Aborder l`apprentissage d`un chant Quelques exemples

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Aborder l`apprentissage d`un chant Quelques exemples
Aborder l’apprentissage d’un chant
Quelques exemples
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Petit escargot
Niveau maternelle - de la Petite à la Grande Section
Les enfants ont écouté la version chantée, avec pour simple question : « Qu’est-ce qu’on
entend ? ». D’abord, ils ont eu tendance à « raconter l’histoire ». Sur incitation de l’enseignante, ils
en sont venus à dire comment c’était fait : les plus jeunes en imitant ou en mimant, les plus grands
en verbalisant « ils chuchotent…ça chante… des fois c’est que le piano – non, c’est des violons
…»
L’enseignante a annoncé qu’on allait apprendre à chanter cette chanson. Comment allaiton se souvenir de ce qu’il fallait faire dans l’ordre ? « maîtresse tu vas nous le dire… nous le
montrer… » Les élèves sont arrivés peu à peu à l’idée qu’on allait le dessiner, comme ça la
maîtresse peut le montrer sans faire de bruit.
Les enfants ont réécouté la chanson par partie, et pour chaque section ils ont choisi un
symbole – que la maîtresse a dessiné :
Chant par le nez – chuchotement – violons – chant – violons – chant en dialogue – violons
(à la première intervention du quatuor à corde seul, la maîtresse a précisé que c’était des
instruments de la famille du violon, qu’elle allait montrer ensuite)
Les élèves ont spontanément proposé que quand on entendait la même chose, on
dessinait le même symbole (ici, le quatuor à cordes). L’enseignante n’a pas relevé qu’ils ne
jouaient pas exactement la même mélodie.
Pour présenter le quatuor, l’enseignante a montré une vidéo d’enfants jouant un quatuor de
Mozart. (Expérience intéressante : au moment où elle a arrêté la vidéo, pensant que les enfants
en avaient vu et entendu assez, ils ont demandé à voir la suite !)
Après cette recherche et ces écoutes répétées, les élèves connaissaient pratiquement tout
le chant – qui est court et très facile vocalement. Il ne restait plus qu’à le chanter en suivant le
musicogramme. Ce jour-là il n’y a pas eu de mise en voix, pour ne pas casser le lien entre
l’écoute, la recherche et le chant.
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Trois petits chats
niveau MS – GS
L’enseignante avait un peu peur de la quantité de texte. Elle a choisi de le traiter en premier
pour aider à la mémorisation.
Le principe a été de raconter comme une histoire, en interaction avec les élèves : « …Alors,
devinez ce qu’ils ont fait, les trois petits chats… » A mesure du déroulement, l’enseignante a mis
en jeux vocaux les mots-clefs, les interprétant de manières variées et les faisant répéter (signe de
la main : c’est moi qui fait / c’est vous). Chuchotement, sirènes, diction plus ou moins rapide, etc.
De cette manière, le texte a été compris, en partie mémorisé, et les voix ont été préparées
(c’est un chant un peu délicat : grand écart entre la fin du refrain et le début du couplet).
Ce jour-là, l’enseignante n’a fait chanter que le refrain et le premier couplet, comptant
reprendre la suite à la séance prochaine pour revenir au texte et aider une nouvelle fois la
mémorisation.
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Mon âne
niveau Grande Section
Ce chant présente 2 difficultés : le texte, où se suivent des éléments sans logique
particulière, et la ligne mélodique avec ces grands sauts dans la ritournelle (sauts d’octave.
D’ailleurs, dans l’enregistrement ce ne sont pas des maternelles qui chantent)
Avant d’aborder l’apprentissage de ce chant, l’enseignante a fait pratiquer des sirènes très
étendues lors des séances précédant l’apprentissage proprement dit, sur des voyelles variées –
toujours en les dessinant avec la main :
 D’abord juste descendantes (jeu des « météorites »), sans chercher de notes précises
 Puis en faisant succéder la descente et la montée, d’abord sans chercher de note précise,
puis en montrant et faisant répéter le dessin mélodique sur des écarts choisis (de plus en
plus grands : , du type do/la/do - do/fa/do - do/do/do).
Le dernier écart correspond à celui de la chanson : « Une paire … Un bonnet…». Pour donner
l’occasion de le répéter sans trop se lasser, l’enseignante l’a mis en mots – en donnant à ses
paroles le rythme de la ritournelle, par exemple :
Parlé : qu’est-ce qu’il a Alexandre aujourd’hui ? – Chanté « Il est bien fatigué », répété par les
élèves
Après ce travail préparatoire (de l’ordre de 3 / 4 séances), l’enseignante a abordé le chant
lui-même. Pour aider à la mémorisation des attributs de l’âne, elle a dessiné une suite de cartons
qu’elle montrait au fil de l’énumération.
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M comme Margouillat
Niveau C.P.
L’apprentissage de ce chant avait été programmé dans le cadre d’un projet de chorale
cycle2/cycle3, mais L’enseignante de CP avait très peur de la vitesse de ce chant et de la
mémorisation de tous les couplets parlés. Il a été finalement décidé que les CP ne chanteraient
que les refrains et ne diraient que le 1er couplet (Il aurait été plus équilibré d’avoir une partie des
CP sur chacun des couplets, mais c’était compliqué à gérer lors des répétitions du groupe classe).
Pour obtenir la bonne vitesse et la dynamique, l’enseignante a d’abord proposé une ronde
sur la version instrumentale. Les pas étaient calés sur les différentes sections du texte :
 Il court il court le p’tit margouillat : 4 pas en avant
 Il court il court il court : 4 temps sur place, frappés dans les mains
 Il court il court le margouillat : 4 pas en arrière
 Il court il court le margouillat : 4 temps sur place, frappés dans les mains
 Couplets : 8 pas à droite, 8 pas à gauche
Ensuite le texte dit en rythme (pas encore chanté) a été ajouté à la ronde, toujours avec la
version instrumentale seule. Sur les couplets, la ronde n’a pas bougé, pour écouter l’enseignante
qui disait le texte – première découverte. Les élèves ont vite compris le principe (le margouillat qui
mange tout ce qui passe) et guettaient chaque nouveauté avec beaucoup de curiosité.
La différence entre les pas en avant et en arrière a servi à pointer et mémoriser qu’on ne disait
pas tout à fait la même chose les deux fois.
Enfin, passage au chant, mais cette fois sans marcher : ronde et frappé de main (pas trop fort
pour bien entendre les voix) pour maintenir le tempo.
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Le pingouin
Niveau Cycle 2 (CP / CE1)
L’enseignante a d’abord proposé aux élèves de danser librement sur la bande
instrumentale de la chanson (appropriation du tempo et du caractère musical).
Puis partage d’une évolution collective : en lignes face à l’enseignante, déplacements avant
et arrière sur les temps qui seront chantés, arrêts avec frappés de mains sur les autres temps. pas
latéral de cha cha cha sur les refrains - 4 à droite / 4 à gauche (
2ème séance - L’enseignante a proposé des mots extraits de la chanson : « Pôle Nord –
cocotier – froid – pieds gelés – soleil – bronzer » et demandé deux mots contraires auxquels ça
faisit pender : les élèves ont vite trouvé « chaud/froid ».
L’enseignante a alors raconté la situation de départ : un pingouin qui a froid, etc. Par
contre, elle a chanté ce que dit le pingouin dans le refrain « Chez moi il fait froid » en le mimant
(pour aider à la mémorisation), et demandé aux enfants de le répéter de suite. La première fois,
ça a été bien sûr très lacunaire ; les élèves n’avaient que des bribes, mais le mime de la
maîtresse les aidait.
L’enseignante a placé les élèves pour refaire l’évolution collective de la 1 ère séance sur la
bande instrumentale. Mais cette fois, l’enseignante disait le texte de chaque couplet pendant les
déplacements (parlé rythmé. Pour les élèves, première découverte du texte par l’audition et non
par la lecture), et les refrains étaient chantés sans déplacements. A la fin de la chanson, les
élèves étaient capables de chanter tout le refrain sans erreur - à force de l’avoir essayé.
Retour sur les couplets : que raconte la chanson ?
3ème séance : les paroles des couplets ont été projetées et lues, par les élèves en partie,
aidés par l’enseignante, selon les difficultés de déchiffrage. Les mots difficiles ont été explicités
(passeport, tropiques…). Puis l’ensemble a été entièrement chanté par tout le groupe(et mimé par
la maîtresse). Là aussi, il y a eu des « trous » dans les paroles : c’était une première « lecture »,
c’est rapide pour des cycles 2. Ils hésitaient entre lire ou regarder les gestes de l’enseignante. Par
contre, ils avaient bien fixé la ligne mélodique des couplets grâce aux activités précédentes.
4ème séance : retour sur le dernier refrain, dont le texte n’est pas le même (ça n’avait pas
encore été pointé). A nouveau, chant complet avec le texte projeté, et moins de mime.
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Le crabe
Niveau cycle 3 (classe à 3 niveaux)
Particularités du chant :Le texte est simple, l’intérêt de la chanson réside dans son
caractère (style tango) et sa structure (tuilages ; une groupe chante une partie, l’autre enchaîne
avant que le premier ait terminé. De plus, ce texte est un peu simple pour le cycle 3. L’enseignant
a choisi de le faire mémoriser de suite par une activité ludique.
Les élèves ont découvert le texte en puzzle – étiquettes affichées au tableau :
qui marchait de travers
Pauvre crabe,
on lui avait dit
Le crabe
c’est tout droit.
voulait à toutes forces
voir la mer.
il n’y arriva pas,
Consigne : « Remettre dans l’ordre, en justifiant les hypothèses ».
Les élèves se sont appuyés sur le sens possible, les rimes, les signes de ponctuation
(majuscules et points). Quand le texte a été reconstitué, il était déjà presque su par cœur.
L’enseignant l’a fait redire en enlevant petit à petit des étiquettes pour finir de la mémoriser.
L’apprentissage du chant s’est fait par imitation classique (l’enseignant chante, les élèves
répètent) puis l’enseignant a mis en place le tuilage : il chantait et faisait signe aux élèves de
commencer la répétition alors que lui-même n’avait pas fini de chanter.
Puis ce tuilage a été refait, mais cette fois la moitié des élèves chantait avec l’enseignant
chaque première exposition. Enfin, le maître s’est contenté de diriger les deux groupes, ne
chantant que pour soutenir quand il y avait des « blancs » dans le premier groupe.
Pour terminer la séance, le chant a été calé sur la bande instrumentale, après explication
de la structure par le maître : d’abord pas de tuilage, puis tuilage, puis tuilage à nouveau mais en
chantant un peu plus aigu.
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Sous le ciel de Paris
Niveau : cycle 3 (classe à 3 niveaux)
La version proposée comme référence à l’écoute sera celle chantée par Edith Piaf (projet
autour de l’histoire de la chanson française). Elle est difficile à faire entendre à des élèves de
cycle 3 : style vocal et musical qui risque de sembler très daté.
C’est une chanson à texte, l’enseignant a choisi de commencer par-là.
1ère séance : littérature / arts du langage
Les élèves ont découvert le titre seul. L’enseignant leur a demandé de quoi pourrait parler
une chanson qui a ce titre. Les élèves ont d’abord dégagé deux champs sémantiques : Le ciel
(dont la météo) et Paris (la ville). Leurs hypothèses ont été notées au tableau.
Le ciel
Nuages, pluie, soleil, nuit, neige, orage,
Paris
Ville, foule, tour Eiffel, rues, voitures, bus, la
SeineQuelques élèves ont l’intuition que ça
va parler d’amour.
Quelques élèves ont eu l’intuition que ça allait parler d’amour, mais l’hypothèse n’a pas été
retenue à ce stade (à noter : le film « un monstre à Paris » n’était pas encore sorti)
L’enseignant a distribué le texte et l’a affiché au tableau (par projection, vu la quantité de
texte). On a vérifié qu’on retrouvait les thèmes prévus, mais aussi celui de l’amour .
Les élèves ont cherché en binômes et souligné avec un code couleur les termes en lien
avec ces différents champs (bleu : le ciel ; rouge : la ville ; jaune : l’amour). Puis collectage et
explicitation collective (les métaphores : « son habit bleu »…)
Durant toute cette phase, les élèves se sont familiarisé avec le texte et ont entretenu une
curiosité quant à la chanson.
2ème séance : Apprentissage chanté du début, avec la petite vocalise nasalisée – cette
émission vocale particulière ayant été travaillée dans la mise en voix préalable.
Avant la première écoute – l’enseignant a annoncé que c’était une chanson de 1951, dans
un style que l’on n’a plus l’habitude d’entendre. On ne chantera pas comme ça. Les élèves ont été
effectivement surpris, voire amusés, mais sont restés curieux et attentifs. Il est intéressant de
noter qu’en fin d’année, entre les 6 chants au répertoire de ce projet, c’est cette chanson qu’ils
préféraient. Ils en appréciaient le texte, et d’une certaine manière ils étaient fiers d’interpréter une
chanson ancienne (du patrimoine).