Cybercriminalité et responsabilité du chef d - MEDEF Lyon

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Cybercriminalité et responsabilité du chef d - MEDEF Lyon
Cybercriminalité et responsabilité du chef
d’entreprise
MEDEF LYON RHONE – 28 avril 2015
Xavier VAHRAMIAN, Avocat Associé
Sommaire
INTRODUCTION
DELITS SUBIS PAR LES ENTREPRISES
DELITS COMMIS PAR LES ENTREPRISES
INTRODUCTION
DEFINITION DE LA CYBERCRIMINALITE :
Toutes les infractions pénales commises ou tentées à l’encontre ou au
moyen d’un système d’information et de communication :
 Des infractions totalement spécifiques comme celles qui sont
dirigées contre le système d’information lui-même;
 Des infractions de droit commun, commises au moyen de ces
nouvelles technologies de l’information et de la communication. Là
aussi le domaine est particulièrement large : dénigrement de
l’entreprise, cyber escroqueries telle que l’usurpation d’identité en
ligne, l’atteinte à la propriété intellectuelle, au secret professionnel,
aux droits d’auteur.
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INTRODUCTION
Selon une étude de 2013 réalisée par la société KAPERSKY, plus d’un
tiers des entreprises françaises de moins de 250 salariés auraient été
victimes de cyber-attaques cette année là, soit une augmentation de
plus 42% par rapport à 2012.
2014 et 2015 ont vu une « explosion » de la cybercriminalité touchant
tout type d’entreprise.
INFRACTIONS LES PLUS COURANTES :
-
Escroquerie au paiement via usurpation ou pas d’identité,
-
Vols de données de l’extérieur,
-
Vol de données de l’intérieur de l’entreprise,
-
Atteinte à la réputation.
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DELITS SUBIS PAR LES ENTREPRISES
1- ATTEINTE AUX DONNEES ET SYSTEMES
- Accès ou maintien dans un STAD : Article 323-1 du Code Pénal :
« Le fait d'accéder ou de se maintenir, frauduleusement, dans tout ou partie d'un
système de traitement automatisé de données est puni de deux ans
d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende.
Lorsqu'il en est résulté soit la suppression ou la modification de données contenues dans
le système, soit une altération du fonctionnement de ce système, la peine est de trois
ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende.
Lorsque les infractions prévues aux deux premiers alinéas ont été commises à l'encontre
d'un système de traitement automatisé de données à caractère personnel mis en œuvre
par l'Etat, la peine est portée à cinq ans d'emprisonnement et à 75 000 € d'amende. »
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DELITS SUBIS PAR LES ENTREPRISES
Qu’est-ce qu’un système ?
Tout ensemble composé d’une ou plusieurs unités de traitement, de
mémoire, de logiciels, de données, d’organes ENTRÉE-SORTIE et de
liaisons qui concourent à un résultat déterminé.
- Entrave ou faussement du fonctionnement d’un STAD : Article
323-2
« Le fait d'entraver ou de fausser le fonctionnement d'un système de traitement
automatisé de données est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros
d'amende.
Lorsque cette infraction a été commise à l'encontre d'un système de traitement
automatisé de données à caractère personnel mis en œuvre par l'Etat, la peine est
portée à sept ans d'emprisonnement et à 100 000 € d'amende. »
DELITS SUBIS PAR LES ENTREPRISES
- Introduction frauduleuse de données dans un STAD ou
suppression ou modification de données dans un STAD :Article
323-3
«
Le fait d'introduire frauduleusement des données dans un système de traitement
automatisé, d'extraire, de détenir, de reproduire, de transmettre, de supprimer ou de
modifier frauduleusement les données qu'il contient est puni de cinq ans
d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende.
Lorsque cette infraction a été commise à l'encontre d'un système de traitement
automatisé de données à caractère personnel mis en œuvre par l'Etat, la peine est
portée à sept ans d'emprisonnement et à 100 000 € d'amende. »
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DELITS SUBIS PAR LES ENTREPRISES
2- ESCROQUERIES
Article 313-1 du Code Pénal :
« L'escroquerie est le fait, soit par l'usage d'un faux nom ou d'une fausse qualité, soit par
l'abus d'une qualité vraie, soit par l'emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une
personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice
d'un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service
ou à consentir un acte opérant obligation ou décharge.
L'escroquerie est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 375 000 euros d'amende.
»
L’utilisation de l’ordinateur comme simulateur ou comme
intimidateur constitue les manœuvres frauduleuses. Nombreuses
illustrations citées dans le 2 première interventions.
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DELITS SUBIS PAR LES ENTREPRISES
3- ABUS DE CONFIANCE PAR USAGE DE BIENS
INFORMATIQUES
Article 314-1 du Code Pénal :
«
L'abus de confiance est le fait par une personne de détourner, au préjudice d'autrui,
des fonds, des valeurs ou un bien quelconque qui lui ont été remis et qu'elle a acceptés
à charge de les rendre, de les représenter ou d'en faire un usage déterminé.
L'abus de confiance est puni de trois ans d'emprisonnement et de 375 000 euros
d'amende. »
ILLUSTRATIONS JUDICIAIRES :
Cour d’Appel de PARIS 9ème Chambre - 25 avril 2003 : Abus de
confiance dans une affaire où le salarié utilisait le matériel informatique
mis à sa disposition pour accéder à un site érotique et échangiste et
stocker sur le disque dur de l’ordinateur les photographies
pornographiques ainsi obtenues.
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DELITS SUBIS PAR LES ENTREPRISES
Cour d’Appel de PARIS 9ème Chambre - 25 février 2005 : Abus de
confiance par l’envoi par un salarié de fichiers vers l’ordinateur utilisé
dans le cadre de son nouvel emploi, comme un détournement de
documents au sens du texte pénal.
Cour de Cassation Chambre Criminelle - 19 juin 2013
L’utilisation par un salarié de son temps de travail et des moyens mis à
sa disposition par son employeur à des fins autres que celles pour
lesquelles elle perçoit une rémunération constitue un abus de
confiance.
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DELITS SUBIS PAR LES ENTREPRISES
4- VOL DE DONNES INFORMATIQUES : PROBLEMATIQUE
Le vol de données par un salarié est une question qui a longtemps été
jugée problématique par les juridictions.
La Cour de Cassation juge en effet que seule la soustraction d’un bien
corporel de type disquette, CD ROM, papier, permet de voir appliquer
la qualification de vol.
Les professionnels du droit utilisent parfois la qualification d’abus de
confiance qui suppose préalablement néanmoins la remise des fichiers
litigieux à la personne auteur du méfait.
La Cour d’Appel de PARIS, dans un arrêt du 5 février 2014, a, quant à
elle, clairement retenu la qualification de vol de fichiers informatiques,
quand bien même lesdits fichiers n’ont pas été copiés sur un support
matériel qui aurait également fait l’objet de soustraction.
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DELITS SUBIS PAR LES ENTREPRISES
De nombreux auteurs considèrent à juste titre qu’aujourd’hui le secret
des affaires doit être davantage protégé.
Plusieurs propositions de Loi ont été déposées dans ce sens qui, à ce
stade, n’ont jamais été adoptées
5- ATTEINTE A LA DIGNITE : INJURES, DIFFAMATION…
Une diffamation est une allégation ou imputation d'un fait non avéré qui
porte atteinte à l'honneur ou à la considération d'une personne. C'est
une articulation précise de faits précis et objectifs pouvant sans
difficulté, être l'objet d'une vérification et d'un débat contradictoire.
Une injure est une invective, une expression outrageante ou
méprisante, non précédée d'une provocation et qui n'impute aucun fait
précis à la victime. Le qualificatif attribué ne peut pas être vérifié.
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DELITS SUBIS PAR LES ENTREPRISES
6- USURPATION D’IDENTITE
Le nouvel article 226-4-1 du code pénal issu de la loi LOPPSI 2 du 14
mars 2011 dispose que :
« Le fait d’usurper l’identité d’un tiers ou de faire usage d’une ou plusieurs données de
toute nature permettant de l’identifier en vue de troubler sa tranquillité ou celle d’autrui,
ou de porter atteinte à son honneur ou à sa considération, est puni d’un an
d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende ».
L’alinéa 2 de l’article 226-4-1 précité du Code pénal dispose que « Cette infraction est
punie des même peines lorsqu’elle est commise sur un réseau de communication au
public en ligne.
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DELITS COMMIS PAR LES ENTREPRISES
Sans le savoir, un grand nombre d’entreprises utilise des fichiers, des
données sans respecter une législation spécifique issue de la Loi
Informatique et Liberté.
Cette Loi prévoit deux grands types d’obligation :
- d’une part la déclaration à la CNIL de tout traitement automatisé
d’informations nominatives;
- D’autre part, la sécurisation des données, afin d’empêcher qu’elles
soient endommagées, ou que des tiers y aient accès.
1ère obligation : Déclaration de traitement, non respect des normes
simplifiées, Fait de collecter des données à caractère personnel par un
moyen frauduleux, ou illicite ….
Sanctions : Article 226-16 du code Pénal :cinq ans d'emprisonnement
et de 300 000 euros d'amende.
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DELITS COMMIS PAR LES ENTREPRISES
2ème obligation :
Article 34 de la Loi Informatique et Liberté :
Le responsable du traitement est tenu de prendre toutes précautions
utiles, au regard de la nature des données et des risques présentés
par le traitement, pour préserver la sécurité des données et,
notamment, empêcher qu'elles soient déformées, endommagées, ou
que des tiers non autorisés y aient accès.
Sanctions : Article 226-17 du code Pénal :
Le fait de procéder ou de faire procéder à un traitement de données à
caractère personnel sans mettre en œuvre les mesures prescrites à
l'article 34 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 précitée est puni de cinq
ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende.
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DELITS COMMIS PAR LES ENTREPRISES
LOI DE PROGRAMMATION MILITAIRE ET DIRECTIVE
EUROPENNE
3 grandes catégories d’obligations, portant sur la détection et la gestion
des risques, la notification des incidents, et les mesures de sécurité et
audits.
Détection et gestion des risques
La proposition de directive dispose que les organismes concernés
doivent prendre des mesures préventives, d’ordre technique et
organisationnel, visant à détecter et gérer les risques menaçant la
sécurité de leurs réseaux et systèmes informatiques (RSI).
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DELITS COMMIS PAR LES ENTREPRISES
La LPM 2014-2019 prévoit que dans certains cas, les OIV ont
l’obligation de mettre en œuvre des systèmes qualifiés de détection
des évènements susceptibles d’affecter la sécurité de leurs systèmes
d’information.
Notification des incidents
Le projet de texte européen prévoit que les acteurs du marché doivent
notifier à l’autorité compétente, sans retard injustifié, “les incidents qui
ont impact significatif”. Il s’agit d’incidents qui portent atteinte à la
sécurité et à la continuité d’un réseau ou d'un système d'information et
qui entraînent une perturbation notable de fonctions économiques ou
sociétales essentielles.
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DELITS COMMIS PAR LES ENTREPRISES
La LPM 2014-2019 met également, à la charge des OIV, une obligation
de déclarer sans délai au Premier ministre les incidents affectant le
fonctionnement ou la sécurité de leurs SI. La loi ne définit pas la notion
d’incident, qui doit être précisée par décret, ainsi que les modalités de
la notification. En outre, la loi française ne prévoit pas expressément la
possibilité pour l’Anssi ou les services de l’Etat d’informer le public en
cas d’incident.
Mesures de sécurité et audit
Les OIV doivent, d’une part respecter les règles et mesures de sécurité
élaborées par le Premier ministre et, d’autre part soumettre leur SI à
des audits destinés à vérifier le niveau de sécurité et le respect des
règles de sécurité. Ces contrôles seront réalisés par des prestataires
de service “qualifiés” ou les agents de l’Anssi.
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DELITS COMMIS PAR LES ENTREPRISES
Les sanctions en cas de non-respect des obligations
La LPM 2014-2019 sanctionne les manquements à la loi d’une
amende de 150.000 €, s’élevant à 750.000 € pour les personnes
morales. La loi française ne distingue pas selon que le manquement
est ou non intentionnel. La simple négligence est donc en principe
condamnable.
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