anti-sismique

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anti-sismique
Article paru dans l’édition n° 1 du journal “WELT AM SONNTAG” --- 1er JANVIER 2006
(traduction faite de la langue allemande par la Société GTM-France)
Plusieurs millions de morts suite à des séismes ?
Une carte mondiale établie par des géophysiciens documente l’augmentation de la pression exercée sur les plaques tectoniques terrestres.
De nombreuses grandes villes sont menacées.
PLAQUE EURASIENNE
PLAQUE NORD AMERICAINE
PLAQUE PACIFIQUE
PLAQUE AFRICAINE
LIMITES DES PLAQUES
DIVERGENCE
Les plaques tectoniques
s’éloignent l’une de l’autre
SUBDUCTION
Les plaques tectoniques
glissent l’une sous l’autre
PLAQUE DE NAZCA
PLAQUE SUD AMERICAINE
PLAQUE INDO AUSTRALIENNE
TRANSCURRENCE
Glissement horizontal des
plaques tectoniques
Les symboles sur la carte indiquent les mouvements relatifs de
chaque plaque
(2004) World Stress Map (Carte
des plaques tectoniques)
SOURCE : HEIDELBERGER
AKADEMIE DER WISSENSCHAFTEN,
UNIVERSITÄT KARLSRUHE
PLAQUE ANTARCTIQUE
www.lagtm.com
Article paru dans l’édition n° 1 du journal “WELT AM SONNTAG” --- 1er JANVIER 2006
(traduction faite de la langue allemande par la Société GTM-France)
www.lagtm.com
Rédigé par Axel Bojanowski
LA TERRE EST SOUMISE A une très
grande pression. D’énormes forces sont
exercées sur les masses terrestres, et en
conséquence des continents entiers dérivent. A certains endroits, cette contrainte
de compression et de pression peut à tout
moment déclencher de puissants séismes,
comme par exemple en Afghanistan il y a
quelques jours. Heureusement que dans ce
cas, le séisme ne toucha qu’une région peu
peuplée.
Plusieurs douzaines de grandes villes sont
toutefois situées dans des régions extrêmement soumises aux risques de séisme. Ceci
est également confirmé par l’édition actuelle de la dénommée “World Stress Map”
(Carte des plaques tectoniques) laquelle a
été récemment présentée à Bremerhaven à
l’occasion du symposium Alfred-Wegener.
Cette carte des contraintes de compression
et de pression documente régulièrement les
forces exercées sur les plaques à environ
14 000 différents endroits de la terre. Des
géophysiciens travaillant avec Birgit Müller de l’université de Karlsruhe ont marqué
ces différents endroits d’un trait lequel indique les mouvements relatifs des plaques
occasionnés par les contraintes. Des traits
rouges montrent des contraintes dues à une
divergence, des lignes vertes signalisent un
déplacement horizontal des blocs de roches
occasionnant également des contraintes.
Finalement, les endroits marqués de traits
bleus indiquent une subduction des couches terrestres.
Les traits ne fournissent toutefois aucune
information sur l’intensité des contraintes.
Il est cependant possible de reconnaître
nettement des endroits soumis à d’extrêmes
risques de séismes. Le danger est en fait
présent, là où les contraintes peuvent aisément se décharger le long de zones de rup-
ture – donc en fait aux limites des plaques
tectoniques.
La surface terrestre est une mosaïque de
ces plaques d’une épaisseur d’environ
cent kilomètres. Les plaques avancent de
quelques centimètres chaque année. Elles
se tassent à leurs limites provoquant ainsi
une formation d’énergie. Par exemple dans
l’océan indien, au large de l’île indonésienne Sumatra, où une des plus grandes
catastrophes naturelles de tous les temps
eut lieu il y a tout juste un an. A cet endroit, la plaque tectonique indo-australienne
glisse sous la plaque eurasienne ainsi que
le montrent les lignes de contraintes bleues sur la carte. Le 26 décembre 2004, les
plaques ne furent plus en mesure de résister aux contraintes et la roche brisa – le sol
marin commença a trembler. Plus de 200
000 personnes furent victimes des vagues
de tsunami.
Il faut s’attendre à des séismes d’une magnitude semblable partout où les limites de
plaques tectoniques sont marquées de traits
bleus. Différents endroits situés à d’autres
limites de plaques tectoniques sont toutefois également menacés. Tokyo, avec une
population de 30 millions d’habitants, est
par exemple une ville tout particulièrement
menacée – la “ville qui attend sa mort” ainsi que l’a formulé, sans mâcher ses mots,
Bill McGuire, chercheur dans le domaine
des dangers du University College de Londres.
Et un grand nombre d’autres très grosses
villes sont également situées dans des zones à risques de séisme. Le danger ne cesse
de grandir, étant donné que, selon les indications des Nations Unies (UN), le nombre d’habitants dans la plupart des villes
double en l’espace de 15 ans. Dans dix ans,
25 villes compteront plus de dix millions
d’habitants dans des régions à risques de
séisme. Selon les pronostics du géologue
Roger Bilham de l’université Boulder
(Etats-Unis), il faudra bientôt compter avec
un million de morts par an suite à des séismes. Selon ses dires, ce siècle sera marqué
par un nombre inimaginable de catastrophes sismiques.
Les contraintes des plaques tectoniques
sont immenses. La carte montre que la collision des plaques tectoniques détermine
les contraintes dans les roches encore au
cœur des continents, bien loin des limites des plaques. “Nous nous attendions à
ce que des mouvements régionaux aient
plus d’influence”, dit Müller. En Europe
par exemple, l’influence des contraintes
exercées par l’Afrique qui dérive de deux
centimètres par an vers le nord, est ressentie bien plus loin au Nord. Les Alpes sont
situées dans la zone de collision. La montagne n’absorbant toutefois pas entièrement
l’énergie de l’impact, les forces de collision du sud sont également ressenties au
nord des Alpes.
L’Europe du sud-est par contre est sous
l’influence de la petite plaque anatolienne,
laquelle est poussée – comme dans un étau
- vers l’ouest entre la plaque africaine et la
plaque européenne – les lignes de contrainte s’écoulent de l’est vers l’ouest.
Au cours des 64 dernières années, des séismes catastrophiques le long de la faille
nord anatolienne ont réduit la pression des
roches. Seule leur extrémité occidentale
figure maintenant encore dans un extrême
état de tension : l’arc de Marmara sur une
longueur de 160 kilomètres, au sud de la
métropole Istanbul avec plusieurs millions
d’habitants.
Une des failles probablement la plus dangereuse de la croûte terrestre traverse la Californie – la faille San Andreas. La plaque
nord-américaine et la plaque pacifique glissent le long de cette faille, ceci provoquant
souvent des séismes, même à Los Angeles
Terre dynamique
PLAQUES MOBILES
Il y a plusieurs millions
d’années, l’Amérique du Sud
et l’Afrique formaient une seule
masse. Alors que ces deux
continents s’éloignaient l’un de
l’autre, les Indes se déplacèrent
de l’Afrique orientale vers le
nord et entrèrent ainsi en collision avec le continent eurasien.
Cette dérive des continents est
due à la fragmentation de la
croûte terrestre en de nombreuses plaques lesquelles flottent
sur le manteau terrestre en
étant entraînées par la chaleur
sortant de l’intérieur de la terre.
Et les plaques se déplacent
encore aujourd’hui.
ALFRED WEGENER
Alfred Wegener, né le 1er
novembre 1880 à Berlin, fut le
premier à constater la dynamique des plaques tectoniques.
La théorie qu’il développa à
partir de 1910 fut toutefois rejetée pratiquement à l’unanimité
par tous les scientifiques lors de
congrès spéciaux. Ce n’est que
dans les années cinquante que
ses idées gagnèrent une reconnaissance internationale dans
le cadre de la tectonique des
plaques. Et depuis, Wegener
est considéré comme le “Père
de la dérive des continents”. Il
décéda au mois de novembre
1930 lors d’une expédition arctique dans les glaciers éternels.
et à San Francisco. Toutefois, sur la carte
établie par les chercheurs de Karlsruhe, la
faille San Andreas se révèle être plutôt docile. “La faille San Andreas est une zone
de perturbation à faible friction”, ainsi que
l’explique Müller. Les lignes de contrainte
pratiquement perpendiculaires à la faille
démontrent cette constatation. La contrainte est relativement faible dans le sens
du mouvement des plaques tectoniques.
Un forage à travers les limites des plaques
est actuellement effectué afin d’expliquer
pourquoi alors de graves séismes ont toujours lieu à cet endroit.
La “World Stress Map” (Carte des plaques
tectoniques terrestres) repose principalement sur des données scientifiques résultant de séismes. Il est possible de visualiser
gratuitement sur Internet des découpes de
cartes pour chaque région du monde. Environ 1000 sociétés, surtout des sociétés de
l’industrie pétrolière, font d’ailleurs tous
les mois usage de cette offre.
La carte ne peut toutefois pas être utilisée
comme système avertisseur de séismes. Les
coups frappent encore de manière très inattendue, les sismologues n’ont pas encore
pu détecter de nets signes avertisseurs. Les
chercheurs déterminent aujourd’hui cependant la probabilité de séismes – leurs calculs résultent d’une suite de puissants séismes ayant touché une région précise dans
le passé. Les sismologues supposent que la
contrainte augmente au fil des années. De
plus longues phases de calme signalisent
en fait une augmentation de la probabilité des séismes. Les signaux émis par des
satellites enregistrant des mouvements de
plaques sont considérés comme des indicateurs de contrainte croissante. Par contre,
personne ne sait exactement quand la contrainte sera trop grande et à quel moment
la terre commencera vraiment à trembler.
Cela peut en fait arriver à tout moment.
Article published in edition NO 1 „WELT AM SONNTAG --- 1 JANUARY 2006
(translation done from the German language by GTM-France)
Millions of deaths from earthquakes?
A world map compiled by geophysicists documents the growing pressure on the tectonic plates. Many cities are at risk.
EURASIAN PLATE
NORTH AMERICAN PLATE
PACIFIC PLATE
AFRICAN PLATE
PLATE BOUNDARIES
DILATATION
Tectonic plates move apart
COMPRESSION
One tectonic plate is
pushed over another
TRANSLATION
Tectonic plates move
laterally relative to each
other
NAZCA PLATE
SOUTH AMERICAN PLATE
INDO-AUSTRALIAN PLATE
Symbols indicate direction
of stress
(2004) World Stress Map
SOURCE: HEIDELBERGER
AKADEMIE
DER WISSENSCHAFTEN,
UNIVERSITÄT KARLSRUHE
ANTARCTIC PLATE
www.lagtm.com
Article published in edition NO 1 „WELT AM SONNTAG --- 1 JANUARY 2006
(translation done from the German language by GTM-France)
www.lagtm.com
By Axel Bojanowski
THE EARTH is under enormous
pressure. Huge forces are exerted on
the land masses – shifting entire continents. At certain points the stress
can trigger powerful earthquakes at
any given moment. Just like a few
days ago in Afghanistan. Fortunately, on this occasion, the quake hit a
sparsely populated region.
However, there are also dozens of large cities that are located in high-risk
earthquake zones. This is confirmed
by the latest edition of the so-called
“World Stress Map” which was recently presented at the Alfred-Wegener Symposium in Bremerhaven,
This stress map documents the rock
stress at about 14,000 locations
around the Earth at regular intervals.
Geophysicists working with Birgit
Müller from the University of Karlsruhe have marked each one of these
points with a line indicating the direction of the active forces. The red
lines indicate stress caused by dilatation, while the green lines show
where plates are grinding past each
other, generating pressure. Finally,
the blue lines indicate where one plate is being pushed over another.
The marks do not give any information about the magnitude of the stress.
Nevertheless, the high-risk earthquake zones are easily identifiable: they
exist wherever the pressure along
rupture zones can be easily released
– namely at the plate boundaries.
The Earth’s surface is a mosaic of
these approximately 100 kilometres
thick plates. They move at a rate of
a few centimetres a year. At their
boundaries, they jam and there is a
build-up of energy. An example of
this is found in the Indian Ocean, off
the island of Sumatra, where one of
the worst natural disasters of all time
was triggered just over a year ago:
here the Indo-Australian plate jolts
and judders as it is pushed under the
Eurasian plate, as indicated by the
blue stress lines on the map. On Boxing Day 2004 something gave way
and there was a sudden shift between
the plates, causing massive upheaval
of the seabed. The resulting tsunami
killed well over 200,000 people.
Earthquakes of similar magnitude
have to be expected wherever plate
boundaries are marked with blue lines. But places located on other plate
boundaries are at risk as well. Tokyo,
with its population of 30 million, is
at particular risk – “the city that is
waiting to die,” as Bill McGuire, a
hazard researcher at London University College, dramatically puts it.
But many more mega cities are located in earthquake zones. The danger is increasing, for most cities will
double their populations within 15
years, according to United Nations
data. It also forecasts that in ten years’ time there will be 25 cities with
populations of over ten million in
earthquake zones. Geologist Roger
Bilham of the University of Boulder,
USA, is therefore already predicting
a million earthquake deaths per year
in the not too distant future. According to Bilham, this century will wit-
ness more catastrophic earthquake
disasters than ever before.
The pressure in the tectonic plates is
immense: the map shows that the collision of the plates even determines
the stress in the rocks at the centre
of the continents, far away from the
plate boundaries. “We had expected
regional movements to have a stronger influence,” says Müller. In Europe, for example, the influence of the
African plate, which is moving north
at a rate of two centimetres a year,
is felt far to the north. In the crumple zone you have the towering Alps.
However, they do not absorb all of
the impact energy. As a result, the
collision forces from the south are
felt to the north of the Alps as well.
South East Europe, on the other hand,
is influenced by the small Anatolian
plate, which is being pushed westwards, as if in a vice, between the
African and European plates – the
stress lines run from east to west.
Along the North Anatolian Fault, the
rock stress has been decreased by a
series of devastating earthquakes in
the last 64 years. Only the western
end of the fault remains in the highest state of tension: the 160 km Sea
of Marmara section to the south of
Istanbul.
One of the supposedly most dangerous fault lines in the Earth’s crust
runs through California – the San
Andreas Fault. Here the North American and Pacific Plates grind past
each other, resulting in frequent
earthquakes, including in Los Angeles and San Francisco. Yet San An-
Dynamic Earth
MOVING PLATES
Millions of years ago, South
America and Africa were part
of the same continent. As they
drifted apart, India moved
north away from East Africa
and collided with the Eurasian
continent. This continental
drift is due to the fact that the
Earth’s crust is fragmented
into many plates which float
on the Earth’s mantle, a process that is driven by the heat
rising from inside the Earth.
And the plates are still moving
today.
ALFRED WEGENER
The first person to recognise
the movement of the Earth’s
plates was Alfred Wegener,
who was born in Berlin on 1
November 1880. However,
the theory he developed from
1910 was almost unanimously
rejected at scientific conferences. It was not until the
1950s that his ideas received
international recognition in
the context of plate tectonics.
Since then Wegener has been
regarded as the “father of
continental drift”. He died on
an Arctic expedition in November 1930
dreas turns out be relatively tame on
the Karlsruhe researchers’ map. “The
San Andreas Fault is a fault line with
little friction,” explains Müller. This
is borne out by the stress lines being
almost perpendicular to the fault:
there is relatively little stress in the
direction of movement of the plates.
Scientists are currently carrying out
drilling operations in the fault zone
to try to explain why, in spite of this,
the area keeps experiencing powerful
earthquakes.
The World Stress Map is based primarily on scientific data from earthquakes and drilling operations. Map
sections for any region of the world
can be accessed free of charge on the
internet. Each month around 1,000
firms, mainly from the oil industry,
make use of this service.
However, the map is no good as an
early warning system for earthquakes. The shocks are still occurring in
an unpredictable way, and the seismologists have not yet been able to
make out any clear warning signs. At
least the researchers can now determine the probability of earthquakes
– their calculations are based on the
sequence of powerful earthquakes in
a particular region in the past. The
seismologists assume that stress increases over time. Longer quiet spells
mean an increased earthquake risk.
Satellite signals used for measuring
plate movements provide indications
of stress build-up. But no-one knows
when that stress will get too great and
an earthquake will actually strike. It
could happen at any moment.