugie inter eos usque ad quoddain tempus prfiniturn captœ saut. Ex hac autem occasions rex Ricardus nactus dpportunitatem movit privatuin exercitum suum in qntdragesima contra vicecomitem Lemovicenem, qui, temporehostilitatis, contra regem . dominum suum rebellaverat, .et foedus umicitiœ coin regs Philippo pepigerat. Nonnulli vero referont qnod quidam thesaurus inestimahilis pretii in terra vicecomitis sit repertus (1) qnem rex mandat, et jubet sibi dan; quo u. vicecomite iiegato, amplius regis aniinositatem erga eum exacuit. Cuinque terrain vicecomitis ferro et flanmis devastaret. ut pote ah amis infra ilind sacrum tempus feniari nesciens, tandem devenit apnd C'/iali-Chcperot (2), turriinque obsedit, et atrociter per tres dies expugnavit, prœcipiensque fossoriis suis, ut turrim suffoderent, atque subfossam siibruerent (3) qnod postmodum (4) factum est. In turri vero proedicta non erant alicujus milicin (5), vol defensionis vin, nisi quidam ex farnulis vicecoinitis qui frustra prmstolahantur auxilium domini sui, non estimantes regem fore preseutem qui cos obsederat, sed ailquem fore ex familia domini régis (6). Hos igitur rex ipse (7) cura arcubalistis ita aggressus est, dom coeteni circumfoderent. ut vix aliquis auderet circa propugnacula turris apjmrere, aut sain quolibet modo defensare. Attamn aliquoties lapides pergrandes de summis propugnaculis proecipitabant, qui, magno imjetu deorsum nientes, circuin astimtes teriificabant; fossorios minime poterant prostemnere nec ah incoeptis impedire; quippe qui consuetis ingeniis suis 'indique erant protecti. Jamque die tertia u.dvesperascente (8), in cra.stino videlicet Annuntiationis beatai Marie, cum iex post praudiuin inermis, excepto capello ferreo, cum suis ad turrim confidenter accessisset, a . tque obsessos telis et sagittis more solito impteret, ecce quidam arinatus, qui 1ère per totam diein illam ante prandium in quodam propugnaculo turris pr;edictn astiterat, atque omnia tela feirea sartagine (1) Martenne reportas [actat. (2) Id.,ChaU-Chaperol. Id.,subvertercat. (3) (4) Le mot postmodum a été omis par Martenne (5)Mss. 15,076 tnalicie. (6) Le mot doniini a été omis dans l'édition de Londres. (7) Le mot ipso omis par Martenne.(S) Martcnne advesperante. - 70 opposita illSus exceperat, omnesque obsidefitea diligenter exploraverat, iterum subito adveniens teteudit arcubalista.m atque quoddam qua.relium violenter direxit ad regem, ipso perinspiciente et acclamante, percussitque regem super bumerum sinistrum juxta colli spondilia, sicque areuato vifinere telum dilapsum est (1) deorsmn, se lateri sinistro immersum, dam rex se non satis ineurvaret sub quadrato scuto quod ante cern proeferahatur.; pro quo vuluere inflicto rex, audacitate semper prmdicaiilis, nulla cordis suspiria, nullam plangeutis vaccin en3ittebat, nullam tristitiam in vultu ont in gestu tune ad prmsens pnferebat, ne suos tristes aut timidos reddret, atque inirnieis de illato vuluere inajoreni audaciam proeberet. Postes vero quasi nihil mali perpessus fuisset pluribusqueignorantibus quid infortunE accidisset, hospitium saura quod e vicino crut ingreclitur, lignumque ferro infixuin de corpore extrahens, confregit, sed ferrum unies palmi longitudinem habens in corpore remansit. Rege itaque in conclavi prôcumbente, quidam ehirurgus ex nefanda illa familia iinpiissiini Marcadei (2), corpus regium secando, graviter immo lethaliter sauciavit, lucernis in domo accensis; nec potuit ferrum in corpore uimis obeso (3) immersum leviterreperire, autsecando repertum sine magna violentia extrahere. » Appositis igitur diligenter medicaminihus et empla.stris, postmoduni coeperunt veinera inflicta deteriorari et nigrescere (4); atqiie de die in diem intumescere, tandemque mortem minOEn, rege ineontinenter se hahente , et pnecepta medicorum non curante. ArceBautur omnes sui ab introitu eubieuli in quo decumbebat, exceptis quatuor de nobilioribus, qui ad cern visitandum libere introibant, ne fama wgritudinis ejus citius (5) per publicum divulga.retur. Rex auteni, de sospitate consequenda nimis incertus, matrem qum apud Fonteni Ebraldi morabatur littenis accersivit, exitum simm vivifico sacramento Dominici eorporis munivit, confessione proernissa ii quodam sou capellano, a cujus sacramenti pereeptione, oh tanti mysterli reverentiam, fere septennium, ut dicunt, abstinuerat, eo quod niortale ôdium ergs, regem Gallia in corde gestaverat. Mortem etiain sibi illatam pereussori s ue iibenter indulsit, sieque septimo idus (1) Marteline delapsum est. (2) Id.31arcaderi. (2) Ms. 15,076 obsesso .; Marteaus obse&so (f. o&eso). (4) Martenne incresbere. (3) CWus oints par rylartenuc. - 71 aprilis i scilicet undecimo die a vuinere sibi illato, olco sacro. inunetus, cum jain dies clauderetur, diem clausit extremum cujus corpus exenteratum et apud sanctimoniales Fontis Ebralci delatum, dominica in Pahnis juxta patrem saum regio honore ab épiseopo Licolnie p si (1) humatum est. Regnavit autem catis laboriose ix. annis et vit. niensjbus lie xx, diebus, si recte computes a (liecoronationis suoe, seilicet wtertio nouas septembris, quo o domino Baldewino archiepiscopo coronatus est qui proeclarum ac merito prtedicabile cunctis principibus iii lioc reliquit exemplum qnod redditus vacantium episcopatuum vel abbatiarurn cive ecclesiarum, donationem in Proprios usus, sicut proedecessores sui fecerant. diut:ius minime retinuit; sed confestini liberaliter donavit. Circa, divinum bdicium in pnecipuis solemnitatib i js plurimum delectabatur, vestibusque pretiosissimis (2) capellain suam adornabat, clericosque sonora voce modulantes donis et precibus ad cantandum festivius instimula.Jjat (3), atque per cliorum hue illueque (4) deambulando, voce et manu, ut allias concreparent, exeitabat. In secreto misste usque post éommunionem sileutium tenebat. orationibus 'acans, etia.msi de aliquo negotio fuisset interpellatus. » Unam abbatiam ordinis Cisterciensis construxit. qua3 Vocatur Bonus .Portus, et quanidam domum canonicorum Prtemonstrantensium in Aquitannia. Abbatiarn etiain de Pinu fere aduihilatam reparavit, ac magnis redditibus ampliavit. Mox etiam ut coronatus fuerat, novi sigilli sui impressione coufirinavit, et dedit' generali capi tale Cisterciensi redditum centum viginti iarcharum in ecclesia de Scardeburgh. Post coronationeiaetiam suam sanetum Edmundum orationis causa devotus expetiit, et cum oblatione sua obtulit sanctissimo regi et martyri redditum xv. marcharum ad inveniendum (5) duos cereos qui jugiter ardeaut diehus a.c noctibus circa corpus sanctissiini regis. Monastérjum Pontiniacense et pluramonachorum oedifieja non sine magnis sumptihus laminis pliimbeis cooperire fecit. » bic ergo et [alia] hujusmodi pietatis opera cmii pravis netihus suis compugnantia, Juaximam poenarum suarum ailevationein, Oco niisericorcjftr curn illo agente, ut speramus, (1) Martenne Lincoinengi; ma. 15,076 Lincofljensi. (2) Id.,pretiosis. (3) Id.,exstinjuiabat, (4) Sic Martenne: - édition de Londres : per chorurn,i/iucqug, (5) Martenne : incendendum. - '72 prtestabunt, pracipue cum in fine confessus et poeniteus fuer.it , quia sicut aqua extinguit ignein, ita eleemôsyna eïtinguit peccatum. Domiium etim Milonem, abbatem de Pinu in curia sua, ex licentia capituli Cisterciensis, secum assidue retinuit, eleemosinarium suum ilium constituons, ut de elcemosinis reiis et de pauperibus ciim omni sollicitudine ema . m gereret. Cujus vouerabuis viri affabilitatem et munificain liberalitatem nonnuli religiosorum experti sunt, qui cuniam domini regis pro diversis negotiis frequentabant. Bic auein abbas cum domino rege ni expeditione . Jerosolymitanam profectus (1), milites instauter hortabatur, ut contra inimicos crucis Christi viniliter 'decertarent, nec mortein pro Domino suhire formidarent. Infirmanti regi in fine affuit, quem de confessione criminuim- pie achnonuit, ipsumque ante exitum sacra unctione perungi fecit, os atque oculos morientis (2) -clausit, caputuè regium cure balsami liquore perfudit. » ( BÀDmn DE C0GGE5HALE, Cltl'oflicon A.nglicanuni, ediditJosESusSTEvENsON London, 1875, p. 04-98. - MARTENNE ET DmtAND AmpUssirna Gollectio, T. V, col. 855858. Bibliothèque nationale, fonds latin, n° 15,076, fol. 60 st. -_ Voir ci-dessus, § XIV.) No S GERVAIS DE CANTORBÉRY - Anno MCXCIX. - itex castrum comitis Engolismi quod Nontrum erat appeliatum obsedit et tandem compulit ad deditionem - nain expensis in ipsô castro cibarii, ruissis nu,uciis obsessi misenicordiam ah ipso rege petebant et vitam. Qui cum petitam respueret pietatem, et sola vi&entia vellet- obtinere quod obsessortim beuigna licet coacta voluntate fuerat eidem oblatum, oblitus forsitan qnod in talibus pcniculdsa esset desperatio, juvenis quidam Johannes Sabra•z agnomine - stans castelli in mure quadratum telum mediante balista direxit in incertum, crans Denin et petons ut ipsius dirigeret ictum, et ohsessorum innocentiam ah ipsa liberaret oppressione, jecitque sagittam (1) Martenne profectus fuit. Id.,morienti. (2) - 73 \rerum, cum rex tentor.io (1) egressus balistoe sonuin audisset infaustuin, et ut ictuju eitaret, caput regium inclinaret et corpus, in humero sinistre lethaliter percussus est. Desperatus autem rex, undecima die, pectus tundens et poenitenis, verbo reg io protestatus est quod Cantuarjj nunquam nocuisset Ecclesiffi, nisi per suggestionem alioruin. Fertur voro ah lus qui tunc temporis, antequam inoreretur, astabant, quod instanter qnrnreret quisuam eunn jaculo confodisset. Qui cm» trepidus accederet adductus, et regis pedibus prostratus, lacrymahiliter peteret misericordiam rex eldem benignam paceni impendit, indrtem suam et vuinus induisit, prohihuitqué suis ne quis, occasione hujus iufortunij, aliquain ci inferret molestiam. Obiit itaque rex Richardus anno gratia MCXC1X, cycli decemnovaijs aune tertio, regni .vero sui anno decirno, feria tertia post prirna.m Dominicam passionis Doinini, vin. scilicet idus aprilis. Qui etsis intestinis (2, saleque conspersis, apud Fontem Ebraudi, ut ipse pneceperat, sepultus est. Cor antem ipsius, grossitudine proestans, Rotonnagum delatum est, et honorifice tumulatuin.» (Chronicci Gsnvàsir, Monac ht sive CANTUARENSI5 ap. ROGInn TWISDEN, ihstorjct' Anqttca,zœ Scrtptores 'X, T. Ii, col. 1627; - historiens de France, T. )tVII, j. 676. - Voir ci-dessus, § Vii.) No 9 GUILLAUME LE BRETON, AUTEUR DE LA PHILIPPIDE « Hac cedel, Richarde, tilii victoria danino, » Jnque brevi flet quod eam gessisse, tuoue » Te domino quocumque modo pugnasse pigebit, » Coi tua te docuit hunquani confligere mater, Sed domino deferre tue reverenter honorem » Cura tibi q uadrello medium per corporis acte » Mors erit in foribus, dom te nec passio Christi » Nec q uadragenze cohibent sacra tempora beliis. Hac tibi. morte Cccax tuas est honiicida futurus » Temporis baud multum pSt hoec effluxerat, et jam (1) Edition Twjsden et Historiens de France tentorjum. (5) Editjon Twisden: - .74 Post quadragenœ medium venerancla fid&i Prmbebat celebrem populo se passio Christi; Lemovica regione procul, niirabile factum Contigit. In Calacis patria dure vomere quidam Rusticus imerio domini, oui nonien Achardus, Sùlcat humum viciain iniliunive saturus in lita, Census absconses in arato repperit agro, Inventosque sac domino detexit al, file Sustulit iode latens panels sub testibus aururf, Utperhibent qui rebus amant mendaciter uti, Cognita Richarclo res pra300nante fit ista Garulio famre, quze magna minoribus addit, Et gaudet micere loquax mendacia yens Dulciloquo lama9 garnitu ketus, omissis Omnibus, huic opene nisus accojnodat onines, Ut quocunque modo, vol vi, vel ambre, repertum Reddere thesaurum sibi compellatur Achardus. Primo scribit di, nec proficiit ergo cohortes Concitdt, et Caincis se moenibus applicat, armks Horridus et minis, confundere cuncta minatus, Ni sibi suspectum mox ille refudenit aurum. » Sitpplicat et sacris treugas petit ille diebus, Transierint saltem douce solemnia Pasebe; Criminis immunem se protestatur, et ci us Ignarum facti quod rex imponit eidem Se quoque promittit passurum mente benigna Quidquid ci super his Francorum caria dicet, Que regni proeres distningene debet, et ipsum. Rex magis ille furens surdescit, ad canne quod lite Proponit verbuni, non attendit rationes, Non jus, non oequum quod ci placet, bec sibi rectum Judicat, et toto nisu instat prendere castrum. lam pars murorum ruerai Quammaxima; tiirris Ipsa labat, nec hahet quo se defendat A.chardus. Est chi dat vires sibi desperatio, quod fit Quando premit misenos fortuna misernima rerum, Quando fit ut nequeant jam deteriora timeri. 5ev equites pugnant in turne, novemque clientes Qui certant totis .defenclere vinibus arcem Quoque minus se posse vident evadere mortem, Hoc magis audaces morti pugnando resistunt. Nec timon allas adent ubi spes est nulla saluais. Pro jaculis tabulata, trabes et fragmina turris (Missile quando marins aliud non invenitullum) Certatim jaciunt, nec cessant mu)liplicatis Jactibus hostilis numerunn attenuare cohortis. « Quid trepidas, quid Acharde Limes? tua terris in areto » Nunc posita est.....Quid spidula nulla » Esse tibi dicis? In mure respire fixa, » Sub tr'abe te juxtu quadrata3 cuspidis una » Pendet arundo brevis, quam Richardus tibi inisit, Dur» dare te morti subjta3 desiderat; liane tu » Porrige Guidoni balistam qui tenetarcum, » Ut sua qua) misit Bichai-do rnissa remittat. » ilac vole non alla Richarduni morte perire, » Ut qui Franeigenis halista) primitus usum » Tradidit, ipse sui rein primitus experiatur, W Quamque alios docuit in se vim sentiàt artis. » » Non minus interea Richardes moenia cireur» Itque, reditque frequens, quem contemplatus ah arec Guide, nucein volvit balistie poUl p e 1a)vo; »extra premit clavem, sonat uns nervus, et ecce In regis scapula stabat fatalis arundo. Ornnia luctificus subito per castra tumultes Exoritur; miles repetit tentoria incestes, Armis depositis ruit in lamentajuventus Ad stratum primum regem regale reducunt; Parcius insiliunt victi moerore nianipli; Obliti pugn, lacryrnas non tels profundunt. » Obsessi exultant, necjain se celui Achardus, Depositoque motu per propugnacula tutus Gum sociis gaudet discurrere, jam hoste remoto. D Interea regeni circunistant agmina mixtim Apponunt mçdicj fomenta, seeantque ehirurgj Vuinus, ut inde trahant ferrum leviore periclo, Nec ]etlialis erat percussio, sed medicoruni Rex et anilcorum monitus audire.salubtes Aufugit onde mablo Veneris dur» gaudia sano Pra3fcrt consilio, mortem sibi nescius adscit. » (GULLLERMTJS Bnn'o, Philippidos liii. V, ap. JIislori(v Francorunt Scriplores vcIcre X! Franeofurtj, MDXCVI, p. 289 et seq. - Voir ci-dessus,VIII.) N. 10 13 J G 0 1k D Rigord, clerc de l'abbaye de S aiiitDen rs, médecin et historiographe de . Philippe-Auguste, écrivit les Annales du règne de ce - 16 -prince qu'il dédia à Louis VIII, son fils, en 1224. Voici le passage de son histoire relatif h la mort de Richard 'Coeur-de-Lion « Anno Domini MCXClX, sexto idus aprilis (1), liicardus rex Angliœjuxta Lcmov.icam civitatem graviter vuineratus occubuit. Obsederat enim castrum quoddam quod Gastrum Lueti de C'apreolo Lemovicenses vocant, liebclomada Passionis Domiuicœ, occasione cujusdam thesauri, a quodam milite ibidem inventi, quod ex nimia ambitione a vicecomite Lemovicensi instantissime sibi reddi petebat. Miles enim qui thesaurum invenerat ad ipsum vicecomitem confugerat. Dam vero rex in obsidione castri moram faceret, et per singulos dies ipsum castruni impugnaret, balistarius quidam ex improvisa quarello transmisse regi Augliit lethale-vulnus intulit, et paucis revolutis diebus , viam universie carnisingressus est. Sepultns vero quiescit apud Fontem Ebrarci, in quadam abbatia mouinlium, juxta patrein simm. T1iesairus enim proedictis, ut ferebatur, fuerat imperator quidam de auro pur tesirno, eu:n uxore et [LUis et tuiabus ad nwnsan a.urearn residentibus, qui posieris, quo tempore fuerant, bcrtam dabant memorianz. » (De Gestis Pitiuppi Augusti, ap. DUOHESNP, Histor. Franc. Scriptores, T. V. p. 42-43. Voir ci-dessus. § IX.) N°11 GUILLAUME LE BuET0N, CHAPELAIN DE PHtLIPPE-AUGUSTE « Anno Jucarnationis Dominicœ millesimo ceutesimo nonagesirno none, visitavit Deus regnum Fraucorum. Na1n Richardus rex occiditur in page Lemovicensi , ubi obsederat castrum quoddam nomme Calax, inPassioiie Domini septimana prima, occasione cujusdam thesauri ibidem , ut dicebatur, •inventi. Quidam enim miles de turri emisso quadrello ipsiim in scapula vulueravit et ita infra paucos dies obiit. » ( De Gestis P/ziiippi Augusti, ap: DUCIIESNE, Historiœ Francoruni Scriptores, T. V, p. 80.) . (1) Itigord se trompe c'est le vu: des ides d'avril vi des ides (S avril), que Richard est mort. (6 avril), et non le - 77— No 12 CHRONIQUE DE TOURS (1227) « Anno MCXCJX et Philippi imperafoi.15 regis Xxi, Bic II. et Philippj rcomjtjs Lemov hardus, rex Anglia, dum quoddaxn castrum icensis quod de clzalue/jevreo di citur, Oppugnat agitta transflgitnr n ec longe post code ictu moritur, nno egùj X. et apud Foutem Ebraudi sepelitur vir quidej animosus et bellicosus donis Iar militari negoclo Circumspe gisj5 arini5 streuuissi5 in ctus a militib5 dilectu populo h onorat s et a cl& 0 et us, Ecclesjoe patronus et divini officji auditor indefes sjs Cujus su el1a et facta in libro diernin reguin Ângliœ sunt CO » (Ap, lecejo, T.V , col. 1O37. MARTENNE ET DUBAND Ampijsg N° 13 LE MOINE RENIER (1230) « Richardus rex An virquod bellicosus Obiit gravi intertunio, afite quoddam glicus castrum o bsederat , percussus in guttur telo a sagittarjo Oui successit Johannes Sine Terra cognom0 frater Suas. Capte vero castro, qui inventiquidam surit in eo, pro morte tanti principis quidam saut excoj.iati divers5 Su pplicEs lan j ati » flero flWflaclso COflt ïfiUa(ulfl (fl'ronicon Larnberttparv. a Eciap. MARTENNE lccto T. V, col. 22. - Voir ciessus § ColXI et XIii.j No 14 GUILLAUME D'ANDBEs (1234 « Cum itaque ipsum regeni timoret vel flichardum Anglioe fere totus vol in ObSjdio]) orbis, subito de hac vita raptus est e prwdjcaret nain cujusdam casteui in territorjo Lemo Levio mensi (Usez; vicensi) telo halistarji graviter vui neratus, in brevi postInodun est defunctus. prius ta men per fidelis christianus peccatum confe Dei grati,OUI taIquam est, ecc1esjastli5 ninnitus -78sacrarnentis. Huic successit in regnum frater ejus. m (Chronique du monastère d'Andrcs ( 1), par Gùiflaume, abbé, - de 1082 à 1234; - ap. D'ACRÉRY, Spicilôge, in–fol., T. II, p. 808.) CONTINUATEUR ANONYME DE SIGEI3ERT (-1237) e In diebus. quadragesimœ in page Lemoviceusi thesaurus inventas est, quem sibi vendicat Lemovicensis cornes. Richardus, rex Anglorum, summus ipsius terra,- princeps, thesaurum a coihite repetit, set minime obtinit. Inde rex stornachatus, cmn armata mait-itudine castellum ejusdem cornitis et ipse armatas obsedit; ubi ictu baliste quendam percutere idem rex cupiens, ah eodem eadem balista in scapula perùssus, post dies vu obiit, et apud Fontem Ebraldi cuire patre sue sepulturam accepit. » (Contin.uaUo A quzcmctzna, manuscrit d'Anchin. —J.'atroiogie de Aligne, T. CLX, col. 343.) No -16 VINCENT DE BEAUV A I S (-1250) « Anno Domini 1109. Riebardus rex Aug1i juxta Lemonicas (pour LenWVicaS) graviter vuineratus occubuit. Obsederat eni.In quoddam castrum propter quendam militesn ibi maneutem, qui thesaurum invenerat, quern Richardus ambiciose sihi reddi n vicecomite Lernonicensi petebat, ad quem miles ille coufugerat. Dam ergo ra castrum illud fortiter impugnaret, balistarius quidam ex improviso quarellum transmittens, vuinus ei lethale infiuxit, et post paucos dies mortuus, apud ]?ontem Ebrardi sepulttis quievit. e (Speculum Histortate, in—fol. Duaci, 1624, P. 1206.) (1) Diocèse de Térouanne, puis de Boulogne. - 79 -. No 47 CONTINUATEUR DE GUILLAUME DE TYfl (1261) - « Quant li rois d'Eugleterre ot trives prisez au roi de France, l'en li fist assaveir, si corne l'en dit, que un suens home avoit trové en terre un grant tresor d'argent et d'or. Li rois d'Engleterre li manda que illi envoiast cel avoir que il avoit trové; et se il ne le faisoit. il le iroit asseir et prendre. Li chevalier li manda que il feist au mieux que il porroit, que il n'aureit rienz clou suen, ne riens ne li envoieroit. Li rois d'Angleterre y ala et assist le chaste]. Cil chasteauz est en la terre de Limoges. Quand li rois fut devant le chastel, silor dist que il li rendissent; et se il ne se rendoient, seussent il bien que il les pendroit toz par les goles. En dernentiers que il les menaceit, si vint uns aubelest.rj's don chastel, si tendit mie aubalestre, si le feri par mile cors. Li rois geta la main au quarrel, si le sacha hors. Ne demora puis gaires que ilfu morz. Ensi Lu morz li rois d'Engleterre, si corne l'en dit. (L'Esio ire de Brades, empereur, XXVIIO livre, chapitre xix; iistoire des Croisades, in-fôlio: imprin)erie natioliale ; ilislorien g oecidcntauw T. II, P . 241.) 1X0 18 TROMAS \VIKES (1290) MCXCIX. - Rex Richa.rdus singularis (pour sïngu.lare.?) militiw deCus in orbe, sujugata sihi Normanuja, cum ;processi in Aquitaniain, rediens inde, obsedit castruni de Chaluz in Nornuninia (sic), quod rex Franeorum dolo oecupaverat, Mique a quodam sagittario, telo toxicato percussus vu. kal. aprilis, heu proh dolor! interiit. Corpus ejus delatuni apud Fontem Ehrandi (sic). sepultum est ibidem ad pedes patris sui Henrici. » (4p. TH0MAS GALE, Historioe AngUcanœ Scriplores quin que: Oxonioe, 1687; vol. 11, P. 35.) No 19 ANNALISTE 0E WAVERLEY (1291) « MCXCIX, - Richardus illustris rex Anglorùni apud cas — tram Lemovicense sa g itta percussus vu. kalendas aprilis, XII. - 80 diessupervi-tit; tandem mortuus est-VIII. id . aprilis et sepultus est ad pedes patris sui in inonasterio sanctimonaliuni Foutis Ebraldi, (sfc). IV . id. aprilis; apud castrum Liinovicense de Caluz » Christe, lui calicis proedo fit proeda Chalucis, iEre bravi ruit je, qui tulit ter» crucis. » (Annales Wanerlcicnses, ab anno 1006 ad annuin 1291, ap. THOMAS Oxoniœ, 1667, T. 11, P. 166.) No 20 GUILLAUME DE NANUIS (1300) « MCXCJX. - Richardus tex Ang1ia dont castrant quoddam Vicecomitis Leinoviceflis oppugnat, quarello balist oculo pernon multo post morititr, ciii frater ejus Joannes, qui cUSSUS, SÔze Terra dicebatur, in regno su ccessit. Sepultus vero fuit RicharchUs rex apud Fontem Ebraudi. » (D'AcrnaY, Spicuége, in-fol., T. III, P. 19.) N° 21 NICOLAS TRIVET (1307) « Ricardus rex cum militem quemdam super inentione thesauri convenire voluisset, quem soient sibi principes vindicare, tamqualn in hoc eis singulariter natura deserviat ventes ille severitatem regiam. ad vicecomitem Lemovicensem aufugit. Qui rogatus n rege ut mUitem redderet, cum parere neglexisset, rex terras ejus ingreSsTiS, castrum quoddam quod Caluca dicitur j uxta Lemovicas obsedit, ne fortiter impnguavit. Septimo vero kal. apnilis dum castrum considerando circuiret inermis, subito baiistœ jaculo in humero sinistrb Ietah confoditur vuinere. mcipiens autempericlitani, tres Ordinis CisterciensiS accersissefertur Abbates, quibus omnia peccata sua confessiis est cum singultu t fletu. Quos co in ad injungeudam MN tel inuotescendam poenitentiam salutarem cerneret stupèfactos, dixit Ut placetur justus index Deus poenam purgatoniam usque ad diem juchcii libens pro meis admittam delictis. Prolem vero non habens, Joaitnem fratrem suwii rcgn j ac Thesa,jrj terrarum suarum omnium testamento suo designavit heredem vero sui tres partes Othonj nepoti suc) in regem Romazorum jam coro11a m con— tulit, reliqua servienubus suis Pauperibusque divisit. Tandem dierum undecim l auguore vexauis die duodecimo octavo videjicet idus aprilis oetatis sue aune quafrage5j0 secundo diem clausit extremum. Hic Ricardus propter cordi s, quia ardua queque aggredj non refugit Cor Leonis appellatus est ab Anglicis et Normaji I is » (D'Ac, in-fol., T. HI, P. 177. Sp kUéqe, litôttoIJièque n° 16,018.) fla.to)zale fonds latin, No 22 MATHIEU DE WESTMINSTER (1307) l\fathieij de \Vestnjj1. bénédictin de l'abbaye de ce nom, en Angleterre florissait au comm chronique qui a pour titre encement du xxv0 siècle. Sa Flores depuis le oe mm S'étend eucemeut du monde jusqu'à l'année 1307. Dans sou article sur la mort de Richard, ii n'a fait qu'abréger Mathien Paris « Anno gratine MocTx Eodem teznpôre statutis, ut dictum est,- treugis regen-j Richard., et regem P,ahile Ri chardes in inter rancorum rex quosda baron Pictavie sihi rebelles formid vexfljujn direxit, et dimi castrum Chalucis obsidione vallasset va. kai. aprilis, quoda baliste spiculo vui neratus est, et vulnere male cu stodfto coepit ruorfis izn minentis culum. Castrum tamen Violenter OCcupavit, et aut]sentire peri— liberum, pro a oremcorpus mortis more Dei, abire permisit. Moriturus igitur, suum apu Fontem Evraudi, secus pedes patris sui, cujus ditorem se dconfi pro tebatu,. sepeiiri jubens, Ecclesie ôor Suum inexp Rothomageusi ugnaj propter precipuam dilectionem quai-n adversus Norxnannos gerebat legavit. Apud castrum vero pnedi tum, visc ra sua in ecclesia recondi jubens, stércora sua Picta viensibus propter su, proditJ05 notam. rel iquit. » ( Fibres Isloriarunj in—fol. Londini 1570, lib. H, p. 75.) - 82 N°23 GAUTIIIER BEMINGFORI) (1340) Cap. XCIJI. - De horte t'agis Richardi. « 1199. £dificato itaque castro (de Gaillard), et infra eumdem arnium plenarie cornpleto, fertûr ipsum regem irujusmodi verba protulisse, circumstantihus magnatibus suis e Ecce piain » puicra flua unius anni! Dhlexit enim co nd om locum et gbriabatur in hoc facto. Cumque ad alia divertisset se rex Riehardus, et custodes ejusdem castri in sua custodia extitissent (egressœ enim erant ex more lotrices per posticum ad ta.vaudos pannos, et alia quœque in iacu subtus castrum; nec suspicabantur custodes accessum haberi posse ex parte illa), et ecce ingeniosi Franci et sibi mubtocies a longe proevidentes, pneordinatis scaphis et allatis, dum quadain die egrederentur tutrices, lacum cum scaphis transierunt, et apprehensis lotricibus, castrum ingressi sont, fugientibus ad eorum introitum quibusdam ex custodibus, et allis coinprehensis; confestimque attraxerunt alios, et facti sont quasi rohur immeusum. Quod cum audisset rex B.ichardus, mox omni somma festinatione accurrit, et sic inveniens castrum preoccupatum lraths est valde, et cominota saut viscera ejus in hoc facto; declinavitque ad ma.nerium sutun de Andelle (sic nominato Andelle), quod sitmn est ex opposito ejuc1em castri, interjecto flamine; conique die quadam spaciatuin pergeret, castrwnque et loci situm circumspiceret, cognitus est a quodain balistario, et emisso ab eo tebo graviter vuineratus est. Vocatique sont hirurgici qui dicunt ci, quod oh gratiam recuperandre sanitatis abstinendum esset ci ah muni contactu mulierum. Locus euim .scapulœ, in quo percussus est, periculosus erat et profundus propter quod interdixerunt ci omnem uxoris amplexum, visum etiam et tactum. Qui cum esset lubricus valde, et- in ambre mulierum excandescens, noluit reprimere delicias suas; sed sa1ubre consilium parvipendens, non c.uravit de vuinere co quod mnodicum erat; et infestatftm est. Crevit enim venenum, et desperatio vitœ secuta est. » Cunque vitœ ipsius nulla esset spes, et horrenda mors jam pftteret in januis, ingressus est ad eum 111e Walterius, Rothomagensis archiepiscopus, de quo supra proxime fetimus men•tionem, et ait ei « Dispone domum-tuain, ô Rex! quia morions • » tu et nu vives ». Cul rex: « Minoe » tru, quas loqueris » saut, episcope, et quasi . Cul episcopus « No n sunt » sed infafljh jlj5 mors trufm, ra j ergo vis ut facia ? » in auni5 te expectat ». C ul rex « Quid At ille o Cog » tandis et age Cogita de fihiabus tuis maripoen itentiam ». Et rex ; o Roc est quod primô » di xi, truf » filsunt, quas loquons tu cairnnosti me ifiios aut ias flumquam procreasse ». Et episcopus » tres habes lino, ô rex, flUas , et diii est quod eas hà . bujsti et aluisti. Primowenjtqm enim tuain habes » ritja , et tortiam, Luxuam RSuperha m. secundni Ara as enim lia huisti et supra» ino dum dilexjstj n, juventute tua Veru i nquit ra, » inea istas hahui, et cas sic manitare rob. Primoeflifam -eflim Tn scilice t Superbiam conco tem » et prw coetenis su nt elati, SecundamplaHis, scilic qui fastu tument, et Avanitiam » znonac5 grisejs, qui omnibus vicinis per avanitiam n , do » ut diahobi effruati lJltimam autem ôcont » signo scilicet Luxiirjam Iflonachis nigris » nnnquam , qui assata et fricta comedunt satiati. » Ista enim tria ho genera 0db liabuit rex, et ideo pra c;ctes nominatasminuru fihiaseis maritavit Ad hoec ille episcopus ; o Non loquaris ita, ra, quonia resoj utionis tu instat mm, et tempus prope est ». iuquit, mihi faciendum Et rèx ; « Quid , est? » tiam, et co » Mille- « Age, inquit, pœniten nfitere peccata qmr comrnisisti, co nfideiis in Clinisto crucifixo et misenicordia ejus que est super omnia opera ejus, » cul pro mptius est Peccata dimittere quam péccatori ve » Postulare ». Motus itaque " njam e x in verhis epscopj prorupit in lacrymas et ait ; « Pœn j teo valde, et pœnitenti signa videhis, » CPiScope et testi flcajjj5 ». pecc accilo confessore suo, ata sua gravia cum im mnsoMoxque, dolore confessus est ficium absolutionis consecue ; et bouetus . prcepitque sibi pedes ligai et in altum suspendj nudumque Corpus ageiiis douce idem 1 , cdj et lacerari proeciperet ut sucrent. Cumque dia M modicum pse c»ederetur, ex prcepto siluerunt Et Et hoc idem secundo et tertio in i terum reassumpto spiritu, 5° guiiiis COnlplevé mut Tandem in se revertens prrncepit Viat j cum sibj afferri et se relut proditoi . ein et Lostem contra Dominum suu pedibus con, M ligatis trahi. Acceptoqie Viatico revereuti cu ma et tremore, adjecit « Misericordia mnagua cordis » est, qui vult omnes Doinihu magna hommes saivos fleri; justitia tamen ejus » recta est, qum vuit omne delictum fi agollaj et puniru Verona » fl fll5ericom j confidens, et de jus titia t imons, lego me et cOr » pu5 meum vermibus cormodendum, animam autem meam - 84 usque in diem judicii igne pnrgatorii cruciandam, in spe a in qua qua credo me P sse salvari in iI1um » rnisericordiœ Dei s diem s. Et alus dictis, moclico snpervixit tempore et mortuns est, sepultusquejuxtit patreni suum in monasterio Fontis Ebraudi, mense aprilis anno Domini milleimo C. nonagesimo IX. Sicque Ieo ferox, qui vivens in corpore cor et animnm leonis habuisse ferebatur, per industriam discreti pontificis ad Çhristnm dirigitur velut agnus initissimus, et poenitens gloriosns. Audite itpque minore mortis ejus in curia regis Francim, gavisi sunt gaudio magna valde, et congratulahautnr regi suo dicentes: « Gauclendum tibi est, Ô Rex I quia hostis taus immanis corruit s et mortuus est. » Qaibus rex Non quidein gaudendum est, s sed potins condolenclum, quia cotruit princeps nobilis et miles strenuissimus totius Christianitatis, et licet in jure suo eum cd » tepus sensissem adversarium, sperabam tamen mihi haberi s posse et hominem et amicum. Vobis etiam in morte ipsius » doloris materia orta est, pua qui contra eum stipendiis meis jamdudum sûmptuosissiifle militastis, nunc propriis potestis s stipendiis militare. s Et sic licentiatiiuciclenter doluerunt qui inateriam solatii intexere nitebantur. Interfectori etiam ipsius regis Ilichardi, dnm magna se ineruisse crediderat, ait rat « Quia principem strenuissimuin occidisti, non qnidem in hel1o, » sed in dola, mala morte morieris (1) s. Pnecepitque, et equis tractus dulaceratus est , et ad furcas suspenses. s (Chronica WALTERI llE3Sfl&Foltn, canonici de Cisseburflc, de gestis reguni Anglicc', ab auno Dni MLXVI. ad annum MCCLXXIJI, ap. RoGna TWISDEN, Historie Anglicane .Scriptorcs X: Londini, 1652, in-fol., T. II, P. 550.) Nb Q4 JEAN BROMPTON (1360) « Treugis inter reges Francia, et Anglie, ut dictum est, statutis, mcx Ricardus in quosdam barones Pictavi sibi rebelles formidabile vexilliiiii direxit. Et curamilitem quendam (1) C'est sur la foi de cette fausse légende que quelques historiens ont attribué ut roi Philippe—Auguste le supplice du meurtrier de Richard. Voir us LAIUmY, Histoire d'Angleterre. T. J, P. 445; - VELLY, Histoire de France, T. II, p. 188; - ALLÔU, Mon1nnents de ta Haute-Vienne, p . 358. - 85— Super Iflventione t hesauri, quem soient sibi principes convefifre voIuj vendicare file severitatm regia i n veritus , ad vic eco.. mitem Lemovjcensem alifugit Qui a rege ut mil item rerideret rogatus et parere neglex it, rex terras castrum quod C'aluca ejus ingressus quodda dicitur juxta Lem ovicas obsedit et fortiter innpugnavit septimo vero j'ai. aprilis dum castrmn Conside_ ranclo inermj5 circuiret quidarn Bertrai balistnnus Gordon spiculo sua, ipsu regein in humero Siuistro sive in lflUsculo brachju subito letaliter vulueravit ut dicèbatur, male Custodito coepit mortis imminentisVulineje per que m te,tres abbates Cirst ercueisi "ex sentire. Ad omnia Peccata sua coin5 ordini accessisse, qùibus - inguitu et fletu confessus est, cum ad ifljungea val innotesoendain sibi poenitentuain salutarem cerneret stu pefactos dixit s Si pla libella cent Deo justo judici meo poenam nid s adnjjtn »• purgatorfa usque in diem judieji pro dehetis » Castro demum capto et dicto Berti'a]no O ccisore 5fb coram eo ducto, rex ah eo quoe siyj « Quid tibi mali i'eci? quare » interejnj» me a.udacter respondit « Quia tot naja » undo int ulistuMetille pa . trem meum alias i » quanicumq occidisti sue de volueris vindicta i me n ». Sed rex tune pietate coinmotus mortem suam sibi pro amore Dei condonavit , et liberum abire perinisit, solidos Angjica m ouettE sibi dare Prcepit. Sed quidaj rege nesciente ipsum teniujt, et post obitum regisMarchadeus excol.iatum suspen j Rex thesaun.um vero morftju.us in tres partes divisit unam Othoni nepoti 5fb in regein Romanortun jam coronato, alteram seryjen._ tibus suis, et tertiam pauperibus rel iquit. Cdrp 7?tem EÔruij a dpedes patrj saum apud s 5W, cujus pr oditorem se conflte batur, sepeliri Jussit. C or suum Rotliomagensi Ecclesu propter pra3cipuain dile gerebat legavut: ctionem quam adverses illam rec ondere in ecclesia"ex apud castrum vero prrndictum viscera sua uguabil ordinavit; stercora sua propter notam suœ Picta veusjb 5 prodtjonis rel m iquit. Tandeni dieru undecim labore vexatus die duodecmmo, viii. ides anno quadragesj0 se cundo, diem clausit aprilis, mtatjs sue extremum » Jste rex Ricardus Propter qu qu cordis suj, qua e ardua ggredm non refugit, Cor leonzï8 appellatus est ah Anglicis et Atorinafinicis nain tremor ilhus non solum finitimas sed externas invasit gernte, Cujus fama per totum inundum volavit Occulte tainen Dei judicio, e occubuit Ipse siquidet justo, hoc gèner mortis m hoc genus sagittaj quod cent., arcuÔaus_ - 86 tarum dicitur, jamduduin sopitum iii ustun ut dicitur, revocavit, onde et in eo pentus plures manu propria peremit quo et ipse postinodum in terra propria inproemunitus et inopinate interiit, neque enfin lex ulla equior est Quam necis artifices arte perire sua. n In Cronicis auteni Walteri de Gisebouru scribiturquod rex • iticardus non apud dictum castrurn de Calucct, sed apud memoratura castruin de Gaillard, quod 1h uno amie, ut prscribitur, construxerat, jaculo ba)istt occubuit. Nain [bi comnieinorat, quod dicto castre de Gaillard Sificato, et treugis, ut prredicitur, inter reg-es ad teinpus firmatis, et rex Anglim se ad alia divertebat, custodes clieti cffstri negligentes in sua custoclia exstiterunt. Lotrices namque ex more ad pannes lavandes in lacu subtus castrum egressa crant, nec suspicabantur custodes accessum ex parte fila haberi posse. Et ecce ingeniosi Franci sibi multaciens a longe prvidentes, prreordihatis scaphis et allatis, dura quadain die lotrices egrederentur, lacum coin scaphis transierunt, et a.ppréhensis lotnicibs, castrum ingressi sunt, quibusdam ex custodibus ad eorum introitum fugientihus et allis comprehensis, confestim alias attraxerunt, et facti surit quasi robur iinmensuin. uad cum audisset rex Richardus, inox cum somma festinatione concurrit, et castrurd sic inveniens prœoccupaturn iratas est valde, et cammota sunt viscera ejus in hoefacto. Qui cite cd maneriuin suum de Andele, quod situm erat ex apposita ejusdem, interjecto flamme, declinavit; cumque die quadam spaciatrim pergeret, castrumque et loci situm circumspiceret, a quadam balistarium cognitus est et telo ab eo emisso graviter vuineratur. Vocalique saut chirurgici, qui dicunt ci quod , ah gratiam recuperanda sanitatis, ab amni contacta mulieruin est ei tataliter abstinendum. Loéus enim 5capulEe in quo percussus est periculosus erat et profandus; propter quod interdixerunt ei omnem nions amplexum, tactum etiam atque visum. Qui, cuti essetiubricus valde, et in anioremulierum excandescens, delicias suas repnimere noluit; sed salubre consilium parvipendeus, de vulnere eo quad modicum §ibi videhatur non curavit. Quo infestata, venenuih crevit, et vitcc dedperatio secuta est. n Oumque vita3 illius nulla spes esset, et mors harrenda in januisjam pateret, ingressus est ad eum dictas dominus Watt terus, Itothamagensis episcopus, sihi dicens u Dispone damai » tua,, ô rex I quia mor,ieris et non vives ». Oui rex Minœ n suut, episcape, et quasi trufi'w quas loqueris n. Oui episcopus «ÎÇo - 87 - sunt truffie. in ,-sed inevitabi Us mors in jai j uis te ex» pectat ». Cui rex « Quid ergo vis ut faciam?» « Cogita » de fihiabus tels maritandis, et age poeniteutiam Et rex e Hoc est quod prinium dixi, truffrE enim sunt quod loquon s » tu ellim nosti me nunquam fihia.s procreasse e. Et episcopus 1mo, rex, tres balles filins, et diu est quod eas habujstj et » aluisti. P rimogenitam tuam balles Supèrbiam secundain » Avaritiam, et tertjam Luxuniam lias enim liabuisti et supra» moduin a juventute tua dilexisti e. - « Verum, inquit rex, » istas habui, et sic eas vo lo contj nuo maritare. Priinogenita in » enini meam concedo T emplariis, qui fastu tument, et lira) e cateris saut elati. Secundam, scilicet Avaritiam do monachis » griseis, qui omnibus vicinis suis per avaritiam nocent , ut diaboli effroenati. Et ultimam, scilicet Luxuriam, assigna me» nachis eligris, qui assata et frixa comedunt nondum satiati. e Ista enim tria genera hominiun rex odio habuit, et ideo cia nominatas fluas pr i e coetenis lnanitayjt Ad ha)c file episcopus « Non loquaris lUi, rex, qua. tempus resolutionis tuœ jaxn instat e et Propp est e. Et rex « Quid, inquit, mihi facieudum est? » - o Age, inquit, Poenitentiam, et peccata qua) cornmisistj cou» fitere, confidensin Christo, et nhisenicordia ejus, e qUie est super omnia opera ejus, qui promptior est dimittere guam est e cator veniam POstulare ». Rex itaque in pecverbis episcopi motus in lacry mas prorupit, et ait o Pœniteo valde, et poenitentia n ) siga testificabenis episcope, et videbis ». Moxque, confessore suo accito, peccata sua gravia cum immenso dolore confesses est et absolutionis beneficium assecutus. Prœcepitque pedes sibi ligani et in altum suspendi, nudumque corpus fiagellis credi et lacerani, douce idem ipse Pr, ut sucrent. Clinique diu Cr, ederetur ex proecepto ad inodicum siluerunt. Et spiriti i iterum assumpto, bac idem secundo et tertio in habundaiitia sanguinis compleverunt Tandem in se reventens afférni viatieiim sibi jussit, et se velut proditorein et hostem contra Dominum suwn ligatis pedibus finie trahi. Et viatico cum magna cordisrete_ rentin et tremore accepto, adjecit dicens e Misericordia Doinini e magna est, quai vuit omnes hommes salvos fleni , justitja e tainen est ejus recta, qua) vuit omne delictum punini et debite e fiageliar verum in misenicordia ejus co nfidens, et de justitia e timens lego me et corpus meum vermibus corrociendum e aniTnam antein meam usque in diein judicii ligne purgatorji e cru ciandam, in spe mi senicordia) Dei in qua credo me e posse salvarj in ilium dicin e. Et luis dictis; modico supervixit tein- - 88 pore; et mortuu, est sèpultusjuxta patremsuum, in monasterio Fontis Ebrardi, mense aprili anno Doinini MCXCIX. n n Sicque leo ferox, qui vivons in corpore cor et animant bonis habuisse fertar, per industriam discreti pontificis rad Christum dirigitur velut agnus initissimus et poeniteus gloriosus. Rumore itaque mortis ejus in etiria regis Francise audita, gavisi sunt gaudio maguô valde, et congratalahantur reg) sue dicentes u Gaudendum est tibi, ô rex, quia hostis tuas immanis corruit n et tmortuus est n. Qtiibus rex : « Non miehi, inquit, .-au» dendum est, sed potins condolendum, quia corruit princeps n nobilis, et strenuissiinus miles totius Christianitatis: et licet » in suo tempore eum ad tempus adversarium sensissem, spen rabam tamen michi haberi passe integrum ainicum et hominem n fidelem. Vobis eciam in inerte ipsius doloris materia orta.est, coin meis jamdudum sumptuose quia qui contra n militastis, nunc potestis stipendiis propniis militare. n Et sic licentiati incidnter doluerant qui materiam solacii intexere nitebantur. Et ut dictus Walterus conseqnenter in Chronica sua scribit, rex Francim interfectoni suo, qui magna se meruisse crediderat, ait : « Quia principem strenliissimum cccin disti, non quidem in belle, sed in dolo, inala morte morienis n. I3nde ex regis prrecepto equis ad furcas tractus suspensus est. De divisione corpôris regis Richardi, in tribus lods sepulti, quidam metricus ait : Viscera Daroclum (sic) corpus Irons servat Ebrardi, Et cor Roihomagum, magne Ricarde, lumen. In tria dividitur omis, qui fuit plus uno (sic) Nec superest une gratia tanta .vire. Christe, lui calicis priedo fit proeda Calucis iEre brevi deicis qui tulit'mra crucis, - Mortem istius regis Ricardi magister Gaifridus de Mixe Salve (pour Vine-S'aivo) in libre quem de Bloquebtia composuit, versibus lus deplorat Neustria, etc. (Voir ces vers plus bas, n°30. Cette pièce est suivie des vers suivants): Box Ricarde, jacos sud si mors cederet armis, Victa timore lui, cederet arma tais. Loua Lihi prima fuit Siculi, Ciprus allers, .toppc Tordu, quarta Promo, quinta Tavoraa fuit, Suppressi Sicul.i, Ciprus pessundata, Joppc Tenta, Promo mersa, copia Taverna fuit. (Chronicon JoANros BIIOMPTON (abbatis Jornalensis), ai). fl.oaae TWISDEN, Jlistoriw Anglicanœ Scriptores X. T. I, coi. 1217-1281.) — 89 — No 25 HENRY DE XNYGIIT0N (1395) Henry de Knygliton était chanoine régulier du monastère de Leicester. Voici le jugement qu'en porte Cave, dans son Histoirc Lïttdrac « Melioris not lustoricus, quo' alias res Anglicas ajorj Me ac diligentja prosedutus est (1) ». Dans son article sur la mort de Richard, il n'a fait que reproduire Roger de IToveden seulement il a donné au chef des Brabançons qui accompagnait Richard, et qui fit périr son meurtrier, le titre de duo dc Braba2.t,. et c'est pourquoi quelques historiens ont attribué à Baudoju IX, comte de Flandre, le supplice du meurtrier de Richard (2 e Anne grati M.C.LXXXXIX - Roc ultime anno regis Iicardj Widomarus vicecomes Lernovj censjs in Britan nia minore sie), -homo regis Angliœ ,inveuto immenso thesauro auri et argenti in fundo suo, misit magna.m thesauri partem regi Ricardo; sed ille recusavit, dicens se totum habere dehere de jure dom inationis sue, quod tamen ahus recusavit. Obsedit igitur rex castrum vicecomitis quod vocabatur Caluz, putans ibi thesaurum messe: cui Ininistri castri exeuntes, optuleiuut regi castrwn . cuni contentis salvis eisdem vita, membris et armis; renuit r&, imponens illis ut redeurites viriliter se dcfendant. Cnn igitur rex die quadam et dux Brabanti a, circuirent castruin, ut infinniora explorarent quidam arcubalista Bertramus Gurdou telo regem in brachio vuineravit quarepr j)j rex omnino, ut castrum caperetur et omnes intus Suspende rentur, excepte suo v uInerare : 4uod et factum est. Oum igitur extra.cto te]' Jigno, sed luanente ferro, ex venarum et nervorum incisidue nono post hoc die rex esset moriturus• advocarm fecit vulneratorem suurn , sic inquiens « unquam mail tibi » feci, quod me ad mortem- yulnerastiQuici ? » Et 111e « Patrem » mewn et duos fratres meos occidisti. et rue modo occidere » voluisti placet mihi qua mcumqjie pœuam subire, dummodo tu succumbas ». Pane jussit rex eum libere abire, dans liii centum (j) 'l'S'Or'a Lii eraria, 1720, suppL. p. 55. (2) Voir DE LAEREY, 111s(oj,.0 T. J • P. 445; — VELLY, Histoire de Francs, T. D, p. 188; d'Angleterre — ALou, Mnw,nenu de la lieuse . Vienne, ; 358. - 90 -solides sterliugorum. Sed post règis obituin fecit clux Brabantite euxu excoriatwn suspendi. Mortuo igitur Ricardo vii. idus apHhs, corpus ejus, in tres partes divisum, in tribus loris sepelitur, unde quidam nietricus sic ait Viscera Carleotum, corpus Fons servat Ebrardi, Et cor Rolhomagurn, magne Ricarde, tuum, in tria dividiLur unes, quia plus fuit 1mo, Nec superest uno gratin tanto vire. Christe, tui calicis proedo lit praida Catucis, £re brevi deicis qui tulit aira crucis. Hic, Ricarde, jacci sed mors si cederet arnuis, \T icta titnore tui, cederet arma tais. n n Obiit igitur rex Ricardus x. amie regni sui in Normannia, septinio kalendarum aprilis, et juxta patrem suurn. Henricuin apud Fontein Ebrardi sepulta est pais ejus corporis aune gratine M.C.LXXXXIX. n (HENRY DE KNYGHTON, DeEvcntibus An.glioe, lil). II, ap. RoGi3it TwISDEN, Iiistorict' Angltcanc8 Scriptores X: Londini, 1652, in-fol., T. II, col. 2413.) N' 20 TE-SOMAS WALS!NOHAM (1450) « Auno mi1esiino centesimo nonagesimo nono, Ri.cardus Rex, cum militera quemdam super inventione thesauri convenire voluisset, ille, veritus severitatem regiam, ad vicecomitean Leruovicensem fugit. Qui rogatus a rege ut mulitem redderet, cum parere neglexisset, Rex, terras ejus ingressus, castrum quôddasn quod n Caluca» dicitur, juxta Lemovicas, obsedit, ac fortiter impugnavit septimo vêro kalendas aprilis, dum castrum considerando circuiret inermis, subito balistoe jaculo in humero sinistre letali confodlitur vuhere, a quodam milite, qui Petrus Basilii n dicebatur. Sequcntibus diebus undenis, languens ex vulnere, die duodecimo, octavo videlicet idus aprilis, tetatis sine anno quadragesimo secundo, diom dausit extremum. Hic, propter magnanimitatem cordis, cognominatus est ab Anglicis et Norinannis n Cor Leonis n. Sepultus est autem apud Fonte]n Ebraudi, in mouasterio monialium, ad pedes patris sui, Henrici regis cum regnasset annis novem, mensibus totidem, - 9F .sexque di ebus(1) » (TuoWALsfNGHA{ ediieçl by Mury Poaiqma IYcustricc inter Tliomas Riley, in-8° London 1876,j). 121-122, Rcrum i3rUcnzicgrurn mea ii œvg Scrtptores N- 27 NICOLE GILLES (1533) (Dit gra,j l-esor tvoitue en Lyrnosj8 et de fa wofl dit Richard dangie ferre) « En l'an mil. C 1111XX -XIX. il advint au pays de Limosin que ung chevalier tronua en sa terre un ". g 1nojlt grand tresor. Et estoit ledit tresor sicomme on disoit [111g empereur sa femme , ses fils et ses filles qui estojent de leur grand eur et de leur grosseur assis a Une table, et estojeut lesditg personnages tables et treteaulx de fin or mas ' et y voit lettres escriptes qui don noienta entendre les noms et le temps que avoit regne ledit empereur que ce avoit faict faire. Le roy Rich qui eu fut adver ard danglekrre ty le voulut avoir disant quil estoit souuerain audit pays Mais de Lymosi et par ce lui dèvoit appartenir par droit daubeyne, le chevalier qui lavoit tronué en sa terre qui estoit du fief du viconte de Lymoges ne luy voulut bailler et lelnporta et se retira devers ledit vicomte de Lymoges Par quoy ledit Richard les alla assieger dedans ung cliastel appelle Chaulus de Capreol ouquel ilz sestoient retir ez- Et ainsi que ledit Richard tenoit le siege et que ung jour il alloit a lenteur de la place, advint que ung de ceulx qui estoient dedans ladite place dune arbalestj.e quil avoit tira un traict a l adenture et a la vollee sans regarder ou ne a qui il tiroit, il advint que icelluy trajet tomba sus le pied dudit roy dan c- l eterre et le blessa ung Peu- Et dudit coup aucuns jours apres iœlluy Richard mourut. Et fut porte enterrer en tabba.ye de Frontevaulx aupres du roy IIenry son pere, et son cueur porte en terrer en leglise Nostre Dame de Rouen. lcelluy Richard fut en son vivant laut en armes, large donneur homme homme vafldonneur, et subtil en ses affaires, This account of the d eath cf Richard is deri y fro m the text or Trivet, but the une stating the na,ne or tue soldjer «edPetrus flasiiji », tak-en froni M, Abbreuja g 5 ed Aimais de Diceto. (Noie de itt car.) toward the close cf the text cf Raipli (1) -. 92 fort ayme de ses-gens. Et a ceste cause pour la magnanirnite de son courage fut surnomm&Cueur oie Lyon,Mais il se monstra trop de fois desloyal, rebelle et contumax au roi de Franco son souverain et naturel seigneur sans cause raisonnable. Et luy rompit plusieurs fois sa foy et son alliance, tellement que de son vivant et jusques a ores la hayne sen est enracinee aux cueurs des Francois et des An,--lois les ungs contre les autres plus quelle nestoit paravant. » ( Lei Grandes Chroniques et Annales de France, 1533, fol. 9. v°.) NO ROGESI DE HOVEDEN (Dialogue entre Richard et Foulques de Neuilly. - -ci-dessus; § XIII.) Voir u 1198. Proedictus autem Fulco quadam die accessit ad Ricardum regem Ànglioe, et ait 111eDico tibi ex parte omnipotentis Dei ut tres fluas tuas; quas habes pessimas, citius » mariiez, ne aliquid tibi deterius contingat. o O, digito compesce labella, Âccusator ont, qui veruru dixerit (1). » Cui fertur regem respondisse u ilypocrita, mentitus es in » caput tuum, quia filiam non habeo ullam ». Ad quod Fulco respondens ait s Certe non inentior quia, utdixi tres habes » fluas pessimas, quarum una est Superbia, altera Cupiditas, » tertia Luxuria Convocatis igitùr ad se comitihus et barouibus multis, qui aderant, ait rex « Audite universi commonitionein » hujus hypocrite, qui dicit me habere tres filias pessimas, » videlicet Superbiain, Cupiditatein et Luxuriam; et proecipit ut » cas maritem. Do igitur Superbiam meam superbis templariis, n et Ciipiditatem meani monachis de ordine Cisterciensi, et n Luxuriam meam pn&atis ecclesiarum. » O mois indignuin misons inferre cachinnuin (2)! » (ROGER DE TI0VEDEN, edited by William Stubbs, 1871 London, T. 1V, p. 16.) (1) JUVIiNAL; Sot. J, 160; (2) Voici une note de M. Williatn. Stuhbs, ëditeur de Itogcr de Ifoveden « The story is told by Giraldus Cambrensis aise Miner. Cœml'rS (cd. N. 29 29 MATHIEU PARIS (Richard, délivré des peines du purgatoire. - Légende du chevalier avilé. - Voir ci-dessus, Appcndkc, art. 1".) Sub eisdem diebus Itenricus Boffensis episcopus cum in Sabbato quo cantatur Sitientes vcnite ad aquas, apud 51dm— geburnja proesente Cantuarj ensi electo, ordines celebrasset solemnes astante clero et Populo, f faceret protestatus est, dicens « iducialiter cuin sermonem Gaudete mufles in Domino,t » fra res, qui hic proesentes estis, scient.es indub itanter, quod uno et eodem die exierunt de purgatorio rex quone j arn An— » glorum Richardus, et Stephanus Cantuariensis arch » iepmscop11 5 duni uno capellano ejusdem ar chiepiscopj , ad conspectum divina majestatis Et eadein die, lion nisi tre UN de bois poenalibus exjerunt Et ')t his dictis mois fidem adhibeatis » Pl enissimaul et certa.m, [sciatis] quia mih » i et cuidamail! tertia jam vice hoc per visionem revelatuin est lia manifeste, quod ab aninjo meo omuis dubitahonis ambigHitas removetur . » - Et quoniam . hic mentie facta est de m agnifieo rege Richardo unu de actibus ejus Dec benepIacits ut credimus , ad oedifica_tionem audientjum referamus Regnante di cte i-ego Ri charde, miles quidam de regno Angliœ, in Nova degens Fa resta, qui longo teinpore et usu regis furtive vena.ri Co bestias nsueverat quadam vice inter ceptus est 011111 venatjone furata, et per judicjum cutia ipsius regis in exilium relegatus. Banc enini legem de v enatione sublata, rex 111e in pace clement i5sf111115 in Nec telnperavjt quod cuin apuJ reges antecessores ejus, si quilibet in fraude venationis depre— hensj fuissent, erueban1r oculi eorum, abscmndebanftr virilia , menus vel pedes trun cabantur Sed taie judicium chardo visum est nimis inhumanum ut hommes pic reis Ri— d imaginem Dei ci-cati, pro feris, qme jutta legenj a natural omnibus sunt Co gem generajj i-ncessoe, de vita vel membris periclit arenturut Id faciendo feris ac bestiis deerjor videretur. foc enim sol Il Dhmock), P. 44. - 'VALTER 0F ITEMINGBUNGU T. Ii. p . 229, gives it in anotiier chape, making Walter of Coutances the TCproyr, and placing the scene at the king's death bed. amlim modo suciebat ci. ut quilibet in tafl culpa deprehensi, vol Angliam abjurarent, vol poulain carceraiem subirent, vel poena punirentur pecuniali, salvis omnibus vira et membris. Miles igitur, ut dictum est, in exilium trusus, conclus est cum uxore et liberis panem inter extraneos mendicare, qui prius exquisitis d&iciis fruebatur. Tandem in se .reversus miles, cogitavit a rege njisericordiam implorare, ut in htereditate sublata restitui mereretur. Et veniens ad regem in Normannia, invenit eum summo maue in quadam ecclesia, ut missam a.udiret. Et miles ecclesiain tremens intra.vit, non ausus in tegem oculus erigere, quia eum esset visu quasi speciosissimus hominum, quandoque tamen terribilis videbatur. Et ante imaginem Crueifixi, quis in ecclesia erat, se conferens, et genufiexiones cum lacrymis inultoties iterans. Crucifixum humiliter prcabatur ut, per ineffabilem clementiam suam, gratiam sibi regis misericorditer reconciliaret, qua hereditatem recuperaret amissam. Rex autem, militem intueus sollicite orantem cum lacrymis, et devotione non fieta, vidit de illo rem iiirabilem, et relatione condignam Nam quotiescunquè miles (quem de familia sua non esse deprehendit) genua flexit, ut imaginera adoraret, imago e contra. Crucifixi ad genuflexiones ejus caput et collum satis humiliter inc1inavit et regem bec cum stupore stnpius conspicantem in admirationem commovit. Rex autem statim officio Missrn comilctQ, fecit militem ad suum accersiri colloquium, et diligenter sciscitahatur ab co: quis et unde fuisset. At ille cum timore regi respoudens dit « Domine (inquit), homo vester ligius sum, sicut onines anteces» sores mci fuernut » et narrationem' incipiens, retulit coram rege quo ordine, cnn venatione deprehen'sus, exheredatus fuerat, et cum sua familia relegabis. Dixit ergo rex aci militem Fe» cistine aliquando in vita boni aliquid .ad sauctm Crucis reve» rentiam et honorem? » M miles, de actihus pneteritis sollicite cogitans , regi rem quam egerat ob Crucifixi reverentiam enarravit e Pater meus (inquit) et alius quidam miles villam quandam » inter se dimidiahant, quam jure hoereditario possidebant .fl. » Et cum pater meus in omnibus divitiis abundaret, alius e » contra miles semper pauper erat et egenus. Contra patrem • » meum -invidia ductus, paratis insicliis interfecit eum, Ego » autein, qui tunc puer orant, cum annos viriles attigissem, et e in htereditate paterna confirmatus fuissem, cogituvi immuta(1) n y a dans le texte imprimé z possidekm. -95))super biljterbis Ultionem patris lnej, mijitem ilium i1terftcere sed ille , per annos plurimos ab i nsidijs, quas ci studiose paraveram, callide [se] custodi%'it. Tandem cum lu » die parasceves ,qua crucem subiit Christus Jesus pro sainte » fliundi, adeccJesjaj properareni servitium auditurus vidi » ininli » prmcedere me, ut similiter ad ecciSiam iret. Feztinavj post tèrgu i n ejus, ut euin interficerem giadjo educto. » Sed ille casa retro respicie i s , dum me rapido cursu advenire » COUspiceret , ad crucem quandam, qwe secus viam stabat, con• fugit, quia. nimia senectute gravatus se defendere no •• valebat. Et cum muni qui lignum crucis intCr br achia tenehat alnplexatum erecte gladio vellem perimere, et cerebrum • effinde0 adjuravit lue per nomen Orucifixi illius, qui lu • ligne crucis eu die pro totius mundi salute pependit ne eum • 11terflceçem votiim laciens et firmiter promittejs qnod pro • anima patris mei quem occidit m uuum assiguaret » in , .capeJjanu pcietuu ad obsequium defunctorum Egoautem senem n ilium videns lacrylilautem doinniotus Visceribus victus fui pietate, et reposui gladiu in vaginam nolens n oh amorem et reverentiam Ci noêere. Et sic Viviflc crucis, morte m p muliti condonavi n atris mei Tune rex iniliti respbndens ait e Sapienter » egisti, pila Crucifixus tibi mine Vice pro Vice sufficienter pern solvit ». Et advocans e piscopos et baroues qui aderallt, audientibus cunctis visionem revelavit guam rex viderat: quornodo scilicet imago Crucjfixi ad singula.s militis 1 5 caput cum co lla ] "'militer iuchna.v Et rex continueg euuflexjoj ad se vôcans canceflarium suum, precepit ut per litteras suas patentes miles sibi nom Vi cecomiti quein i nâret, daret in mandatis : quaten5 visis litteris, mihtj terrain suam redderet totam, in CO statu quo cam recepit, quando a patria sua miles ex ulavit. Et hac quam fecit pins rex Richardus miserjcordia cum alus hujus operihus ipsum, ut cred liberavitinius , a periculis damuationis et crucjatuum citius n Nec illud de virtutibus I negligend nagnifici regis loquehtes credimus : quod statim coronatus in reg m ern, rectum semper justitia cunctis exhibuit pro inunere nunquam judicium subverti p ermisit. Episcopatus et abbatuas vue absque ve nabtate vins eau antes, continua et onice electis concessit, nec Cas ahquando sub laicorum custodia deputavit. Proelatos omnes ordinatos, et proecipué viras religiosos honoravit et Jean Christi eus offendere adeo metuit pro revereutia , ut tempore quodalu cum ad maudatum doniini Papœ, omnes prtelati totius regni corani - 96 rege cougregati fuissent, ut partem vicesimam mobiliorum suorum ad subventionm Terrai Sanctœ concederent, et seorsum sederent super preatato negotio colloquentes, rex ait Gaifrido, fluo Petri, et Willielmo J3rivuerre, qui apud pedes ejus sedebant, voce .demissa : « Videtis pnelatos illos, qui ibi sedent? i « Videmus, il bmine n, inquhrnt Et rex ad cos : « Si scirent » quomodo cos, ob reverentiam Dei, timeo, et quam invite n offeuderem iflos, ipsi me coneulcarent, queinadmodum conculcatur calciamentum vetos et dejectum (1) : n (MÂTRTEU PARTS, edit. 1644 Paris, in-fol., p. 256, 251.) N. 30 GEOFFROY VINESAUF (1200) •c Hujus (Ricardi) mortem magiter Gaifridus de Vinosalvo, in libre suo quein de Eloquentia composait, versibus his deplorat: Neustria, sub clypeo regis defensa Ricardi, Indefensa modo, gestu testare dolorem, Exsudent oculi lacrymas, exterminet ora • Palot, connodet digitos tortura, cruentet Interiora dolor, et verberet oethera clamor. Tota peris ex morte sua: mors non fuit rios, Sed tua; non una, soU pubiica mortis imago. O Veneris lacrymosa dies, o sydus amarum Illa dies tua nox Fuit, et Venus illa venenum. llla dedit vuinus, sed pessimus 111e dierum Primas ai) undecimo qui vitœ vitrions ipsam Glausit; uterque dies homicida tyrannide mirà. •Trajecit clausus exelusum, Lucius apertum, Providus incautum, miles munitus inermem, Et . proprium regcm. Quid miles, perfide miles, •Perfidke miles, pudor orbis, unica sordes MilitiTumiles, manuum factura suarum, Ausus es hoc iii eura? miles scelus istud es aosus? O dolor, o plus quam dolor ô mors, ô truculenta Mors, esses utinain mors mortua. Quid meministi, Ausa nefas tantuin? placuit tibi toilere sol cm, (1) Suit un magnifique élogé de la conduite de Richard pendant la croisade et de ce qu'il fit en Orient pour la délivrance de la TerreSainte et les intérêts de la religion. • 97 Et tenejiris d amna ., soluru? sais quem rapuisti? Ipso fuit jùbar in oculis, et dulcor in ore Et stupor in mente Mors impia quem rapuistj? Ipso fuit dominus armorum gloria reguin, Deliciœ mundi nihi] adrjere noverat ultra. Ipso fuit quidquid potuit ratura; sed itlud Causa fuit quare rapuisti res pretiosas Eligis, et viles quasi dedignata reliuquis Et de te natur a quelov, quia nonne fuisti Bern mondes puer esset adbuo, dom nain jaceres In cunis in eu stUdiosa, nec aine Senectam Desiit boa studium Cur sudor tantus in orljem Attulit boa nhirum, si tan) brevis abstujit bora? Sudoren] tanin placuit tibi tradere niundo, Et revocare manum date sic et toll ore donuni. Cur irritasti Iflu ndum? aut redde sepultum, Aut forma simijem Sed non tihi suppetitunde, Quidqujd oral, tecum, vol mirum vol pretiosum 1-luic oraL impensum the sauri deliciarum Hie sent exilausti ditissima facta liust,i - Ex bac factura lien pauperrima Sentis Ex bac jacturh Si feux auto luisis Tanto plus misera, quanta felicior ante. Si las est accus 0 Dèurn Bous oplime rerum, Cur lue degeneras car obruis orbis Si recolis pro toge facit Tapine tua, quam quoi •Millibus appositis soles defendit, et Achon, m Qua virtute sua tibi reddidit, et erucis Ilostes, Quos.vivus semper sic terrait, ut timeatur ipso fuit sul) quo tua Luta fuerunt Si Deus es, sicut esse decet, Lidelis, et expers Nequitiœ justus, recLus, cor minuisti Ergo dies ejus? Pot550s parcere mundo Mundus egehat eo, sed cern magis eligis-esse Tecum quam S000m, mavis Suceurrre coelo Quan) Tnundo. Domine, si fas est diacre, dicarn Pace tua Poteras fecisse decontius istud, Et Properasse minus, saltein dum froena dedisset Hostihus, et facti tamquarn motu niilla fuisset. Res erat in foribus, Lune PoSset.honestius ire, Et rerneare tihi sed in bac re Scire dedistj Quam brevis est risus, quam longaque lacryma mundi (1). s (1) Cité par Nicolas Trivet, P. M. - Voir encore TH0ap. n'Àcj Spidllége i n-fol., T. 111, MAS GALE, Q uinque Oxonj, i687, T. fi, Jfit-j Anljcan p. 430. - Voir ci-dessus, Scriptores art. Ili. Appendice -98N° 31 COMPLAINTE HISTORIQUE DE GAIJCELM FAYDIT SUR LÀ MORT DE RICHARD COEUR-DE-LION Fortz chauso es, que toi 10 maior dan E'l maior dol, las I qu'ieu anernaLs agiles, E so don dei toiz temps plaigner ploran, M'aven a dir en ebantan e reiraire; Que selh qu'era de vider caps et paire Le ries valons, Riehariz, reys dois Engles, Es mortz, ai dieus t quais perd' -e quais dans es! Quant cstrarlg mot, e quant greu per auzir Ben a dur cor toiz bom qui 'I pot suirnr. Mortz es 10 reys, e son passai mii an Qu'anc tan pros bom no fo; ni no vi res, Ni j-a non Cornais hom dol sien semblan, Tan lares, tan ros, tan ardiiz, tais donaire; Qu'Alixandres, Io reys que venquet Paire, Non eue que tan dones ni tan messes; Ni ane Charles ni Anus tan vabgues; Qu'a Lot 10 mon se Ces, qui 'n vol ver dir, Ais us doptar et ais autres grazir. fteravii nie qu' el fais secgle truan Auza esta savis hom ni cortes, Pus mn no i val belli ditz ni fait prezan; E dores per que s'esfors'-Om pauc ni guayre? Qu'ema nos n mostrat mortz que pot faire, Qu'a un soi eolp n 10 rnielh del mon rires, Totai'onor, toi 10 pnetz, toi Io bes; E pus vezem que tes no t pot guaridir, Ben deuriam moins duptar al niurir. Ai! sentier meys valons, e que faran 1-lueiniais armas ni grau tornei espes, Ni ricas cortz, ni belli donar ni gran, -Pus vos no ï ctz qu'en eras eapdelaire? Ni que faran li liurata maltraire, Silh que s'eran en vostre servir mes, Qu'atendiOn qu'ei guazardon vengues? Ni que faman sels que s degran nocif Qu'aviatZ Çaitz en gran rieor venir? - 09 Mol vida e piez de mort auran En tes temps dol, qu'en aissi lor es pres; E Sarrazi, Turc, Payan e Persan, Que us duptavon mais que boni nat de maire, Creisseran tan d'orguelli lot lor afaire Que plus greu n'er Io sepuicres conques; Et dieus o vol, quar si 1 no p o volgues, E vos, senher, visqnessez, ses mentir De Suria los avengra a fugir. Jamais non ai esperansa que i an Beys ni princeps qui cobrar Io pognes; Pero tag siib qu'ei vostre toc seran D.egran suber cum fos de pretz amaire, E quai foron vostre dui valen fraire, Le joves reys e'l cortes coms Jaufres E qui en loc remarira de vos Ires Ben don aver fin cor e ferm cossir De totz bos aips enansar e grandir. Bel senher dieus, vos qu'etz vers perdonaire Vers dieus, vers hom, vera vida, merces, Perdona Il, que ops e cocha l'es, E non gardetz, senher, ai sieu faihir, anet servir (1). E membre vos coin GAUCELM FAYDIT. No 32 SIRVENTE DE RICHARD SUR SA CAPTIVITÉ h nuls bore pros non dira sa razon Adrechament, si corn boni dolens non; Mas per conort don hem faire canson Pro n'ay d'amis, mas paure son li don, Ancta iur es, si per ma rezenson Soi sai dos yvers pres. (1) RXTNouAnn, Choix de Poésies des Troubadours, T. IV, p. 54, 55, 56. -. Voir ci-dessus, Appendice, art. III. - 100 11 hein miey baron, Or sapehon ben miey Angles, Norman, Peytavin e Gascon, Qu'ieu non ay je si paure compagnon Qu'ieu laissasse, per aver, en preison Non ho die mia per nulle retraison Mas anquar soi je pres.. 'n Car sai eu ben per ver, certanament, Øu'hom mort ni pres n'a amie ni parent, Et si m laissant per aur ni per argent, Mal m'es per mi, maspieg m'es per ma gent, Qu'apres ma mort n'auran reproebament, Si sai mi laisson pros. 1V No m meravilh s'ieu ay 10 cor doleni, Que mes senher met ma terra en turment; No li membra del nostre sagrament Que nos fejmes el Sans cominalment; Ben sai de ver que gaire longament Non serai en soi pres. V Suer comtessa, vostre pretz sobeinn Sal dieus, e gard la bella qu'ieu cm tan, Ni per eni soi ja pres. RICHARD COEUR-DE-LION. (RAYNOUARD, Choix de poésies des Troubadours, T. IV, p. 183.— Voir la traduction dans M1LLOT, histoire littéraire des Tros&adours, T. I, p. .53. - Voir une autre poésie de Richard dans ROCHEGUDE, Parnasse Occitaizien, P . 13.) LimOOM .1 Pais.. l'np. Cspo.1sud htzn. -116d'eure en tu tous pouris li costés et 1i bras. Et quant li rois vit qu'il ardoit tout et que morir le convenait, si comencha k plaindre soy rneyme et à regretter et disoit ensi « Ha 1 rois Richars morras tu donc! haa! Mors corne j es hardie quant tir assalir le roi Richart! liée chevalerie, corne are iras k declin? hé povres dames et povre chevaliers que devenrés vous? liée » » diex qui retenra mais chevalerie, larghéee né courtoisie? e Ensi se tèmplaignoit li rois. Et quant i vit qu'il le convenoit morir, si cornenda que ses cuers fust enfouis à Rem, pour l'amour qu'il il avoit et ses cors fust emportés à Londres et enfouis en la mère église. Atant trespassa et rendi esperit qui soit en la joie de Paradis s'il plaist à Dieu 1(1). 7° Chroniques de Sccitt-Denys. c En l'an de l'Incarnation MO et XCIX, ot li rois Richar g un chastel assis près Limoges en la première semaine de la Passion nostre Seigneur. Au viscomte de Limoges estoit cil chastel, si avait nom Chau-Liez. La raison poucquoi il et ce chastel assis, si fa pour ce que uns chevalier du pais avait trove un tresor en terre, et cil trésors, si corne l'on disait, si estoit un empereres de fin or, sa faine, si fil et ses filles, et tuït séoient à table d'or pur; si i'etoient lettres escrites qui doanoient à entendre à ceus qui les. lisoient que cil empereres avoit esté et corne grant tens est'oit_ ecruz puis que il régna. Ce trésor demandoit li rois Richars à ce chevalier mais il estait traiz à garant an viscomte, et s'estoit mis en ce chaste]. Ensi tenait li rois le siege, et fesoit assalir chascnn jor moult efforciement. - En dementiers que il estoit un jor k assaut, uns arbaiestiers de la garnison du chastdl traist un quarrel à la volée attaignist le roi Richart, par aventure, lion mie a penscernent, si que il li fist mortel plaie. Par cele plaie qui guarir ne pot, mourut li rois en poi de tans après. » ( Chroniques de Saint-Denis, citées par Louis Paris, Chronique de Rains, p81.) I L'abbé ARIJELLOT. (1) La Chronique de Bains, par Louis Paris, P . 79, 80 Paris, 1837, Te cli e n e r Lin,1 c tL 1'ri3. -. Ivp. C,rotbL! frira, mbhhmb.- - 115 4° Pierre Coral (1247.) Anne milleno bis centeno, minus une, Anjbrosii festo, rex transit ah orbe moleste. s Iste fuit Richardus, filins dicti 1-lenrici, quem occidit quidam miles. apud Chaslut-Chabrol quod obsederat, cum quodam qua dri1lo. (Bibliotit. nation., lus. 5452, fol. 3r0. Historiens de France, T. XVIII, p. 239.) 5° Gérald de jjrache g (1263.) Anno Domini 3f. CXCIX, Rieb ardus, rex Angliaj, dum cas- trum quoddarn vicecomitis Lernovicensis (1) expugnat, sagitta con figitur, nec mu ho post moritur vir quideni animosus et hehhicosus, et in arnUs strenuissimus, et in militari negotio circumspectus, a tnihitibus vero valde ditectus, nec non à summo poutifice cran omni clero et populo lionoratus. Hic Ecclesia' pat ronus, cujus behla qua' feéit et facta ejus in hibro chierum regtm Ang lia' scripta (2) sont plenius.» (Bibliothèque nationale, ms. 5005 B, fol. 104 y0, — xiv° siècle.) 6- Chronique de Ifains (1263). Et avint .1. jour que li rois Richars aloit remirant le castiel (3) une targe (4) devant lui, et fit pierchus d'un- arbalestrier qui estoit eu une tourièle. Si mist J. quariel en coolie et traïst au Roi, et le feri Il au tournant de la drete espaule, et le navra durement. Quand li rois se sentit navré, si se traist arrière, et furent li Mire apparel]iet qui li traïsent te quariel hors de l'espaule tout entier, et li ciercièrent la plaie, et li disent que il n'auroit garde, sé il ne voloit bien se garder. Mais li rois qui estoit de grand cuer ne prisa riens la plaie, lié le conselg des mires (5); si but et manga tant comme li plot et jut à femme, et sa plaie cornencha à foursanner (6) et li feus j fer!, et en poi a (1) M . Lunovicensis. (2) Les paroles soulignées sont empruntées à la Chronique de Tours, et se trouvent, eu partie, dans la chronique de Robert d'Auxerre. (3) De Loche. (4) Bouclier. (5) Chirurgiens. (6) S'envenimer. PF7 - 114 • tenus pœnas infernales me, Gui nihil boni inèst, posse evadere, nisi ' l)ei misericordia et orationibus anciflarum Christi apud Fontem-Ebraidi illi servientibus, quas vivens dilexi plurimum, modo mdriens me illis trado. Quapropter vobis omnibus prœcipio ut corpus meum illic deferatis, et pedibus patris mcl, quem me ohm nimium offendisse scio, quainvis indignum ponatis, ut, si flou viveus, saltem moFiens satisfaciam ». Quo defuncto, jussa ejus compleutes, fere quinque diei'um spatium peragentes, in die Ramis paimarum in ecclesia Fontis-Ebraldi, ut res gesta habetur, corpus eju.s regaliter paratum ad pedes patr.is ipsius tumulaverunt. » (Historiens de France, T. XVIII, p. 85, note A.) 2° Robert d'Auxerre (1220.) Ann.o MCIC'IX, Riek ardus rex Anglioe, clum castrum quoddan vieceornUis Lemovicensis oppugnat, sagitta transjïgitur, nec inulto post moritur vii' quidem animosus ac beilicosus, et armis strenuissinius et in militarto negotio cireumspectus, k militibus vero valde dilcctus (1), verum nimis iii flagitia lubricus, et qui 'dx unquain cum finitimis principibus pacem habuerit, maximeque adversus regein Fraucirn factiosus exstiterit, se per hoc totum fere principatus sut tempus duxerit bellisturbidum, laboribus inquietum.» (Ex Chronologia Roberti Altissidiorensis, ap. Historiens de France, T. XVIII, P. 263:) 3- Bernard Ruer (1224.) « Anno gratioe M°C°XCIX, obiit Ricardus mx ..... Moite ville obsesse, scilicet civitas Lemovicensis, Sancta Jema, Nuntrum, î'Toatas, C/lal1a-CltabrOl, Autafort , S. Magri, All)usSO, Salanac, dois, Briva, Aiguranda, Sancta Livrada, Poi-Agut (2).» (Chroniques de Saint-Martial, par Duplès-Ag.ier, 1874, p. 66.) (1) Les paroles soulignées se trouvent dans la Chronique de Tours (1227) et dans la Chronique de Grald de Frachet (1268). (2) Dans une Chronique limousine copiée par dom Estiennot, on trouve la note suivante t M.C. nouagesimo none. Obiit Ademarus vicecornes Lemovicensis. 11cc anno fuit obsessa civitas Lemovicensis, Sanctus Junianus, Nohalhaes, Chalut, Nuntros, Autafort, Albuso, deys.» (Chronicon de Rebus Lemovicensibus, ab anno 1012 ad anaum 1199, ap. E5rIENN0T, Fragments d'histoire d'Aquitaine, T. I, p. 213, Bibliothbque nationale.) • —113- hoc e1ogioquod ad calcem vitae heati Roberti de Arbrisello des• cripsit B. Pavillon, p. 584: « Migravit a srnculo carissiinus ac dilectissimus noster Richardus Anglorum mx poentissimns, benignissimi patris nostri Henrici II Regis fllius. Fuit etenim Richa.rdus rex aclmodum ôautus, ingenio astutus, periLia quoque et virtute in arrnis pervalidus, omni agilitate corporea strennus, circa benevolos et sibi fideles mansuetus. rehellibus autem et perfidis terrihilis et ingratus, sed terrenis nilnium cons iinplexus. Interea venu patris sequens vestigia. amore prœcipu.o nos diiexit, immensa nobis beneficia a patre illins et pradeessoribus suis illata assensu son confirmavit. et sigilli sui auctoritate tenenda corroboravit, insuper et redditurn quo medietas nostrum singulis annis pellicias posset liabere, compatiens in opera claustralium donavit, et sagaci industria constituit ut devoto ejus animo erga nos plunimum esse videretur. Illo namque in race regnante; et maxima regni sui administratione functus, parata expeditione anno regni ejus secundo, oh impugnationem inimicorum Dei Jerosolymam petiit, ubi plunimum laboravit. hune compulsus recru cul necessitate remeans, ah Allemanis captus est, in carcere longe tempore mancipatus, uN Dei misericordiam et Couveutus Fontis-Ebraldi interventionem apud Deum lacrymabiliter implorabat. Ut autem, Deo volente, qui quem amat, corrigit, a vinculis solutus regressus est, beuigne nos visitavit, ecclesiamque nostram, quain inter cœ teins regni sui prci'puam habebat, reliquiis proecipuis ditavit et honoravit, videliœt ligno crucis dominico, capillisque Dei Genitricis qnos irae obtulit. Anno scilicet quo regnare coeperat decime, contigit eum in partes Lemovicensium ire, Mique lethali vuinere accepto, nimio doiore- tactus in lecto decuhuit. Dum autem se discessurum à prsenti vita sensisset, suos videlicet qui ad eum confiuxerant Lam pontifices quam milites accersini puecepit qui videntes eum morientem nimio gemitu consternati, euni, ut mos est Christiania, confessionein et corponis Christi perceptionem admonere coeperunt. At 'ille spiritalem gratiam • Deo sibi commissam aguoscens, se corde fideliter credere in Deum et ore confessus est. Licet cninz, inquit, juvcnis fidem servans murtdo innumerabiliterpcccavey-jnj tarnen ilium non flegavi; et ita in Christi confessione, testibus illis qui aderant, corpus Christi et sanguinem cum reverentia magna uinpsit. Ris ita gestis , sciscitabantur ah eo quo se vellet habere sepulturam. Illecorde contrito reminiscens enormitatem criminum suorum, dixit cia : e Scia cwini quod, mois malis exigentibus, vix autnulla- - 112 occasione cjusdam thesauri ibidem , ut dicebatur, inveuti. Quidam autem armiger, de turri emisso quadreilo, ipsum in scapulis vnlneravit, et ita infra paucos dies obii.t. De quarello (1) sive jaculo, teste domno H.ugone de Nigella, qui fuit abbas de Ursicampo et posmodum de Ripa.torio, aliquid vulgatum est, quod hic depiugere dignum duxi. » Faber 111e qui jaculutu hoc et multa alia fabricavit, in isto specialiter, et non in allis, signum cruels ad recognoscendum idcirco inseruit, quod multus p opulus in ipsa hora sparsim et per intervalla ante foniaculam ejus transieis, ad quasclam nundinas seu ad dedicationem ejusdem eccleshe tendons (2), salutabat euradem fabrum creberrime dicens Deus te adjzwct! Deus ta adjuvet! Unde faber idem (3) salutationes tam crebas filins hone animadvertit esse qioddam pronosticum, et idcireo formavit in dicto jaculo quo rex iste ita occubuit, signaculum cruôis (4). » Tamen dictus rex Richardîls, licet multa egerit vituperabilia atque reprehensibilia, egit tamen multa coinmendahilia et lande di.-na, quia Capitulo Cisterciensi largos redditus assigEavit, per annos singulos apud Scadebureh in Auglia perdpiendos; et abbatiam de Bono-Portu juxta Rothomagum ipse fundavit; et sieut ipso erat strenuus in armis, ita etiani dicitur fuisse largus in donis. Cor suum misit Rothomagum, ubi nohiEs ejus sepultura construeta est corpi.is vero ipsius sepnitum est in abbatia Foutis-Ebraldi, uN jacent et pater et mater liEus; quoe mater adhuc vivebat in isto anno, regina viddicet Mienordis, qwe vitam saura ita correxit, quod in hono statu tandem finivit. ilugo vero Brunus, tendens insidias, eam cepit et ad hoc compulit quod ipsa quittavit ei Coinitatum de Marchia Pictavhu.» (BibUotfièque natibuala, tas. 4896 A, fol 211, y0. - Histôrtens de France, T. XVIII, p. 761,162.) ARTICLE 4. AUTRES DOCUMENTS SUR LA MORT DE RICHARD. Io -Nécrologue de Fontevravd. «Richardi nomen in Fontebraldensi necrologio inscribitur cura (1) (2) (3) (4) D. Douq. De quo quadrello. D. Bouq. Dedieationer4 ecclesia transiens. D. Bouq .:J'aber ilie. D. Bouq. Quo rex occubuit, sigw,n crucis. - 111 et disent que ce reporteroieiit il as barons et puis si en eussent conselg. À.donc revinrent eu Engleterre et disent as barons cou que li - dus lor avoit dit. Et ils disent que jà pour cou ne deinouroit. Mono lisent aprester loi , raenchon et le lisent envoler au duc, et li dus délivra le roi. Mais anchois li fist donner home cureté que jamais il n'en seroit moliesté. » Ensi aviut que ii rois Richars fui raiéens; et fa recheus en Engleterre à graut honneur: niais sa terre eu fu moult grevée et les églises del re.gne, car il lor convint mettre jusques as calices et cantèrent loue tans en calices d'estain. (La Chronique de Rains, par Louis Paris, 1837 Paris. Techener, p. 53-57). o Mort de ]1-icha,'d. Albéric, moine des Trois-Fontaines, dont la- chronique se ' termine k l'an 1241 (1), rapporte une légende sur le trait -ou carreau qui blessa Richard. Il s'appuie sur le témoignage d'Hugues de Nesle, abbé d'Ourcamp (2), près de Noyon. Voici cette légende L'armurier qui fabrica ce trait avec beaucoup d'autres, traça en particulier sur ce trait, et non sur les autres, le signe de la croix, afin de le reconnaître, et eu voici la! raison : au moment où il le fabriquait, un grand nombre de personnes passaient devant sa forge, successivement et par intervalles, se rendant à une foire ou k la dédicace d'une église; et, à mesure qu'elles passaient, ces personnes saluaient l'armurier en lui disant e Dieu vous aide! Dieu- VOUS aide! Cet arniurier.remarqua ces salutations, à ce moment si fréquentes: il crut qu'elles renfermaient un pronostic : et voilà pourquoi il grava le signe de la croix sur ce trait qui fit à, , Rihard la blessure dont il mourut. » « Nou s citons le texte d'Albér'ic d'après un manuscrit de la Bi- bliothèque nationale, en mettant eu marge les variantes du texte de -ce chroniqueur que dom Bouquet a publié dans 1S Historiens de France e Anno MCXCIX, "e Anglorum, Richardus in expugnatione x cujusdam turris in pago Lemovicensi, ])ci judicio, jaculo fethaliter vulneratus occubuit. Ex historia Re gum turrim illam seu castrum obsederat in Passione Domini septimana prima, (1) LELONG, Ribliot? . flistor., édit. FONTETTE, T. Ir, n° 16,803. (2) Hugo, monachus Itipatorit , factus abbas anno 1195, rexit ad aanum 1197. (GaiNa- Christiana, T. IX, col. 1131,) - 110 et de toute la maisnie (1) et moult plot ses siervices. Ensi demeura laiens tout l'iver, onques ne pot savoir qui li prisoniers estoit. Et tant qu'il aloit .1. jour, ès fiestes de PSques , par le jardin qui estoit lès la tour, et regarda entour, savoir se par aventure poroit veoir le prisonier, Ensi corne il estoit en cette pensée, li fois regarde et vit l3londieFet pensa content il se feroit k lui conoistre; et li souvint d'une canchon qu'il avoient fait entr'eux deux, que nus ne savoit fors que eux deus. Si comencha haut et clèrement à canter le premier vier, car il cantoit très bien. Et quant Blondiau l'oï, si sot certainement que c'estoit ses Sires. Si et k cuer la plus grant joie qu'il ot . onques mès à nul jour. Et se parti maintenant don vergier et entra en sa cambre oh il gisoit, et prist sa viièle et comeacha k vièler une note et en vièlant se délitoit de son seigneur qu'il avoit trouvé. Ensi demonta Blondiaus deschi à Pentecouste, et si bien se couvri que nus ne se pierchut de son affaire. Adonc vint Blondiaus au castelain et li dist : « Sire, s'il vous plaist, je me iroie volontiers en » mon pays, car lonc tans a que je n'i fui. » - « Blondiel, hiau » frère, ce dïst li castelains, ce ne ferez vous mie, se vous m'en » créés. Mais demorés encore, et je vous ferai grant bien. » Certes, Sire, dist Blondiaus, je ne demouroie en nule manière. » Quant li castelains vit quil ne le pooit retenir, si li octria le congier et li donna boine ronchi (2) noeve. A tant se parti Blondiaus don castelain et ala tant ses journées qu'il vint en Engletère et dist as amis le roi et as barons, où il avoit le roi trouvé et cornent. Quant ils otent entendu ces nouvièles si en furent moult liés. Car li rois estoit li plus larges chevaliers qui onques cauçast esporon.- Et prisent consel entr'aus quil envoieroient en os terriche au duc pour le roi raiiembre et eslurent .111. chevaliers qui là iroient, des plus vaillans et des plus sages. Et tant alèrent par lor journées qu'il vinrent à Osterriche au duc et le trouvèrent en .1. sien castiel et le salueront de par les barons d'Engleterre et li disent « Sire il vous mandent et prient que » vous prendés de 1er signor raenchon; et il vous en donront » tant qu'il vous venra en gré ». Li dus lor respondi qu'il s'en couselleroit. Et quant il s'en fa couselliés si dist « Sigrieur se » vous le volés ravoir, il le vous convient racater de .11. cens mil » mars d'esterlins; et si n'en reprendrés plus ma parole, car ce » seroit paille perdue». Atant prisent li message congiet au duc (1) Maison. (2) RouSsin, cheval de selle. - 109— déjà publiées sur Richard Coeur-de-Lion la première est relative à sa captivité, la seconde à sa mort. Captivité de Richard. Nous empruntons cette légende à la chronique de Ratns, écrite au xru a siècle (vers 1263), par un anonyme, et publiée de nos jours par M. Louis Paris. CHAPITRE VIII. Cornent h rois Ricars /u mis hors de prison par Btondicl le rnencstrcl. « Dés oremais vous dirons del roi Richart que li dus d'Osterriche tenoit en prison, et ne sa$oit nus nouvieles de lui, fors seulement li dus et ses consaus. Si avint qu'il avoit longuement tenu S .1. menestrel, qui nés estoit deviers Artojs. et avoit à nom Blondiaus. Cius afferma en soi qu'il querroit sonseigneur par tontes terres tant qu'il l'auroit trové ou qu'il en oroit novièles. Et se rnist en chemin et tant cria l'un jour et l'autre, ,par laid et par biel, qu'il et demouré an et demi, n'onques ne pot oir flouvièles del roi. Et tant aventura qu'il entra en Osterriche ensi corne aventures le menojt. Et vint droit au castiel où li rois estoit en prison, et se hièbrega dès une vaine feule, et Ji demanda à cul ois castiaus estoit, qui tant estoit biaus et fors et bienseans? Li ostesse respondi et dist quil estoit au lus d'Osterriche. - « O » bièle ostesse, dist Blondiaus, a-il ore nul prisonier dedens? » - « Ciertes, dist-elle, oil, un qui ja estoit bien a .1111. ans mais nous ne poons savoir qui il est ciertainemeut. Mais on le » garde moult sougneusement, et bien esperons qu'il est gentius hein et grant sires. » - Et quant Blondiaus entendi ces paroles si Lu merveilles liés et li sambla en sou cuer qu'il avoit trouvé cou qu'il quéroit. Mais ains ne fist samblant al ostesse. La nuit dormi et fu aise et quant il ci le gaite (1) corner le jour, si se leva et ala à l'eglise proijer Dieu, qu'il li aidast; et puis vint au castiel et s'accointa au castelain de laiens, et dist qu'il estoit menestreus de viièle et volentiers demourait avoec lui, s'il- lui plaisoit. Li castelains estoit jouenes chevaliers et jolis et dist qu'il le retenroit volontiers. Adonc fu liés Blondiaus et ala querre -sa viièle et ses estrurnens t tant servi le castelain qu'il Lu moult bien de laiens (1) Sentibelle, corps de garde. - - 108 Voici sur cette pièce la note de M. Léopold Belisle « Ong. T. des Ch., Transactions et Traités, n°1, J. 387. Copie par Besly, Collection Dupuy, 822, fol. 123 (d'après long.). Traduit dans Art de vérifier les dates, X, 261. » (Catalogue des Actes de Pltilippc.4ugustc, P. 131.) N°4. c Ego Audemars, cornes Engolismensis, notum facio univerS ad quos prsens scniptum pervenerit, quod Ire sont conveutiones inter me et dominum menin Philippum, illustrent regem Francie, quod propter injurias quis Richardus quondam rex Augliœ mihi et Aimardo vicecomiti Lemovicarum, fratri mea, fecerat, veni ad dorninuin meum regem et confoederatus sum cum en, hoc modo, - quod eum omnibus diebus juvabo toto passe meo sicut dominum menin, neque ab eu recedam nisi per eum. » 2. Si autem ipso alii me adjungeret, 111e Gui me adjunget jurahit mihi super sacrosancta, et litteras suas patentes exinde mihi dabit, quod omnia jura mea, sicut pater mous et frater meus Volgninus ea tenuerunt, ad testimonium prôborum hominum terre. mliii dimittet in pace quod si fecerit, honiim est, et beneplacet domino regi; si autem non faceret, dominus nez esset mihi in auxilium contra ilium. 3. Quod si île cui nos adjunget, vellet eidein domino regi in aEquo contraire, ego contra eum essem houa fide domino regi in auxilium omnibus diebus. 4. De comitatu Marchiai faciet mihi clorninus nez rectum in cunia sua. » Quod ut firmum sit et stabile, proesens scniptum sigilli nostri auctonitate jussimus communiri. Actum apud Anetum (1) anno Domini mifiesiino centesimo nonagesimo nono, mense aprili. (Ong. T. des Gb., La Marche. n° 1, 3, 270. - D. BOUQUET, Historiens de Franco, T. XVIII, p. 89, note D, ex archivo regio, Pluteo 1, 323. - LÉOPOLD DEO5LE, Catalogue des Actes do Philippe-Auquste, P. 131.) ARTICLE 3. Lêgéndes sur Richard Coeur-de-Lion. Nous allons ajouter deux légendes k celles que nous avons (I) Dom Bouquet alu Airctwn, qu'il .a traduit pan S. Iriez de la Perche. 107 Lemovicensis, [et] facient nobis securitatem quod nos juvabunt bona fide et eundem vicecomitem ex parte nostra, eos manutenebimus contra omnes tanquam nostros coadjutores et per pacem et Éer guerrain'diebus omnibus. Actuin Parisius, anno ah Incarnatione Domini M'C I XC O octavo, mense aprili (1). N° 3. Ego Àiîuardus vicecomes Lemovicensis notum facio uhiversis mi quos proesens sci'iptum pervenerit, quod hwc sunt convenu tiones inter me et dominum rneam Plulippuin illustrera regein Francorum. Quia propter injurias quas Ricardus quondain rex Angliec mihi et Audemaro comiti Eugolismensi fratri ineo fecerat, veuit idem cornes ad doininum regem Francorum Philippuin ex parte mea, et 'ego confoederatus coin CO hoc modo. Quod eum omnibus diebus juvabo toto posse meo sicut dominum meum neque ah eo.recedam nisi per eum. Si autem ipse alu me adjungeret, ille cui me adjunget, jurahit mihi super sacrosancta, et litéras suas patentes exinde mihi dabit, quod omnia cd testimoninin proborum hominum terra, mihi dimittet in puce. Quod si fecerit, bonum est et beneplacet domino Regi. Si autem 11011 faceret, dominus Rex esset mihi in auxilium contra ilium. Quod si ille Cui me adjunget, vellet eidem domino regi Philippo in aliquo contraire, ego contra eum essem bona fide domino regi Philippo in auxilium 'omn:ihus diebus. Actum apud Anetum anno 8.1) Incarnations Domini MOIe, mênse aprili.s Scélé sur queue 4e parchemin de cire jaune, la première fade empreinte en bosse d'un chevalier à cheval, le visage en profil regardant h gauche., l'escu au bras mi—parti d'Angoulême et Lymoges, l'épée nue en la droite, et le chapeau de fer en teste. La. légende Sip-iltum A.dernari viôceornitis Leniovicensis. Le revers est empreint du petit sceau dudit vicomte, à un escu aux mêmes armes; la légende ne se peut lire. s Lacéord dudit vicomte de mesme date 5 (7) avril MOIC est au tresor. Layete diversarura materiarum XIIxxlIII, TILLEr, des Traités, etc., p. 29. (Bibiiotitèque Nationale, collection Dupuy, 822, p. 125.) (1) Lopot» DELI5LE, Catalogue es Actes de Philippe-Auguste, 1856, Appendice, p. 502. Reg. 34 du T. des Ch., fol. 45, Copie par Besly, collection Dupuy, 828, f. 362 (d'après le reg 34.). (LÉOPOLD DELISLE, ibid., p. 131.) - i06 nostris, propter injurias quas noMs Ricardus rex Auglorum faciebat, convertiinus nos - ad, dominum Philippum regeru Francorum, qui nos quasi sues humides proprios in perpetuum clefenderet, gubernaret, protegeret. » Et ut hoec pactïo inter nos et ipsum dominum regem Philippum stabilitatein in perpetuuin haberet, pnesentem cartulam sigillo men , corroborari et cotifirmari feci. » (Ex Grigin' sub sigillo.) Fœdera , Litterw et Acta publica, 1816, T. 1. p. 52. Bibi. l3odL Oxon. Mss. carte P . P . P . P . 1.) Ryrner a classé cet acte i l'an 1190. Dom Bouquet, dans les Historiens de France, l'a donné en note au passage de Raoul de Coggeshale relatif au traité passé entre Jean—Sans--Terre et Philippe-Auguste. Voici cette note Aimardus, Lernovicensis vicecomes, fratris sui uterini cornitis Engolismensis fortunam expertus, lias quoque litteras regi Pin— lippu dedit, ex codera archive (regio) depromptas, Plut. J. 116. (RYMER, Noverint tain prrnsentes quam futuri, quod ego Airnardus Leinovicensis cornes et Guide filins meus, coin omnibus nostris, propter injurias quas nobis Richardes rex Augloruin faciehat, convertimus nos ad dominum Philippuin regeni Francorurn, qui nos quasi sues hommes proprios in perpetuurn defenderet, gubernaret ac protegeret; et ut hwc pactio inter nos et ipsum dorninum regem Phulippum facta stabilitatein haberet, pnesentem cartulam sigiilo nostro corroborari et confirmari feci, » ( Historiens de France, T. XVIII, p. 89, note C.) M. Léopold Delisle a classé cet acte vers 1199, avril, et il en indique les sources «Origin., T. des ch., Angleterre, sans date, n? 12 (suivant l'inventaire de Dupuy), Reg. 31, fol. 83, n° 142. Collection Duchesne' , 56, fol. 264, r 0 . - Serilly, 499, 3, p. 716 (d'après le reg. 31). (Catalogue des Actes de Pitilippe—Auguste, p. 131.) N°2. e Philippus, Dei gratia Prancorum rex, • universis ad quos Littere presentes pervenerint, salutem. Noveritis quod universi qui se tenebunt nobiscum in manu dilecti nostri vicecomitis castellum quoddam vicecomitis Lemovicensis, qui tl se recesserat, quod appellant Zatuth. 1W sagitta vulacratus est et (1efauctus. (Ex Genealogia 4milian Fl&ndriœ, 1214, ai). Historiens de France, T. XVIII, p. 563.) - 105 dix-neuf, au mois d'avril. (Voir ci-après, n°3, te texte ori ginal de ce traité, resté inédit jusqu'à ce jour.) 4. Quant au traité conclu outre Audemar, comte d'Angoulême, et Philippe-Auguste, comme il est rédigé àpeu près dans les mêmes termes que celui d'Aimard, nous nous bornerons à en publier le texte latin. (Voir ci-après, n 0 4.) Voilà donc la véritable cause de la guerre faite par Richard au vicomte de Limoges. Le roi d'Angleterre voulait se venger d'Aimard, qui, selon les expressions de Raoul de Coggeshale. « dans le temps de la guerre, s'était révolté contre le roi son seigneur, et avait fait un traité d'alliance avec PhilippeAuguste (1) A ce témoignage de l'historien anglais nous pouvons ajouter le témoignage d'un autre écrivain contemporain, l'auteur de In Généalogie tics comtes de Flandre, qui s'exprime ainsi o Par la médiation de Pierre, cardinal de Sainte-Marie in Via Laie, et légat du siège apostolique, une trêve fut conclue entre les deux rois. Richard, faisant le siégé d'un château appelé Zalutfl château appartenant au vicomte de Limoges lequel s'était éloigné dc lui, fut là blessé d'une flèche, .et mourut (2). Ce texte n été écrit vers 1214. peu d'années après la mort de Richard. Lii manière d'écrire Chaluz (Zaiutlt), conforme à la Pron onciation périgourdine, nous montre que ce document n'a pas été puisé ailleurs, et que nous avons là un texte de première main. Or la raison que cet écrivain donne à la guerre faite par Richard ait de Limoges c'est que Aimard s'était éloigné de lui, et l'avait trahi en faisant alliance avec Philippe-Auguste.. Ainsi la démonstration des deux points principaux de notre thèse, savoir le véritable nom du meurtrier de Richard, puis la véritable cause du siège de Châlus, cette démonstration nous paraît complète et irréfutable. N° 1. A[irnardws] Lemovicensis vicceomes et Guido filins ejus, propter injurias regis AngIie, se convertunt ad Philippum, regem Franche. « Noverint tamquam presentes quant futuri, quoniam ego A., Lemovicensis vicecomes, et Unido filins meus, cum omnibus (1) Voir plus haut, Pièces justificatives, no 7. (2) Mediante vero Petro cardinale sanctœ Marie in Via Lata et apostolice sedis legato, date sont treugÉe inter reges. Richardus ergo obsideus -104-se venger de cette rébellion que Îtichard, an carême de lainée suivante, après avoiF fait une trève avec Philippe-Auguste, alla ravager le territoire du vicomte de Limoges et mettre le siège devant les châteaux de Châlus, de Piégut et de Neutron. Pendant cette guerre, Audemar, comte d'Angoulême, qui avait épousé le parti d'Aimard comte de Limoges, son frère utérin, alla de sa part trouver Philippe-Auguste, qui se tenait au château d'Anet: et tous deux conclurent séparément avec ce prince, après la mort de Richard, des traités d'alliance, dont nous avons retrouvé le texte, grâce aux indications de M. Léopold Delisle. Nous avons déjà publié la mauvaise traduction qu'a donnée le P. Bonaventure du traité passé entre Aimard et PlulippeAuguste; nous allons de nouveau traduire ce traité d'après le texte original: 3. « Moi, Aimard, vicomte de Limoges, je fais conna2tre à tous ceux qui verront le présent écrit que j'ai fait lesconventions suivantes avec mon seigneur Philippe, illustre roi des Français: à cause des injustices faites par Richard, feu roi d'Angleterre moi et à Audemar, comte d'Angou(quondam rex AflgiiW), à lême, mon frère, le susdit comte alla trouver de ma part le seigneur Philippe, illustre roi des Francais, et je fis alliance avec lui de cette manière » (a) Que je l'aiderai tous les jours, de tout mon pouvoir, comme mon seigneur, et ne me retirerai de lui que par son ordre; ,, (1') S'il m'adjoignait à un autre, celui auquel il m'adjoindra me jurera sur les très-saints [Évan giles] qu'il me laissera toutes choses en paix au témoignage des honnêtes gens du pays; (e) Que s'il agit de la sorte, c'est bien, et cela plaît au roi; que s'il ne le faisait pas, mon seigneur roi serait à mon secours contre lui (d) Si celui auquel il m'adjoindra voulait agir en quelque chose contre mondit seigneur le roi Philippe, je serais contre lui, r roi Philippe tons les jours. prêtant loyalement aide au seigneu s Fait à Anèt (1), l'ait de l'incarnation mil cent quatre-vingtD mot par Arède; et (1) Le P. Bonaventure (T. III, P. 524) a traduit ccdans le iraité d'AilAnetitm, au lieu de Airetulu, dom Bouquet, qui a lu France, la demar, a traduit ce mot pai Saint I,'ez de Perche (Historiens de note D.). C'est ainsi qu'il n été encore traduit clans T. XVII!. P. su, l'Aride viifier tes Dates, édition de 1818, T. X, P. M. - 103 ARTICLE 2. Véritable cause du siége de CMlus. Nous avons dit que la véritable cause du siège de Châlus ce n'était pas la revendication d'un trésàr imaginaire ce fait, qu'ont adopté nos modernes historiens, nous l'avons relégué dans le domaine des légendes. La véritable cause du sié g e de Ohâlus, la voici Richard voulait se venger d 'Ai mard, vin comte de Limbges, et le punir de l'avoir trahi, lui son seigneur suzerain, en faisant lin traité d'alliance avec Philippe_Auguste. Grâce aux savantes indications de M. Léopold Delisle et à la commu nication de sou ouvrage qui a pour titrecatalogue des Actes de P?1i12'I pCA Uguste, flous avons trouvé le texte de quatre traités ou actes publics relatifs à cette alliance entre Philippe-Auguste et le vicomte de Limoges. L Voici la traduction du premier de ces traités e Sachent tous présents et à venir que moi, Aimard, vicomte de Limoges, et Guy, mon fils, avec tous nos hommes, à cause des Injustices que nous a faites Richard , roi des Anglais, nous nous tournons du côté du seigneur Philippe, roi des Français, qui nous défendra, nous gouvernera nous protégera tOUjOUrS comme ses vassaux.Et, afi n que ce pacte passé entre nous et le seigneur roi Philippe fût stable à jamais, j'ai fait revêtir et confirmer de notre sceau la présente charte. » ( Voir te texte latin ci-après, n° 1.) Ce traité n'est pas daté, mais la date en est donnée dans l'acte suivant, par lequel Philippe-Auguste s'engage à défendre ceux u q i . se joindront au vicomte dè Limoges 2. e Philippe, par la grâce de Dieu, roi des Français, à tous ceux à qui parviendront les lettres présentes, salut. Vous saurez que tous ceux qui se tiendront avec nous, sous la main de notre allié le vicomte de Limoges, et nous donneront l'assurance qu'ils nous aideront loyaleinej i t et le susdit vicomte à cause de nous, nous les maintiendrons contre tous comme nos aides , en temps de paix et en temps de -ne l'incarnation mil cent rre, toujours. - Fait à Paris, l'an de au mois d'avril. » (Ybir le texte latin ci-après, ne 2.) Ainsi c'est pendant la guerre entre Richard et Philippe_ Auguste, au mois d'avril 1198, que fut passé ce traité d'alliance entre le vicomte de timoges et le roi des Français, et c'est pour — Io tannieufli pervenieus ducatum, et in territorio Lemovico, Chaluz castellum obsidione vallavit; uN septimo kalendas aprilis a Petro Basilii telo, ut dicehatur, venenato percussus est, quai» percussionein quasi pro nihilo reputabat. Denique diebus duodecim quibus supervixit, castellum acriter invasit et cepit, militesque et servientes sub aretiori custodia maucipavit impositis autem in castello ministris suis, illud sufficienter munivit. Vuinus autem quod ibidem receperat, male interim custoditum tumescere incipiens, et nigredo qurndam tuinori permixta, boum vuineris circumquaque inildens, regem intolerabiliter torquebat. Tândem rex sapientissimUs, eum periculuhi sibi ceiteret imminere, exitum suum cordis contritione, oris purs, confessione, corporis et sanguinis Domini communiOne munivit, et necis sute authori Petro scilicet qui eut» pereusserat, mortem suam condonavit, atque liberatum à vinculis abire prcepit. Corpus vero suum apud Fontem Ebraudi, secus pedes patris sui, cujus prosepeliri jubens, Eccleshe Rothoniageusi ditoreui se confitetur, inexpugnabile cor suuni legavit. Sieque apud castrum prafatum, viscera sua in ecclesia recondi priecipiens, hc pro munere pictavensibus concessit. Qua.re igitur de corpore suo taiem fieri distributiOùe[n decreverit , quibusdam familiaribus suis sub sigillo secreti revelavit. Patri enim corpus sumo ratione proedicta assignavit; RothomagenSiblls, propter incomparabilem fidelitatem quam in eis expertus fuerat, cor suu!n pro exeuuio transmisit pictavensibus quoque p l-opter notai» proditionis stercora sua reliquit, quos non alia sui corporis portione diguosiudicavit. Et his dictis, tumore ad cor ejus subito penetraflt&, octavo Mus aprilis, die Martis, vir Martio operi deditus , apud castrum proedictuln spinitutu exhalavit, posiquani regnaverat annis novem et cunzicUo. Sepultus est autem apud Fontem Ebraudi, sicut ipse adhuc vivens ordinaverat : cum quo etiam multoruin judicio Hesperbe decus et houer militite pariter sepulta surit. De cujus morte simul et sepultura quidam epitaphium edidit in hune moduni: Pictavis cita ducis sepelit, tellusque Chalucis, Fontis Ebraudi; Corpus dat cihudi soli Neustria toque tegis cor inexpugnabile regis; Sic toca per trina se sparsit tanta ruina, Nec fuit.hoc funus cul sufficeret locus unus. Explicit de regs Richardo (1). (1) Routai DE \VENDOVER, Clzi'onica, site Flores histOriŒtt&fli 13.-O. CoxE 1841, T.111, P. 135. edidit SUPPLÉMENT AU MÉMOIRE QUI A rouit TITRE La Vérité snr la mort de Itiehard Cœurde.Ljo:j Depuis l'impression de notre Mémoire sur la mort de Richard Coeurde-Lion, nous avons découvert à la Bibliothèque nationale de nouveaux documents qui confirment les principaux points de notre Dissertation, et que nous allons publier comme complément de notre travail. ARTICLE cr Cc si'est pas Bertrand de Gourdon qui o blessé Richard, mais un chevalier appelé Pierre Basile. Nous avons cité, dans notre Dissertation, quatre chroniqueurs ou historiens, l'un limousin, c'est-à-dire Bernard. Iller; les trois autres anglais, à lavoir Raoul de Dicéto, puis l'annaliste de l'abbaye de Margan; enfin Mathieu Paris, - tous contemporains de Richard, qui s'accordent à donner le nom de Pierre Basile au chevalier qui blessa le roi d'Angleterre. A. ces quatre té moignages nous pouvonsajouter celui d'un autre historien anglais contemporain, Roger de Wendover, qui, dans sa Chroni q ue, donne au meurtrier du roi le nom de Pierre Basile. Cette chronique, qui se termine à l'an 1135. a pour titre Clironica, sou Flores itistoriarum. Elle a été publiée, en 1841. par 11.-O. Coxe. C'est là que Mathieu Paris u puisé les détails qu'il donne sur cet événement. En voici le texte, qui présente quelques variantes avec celui de Mathien Paris; nous les signalons par des caractères italiques r 1199. Eodem texnpore, statutis, ut dictum est, treugis inter regem, Pruncorrim Philippuru et regem Anglorum Ricardnm, idem rex Anglorum in quosdarn barones Pictavite sibi rebelles vexilla direxit et arma. In civitates autem eorum et oppida iguem accumulavit, vineas et pomeria succidit, nonnullos etiaju ex adversarjis suis immiserjéorditer trucidavit. Tandem, in Aqui- //fli/tZc#r ni -'¼& -cc ?ntcL yia- -t t/f0,t,f r /0 n 'n ci-yt cci•ciinh2 4CW, e' -t a' fltente .e _,'ciA -& Co-c-.. te t'cc (-c--cI'C ec- cc eendai.cc 4en »e,.c# ct(cC-e'e^2CtC J-€t€ (/(t ,_t#lçc flt ?fl ttcLM44 ÇejQ tnt ac,,ctctyi-oc%c t[c'ttt- wvnct 9, 9 t? ' r;_ L -/Ofl vrÂ-n.i et-Ot-c-rflt-Ca A t r /C,fl c -'--4'- n,ci,t. jt5tnnwF P, ta en 2, 427?.y4ft y—....--,- -i4€- r4ccnc n aI. a-.-i- ca '3J o*1a-.-- IAmogos. - Phot, ]3ASTIER. BAS-CF{ATEAU DE CHALUS (Vite Pute do l'ouest)