Les chansons de la révolution tranquille

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Les chansons de la révolution tranquille
LES CHANSONS DE LA RÉVOLUTION TRANQUILLE L'ALOUETTE EN COLÈRE Paroles et musique : Félix Leclerc (1972) J'ai un fils enragé Qui ne croit ni à Dieu ni à diable ni à moi J'ai un fils écrasé Par les temples à finance où il ne peut entrer Et par ceux des paroles d'où il ne peut sortir J'ai un fils dépouillé Comme le fut son père porteur d'eau Scieur de bois, locataire et chômeur dans son propre pays Il ne lui reste plus que la belle vue sur le fleuve Et sa langue maternelle qu'on ne reconnaît pas J'ai un fils révolté un fils humilié Un fils qui demain sera un assassin Alors moi j'ai eu peur et j'ai crié À l'aide au secours quelqu'un Le gros voisin d'en face est accouru Armé grossier étranger Pour abattre mon fils une bonne fois pour toutes Et lui casser les reins et le dos Et la tête et le bec et les ailes alouette ah.......... Mon fils est en prison Et moi je sens en moi Dans le tréfonds de moi Pour la première fois Malgré moi malgré moi Entre la chair et l'os S'installer la colère MON PAYS Paroles et musique : Gilles Vigneault (1965) Mon pays ce n'est pas un pays, c'est l'hiver Mon jardin ce n'est pas un jardin, c'est la plaine Mon chemin ce n'est pas un chemin, c'est la neige Mon pays ce n'est pas un pays, c'est l'hiver Dans la blanche cérémonie Où la neige au vent se marie Dans ce pays de poudrerie Mon père a fait bâtir maison Et je m'en vais être fidèle À sa manière, à son modèle La chambre d'amis sera telle Qu'on viendra des autres saisons Pour se bâtir à côté d'elle Mon pays ce n'est pas un pays, c'est l'hiver Mon refrain ce n'est pas un refrain, c'est rafale Ma maison ce n'est pas ma maison, c'est froidure Mon pays ce n'est pas un pays, c'est l'hiver De mon grand pays solitaire Je crie avant que de me taire À tous les hommes de la terre Ma maison c'est votre maison Entre mes quatre murs de glace Je mets mon temps et mon espace À préparer le feu, la place Pour les humains de l'horizon Et les humains sont de ma race Mon pays ce n'est pas un pays, c'est l'hiver Mon jardin ce n'est pas un jardin, c'est la plaine Mon chemin ce n'est pas un chemin, c'est la neige Mon pays ce n'est pas un pays, c'est l'hiver Mon pays ce n'est pas un pays, c'est l'envers D'un pays qui n'était ni pays ni patrie Ma chanson ce n'est pas une chanson, c'est ma vie C'est pour toi que je veux posséder mes hivers LE PLUS BEAU VOYAGE Paroles : Claude Gauthier ; Musique : Yvan Ouellet et Claude Gauthier (1972) J'ai refait le plus beau voyage de mon enfance à aujourd'hui sans un adieu, sans un bagage, sans un regret ou nostalgie j'ai revu mes appartenances, mes trente-­‐trois ans et la vie et c'est de toutes mes partances le plus heureux flash de ma vie Je suis de lacs et de rivières je suis de gibier de poissons je suis de roches et de poussières je ne suis pas des grandes moissons je suis de sucre et d'eau d'érable de pater noster de credo je suis de dix enfants à table je suis de janvier sous zéro Je suis d'Amérique et de France je suis de chômage et d'exil je suis d'octobre et d'espérance je suis une race en péril je suis prévu pour l'an deux mille je suis notre libération comme des millions de gens fragiles à des promesses d'élection Je suis l'énergie qui s'empile d'Ungava à Manicouagan Je suis Québec mort ou vivant ______________________________ ENTRE DEUX JOINTS Paroles: Pierre Bourgault; Musique: Robert Charlebois (1973) Tout ça a commencé Sur les plaines d'Abraham La chicane a pogné T'as mangé ta volée Mais depuis ces temps-­‐là T'as pas beaucoup changé J’te trouve ben magané Pis encore ben pogné Entr’ deux joints Tu pourrais faire quequ’chose Entr’ deux joints Tu pourrais t’grouiller l’cul Ta sœur est aux États Ton frère est au Mexique Y font d’l'argent là-­‐bas Pendant qu’tu chômes icitte T’es né pour un p’tit pain C'est c’que ton père t'a dit Chez les Américains C'pas ça que t'aurais appris Refrain Yt’reste un bout à faire Faut qu’t'apprennes à marcher Si tu fais comme ton père Tu vas te faire fourrer Ah j’sais que t'es en hostie Pis qu’t'en as jusque-­‐là Mais tu peux changer ça Vit’ ça presse en maudit Refrain T'as un gouvernement Qui t’vole à tour de bras Blâme pas l’gouvernement Mais débarrasse-­‐toi’ z’en Couche-­‐toi pas comme un chien Pis sens-­‐toi pas coupable Moi j’te dis qu’t’es capable C’pays-­‐là t'appartient Refrain T'as pas besoin d’crier T'as just’à t’tenir debout Ça sert à rien de brailler Mais faut qu’t’ailles jusqu'au bout T’as rien à perdre vois-­‐tu Parce qu'ici au Québec Tout commence par un Q Pis finit par un bec. L'ÉTRANGER Paroles Pauline Julien; Musique : Jacques Perron (1976) Quand j'étais petite fille Dans une petite ville Il y avait la famille, les amis, les voisins Ceux qui étaient comme nous Puis il y avait les autres Les étrangers, l'étranger C'était l'Italien, le Polonais L'homme de la ville d'à côté Les pauvres, les quêteux, les moins bien habillés Et ma mère bonne comme du bon pain Ouvrait sa porte Rarement son cœur C'est ainsi que j'apprenais la charité Mais non pas la bonté La crainte mais non pas le respect Dépaysée, au bout du monde Je pense à vous, je pense à vous Demain ce sera votre tour Que ferez-­‐vous, que ferez-­‐vous Dépaysée au bout du monde Je pense à vous, je pense à vous Demain ce sera votre tour Que ferez-­‐vous, que ferez-­‐vous Aujourd'hui l'étranger C'est moi et quelques autres Comme l'Arabe, le Noir, l'homme d'ailleurs, L'homme de partout C'est un peu comme chez nous On me regarde en souriant Ou on se méfie On change de trottoir quand on me voit On éloigne les enfants Je suis rarement invitée à leur table Il semble que j'aie des mœurs étranges L'âme aussi noire que le charbon Je viens sûrement du bout du monde Je suis l'étrangère On est toujours l'étranger de quelqu'un Dépaysée au bout du monde Je pense à vous, je pense à vous Demain ce sera votre tour Que ferez-­‐vous, que ferez-­‐vous Dépaysée au bout du monde Je me prends à rêver, à rêver À la chaleur, à l'amitié Au pain à partager, à la tendresse Croyez-­‐vous qu'il soit possible d'inventer un monde Où les hommes s'aiment entr' eux Croyez-­‐vous qu'il soit possible d'inventer un monde Où les hommes soient heureux Croyez-­‐vous qu'il soit possible d'inventer un monde Un monde amoureux Croyez-­‐vous qu'il soit possible d'inventer un monde Où il n'y aurait plus d'étranger. LE DÉBUT D'UN TEMPS NOUVEAU (Renée Claude) Paroles et musique : Stéphane Venne (1970) C'est le début d'un temps nouveau La terre est à l'année zéro La moitié des gens n'ont pas trente ans Les femmes font l'amour librement Les hommes ne travaillent presque plus Le bonheur est la seule vertu C'est le début d'un temps nouveau Nous voilà devenus des oiseaux Dans les cumulus du temps beau Ceux du ciel et du cerveau Les couleurs se mêlent sur la peau C'est le début d'un temps nouveau On commence à se parler en poème On commence à parler doucement À se dire je t'aime sur je t'aime Et ça donne les plus beaux enfants... On connaît les détours du tour du monde On a des yeux de cinérama Nos âmes sont devenues des ballons-­‐sondes Et l'infini ne nous effraie pas... Refrain LA MAUDITE MACHINE (Octobre) Paroles et musique : Pierre Flynn (1973) J'ai vu un matin Un vieux robineux M'a tendu la main Pour une cenne ou deux C'pas drôle dans la rue Quand y faut dormir Dans les fonds d'ruelles Ça peut pas être pire Rien dans l'fond d'l'écuelle Peux-­‐tu t'en sortir ? Si tous les pognés Dans leur p'tite misère Se disaient: « Calvaire ! Y est temps d'arrêter » Ça irait ben mieux Un coup d'pied dans l'cul Ça peut réveiller Quand personne sait pus Pourquoi travailler C'est donc toujours plate J'ai l'goût de m'en aller quelqu' part J'voudrais sacrer l'camp Plus ça va, plus ça devient mort C'tait plus beau avant J'aimerais ça être ben chez moi Sans qu'on m'mange le dos Laisse-­‐moi donc tranquille à soir Brailler comme il faut T'as perdu ta job Tu sais pus où t'mettre T'as pas l'air ben sobre Trois tavernes de faites Comment va ta vie ? Dépêche-­‐toé bonhomme Sors vite de ta crasse Prouve donc que t'es un homme Pis trouve-­‐toé une place T'as plus tellement de temps Mais y'a rien à faire Les patrons te veulent pus Tu vaux pus ben cher T'es tout nu dans la rue T'es un gars fini ! La maudite machine Qui t'a avalé À marche en câline Faudrait la casser Faudrait la casser J'ai l'goût de m'en aller quelqu'part J'voudrais sacrer l'camp Plus ça va, plus ça devient mort C'tait plus beau avant J'aimerais ça être ben chez moi Sans qu'on m'mange le dos Laisse-­‐moi donc tranquille à soir Brailler comme il faut 

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