Construire la compréhension

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Construire la compréhension
Enseigner la compréhension en lecture au cycle 3 à partir des textes narratifs :
Les spécificités du texte littéraire et les dispositifs pour assurer la
compréhension en lecture
Définition du texte littéraire :
Se définit par la relation œuvre/lecteur qui sollicite la coopération du lecteur car il
présente des espaces de certitudes mais aussi des lieux d’indétermination (fausses
pistes, information partielle, points de vue multiples). D’où la nécessité d’apprendre à
s’approprier le texte et de l’interpréter en fonction de sa culture et de ses
expériences.
Synthèse d’une partie des ouvrages : « Enseigner la littérature de jeunesse… » et
« Entrer dans l’écrit avec la littérature de jeunesse »
« L’objectif de la lecture littéraire est qu’elle débouche sur une compréhension
assurée », Catherine Tauveron
Une des spécificités de l’album de jeunesse, c’est qu’il comporte 2 langages
différents qui se complètent ; le texte et l’image.
La littérature de jeunesse demande ainsi une lecture littéraire, entre maîtrise de la
lecture, comme compétence, et pratique artistique, comme ouverture au monde et
des univers d’auteurs. Elle participe à la formation de l’individu.
Les objectifs de l’enseignant pour développer une culture littéraire
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Construire la compréhension
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Favoriser l’interaction entre lecture et écriture
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Approcher l’interprétation des textes (travaillée progressivement
jusqu’au collège)
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Programmer des lectures en réseau
Temps de la rencontre avec une œuvre : 2 semaines environ
Programmation à prévoir sur l’année entre 6 genres : album, roman ou récit illustré,
BD, conte, recueil de poésie, pièce de théâtre.
La compréhension en lecture au cycle 3- Mylène Fromholtz, CPC Chaumont 1er degré-
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Les enjeux et les limites de la « scolarisation du texte littéraire en classe »
Les activités de compréhension et d’acculturation sont liées. La lecture littéraire
engage le lecteur dans une démarche interprétative : « Lire, c’est avant tout produire
du sens » C. T
« Lire, c’est traduire », R. Goigoux et S. Cèbe
La lecture littérale n’existe pas. Toute lecture mobilise des connaissances culturelles
qui s’acquièrent par les lectures offertes (offrir en partage des savoirs).
CT souligne le caractère indissociable des processus de compréhension et
d’interprétation. L’interprétation précède la compréhension pour la faire advenir.
Le texte littéraire ne dit pas tout et sollicite le lecteur pour combler le sens.
La littérature de jeunesse est « réticente » parce qu’elle construit des énigmes
délibérées et enraye les automatismes de compréhension.
Donc, « si on veut apprendre à comprendre, on ne peut faire autrement que
d’apprendre à interpréter ».
Il faut cependant se garder de se livrer à des lectures analytiques et systématiques
des textes et des œuvres (risque de dénaturer la richesse d’une œuvre. Il s’agit
plutôt d’ouvrir les jeunes élèves à des formes plus libres, plus spontanées de la
lecture littéraire et de poser les bases d’une première culture commune.
Comment construire la compréhension ?
Construire la compréhension suppose 4 modalités de lecture qui permettent de
parcourir le texte :
•
La lecture magistrale à haute voix
•
La lecture silencieuse des élèves
•
Le résumé partiel élaboré par l’enseignant qu’il peut dire ou donner à lire
en lecture silencieuse
•
La lecture à haute voix des élèves
Il appartient à l’enseignant de préparer avec soin ce cheminement, nommé
« parcours de lecture », en réservant à sa propre lecture à haute voix les passages
clés et les passages complexes du texte.
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Quels dispositifs pour l’entrée en lecture ?
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Le dévoilement progressif (la découverte progressive avec émissions
d’hypothèses)
•
La lecture de fragments sélectionnés avant la lecture magistrale
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La découverte d’illustrations sélectionnées avant toute lecture
•
La reconstruction d’un texte à plusieurs élèves
Exemple de lecture par fragment : sélectionner un dialogue entre les personnages
comme entrée en lecture.
Le travail de compréhension se fait essentiellement à travers des échanges oraux.
Les lectures silencieuses portent sur des parties de texte à forte unité.
C’est dans le rythme que l’enseignant instaure entre lectures et discussions que se
constitue la compréhension d’un texte « long » et complexe.
Pour faire progresser ses élèves, le rappel de récit et l’anticipation sont essentiels.
Cela revient à faire reformuler dans ses propres mots ce qui a été lu à l’aide de
synthèses successives et à faire imaginer ce qui va suivre.
Quels autres dispositifs pour assurer la compréhension en lecture ?
•
L’interaction entre la lecture et l’écriture
Procéder par des allers et retours entre les activités de lecture et celles d’écriture
permet d’assurer la compréhension en nourrissant la réflexion des élèves et en
répondant aux difficultés qu’ils rencontrent. Plus un élève lira, plus il entrera
facilement dans l’écriture. Le travail de rédaction fait prendre conscience des
spécificités de la fiction.
Ex d’amorce de travail de production d’écrit : faire modifier un aspect du texte lu
temps, lieu, personnage).
Cf ce que dit, à ce sujet, Françoise Picot dans « Faire de la grammaire …»
•
L’interprétation des textes : des œuvres en débat
Le travail sur le sens se construit dans la relation entre le texte, le lecteur et
l’expérience sociale et culturelle. Dès la grande section, les élèves sont conduits à
adopter une attitude interprétative. Enseignant et élèves réfléchissent ensemble aux
enjeux qui sont au cœur de l’œuvre (psycho, philo, morale…) car le sens d’un texte
littéraire n’est jamais totalement donné.
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D’où l’intérêt de choisir de « textes résistants », comme le préconise C. T.
Le rôle de l’enseignant est aussi de guider les élèves sur le chemin de l’interprétation
de l’image en interrogeant le rapport entre le texte et l’image.
A la fin, il importe de retourner au texte en continu afin que les élèves l’inscrivent
dans leur mémoire.
Nécessité de lire et relire plusieurs fois les textes.
La lecture littéraire est une lecture lente, faite de pauses et de relectures, de
moments d’échanges et de discussions. Eloge de la lenteur pour que le texte se
déploie = condition à l’appropriation du sens.
•
Les lectures en réseau pour continuer à apprendre à interpréter et
donc à comprendre
L’œuvre littéraire est inscrite dans une histoire, une culture. Pour exister, la littérature
a besoin de se nourrir de la littérature.
Les lectures en réseau visent l’acquisition des références culturelles
Pour comprendre les textes, il faut travailler en résonance ; organiser des réseaux ;
regrouper des textes complets ou des extraits.
4 objectifs à la mise en réseaux des textes :
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Un objectif culturel : c’est en confrontant les textes entre eux qu’on se
construit une culture livresque
Un objectif littéraire : étudier des textes (fond et forme)
Un objectif cognitif : analyser par la confrontation, savoir argumenter et
vérifier les hypothèses avancées
Un objectif linguistique et métacognitif : conduire les élèves à expliciter
leurs procédures de mise en relation
Les lectures constituées en réseaux s’organisent autour d’un personnage, d’un
auteur, d’un genre, d’un procédé d’écriture (ex : récit écrit en « je »), d’une époque,
d’un lieu, d’une collection, d’un format, d’une procédure ou d’une structure narrative.
L’enseignant devient un passeur de textes.
Cf les manuels scolaires qui, pour certains, s’appuient sur des contes, des albums
pour apprendre à lire ou des textes littéraires pour travailler la compréhension.
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Conclusion partielle
L’essentiel est que chaque lecteur apprécie le texte même s’il n’en saisit pas encore
tous les secrets. Beaucoup de textes de littérature de jeunesse offrent une lecture à
plusieurs niveaux ; ce qui permet de les proposer à des niveaux de classes
différents.
Ex : les albums de Claude Ponti : C1, C2, C3.
Pour devenir un lecteur expert, l’enfant doit passer d’une lecture fusionnelle à une
lecture distanciée.
Les médiations à favoriser :
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La lecture magistrale à haute voix
•
La mémorisation de textes (en vers, en prose)
•
La mise en voix
•
Le travail sur la diction
Lire, c’est générer des images, des sensations, des sentiments à partir d’un texte, à
travers des mots. C’est participer aux émotions traduites par le texte.
Posséder la maîtrise technique de la lecture ne suffit pas. Ce qui fait l’essence de la
littérature, c’est l’accès à la symbolisation.
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