L`intelligence économique dans les entreprises
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L`intelligence économique dans les entreprises
Septembre 2015 / N°16 L’intelligence économique dans les entreprises bretonnes L’intelligence économique est aujourd’hui de plus en plus intégrée dans les stratégies de développement des entreprises bretonnes. Si les pratiques de la veille – première composante de l’intelligence économique – sont à présent relativement bien ancrées, la sécurisation de l’information et la mise en œuvre d’actions d’influence/de lobbying sont deux autres dimensions où existent encore des marges de progression. En matière de veille, les entreprises peinent à transformer les informations recueillies en leviers d’action et dégagent toujours difficilement du temps pour véritablement structurer cette fonction. La mise en œuvre de pratiques de sécurisation de l’information, encore souvent contrainte, pose des difficultés croissantes (évaluation des risques et des menaces, manque de connaissances des outils…). Les pratiques d’influence / de lobbying tendent, quant à elles, à se développer et si les moyens sont renforcés, le manque de compétences perdure. Interrogées sur l’importance accordée aux trois volets qui constituent l’intelligence économique (veille, protection de l’information, influence/lobbying), les entreprises bretonnes confirment la place prépondérante de la veille et de la recherche d’information : 83,3% L’enquête sur les pratiques de veille et d’intelligence économique des entreprises a été conduite en juin 2015 par l’arist Bretagne en partenariat avec les CCI de Bretagne, les CCI de Normandie, Bourgogne, Centre, Rhône-Alpes, Bretagne Développement Innovation et la DIRECCTE, et avec le concours financier de la Région Bretagne et de la CCI Bretagne. Elle a pour objet de recueillir et d’analyser les pratiques de veille et d’intelligence économique des entreprises bretonnes, de mesurer leurs difficultés, mais également les progrès accomplis dans ces domaines depuis plusieurs années. Le questionnaire a été adressé par e-mailing ou via les sites internet des CCI et de leurs partenaires : 616 entreprises ont répondu à notre enquête en 2015 dont 361 entreprises bretonnes*. A ce propos, il est intéressant de constater que les pratiques d’intelligence économique et de veille des entreprises bretonnes sont relativement conformes aux autres régions. * (cf. typologie des répondants en page 4) des répondants jugent cette composante importante voire très importante (contre 71,5% pour la protection de l’information et 65,9% le lobbying). Pour 8 entreprises bretonnes sur 10 l’intelligence économique est un moyen de renforcer sa capacité d’anticipation Les entreprises placent les orientations stratégiques et la veille concurrentielle au cœur des finalités de l’intelligence économique, mais aussi, et de plus en plus, l’écoute client (+ 5 points depuis l’édition 2013 de notre enquête) et la recherche de nouveaux débouchés. Elles sont, par ailleurs, de plus en plus nombreuses à considérer que l’intelligence économique peut avoir pour but l’amélioration des compétences dans l’entreprise (50,3% en 2015 contre 43,1% en 2013, soit 7 points supplé- Palmarès des finalités de l’intelligence économique (parmi celles ayant obtenu un score supérieur à 45% des répondants) Anticiper les enjeux pour mieux définir sa stratégie 80,6% (80,3%) Etre à l'écoute de ses clients 65,6% (60,3%) Trouver de nouveaux marchés ou se diversifier 59,7% (52,4%) 58,9% (67,1%) Surveiller ses concurrents ou l'arrivée de nouveaux entrants Développer de nouveaux produits ou services 53,3% (48,5%) Innover 50,6% (49,7%) Améliorer les compétences 50,3% (43,1%) Connaître les normes et la réglementation 0% 10% 20% 30% (2013) 48,3% (47,4%) 40% 50% 60% 70% 80% 90% Source : enquêtes 2015 et 2013 sur les pratiques de veille et d’intelligence économique CCI Bretagne / Septembre 2015 L’intelligence économique dans les entreprises bretonnes mentaires entre les deux vagues d’enquêtes). L’intelligence économique devient alors un véritable outil d’agilité. Enfin, l’innovation et la mise en conformité réglementaire sont citées comme finalités de l’intelligence économique par une entreprise bretonne sur deux (conformément aux résultats de 2013). LA VEILLE Palmarès des informations les plus recherchées et les plus difficiles à trouver (en % de l’échantillon global de répondants) Concurrents Clients Réglementation Un peu plus d’une entreprise répondante sur deux (55,3%) déclare avoir mis en place une démarche de veille. Cette proportion semble avoir atteint un palier : les résultats des trois dernières enquêtes sont comparables. Si les entreprises qui ne disposent pas encore d’organisation de la veille avancent le plus souvent comme principaux freins le manque de temps (49,1% d’entre elles) et le manque de ressources (44,0%), plus d’un tiers (37,1%) indiquent ne pas savoir comment s’y prendre. Pour 55,8% des répondants, c’est le dirigeant lui-même qui s’occupe de cette fonction. Dans les structures de moins de 10 salariés, c’est encore plus souvent le dirigeant qui se charge de la veille. La part des entreprises qui impliquent plusieurs collaborateurs dans la recherche d’information progresse significativement depuis la dernière édition de l’enquête : 43,7% en 2015 contre 24,1% en 2013. Même si le recours à des prestataires externes est en hausse, il reste limité (7,0% en 2015 contre 4,9% en 2013) et le plus souvent réservé aux plus grandes entreprises. Une personne ou une équipe dédiée à la veille Clients 55,4% (52,4%) Nouveaux produits 15,0% (17,5%) E-réputation Technologie/brevets 0% 20% Technologie/brevets 15,0% (20,2%) 52,4% (49,2%) Fournisseurs 51,2% (51,7%) E-réputation 14,7% (nd) 34,1% (nd) Fournisseurs 8,6% (10,2%) 31,9% (33,6%) 40% (2013) Salons / manifestations 6,1% (3,4%) 60% 80% 100%0% 20% 40% 60% 80% 100% Source : enquêtes 2015 et 2013 sur les pratiques de veille et d’intelligence économique En matière de recherche d’information, connaître ses concurrents et ses clients reste la priorité des entreprises La veille concurrentielle et la recherche de données sur les clients, bien qu’en baisse, arrivent toujours largement en tête des informations les plus recherchées (citées par deux tiers des entreprises répondantes). Dans un contexte de cycles de renouvellement des produits de plus en plus rapides, l’information permettant d’anticiper les besoins et attentes des clients, ainsi que la surveillance permanente de l’offre de ses concurrents revêtent une importance capitale. La « e-réputation » devient une préoccupation pour les entreprises, citée par 34,1% d’entre elles. Les informations sur les « Nouveaux produits » et les « Salons/Manifestations » sont de plus en plus recherchées (+3% par rapport à l’édition précédente de l’enquête). Globalement les répondants éprouvent sensiblement moins de difficultés par rapport à 2013 à accéder aux informations recherchées : le pourcentage d’entreprises déclarant faire face à des difficultés dans la recherche d’information est plutôt en repli pour la majorité des items proposés. Le palmarès des informations les plus difficiles à trouver reste quasiment identique à celui de l’enquête précédente. Le Web gratuit et la Presse toujours en tête des sources d’information Malgré un léger recul, les services web gratuits et la presse restent les sources d’information les plus sollicitées (respectivement par 73,8% et 59,6% des répondants), suivis de près par les clients (55,7%). Les réseaux d’entreprises enregistrent la plus forte baisse : cités par 62,6% des entreprises répondantes en 2013, ils ne sont plus utilisés que par 53,2% des répondants en 2015. Même ten- Palmarès des sources ou organismes d’information les plus utilisés Les services web gratuits 73,8% (78,5%) La presse 59,6% (66,4%) 55,7% (56,0%) Les clients Les réseaux d'entreprise 53,2% (62,6%) Les salons 47,9% (50,3%) Les CCI, arist, creativ, EEN 47,6% (46,5%) Les fournisseurs 45,4% (53,7%) Les collaborateurs de l'entreprise 42,1% (46,5%) Les experts comptables et conseillers juridiques 7,0% 41,5% (41,3%) (2013) Les org° professionnelles, centres d'innovation de transfert, technopôles 38,4% (nd) 0% Source : enquête 2015 sur les pratiques de veille et d’intelligence économique 23,8% (22,2%) Nouveaux produits 24,1% CCI Bretagne / Septembre 2015 65,7% (66,2%) 33,2% (35,6%) Réglementation 17,5% (19,7%) 43,7% Des prestataires externes 33,8% (38,1%) Concurrents 55,7% (61,0%) 55,8% Plusieurs collaborateurs Marché Marché Qui s’occupe de la veille au sein de l’entreprise ? Le dirigeant 65,9% (73,9%) 58,7% (58,7%) Salons / manifestations Un niveau stable de mise en œuvre des pratiques de veille Informations les plus difficiles à trouver Informations les plus recherchées 10% 20% 30% 40% 50% Source : enquêtes 2015 et 2013 sur les pratiques de veille et d’intelligence économique 60% 70% 80% L’intelligence économique dans les entreprises bretonnes dance observée pour les fournisseurs, avec une chute d’environ 8 points entre 2013 et 2015. En matière de veille sur internet, les entreprises ont principalement recours aux moteurs de recherche, aux abonnements à des newsletters et aux médias sociaux (Facebook, Viadeo, twitter,…). Elles restent encore peu familiarisées avec des outils de veille plus « pro-actifs » sur le web comme les outils de surveillance de pages web, l’abonnement à des flux RSS, des plateformes collaboratives ou des solutions de veille payantes. Ces dernières sont assez peu utilisées (par 10,4% des entreprises) et limitées généralement aux plus grandes structures. Outils les plus utilisés pour faire de la veille sur internet Moteurs de recherche Abonnement à des newsletters Médias sociaux 93,4% 63,6% 42,8% Source : enquête 2015 sur les pratiques de veille et d’intelligence économique La difficulté à dégager du temps est la première entrave au développement des démarches de veille Le manque de temps est le principal écueil avancé dans la mise en place de démarche veille (citée à 77,0%). Près de 6 entreprises répondantes sur 10 (55,7%) évoquent ensuite la difficile transformation des informations de veille en leviers d’action. Viennent ensuite l’analyse, le recoupement et la synthèse de l’information (citée par 41,1% des répondants), le manque de formalisation des informations collectées (39,9%) et l’extraction de l’information utile parmi toutes celles disponibles (38,2%). Ces difficultés se révèlent avec d’autant plus d’acuité que le web offre une profusion d’informations sous une forme peu structurée. Principales difficultés soulevées par les entreprises dans la mise en oeuvre de leur démarche de veille 77,0% Difficulté à dégager du temps Transformation des informations de veille en leviers d'action pour l'entreprise 55,7% 41,1% Analyse, recoupement, synthèse de l'information collectée 39,9% Manque de formalisation des informations collectées Extraction de l'information utile parmi toutes les informations disponibles 38,2% 34,8% Manque de compétences en veille Evaluation de la fiabilité des informations recueillies 33,6% Identification des sources d'informations 0% 32,2% 20% 40% 60% 80% Source : enquête 2015 sur les pratiques de veille et d’intelligence économique LA SECURISATION DE L’INFORMATION Plus d’une entreprise sur deux n’a pas engagé de moyens de protection de ses informations 55,8% des entreprises bretonnes n’ont pas mis en place de démarche de sécurisation de l’information (protection de données, contrats de confidentialité, sensibilisation du personnel). Celles de moins de 10 salariés sont, en proportion, encore plus nombreuses à ne pas développer ce type de pratiques. Pour expliquer ce constat, les entreprises (toutes tailles confondues) avancent le plus souvent le manque de temps (38,3%). Viennent ensuite le manque de ressources (31,1%) et de compétences (30,6%). Il est à souligner que 34,2% des répondants ne voient pas l’intérêt de mettre en œuvre ce type de pratiques. Une mise en œuvre plus souvent contrainte qu’initiée spontanément Le plus souvent, les entreprises décident de mettre en place une dé- marche de sécurisation par obligation (44,2%) ou après avoir été confrontées à une fuite d’information (pour 49,0% d’entre elles), une cyberattaque (25,9%) ou une escroquerie (18,4%). Il est toutefois à noter que près d’un tiers des répondants (27,2%) ont initié une démarche de ce type suite à des actions de sensibilisation et d’information sur les risques encourus (menées par les préfectures, les gendarmeries,…). Les moyens de sécurisation utilisés sont comparables à la précédente enquête : la sensibilisation du personnel arrive en tête, pratiquée par 59,0% des entreprises interrogées, suivie des moyens de sécurité informatique (cryptage, mot de passe, cybersécurité, signature électronique) (47,8%) et des contrats de confidentialité (39,8%). Des difficultés croissantes dans la mise en œuvre de démarche de protection des informations Les entreprises sont plus nombreuses (par rapport aux précédentes vagues d’enquête) à déclarer éprouver des Raisons de mise en place de démarche de sécurisation de l’information Fuite d'information 49,0% Par obligation 44,2% Prise de conscience suite à une sensibilisation sur le sujet 27,2% Cyberattaque 25,9% Escroquerie 0% 5% 18,4% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45% 50% Source : enquête 2015 sur les pratiques de veille et d’intelligence économique CCI Bretagne / Septembre 2015 L’intelligence économique dans les entreprises bretonnes La difficulté à cerner les éléments sensibles pour l’entreprise a été également davantage citée (par 35,4% des répondants contre 29,0% en 2013). L’INFLUENCE ET LE LOBBYING Des actions d’influence/de lobbying menées par plus d’un tiers des entreprises bretonnes... Les pratiques d’influence et de lobbying progressent. Elles concernent 37,4% des répondants, contre 28,8% en 2013, soit une progression de près de 10 points en deux ans. Elles sont toutefois encore assez peu diffusées dans les petites entreprises. L’absence de démarche d’influence ou de lobbying résulte moins d’un manque de conviction (22,1% des entreprises n’en voient pas l’intérêt) qu’au fait qu’elles ne savent pas comment mettre en œuvre ce type d’actions (47,6% des répondants). … avec des moyens mis en œuvre renforcés... … mais des lacunes en matière de compétences qui persistent Les quatre premiers moyens utilisés par les entreprises pour exercer une influence ou du lobbying ont tous progressé, certains de manière très significative depuis la dernière vague d’enquête : Les difficultés évoquées en matière de développement de pratiques d’influence / de lobbying marquent le constat d’un manque de compétence. 47,8% des répondants éprouvent des difficultés à identifier des réseaux d’influence pertinents pour leur entreprise et 35,7% d’entre eux manquent de compétences pour participer activement à des réseaux. Les réseaux 2013 2015 évol 56,0% 71,8% 15,8% 48,3% 64,5% 16,2% 26,5% 31,8% 5,3% 17,5% 22,0% 4,5% d’entreprises Les organisations professionnelles Les CCI, chambres de métiers Les collectivités territoriales Principales difficultés soulevées par les entreprises dans ses pratiques d’influence / de lobbying 65,3% Le manque de temps Difficultés à identifier des réseaux d'influence pertinents pour l'entreprise 10 à 49 salariés 50 salariés et plus 58,7% 24,7% 16,6% 47,8% Manque de compétences pour participer activement à des réseaux 35,7% 24,9% Le coût Autres 2,0% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% Source : enquête 2015 sur les pratiques de veille et d’intelligence économique Typologie des répondants par taille d’entreprise et secteurs d’activités Moins de 10 salariés Le manque de temps reste toutefois la principale difficulté évoquée (par 65,3% des répondants), mais cette proportion est en net recul par rapport à la précédente enquête (- 13 points). Le coût de mise en œuvre de ces pratiques est lui en aussi baisse, exprimé par 24,9% des répondants en 2015, contre 37,3% en 2013. Commerce et services 58,0% Industrie hors alimentaire Construction Industrie alimentaire Repères économiques Bretagne est une publication éditée par la CCI Bretagne. Directeur de la publication : Alain DAHER, Responsables de la rédaction : Gwenc’hlan LE GAL, Alexandre COLOMB Rédaction : Blandine LE VERGER, Laure BRIANTAIS Création graphique : korrigan-creations.com Impression : Calligraphy - Châteaubourg (35) Dépôt légal : septembre 2015 – ISSN : 2267-909X. La reproduction des informations de ce document est autorisée sous réserve de la mention de la source : « CCI Bretagne – Repères économiques Bretagne » 27,8% L’intelligence économique est la maîtrise et la protection de l’information stratégique pertinente par tout acteur économique en vue de renforcer sa compétitivité. Elle comprend 3 volets : la veille, la protection et l’influence. 9,2% 5,0% Pour en savoir Consultez l’ensemble des études de la CCI Bretagne sur www.bretagne.cci.fr Contact : [email protected] 1 rue du général Guillaudot – CS 14422 – 35044 Rennes Cedex T. 02 99 25 41 41 - F. 02 99 63 35 28 [email protected] - www.bretagne.cci.fr © CCI Bretagne - Septembre 2015 problèmes dans le domaine de la sécurisation des informations. 60,8% d’entre elles ont du mal à évaluer les risques et les menaces pour l’entreprise (contre 43,0% en 2013). Le manque de connaissance des outils de protection est avancé par plus d’une entreprise répondante sur deux (53,1% contre 28,0% en 2013).