Cal li gramme

Transcription

Cal li gramme
Cal
li
gramme
Objectif : chaque classe apporte un calligramme en rapport avec le thème de la
montagne (de préférence sur un papier Canson, format A3).
Compétences visées pour le cycle 3 :
Programmes 2008
Littérature :
- Lire un poème
- Comprendre un poème
- Fréquenter des œuvres littéraires, acquérir un répertoire de référence et des éléments de
culture humaniste, s’inscrire dans une culture commune,
- Établir des relations entre des textes ou des œuvres (même auteur, même forme donnée
au poème)
Ecriture
Ecriture :
- Maîtriser l’écriture manuscrite, la précision du geste et la propreté.
- Copier sans erreur un texte
- Écrire un texte de type poétique en obéissant à une ou plusieurs consignes précises.
Arts visuels
- Développer son sens esthétique et ses capacités d’expression et de création par la
rencontre sensible et raisonnée avec des œuvres ;
- Parfaire sa maîtrise du geste.
Socle commun (Palier 2)
- S’exprimer à l’écrit ;
- Lire seul des textes du patrimoine ;
- Lire et utiliser différents langages ;
- Pratiquer le dessin et diverses formes d’expressions visuelles et plastiques
- Inventer et réaliser des textes et des œuvres plastiques à visée artistique ou expressive.
1
Première séance : qu’estqu’est-ce qu’un calligramm
calligramme ?
Compétences :
- Connaître la forme poétique particulière qu’est le calligramme, connaître le terme
«calligramme» ;
- Connaître le nom du poète l’ayant inventé.
Démarche :
- Reproduire en grand format le calligramme « La cravate » (Annexe 1, case n°4 du
tableau) ;
- Réaliser un cache en noir recouvrant le texte afin que la forme du calligramme apparaisse
plus facilement ; découper cette forme noire en bandes, de sorte que les parties du texte
puissent devenir lisibles lorsque l’on retire les bandes (Annexe 1, cases n°1 et 2 du tableau)
- Faire énoncer des hypothèses sur l’objet représenté et les noter ;
- Chercher à valider ces hypothèses au fil du dévoilement des parties de texte (Annexe 1,
case n°3 du tableau) : en fonction des hypothèses, choisir les bandes à enlever (ex : si l’on
pense qu’il s’agit d’un animal, on enlève la bande qui pourrait dévoiler le museau…)
- Une fois le calligramme complètement dévoilé :
Etablir le lien entre la représentation et le contenu du texte ;
Identifier le type de texte (poème), donner son auteur (Guillaume Appollinaire),
donner le nom de « calligramme » (terme dont l’explication sera donnée lors d’une
séance suivante) ;
Analyser le procédé : réalisation de la forme avec les mots, coupures particulières
des mots, absence d’espace entre les mots, sens de lecture (Où commencer à le
lire ?)
Réécrire le poème en vers, à partir de l’identification des césures opérées par
l’auteur et de leur transformation. De nombreuses formes pourront être observées.
Exemples :
La cravate douloureuse
que tu portes et qui t’orne
ô ! civilisé
Ote-la si tu veux bien
respirer
La cravate
douloureuse que tu portes
et qui t’orne
ô ! civilisé
Ote-la
si tu veux bien respirer
La cravate douloureuse
que tu portes et qui t’orne
ô ! civilisé
Ote-la
si tu veux
bien respirer
L’ordinateur est un très bon outil à utiliser pour cette activité.
Observer, analyser les effets de la nouvelle structure sur le rythme du poème lors
d’une lecture à voix haute (percevoir le lien entre organisation spatiale et rythme) ;
Re-travailler la ponctuation de la poésie, en fonction de l’effet souhaité : si cette
question n’a pas encore été abordée en classe précédemment, partir d’observations
de poésie déjà connue ou non avant de ponctuer la nouvelle poésie.
2
Deuxième séance
séance : la forme du calligramme
Compétences :
- Connaître différentes formes de calligrammes ;
- Donner la forme d’un calligramme à un texte poétique déjà écrit.
Démarche :
- Observer, lire et analyser différents calligrammes (annexe 2) ;
- Repérer, lister leurs caractéristiques : orientation des lettres, typographie (script/cursive ;
majuscules/minuscules), groupes de lettre ou linéarité dans la succession des lettres
(césures ou accolement des mots) ;
- Transformer un texte poétique déjà écrit en calligramme : partir d’une poésie (ou une
partie de poésie) déjà apprise en classe, de textes courts (comme les poésie du bestiaire
d’Apollinaire en annexe 3) :
Choisir une poésie (ou une partie de poésie) ;
Imaginer une représentation possible ou utiliser un dessin existant, ou en inventer
un : s’aider du traçage des lignes au crayon comme guide et que l’on effacera
ensuite, utiliser un calque pour reproduire les lignes, utiliser un logiciel de
traitement d’image pour obtenir les lignes (bichromie), utiliser un logiciel de
TNI…
Le logiciel Inskape peut être utilisé pour réaliser des calligrammes, mais il est
important que les élèves en réalisent manuellement. (gratuit, téléchargement sur
http://www.inkscape.org/download/,Annexe 4).
Ecriture collective d’une synthèse expliquant ce qu’est le calligramme dans le
cahier de français (ou tout autre support de la classe destiné à cet effet).
Troisième séance : le haïkus
(A mettre en œuvre si l’on souhaite utiliser ce type d’écrit poétique particulier)
particulier)
Le haïku est une forme poétique très codifiée d'origine japonaise, extrêmement brève et à forte
composante symbolique, visant à dire l'évanescence des choses.
Compétences
- Connaître un type de poésie particulier : le haïkus ;
- En connaître les caractéristiques.
Démarche
- Ecoute de haïkus (Annexe 3). Mise en évidence des caractéristiques : sujet traité,
longueur du texte, organisation, ponctuation… ;
- En choisir un pour l’apprendre et le réciter.
3
Quatrième séance
séance : écrire un calligramme
Cette séance propose de faire écrire des haïkus aux élèves et de les transformer en calligramme. Ce
choix du haïku peut cependant s’avérer plus difficile qu’il n’y paraît, notamment pour l’écriture.
Si vous souhaitez faire écrire à vos élèves un autre type de texte poétique, vous pouvez consulter
l’annexe 5 où sont listées des propositions d’activités.
Compétences :
- Ecrire un texte poétique court : un haïku ;
- Lui donner la forme d’un calligramme.
Démarche : du texte descriptif
descriptif (d’un paysage) au haïku
Donner aux élèves des descriptions de paysage (annexe 6). Sélectionner des
éléments par découpage : ne garder que les éléments descriptifs, qui donnent des
indications sur le paysage
Exemple : Plus le soleil était loin de la mer, plus il était violent sans doute. Je n’avais jamais
observé une nature comme celle qui m’entourait. Des herbes hautes,
hautes serrées,
serrées avaient mollement
grandi partout. Ici et là, elles étaient dominées par des arbres,
arbres des épineux le plus souvent.
Parmi ces éléments de descriptions, n’en garder que 3 ou 4 (voire moins) ;
Chercher à ordonner les mots différemment par rapport au texte initial ;
Compléter ces groupes nominaux pour opérant des liaisons entre les mots : insérer
des mots d’autres champs lexicaux et éventuellement un verbe pour l’obtention
d’un poème court (Annexe 8). Lecture des haïkus obtenus ;
Les mettre en forme pour obtenir un calligramme : le texte étant court, les élèves
réaliseront une forme simple (branche, feuille…)
Cinquième
Cinquième séance
séance : écrire un calligramme autour du thème de la
montagne (ou de la nature)
(En mettre un en forme pour l’amener le jour du raid)
Compétences
Compétences
- Ecrire un texte poétique sur le thème de la montagne ;
- Donner au texte la forme d’un calligramme.
Démarche
- Ecrire un poème sur le thème de la montagne (ou de la nature) :
un haïku (à partir du lexique déjà découvert dans les autres disciplines) ;
un poème qui peut être obtenu par transformation d’un poème ou d’une partie de
poème existant (Annexes 5 et 7, par combinaison de poèmes…) ;
- Lui donner la forme d’un calligramme, éventuellement avec les mêmes procédés que
ceux décrits pour la séance 2.
Anthologie complémentaire de poèmes sur la nature :
http://ecprim.lefuilet.free.fr/poesies.htm#na
http://www.takatrouver.net/poesies/index.php?profil=poesie&r1=Nature&a=liste
4
Prolongement possible : du calligramme
calligramme à l’idéogramme (découvrir
un autre système de transcription de la langue)
langue).
Compétence :
- Connaître l’origine du mot calligramme :
C'est Guillaume Apollinaire qui est à l'origine du mot dans un recueil de 1918. Ce mot est formé par
la contraction de «calligraphie» et d'«idéogramme». S’intéresser également à la signification de ces
deux mots (Wikipédia). La calligraphie est, étymologiquement, l'art de bien former les caractères
d'écriture.
« Un idéogramme est un symbole graphique représentant un mot ou une idée utilisé dans certaines
langues vivantes, comme le chinois et le japonais, ou anciennes comme les hiéroglyphes de l'Égypte
antique ».
- Connaître d’autre façon du coder du langage.
Démarche :
- A l’aide de l’outil Informatique ou d’un dictionnaire, chercher la définition du
mot « calligramme ». Compléter la synthèse du cahier de français.
- Collecter des idéogrammes, s’entraîner à les reproduire.
Exemples :
Pays
Idéogramme
Egypte
Objet représenté
Sens
pied
« endroit (où on pose
le pied) »
Chine
Eau
Japon
arbre
- Inventer un langage idéographique spécifique à la classe.
- Travailler la calligraphie : voir valise « Art et écrit », Conseiller pédagogique Arts
Visuels (Aurillac 3)
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Annexe 1 : qu’estqu’est-ce qu’un calligramme ?
1
2
3
4
6
Annexe 2 : anthologie de calligrammes
Guillaume Appollinaire
Max Jacob
Daniel Bruges
Guillaume Apollinaire
Guillaume Apollinaire
7
Andrée Chédid
Max Jacob
Andrée Chédid
Jacques Charpentreau,
mon premier livre de devinettes
8
Annexe 3 : anthologie de textes poétiques
Le bestiaire ou cortège d’Orphée, Apollinaire
Le Serpent
La Chèvre du Thibet
Tu t’acharnes sur la beauté.
Et quelles femmes ont été
Victimes de ta cruauté !
Ève, Eurydice, Cléopâtre ;
J’en connais encor trois ou quatre.
Les poils de cette chèvre et même
Ceux d’or pour qui prit tant de peine
Jason, ne valent rien au prix
Des cheveux dont je suis épris.
Le Dromadaire
Le Chat
Avec ses quatre dromadaires
Don Pedro d’Alfaroubeira
Courut le monde et l’admira.
Il fit ce que je voudrais faire
Si j’avais quatre dromadaires.
Je souhaite dans ma maison :
Une femme ayant sa raison,
Un chat passant parmi les livres,
Des amis en toute saison
Sans lesquels je ne peux pas vivre.
L’Éléphant
La Souris
Comme un éléphant son ivoire,
J’ai en bouche un bien précieux.
Pourpre mort !… J’achète ma gloire
Au prix des mots mélodieux.
La Sauterelle
Belles journées, souris du temps,
Vous rongez peu à peu ma vie.
Dieu ! Je vais avoir vingt-huit ans,
Et mal vécus, à mon envie.
La Chenille
Voici la fine sauterelle,
La nourriture de saint Jean.
Puissent mes vers être comme elle,
Le régal des meilleures gens.
Le travail mène à la richesse.
Pauvres poètes, travaillons !
La chenille en peinant sans cesse
Devient le riche papillon.
Le Hibou
La Puce
Mon pauvre cœur est un hibou
Qu’on cloue, qu’on décloue, qu’on recloue.
De sang, d’ardeur, il est à bout.
Tous ceux qui m’aiment, je les loue.
Les Sirènes
Puces, amis, amantes même,
Qu’ils sont cruels ceux qui nous aiment !
Tout notre sang coule pour eux.
Les bien-aimés sont malheureux.
Le Paon
Sachè-je d’où provient, Sirènes, votre ennui
Quand vous vous lamentez, au large, dans la nuit ?
Mer, je suis comme toi, plein de voix machinées
Et mes vaisseaux chantants se nomment les années.
La Carpe
Dans vos viviers, dans vos étangs,
Carpes, que vous vivez longtemps !
Est-ce que la mort vous oublie,
Poissons de la mélancolie.
En faisant la roue, cet oiseau,
Dont le pennage traîne à terre,
Apparaît encore plus beau,
Mais se découvre le derrière.
L’Écrevisse
Incertitude, ô mes délices
Vous et moi nous nous en allons
Comme s’en vont les écrevisses,
À reculons, à reculons.
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La Méduse
Le Poulpe
Méduses, malheureuses têtes
Aux chevelures violettes
Vous vous plaisez dans les tempêtes,
Et je m’y plais comme vous faites.
Le Dauphin
Jetant son encre vers les cieux,
Suçant le sang de ce qu’il aime
Et le trouvant délicieux,
Ce monstre inhumain, c’est moi-même.
Dauphins, vous jouez dans la mer,
Mais le flot est toujours amer.
Parfois, ma joie éclate-t-elle ?
La vie est encore cruelle.
Anthologie de Haïkus
L’hiver, lissier d’herbe
a noué point après point
le tapis des prés
Frappé par la foudre
le cèdre de mon jardin
lui aussi, revit
Equinoxes et solstices, Jacques Ferlay,
L’amourier
Equinoxes et solstices, Jacques
Ferlay, L’amourier
La pluie a suffi
A laver le noir hiver
Palette des fleurs
Au balcon d’aurore
confettis de chants d’oiseaux
L’arbre dit sa joie
Equinoxes et solstices, Jacques Ferlay,
L’amourier
Sur le tronc du chêne
troussant le jupon des feuilles
La main du soleil
Equinoxes et solstices, Jacques
Ferlay, L’amourier
Aube safranée
Sables de ciel et de terre
Les dunes se mêlent
Equinoxes et solstices, Jacques Ferlay,
L’amourier
Le vent est passé
Sur les champs bleus de lavande
Sans s’y colorer
Equinoxes et solstices, Jacques
Ferlay, L’amourier
Etang de blé d’or
Un vent de chaleur agite
Les lianes de l’air
Equinoxes et solstices, Jacques Ferlay,
L’amourier
Equinoxes et solstices, Jacques
Ferlay, L’amourier
Une feuille chue
courant après la rivière
aussi vite qu’elle
Humbles au printemps
feuilles fardées pour mourir
coquettes d’automne
Equinoxes et solstices, Jacques Ferlay,
L’amourier
Equinoxes et solstices, Jacques
Ferlay, L’amourier
Rodéo du vent
Invisible cavalier
couronné de feuilles
Eau et glace vont
bras dessus bras dessous
riant de l’hiver
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Equinoxes et solstices, Jacques Ferlay,
L’amourier
Le printemps est là !
sur la montagne sans nom
brume matinale
Equinoxes et solstices, Jacques
Ferlay, L’amourier
Au parfum des pruniers
soudain le soleil se lève –
sentier de montagne !
Cent onze haikus, Basho, Verdier
La cascade claire –
les aiguilles de pins vertes
tombent dans les flots
Cent onze haikus, Basho, Verdier
Et jardin et montagnes –
leur vitalité pénètre
le salon d’été
Cent onze haikus, Basho, Verdier
Cent onze haikus, Basho, Verdier
Une lune vive
pourtant les cimes des arbres
retiennent la pluie
Cent onze haikus, Basho, Verdier
Soleil rouge vif
impitoyable et déjà
le vent d’automne
Cent onze haikus, Basho, Verdier
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Annexe 4 : comment utiliser le logiciel Inskape
(http://www4.ac-nancy-metz.fr/ia55/socle/calligrammes.pdf)
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Annexe 5 : Propositions d’activités
d’activités pour écrire
écrire des textes poétiques
La phase de familiarisation (l’audition de poésies) est essentielle et doit être suffisamment
longue.
Travail sur l’organisation spatiale
Mettre en évidence le lien organisation spatiale du poème/écoute (strophes, longueur
des vers….) ;
Utiliser l’ordinateur pour mettre en forme une poésie, à partir d’un modèle ;
Observer et lire des calligrammes ;
Observer et écrire des acrostiches.
Travail à partir de structures de poésies
Compléter, transposer une poésie en respectant sa structure ;
Ecrire une recette de poésie (à la manière de R. Queneau, Pour un art poétique) ;
Ecrire des phrases commençant par des infinitifs, comme dans l’album « Les p’tits
riens » ou « Les petits bonheurs » ;
Etablir un inventaire : dans ma trousse, il y a… ;
Ecrire une litanie : si j’étais…, je savais.., j’aime…, pourquoi… ;
Mélanger deux poésies : prendre une phrase de l’une, puis une de l’autre… ;
Utiliser les comparaisons ;
Réécrire une poésie entendue : si elle est assez longue, l’enfant ne retiendra que
quelques éléments lors de l’écoute, d’où une déstructuration de la poésie initiale.
Jeux sur les sonorités ou les mots
Constituer des répertoires de mots contenant les mêmes sonorités, des mots qui
glissent, chuchotent, rugissent,… ;
Inventer des mots à partir des sonorités ou utiliser des mots rares (sentoline,
pélargonium,..) ;
Inventer des mots-valises et décrire l’objet ou l’animal :
- artichaut – chocolat…. Artichocolat ; un escargorille
- chapeau, chameau…. Chat – pot, chat – mot ;
Opérer des substitutions de syllabes, introductions ou répétitions de syllabes
supplémentaires ;
Mélanger des vers de plusieurs poésies de façon à ce qu’ils riment ;
Ajouter des préfixes ou suffixes arbitraires ;
Mélanger des vers de plusieurs poésies de façon à ce qu’ils riment ;
Transformer des mots en les mettant au féminin, mais de manière incorrecte : un
rat → une rame. Ecrire quelques vers qui expliquent et décrivent.
Recherches de « mots » avant l’écriture
Constituer des répertoires de mots par association d’idées autour d’éléments
naturels (vent, feu, air…), de notions abstraites (sentiments) afin de faciliter le
détachement de la réalité, de stimuler l’imaginaire et d’obtenir plus facilement des
métaphores, des expressions originales dans le travail d’écriture futur ;
Constituer des répertoires de mots qualifiants (qui expliquent comment il est, ils
sont…), de verbes (mots qui expriment les actions, le déplacement des animaux).
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Ce stock de mots est nécessaire aux enfants pour enrichir et faire varier le lexique
employé. Il sera également utilisé pour créer, par le jeu du hasard, des associations de mots
originales. Cette recherche peut être le point de départ à un travail sur les classes de mots.
Activités utilisant la réduction
A partir de textes de différents types –descriptions, devinettes, définitions…- conserver
seulement certains groupes de mots par le découpage, la sélection (copier/coller à
l’ordinateur)… Ces groupes de mots seront ensuite réorganisés et complétés pour écrire des
textes poétiques. Ils peuvent aussi être tirés au hasard pour obtenir des associations
improbables (voir ci-dessous).
Activités
Activités laissant place au hasard
Elles nécessitent un capital de mots réalisé au préalable (mots évoquant des sensations,
émotions ou sentiments, décrivant des éléments naturels…)
Réorganiser de façon aléatoire les groupes de sens d’une poésie, la lecture de la
poésie originelle ne se faisant qu’après l’activité ;
Découper et mélanger les mots d’expressions : chair de poule, froid de canard…..
chair de canard ; décrire ;
Tirer au hasard des mots de chaque catégories (nom, adjectif, verbe, complément
de verbe) pour écrire un vers ;
Tirer au hasard des mots de champ lexicaux différents pour obtenir des
comparaisons loufoques et décrire (ou définir) : un crayon nuageux, un tabouret
capricieux…. ;
Tirer au hasard les parties de noms composés : camion-citerne et abat-jour
→camion-jour ou abat-citerne ;
Découper une feuille contenant une poésie en deux morceaux : lire en décalant les
deux morceaux de feuille,… ;
Découper des mots au hasard dans des poèmes, les assembler, arranger après
lecture ;
Plier la page d’un livre pour lire le début des vers sur une page et la fin sur la page
suivante ;
Faire deux listes de mots : les mots aimés, les mots détestés. Combiner les deux
listes pour obtenir des groupes nominaux avec complément, des comparaisons…
Albums déclencheurs de situations d ‘écritures simples :
Je me souviens, Y Pommaux (CDDP)
Les mots décollent, Gilda Feré, Ecole des Loisirs (valise « bizarre, insolite »)
Rien n’est plus beau (valise « bizarre, insolite »)
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Annexe 6 : textes descriptifs
Plus je marchais et plus la chaleur pesait sur mes épaules. Plus le soleil était loin de la
mer, plus il était violent sans doute. Je n’avais jamais observé une nature comme celle qui
m’entourait. Des herbes hautes, serrées, avaient mollement grandi partout. Ici et là, elles
étaient dominées par des arbres, des épineux le plus souvent. Plus j’avançais, plus je
voyais des bandes d’oiseaux se lever et partir en traçant des courbes souples dans le ciel.
J’étais heureux de ce spectacle, il me rassurait.
L’île de la lune, Yves Pinguilly, Milan poche, p 138
Ôk, Lomfor et larania, assis au sommet de la grande dune, contemplaient le paysage qui
s’étendait au-delà : une forêt sans fin de pins noyés dans une mer de sable blanc. Une
maigre végétation broussailleuse tentait de survivre à l’ombre des arbres. Tandis que le
soleil montait dans le ciel, une brume de chaleur s’éleva du sol, avalant progressivement
la forêt dans son manteau opaque. L’absence de vent, de tout mouvement dans le ciel et
sous les arbres rendait le spectacle dur et austère. Pourtant les trois compagnons
paraissaient se délecter de cette vue.
Le rivage des Gobelins, Tessa et Lomfor, E. Viau, Fleurus, p 12
La fraîcheur venue des vagues lointaines, celles qui hantaient l’horizon, n’avait pas encore
atteint la plage, chauffée à blanc pendant la journée. Les deux lunes, la Fine et l’Onde,
flottaient comme deux yeux dans le ciel pur et leurs reflets ondulaient paresseusement
sur la mer.
Le rivage des Gobelins, Tessa et Lomfor, E. Viau, Fleurus, p 24
C’est une plage et elle est là depuis le début des temps. Une plage immense qui s’étale à
perte de vue.
Vers le nord et vers le sud, effleurée par le soleil levant, elle s’étire à l’infini en un long
ruban de sable ocre.
Vers l’est, en face de la mer, juste derrière la barrière des hautes dunes, poussent quelques
pins. Ils sont vieux, tordus. Ils jettent leurs branches au ras du sol, comme des pieuvres
surgissant des sables, pour ne pas être emportés par les tempêtes venues de l’Océan.
On ne voit que des pins, du sable et les oiseaux marins, personne n’a jamais foulé cette
plage.
Jusqu’à aujourd’hui.
Incipit, Le rivage des Gobelins, Tessa et Lomfor, E. Viau, Fleurus
Après un vol rapide au-dessus des pins, l’aigle et ses cousins avaient atteint la limite des
terres sablonneuses. Un large fleuve aux flots mouvementés traçait en effet une franche
démarcation. A proximité du cours d’eau, la température chutait assez nettement. Sur le
bord opposé, partant des rives noyées sous les hautes plantes, le sol s’élançait en une vaste
plaine d’herbe verte et grasse, et cela jusqu’à l’horizon. Bien plus loin, au-delà des régions
de collines aux terres brunes, Penston devinait la présence des montagnes sans les voir.
Le rythme et les mouvements du vent, son instinct d’oiseau des sommets le lui disaient :
les montagnes étaient loin, très loin, mais elles étaient là.
Le rivage des Gobelins, Tessa et Lomfor, E. Viau, Fleurus, p 36
15
Chaudement vêtu, il entrouvrit un pan de toile et sortit. D’abord le froid le suffoqua, puis
il poussa un cri d’admiration. Le paysage enneigé scintillait doucement sous la clarté de
l’aube, mais l’Everest, la montagne sacrée, Chomolungma, se découpait sur un ciel
mauve, elle-même d’un rose flamboyant, car le soleil la frappait de ses premiers rayons
obliques. […] Une grande paix régnait. Les yacks ruminaient. Le feu allumé la veille
laissa échapper un mince filet de fumée.
Le sourire d’Ouni, Florence Reynaud, Hachette, p 137
La forêt était profonde, magnifique. Des lianes tombaient des branches, il y avait de la
mousse partout et des petits fruits jeunes par terre qui sentaient très bon. […]
Dans les arbres, des oiseaux sautillaient de branche en branche. Il y avait de grandes
fleurs blanches, très belles, des fougères géantes et des genres de palmiers qui poussaient
sur d’autres arbres. Un petit ruisseau se faufilait entre les pierres.
Projet Oxatan, Fabrice Colin, Mango Jeunesse, p 99
C’était un endroit très particulier. Les arbres étaient tellement hauts qu’ils empêchaient
presque la lumière de passer. Le sol était tapissé de feuilles pourries, et il flottait dans l’air
comme une odeur de mouillé. […]
On a continué à marcher. La forêt devenait de plus en plus touffue, les arbres de plus en
plus hauts. Il y avait des rayons de soleil pleins de poussières dorées qui descendaient par
des trouées de verdure comme des rayons de vieux projecteurs. Il y avait des
bruissements dans les feuillages, des cris d’oiseaux exotiques. Une fois, on en a vu passer
un juste devant nous, entre les branches. Il avait une longue queue rouge, et des reflets
bleus sur le ventre. Diana a poussé un petit cri admiratif. A part ça, et le bruit de nos pas
sur le sol, tout était à peu près silencieux. C’était presque inquiétant.
Projet Oxatan, Fabrice Colin, Mango Jeunesse, p37 et 39
16
Annexe 7 : poèmes autour du thème de la montagne
Quand longtemps a grondé la bouche du Vésuve,
Quand sa lave écumant comme un vin dans la cuve,
Apparaît toute rouge au bord,
Naples s’émeut : pleurante, effarée et lascive,
Elle accourt, elle étreint la terre convulsive ;
Elle demande grâce au volcan courroucé.
Point de grâce ! Un long jet de cendre et de fumée
Grandit incessamment sur la cime enflammée
Comme un cou de vautour hors de l’aire dressé.
Soudain un éclair luit ! Hors du cratère immense
La sombre éruption bondit comme en démence :
Adieu, le fronton grec et le temple toscan !
La flamme des vaisseaux empourpre la voilure.
La lave se répand comme une chevelure
Sur les épaules du volcan.
Elle vient, elle vient, cette lave profonde
Qui féconde les champs et fait des ports dans l’onde.
Plage, mers, archipels, tout trésaille à la fois.
Les flots roulent vermeils, fumants, inexorables,
Et Naples et ses palais tremblent plus misérables,
Qu’au souffle de l’orage une feuille de bois !
Chaos prodigieux ! la cendre emplit les rues.
La terre revomit des maisons disparues,
Chaque toit éperdu se heurte au toit voisin,
La mer bout dans le golfe et la plaine s’embrase,
Et les clochers géants, chancelant sur leur base,
Sonnent d’eux-mêmes le tocsin !
Mais c’est Dieu qui le veut ! Tout en brûlant des villes,
En comblant les vallons, en effaçant les îles,
En charriant les tours sur son flot en courroux,
Tout en bouleversant les ondes et la terre,
Toujours Vésuve épargne, en son propre cratère,
L’humble ermitage, ou prie un vieux prêtre à genoux.
Victor Hugo
Dorsale Bossale
Il y a des volcans qui se meurent
Il y a des volcans qui demeurent
Il y a des volcans qui ne sont là que pour le vent
Il y a des volcans fous
Il y a des volcans ivres à la dérive
Il y a des volcans qui vivent en meute et patrouillent
Il y a des volcans dont la gueule émerge de temps en temps
véritables chiens de la mer
il y a des volcans qui se voilent la face
toujours dans les nuages
il y a des volcans vautrés comme des rhinocéros fatigués
dont on peut palper la poche galactique
il y a des volcans pieux qui élèvent des monuments
à la gloire des peuples disparus
il y a des volcans vigilants
des volcans qui aboient
montant la garde au seuil du Kraal des peuples endormis
il y a des volcans fantasques qui apparaissent
et disparaissent
(ce sont jeux lémuriens)
il ne faut pas oublier ceux qui ne sont pas les moindres
les volcans qu’aucune dorsale n’a jamais repérés
et dont de nuit les rancunes se construisent
il y a des volcans dont l’embouchure est à la mesure
exacte de l’antique déchirure.
Aimé Césaire – Moi Laminaire ( 1982)
17
Le vent de la montagne
Le vent qui souffle à travers la montagne
Me rendra fou.
Je veux partir, je veux prendre la porte,
Je veux aller
Là où ce vent n'a plus de feuilles mortes
À râteler
Plus haut que l'ombre aux vieilles salles basses
Où le feu roux
Pour la veillée éclaire des mains lasses
Sur les genoux ;
Aller plus haut que le col et l'auberge
Que ces cantons
Où la pastoure à la cape de serge
Paît ses moutons ;
Que les sentiers où chargés de deux bannes,
Sous les fayards,
Le mulet grimpe au gris des feux de fanes
Faisant brouillard.
Ce vent me prend, me pousse par l'épaule,
Me met dehors,
La tête en l'air, le cœur à la venvole,
Le diable au corps.
Il faut partir et prendre la campagne
En loup-garou :
Le vent qui souffle à travers la montagne
M'a rendu fou.
Henri Pourrat
Fabliette de la montagne
La montagne glissait,
Ça ne lui plaisait pas.
Elle écrasait des champs,
Des chemins, des maisons.
Ça ne lui plaisait toujours pas
Mais c'était toujours ça.
L’escargot alpiniste
L'escargot à l'escalade
Sac au dos s'est mis en campagne
L'escargot à l'escalade
Va digérer la montagne.
Paul Claudel, Oeuvre poétique, Ed. Gallimard
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Eugène Guillevic, Fabliette, L’Ecole des Loisirs
Bonjour monsieur
monsieur l’hiver
Hé ! bonjour monsieur l'hiver !
Ça faisait longtemps ...
Bienvenue sur notre terre ,
Magicien tout blanc.
Les montagnes t'espéraient ;
Les sapins pleuraient ;
Les marmottes s'indignaient ;
Reviendra-t-il jamais ?
Mes patins s'ennuyaient ;
Mes petits skis aussi ;
On était tous inquiets ;
Reviendra-t-il jamais ?
Hé ! bonjour monsieur l'hiver !
Ça faisait longtemps ...
Bienvenue sur notre terre,
Magicien tout blanc.
Patrick Bousquet
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