DÉPARTEMENT D`HISTOIRE Faculté des lettres et sciences

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DÉPARTEMENT D`HISTOIRE Faculté des lettres et sciences
DÉPARTEMENT D'HISTOIRE
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Faculté des lettres et sciences humaines
LA CENDRILLON D'ARGENTINE
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Université de Sherbrooke
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par
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EVA DUARTE ET L'ARRIVÉE AU POUVOIR DE JUAN PERÓN
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JEAN-FRANÇOIS MESLIN
travail présenté à
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MAURICE DEMERS
dans le cadre du cours
HST 217
Histoire de l'Amérique latine depuis 1800
Sherbrooke
Lundi 29 novembre 2010
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INTRODUCTION
Le 10 décembre 1945, Eva Duarte, une jeune actrice ambitieuse déjà bien connue à travers
l'Argentine, épouse le futur président du pays, Juan Domingo Perón. La jeune femme, avant
même de devenir première dame, participe alors à une des transitions politiques les plus
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dans l'ascension de son mari n'est cependant pas que figuratif.
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décisives de l'histoire d'Argentine. Le rôle d'Eva Perón (aussi connue sous le diminutif d'Evita)
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La courte carrière d'Evita, décédée à 33 ans, laisse une emprunte indélébile sur la mémoire des
Argentins et continue d'intéresser nombre d'historiens. Avec son mari, elle fait partie des figures
politiques les plus captivantes et colorées de l'histoire de l'Amérique latine. 1 En s'intéressant à
l'impact d'Eva Perón sur la politique argentine, la présente recherche a pour objectif d'expliquer
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son rôle et son influence dans la première élection de son mari. L'hypothèse mise de l'avant
voudrait qu'Evita utilise ses origines modestes pour rejoindre et mobiliser les masses les plus
défavorisées (descamisados), mais qu'elle représente un symbole négatif pour l'élite et de
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nombreux membres des forces armées. Il est toutefois proposé que le rôle d'Eva Perón dans cette
première élection a été exagéré par certains historiens et que la future première dame ne
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représentait pas encore une figure politique parfaitement autonome.
Pour confirmer cette hypothèse, il faut d'abord et avant tout se pencher sur l'arrivée d'Eva Duarte
dans la vie de Perón et des réactions de la classe dirigeante à laquelle le général appartient. Le
reste de l'analyse est divisé en deux parties. La première concerne l'émission de radio
hebdomadaire lancée par Duarte pour supporter le ministre du travail tandis que la seconde
1 David Rock, compte-rendu de Mariano Plotkin, Mañana es San Perón, A cultural history of Perón's Argentina,
dans American Historical Review, vol. 101, no 1 (1996), p. 276.
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présente l'apport d'Evita aux évènements du 17 octobre 1945 et à la campagne électorale. Pour
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illustrer certains propos, la présente analyse fait référence à divers ouvrages d'historiens ayant
étudié le sujet mais aussi au musical Evita, écrit par Tim Rice et Andrew Lloyd Weber en 1976 et
adapté en film en 1996. Bien que cette dernière œuvre n'est pas considérée comme une analyse
d'Eva Perón et enrichir le contenu de la recherche.
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L'ACTRICE ET LE COLONEL
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historique rigoureuse, elle devrait permettre d'éclairer certains points intéressants du personnage
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Juan Perón et Eva Duarte se rencontrent pour la première fois en 1944. Perón, alors colonel,
occupe le poste de secrétaire au travail et à la santé. Pour venir en aide aux victimes du
tremblement de terre de San Juan, il organise une levée de fonds menée par des officiers et des
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célébrités du monde artistique. Eva n'est alors qu'une artiste peu intéressée par la politique mais
qui bâti sa carrière en courtisant l'officier chargé d'allouer le temps d'antenne à la radio, le
colonel Anibal Imbert.2
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La rencontre du futur couple présidentiel donne rapidement naissance à une collaboration
fructueuse. Deux mois après la levée de fonds, Eva s'installe dans les appartements de son nouvel
amant, créant par la même occasion une situation « socialement inacceptable » pour l'actrice et le
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colonel.3 Malgré tout, Juan Perón se montre particulièrement généreux avec sa maîtresse en lui
ouvrant la porte à de nouveaux rôles et en la présentant à ses proches collaborateurs. Selon
l'historienne Marysa Navarro, il n'est cependant pas clair si l'inclusion d'Evita dans la vie
politique de Perón est l'œuvre du colonel ou de l'actrice.4
2 Nicholas Fraser et Marysa Navarro, Evita, New York, W.W. Norton & Company, 1996, p. 30-33.
3 Marysa Navarro, « The Case of Eva Peron », Signs, vol. 3, no 1 (1977), p. 231.
4 Ibid.
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La liaison qu'entretiennent Juan Perón et Eva Duarte ne laissent pas les classes dirigeantes de
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l'époque indifférentes. Celles-ci font des deux amants un sujet de conversation récurrent dans les
salons de Buenos Aires.5 Pour les femmes de la haute société, Eva Duarte représente tout ce
qu'elles condamnent: une prostituée de bas-étage, une artiste-interprète qui use de ses charmes
pour obtenir sa position. Sa participation, à partir de 1943, à l'émission Mujeres celebres lui
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attirent les moqueries des aristocrates. Ces dernières ridiculisent alors l'accent peu raffiné de la
campesina qui essaie tant bien que mal d'interpréter les rôles d'Elisabeth I, Lady Hamilton ou de
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l'Impératrice Joséphine.6
Les militaires réservent aussi un accueil plutôt froid à la nouvelle compagne de Perón.
Cependant, Eva n'est pas autant détestée par le régime que les politiques et l'influence
grandissante de son futur mari. Entre 1943 et 1945, ce dernier accumule les postes de ministre de
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la guerre et de vice-président. Ses mesures sociales progressistes et ses discours de plus en plus
radicaux lui attire l'opposition de tous les partis politiques. 7 Il apparaît alors qu'« une fraction
non-négligeable des colonels et généraux ne verraient qu'avantages à se débarrasser du vibrant et
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encombrant Vice-Président, qui s'affiche avec une petite arriviste ramassée dans un cabaret, et
sur le compte de laquelle courent les anecdotes les plus salaces. »8
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Du point de vue des élites, les origines humbles, l'illégitimité et la vie tumultueuse d'Eva Duarte
représente une barrière insurmontable entre leurs valeurs et les siennes. « Irritée et ambitieuse,
selon les sources, depuis que l'oligarchie refuse d'oublier son passé et la snobe, elle décide
5 Navarro, « The Case of Eva Perón », p. 231
6 Ingrid Bejerman, Framing a pose in immortality : discourse, myth, representation in the death and life of Eva
Perón, Mémoire de maîtrise, Montréal, Université McGill, 1997, p. 64.
7 Navarro, op. cit., p. 231-232.
8 Louis Mercier Vega, Autopsie de Perón: bilan du peronisme, Gembloux, Duculot, 1974, p. 37.
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d'accumuler suffisamment de puissance pour se venger. »9 Cette interprétation des faits est
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largement répandue dans l'historiographie et permet de mieux définir l'identité d'Evita. La
comédie musicale de 1976 consacre une chanson entière sur l'antagonisme entre Eva Perón et les
élites, un phénomène qui prendra de l'ampleur au cours de sa carrière comme première dame.
Peron's Latest Flame10
[Che:]
Should you wish to cause great distress
In the tidiest officer's mess
Just mention her name
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[Che:] The shooting sticks of the upper-class
[Aristocrats:] Give her an inch
[Che:] Aren't supporting a single ass
That would rise for the girl
[Aristocrats:] She'll take a mile
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[...]
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[Che:] Could there be in our fighting corps
A lack of enthusiasm for
[Army:] Exactly
[Che:] Peron's latest flame
[Army:] You said it brother
[Army:]
That isn't funny
Peron is a fool, breaking every taboo
Installing a girl in the army H.Q.
And she's an actress, the last straw
Her only good parts are between her thighs
She should stare at the ceiling, not reach for the skies
Or she could be his last whore
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[Aristocrats:]
Such a shame she wandered into our enclosure
How unfortunate this person has forced us to be blunt
No we wouldn't mind seeing her at Harrod's
But behind the jewelry counter, not in front
HACIA UN FUTURO MEJOR
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Il est communément admis qu'au cours de sa carrière artistique, Eva Duarte aie pris de nombreux
amants afin d'obtenir des rôles et des contrats. Dans le film Evita de 1996, cette étape de la vie de
Duarte est bien reprise mais de façon très romancée. Au cours de sa lente ascension vers la
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célébrité, la jeune fille subit les aléas de la pauvreté et de la misère puis traverse une période
particulièrement difficile au cours de l'année 1937.11 Profitant d'une situation déjà plus
intéressante en 1944, sa rencontre avec le colonel Perón lui permet d'obtenir des postes encore
plus distingués.
9 Navarro, « The Case of Eva Perón », p. 233 [trad. libre]
10 Andrew Lloyd Webber et Tim Ross, Peron's Latest Flame, 1976.
11 Bejerman, Framing a pose in immortality, p. 63.
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Dans ses mémoires, Juan Perón explique avoir rapidement invité Eva Duarte à venir travailler
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auprès de lui au secrétariat au travail et à devenir sa partenaire dans la direction de son
mouvement. Selon les biographes d'Evita, Perón profite plutôt de sa position pour lui offrir des
contrats plus lucratifs à la radio comme au cinéma à une époque où l'Argentine peine à se
procurer du matériel de tournage.12 En plus d'obtenir une meilleure rémunération pour Mujeres
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Hacia un futuro mejor, vers un futur meilleur.
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celebres, Eva Duarte anime à partir de juin 1944 une autre émission de radio hebdomadaire,
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« L'importance de la propagande, la nature de ses techniques nouvelles donnent une toute autre
significations à l'attelage Eva-Juan. »13 Hacia un futuro mejor, représente un rôle totalement
nouveau et beaucoup plus politisé pour Eva Duarte. Les épisodes de la série, dont la rédaction est
confiée à Francisco Muñoz Aspiri, révèlent au public de toute l'Argentine les accomplissements ,
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les projets et les prévisions du secrétariat au travail. Pour rejoindre la population, Eva prend la
peine de se présenter comme membre du peuple, de la masse anonyme. 14 La radio permet à
Duarte de parfaire son rôle politique encore davantage lorsque sa relation avec Perón lui donne
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l'opportunité d'être élue présidente du syndicat des radiodiffuseurs argentins et d'offrir encore
davantage de soutien à son futur mari.15
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Toujours avec l'aide de son amant, l'actrice parvient au cours de l'année 1945 à obtenir deux rôles
prometteurs au cinéma. En plus de jouer dans le film La cabalgata del circo, Eva Duarte incarne
un rôle semblable à celui qu'elle aura au cours de sa carrière politique auprès de Perón. Dans La
pródiga, Eva se donne toute entière pour interpréter une pècheresse repentante qui dédie sa vie à
12
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15
Fraser et Navarro, Evita, p. 41.
Mercier Vega, Autopsie de Perón, p. 36.
Julie M. Taylor, Eva Perón, the myths of a woman, Chicago, University of Chicago Press, 1979, p. 36.
Ibid., p. 37.
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aider les plus démunis. Plus tard, sur la scène politique, la première dame répète l'expérience
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dans son approche envers les descamisados.16 Sans le dire de front, elle leur transmet ce
message: « Faites comme moi! Désirez! Demandez le plus cher, le plus beau, le luxe et le
bonheur! C'est à vous! »17
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LE 17 OCTOBRE 1945 ET LA CAMPAGNE ÉLECTORALE
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Un moment clé de la montée au pouvoir de Juan Perón a lieu le 17 octobre 1945. Quelques jours
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auparavant, les membres du régime militaire étant opposés à Perón le forcent à démissionner et
le font arrêter. Cependant, la popularité du politicien et militaire entraîne vers le centre de
Buenos Aires la plus grande vague de protestation de l'histoire d'Argentine, ce qui force le
gouvernement à revenir sur sa position et à choisir Perón comme son candidat à l'élection
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présidentielle de l'année suivante.18
Selon une certaine historiographie, Evita joue un grand rôle dans la mobilisation des travailleurs
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argentins qui a permis la libération de son futur époux. Partageant cette interprétation de
l'histoire, l'auteur Louis Mercier Vega va jusqu'à dire que « de tout l'entourage de Perón, le seul
être qui se fut comporté en ''macho'', en homme, était Evita Duarte, qui était allée rameuter les
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foules des faubourgs et des banlieues. »19 Dans la comédie musicale Evita comme dans le film de
1996, le personnage d'Eva est très présent sur la scène politique alors que Juan Perón est arrêté
par ses opposants. Tout particulièrement dans le film, la chanson A New Argentina présente le
personnage d'Eva à la radio et sur les tribunes politiques où elle fait preuve d'une grande
16
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Bejerman, Framing a pose in immortality, p. 66.
Alicia Dujnov Ortiz, Eva Perón, New York, St. Martin's Press, 1995, p. 91-92 cité dans Bejerman, op. cit., p. 66.
M. Taylor, Eva Perón, p. 37-39.
Mercier Vega, Autopsie de Perón, p. 39.
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démagogie pour obtenir le soutien des masses ouvrières. Les paroles de la chanson sont très
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évocatrices à ce sujet:
A New Argentina20
[All:]
A new Argentina, a new age about to begin
A new Argentina, we face the world together
And no dissent within
[...]
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[All:]
A new Argentina, the chains of the masses untied
A new Argentina, the voice of the people
Cannot be, and must not be denied
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[...]
[Eva:]
Peron has resigned from the army and this we avow
The descamisados are those he is marching with now
He supports you, for he loves you
Understands you, is one of you
If not, how could he love me?
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[Eva:]
Now I am a worker, I've suffered the way that you do
I've been unemployed, and I've starved and I've hated it too
But I found my salvation in Peron, may the nation
Let him save them as he saved me
Malgré tout, de nombreux historiens affirment que la situation d'Eva Duarte entre le 9 et le 17
octobre 1945 ne lui permettait pas d'être aussi présente et active sur la scène publique. Peu après
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la démission forcée de son amant, Duarte perd facilement son poste à la radio et au
gouvernement puis va trouver refuge chez une collègue. 21 La version présentée par Taylor et
Navarro est d'ailleurs plus plausible. Selon la dernière auteure, l'effort de Duarte pour faire
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libérer son mari se serait principalement limité à une tentative désespérée mais peu fructueuse
d'obtenir une ordonnance d'habeas corpus. La majeure partie de la mobilisation, quant à elle,
aurait été l'œuvre des collaborateurs de Perón au secrétariat du travail et des syndicats favorables
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au futur président, dont l'imposante Confederación General del Trabajo (CGT).22
Six jours après sa libération et son célèbre discours devant les foules de la Plaza del Mayo, Juan
Perón épouse Evita lors d'une cérémonie civile. La nouvelle légitimité qu'accorde le mariage à
20 Andrew Lloyd Webber et Tim Ross, A New Argentina, 1976.
21 M. Taylor, Eva Perón, p. 37-38.
22 Navarro, « The Case of Eva Perón », p. 232.
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l'actrice ne lui permet cependant pas d'être mieux reçue par les membres de l'élite argentine. 23
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D'un autre côté, la nouvelle situation d'Eva Perón lui permet de tisser des liens plus serrés avec la
base électorale de son mari, les descamisados. Leur devant la libération du futur président et son
propre salut, Evita met tout en œuvre pour payer son immense « dette de gratitude » en offrant
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son amour aux Argentins pauvres comme ils ont offert leur amour à Perón.24
Au cours de la campagne électorale de son mari, Evita se fait plus présente en accompagnant
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Perón lors de ses tournées, en écoutant ses discours et même en prenant la parole devant une
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assemblée de femmes au Luna Park.25 Cette participation d'une femme de candidat à la campagne
présidentielle est une première en Argentine et attire nombre de critiques qui voient d'un mauvais
œil la montée spectaculaire d'une starlette de la radio et du cinéma aux côtés du politicien le plus
influent du pays.26 Un élément clé de la campagne est la présence de Muñoz Aspiri (l'ancien
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rédacteur d'Evita pour l'émission Hacia un futuro mejor) qui occupe le poste de directeur de
propagande et qui continue de supporter les Perón bien après l'élection.27 Malgré tout, le rôle
d'Eva dans le mouvement peroniste n'est pas parfaitement défini lors de cette première
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campagne. Puisque les femmes argentines n'ont pas encore le droit de vote ni de représentation
politique adéquate, Evita ne peut pas encore s'imposer comme une actrice majeure du futur
régime. Cependant, la couverture médiatique dont elle jouit au cours de la campagne électorale
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contribue à la faire connaître et à lui donner le soutien dont elle aura besoin pour accomplir sa
singulière carrière de première dame.
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27
Navarro, « The Case of Eva Perón », p. 232.
Ibid., p. 235.
Ibid., p. 234.
M. Taylor, Eva Perón, p. 39.
Ibid.
9
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CONCLUSION
Entre sa première rencontre avec Juan Perón et son ascension comme première dame
d'Argentine, Eva Perón représente divers symboles autant positifs que négatifs pour ce qui
deviendrait le mouvement peroniste. Pour certains, Eva Duarte est une simple artiste aux origines
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humbles et au passé trouble qui ne cherche qu'à nuire à l'ordre social. Pour d'autres, la belle et
charismatique Evita représente la meilleure opportunité du peuple argentin d'améliorer sa
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condition.
Si la plupart des historiens s'entendent sur les diverses représentations que l'on fait d'Evita, tous
ne s'accordent pas sur le rôle qu'elle a joué lors de sa première année d'implication politique.
Bien qu'il soit clair qu'elle n'aie pas été entièrement passive, il semblerait que la future première
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dame n'aie pas été plus active suite à l'arrestation de son amant le 9 octobre 1945. En donnant
une grande place à Evita dans la naissance du mouvement peroniste, les pro-Perón comme les
anti-Perón utilisent l'image controversée d'Evita pour faire valoir leurs propos. Quoiqu'il en soit,
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chacun aura gain de cause lorsqu'il s'agit de parler de la période ayant suivi l'élection de 1946 au
cours de laquelle Eva Perón occupe un rôle beaucoup plus grand et autonome au sein du
gouvernement d'Argentine. Dans un discours prononcé le 1er mai 1949, Evita, alors première
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dame, présente bien la figure politique qu'elle est devenue.
Quiero terminar con una frase muy mía, que digo siempre a todos los descamisados de mi
patria, pero no quiero que sea una frase más, sino que vean en ella el sentimiento de una
mujer al servicio de los humildes y al servicio de todos los que sufren: "Prefiero ser Evita,
antes de ser la esposa del Presidente, si ese Evita es dicho para calmar algún dolor en algún
hogar de mi patria". 28
28 El Historiador, Discurso de Evita en el Día del Trabajador - Plaza de Mayo (1949) [en ligne],
http://www.elhistoriador.com.ar/documentos.php, consulté le 29 novembre 2010.
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Articles de périodiques
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BIBLIOGRAPHIE
NAVARRO, Marysa. « The Case of Eva Peron », Signs, vol. 3, no 1 (1977), p. 229-240.
Chansons
LLOYD WEBBER, Andrew et ROSS, Tim. A New Argentina, 1976.
s
Comptes-rendus
M
LLOYD WEBBER, Andrew et ROSS, Tim. Peron's Latest Flame, 1976.
nç
oi
ROCK, David. compte-rendu de Mariano Plotkin, Mañana es San Perón, A cultural history of
Perón's Argentina, dans American Historical Review. vol. 101, no 1 (1996), p. 276-277.
Mémoires et thèses
Monographies
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a
BEJERMAN, Ingrid. Framing a pose in immortality : discourse, myth, representation in the
death and life of Eva Perón. Mémoire de maîtrise, Université McGill, 1997, 130 p.
FRASER, Nicholas et NAVARRO, Marysa. Evita. New York, W.W. Norton & Company, 1996,
198 p.
an
-
MERCIER VEGA, Louis. Autopsie de Peron: bilan du peronisme. Gembloux, Duculot, 1974,
205 p.
M. TAYLOR, Julie. Eva Perón, the myths of a woman, Chicago, University of Chicago Press,
1979, 183 p.
Ressources en ligne
©
Je
El Historiador. Discurso de Evita en el Día del Trabajador - Plaza de Mayo (1949) [en ligne],
http://www.elhistoriador.com.ar/documentos.php, consulté le 29 novembre 2010.