Civilisation Japonaise
Transcription
Civilisation Japonaise
03/12/2015 Civilisation Japonaise Y.NAKAO-HEIMBURGER Pierre GAUTHIER LEA 2 1. Le Paléolithique Entre -120 000 et -12 000 Durant cette époque, le Japon était toujours physiquement rattaché au continent par des zones de banquise et des territoires non-immergés pour le moment. De nombreux exodes eurent lieu pendant cette période, notamment via un couloir migratoire provenant de l’actuelle Corée. Avec l’Holocène de -12.000/-10.000 vient une montée des eaux conséquente, provoquant l’isolation des îles japonaises par rapport au continent. Les premiers habitants attestés de l’archipel vivaient en petits groupes (probablement d’une dizaine de personnes environs), ayant probablement développé un système de commerce basé sur le troc. 2. La Période Jômon De -3000 à -300 La poterie Jômon Ce nom de Jômon, donné a posteriori, désigne le type de poterie fabriquée à cette époque. Il s’agissait d’objets céramiques à vocation décorative, travaillés à l’aide de cordelettes par une technique impliquant un glissé. Mise en lumière de la période Jômon E. Morse est un archéologue américain arrivé sur l’archipel Japonais lors de son ouverture au monde à la restauration Meiji (1868). Il remarque, à Ômori (Tôkyô), des amas coquillers présentant des traces humaines comparables à celles qu’il a pu étudier au sujet de la protohistoire européenne. Après une fouille approfondie des terrains, il met au jour les premières poteries Jômon, ainsi que des ossements humains et diverses preuves d’habitation ; tant d’éléments archéologiques ayant permis au Japon de mettre en lumière cette partie de leur histoire. Coutumes et mode de vie Il est attesté que les populations Jômon avaient adopté un style nomadique basé sur leur mode de chasse et les migrations animales. En termes de coutumes, l’hypothèse de l’enlèvement des dents est commune, probablement aux moments du mariage, du remariage et du deuil (beaucoup de crânes Jômon retrouvés avec un certain nombre de dents avant arrachées). Les défunts étaient enterrés dans une posture recroquevillée. Des idoles en terre (dogû) sont datées de l’époque Jômon, et auraient été à vocation religieuse, ou tout du moins cultuelle. Au niveau de l’alimentation, on retrouve des traces avérées de cultures de plantes comestibles, de la chasse de cerfs et de sangliers, de la pêche et de la chasse aux baleines. L’espérance de vie était encore faible, probablement entre 20 et 30 ans. La question de l’habillement reste encore sans réponse claire, et deux hypothèses sont prédominantes sur les matériaux utilisés : la peau de bêtes et le tissu. 3. La période Yayoi De -300 à 300 La riziculture Au cours du 2ème siècle avant JC, la riziculture est importée depuis la Chine. Ce nouveau mode d’alimentation renforcera la sédentarisation, et rassemblera des groupements humains sur les terres fertiles propices à la culture du riz. La convoitise de ces cultures générera d’autre part de nouveaux conflits, ainsi qu’une nécessité à protéger ses propres cultures. Par ces clivages de populations nait la première idée de « pays ». Les récoltes rizicoles étaient stockées dans des greniers surélevés pour les protéger des incidents (rats, inondations…) L’artisanat La période Yayoi voit également la naissance de la métallurgie sur l’archipel. Les méthodes et techniques métallurgiques sont importées de la péninsule coréenne et de la Chine tout au long de cette époque. De plus, un nouveau style de poterie voit le jour : plus sobre, moins décoré, plus léger, plus solide et plus fonctionnel. L’émergence d’un pouvoir royal Vers la fin de la période Yayoi, le pays du Yamatai (ou Yamato) se démarque et, au 3ème siècle, on dénombre une trentaine de petits pays sous la souveraineté de la reine Himiko, qui entretenait par ailleurs de très bonnes relations diplomatiques avec la Chine. Nous ne pouvons affirmer avec exactitude géographique la localisation du Yamatai. Un grand mystère plane donc au-dessus de ce pays, de même qu’au-dessus de sa reine. Celle-ci aurait été une sorte de prophète, dirigeant le royaume selon ses prédictions. D’après le mythe, personne sinon son frère n’aurait vu son visage durant son règne. 4. La période Kofun Fin du 3ème siècle – fin du 6ème siècle Situation géopolitique Cette période voit l’émergence de la cour de Yamato (Yamato seiken). Pour beaucoup d’historiens, l’appellation « Yamato » désigne, dès cette période, le Japon dans sa forme première. Une puissante monarchie s’installe, et établit la souveraineté sur une grande partie de la région de Kinki. Il demeure également un grand flou sur le mode de gouvernance du Yamato durant la période Kofun. Les Kofun Les Kofun étaient de gigantesques tombeaux construits pour les rois et les hauts-nobles. Le Kofun était entouré d’une fosse et décoré par de nombreux objets en terre cuite. C’étaient des symboles d’opulence et de puissance. Le plus grand Kofun (486m) est situé à Ôsaka, et serait celui de l’empereur Nintoku (5ème siècle). La région de Nara est la plus riche en Kofun. On y retrouve notamment un tumulus de 278m daté du 3ème siècle recouvert d’arbres, destiné à une fille de l’empereur Kôrei. Selon le Ministère de la Culture (bunkachô), il existe au moins 160 000 Kofun sur tout le territoire Japonais. Certains d’entre eux ont été détruits avec le temps. Les chercheurs d’aujourd’hui visent à reproduire leur état d’origine à partir des ruines. Pour les tumuli considérés comme ceux des empereurs (Tennô) et des impératrices (Kôgô), le Ministère des Affaires Impériales interdit l’entrée au public, y compris aux archéologues. Cela limite l’étude et les recherches sur cette époque. A l’intérieur des Kofun ont été retrouvés, notamment, des miroirs en cuivre, des sabres en fer, des perles, ou encore des harnais métalliques. Les Haniwa Les Haniwa sont des objets en terre cuite placés autour des Kofun. Leur taille est variable, allant de quelques dizaines de centimètres à un mètre. Aujourd’hui, les Haniwa sont les mascottes de plusieurs villes (de par la présence de Kofun dans leur patrimoine). Par exemple, on retrouve Hanitan à Takatsuki (Ôsaka), ou encore Hanipon à Honjô (Saitama). Ces mascottes sont appelées Yuru-kyara. Sur la chaîne NHK, les Haniwa sont des personnages présentant l’actualité aux enfants. L’influence du continent Les immigrés Coréens (toraijin « les gens qui sont venus ») sont les immigrés collectifs originaires de la péninsule Coréenne. Ils ont apporté aux Japonais les connaissances du continent, notamment les Kofun, beaucoup de techniques agricoles, certaines techniques de poterie, le tissage de la soie, les Kanji, le confucianisme… L’influence du continent est extrêmement forte à l’époque Kofun. Les clans puissants se lient aux immigrants afin de compenser un certain retard technologique en obtenant leurs connaissances (sur l’industrie martiale notamment), et agrandir leur territoire. 5. Période Asuka 591-710 L’arrivée du bouddhisme (en 538 ou 553) bouleverse les traditions du peuple japonais, qui vénéraient la divinité du soleil et d’autres divinités qui protègent leur clan (shintoïsme). Au début, les idées bouddhistes étaient tellement dynamiques qu’elles ont constitué une forme de choc pour les Japonais. Mais peu à peu le bouddhisme a été à son idée de bonheur après la mort. Les clans puissants se mettent des temples bouddhistes à la place des Kofun. Les clans puissants et la famille royale Le clan Soga et le clan Mononobe ont lutté afin de faire monter leur prince sur le trône. Afin de calmer leur conflit, pendant le règne de Suiko Tennô (l’impératrice Suiko), Shôtoku Taishi, son neveu, est devenu régent en 593, et collabore avec le clan Soga (Soga no Umako). Le régent (sesshô) prenait l’initiative politique lorsque l’empereur était un enfant ou une femme. Le Kan ijuunikai (système des 12 rangs) est mis en place en 603. Ce système est inspiré du système Chinois. Tout le monde pouvait être engagé, quelle que soit la famille d’origine. La couleur du chapeau définit la classe à laquelle on appartient. Le Prince Shôtoku rédige une Constitution de 17 articles (604). Elle fixe des règles pour les fonctionnaires : - Importance de l’harmonie Respect des trois trésors : le Bouddha, ses instructions et les moines Obéissance à l’empereur Le prince Shôtoku cherche d’ailleurs à développer un lien fort avec la Chine (correspondances) : c’est le début des études à l’étranger d’intellectuels Japonais. Shôtoku fait construire de nouveaux temples bouddhistes (ex : Shitennô-ji à Ôsaka ; Hôryû-ji à Nara), et déclare la religion bouddhiste religion officielle de l’Empire Japonais. Il existe diverses légendes concernant le prince Shôtoku (Shôtaishi). Il serait né dans une écurie, ce qui lui aurait valu le nom de Umayado no Ôji (prince de l’écurie). Dès la naissance, il aurait été capable de parole. A deux ans, il aurait proféré des paroles Bouddhiques en directions de l’est. Le clan Soga développe la culture Bouddhiste à Asuka (sud de Nara), ou le roi (empereur) habite. Kenzuishi : Les missions vers la Chine des Sui Vers la fin du 6ème siècle, l’empire chinois Zui/Sui est très puissant. Le Japon y a envoyé de nombreux moines et étudiants afin de leur faire apprendre le système social ainsi que la culture chinoise. En 607, O no Imoko se rend en Chine en tant qu’ambassadeur japonais : la lettre de Shôtoku Taishi a mis l’Empereur Chinois en colère : « J’envoie cette lettre du pays du soleil levant au pays du soleil couchant… » Malgré cet épisode, Imoko réussit à persuader l’Empereur Zui de maintenir un contact avec le Japon. Au total, trois missionnaires sont envoyés en Chine des Zui, afin d’approfondir le lien entre le Japon et le continent. Après la mort du Prince Shôtoku, le clan Soga fortifie sa puissance politique, et suscite la jalousie d’autres clans. Les Soga se rapprochent de la famille impériale par mariage, et anéantissent la famille de Shôtoku. 645 : Réforme de Taika Contexte : La critique envers la politique dictatoriale du clan Soga est devenue forte. Le jeune prince Naka no Ooe (19 ans), collabore secrètement avec Nakatomi no Kamatari afin de préparer un coup d’Etat pour battre le clan Soga. Pendant une cérémonie au palais impérial, un chef du clan Soga, Soga no Emishi, et son fils Soga no Iruka, ont été assassinés sous les yeux de la reine Kôgyoku Tennô. Après cette affaire, le clan Soga est écarté du pouvoir. Kamatari choisit un nouveau nom de famille : Fujiwara. Le pouvoir du clan Fujiwara durera jusqu’au 11ème siècle. La capitale est transférée à Naniwa (Ôsaka), puis à Ootsu (Shiga). Les terrains gouvernés par les clans sont confisqués et redéfinis en tant que terrains publics. En 668, le prince Naka no Ooe devient l’empereur Tenji Tennô, et établit son siège à Ootsu. Il fait établir le premier enregistrement de foyer (Koseki). Cependant, ses réformes trop radicales ne sont pas appréciées par de grands clans. Après la mort de l’empereur, leur mécontentement augmente encore. Des batailles de successions ont lieu. Le gagnant, Tenmu Tennô, élargit le statut de l’empereur. Il transfère la capitale à Asuka, comme à l’époque du prince Shôtoku. Le nom Nihon semble être né durant l’époque Asuka (vers le 8ème siècle). 6. Epoque Nara 710-794 Heijô-Kyô (Nara) signifie « Cité de la Paix », et est construite sur le modèle chinois de la ville de Xi’an (Chôan en japonais). L’urbanisme est extrêmement géométrique, avec de grandes artères rectilignes traversant la ville. On lui calcule une superficie d’environ 5km². La capitale y est transférée. L’Etat est mené par l’empereur et les nobles proches. Nombre d’habitants : 100 000 personnes, dont 10 000 fonctionnaires. On dénombre deux grands marchés à Heijô-Kyô, vendant des produits de toutes les régions. Code sur l’état civil et l’usufruit des rizières de l’Etat Population : 4 500 000 personnes ont été classées en deux catégories : les ryômin (bons citoyens) et les senmin (esclaves). Un terrain pour une rizière est attribué pour toutes les personnes enregistrées dans le Koseki ayant plus de 6 ans. En cas de décès, le terrain est restitué à l’Etat. Les ryômin sont chargés d’autres impôts. Certains impôts sont demandés uniquement aux hommes, et certains déclarent leurs fils comme étant des filles. Les hommes sont également envoyés au nord de Kyûshû afin de protéger le territoire (Sakimori : service militaire). Certains d’entre eux ne supportent pas ce service militaire, et prennent la fuite. Le « Japon » est divisé en plusieurs petits pays gouvernés par un chef régional (Gunji), chacun étant dirigé par un chef (Kokushi) envoyé de la capitale. A Kyûshû, un bureau diplomatique et de défense (Dazaifu) est installé pour protéger le territoire. Dans la région de Tôhoku, un château est construit dans le but de gérer la politique et les affaires militaires de la région. Des chemins reliant la capitale à toutes les régions voient le jour, pour des raisons pratiques évidentes. Les moines et les nobles Les moines sont exemptés d’impôts, mais ont l’obligation de protéger l’Etat par la pratique du Bouddhisme. Parmi les ryômin, environ 200 seulement sont nobles. Ils ont un statut de haut fonctionnaire et touchent un bon salaire. Ils sont également exemptés d’impôt et de service militaire. Augmentation de la population La croissance de la population va de pair avec l’insuffisance de production rizicole. Afin de résoudre le problème, la Cour publie en 743 une nouvelle loi (Konden Einen Shizai no Hô). Elle autorise la présence des propriétés privées. Ces terrains peuvent désormais être librement vendus ou légués aux enfants. Naturellement, les plus riches (nobles, temples, Gunji, etc..) élargissent leurs terrains privés, appelés Shôen. Culture Tenpyô De Kenzuishi à kentôshi La Cour envoie à plusieurs reprises des fonctionnaires ainsi que des moines (Kentôshi = messager dans la Chine de T’ang). L’échange avec la Chine permet de développer la culture internationale, influencée par le bouddhisme et la civilisation chinoise. Par la route de la soie (shirukuroodo), le commerce international relie les pays entre le Moyen Orient et le Japon. Les produits de divers pays arrivent à la Cour de Nara. Les Trésors du Shôsôin Ce bâtiment contenant tous les objets précieux venant du monde entier est construit par l’empereur Shômu. Grace à la structure surélevée et aérée du bâtiment (technique « azekura tzukuri »), les objets sont bien conservés. Le Kojiki (712) « Chronique des faits anciens » Edité par l’empereur Tenmu, il s’agit d’un recueil de l’histoire des empereurs, écrit avec un style très littéraire et d’un point de vue subjectif afin d’unifier les pensées politiques. Le Nihonshoki (720) « Chronique du Japon » Edité par l’empereur Genshô, il traite également l’histoire des empereurs, mais sur un style historique cette fois-ci. Le but est de mettre en avant la supériorité du Japon face à la Chine. La construction du Grand Bouddha (Daibutsu) L’empereur Shômu monte sur le trône en 724, à 24 ans. A l’époque, la société souffre : changements politiques, sécheresse, famine, mauvaises récoltes, séismes, petite vérole… Afin de calmer la situation, l’empereur se tourne vers le Bouddhisme : dans le but de rétablir la paix dans son pays, il ordonne la construction d’un grand Bouddha en 740. Cette construction prendra 12 ans, s’achevant en 752. 1. Composer un gigantesque moule en terre 2. Couvrir le moule de terre 3. Verser du cuivre fondu Au total, environ deux millions de personnes ont participé aux travaux. Localisation : Temple Tôdai (Tôdaiji) Hauteur : 15m Largeur (d’un genou à l’autre) : 12m Au milieu du front se trouve une concentration de cheveux blancs. On dit que la lumière en sort afin d’éclaircir le monde. Sa main gauche représente la sagesse de l’espace, et sa main droite représente la miséricorde. Ganjin (688-763) Au 8ème siècle, à Nara, il existe beaucoup de « moines » non-diplômés et le monde du bouddhisme est corrompu. En 743, deux moines japonais se rendent en Chine afin de demander l’aide des moines Chinois. Aucun moine ne souhaite quitter le pays. Ganjin, leur chef, décide finalement de se rendre lui-même sur l’archipel. Cependant, le mauvais temps et le sabotage de ses élèves (qui ne souhaitent pas son départ), empêchent son départ. Lors de sa sixième tentative toutefois, un haut-fonctionnaire japonais organise un voyage clandestin pour Ganjin et ses suivants. Le moine chinois arrive enfin au Japon en 753, aveugle et fatigué. Il y construit le temple Tôshôdai-ji, où il décède à l’âge de 76 ans. Le Sangaku, l’origine du Nô Ce spectacle, d’origine chinoise, et protégé et mis en valeur par la Cour japonaise. Cet art, mêlant musique, chant, mime, acrobatie et bien d’autres, a un étroit lien avec le bouddhisme. Cependant, en 782, la Cour abolit la classe des artistes, probablement pour des raisons financières. Privés de leur statut officiel, les artistes demandent protection aux temples opulents ou deviennent voyageurs. Epoque Heian 794-1192 Heian = Paix Vers la fin de l’époque Nara, de nombreux problèmes perturbent la société : Conflits entre les nobles et les moines Fraude du Koseki L’empereur Kanmu transfère la capitale de Nara à Nagaokakyô (Kyôtô) en 784, puis à Kyôtô même en 794. La nouvelle capitale est appelée Heian-Kyô. La puissance croissante des Fujiwara Le clan Fujiwara s’approche de l’empereur en faisant épouser ses filles aux membres de la famille royale. Il prend ensuite le pouvoir politique sous prétexte d’avoir aidé l’empereur. Dans la région, les chefs de chaque pays, désignés par l’état, bénéficient de leurs propres biens. Certains d’entre eux ne se rendent plus à leur poste et envoient un remplaçant. Vers le 11ème siècle, la puissance du clan Fujiwara atteint son apogée par Fujiwara no Michinaga et son fils Yorimichi. En 894, Sugawara no Michizane est désigné comme missionnaire pour aller en Chine des Tang, mais propose la fin du Kentôshi. La raison principale de cette proposition est la dégradation de la dynastie Tang et le danger du voyage. Sa requête est acceptée par le gouvernement, et le Kentôshi prend fin. Les craintes de Michizane étaient avérées, car en 907 la dynastie des Tang s’effondre. Désormais, le Japon se focalise sur l’approfondissement de sa propre culture. Sugawara no Michizane Originaire d’une famille aristocrate de rang moyen, il a une réputation de génie dès son enfance. A 25 ans, il réussit au concours d’accès à la politique, dans laquelle il excelle par la suite, malgré la prospérité du clan Fujiwara. En 897, l’empereur Uda confie les affaires politiques à Sugawara no Michizane et Fujiwara no Tokihira. Sa promotion malgré son rang modeste d’aristocrate moyen suscite la jalousie du clan Fujiwara. En 901, il est accusé à tort de vouloir éliminer le jeune empereur Soga, et est exilé à Dazaifu (Kyûshû). Après sa mort, un de ses ennemis, Fujiwara no Tokihira meurt à 39 ans. Puis le fils et le petit-fils de l’empereur ayant exilé Sugawara no Michizane meurent. Trois mois plus tard, l’empereur Daigo luimême décède d’une maladie à 33 ans. Par superstition, le courroux de l’esprit de Michizane est mis en cause, et personnifié comme l’essence de la foudre. Afin de le calmer, un sanctuaire est construit. De nos jours, Michizane est à la fois le dieu de la foudre et des études, et plusieurs milliers de sanctuaires lui sont associés. D’après le blason de la famille Sugawara, la fleur de cerisier est un motif récurent du recueillement auprès de Michizane. Il est également associé à l’intelligence et au savoir, et de nombreux élèves et étudiants se recueillent dans ces sanctuaires pour se souhaiter une bonne réussite, notamment lorsque viennent les concours. La culture Kokufû Avec la fin des missionnaires en Chine, les Japonais cherchent un nouveau style moins influencé par le continent. Littéralement, le nom Kokufû (style du pays) exprime une nouvelle tendance culturelle. Caractères Kana (simplification des caractères chinois) Emergence de la femme dans le corps littéraire La création des Kana A partir des Kanji, les Japonais de l’époque Heian créent les Hiragana. Ce sont des caractères simplifiés, permettant le développement rapide d’une écriture en prose, et ouvrant aux femmes l’accès à la littérature, autrefois restreint. Parmi les grands écrivains féminins de l’époque, on retrouve Seishô Nagon, qui rédige Makura no Sôshi (Notes de chevet), et Murasaki Shikibu, écrit Genji no Monogatari (Le Dit du Genji). Le Dit du Genji Il s’agit d’un roman en 54 volumes, probablement écrit en une quinzaine d’année. Il décrit la vie du prince Hikaru, de ses aventures avec de nombreuses femmes, de sa retraite… Il existe quelques versions en japonais modernes, ainsi que dans d’autres langues. De nombreux hommages postérieurs à ce roman sont observables, dans beaucoup de pans de la culture japonaise (théâtre, comédie musicale, groupe pop, manga…) Vers le milieu de l’époque Heian, l’influence de la Chine est devenue faible (cf. fin du Kentôshi). Désormais, la culture japonaise se développe, et s’éloigne notamment des canons de beauté chinois. Au Japon, les femmes nobles de Heian ont développé de nouveaux modèles de beauté : yeux fins, petite bouche, peau blanche, visage rond, cheveux lisses et longs, ainsi que la O’haguro, la coloration des dents en noir. A cette époque, le logis des nobles (Shinden tsukuri) est gigantesque et fait de bois, de plain-pied. La différenciation vestimentaire commence également par rapport à la chine, avec une nouvelle culture du Kimono pour les nobles (plusieurs couches de tissu les unes sur les autres). Les nouvelles écoles Bouddhistes Au début de l’ère Heian, beaucoup de moines partent en Chine afin d’apprendre le Bouddhisme. Certains introduisent de nouvelles écoles au Japon. Les moines, tels que Saichô et Kûkai ouvrent leur école après leurs études auprès de la Chine Tang. Enfermés au sommet des montagnes, les moines suivent des apprentissages stricts. Leur doctrine est soutenue par les nobles. Saichô construit le temple Enryaku-Ji au sommet du mont Hieizan à Kyôtô. Son école est appelée Tendaishû. Kûkai construit le temple Kongôbu-Ji au sommet du mont Kôyasan (Wakayama). Son école est appelée Shingon. Jôdoshinkô – Le paradis et sa croyance Les nobles pratiquent une prière des écoles Saichô et Kûkai afin de souhaiter leur bonheur et leur stabilité sociale. Cependant, vers le 10ème siècle, la dégradation sociale suscite une grande inquiétude. Beaucoup pensent que la renaissance au paradis après la mort est possible grâce à la prière. Croissance des Bushi (10ème siècle) Les clans puissants protègent leurs propriétés par les armes. A la capitale, également, les résidences des nobles sont surveillées par des soldats (bushi). Samurai = mot populaire pour Bushi Peu à peu, certains groupes de soldats s’agrandissent par liens maritaux avec des clans importants. Parmi eux, deux groupes issus de la famille de l’Empereur sont notables : Genji (ou Minamoto), situés à l’est du Japon [Tôkyô, Kamakura], et Heishi (ou Taira), à l’ouest. Ils offrent des terrains aux nobles pour bénéficier de leur protection. L’Empereur exploite la présence des Bushi d’agrandir son pouvoir. L’approche du pouvoir politique par les Bushi provoque finalement un conflit entre les clans Minamoto et Taira. Souhei : Les moines armés Protégés par l’Empereur, les temples puissants élargissent également leur pouvoir. Afin de faire passer leurs demandes, ils vont jusqu’à s’armer progressivement. Le corps monacal est, en soi, plutôt corrompu à cette époque. Epoque Kamakura 1192-1333 Pour la première fois, le centre du pouvoir se déplace à l’est du Japon, mais il ne s’agit pas de la capitale impériale. Le régime est mené par les Minamoto qui, toujours en conflit avec les Taira, installe son gouvernement militaire (bakufu > shogunat) à Kamakura, loin de l’Empereur, qui se trouve toujours à Kyôtô. Minamoto no Yoritomo devient ainsi le premier shôgun (1192), et choisit Kamakura comme siège pour sa facilité de défense. Dans la région du Kantô, les Bushi qui le soutiennent sont nombreux. Pour asseoir sa légitimité sur les Bushi, il mène un ultime conflit contre le clan Taira, et son petit frère Yoshitsune a raison du clan ennemi. De peu que son frère ne prenne le pas sur son influence, Yoritomo le fait assassiner. De nombreux ouvrages littéraires traitent de la tragédie de Yoshitsune. Yoritomo cherche par tous les moyens à diviser et dérober la puissance politique de l’empereur. En 1192, comme dit précédemment, il devient Seitai Shôgun (=shôgun). Il réussit à faire reconnaître son régime par la cour d’Heian-Kyô. Les Bushi, sous le commandement du Shôgun, sont près à faire don de leur vie lors des combats en échange de récompenses, comme des terres (goon). Après la mort de Yoritomo, son successeur laisse la famille de son épouse (les Hôjô), qui fragilise peu à peu le pouvoir du Bakufu. Profitant de cette occasion, l’empereur retraité Gotoba essaie de renverser le bakufu. Il échoue cependant, et est envoyé en exil sur l’une des îles Oki. Après cet échec de renversement politique, le pouvoir du Bakufu croît, et le Shôgun s’impose progressivement comme le chef principal du régime. La vie des Bushi La résidence des Bushi est entourée d’un fossé ayant pour objet une forme de protection en cas d’attaque. Leur style de vie, ainsi que leur habitat, était étonnamment sobre au vue de leur noblesse. Le Bushi doit s’entraîner quotidiennement aux différents arts militaires japonais. En 1232, le Shikken (régent shôgunal) Hôjô Yasutoki établit les Goseibai shikimoku (Règlements de la justice shôgunale) destinés aux Bushi. La vie des paysans Les Bushi et les moines encouragent le développement des champs agricoles. Autour des villages, des commerçants viennent s’installer petit à petit, et de grands marchés se tiennent devant les temples. Les villes portuaires s’agrandissent également, ce qui profite grandement à l’essor du commerce. Le Bouddhisme pour le grand public Auparavant, le Bouddhisme avait vocation à protéger l’état, ce qui a amené à une forte belliquosité et une forte corruption du corps monacal. A l’époque Kamakura, un nouveau Bouddhisme nait : tous ceux qui récitent l’invocation du Bouddha Amida peuvent renaître au paradis après la mort. Le principe d’égalité des croyants, quel que soit leur rang social, attire les pauvres, les illettrés, les femmes et les esclaves. Ces nouveaux groupes Bouddhistes, habillés sobrement en noir, sont méprisés par les temples puissants. La cour impériale ainsi que le Bakufu essaient de les écarter. L’attrait suscité par ce nouveau corps religieux sur les classes les plus basses de la société génère l’inquiétude des puissances politique et religieuse en place. Hônen (1133-1212) et son école Jôdoshû Honen persuade le grand public que chacun peut se rendre au Jôdo (paradis), par simple récitation des paroles bouddhiques « namu amida butsu ». Shinran, (1173-1262) et son école Jôdoshinshû Shinran est l’élève de Hônen. Il est chassé par la cour jusqu’à l’île de Sado (Niigata), où il décide de propager ses principes auprès des paysans. Les principes de Shinran : Par la prière, il est possible d’invoquer l’aide du Bouddha Amida. Par ailleurs, il rejette la croyance des moines exorcistes. Particularités de cette école : Possibilité de mariage Consommation de viande/poisson Egalité des pratiquants o Ces pratiques existent déjà dans les autres temples, mais comme le bouddhisme les interdit, elles sont cachées au grand public. Depuis l’ère Meiji (19ème), le mariage des moines est accepté pour la plupart des groupes Bouddhistes. Une légende veut qu’un moine, jaloux de lui, ait tenté de l’assassiner. Cependant, il aurait échoué, et Shinran aurait fini par lui sauver la vie. Ce moine serait devenu son élève et l’aurait suivi jusqu’à sa mort. De nos jours, l’école de Shinran est le plus grand groupe bouddhiste du Japon, suivi par l’école Hônen. Autres écoles Odori nenbutsu (créée par Ippen) Invention d’une danse calquée sur la prière bouddhiste Hokke [=fleur de lotus] (créée par Nichiren) Fils de pêcheur, il devient moine à 12 ans. Il critique tous les groupes bouddhistes ainsi que le Bakufu. Son attitude est très agressive, ce qui pousse finalement le Bakufu à l’envoyer en exil sur l’île de Sado (Niigata). De nos jours, une nouvelle secte importante, Sôka Gakkai affirme avoir un lien avec l’école de Nichiren, lien rompu depuis 1991. L’Ecole Zen Dôgen (13ème siècle) créé cette école, qui consiste à pratiquer le zazen [=s’asseoir et méditer], inspirée de ses études chinoises. Certains corps monacaux corrompus critiquent la sévérité de cette école, malgré l’attraction de cette école sur les Bushi. Cette école de Bouddhisme est finalement protégée par le Bakufu de Kamakura. Le Shôgun fait même venir des moines de Chine pour encourager le Zen à prospérer. Par jalousie, d’autres moines d’Enrryaku-ji détruisent son temple à Heian-Kyô (Kyôtô). Dôgen s’enfuit à Fukui et construit Eihei-ji, l’un des sièges centraux du groupe Sôtô. Conclusion Ces nouveaux groupes bouddhistes gardent une distance par rapport au pouvoir, contrairement aux groupes plus traditionnels. Ils propagent leurs idées auprès du grand public, qui n’était pas la cible principale du bouddhisme traditionnel. De nouvelles pratiques sont observées, notamment les funérailles pour tout un chacun, ainsi que des pratiques médicinales auprès du peuple (pour soigner la lèpre, principalement). Leur mode de vie simple et modeste correspond également au mode de vie des Bushi, qui commencent à prendre le pouvoir et la place des nobles dans la société. La Culture de l’époque Kamakura La culture de cette époque est influencée par les loisirs du peuple et ceux des Bushi. Des histoires de guerre sont transmises partout au Japon par des moines itinérants. Les histoires orales sont régulièrement accompagnées de morceaux joués au biwa. On constate également un bond dans le domaine de la sculpture : une nouvelle technique, importée une nouvelle fois de Chine, permet aux artisans Japonais de réaliser des ouvrages de plus en plus réalistes (c.f. les gardiens du temple Tôdai-ji, près de 10m de hauteur). Invasion Mongole (de 1274 à 1281) Kubilai Khan pénètre au Japon en 1274, à la période des typhons. Les mauvaises conditions climatiques forcent les envahisseurs à se retrancher dans les terres, offrant un répit au Japon. Ils tentent une seconde attaque quelques années plus tard, rendue impossible à nouveau à cause des typhons. Ces victoires consécutives liées aux conditions climatiques génèrent une forte croyance des Japonais en la puissance de dieux animistes. Effondrement du Shôgunat de Kamakura Après les batailles avec les Mongols, les Bushi ne reçoivent rien du Bakufu, et leurs vies deviennent de plus en plus difficiles. Le clan Hôjô élargit sa puissance, mais cela provoque une réaction de défense chez les Bushi. Certains clans (notamment le puissant clan Ashikaga mené par Ashikaga Takauji) s’allient à l’Empereur pour reprendre le pouvoir politique au Shôgun. Le Shôgunat de Kamakura s’effondre ainsi en 1333. Nanbokuchô Jidai Période de la double cour du Nord et du Sud 1336-1392 L’Empereur Godaigo établit sa cour politique à Kyô (Kyôtô), favorisant les nobles au détriment des Bushi. Takauji, qui souhaitait être nommé Shôgun, se sent lésé. Le mécontentement monte ainsi parmi les Bushi. Naturellement, en 1335, Ashikaga Takauji chasse l’empereur, et établit sa nouvelle cour à Kyô, tandis que l’Empereur, retiré dans la montagne de Nara, y reforme une autre cour impériale. Pendant 60 ans, les deux cours, celle du nord et celle du sud, sont en conflit permanent. En 1338, Takauji est proclamé Shôgun par la cour du nord. Commence alors le Shôgunat de Muromachi à Kyô. L’année suivante, à la mort de l’Empereur Godaigo, Takauji construit un temple en sa mémoire. Il propose ensuite la réconciliation avec la cour du sud : la double cour prend fin en 1392, lorsqu’ Ashikaga Yoshimitsu, petit-fils de Takauji, devient Shôgun. Muromachi Jidai 1392 – v.1500 Ashikaga Yoshimitsu (1368-1408) cherche à stabiliser la société. Le bakufu de Muromachi travaille sur la politique et l’économie, en établissant un gouvernement unique au Japon. Le bakufu protège les financiers de Kyô (Kyôtô) et devient riche grâce aux impôts. Il installe ses locaux à Kamakura afin de surveiller les Bushi de la région du Kantô. Vers le 14ème siècle, de nombreux groupes de pirates (wakô) attaquent les bateaux quel que soit leur pavillon (japonais, chinois, coréens…). La Chine, sous la dynastie Ming, demande au Japon d’interdire les activités des wakô. En répondant positivement à cette requête, Yoshimitsu enclenche un nouveau cycle de bons rapports (notamment commerciaux) avec la Chine. Les échanges sont nombreux entre les deux pays à cette époque : calligraphies, tableaux, tissus en soie (entre autres) sont échangés depuis la Chine contre les katana et le minerai de cuivre abondant du Japon. La Guerre d’Ônin no Ran Dans la région du Kinki, les paysans provoquent des révoltes contre le shôgunat. Du fait de la confusion du conflit lié à la succession du shôgun, la guerre d’Ônin finit par éclater. Les nombreux bushi se scindent rapidement en deux groupes à allégeance différente : à Yamashito (Kyôtô), les bushi collaborent avec les paysans contre le bakufu. Dans toutes les régions du pays, les bushi et les paysans de la même religion (école jôdoshinshû créée par Shinran) proposent de nombreuses manifestations violentes. Les chefs des pays régionaux doivent rentrer chez eux afin de calmer la situation. 1477 : fin de la guerre d’Ônin Mais dans certains cas, les croyants gouvernent leur région à Kaga (Ishikawa), leur indépendance dure environ un siècle. Gekokujô – « Situation inversée » Les anciens puissants sont déchus de leur influence, tandis que les anciens gouvernés deviennent les gouvernants. Le shôgun n’influence plus que quelque petites régions autour de Kyôtô, et les bushi des rangs les plus bas occupent la majorité des propriétés. Dans la farce théâtrale (Kyôgen) née à cette époque, la situation de l’époque est représentée de façon satyrique : le valet ridiculise son maître ; le maître incompétent est sauvé par le valet. Naissance des Sengoku Daimyô (Seigneurs de Guerre) Les seigneurs de guerre symbolisent cette période de Gekokujô. Il s’agit des bushi ayant vaincu leur chef, ou d’anciens chefs régionaux. Cette période est appelée Sengoku Jidai (période des guerres : fin du 15ème siècle – fin du 16ème siècle). Les nouveaux Daimyô structurent leurs troupes en armées, construisent leur château en ville plutôt que dans la montagne afin de développer une ville commerçante et protéger les commerces et les citoyens. Ils placent également sous leur protection les agriculteurs, les mineurs et les métiers de transport. La culture Muromachi La pagode d’or (Kinkaku-Ji), construite par Ashikaga Yoshimitsu, harmonise la culture des nobles et celle des bushi, apprécié de Yoshimitsu. Achèvement du théâtre de Nô (Sarugaku) Première racine du Nô : le Dengaku (Kanji : rizière/musique) Il s’agit de la musique dansée encourageant le travail pénible des paysans. Ce spectacle devient peu à peu un divertissement effectué par des professionnels. Les nobles de Kyô finissent par s’intéresser à ce divertissement. Seconde racine : le Sangaku Zeami, fondateur du théâtre Nô (appelé Sarugaku), joue depuis son enfance avec son père. A sa jeunesse, sa beauté attire le shôgun Ashikaga Yoshimitsu, qui devient son protecteur. Zeami, artiste appartenant à la classe sociale la plus basse, apprend le mode de vie et la culture des nobles auprès du shôgun. Cela lui permet de perfectionner l’esthétique du Sarugaku. Il harmonise les deux styles Dengaku/Sarugaku, les synthétisant progressivement en un nouveau style, le Nô. Après la mort de Yoshimitsu, son successeur Yoshimochi favorise un autre acteur et écarte Zeami sur l’île de Sado. La fin de sa vie est inconnue… Le Sarugaku représente un monde spirituel et le déclin de l’ère des nobles. Les personnages en masque sont des êtres spirituels (fantômes, divinités, esprits…) Le Kyôgen est une farce dans laquelle les valets et les gens socialement inférieurs sont souvent forts contre le pouvoir. Le Kyôgen est extrêmement populaire. Les acteurs jouent très souvent de façon improvisée. Dans le Kyôgen, les paroles et les gestes exagérés produisent des scènes comiques. Une pièce de Kyôgen est jouée entre les scènes de Sarugaku. Le Kyôgen est parfois représenté dans certains temples. Exemple : « Bôshibari » Autrefois, le Sarugaku était joué en extérieur (ce n’est plus le cas aujourd’hui). Vers la fin du 15ème siècle Ginkaku-Ji (Pagode d’Argent) est construite par le Shôgun Ashikaga Yoshimasa. C’est une référence à la Pagode d’Or (Kinkaku-Ji), avec une volonté de simplicité et de sobriété, qui reflète l’esprit des Bushi. Cha no Yu : culture implantée par un moine de l’école Zen depuis la Chine, pendant l’ère Kamakura. Tôcha : concours de thé (on devine l’origine ou le type de thé) Le Kadô (voie des fleurs) ainsi que l’Ikebana sont développés par les moines. L’art des tableaux à l’encre noire, Suibokuga, se répand à grande vitesse à l’époque Muromachi, particulièrement sous l’impulsion du peintre Sesshû. Les jardins minéraux de l’école Zen apparaissent également à cette époque. De petits cailloux blancs représentent l’eau, et des rochers représentent les montagnes. Le Shoin Tzukuri est un style de pièce datant de l’époque Muromachi, ancêtre du Washitsu (la chambre de style japonais). Il comprend notamment les tatamis, qui à cette époque sont réservés aux nobles et aux moines. La fin de l’époque Muromachi est marquée par la rencontre avec l’Europe. 1543 : introduction d’armes à feu par deux marchands portugais, arrivés sur l’île de Tanegashima grâce à l’aide des Chinois, qui permettront également une forme d’interprétariat avec les autochtones. Les Portugais font démonstration d’une arme à feu (platine à mèche), qui convainc aussitôt le chef de Tanegashima. Celui-ci ordonne alors à son forgeron d’étudier la fabrication de l’arme à feu. Par la suite, la technique de fabrication est transmise à Ôsaka et Kyôtô. Les stratégies martiales évoluent radicalement à partir de cette époque. Arrivée du Christianisme François Xavier (Furanshiesuko Zabieru) missionnaire jésuite espagnol, arrive au Japon en 1548. Le seigneur qui l’accueille accepte sa requête son pas par conviction religieuse mais pour développer le commerce international. François Xavier propage le christianisme pendant deux ans au Japon. Les Daimyô convertis au Christianisme sont appelés Kirishitan Daimyô. Le Christianisme se propage également auprès des paysans, déçus par la corruption des moines bouddhistes. De plus, les traitements médicaux assurés par les missionnaires renforcent la fascination des paysans. Le Christianisme devient extrêmement populaire au long de la seconde moitié du 16ème siècle. Les Portugais et les Espagnols sont appelés Nanbanjin (Barbares du Sud). Les marchands portugais de Macao s’installent à Hirado dans la région de Nagasaki pour développer le commerce international. Produits importés : fils en soie, tissus (soie, laine), vin, poivre, peaux de bêtes… Produits importés : Principalement des métaux (argent, cuivre) Epoque Azuchi-Momoyama 1573-1603 Oda no Nobunaga défait le shôgunat de Muromachi. Il se lance assez tôt dans la conquête de l’archipel, chassant d’abord sa famille de la région Owari pour prendre le contrôle de celle-ci. En 1560, Nobunaga apprend qu’Imagawa Yoshimoto de la région de Suruga est en marche pour Yamashiro (Kyôtô) avec une grande armée (45 000 soldats) formée sur la base d’une alliance entre les régions de Suruga, Tôtômi et Mikawa. Lors de leur passage à Owari, Nobunaga décide de les attaquer par surprise, malgré son infériorité numérique flagrante (5000 soldats). Il remporte une victoire inattendue grâce à sa connaissance géographique et à son ingéniosité tactique. Après la victoire, il conclut une alliance avec Ieyasu Tokugawa, chef de Mikawa. Nobunaga obtient ensuite les régions de Mino et Ômi avant de se rendre à Kyôtô (Yamashiro) afin d’aider Ashikaga Yoshiaki. Grâce à cette nouvelle alliance, il se fait nommer successeur de Yoshiaki au shôgunat, et obtient ainsi la mainmise sur le pouvoir politique. En 1571, face à la révolte du temple Enryaku-ji, qui protège les Daimyô adversaires de Nobunaga, celui-ci décide de brûler le grand temple et élimine un grand nombre de paysans récalcitrants. En 1573, Nobunaga chasse le shôgun Yoshiaki de Kyôtô (fin du bakufu de Muromachi). Nobunaga continue sa conquête. En 1575, avec Tokugawa Ieyasu, il se confronte à l’armée du clan Takeda (Bataille de Nagashino), connue pour être extrêmement puissante grâce à sa cavalerie. Nobunaga et Ieyasu réussissent tout de même à la défaire grâce à leurs armes à feu. Suite à cela, Nobunaga construit son château près du lac Biwa en 1576. Autour de celui-ci, un quartier commerçant s’installe. Il fait également construire une route moderne à Kyôto. Il a pour objectif d’unifier le pays. En termes de stratégie, Nobunaga adopte l’arme à feu très rapidement, faisant évoluer la stratégie martiale de façon radicale. Il développe et libéralise grandement le commerce et l’industrie. Les bouddhistes sont opprimés sous son règne, voyant même brûler leur grand temple d’Enryaku-Ji. Les chrétiens, eux, se voient offerts un traitement de faveur au nom du commerce international. Nobunaga placera notamment le missionnaire portugais Luis Frois sous sa protection dans le but d’apprendre la situation internationale et la géographie du monde. 21 juin 1582 : Attaque du temple Honnô-Ji. Nobunaga est contraint au suicide après la trahison de l’un de ses sujets, Akechi Mitsuhide. 11 jours après l’attaque, Mitsuhide est battu par Toyotomi Hideyoshi, un autre sujet de Nobunaga. La prise de pouvoir de Mitsuhide, très bref, est appelé Mikka Tenka (Pouvoir de Trois Jours). Toyotomi Hideyoshi prend ainsi le pouvoir. Celui-ci, bien que né dans une famille paysanne, impressionne Nobunaga par son intelligence, qui le recrute et le place près de lui dès sa jeunesse. Il devient progressivement un chef militaire sous le gouvernement de Nobunaga, avant de prendre finalement sa succession et de continuer son projet d’unification. En 1586, il est nommé Kanpaku (chef politique de l’Empereur) par l’Empereur Goyôzei, et il reçoit le nom de Toyotomi. En 1591, il achève d’unifier le Japon. Il s’installe ensuite à Ôsaka, où il construit l’un des châteaux les plus célèbres de l’archipel. Katana Gari – « La chasse des sabres » Hideyoshi enlève les armes aux paysans afin d’éviter leur révolte. La classe sociale est désormais fixe et immuable. Il rend la riziculture plus technique et industrielle (mesure précises des champs, prévision des récoltes). Il unifie également les règles de mesure pour l’archipel tout entier. Expulsion des missionnaires chrétiens (1587) Hideyoshi s’inquiète de la croissance d’une solidarité chrétienne partout au Japon, car elle menace la légitimité de sa souveraineté. Il décide d’exclure les missionnaires chrétiens du Japon en 1587, mais beaucoup d’entre eux continuent clandestinement de propager leur mission religieuse. Par ailleurs, Hideyoshi continue le commerce international avec le Portugal et l’Espagne. De nombreux Japonais partent dans les pays d’Asie du sud-est pour le commerce. Les 26 saints du Japon (Nagasaki) Certains Daimyô chrétiens ayant détruit des temples bouddhistes, la censure du christianisme au Japon a pour objet de résoudre le problème de conflit religieux. Cependant, ces mesures sont insuffisantes, et le conflit continue malgré l’interdiction faite aux missionnaires chrétiens de fouler le sol japonais. En 1597, il fait arrêter un groupe de missionnaires à Kyôto, puis les exécute à Nagasaki. Avant cette interdiction, les Daimyô avaient envoyé un certain nombre de jeunes hommes en mission d’étude en Europe. A leur retour, le Japon est frappé par l’interdiction du christianisme. Dans le cas d’un groupe de 4 jeunes hommes de retour de Rome, ils continuent leur mission de christianisation au Japon, mais sont finalement soit exécutés, soit expulsés, soit découragés. Echec de l’expédition en Corée En 1592, Hideyoshi tente d’attaquer la Péninsule Coréenne, afin d’avancer par la suite vers la Chine Ming. Le premier groupe (18 000 soldats), marche sur la Corée mais est affaiblie par l’ennemi, dont le corps militaire est renforcé par l’appui des civils. En 1597, Hideyoshi envoie 140 000 soldats en Corée. Pendant cette guerre difficile, il tombe malade et décède. Suite à sa mort, les troupes japonaises se retirent de la Corée. Pour résumer les travaux d’Hideyoshi Il organise la base du système politique et social, dirigé par les Bushi. o Domination des paysans par les militaires via le désarmement Il unifie la monnaie et les règles de mesure partout au Japon. Cela permet un renouveau de la politique globale de l’archipel.