Adeline Pery - College Plaisance
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Adeline Pery - College Plaisance
FICHE N°1 : ROME Le Forum Situé dans une vallée entre le Palatin, le Capitole et l'Esquilin, ce forum était anciennement un terrain vague et marécageux que seuls d'énormes travaux d'assainissement, entrepris sous le règne de Tarquin l'Ancien, réussirent à bonifier grâce à la construction de la Cloaca Maxima, imposant égout relié à un système de drainage des eaux. Une fois la zone assainie, on commença l'édification du Forum, dont une partie fut réservée aux boutiques, et une autre partie destinée aux cérémonies publiques, aux fêtes religieuses, aux élections des fonctionnaires et des magistrats et aux tribunaux. Au IIème siècle av J.-C., on édifia les basiliques Porcia, Sempronia et Aemilia ; on reconstruisit le temple de Castor et Pollux, le temple de la Concorde et on traça de nouvelles artères pour faciliter les liaisons entre le Forum et les autres quartiers de la ville. A la suite de différentes transformations, le Forum Romain atteignit à l'époque d'Auguste de telles dimensions qu'on le considéra comme le centre principal de la vie civile, religieuse et commerciale de la ville. Après une longue période pendant laquelle ces fonctions furent exercées ailleurs, le Forum romain connut un nouvel essor sous Maxence et Constantin, qui ordonnèrent la construction de la basilique de Romulus et de la basilique de Constantin. Lors du déclin de l'Empire, le Forum dut subir les conséquences des invasions des barbares, en particulier l'invasion des Goths, en 410, et l'invasion des Vandales, en 455. A l'avènement du christianisme, les premiers chrétiens construisirent sur l'emplacement du Forum leurs édifices cultuels, dont l'église Saint-Bacchus-et-Saint-Serge, sur la via Sacra, l'église Saint-Adrien, à la Curie, et l'église Saints-Cosme-etDamien, au temple de la Paix. Avec le temps, le Forum fut entièrement délaissé; une partie des ruines de ses édifices récupérées par la population pour la construction d'habitations, mais la plupart des vestiges furent démolis. Au Moyen-Age, on y menait paître le bétail, d'où le nom de Campo Vaccino. Dans les siècles suivants, il tomba totalement dans l'oubli, et ce n'est qu'au début de notre siècle que des campagnes de fouilles nous ont restitué les splendides témoignages de la Rome primitive, républicaine et impériale. Le Colisée Le plus grand amphithéâtre jamais construit à Rome, symbolisant la gloire de l'Urbs, fut érigé par les empereurs de la dynastie des Flaviens, et prit le nom d'Amphitheatrum Flavium. Le nom de Colisée lui fut attribué seulement au Moyen-Age, à cause d’une statue. Il fut construit à l'emplacement même de l'ancienne demeure de Néron, la Domus Aurea, détruite lors de l'incendie de 64 apr. J.-C.; les travaux commencèrent en 79, sous l'impulsion de l'empereur Vespasien, poursuivis par Titus et achevé par Domitien. Plusieurs incendies et tremblements de terre nécessitèrent des reconstructions jusque sous Théodoric, puis l'édifice sombra dans l'abandon. Il servit de forteresse au Moyen-Age, de carrière de travertin du XVème au XVIIIème siècle, époque à laquelle Benoît XV consacra ce lieu. L'édifice a la forme d'une ellipse ; ses dimensions sont, dans les limites extérieures, de 188 x 156 m, et, dans ses limites intérieures, de 86 x 54 m. Il atteint presque 49 m de hauteur. Les trois ordres classiques s'y superposent (dorique pour le 3e et le 4e étage, ionique pour le 3e étage, et corinthien pour le 1er étage). Il pouvait contenir près de 50 000 personnes. Plusieurs genres de spectacles étaient donnés au Colisée: les munera (combats entre gladiateurs), les venationes (combats avec des animaux féroces) et les "naumachies" (batailles navales pour lesquelles il fallait inonder l'arène). Ces dernières furent bientôt transférées dans des édifices spéciaux en raison des complications qu'engendrait l'inondation de l'arène. Un spectacle est resté célèbre : la reconstitution, voulue par Titus, de la bataille navale entre Corinthiens et Corcyréens qui exigea la participation de trois mille hommes. La colline du Palatin Le Palatin, colline berceau de Rome, domine le Forum d'un côté et le Circus Maximus de l'autre. Dès le temps de la République, c'est un quartier résidentiel, où vivent les Romains les plusriches (dont Cicéron) et où se trouvent les plus beaux jardins (de Salluste et Lucullus). Mais il change d'aspect avec Auguste en devenant sa demeure et donc le palais impérial. Le Palatin commença à décliner au IIIème siècle lorsque les empereurs déplacèrent leur résidence. Il fut abandonné lorsque Constantin, en 330, fit de Constantinople la capitale de l'Empire. On peut encore distinguer les vastes pièces des domus (maisons) impériales. Le Circus Maximus C'est Romulus, fondateur de Rome, qui aurait organisé les premières courses de chars à l'occasion de la fête qui se termina par l'enlèvement des Sabines. Le grand cirque ou circus maximus s'étend entre la colline du Palatin et celle de l'Aventin. La piste longue de plus de 500 m était longée de gradins qui pouvaient accueillir jusqu'à 300 000 personnes à l'époque de Trajan. La piste était divisée par un terre-plein, la spina. Auguste y fit ériger un obélisque de 23 m de haut. Les Thermes de Caracalla Il s’agissait d’un établissement thermal, un lieu public, un lieu de sociabilité. C'est l'édifice thermal le mieux conservé et le plus luxueux de l'époque impériale. Les Romains aimaient s'y retrouver pour s'y baigner, prendre des bains de vapeur, faire de l'exercice. Ces thermes furent construits par l'empereur Caracalla à partir de 212 après J.-C. Ils cessèrent de fonctionner en 357 après J.-C. L'édifice mesurait 337 m sur 328 m. Il occupait une superficie d'environ 9 ha. Une dérivation spéciale de l' Aqua Marcia apportait l'eau nécessaire dans d'énormes citernes (64 en tout, d'une capacité de 80 000 litres chacune), eau qui était ensuite distribuée dans différentes chambres qui alimentaient chacune une partie bien déterminée des bains. Ce flux était réglé par un grand réseau souterrain de galeries et de tuyauteries. Environ 1 600 Citoyens Romains pouvaient profiter en même temps des thermes. En général, le Romain commençait par une sudation dans le laconicum (équivalent du sauna), il passait ensuite au caldarium (bains chauds) dans une grande salle circulaire de 34 m de diamètre, surmontée d'une coupole, ensuite c'était le tepidarium (bains tièdes) dans une salle plus petite. De là il passait dans la salle la plus vaste, le frigidarium (58 m sur 24 m) : la piscine y était sans doute à l'air libre. Plan des Thermes de Caracalla 1: entrée 2 : apodyterium 3: palestre 4: tepidarium 5: caldarium 6: frigidarium 7: natatio FICHE N°2 : POMPEI Situation géographique et historique Située près de Naples au pied du Vésuve, la ville fut fondée au VIe siècle av. J.-C. et entièrement ensevelie, en 79, lors d’une éruption plinienne (c'est-à-dire de niveau 5) de ce volcan qui provoqua l’oubli de la ville pendant 1 600 ans. Installée dans la Campanie, la ville de Pompéi était au cœur d'une riche région que les Romains qualifiaient de « Terre des dieux » pour sa fertilité, sa proximité de la mer et son climat. Redécouverte par hasard au XVIIe siècle, la ville fut ainsi retrouvée dans un état de conservation inespéré : les fouilles exécutées au XVIIIe siècle permirent d'exhumer une cité florissante, précieux témoignage de l'urbanisme et de la civilisation de l'Empire romain. Pompéi : « Terre des dieux » Pompéi : terre fertile au pied du volcan La ville fut construite sur ce que les Romains considéraient comme une montagne fertile, Strabon décrivant le Vésuve au Ier siècle av. J.-C., comme « entièrement couvert de champs fertiles sauf au sommet partiellement plat mais totalement stérile et d'aspect cendreux ». Le volcan, éteint depuis plusieurs siècles, n'était pas une source d'inquiétude pour les habitants de la région La terre, riche comme le sont tous les sols d'origine volcanique, permettait, en particulier, la culture de la vigne et donc favorisait l'afflux de population. Pompéi comptait alors environ douze mille habitants. Un site stratégique Pompéi est construite près de l'embouchure du fleuve Sarno (sud-est) dont la navigabilité fait de la ville, toujours selon Strabon, « un port à Nola, Nucéria et Acherra », villes situées à l'intérieur des terres. La situation élevée de la ville construite sur un plateau (33 m) en fait un poste stratégique pour la surveillance du déplacement des navires dans la baie de Naples. Mais la ville n'est pas entourée de sources et c'est un inconvénient. Les Romains ont donc construit des citernes d'eau pluviale, puis un aqueduc partant du fleuve Sarno pour assurer l'approvisionnement de la ville. De la fondation de Pompéi à sa fin tragique Pompéi fut fondée avant le VIe (peut-être au VIIe ou VIIIe siècle av. J.C.), par un regroupement de cinq villages osques (pompaios = cinq). Influences diverses Au VIe siècle av. J.-C., les Grecs introduisent le culte d’Apollon (construction du temple d’Apollon ; construction du temple dorique sur l’agora triangulaire). Pompéi n’est qu’une base pour contrôler les débouchés de l’arrière-pays, très fertile. La cité fut sujette aux Étrusques pendant presque cinquante ans (jusqu'en 474 avant J.-C.) lorsque ceux-ci occupèrent la partie intérieure de la Campanie. Tout de suite après, elle retourna dans la sphère d'influence des Grecs, avant d'être englobée dans la zone d'expansion des Samnites (Ve siècle av. J.-C.). Avec eux elle s'agrandit notoirement, édifiant alors le centre historique dont les vestiges sont aujourd'hui encore très importants. On le reconnaît notamment grâce à sa muraille d'enceinte plus ancienne, à l'architecture de certaines maisons (celles qui sont caractérisées par l'atrium de type toscan), aux édifices publics du Forum Triangulaire et au Temple d'Apollon dans le Forum civil. De -474 à -424, les Grecs reprennent le contrôle de la ville, restaurent les temples, développent un quartier au plan géométrique et entourent Pompéi de murailles. En -424, Pompéi est conquise par les Samnites qui prennent le nom de Campanie en arrivant dans les plaines. On se remet à parler l’osque, langue commune aux plus anciens occupants, les Osques, et aux nouveaux occupants, les Samnites qui étendent les murailles de la ville. Influence romaine Pendant ce temps, Rome avait entrepris son avancée progressive vers l'Italie du Sud et avait commencé à mettre à mal la résistance des populations italiques. Les peuples Samnites durent eux aussi se rendre aux Romains, après trois longues années de guerre, dont la dernière dura de 298 à 290 avant J.-C. Avec la conquête de la Campanie, Pompéi connut donc la domination des Romains, devenant "socia", statut qui comportait le maintien d'une autonomie locale. Entre -214 et -210 se déroule la Deuxième Guerre punique : Hannibal part à la conquête de Rome avec ses éléphants. Pompéi, contrairement aux autres villes Samnites, reste fidèle à Rome. Cette longue période de prospérité s'interrompt avec la guerre menée contre Rome par les cités italiques -dont Pompéi- afin d'obtenir la citoyenneté romaine. En mars 90 av. J.-C., les villes Samnites se révoltent contre Rome lors de la Guerre sociale. Cette fois, Pompéi se joint à elles. La guerre est dure et les Romains conduits par Sylla prennent Pompéi. Les Romains ne reconstruisent pas une nouvelle ville sur celle des Samnites, mais s’installent dans Pompéi telle qu’elle était au temps des Samnites. La destruction de Pompéi En 62 après Jésus-Christ, Pompéi et les nombreux centres établis à proximité du Vésuve sont endommagés par un important tremblement de terre qui détruit une grande partie des édifices publics et privés. Des travaux de restauration sont immédiatement entrepris, nombre d'entre eux s'achevant rapidement - surtout ceux qui concernent les édifices privés. La plupart des édifices publics et privés étaient encore en phase de consolidation et de restauration lors de l'éruption en 79. À une date traditionnellement fixée au 24 août 79, l'éruption du Vésuve entraîne la destruction de la ville. Pline le Jeune, qui était dans les environs, a décrit l’éruption dans deux lettres à Tacite. Période romaine En 80 av. J.-C., Pompéi est transformée par Sylla en colonie romaine: les riches colons romains remplacent alors les habitants chassés de leurs demeures et s’installent principalement dans de grandes villas bâties sur le flanc du Vésuve, à l’emplacement des remparts primitifs. L’ère romaine commence. Sylla installe 2 000 vétérans à Pompéi, devenue colonia Cornelia Veneria Pompeianorum. Comme par le passé, Pompéi continua à s'agrandir et à se développer dans tous les domaines, en particulier dans le secteur économique, largement favorisée par son arrière-pays fertile et par sa position géographique enviable. Toutes les activités liées au commerce et au trafic maritime progressèrent. L'économie florissante entraîna un accroissement démographique considérable, une augmentation du niveau de vie de la population ainsi qu'un embellissement de la ville. Les nouveaux riches, désireux de prévaloir sur la classe aristocratique traditionnellement détentrice du pouvoir, entrèrent en compétition pour faire étalage de leur opulence par le biais de somptueuses demeures, d'objets et de bijoux précieux. L'expansion urbaine se réalisa surtout le long de la via dell'Abbondanza, centre symbolique de la nouvelle classe émergente. Le Vésuve commença à déverser sur la ville une énorme masse de cendres et de lapilli. Tout fut englouti sous une épaisse croûte de matériaux éruptifs, profonde parfois de 30 m. Les habitants, dont la plupart avaient accouru sur le littoral, furent suffoqués par les émanations de gaz, tandis que d'autres trouvèrent la mort à l'intérieur même de leurs maisons. Pompéi : une ville morte et un site exceptionnel Un exemple de moulage Les fouilles ont mis au jour une ville endormie au moment exact de l'éruption du Vésuve, il y a plus de 1 900 ans. L'état de conservation du site provient aussi de la couche de cendre qui, allant jusqu'à 20 mètres (soit l'équivalent d'un immeuble de 6 étages), a recouvert le site et l'a protégé des pillages. Figés d'abord par les cendres et lapilli qui ont recouvert la cité, les habitants de Pompéi le furent ensuite par des moulages en plâtre, et on peut les voir aujourd'hui dans l'attitude où la mort les a surpris. Les archéologues estiment entre 15 000 et 20 000 le nombre de victimes liées directement à l'éruption. Découverte du site : vers 1600 Au cours des travaux de creusement d'un canal visant à dévier le fleuve Sarno (entre 1594 et 1600), l'architecte Fontana découvrit quelques édifices antiques, aux murs recouverts d'inscriptions ou de peintures : voilà la première découverte, fortuite, des vestiges de Pompéi. La ville de Pompéi Répartition des édifices par type Ce qui fit la particularité de Pompéi, la facilité des travaux, s'explique par le fait que la couche de cendre était bien plus facile à extraire que la lave solidifiée qui avait recouvert Herculanum. La conséquence logique fut la prédominance immédiate qu'eurent les fouilles de Pompéi, ce qui permit d'obtenir de brillants résultats. Si, jusqu'à la fin du XIXe siècle, les méthodes de fouilles étaient plutôt sommaires, visant principalement à découvrir des objets précieux pour les placer d'abord dans des collections particulières, puis dans les musées, en revanche, les fouilles du siècle dernier (ainsi que les fouilles plus récentes), furent menées dans le but précis de sauvegarder, autant que possible, l'intégrité des lieux mis au jour. Une très grande attention se concentra donc sur la découverte et la remise en œuvre des éléments des structures supérieures des habitations. Il s'agissait également de conserver, avec beaucoup de précautions, la décoration des murs et les mosaïques, ainsi que les objets d'art ou de la vie de tous les jours, afin de procurer au visiteur une sensation de vie au fort impact émotif. Temple de Vénus Temple d'Apollon Temple de Jupiter Macellum Temple des Lares Temple de Vespasien Édifice d'Eumachie Forum Trangulaire Temple d'Isis Temple de Jupiter Meilichios Non renseigné Les bâtiments religieux Les phases de développement de la ville Fondation 1er élargissement élargissement élargissement 2e 3e En 1808, l'arrivée de Murat comme roi de Naples, avec sa femme Caroline, relança l'enthousiasme archéologique pour le site. Le moulage : 1860 Une deuxième phase commença en 1860, avec Giuseppe Fiorelli, à qui l'on doit l'ingénieuse méthode de moulage, grâce à laquelle furent reconstituées - en versant du plâtre liquide dans les espaces vides laissés dans les couches de pierre ponce et de cendres par les 1100 corps humains, sans compter les animaux, les arbres et les objets en bois - les formes de tous les corps organiques demeurés emprisonnés dans les coulées de l'éruption. La nouvelle méthode de fouille a connu une vigoureuse impulsion au XXe siècle, d'abord avec avec Amedeo Maiuri, chercheur génial qui étudia, inlassablement, l'archéologie pompéienne et campanienne. Les bains et les édifices sportifs Thermes suburbaines Thermes du forum Thermes centrales Thermes de Stabie Forum Triangulaire Palestre Samnite Grande Palestre Les principaux axes de la ville Via Marinia Via dell'Abondanza Via di Porta Nocera Via di Nola Via di Stabia Via di Mercurio Via del Foro Les rues Le réseau des rues assure des communications rapides entre les fora périphériques (Forum Civil et Forum Triangulaire) et l'amphithéâtre. Aux croisements des grandes voies, les artères s'élargissent pour faciliter la circulation de ceux qui fréquentaient les thermes implantés aux carrefours. Deux types de circulations occupaient les rues : les véhicules et les piétons. La chaussée destinée aux véhicules était pavée de blocs polygonaux de trachyte verte ou de basalte. Les trottoirs étaient réalisés en béton ou en terre battue pour les tronçons datant de 80 à 44 av. J.-C. On passait d'un trottoir à l'autre grâce à de grosses pierres aux bords arrondis qui permettaient de traverser la rue quand celle-ci était inondée par la pluie ou le trop plein des fontaines publiques. L'entretien des rues incombait aux édiles et celui des trottoirs aux propriétaires des maisons d'où la diversité des matériaux des trottoirs. La rue de l'Abondance Édifices publics Forum Vue panoramique du forum de Pompéi Le forum était le centre de la ville, centre religieux, (où s’élevaient les principaux temples comme celui de Jupiter, père de tous les dieux, d’Apollon et des Lares) et centre politique, dans la mesure où c’était là que s’exerçait la justice, et que les institutions publiques municipales avaient leur siège. Enfin, c’était aussi le centre économique, de la cité, l’endroit où s’effectuaient les tractations et les échanges commerciaux. Le forum municipal se développa à une époque plus tardive que le forum triangulaire, plus ancien et plus central, bien que des édifices Rue avec un passage piéton surélévé La voie de l'Abondance constitue le decumanus maximus (principal) de Pompéi. Elle va de la rue de Stabies au Forum Civil puis de la rue de la Mer à la porte Marine pour son tracé le plus ancien. Elle relie les noyaux les plus importants de la ville: le Forum, les thermes de Stabies, l'amphithéâtre et la Grande Palestre. Il faut imaginer cette rue comme la plus représentative de la Pompéi romaine. Le grouillement des clients, commerçants, paysans, habitants avec les boutiques aux marchandises variées, ateliers, thermopolia et maisons en font la rue la plus vivante de la cité. remontant à l’époque Samnite, tel le Temple d’Apollon, n’en manquent pas. La construction du forum municipal fut décidée à la suite d’un accroissement démographique et d’une expansion urbaine incessante qui entraînèrent la nécessité d’un nouvel espace public répondant davantage aux exigences de la population et à l’importance même de la ville. Le forum de Pompéi est donc situé au carrefour des principales rues de la ville et, en particulier, de celle de l’Abondance qui constituait le centre le plus important de cette cité romaine si prospère. L’image que le forum donnait autrefois de lui était à coup sûr plus grandiose et monumentale : il suffit de penser que cet endroit était parcouru sur ses trois côtés par une longue et élégante colonnade, surmontée à son tour par une vaste galerie. Entre les colonnes étaient placées des statues de personnages illustres, ainsi que la tribune destinée à accueillir les orateurs. Sur le fond se dressait le grand escalier menant au Temple de Jupiter qui fermait la place d’une manière très scénographique. Ce temple était l'équivalent local du temple de Jupiter Capitolin, protecteur de Rome. Le forum triangulaire des diverses pièces, l'élévation des murs, le mobilier et la décoration intérieure. Le modèle de la maison pompéienne a fourni le plan type de la villa suburbaine (Villa de Diomède, villa des Mystères). Néanmoins, il convient de signaler qu’une autre forme d’habitat spécialisé, l’immeuble de rapport à plusieurs étages (usuellement nommé insula) où s’entassent les locataires de conditions modestes est absent à Pompéi. L’urbanisation s’étale en surface, les maisons ont au plus un étage, et l’on constate que Pompéi est en grande partie une mixité sociale car on n'a pas vraiment identifié de quartier pauvre. Les habitations vastes et luxueuses jouxtent dans un même bloc d’autres plus modestes, des boutiques, des restaurants et des ateliers d’artisans. Les boutiques de Pompéi Forum triangulaire et quartier des théâtres Palestre Forum triangulaire Temple d'Isis Théâtre et caserne des gladiateurs Temple de Jupiter Meilichios Odéon Le forum triangulaire occupe l'extrémité d'une crête de lave au sud-ouest du Grand Théâtre et du Portique des Gladiateurs. Son aspect actuel correspond à l'époque Samnite au IIe siècle av. J.-C. Le forum triangulaire constitue une zone sanctuaire distincte du sanctuaire d'Apollon. Le forum occupe un espace presque triangulaire, d'où son nom. Un portique de quatre-vingt-quinze colonnes entoure le forum sur trois côtés. Le quatrième côté, au sud-ouest, est équipé d'une balustrade et s'ouvre sur le panorama du Golfe de Naples et sur l'embouchure du Sarno. Maisons et villas pompéiennes La villa pompéienne Le site de Pompéi fut le premier qui révéla au monde moderne l’architecture précise des maisons romaines domus dans leur intégralité (dont les plus célèbres et les plus belles sont : la maison du faune, la maison des Vetii, la maison des Amours dorés, la maison du poète tragique, la maison de Ménandre, la maison de Vénus) par la répartition et la fonction Les fullonicae Les esclaves des fouleries, foulaient (piétinaient) les linges dans des bassins d'urine (ou de l'eau et du souffre) pour blanchir les étoffes nouvelles ou anciennes. Ensuite ils étendaient le linge pour le faire sécher. Mais l'espérance de vie des esclaves diminuait fortement dans ces conditions de travail. L'entrée de la fullonica était très large afin de faciliter le passage des clients. À droite de l'entrée, une pièce devait être réservée à l'administration du commerce et aux dépôts des linges à reprendre ou à laisser. Dans le vestibule, les restes d'un torcular ou presse pour le repassage du linge ont été découverts. Dans la zone de lavage, de grandes cuves communiquant entre elles à des hauteurs différentes occupaient la majorité de l'espace, des bassins plus petits complétaient le dispositif. Le foulage aux pieds des étoffes avait lieu dans les petits bassins avec un mélange d'eau et de produits alcalins (soude ou urine) pour dégraisser les tissus. Après le foulage, l'étoffe était assouplie avec une argile appelée terre à foulon pour dégraisser et assouplir l'étoffe. Un lavage et un rinçage étaient réalisés dans les grandes cuves. Une fois propre, les étoffes étaient mises à sécher sur la terrasse. La boulangerie de Modeste Le thermopolium du Laraire Une boulangerie de Pompéi L’épaisse chape de cendres produite par l’éruption de 79 après J.-C. a préservé pendant des siècles, parmi les nombreux témoignages exceptionnellement conservés à Pompéi, une boulangerie complète, avec ses équipements : les meules, constituées de deux éléments en lave volcanique, capable de travailler l’une à l’intérieur de l’autre, les comptoirs pour le pétrissage du pain et le four pour la cuisson. Le tout est organisé avec efficacité, de façon à coordonner le travail du personnel employé aux différentes tâches avec des critères qui surprennent par leur modernité. Une des meules a été remise en état, grâce à la reconstitution des parties en bois, rendant ainsi possible la démonstration de son fonctionnement qui, autrefois, s’effectuait par la force des bras des esclaves ou, plus souvent par la force des ânes. On a retrouvé dans le four quatre-vingt-un pains carbonisés, de forme ronde avec des parties relevées, semblables à ceux qui apparaissent dans différentes scènes de la vie quotidienne peintes ou sculptées, offert au public dans des corbeilles ou des rayonnages. Plusieurs inscriptions nous apprennent que la vente du pain et des fouaces à Pompéi était confiées à des vendeurs ambulants, en plus des boutiques habituelles. Jarres destinées à contenir des aliments Ce thermopolium doit son nom au beau laraire, un des édicules les mieux conservés et dédié au culte des ancêtres, culte diffusé dans la plupart des habitations du monde romain. C’était une sorte de petit temple miniature, avec de petites colonnes surmontées de chapiteaux corinthiens, placé dans une petite pièce de dimensions réduite derrière le débit de boissons. À l’intérieur étaient représentées deux divinités protectrices de l’activité commerciale qui se déroulait ici : Mercure, patron des commerces, et Dionysos, dieu du vin, avec le Génie ou plus précisément du Lares du propriétaire. Ce bar ouvert au public était équipé d’un triple comptoir de vente où l’on a même retrouvé la recette de la journée, encore intacte dans la « caisse », constituée d’une jarre encastrée dans un des comptoirs, et se montant à 683 sesterces. L’arrière-boutique communiquait avec la maison du propriétaire. FICHE N°3 : PAESTUM Situation géographique et historique Paestum se situe en Campanie, sur un banc de calcaire épargné par les tremblements de terre, à 3 km de la mer. Il s'agit d'une citée grecque édifiée en l'honneur du dieu des mers : Poséidon. Le site de Paestum a été découvert en 1750. Moins d'un quart de sa surface a été fouillé. La ville est entourée par un mur d'enceinte, presque totalement conservé, ayant un périmètre polygonal se développant sur environ 4750 m. Dès le Néolithique, de nombreuses personnes vécurent à Paestum. Domination grecque Paestum est une cité grecque édifiée à la fin du VII e avant J.C. en l'honneur du dieu des mers Poséidon par les Sybarites, ils lui donnèrent le nom de Poseidônia. Il s'agit d'un des derniers épisodes de la colonisation grecque en Italie Méridionale. Les Sybarites auraient construit le premier village fortifié et s'y seraient installés. Ils sont à l'origine de la création de quelques comptoirs maritimes sur la mer Tyrrhénienne. Paestum devint un centre commercial maritime de la mer Ionienne jusqu'au monde latin et étrusque. La cité connut une période de puissance et de splendeur entre 560 et 440 avant J.C. Une activité intense se développe dans le domaine de l'architecture et la ville s'enrichit de monuments : - basilique : 550 avant J.C. - temple de Ceres : 500 avant J.C. - temple de Neptune : 450 avant J.C. Elle devient un grand centre culturel et religieux (œuvres d'art, sanctuaire urbain au centre de la ville). L'agriculture sera la base de sa future richesse. C'est également à ce moment là que seront tracées les voies de communication. Domination lucanienne En 400 avant J.C., les Lucaniens deviennent maîtres de Poseidônia. La cité perd son nom pour reprendre son nom originel "Pai-pais" qui devient Paistom. La conquête de la ville par les Lucaniens serait due en partie aux Grecs qui employaient les Lucaniens pour des travaux variés. Ceux-ci se seraient révoltés contre la domination grecque et auraient pris le contrôle de la ville. A leur disparition, les Lucaniens laissèrent derrière eux les vestiges de leur civilisation. Domination romaine En 273 avant J.C., Rome enlève la ville aux Lucaniens. Elle y fonde une colonie de droit qu'elle appelle Paestum. La ville décline à la fin de l'Empire romain à cause de la malaria qui chasse les habitants. La ville abandonnée est alors envahie par les marais. Redécouverte du site La ville est mise à sac par les Sarrasins au XIe après J.C., puis de nouveau abandonnée au XVIe siècle. Le site est redécouvert aux environs de 1750 alors que les Bourbons avaient entrepris des travaux pour ouvrir une route reliant Naples à Reggio de Calabre. Quelques monuments Le forum Il est composé de plusieurs bâtiments dont trois sont identifiés comme étant le bouleutérion, la curie et le comitium. Le bouleutérion (470 av. J.-C.) est un édifice circulaire creusé dans la roche en une série de gradins concentriques ; des assemblées d'environ 500 personnes s'y réunissaient. La curie est un lieu d’administration, justice, lieu de réunions d'affaire. Et le comitium est un lieu d'assemblée des citoyens appelés à élire leur magistrature. La basilique Elle se trouve au sud du temple de Neptune. Son nom lui fut attribué au XVIIIe quand au moment de sa redécouverte le manque de frontons et le grand nombre de colonnes sur les côtés courts fit penser qu'il s'agissait d'un édifice à vocation civile et non religieuse. En réalité, il s'agit du plus ancien temple de Paestum construit en -550 av. J.-C. Temple grec d'ordre dorique, il fait partie d'un sanctuaire urbain dédié à la principale déesse de Poséidônia : Hera, déesse vénérée en tant que déesse armée d'une part et en tant que déesse assistant à la naissance et à la croissance des individus. Il se compose de 9 x 16 colonnes extérieures. Temple de Neptune (Poséidon en grec) Il fut appelé ainsi car on pensait qu'il était dédié à la divinité qui avait donné son nom à la ville ; c'est à dire Poséidon-Neptune. Il date de 450 av. J.-C. C'est un temple grec d'ordre dorique, les chercheurs ne sont pas encore parvenus à un accord en ce qui concerne la divinité révérée dans ce lieu ; on a pensé à Héra et à Zeus, puis des études récentes, ont souligné des ressemblances avec la disposition des temples de la grande ville achéenne de la Grande Grèce, Métaponte, donnant le monument au culte d'Apollon. On compte 6 x 14 colonnes extérieures, un toit en pierres et des colonnes en pierre calcaire recouverte de stuc blanc pour imiter le marbre. Temple de Cérès (Déesse romaine de l'agriculture) Temple grec d'art dorique datant de 500 av. J.-C. Ce temple dit de Cérès par les chercheurs du XVIIIe, était en réalité dédié à Athéna comme le prouvent les nombreuses statuettes de la déesse retrouvées autour de l'édifice. Athéna y est représentée en armes. Il est formé de 6 x 13 colonnes et possède un fronton avec des corniches obliques. Ilots d’habitation et via sacra Paestum est formé de plusieurs quartiers d'habitations d'époque romaine, organisés en longs îlots, divisés en deux files de maisons séparées au milieu par un mur. La via sacra orientée S.-N. va de la porta de la Giustizia à la porta Aurea, et était suivie par les processions religieuses. L’amphithéâtre Construit au 1er siècle av. J.-C. en blocs de calcaire, l'amphithéâtre possède des piliers en briques, visibles le long du périmètre extérieur, ils sont dus à un agrandissement de l'édifice dans le but de soutenir un second ordre de gradins. Quand on entre dans l'arène on peut observer les gradins restants et le couloir voûté Le Musée Le Musée renferme de nombreux éléments d’architecture (chapiteaux, corniches, métopes et triglyphes objets de la vie quotidienne (lampes à huile, vases de mariage…) et de cultes (statuettes de déesses…), mais surtout des tombes et sarcophages de différentes époques. La Tombe du Plongeur (480 av. J.-C.) Il s’agit d’une simple sépulture à sarcophage, couverte par une dalle plate, décorée avec des peintures à fresque. Les cinq dalles peintes constituent l’unique ensemble de peintures grecques du début de l’époque classique que nous connaissions actuellement. Les quatre dalles intérieures représentent une scène de banquet funèbre dont les jeux, les chants sont destinés à rendre moins cruel le cheminement du défunt vers les mystères de l’audelà. Sur la dalle de couverture, a été peint un homme nu plongeant dans un miroir d’eau. La scène est symbolique, dans le plongeon, il faut voir le passage de la vie à la mort Sépultures (IVe siècle av. J.-C.). Les tombes sont en forme de sarcophage, couvertes, à deux versants. Elles sont décorées sur leurs faces internes de peintures représentant des scènes de guerre (chars, cavaliers…). FICHE N°4 : HERCULANUM Légende et histoire Herculanum aurait été fondée par Hercule, au retour de son voyage en Ibérie (à la recherche des bœufs de Géryon). Sans aucun doute il y a eu là anciennement une population indigène ; la ville aurait été occupée par les Osques, les Pélasges et, finalement, par les Samnites. Lors des dernières guerres d'insurrection des peuples italiques contre Rome, Herculanum fut prise par un lieutenant de Sylla en 89 avant J.-C. et devint un municipe romain. Le site Moins connue que Pompéi, Herculanum a été victime de la même catastrophe : l'éruption du Vésuve, le 24 août 79 après J.-C., qui engloutit trois villes : Pompéi, Herculanum et Stabies. Située à une dizaine de kilomètres à l'Est de Naples, dans la riche et riante Campanie, la ville se trouve près de la côte, accrochée aux dernières pentes du Vésuve, sur un petit promontoire. Dans l'antiquité, elle se trouvait sur la route littorale qui rejoint Naples à Pompéi. Plusieurs éruptions ont eu lieu et dans l'antiquité et dans l'ère moderne. Une première éruption détruisit partiellement la ville en 63 ap. J.-C. ; plusieurs autres éruptions (du IIIème au XXème siècle, il y eut quinze éruptions du Vésuve, la dernière datant de 1944) ont modifié l'aspect géographique du lieu en déposant différentes couches de lave qui ont surélevé le sol d'une vingtaine de mètres et ont fait reculer le littoral vers la mer. Les fouilles, entreprises au XVIIIème siècle, se sont organisées et développées surtout depuis le début du XXème siècle. Les nombreuses œuvres d'art qui ont été découvertes sur ce site en font une zone archéologique extrêmement riche (beaucoup de peintures, notamment). Il faut noter tout de suite que les fouilles ont été beaucoup plus difficiles ici qu'à Pompéi. En effet, les cendres et les lapilli qui, transportés par le vent, se sont abattus sur Pompéi ont formé des couches peu épaisses (5 à 6 mètres de profondeur au maximum), sans consistance et perméables à l'eau. À Herculanum, au contraire, ce sont des détritus volcaniques, laves et pierres ponces, qui se sont précipités du haut de la montagne. Les pluies torrentielles qui accompagnaient le phénomène transformèrent cette coulée en un torrent boueux qui envahit toute la ville, puis finit par se solidifier. Cette carapace terreuse (et cultivable d'ailleurs !) présente une épaisseur qui varie de 12 à 25 mètres. Mais il faut aussi remarquer que, si les fouilles ont été rendues plus pénibles, en revanche, elles ont découvert la ville telle qu'elle était en 79, sans que jamais personne n'ait pu la piller ni en retirer le moindre objet ... Le plan de la ville frappe par son extrême régularité : plusieurs cardines (le cardo est une avenue orientée Nord/Sud) sont coupés à angle droit par plusieurs decumani (le decumanus, lui, est orienté Est/Ouest) ; aux carrefours, on a retrouvé des fontaines et le long de ces avenues (dans l'état actuel des fouilles elles ont environ 350 mètres de longueur) se trouvaient des boutiques. Des insulae (quartiers) quadrangulaires se trouvaient ainsi délimités. Ce plan régulier est sûrement d'origine grecque et copie, sans doute, celui de Neapolis (Naples). La superficie de la ville semblerait représenter le tiers de la superficie de Pompéi, et le nombre des habitants ne devait pas dépasser 5000. Les constructions s'étageaient sur une pente assez raide, d'où des paliers et des terres-pleins artificiels formant terrasses. La ville était bâtie face à la mer, pour profiter de ses fraîches brises, et les plus belles villas sont perchées à l'extrême limite du promontoire, offrant leurs terrasses, vérandas et belvédères à une magnifique vue "panoramique" sur le golfe. Il subsiste également à Herculanum des maisons plus modestes et construites de façon plus économique (prédominance du bois). Contrairement à Pompéi où dominent le commerce et le négoce, à Herculanum c'est l'artisanat qui semble avoir été le plus important, et le matériel retrouvé donne même à penser que l'occupation principale de ses habitants était la pêche. De façon générale les maisons d'Herculanum offrent une vision intime de la vie quotidienne : les étages supérieurs ayant été souvent bien conservés, on découvre charpente, poutres et greniers et, à l'intérieur, de multiples objets qui ressuscitent l'atmosphère familiale : chambres à coucher, coffres variés, étagères de bois avec tablette pour l'autel domestique, etc. La catastrophe a été plus rapide et terrifiante qu'à Pompéi et les habitants ont dû fuir en abandonnant tout sur place ; Herculanum, elle, semble toute prête à reprendre sa vie interrompue. Les monuments Les principaux monuments visibles sont les Thermes urbains et de magnifiques maisons Les thermes Au centre de la ville, ils sont rigoureusement séparés en deux sections, l'une pour les hommes, l'autre pour les femmes. Ils datent de l'époque d'Auguste mais leur décoration est plus tardive (époque de Néron). On trouve également le théâtre qui, encore aujourd'hui, est en partie enfoui. Les maisons L'essentiel des constructions de la ville consiste donc dans les maisons, maisons simples et modestes, et maisons patriciennes avec jardin, atrium pavé de splendides mosaïques, murs ornés de peintures ou de bas-reliefs, pièces agrémentées de fort belles sculptures. La maison des Cerfs donnait sur le front de mer, et doit son nom aux sculptures de marbre que l'on a retrouvées dans la maison, qui représente deux cerfs attaqués par des chiens. Dans l'axe de la maison, on trouve un immense salon d'été et un jardin qui, au moment de l'éruption du Vésuve, donnait sur le rivage. Sur les murs de l'atrium, nous avons pu observer des décorations noires et rouges ainsi que des fresques du 2° style (trompe l'œil). Le maître de maison recevait ses clients dans le tablinum (bureau). Pour montrer la richesse de la famille, la pièce de réception était ornée de fresques . Dans la maison de Neptune et Amphitrite, le luxe du triclinium d'été étonne par sa richesse. On trouve un nymphée avec une grotte de forme arrondie tapissée de pierre ponce et encadrée de deux niches rectangulaires. Au dessus, des scènes de chasse. Trois masques sculptés le couronnent. Dans la maison aux cloisons de bois, on retrouve des meubles dont des cloisons que l'on aperçoit au fond de l'atrium, et dont le rôle était de cacher la maison aux curieux, et d'arrêter leurs regards sur la pièce où le maître recevait ses clients. Elles étaient garnies de boutons de bronze. Un fleuve de boue brûlantes a tout englouti, les objets de bois se sont consumés partiellement. En l'absence d'oxygène et de flammes, la gangue durcie dans laquelle tout a été enfermé ont assuré aux vestiges une protection hermétique. Mais à côté de ces superbes demeures, on trouve la maison a Graticcio : il s'agit d'une construction à pans de bois avec pierres et ciment, plus économique mais aussi moins solide. Dans la ville modeste d'Herculanum, ce procédé a été souvent utilisé, pour des cloisons internes et pour des façades d'étages, car les matériaux légers n'avait pas autant de poids à porter que les murs porteurs du rez-de-chaussée. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. Vue d’Herculanum d’E./O. Maisons du front de mer où ont été retrouvés de nombreux corps. Maison des cerfs (Casa dei Cervi) Fontaine publique Thermes urbains Maison samnite Maison de Neptune et Amphitrite Maison a Graticcio, à encorbellement Maison aux cloisons de bois FICHES N°5 : LES ORDRES ARCHITECTURAUX Il y a deux ordres (ou styles) grecs, le dorique (qui vient des Doriens) et l'ionique (qui vient d'Asie Mineure). 1. L'ordre dorique L'ordre dorique correspond à un idéal de simplicité (selon Vitruve, il représente l'homme), le chapiteau n'est pas décoré, la colonne n'a pas de base et est rarement monolithe, la frise est une alternance de triglyphes (trois rainures) et de métopes (sculptures), Parthénon (dorique) Les premiers temples étaient construits en bois. Quand on a remplacé le bois par la pierre on a refait à l'identique le temple en bois, exemple : les "gouttes" qui étaient les chevilles en bois permettant les assemblages subsistent comme élément décoratif, les triglyphes sont la transposition des extrémités des poutres de bois. 2. L'ordre ionique L'ordre ionique est plus raffiné, plus ornementé (il représente la femme), le chapiteau dessine des volutes, la base est moulurée, la frise est ornée d'une série continue de sculptures, la colonne est plus élancée, plus fine et presque toujours monolithe. L'architrave + la frise + la corniche = l'entablement. Le fût + le chapiteau = la colonne. Les acrotères sont des éléments décoratifs en terre cuite et peints placés sur le toit du fronton. Attention : On peut trouver sur un temple dorique (colonnes à chapiteaux doriques) une frise dorique et une frise ionique, c'est le cas du Parthénon. Athéna Niké (ionique) L'ordre corinthien n'est pas vraiment un ordre en lui-même, c'est l'ordre ionique avec un chapiteau à feuilles d'acanthe, ce style n'est pas utilisé à Athènes au Vème siècle av J.- C. FICHES N°6 : LES ARTS DANS L’ANTIQUITE : I. LA PEINTURE La peinture grecque Il a existé des peintres grecs, dont nous connaissons les noms et parfois même la biographie. Mais toutes leurs œuvres ont disparu, vu la fragilité de leur support (stuc, bois, toile), de sorte que c’est à travers un art essentiellement graphique comme la peinture sur vases, puis à travers la mosaïque qu’il nous faut essayer de suivre l’évolution de la peinture grecque. Les premiers vases du Ier millénaire avant J.-C. ont pour seul décor des motifs géométriques (zigzags, triangles, losanges, damiers, svastikas ou croix gammées…). C’est pourquoi, ce style sera appelé géométrique. Ces figures tracées en noir sur fond clair garnissent des vases fabriqués depuis la Crète jusque sur le continent grec. Au VIIIe siècle, l’atelier attique (région d’Athènes) devient le plus brillant : aux motifs linéaires s’ajoutent des représentations schématiques d’animaux, puis de figures humaines ; à la fin du siècle, les peintres indiquent quelques détails anatomiques, et les personnages commencent à être impliqués dans des épisodes narratifs. Dès le début du VIIe siècle, le style géométrique cède presque partout la place à un style de plus en plus narratif et décoratif, dont certains thèmes (sphinx ou griffons) sont empruntés à l’Orient. C’est pourquoi, ce style sera appelé orientalisant. Le dessin se précise grâce aux traits de contour, avec des indications d’anatomie ou de vêtements, soit par l’ajout de lignes incisées pour suggérer les détails, soit par l’ajout de différentes couleurs. Les scènes sont souvent empruntées à L’Iliade ou à l’Odyssée. Les attitudes, les gestes des personnages sont encore très raides. La techniques est déjà celle dite des figures noires, qui va triompher au VIe siècle : à l’intérieur des figures noire sur fond clair, de nombreux détails sont indiqués par de fines incisions et des rehauts (peintures rajoutées) blancs et rouge violacé. Cette technique, dite des vases à figures noires, est partagée par deux ateliers qui se disputent la prééminence : le corinthien sur fond très clair et l’attique sur fond orangé, qui va triompher au point d’entraîner vers 540 la disparition presque totale de son rival. Le style y est narratif et très minutieux, est encore assez raide, privilégiant la figure humaine et empruntant ses sujets à la mythologie. La figure noire attique se poursuit jusqu’au Ve siècle et se répand dans le bassin méditerranéen, jusque chez les Etrusques. Mais vers 525, Athènes qui possède le monopole de la production de vases invente une nouvelle technique, dite à figure rouge : c’est désormais le fond du vase qui devient d’un noir éclatant à la cuisson, tandis que les zones destinées au décor sont réservées et le décorateur va peindre au pinceau, ou plutôt dessiner, avec une finesse extrême et un soin minutieux. Les thèmes traités sont encore souvent d’inspiration mythologique ou épique, mais les scènes de la vie quotidienne se font de plus en plus fréquentes, surtout celles de sport, de guerre et de banquet, qui permettent de détailler l’anatomie des jeunes gens. Une certaine lourdeur primitive cède vite la place à une élégante souplesse des corps et des draperies. Au début du Ve siècle, le graphisme est parfait, mais il reste encore à exprimer les sentiments des personnages et à donner de la profondeur de champ aux tableaux pour que le réalisme ne soit pas que de détail. Les progrès décisifs pour la conquête de l’espace, le naturel et la diversité des attitudes, l’expressivité des physionomies ont lieu entre 470 et 450, avec les débuts du « style libre ». Un détail est révélateur : l’œil est enfin représenté vraiment de profil dans un visage de profil, alors que jusqu’ici, il était gros et présenté de face dans un visage toujours de profil. Une tombe découverte sur le site de Paestum, la tombe du plongeur, donne une idée des tendances nouvelles : sur le couvercle de la sépulture, est représenté un plongeur ; sur les quatre parois, des scènes de banquet, avec des hommes au visage très expressif dessinés à la perfection, avec quelques couleurs (brun, rouge, bleu, vert), mais sans profondeur de champ, sans ombres, sans suggestion de volume ; il ne s’agit guère que de dessin colorié. Selon les auteurs antiques, ce serait un certain Polygnote qui aurait introduit dans le grande peinture, dont il ne nous reste plus de trace, la profondeur de champ en suggérant les plans par l’étagement des figures ; il fut le premier à indiquer le paysage et à se préoccuper de l’éthographie, c’est-à-dire, de la traduction des caractères sur le visage. Après lui se développe la technique de la perspective, les jeux d’ombre et de lumière sont introduits, et les couleurs sont déclinées dans des palettes de plus en plus nuancées pour exprimer des sujets nouveaux, tels que les natures mortes, les scènes de genre (scènes de la vie quotidienne)… Les vases à figure rouge des Ve et IVe siècle connaissent également une évolution des thèmes et des dessins : les scènes mythologiques cèdent souvent la place à des scènes de genre dans un « style fleur » où foisonnent les jeunes femmes vêtus de draperies fines et légères, tandis que les Amours ailés traduisent la tendresse des sentiments.. A partir de cette époque, Athènes n’a plus le monopole de la figure rouge : des ateliers se sont installés en Italie du Sud qui vont dominer la céramique peinte du IV e siècle. La céramique peinte s’éteint vers 300 dans la médiocrité, alors que la grande peinture connaît au contraire des jours glorieux, avec des artistes qui maîtrisent parfaitement la technique picturale, privilégiant des paysages, nilotiques ou autres, comme le montrent bien des peinture pompéiennes qui dérivent à n’en pas douter d’originaux grecs, à la fois par leurs thèmes et leur technique. La peinture romaine La peinture romaine nous est surtout connue par les ruines de Pompéi et d’Herculanum. Entre le IIe siècle avant J.-C. et 79 après J.-C., la plupart des murs intérieurs des maisons furent peints par des artistes venus de Grèce ou des principautés hellénistiques, ou par des artistes locaux. Le décor mural joue un rôle très important dans la maison romaine : il complète l’architecture et lui donne son allure définitive, en ouvrant la paroi sur un monde différent. La caractéristique essentielle de ce décor de peinture romaine est précisément que la paroi d’une pièce, voire les quatre, forment un tout qui ne doit pas être démembré, mais considéré dans sa structure même. Il ne faut donc pas isoler les panneaux figurés sur le mur en cherchant à y voir un écho de la peinture grecque, que l’on sait être monumentale. La peinture à Pompéi : la technique des fresques La technique des peintres était celle de la chaux saponifiée : on préparait un support composé d’une couche épaisse (3 à 5 cm) de chaux et de sable, d’une seconde couche, plus fine (environ 0,5 cm) de chaux et de calcite. Sur ce support, on appliquait une dernière couche (0,05 cm à 0,1 cm) d’un mélange liquide de chaux, de savon, de cire et de craie en suspension. Sur cette préparation polie et lustrée, on peignait à sec en mélangeant les couleurs à la solution de chaux, savon et cire. Il fallait peindre rapidement, du haut vers le bas. Des ouvriers étaient chargés des fonds, tandis que les peintres se réservaient personnages et ornements. La peinture à Pompéi : les différents styles On a l’habitude de classer les peintures de Pompéi en quatre styles, qui sont souvent mêlés ou difficile à dater avec précision : Premier style (fin du IIème siècle avant J.C.) : il s’agit d’imiter les supports naturels : on décore, par exemple, en faux marbre ou faux bois. Deuxième style (début du Ier siècle-fin du règne d’Auguste) : on peint des perspectives et des colonnades imaginaires, le décor est essentiellement architectural. Troisième style (fin du règne d’Auguste) : c’est le plus répandu à Pompéi : des colonnes rythment le décor, mais des représentations figuratives et des paysages se retrouvent dans la composition, formant des sortes de tableau. Quatrième style (jusqu’en 79 après J.C.) : les perspectives architecturales du deuxième style se combinent dans des constructions fantastiques ou théâtrales, très décorées. Quels que soient les sujets représentés, les Pompéiens demandent à la peinture l’illusion du réel (d’où les nombreux trompe-l’œil) ; ainsi on s’offre en peinture le jardin idéal qu’on aurait aimé posséder, on aime l’exotisme (le Nil et l’Egypte ont beaucoup influencé les artistes) ; la religion, la mythologie, la littérature, (notamment homérique), d’origine grecque, sont elles aussi très exploitées, souvent replacées dans le cadre de la vie quotidienne. Le réalisme reste une préoccupation des Romains : portraits, paysages, natures mortes, peintures animalières, scènes de la vie quotidienne abondent, sans exclure cependant l’intrusion du grotesque, du fantastique ou du surnaturel. FICHES N°6 : LES ARTS DANS L’ANTIQUITE : LA MOSAÏQUE La mosaïque grecque Le déclin de la céramique peinte et sa totale absence pendant l’époque hellénistique sont compensés par l’apparition, dans la seconde moitié du Ve siècle, puis l’épanouissement, enfin l’essor prodigieux de la mosaïque. La mosaïque de galets est née au nord de l’Asie Mineure au VIII e siècle. Des galets de deux (blanc et noir) ou de trois (blanc, noir et rouge) couleurs, de 1 à 2 centimètres de longueur, fichés verticalement dans un lit de pose de ciment, formaient des tapis à décor géométrique. La technique a dû passer en Grèce au VIe siècle. Dès le siècle suivant, des mosaïques de galets à sujets figurés apparaissent à Corinthe et en Sicile, pour se multiplier au IVe et au IIIe siècle. Sujets mythologiques, animaux fantastiques de type oriental s’associent dans ces œuvres aux ornements de l’art grec classique. Généralement à deux tons, dessin clair sur fond sombre, ces mosaïques ressemblent par la palette et par le style aux peintures des vases à figures rouges. Les personnages et certains ornements ont été cernés de filets de plomb ou de terre cuite qui rappellent les contours incisés de ces peintures. Cet art semble avoir atteint son apogée vers 300. Des tons plus riches, des dégradés plus délicats sont obtenus par des galets d’une gamme de couleurs variées et par des tesselles de composition chimique (en particulier dans les tons verts et jaunes). L’invention qui devait révolutionner l’art de la mosaïque et lui donner les caractères qu’elle a gardés pendant plus d’un millénaire est l’utilisation de tesselles taillées avec soin et jointes étroitement les unes aux autres de manière à réduire au minimum les interstices. Dès lors devint possible l’imitation des plans de couleurs unies ou dégradées de la peinture à l’aide de cubes de pierre, de marbre, de terre cuite et de pâtes de verre opaques ou translucides. Par la suite, la technique se diversifie : - l’opus tessellatum à cubes de 1 à 2 cms² sera utilisé pour la mosaïque courante, - l’opus vermiculatum , à cubes de dimensions parfois minuscules (1 mm²), représentera les scènes figurées. - l'opus sectile , un peu particulier, puisque formé de larges plaques de marbre. Il est plus proche de la marqueterie Les tableaux particulièrement soignés sont exécutés à l’atelier sur des supports mobiles en terre cuite ou en pierre pour être insérés dans le pavement; on les désigne du terme grec emblema . La mosaïque romaine Les Romains, en adoptant la civilisation des Grecs qu’ils avaient vaincus, ont emprunté aussi la mosaïque. Les plus anciens pavements romains de caractère artistique, datant du début du Ier siècle, ont été trouvés à Pompéi, à Palerme et à Malte. La mosaïque de pavement courante, appliquée de plus en plus fréquemment dans l’architecture romaine privée et publique, comporte de simples dessins géométriques en noir et blanc: damiers, cercles entrelacés, combinaisons de losanges, de carrés et de cercles, motifs végétaux stylisés. Au cours du Ier siècle de notre ère, elle pénètre sous cette forme dans toutes les provinces de l’Empire. Des écoles locales modifient les modèles reçus de la métropole, les enrichissent de couleurs et d’ornements nouveaux. La mode de l'emblema a commencé à l'époque du premier style pompéien : les murs imitaient simplement l'aspect et la couleur du marbre, mais les sols s'ornaient de splendides motifs figuratifs aux couleurs variées. C'étaient parfois de véritables tableaux, souvent réalisés par des spécialistes avec la technique "du ver de terre" ou opus vermiculatum : minuscules tesselles de forme et de taille variées, disposées en lignes sinueuses. Ce goût pour l'emblema polychrome a subsisté, et tous les sujets ont été abordés : natures mortes, scènes de la vie quotidienne, portraits... À côté de scènes mythologiques, de représentations de cirque, de l’amphithéâtre, de la chasse, de la vie rurale, des sujets saisonniers et astrologiques sont particulièrement fréquents. Ainsi, les pavements font connaître, outre l’évolution du style, les multiples aspects de la vie journalière romaine. Dans deux des quatre provinces gauloises (Lugdunaise et Belgique), en Angleterre et en Germanie, l’histoire de la mosaïque de pavement antique s’arrête à la fin du IVe ou au cours du Ve siècle; elle continue au contraire dans les régions méditerranéennes jusqu’au seuil du Moyen Âge et au-delà. La technique de la mosaïque La technique des mosaïques est très ancienne : elle est déjà connue en Mésopotamie au troisième millénaire avant J.C. Elle consiste à assembler de petites pierres à l’aide d’un mortier résistant. Les cailloux furent ensuite remplacés par les matériaux les plus divers (marbres de couleur, etc.) ; l’artiste les taillait et les réduisait en cubes, rectangles ou triangles de petites dimensions, appelés tesselles. Les couleurs se juxtaposaient pour former des contrastes. Dans un premier temps, l’artiste appliquait sur le support (sol ou mur) un mortier assez épais, composé de chaux additionnée de poudre de marbre et de paille bien pilée. Cette couche devait en supporter d’autres et était assez rugueuse ; on la recouvrait ensuite d’une deuxième couche ; làdessus, l’artiste traçait une ébauche de la composition générale, puis il étendait une dernière couche de mortier beaucoup plus fin, pour retenir les tesselles, sur lequel il exécutait un nouveau dessin. Aussitôt, le mosaïste plaçait les tesselles en commençant par les contours ; pour finir, une dernière couche de chaux fine cimentait les tesselles et faisait ressortir les couleurs. Les premières mosaïques romaines étaient composées de tesselles noires et blanches. Les mosaïques, en dehors de leurs qualités décoratives, nous fournissent un document précieux, notamment dans les maisons pompéiennes. Les artistes suivent les modes, passant du paysage à la peinture animalière, à la nature morte et enfin, juste avant l’éruption de79, aux scènes de genre (théâtrales, par exemple). La plupart de ces œuvres illustrent le génie réaliste des Latins. Au 1er siècle apr. J.-C. les villes sont bien approvisionnées en eau et on aime les fontaines, les nymphées et les tricliniums d'été. Celui de la maison de Neptune et Amphitrite, à Herculanum, est aménagé dans une cour intérieure. Les murs sont recouverts de mosaïques de couleur en pâte de verre (opus musivum). Sur le mur principal on voit le dieu de la mer, Neptune, et son épouse Amphitrite, d'où le nom de cette maison. Cette technique de la mosaïque murale est promise à un bel avenir. La mode de l'emblema a commencé à l'époque du premier style pompéien : les murs imitaient simplement l'aspect et la couleur du marbre, mais les sols s'ornaient de splendides motifs figuratifs aux couleurs variées. C'étaient parfois de véritables tableaux, souvent réalisés par des spécialistes avec la technique "du ver de terre" ou opus vermiculatum : minuscules tesselles de forme et de taille variées, disposées en lignes sinueuses. Ce goût pour l'emblema polychrome a subsisté, et tous les sujets ont été abordés : natures mortes, scènes de la vie quotidienne, portraits... Nous voyons ici celui du poète Virgile, le grand poète officiel du règne d'Auguste (-27 à -14), auteur de l'Enéide. FICHES N°6 : LES ARTS DANS L’ANTIQUITE : III. LA SCULPTURE La sculpture grecque L’ornement monumental La décoration de beaucoup de monuments grecs, dès l’époque archaïque (XVIe siècle avant J.-C.) anime non seulement métopes, frises et frontons (figures 1, 2, 3), mais plus simplement lorsque les tailleurs de pierre nuancent les profils des bases, des corniches ou autres éléments d’architecture du temple, par un jeu de gracieuses moulures à côté des volutes et des feuilles d’acanthe des chapiteaux ioniques ou corinthiens (figure 1). Il ne faut pas oublier que la plupart des moulures et ornements étaient rehaussés de dorures et de couleurs. Les styles Style géométrique Les premières sculptures grecques remontent à l’époque dite protogéométrique puis géométrique (Xe-VIIIe siècles). Des statuettes en bronze, en terre cuite, représentant schématiquement des animaux, des hommes et des monstres figés dans des attitudes très raides, sont les premiers témoignages, d’un art inspiré par un sentiment religieux. Style orientalisant Beaucoup plus que l’architecture, la sculpture subit, dès la fin du VIII e siècle, l’influence de l’Orient, d’où son nom. Le VIIe siècle marque un tournant capital pour la sculpture grecque : c’est alors qu’apparaissent la grande statuaire en pierre (surtout en marbre) et le relief narratif. La stylisation de la période géométrique fait place peu à peu au désir de reproduire la réalité de la façon la plus vivante possible. Ainsi, on passe d’un style rigide, soucieux d’une stricte frontalité (symétrie presque totale entre les deux côtés d’un personnage par rapport à l’axe médian du corps, présenté de face). Ce style dit « dédalique » (par référence à un sculpteur légendaire, Dédale), peut-être originaire de Crète, produit des statuettes raides mais plus en chair et mieux proportionnées que leurs antécédents de style géométrique. La coiffure en perruque ondulée ou tressée suggère une influence égyptienne. Ce sont sans doute aussi des modèles égyptiens qui entraînent soudain, vers 620, l’apparition de statues en marbre colossales – jusqu’à plus de cinq mètres de haut : les kouroi nus, debout, le pied gauche légèrement avancé, avec pour correspondant féminin le type de la koré, toujours de long vêtue. La stylisation décorative des détails anatomiques (oreilles, nombril, chevelure par exemple) cède peu à peu la place à des formes inspirées par une observation attentive de la réalité. Beaucoup de visages s’illuminent d’un sourire, qui traduit le bonheur rayonnant d’un être représenté dans la force et la beauté de sa jeunesse. L’anatomie masculine est rendue à la perfection par des artistes qui avaient tout loisir d’observer des athlètes nus, mais ces magnifiques corps ont encore besoin de gagner en souplesse et en naturel dans leur maintien. Style archaïque Le style archaïque, multiple dans les ateliers locaux et les écoles régionales, s’épanouit aussi dans la sculpture architecturale, surtout dans les ensembles narratifs d’inspiration mythologique que constituent frises et frontons des temples et des trésors qui traduisent un sens de la composition où le goût de la symétrie est tempéré par la variété du détail. Style sévère Au début du Ve siècle, au moment des guerres médiques qui opposèrent les Grecs aux Perses, le style archaïque cède partout la place à un style qu’on nomme sévère à cause de la gravité des visages. La maîtrise de l’espace et du mouvement est désormais acquise par des artistes dont nous connaissons quelques noms (Critias, Onatas, Myron avec son célèbre Discobole). La sculpture architecturale produite vers 460, avec les frontons et les métopes du temple de Zeus à Olympie, un des plus grands chefs-d’œuvre de ce style sévère, qu’on nomme aussi préclassique dans la mesure où un mélange de réalisme et d’idéalisation annonce celui de la deuxième moitié du Ve siècle. Style classique L’art classique est surtout dominé par deux sculpteurs : Polyclète et Phidias. Surtout intéressé par la figure humaine, Polyclète crée un canon (une règle) de proportions qu’il illustre vers 440 par son Doryphore (éphèbe, jeune sportif, porteur de lance) : la hauteur totale du corps, dont l’équilibre robuste et harmonieux tient à la musculature puissante, à la souplesse des membres et au léger balancement des épaules et des hanches, représente sept fois la hauteur de la tête. Ce canon sera respecté pendant plus d’un siècle. Chez Phidias, la sublime s’associe au naturel, la noblesse à la simplicité, l’idéalisation au réalisme ; il porte à la perfection le rendu des drapés, le modelé des corps et l’expression de la majesté divine, comme en témoigne la fameuse frise des Panathénées sur le Parthénon. A la fin du Ve siècle et au IVe siècle, une évolution s’amorce, avec des attitudes plus dynamiques, des draperies plus exubérantes qui collent à la peau ou tourbillonnent autour des corps. Ainsi Praxitèle, actif entre 360 et 330, préfère exprimer, plutôt que la majesté et la vigueur de l’homme adulte, la grâce de sveltes jeunes gens au déhanchement prononcé, comme dans son Ephèbe de Marathon, ou la délicate ou voluptueuse élégance de jeunes femmes tantôt subtilement drapées, tantôt – et pour la première fois – entièrement nues. Il convient aussi de citer aussi Timothéos, ou Léocharès et surtout Lysippe qui modifie la canon polyclétéen des proportions du corps humain : la tête ne représente plus qu’un huitième de la hauteur totale du corps. Style hellénistique Entre la fin du IVe siècle et le Ier siècle avant notre ère, la sculpture n’évolue guère. Personne ne songe à mettre en question les principes d’un art qui a atteint la perfection. En simplifiant, on peut distinguer dans la sculpture hellénistique deux tendances principales. La première, qui tend au réalisme idéaliste, continue à chercher l’expression d’une beauté idéale dans la tradition du classicisme, mais avec plus de pathétique ou de profondeur dans les visages, soit plus d’emphase dans l’action, soit plus de complexité dans les draperies (comme dans la Victoire de Samothrace), ou dans le modelé ou le balancement du corps (comme dans la Vénus de Milo). La deuxième tendance de cette sculpture choisit le réalisme naturaliste, soit à travers des portraits qui rendent tous les détails les plus vrais possible, parfois à la limite de la caricature, soit dans la composition de groupes aux attitudes théâtrales et pathétiques ou de grands ensembles où violence des passions et de l’action s’exprime dans une tension et une puissance à la limite de l’emphase, dans une sorte de « baroque expressionniste ». La sculpture romaine : Le portrait La statuaire romaine s’épanouit avant tout dans le portrait. En effet, seul ce type de sculpture n’a pas été copié sur les Grecs bien qu’ils l’aient déjà développé. Malgré tout, ces représentations sont variées alors que les types de personnes sculptées ne sont pas nombreux. Le portrait est largement présent dans l’art romain avant tout parce qu’il est l’héritier d’une vieille tradition romaine puisque les grandes familles nobles gardaient dans leurs maisons les masques mortuaires (moulés sur le visage des morts) des ancêtres (imagines majorum) et la coutume de conserver dans les lieux publics, des statues en l’honneur des personnages célèbres. Alors que chez les Grecs, les sculpteurs grecs de l’époque hellénistique faisaient plutôt apparaître les qualités morales des personnes représentées, qu’elles soient réelles ou supposées, que de véritables ressemblances. Les sculpteurs romains accentuent les caractères physiques, même déplaisants, notamment les marques de l’âge. Mais ces marques hyperréalistes servent souvent à définir l’image que veut donner d’elle une partie de la classe dirigeante romaine. Ainsi, à l’époque républicaine, les traits, la physionomie osseuse voire décharnée, nez et oreilles très marqués par exemple pouvaient donner l’image d’hommes attachés à la terre, durs au travail, dont le rudesse physique traduit la rigueur morale : la réalité est donc interprétée et, dans une certaine mesure, déformée. C’est ainsi que le portrait pourra servir à l’époque impérial d’outil de propagande, afin de véhiculer l’image que le souverain veut donner de luimême. Ainsi s’explique la multiplication d’une même œuvre et sa diffusion à travers le monde romain. Un type officiel est créé pour marquer un événement du règne : avènement, anniversaire, naissance, victoire. En général, le souverain apparaît idéalisé : Auguste serein et impassible, échappant aux atteintes de l’âge ; Néron, plus romantique… L’antiquité tardive voit l’image impériale perdre encore de sa réalité pour devenir désincarnée ; le problème de la ressemblance physique se pose de moins en moins ; c’est en quelque sorte la fonction, non la personne, qui est représentée. Ainsi à l’aspect du souverain viennent encore s’ajouter les éléments de son costume et les attributs qu’il porte : il peut être représenté sous toutes sortes de formes, en prêtre, en chef d’armée cuirassé, en citoyen en toge, ou même comme un héros de la mythologie ou un dieu. L’extension de l’art romain à l’ensemble du bassin méditerranéen apporte un certain équilibre entre les deux courants : le réalisme attaché à la représentation de la personne et une idéalisation qui tend à révéler au-delà des apparences la fonction ou le rôle, la vie intérieure du sujet, ses qualités et ses défauts, jusqu’aux débats de sa conscience. La sculpture de l’antiquité gréco-romaine a jusqu’à la fin du XIXe siècle été considérée comme la plus grande réussite de tous les temps. Alliant recherches réalistes et soucis d’idéalisation des formes, elle a profondément influencé les sculpteurs occidentaux.