Les super-héros sont parmi nous

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Les super-héros sont parmi nous
10 | MM43, 19.10.2015 | SOCIÉTÉ
Dossier
Les super-héros
sont parmi nous
Malgré leur grand âge, Spiderman, Batman et autres X-Men ont toujours autant
la cote auprès des enfants. Grâce à une industrie du cinéma qui a su donner de
l’ampleur à leurs pouvoirs, mais aussi grâce à une passion qui se transmet
de génération en génération.
Texte: Pierre Léderrey et Viviane Menétrey
P
Photos: Loan Nguyen
sssssssiiiit! Waaaaoouhhh! Ze te
mets en filets!» L’attaque est en
règle. Elle provient d’un justicier
masqué de 1 m 10 moulé dans un
costume en synthétique bleu et rouge
frappé d’une araignée sur le torse. J’ai
nommé Spiderman! Face à sa mère restée
de marbre, le super-héros en culottes
courtes fait demi-tour courant s’attaquer à
d’autres «méchants». A suivre…
Vous avez remarqué? Par les temps qui
courent, il est devenu presque impossible
de sortir sans se casser le nez sur Batman
et consorts. Costumes, chaussettes,
chaussures, culottes, bonbons, vélos,
cartables, les effigies des hommes aux
super-pouvoirs sont partout. Adulés par
les petits qui adorent se déguiser, les super-héros trustent aussi le cœur des plus
grands. S’il n’enfile pas sa cape de Batman,
Papa dévore désormais les comics de son
enfance avec son fiston, tandis que
d’autres collectionnent les figurines.
Hollywood l’a bien compris, Batman et ses
amis sont un filon en or. De Spiderman à
Iron Man en passant par la saga des
X-Men, on ne compte plus les remakes et
autres «revivals» de ces personnages qui
ont fait la gloire des comics américains des
années trente et soixante.
Justement, pourquoi un tel engouement
pour des vieillards en cape et collants?
(Superman, le premier d’entre eux, est né
en 1938). Tout simplement parce que les
super-héros seraient en réalité plus
proches de nous que ne le laisse supposer
leur costume. Crise identitaire, choix entre
s’impliquer ou rester en retrait du monde,
ces surhommes sont assaillis par le doute.
Autant de préoccupations qui entrent en
résonance avec notre époque désenchantée, note Marc Atallah, directeur de la Maison d’Ailleurs à Yverdon qui a consacré
l’année dernière une vaste exposition au
sujet.
Fan de comics et auteur de Sociologie
des super-héros*, le professeur agrégé de
sciences économiques et sociales français
Thierry Rogel abonde dans ce sens: «Il
n’est pas impossible que les récits de
super-héros puissent servir de “marqueur”
à un changement social profond, à l’instar
du roman populaire du XIXe siècle ou de
Don Quichotte considéré comme le
premier moderne.» Sans aller jusqu’à
parler d’une perte de repères, il évoque un
déplacement de ces derniers. Et puis,
l’engouement généré par les super-héros
n’est pas sans rappeler celui provoqué par
Harry Potter ou Le Seigneur des Anneaux
et par la «fantasy» en général, poursuit-il.
Car, contrairement aux apparences, la
majorité des récits de super-héros parlent
de magie et pas de science. «La période
actuelle étant marquée par une défiance et
une inquiétude à l’égard de la science, il
n’est pas impossible que la “fantasy” et les
films de super-héros offrent une forme de
“réenchantement du monde”.»
Plus concrètement, le renouveau des
justiciers masqués tient aussi à l’avancée
technologique. Débarrassés de leur bulle
et de leurs décors en carton-pâte qui les
cantonnait à d’inoffensifs bagarreurs, ils
déploient désormais leurs super-pouvoirs
à grands coups d’effets spéciaux. Même
Superman, que l’on croyait définitivement
ringardisé, porte beau le costume. Les
super-héros sont décidément immortels.
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SOCIÉTÉ | MM43, 19.10.2015 | 11
Dorian, 10 ans
«Parfois, je
rêve que j’ai
plein de
pouvoirs»
Il arrive en t-shirt Avengers, un sac
plein de figurines Lego. En moins de
temps qu’il ne faut pour dire
Spiderman, Dorian a déployé devant
nous une partie de sa collection de
super-héros, «ceux que je me suis
achetés». Il y a Thor et son marteau,
Captain America et son bouclier,
Hulk et ses biscoteaux verts, Iron
Man, Mystique, Batman... bref, tout le
petit monde des Avengers et des
X-Men en format de poche.
A 10 ans, le garçon est passé maître
en la matière et se montre
intarissable sur le sujet. Il faut dire
qu’il a de qui tenir: son père et sa sœur
aînée lui ont donné le virus. «Ça a
commencé quand j’avais 7 ans, je
les voyais lire les histoires des
4 Fantastiques et je m’y suis mis, mais
je ne comprenais rien du tout.» Un
vieux souvenir.
Aujourd’hui, le petit dernier joue
dans la cour des grands, invente des
histoires, réalise des films avec sa
sœur mettant en scène ses héros
favoris. «Parfois je rêve que j’ai plein
de pouvoirs, c’est pratique pour
s’endormir.» Il avoue une préférence
pour les X-Men, parmi eux Mystique
et sa peau bleue et Polaris, dont il
vient de réaliser la figurine à un cours
de modelage, «car il y a chez eux des
mutations génétiques et ils ont des
super-pouvoirs contrairement aux
Avengers qui ont des armes.»
Spiderman? Il le trouve «assez
fort», mais «ce ne doit pas être très
intéressant d’être une araignée». Les
Avengers n’ont décidément pas la
cote. Son truc, ce serait plutôt «se
transformer en n’importe quoi». Ça
tombe bien, Monsieur est aussi
contorsionniste et apprécie l’infinie
souplesse de l’homme élastique des
4 Fantastiques. Pas de costume ni
d’accessoires de super-héros dans son
dressing, mais il n’exclut pas d’en demander à son papa pour Halloween.
«Les griffes de Wolverine, ce serait
bien.» Le message est passé.
12 | MM43, 19.10.2015 | SOCIÉTÉ
Marc Atallah, directeur
de la Maison d’Ailleurs à
Yverdon-les-Bains (VD).
L’interview
«Ils sont proches
de nous»
Comment expliquer que ces
«vieux» super-héros soient
de nouveau à la mode?
Aujourd’hui plus que jamais
le super-héros ressemble à
une sorte de super-produit,
servi par de très grosses campagnes de promotion. Il y a
donc un enjeu financier
évident. Pourtant j’y vois aussi un enjeu symbolique. Et
c’est celui-ci qui nous intéresse à la Maison d’Ailleurs.
Lequel?
C’est une figure qui entre en
résonance avec notre société
occidentale désenchantée.
Dans ce contexte, il incarne à
la fois un être très proche de
nous, quelqu’un qui doute de
son identité, de son pouvoir.
Au-delà d’une apparence a
priori un peu ridicule, ils nous
touchent donc dans leur
proximité avec nous. Ce sont
des récits offrant de l’émotion
par exemple à travers l’archétype du héros en apparence
tout-puissant qui se retrouve
dans une situation problématique qui l’oblige à des choix
difficiles. Quelque chose de
très humain, en fait.
La foule adore, les critiques
souvent moins. Pourquoi?
Parce que cela vient des
Etats-Unis, ou du Japon, une
certaine élite bourgeoise et
intellectuelle rejette cela
comme de la culture de
masse. Pour moi, il y a là les
prémices d’un véritable choc
de civilisation entre ces canons esthétiques très élitistes
défendus par une minorité
académique et la majorité en
recherche d’émotions procurées par ces récits de quête
identitaire.
Eliot, 11 ans
«Chez nous, c’est plateau-télé devant
un film de super-héros»
A 11 ans, Eliot a déjà largement dévalisé la
collection de comics de son papa. «Cela
donne une seconde vie à ces magazines que
j’achetais en kiosque quand j’étais ado. Je n’ai
jamais pu jeter un livre et ils m’ont donc suivi
de déménagement en déménagement. Avant
de réintégrer l’appartement», sourit Yan
Pauchard, jeune quadragénaire.
Dans cette famille d’Yverdon-les-Bains (VD),
les super-héros sont une histoire de garçons.
«Moi j’ai déjà suffisamment l’impression
d’héroïsme au quotidien», confirme Isabelle,
la maman d’Eliot, mais aussi de Tristan, 7 ans,
et d’Arthur, 19 mois. Si ce dernier n’a pas
encore affirmé son goût pour les X-Men ou
Spiderman, son frère aîné et son papa
n’oublient jamais d’emporter quelques
Strange, Nova ou Titans pour en partager la
lecture. «Et il nous arrive souvent de nous
préparer un plateau-télé en regardant l’un ou
l’autre film de nos héros costumés favoris.»
Pour Yan, le choix est assez large. Tristan, lui,
aime beaucoup ses Lego et les héros costumés
un peu droits dans leurs bottes à la droiture
sans faille comme Cyclope ou Captain America. Eliot, lui, préfère le côté plus torturé et animal de Wolverine. «J’adore son côté invincible
et en même temps très torturé, assez sombre.»
Un héros un peu en marge, assez indépendant,
auquel le jeune garçon s’identifie assez bien.
«Mes copains me trouvent parfois un peu bizarre parce que je suis souvent plongé dans cet
univers. J’aime aussi beaucoup la science-fiction en général ou l’heroic fantasy.»
Et puis, avec sa grande gueule et ses griffes en
adamantium qui jaillissent entre ses phalanges
en un éclair, Eliot lui trouve bien plus de classe
que ce bon vieux Superman «et son slip audessus du collant».
On l’aura compris, chez les Pauchard, Marvel
emporte clairement le morceau face à sa vieille
maison d’édition rivale DC Comics. Lecteur infatigable, Eliot connaît d’ailleurs par cœur l’histoire de cet éditeur qui, même si cela semble incroyable aujourd’hui, «a failli disparaître avant
la déferlante des héros costumés dans les jeux
vidéo et le cinéma. Puis sauvé de justesse en misant tout sur une première adaptation cinématographique de Spiderman.»
En 2014, l’exposition de la Maison d’Ailleurs
toute proche a forcément rencontré un grand
succès auprès de Yan et Eliot, qui l’ont visitée
pas moins d’une dizaine de fois.
SOCIÉTÉ | MM43, 19.10.2015 | 13
Maël, 6 ans et demi
«J’aimerais
être Spiderman
pour aller plus
vite à l’école»
Spiderman. «Parce que je serais
plus vite à l’école.» Maël paraît sûr de
son choix en tripotant la petite
figurine de l’homme araignée. Mais
quand sa maman lui fait remarquer
qu’en pleine campagne vaudoise, la
toile serait moins efficace qu’à New
York, le petit garçon hésite. A 6 ans et
demi, de toute façon, les coups de
cœur vont et viennent. Il y a Hulk,
«parce qu’il est si grand et fort que
personne ne vient jamais l’embêter».
Voire Captain America et Thor, pour
le bouclier et le marteau «trop cool».
Mais après réflexion, Maël choisit
quand même en seconde option
«Rocket Raccoon, parce que c’est un
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SOCIÉTÉ | MM43, 19.10.2015 | 15
Grand écran: des suites
comme s’il en pleuvait
petit animal avec comme des fusées
dans le dos. Un truc inattendu. Et
puis il est mignon mais super fort
avec ses deux gros pistolets laser.»
naturellement beaucoup de monde
à découvrir les séries dessinées.»
Plus jeune, ce quinqua préférait
d’ailleurs «l’humanité un peu torturée de Batman» et de plusieurs
autres cadors de DC Comics «à la
plupart des héros Marvel, trop
lisses pour moi». Exception faite de
Iron Man, même si l’interprétation
cinématographique accentue le
côté excentrique de Tony Stark. Et
puis surtout Deadpool, le déjanté
anti-héros vaguement psychopathe
et largement imprévisible. «Un personnage totalement libre, dont on
ne sait jamais ce qu’il va réellement
faire.» Du coup, Thierry Giauque
hésite entre crainte et impatience
d’ici à la sortie de son adaptation
sur grand écran en février prochain. «Mais les bandes-annonces
comme le choix de Ryan Reynolds
s’avèrent plutôt rassurants.» MM
Va pour le raton laveur membre
des Gardiens de la Galaxie. Maël
Giauque l’a découvert avec son
papa l’année dernière au cinéma.
A moins que ce ne soit dans
l’imposante collection de BD,
comics et autres objets dérivés que
possède son père. Thierry Giauque
alimente sa passion de toujours
pour ces univers à travers sa
profession, puisqu’il dirige la
collection Urban Comics chez
Dargaud-Lombard. «Nous avons
l’exclusivité francophone sur DC
Comics et les catalogues dérivés,
dont Vertigo. La disponibilité sur
internet, les multiples adaptations
sur grand écran et le marketing qui
les accompagne amènent
C’est clair, le super movie
a la cote. Le succès des
X-Men, Spiderman, Avengers
et autres Bat/Ant-man ne
cesse de donner des idées
aux studios hollywoodiens
et à leurs scénaristes, qui
n’hésitent plus à exploiter le
filon de ce que l’on nomme
désormais les «multivers».
Petit passage en revue, avec
les dates de sortie américaines arrêtées à ce jour.
A commencer par les studios Marvel qui, en plus de
poursuivre les aventures
entre autres de Captain
America et des X-Men (mai
2016) – Wolverine 3, c’est
pour 2018 – de Thor (2017)
ou des Avengers (2018), se
penchent désormais aussi
sur le destin de capés
connus jusqu’alors des seuls
passionnés: le complètement barré Deadpool (2016),
le très dandy Doctor Strange
(été 2016) ou encore Black
Panther, le prince du Wakanda (2018). Parallèlement, Spiderman reviendra en 2018.
Dans le bar d’en face,
Twentieth Century Fox
compte bien poursuivre son
dépoussiérage des 4 Fantastiques (début 2017). En
attendant de lancer dans la
partie la Justice League
(2017), Wonder Woman
(2017) mais aussi les moins
connus Sandman et Aquaman, DC Comics et Warner
Bros comptent bien rafler la
mise du box-office l’année
prochaine avec leur très attendu Batman v Superman.
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