les Etats-Unis et le monde depuis les « 14 points

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les Etats-Unis et le monde depuis les « 14 points
Thème II, leçon 1 – Les chemins de la puissance : les Etats-Unis et le
monde depuis les « 14 points » du Président Wilson (1918).
Lors de leur naissance, en 1776, les Etats-Unis ne sont constitués que de treize anciennes colonies
britanniques ayant rompu avec leur métropole. Avec l’entrée dans l’ère industrielle, les Etats-Unis prennent
une place de plus en plus importante dans le monde leur permettant même, à partir de la fin de la Première
Guerre mondiale, d’influer sur la marche du monde.
Comment les Etats-Unis sont-ils devenus une grande puissance mondiale ? Comment cette puissance
s’exerce-t-elle ?
De 1918 à 1945, les Etats-Unis hésitent à imposer leur domination sur le monde. Puis, de 1945 à 1990, ils
deviennent le leader du monde libre. Enfin, après 1990, l’hyperpuissance américaine est contestée.
I.
Les hésitations de la puissance américaine (1918-1945).
En 1918, les Etats-Unis souhaitent imposer un nouvel ordre mondial mais les événements vont favoriser un
retour à l’isolationnisme et il faut attendre la Seconde Guerre mondiale pour que la situation change.
A.
L’espoir déçu d’un nouvel ordre mondial (1918-1920).
Le 6 avril 1917, le président démocrate Woodrow Wilson fait entrer son pays dans la guerre pour répondre
aux attaques des sous-marins allemands contre les navires américaines, mais aussi dans la pensée de bâtir après
la victoire un nouvel ordre mondial fondé sur le droit, dans lequel les Etats-Unis joueraient un rôle majeur. Le 8
janvier 1918, il en expose les fondements en quatorze points : droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, liberté
du commerce et des mers, « diplomatie franche et transparente », création d’une organisation internationale, la
Société des Nations (SDN), chargée d’arbitrer les conflits. Cette nouvelle doctrine s’appuie aussi sur l’idée que
les Etats-Unis ont pour mission d’étendre au monde entier les principes qui ont fait leur fortune, notamment le
libéralisme économique et la démocratie. Ces idées, que Wilson parvient à imposer à ses alliés européens,
inspirent largement le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919 avec l’Allemagne, qui façonne une nouvelle
Europe et crée la SDN.
Les Etats-Unis, dont l’économie, le commerce et la monnaie sont prospères et dont la flotte de guerre se
hisse désormais à la hauteur de la flotte britannique, peuvent s’imposer comme la première puissance mondiale,
face à des Européens affaiblis par le conflit et les destructions. Mais, le Sénat, majoritairement républicain et
fidèle à la traditionnelle doctrine Monroe, refuse d’assumer les responsabilités mondiales qu’implique cette
position nouvelle et ne ratifie pas le traité de Versailles. Les Etats-Unis ne font donc pas partie de la SDN et se
placent en dehors du système qu’ils ont contribué à créer.
Les Etats-Unis ont posé les bases du monde de l’après-guerre mais ne participent pas à celui-ci préférant se
replier sur eux-mêmes.
B.
Un isolationnisme en trompe l’œil (1920-1940).
Soutenus par une population pacifiste et amère face à l’ampleur des pertes américaines dans la Première
Guerre mondiale, les présidents républicains qui succèdent à Wilson, de 1920 à 1932, mènent une politique
nationale de repli, illustrée par le slogan America first : mise en place de quota à l’immigration, mesures
protectionnistes… Cet isolationnisme est cependant plus apparent que réel. Les Etats-Unis continuent
d’intervenir activement dans le Pacifique et de dominer le continent américain. Ils ne se désintéressent pas des
affaires européennes : ils réclament à la France et au Royaume-Uni le remboursement de leurs dettes de guerre
et souhaitent la réintégration rapide de l’Allemagne dans le commerce mondial. Aussi, à partir de 1924, ils font
pression sur la France, par l’intermédiaire de leurs banquiers, pour imposer un allègement du paiement des
réparations allemandes (plans Dawes et Young). Ils prêtent dans le même temps des dollars à l’Allemagne, ce
qui lui permet de se relever et de payer ses réparations, et donc à la France de s’acquitter de ses dettes. Cette
« diplomatie du dollar », particulièrement efficace, conduit à l’apaisement des tensions politiques en Europe.
L’édifice s’écroule en 1929 avec le début de la grande crise économique. Les investisseurs américains
rapatrient leurs capitaux, contribuant à exporter la crise en Europe. Elu en 1932, le président Roosevelt, bien
que démocrate, est contraint de mener une politique finalement plus isolationniste que ses prédécesseurs. Face à
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la montée des tensions en Europe, le Congrès vote entre 1935 et 1937 des lois de neutralité, interdisant les
ventes d’armes et les prêts aux pays en guerre.
Roosevelt comprend toutefois que les Etats-Unis ne pourront rester à l’écart d’un conflit européen et que
leur devoir est de soutenir les démocraties face aux dictatures. Il convainc le Congrès, en novembre 1939,
d’autoriser la vente d’armes à la France et au Royaume-Uni, à condition qu’ils payent comptant et se chargent
du transport (cash and carry), mais ce n’est qu’après la défaite de la France, en juin 1940, que l’opinion
américaine, jusqu’alors profondément pacifiste, se retourne.
La crise des années 30 pousse les Etats-Unis à se tenir à l’écart des affaires du monde mais cet
isolationnisme va être remis en cause par la Seconde Guerre mondiale.
C.
Le tournant de la Seconde Guerre mondiale (1941-1945).
Le 11 mars 1941, est votée la loi prêt-bail, qui permet au Italie de poursuivre la lutte contre l’Italie nazie. Le
12 août, Roosevelt et Churchill, le Premier ministre anglais, signent la Charte de l’Atlantique, qui reprend les
grandes idées de Wilson. Mais ce n’est que le 7 décembre 1941 que les Etats-Unis entrent en guerre, à la suite
de l’attaque surprise du Japon contre leur base militaire de Pearl Harbor, à Hawaï. Leur engagement est alors
total. Il est d’abord industriel et économique : le Victory Program mobilise le pays au service de l’effort de
guerre ; d’énormes quantités d’armements et de navires sont fabriquées à la chaîne. Il est ensuite militaire : les
Etats-Unis doivent combattre sur deux fronts, dans le Pacifique et en Europe. Trois débarquements (Afrique du
Nord 1942, Italie 1943, Normandie 1944) permettent à l’armée américaine, aidée de ses alliés, de libérer
l’Europe occidentale. La lutte contre le Japon est tout aussi intense : la progression est lente, à l’est par le
Pacifique et au sud par les Philippines. Les terribles bombardements de Tokyo et l’usage de l’arme nucléaire à
Hiroshima et Nagasaki (6 et 9 août 1945) finissent par pousser le Japon à capituler.
Au lendemain de la guerre, la puissance des Etats-Unis est sans égale. Elle est manifeste tant sur le plan
militaire (monopole atomique) qu’économique (2/3 stock d’or mondial, territoire intact) et diplomatique (ONU
à New York et FMI à Washington). Comme en 1919, se pose alors la question de savoir ce qu’ils vont faire de
cette puissance : se replier à nouveau sur leur traditionnelle politique isolationniste ou accepter, comme le
souhaitent Roosevelt et son successeur Truman, de jouer un rôle international à la hauteur de leur statut.
La Première moitié du XXe siècle est marquée, pour les Etats-Unis, par des hésitations entre une politique
interventionniste et une politique isolationniste. Finalement, la Seconde Guerre mondiale et surtout les débuts
de la Guerre froide conduisent les Etats-Unis à assumer le statut de grande puissance mondiale.
II. Pendant la Guerre froide, la puissance assumée (1945-1990).
En 1945, les Etats-Unis prennent la tête du bloc occidentale face au bloc soviétique. Cependant, à partir des
années 60, la puissance américaine est remise en cause et il faut attendre les années 80 pour que les Etats-Unis
s’imposent comme hyperpuissance.
A.
A la tête du monde libre (1945-1960).
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis décident de tourner définitivement la page de
l’isolationnisme et d’assumer pleinement les responsabilités que leur confère leur puissance, afin d’éviter, à
l’avenir, d’être plongés comme en 1917 et 1941 dans un nouveau conflit mondial. A partir de 1947, et durant
plus de 40 ans, ils prennent la tête du monde occidental dans la Guerre froide qui les oppose à l’URSS et ses
alliés. Au nom de la défense de la liberté et de la démocratie contre le communisme, ils s’engagent dans une
lutte de tous les instants, sur tous les terrains et tous les continents, en évitant toutefois un affrontement militaire
avec leur adversaire direct. En application du containment, ils multiplient les pactes bilatéraux et multilatéraux
de façon à encercler l’URSS et à empêcher l’extension de l’influence communiste. Ils sont ainsi le pivot d’un
réseau d’alliances, dont l’OTAN est le plus solide élément, doublé de bases militaires terrestres et maritimes qui
leur sont autant de points d’appui. Dans le même esprit, ils engagent l’épreuve de force à Berlin (1948-1949) et
se lancent en Corée dans une guerre longue et meurtrière (1950-1953).
Les Etats-Unis sont de très loin la première puissance économique mondiale dans tous les domaines :
industriel (ils produisent en 1955 43% de l’acier mondial et 65% des automobiles) ; commercial (flotte
marchande 2/3 tonnage mondial) ; financier (investissements extérieurs passant de 6 à 30 milliards de $ de 1946
à 1959). Les accords de Bretton Woods, en juillet 1944, consacrent la suprématie du dollar, seule monnaie
convertible en or, et la place prépondérante des Etats-Unis dans les nouvelles institutions monétaires
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internationales (FMI et Banque mondiale). Les accords du GATT, en octobre 1947, qui s’inspirent des
principes libre-échangistes, favorisent l’économie dominante des Etats-Unis. Cette puissance économique sert
la politique de Guerre froide. Le plan Marshal, annoncé en juin 1947, est une aide indispensable à la
reconstruction des pays d’Europe de l’Ouest ; mais il permet aussi aux Etats-Unis, qui disposent d’un droit de
regard sur l’utilisation de l’aide, de contrôler la politique économique de leurs alliés et de renforcer ainsi à leur
profit la cohésion du monde occidental.
De 1945 jusqu’aux années 1960, les Etats-Unis s’imposent comme la puissance dominante de ce que
Truman désigne le « monde libre » et interviennent fortement dans les affaires du monde. Mais, à partir des
années 60, la situation change.
B.
Le temps des incertitudes (1960-1980).
Dans certains domaines, la suprématie américaine est toutefois mise à mal par l’autre superpuissance,
l’URSS. Celle-ci, qui détient l’arme nucléaire depuis 1949, parvient à rattraper son retard dans la course aux
armements, à instaurer un équilibre de la terreur et même à dépasser les Etats-Unis dans les années 1970. Elle
les prend également de vitesse dans la course à l’espace et est la première, dès 1957, à placer un satellite en
orbite. Surtout, la guerre du Vietnam (1964-1973) est une terrible défaite pour le containment et a des
conséquences désastreuses sur l’image des Etats-Unis. Ceux-ci, malgré toute la puissance de leur armée, ne
réussissent pas à stopper la progression du communisme en Asie du Sud-Est et les violences commises jettent le
trouble au sein de leur propre camp.
Le bloc occidental se fissure dans les années 1960. La France du général de Gaulle, sans remettre en cause
l’Alliance atlantique, conteste l’hégémonie américaine et quitte les structures militaires de l’OTAN en 1966.
Sur le plan économique, le Japon, en pleine période de haute croissance, et la CEE, en développement depuis sa
fondation en 1957, concurrencent la puissance américaine. Mais, c’est surtout en Amérique latine que l’emprise
économique et politique de Washington est de plus en plus mal acceptée. En 1960, Fidel Castro fait basculer
Cuba du côté communiste. Pour lutter contre les guérillas d’inspiration marxiste ou des gouvernements du
gauche qui accèdent au pouvoir sur le continent, les Etats-Unis n’hésitent pas, comme au Chili en 1973, à
soutenir des coups d’Etat et favoriser des dictatures d’extrême droite, ni à intervenir militairement, comme en
République dominicaine en 1965. Cette attitude va l’encontre de l’image de champion de la démocratie que les
Etats-Unis veulent montrer. De plus, l’épisode du scandale du Watergate (1972-1974) qui conduit à la
démission du président, Nixon, finit d’écorner l’image des Etats-Unis Dès lors, ils prennent du recul sur la
scène internationale, laissant le champ libre à l’expansion du communisme (invasion de l’Afghanistan en 1979).
De 1960 à 1980, la puissance américaine est remise en cause par le bloc communiste et même à l’intérieur
du bloc occidental.
C.
Les Etats-Unis, vainqueurs de la guerre froide (1980-1990).
Les deux présidences de Ronald Reagan (1981-1988) marquent le retour d’une politique offensive, qui fait
de la lutte contre l’Empire du mal la priorité absolue. Les Etats-Unis accroissent leurs dépenses militaires,
répondent systématiquement aux actions soviétiques et, avec l’initiative de défense stratégique, relance la
course aux armements dans un domaine où ils savent que l’URSS n’a pas les moyens financiers et
technologiques de les suivre. Il ne s’agit plus seulement de contenir la progression du communisme mais de le
combattre de l’intérieur pour le faire refluer (doctrine du rollback). L’arrivée de Gorbatchev au pouvoir à
Moscou modifie la donne : il comprend la nécessité de réformer le système soviétique et de négocier avec les
Etats-Unis des accords de désarmement nucléaire (accords de Washington en 1987 et START en 1991). La
chute des régimes communistes en Europe de l’Est (1989-1990), la réunification de l’Allemagne (1990) et
l’éclatement de l’URSS (1991) laissent les Etats-Unis sans rivaux. Ils sortent vainqueurs de la Guerre froide de
façon pacifique, parce que leur concurrent s’est effondré.
La victoire des Etats-Unis est aussi celle de leurs valeurs : le libéralisme économique, qui triomphe dans les
années 1980, le capitalisme, qui gagne l’Europe de l’Est et la Chine avant même les réformes politiques, la
démocratie qui progresse en Amérique latine, en Asie du Sud-Est ou en Afrique australe. Néanmoins, les EtatsUnis ont toujours une vision claire de leurs intérêts et continuer de soutenir des régimes non démocratiques s’ils
le jugent nécessaires, comme au Moyen-Orient, l’Egypte ou les monarchies pétrolières de la péninsule
arabique. La puissance des Etats-Unis, incontestée et universelle, semble alors à son apogée.
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De 1945 à 1991, les Etats-Unis s’opposent à l’URSS pour la domination mondiale. Malgré une période
d’affaiblissement, dans les années 1960-1980, les Etats-Unis finissent par s’imposer comme hyperpuissance
après la chute de l’URSS.
III. Les fragilités de l’hyperpuissance depuis 1990.
A la chute de l’URSS en 1991, les Etats-Unis constituent la première puissance mondiale ce qui les poussent
à assurer le rôle de « gendarme du monde ». Cependant, cette attitude est parfois à l’origine de dérives
autoritaires de leur part.
A.
Les multiples facettes de l’hyperpuissance.
L’effondrement de l’URSS en 1991 laisse les Etats-Unis sans égaux ni rivaux sur le plan géostratégique. Ils
bénéficient d’une suprématie absolue dans les domaines essentiels de la puissance : militaire (1er budget
militaire, 750 milliards de dollars), économique (ils produisent en 2000 22% des richesses mondiales),
technologique et culturel. A cela s’ajoutent le poids déterminant qu’ils jouent dans les institutions
internationales politiques et financières, ainsi que le rôle clé du dollar qui, malgré la crise des années 1970,
continue d’être la principale monnaie de réserve. Cette « hyperpuissance », outre qu’elle implique de nouvelles
et lourdes responsabilités, permet aux Etats-Unis de définir comme ils l’entendent leur place dans le nouvel
ordre mondial et de choisir le cadre, multilatéral ou unilatéral, dans lequel ils veulent jouer leur rôle.
L’économie américaine, qui défend les principes du libre-échange et de la déréglementation, fait des EtatsUnis la plaque tournante du commerce mondial et l’acteur principal de la mondialisation. Ils doivent toutefois
de plus en plus compter avec la concurrence de l’Union européenne, du Japon et surtout des puissances
émergentes comme la Chine, l’Inde ou le Brésil. Si leurs importations représentent toujours, à la fin des années
1990, 22% du total mondial, la part de leurs exportations a chuté de 25% en 1950 à 9% en 1990. Il s’ensuit un
déficit considérable de leur balance commerciale, qu’ils financent en s’endettant. Les Etats-Unis sont de plus en
plus dépendants de leurs fournisseurs de pétrole et surtout de leurs créanciers, qui continuent de prêter tant
qu’ils ont confiance dans la bonne santé de l’économie américaine. La Chine détient notamment une énorme
quantité de dollars, dont elle peut user à tout moment comme moyen de pression contre Washington. Ces
déséquilibres financiers et budgétaires sont depuis 2008 à l’origine d’une crise économique et sociale sans
précédent depuis les années 1930, qui frappe les Etats-Unis et l’ensemble du monde industrialisé.
Malgré certaines faiblesses, les Etats-Unis se révèlent être, au début du XXIe siècle, une puissance sans
réelle concurrence sur le plan économique. Par conséquent, ils mènent une politique étrangère en lien avec
cette puissance.
B.
Les Etats-Unis et le nouvel ordre mondial.
Renouant avec l’idéalisme du président Wilson, les Etats-Unis interviennent dans les années 1990 sur tous
les continents au nom du droit et d’une communauté internationale où ils comptent bien jouer le premier rôle :
guerre du Golfe contre l’Irak après l’invasion du Koweït (1990-1991), intervention militaire pour mettre fin à la
guerre en Bosnie (1995), participation active au processus de paix israélo-palestinien, missions multiples en
Afrique. Ils le font dans le cadre de l’ONU et, en ex-Yougoslavie, par le biais de l’OTAN, dont le terrain
d’action a été redéfini pour lui permettre d’agir hors de la zone atlantique. Ce multilatéralisme affiché n’est pas
sans contradictions. Les Etats-Unis entendent d’abord défendre leurs intérêts et préserver les grands équilibres
internationaux : ils n’interviennent ni contre la Russie dans le conflit tchétchène, ni contre la Chine dans le
conflit tibétain. Ils deviennent de plus en plus méfiants à l’égard des instances internationales, dont ils acceptent
mal le pouvoir contraignant. Ils signent mais ne ratifient pas le traité sur l’interdiction des essais nucléaires
(1996), le protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (1997) ou le traité de Rome
instaurant la Cour pénale internationale chargée de juger les crimes de guerre et contre l’humanité (1998). En
1999, l’intervention de l’OTAN pour venir en aide aux Kosovars contre les Serbes se fait sans mandat explicite
de l’ONU.
Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 révèlent de façon spectaculaire la vulnérabilité des Etats-Unis,
atteints en leur cœur par un ennemi d’un genre nouveau, difficilement identifiable, qui s’attaque à leur
hégémonie mais aussi à leurs valeurs. Ils ripostent en premier temps, avec le soutien de la communauté
internationale et de l’OTAN, en lançant une vaste offensive contre l’Afghanistan, dont le régime abrite les
responsables d’Al-Qaida, l’organisation responsable des attentats.
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A partir des années 90, les Etats-Unis se présentent comme le bras armé de la communauté internationale,
cherchant à diffuser la paix et la démocratie dans le monde. Cependant, à partir du moment où les intérêts
américains sont directement menacés leur attitude évolue vers l’unilatéralisme.
C.
La tentation de l’unilatéralisme.
Le président George W. Bush, influencé par les néoconservateurs, fait clairement en 2002 le choix de
l’unilatéralisme. Il engage son pays dans une croisade contre « l’axe du Mal » - la Corée du Nord, l’Iran et
l’Irak, accusés sans preuves formelles de détenir des armes de destruction massive et d’encourager le terrorisme
international. En mars 2003, les Etats-Unis se lancent dans une guerre préventive contre l’Irak, sans l’accord de
l’ONU. La victoire militaire est rapide et la dictature de Saddam Hussein est renversée. Cette guerre divise
profondément la communauté internationale et jette le trouble au sein même de l’Alliance atlantique et de
l’Union européenne : elle est condamnée par la Russie et la Chine, mais aussi par plusieurs alliés traditionnels
des Etats-Unis, dont la France, l’Allemagne, le Canada et la plupart des Etats d’Amérique latine. Les pays
d’Europe de l’Est, ex-communistes, qui entrent dans l’OTAN en 2004, soutiennent en revanche leur ancien
ennemi et nouvel allié.
Très vite cependant, la présence américaine en Irak se heurte à l’hostilité d’une partie croissante de la
population. Malgré de premières élections libres en 2005 et la mise en place d’institutions démocratiques, les
Américains ne parviennent pas à contrôler le pays et, comme en Afghanistan, subissent des attentats et doivent
affronter une situation de quasi guerre civile. Conscient de l’isolement diplomatique croissant de son pays et de
l’absurdité de vouloir imposer la démocratie par les armes, Barack Obama, élu président en 2008 et qui dès
l’origine s’est opposé à la guerre, annonce le désengagement progressif des forces américaines d’Irak (les
dernières troupes quittent le pays en décembre 2011). Il est partisan d’un multilatéralisme souple, renouant avec
les organisations internationales, sans pour autant accepter les alliances contraignantes qui viendraient
restreindre la liberté d’action des Etats-Unis. En novembre 2010, l’OTAN décide également de retirer peu à peu
ses forces d’Afghanistan et de transférer dans les 4 ans ses responsabilités à la police et l’armée afghanes.
De 1918 à nos jours, le statut de puissance des Etats-Unis n’a jamais réellement remis en cause, en tout cas
sur le plan économique. A l’inverse, sur le plan politique, les Etats-Unis n’ont pas toujours assumé leur statut
de puissance. Ainsi, de 1918 à 1941, ils se sont repliés sur eux-mêmes laissant les pays européens s’opposés.
De 1941 à 1945, pendant la fin de la Seconde Guerre mondiale, puis, surtout, de 1945 à 1991, au cours de la
guerre froide, les Etats-Unis ont pris une place importante aux côtés de leurs alliés. Enfin, à partir de 1991, ils
s’imposent définitivement comme l’hyperpuissance qui domine le monde.
Les attentats du 11 septembre 2001 et l’unilatéralisme des Etats-Unis ont montré les faiblesses de cette
hyperpuissance. Aussi, dans la suite du XXIe siècle, les Etats-Unis vont-ils rester la première puissance
mondiale ou bien d’autres puissances vont-elles prendre leur relais ?
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