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Les aides publiques à la garde des jeunes enfants Une analyse à partir du modèle de microsimulation MYRIADE François Legendre ÉRUDITE/université de Paris-XII. CNAF – Département des statistiques, des prévisions et des analyses. Jean-Paul Lorgnet Ronan Mahieu CNAF – Département des statistiques, des prévisions et des analyses (DSER). Florence Thibault CNAF – DSER/Centre d’économie de Paris-Nord/Université de Paris XIII. L es parents d'enfants nés à partir du 1er janvier 2004 peuvent bénéficier d'une nouvelle prestation, la prestation d'accueil du jeune enfant (PAJE), dont la vocation est à la fois de mieux les solvabiliser s'ils optent pour une garde payante et de les soutenir financièrement s'ils réduisent leur activité professionnelle afin de s'occuper eux-mêmes de leurs enfants. Pour mieux rendre compte des effets budgétaires et redistributifs de cette nouvelle prestation, le modèle de microsimulation de la Caisse nationale des allocations familiales – MYRIADE – a été amendé. Il s'agissait de mieux décrire la situation antérieure à la réforme – en matière de modes de garde – afin de simuler plus précisément les effets potentiels de modifications de la réglementation dans ce domaine. En plus de la PAJE, deux réformes alternatives des prestations en vigueur en 2003 sont étudiées dans cet article. En fournissant des éléments comparatifs, leur analyse permet d'apprécier les options retenues dans le cadre de la nouvelle prestation. Depuis le 1er janvier 2004, la prestation d'accueil du jeune enfant (PAJE) remplace progressivement les différentes aides à la petite enfance versées par les caisses d'Allocations familiales (CAF). Cette évolution fait suite à une quinzaine d'années de bouleversements des prestations destinées aux jeunes enfants qui ont accompagné un développement spectaculaire des gardes payantes déclarées. Dans la perspective de mise en place d'une nouvelle allocation, le modèle de microsimulation MYRIADE a été sollicité pour décrire la variété des modes de garde auxquels recouraient les parents de jeunes enfants avant la réforme. Cette représentation a permis ensuite de simuler l'impact de différentes modifications de la réglementation en matière de prestations à la petite enfance. La PAJE s'est vu assigner un double objectif : mieux solvabiliser les familles avec de jeunes enfants et simplifier les allocations existantes en les remplaçant par une prestation unique. Potentiellement contradictoires, ces deux objectifs sont examinés par le Recherches et Prévisions 5 prisme de deux réformes polaires : la première se propose de simplifier au maximum le système en remplaçant les prestations existantes par une aide forfaitaire, tandis que la seconde privilégie l'harmonisation des taux d'efforts des familles en s'inspirant du barème actuellement en vigueur dans les crèches. Cette dernière conduit donc à une simplification de la législation de moindre ampleur. Une fois ces deux scénarios exposés, le positionnement de la PAJE est analysé par rapport à ces réformes maximalistes. Depuis une quinzaine d'années, les prestations d'aide à la garde se sont développées Les CAF versent plusieurs prestations spécifiques en faveur de la petite enfance (encadré 1, p. 7). Parmi celles-ci, l'allocation pour jeune enfant (APJE) constitue une prestation d'entretien qui n'a pas explicitement pour objet de compenser le coût d'un mode de garde déterminé. Pour cette raison, on ne commentera pas son évolution, cette première partie de l'article étant exclusivement consacrée aux prestations d'aide à la garde. La plupart des prestations ont fortement évolué dans leurs modalités ces quinze dernières années (tableau 1, p. 6). Des prestations légales et des prestations de service Créée en 1985, l'allocation parentale d'éducation (APE) ne concernait, dans un premier temps, que les familles avec au moins trois enfants dont le benjamin était âgé de moins de 3 ans. Distribuée sans condition de ressources, sa période de versement ne pouvait excéder deux années. À partir de 1987, l'APE est versée jusqu'au troisième anniversaire de l'enfant. Elle est étendue aux familles de deux enfants en 1994. Par ailleurs, les conditions d'activité professionnelle antérieure devant être respectées par le(s) parent(s) demandeur(s), au n° 75 - mars 2004 Enfance Tableau 1 Évolutions agrégées des prestations de gardei 1993 APE AGED AFEAMA Crèches 1995 1997 1999 2001 Bénéficiaires (milliers) 165 239 488 535 543 Masse financière (M € courants) 852 1 246 2 588 2 743 2 865 Montant moyen réel (€ de 1995) 408 445 434 428 409 Bénéficiaires (milliers) 18 36 75 69 60 Masse financière (M € courants) 67 143 337 130 129 168 Montant moyen réel (€ de 1995) 320 331 365 150 Bénéficiaires (milliers) 193 300 410 503 580 Masse financière (M € courants) 482 860 1 212 1 530 1 865 Montant moyen réel (€ de 1995) 215 249 239 238 243 Nombre de places (milliers) 195 196 199 203 Prestations de service (M € courants) 354 395 449 473 151 162 180 180 730 727 745 775 Montant moyen réel (€ de 1995) Nombre de naissances - Métropole (milliers) 712 Taux d'activité - femmes de 25 à 49 ans (%) 77,1 78,2 78,2 79,3 79,8 Taux de chômage (%) 11,4 11,4 12,2 10,8 8,7 Source : CNAF – DSER, « Statistiques nationales, Prestations familiales 2001 » ; DREES pour les places en crèches (nombre de places agréées au premier janvier) ; CNAF, Statistiques financières d'action sociale pour les prestations de service aux crèches (aides aux partenaires au fonctionnement, hors investissement et contrats) ; INSEE pour le nombre de naissances et les taux d'activité ; OCDE pour le taux de chômage. Champ : France métropolitaine, tous régimes. Unités : les nombres de bénéficiaires sont exprimés en milliers de famille, comme la demi-somme des effectifs au 31 décembre de l'année courante et au 31 décembre de l'année précédente. Les masses financières sont annuelles, en millions d'euros courants. Les montants moyens réels sont exprimés en euros constants de 1995 par mois. APE : allocation parentale d'éducation ; AGED : allocation de garde d'enfant à domicile ; AFEAMA : aide à la famille pour l'emploi d'une assistante maternelle agréée. Lecture du tableau : en 2001, 543 000 familles bénéficient de l'APE, en moyenne sur l'année ; le coût budgétaire annuel de cette allocation est de 2 865 millions d'euros ; le montant moyen par famille est de 408 euros par mois (en euros constants de 1995). départ très strictes (deux ans dans les trente mois) ont été relâchées en 1987 (deux ans dans les dix ans). Avec l'extension de 1994, une condition spécifique (deux ans dans les cinq ans) s'applique aux familles de deux enfants. À cet égard, la mise en place de la PAJE (encadré 2, p. 8) va à la fois dans le sens d'un durcissement – les conditions d'activité antérieure pour le complément de libre choix d'activité seront plus strictes que celles de l'actuelle APE pour les rangs 2 et 3 – et d'un assouplissement – puisque le complément pourra être versé dès le premier enfant mais pour une durée limitée à six mois. Instaurée en 1991, l'aide à la famille pour l'emploi d'une assistante maternelle agréée (AFEAMA) se substitue à la prestation extralégale assistante maternelle versée par les seules CAF sur leur fonds d'action sociale. Elle se compose d'une prise en charge totale des cotisations sociales de la nourrice agréée et d'un complément. Longtemps forfaitaire, le complément est modulé en fonction des ressources de la famille depuis 2001. Cette modulation est accentuée avec la PAJE, puisque les compléments sont fortement relevés pour les familles à bas revenus. Recherches et Prévisions 6 Créée en 1987, l'allocation de garde d'enfant à domicile (AGED) connaît une existence mouvementée : elle correspond initialement à une prise en charge totale des cotisations sociales du salarié à domicile dans la limite d'un plafond. En 1995, le plafond est supprimé et, à partir de 1998, la prise en charge n'est plus que partielle et est à nouveau plafonnée. Surtout, les évolutions de l'AGED ne sauraient être dissociées de celles du dispositif de réduction fiscale en cas d'emploi d'un salarié à domicile, à hauteur de 50 % des sommes restant à charge de la famille. La réduction maximale était de 1 905 euros par foyer fiscal pour la déclaration relative aux revenus de 1993. Elle est passée à 6 860 euros pour les revenus de 1995 et a été réduite de moitié deux ans plus tard. Elle est repassée à 5 000 euros en 2003. Dans le cadre de la PAJE, le souci d'unification des prestations destinées à la petite enfance se traduit par l'instauration d'un complément versé aux familles optant pour une garde à domicile, modulé selon les ressources. Le nombre de familles bénéficiaires de l'APE fait plus que tripler entre 1993 et 2001 : il faut y voir en n° 75 - mars 2004 Enfance Encadré 1 Les prestations à la petite enfance Les CAF versent aux familles quatre prestations légales destinées spécifiquement à la petite enfance (1). L'une, l'allocation pour jeune enfant (APJE), est une prestation d'entretien (159 euros par mois en 2003) versée sous conditions de ressources du cinquième mois de grossesse au troisième anniversaire de l'enfant. Dans sa version courte (c'est-à-dire jusqu'au troisième mois inclus de l'enfant), l'APJE est versée par enfant. Dans sa version longue (du quatrième mois de l'enfant à son troisième anniversaire), elle est versée par famille. Autrement dit, même si deux enfants âgés de 4 mois à 36 mois sont présents dans la famille, une seule APJE est servie. L'APJE courte n'est pas prise en compte dans les ressources des bénéficiaires de l'allocation de parent isolé. L'APJE versée jusqu'au mois de naissance de l'enfant n'est pas comptée dans les ressources des allocataires du revenu minimum d'insertion. Les trois autres prestations sont liées au mode de garde des enfants : l'aide à la famille pour l'emploi d'une assistante maternelle agréée (AFEAMA), l'allocation de garde d'enfant à domicile (AGED) et l'allocation parentale d'éducation (APE). L'APE est versée sans condition de ressources jusqu'au troisième anniversaire de l'enfant lorsque l'un des parents d'une famille d'au moins deux enfants, vérifiant certaines conditions d'activité antérieure, décide de cesser son activité professionnelle ou de l'exercer à temps partiel pour s'occuper de ses enfants. Pour bénéficier de l'APE au deuxième enfant, le parent doit avoir travaillé deux ans dans les cinq années précédant la demande ; cette condition passe à deux ans dans les dix dernières années pour une demande au troisième enfant. Une personne inactive ou au chômage peut également bénéficier de cette prestation sous les mêmes conditions d'ouverture de droit. L'APE est non cumulable avec l'APJE. Son montant était de 493 euros par mois en 2003 lorsque le parent grande partie – mais pas exclusivement – l'effet de la réforme de 1994. Cet effet est particulièrement sensible entre 1995 et 1997 (+ 250 000 bénéficiaires) en raison de la montée en charge de la prestation. En effet, le droit à l'APE de rang 2 n'a été ouvert qu'au flux des enfants nés après le 1er juillet 1994. Il a donc fallu attendre trois années révolues pour que le stock de bénéficiaires potentiels atteigne son niveau de croisière. Dans le même temps, la diminution du montant mensuel moyen versé illustre la part croissante de l'APE à taux partiel (à laquelle recourent plus fréquemment les familles de deux enfants). Le contexte de chômage élevé qui caractérise la mise en place de l'APE de rang 2 a pu également jouer en faveur d'un recours plus important à cette prestation mais il est difficile d'en isoler les effets (Bonnet et Labbé, 1999). On remarque par ailleurs que, entre 1995 et 1997, le taux d'activité des femmes âgées de 25 ans à 49 ans cesse transitoirement de croître. Recherches et Prévisions 7 ne travaillait plus. Il est réduit en cas de travail à temps partiel. Lorsque la famille fait garder un enfant âgé de moins de 6 ans, elle peut recevoir l'aide à la famille pour l'emploi d'une assistante maternelle agréée (AFEAMA) ou l'allocation de garde d'enfant à domicile (AGED). Dans le premier cas, elle bénéficie d'une prise en charge totale des cotisations sociales de l'assistante maternelle à laquelle s'ajoute un complément mensuel modulé selon ses revenus. Ce dernier peut atteindre au maximum 200 euros. Dans le second cas, elle ne bénéficie que d'une prise en charge partielle – et plafonnée – des cotisations du salarié à domicile. Dans les deux cas, une partie du reste à charge – beaucoup plus importante en cas de garde à domicile – ouvre droit à une réduction de l'impôt sur le revenu. Par ailleurs, les CAF versent des aides aux structures collectives (crèches). Ces aides recouvrent à la fois des aides à l'investissement et des aides au fonctionnement appelées prestations de service. Le principe de ces prestations de service est le suivant : les crèches s'engagent à appliquer un barème national assurant une participation des familles strictement proportionnelle à leurs revenus (12 % du revenu déclaré pour la garde à temps plein d'un enfant appartenant à une famille d'un seul enfant) de manière à permettre l'accueil d'enfants de familles modestes. En contrepartie, les CAF versent une prestation de service qui complète la participation des familles à concurrence d'un plafond. Ainsi, la situation financière des crèches ne dépend pas des revenus des familles des enfants accueillis. (1) Legendre F., Lorgnet J.-P., Mahieu R. et Thibault F., 2003, État des lieux des prestations petite enfance avant la mise en place de la prestation d'accueil du jeune enfant, L'e-sssentiel, CNAF, n° 16. L'allocation de garde d'enfant à domicile : une prestation soumise aux changements de réglementation En ce qui concerne l'AGED, les évolutions sont très irrégulières. Elles doivent être reliées aux changements de réglementation intervenus successivement. Si le déplafonnement des cotisations sociales de 1995 entraîne une légère augmentation de la prestation moyenne entre 1995 et 1997, sa conjugaison avec des dispositions fiscales très favorables dès 1996 induit une forte croissance du nombre de familles bénéficiaires. Inversement, les modifications de la législation survenue en 1998 – retour au plafonnement, diminution du taux de prise en charge des cotisations et réduction de moitié du plafond de l'avantage fiscal – engendrent à la fois une décroissance tendancielle du nombre de familles bénéficiaires et une réduction drastique du montant moyen d'AGED versé (inférieur de 50 % n° 75 - mars 2004 Enfance Encadré 2 La prestation d'accueil du jeune enfant Pour les naissances qui sont intervenues à compter de janvier 2004, la prestation d'accueil du jeune enfant (PAJE) se substitue à l'APJE, l'APE, l'AFEAMA et l'AGED. Elle se compose d'une prime de naissance, d'une allocation de base et de compléments. Les détails législatifs utilisés dans cette étude et présentés ci-dessous sont ceux dont on disposait à l'automne 2003. Il se peut donc qu'ils ne correspondent pas exactement à ceux effectivement en vigueur depuis le 1er janvier 2004. La prime de naissance comme l'allocation de base sont sous condition de ressources et bénéficient à 90 % des familles. La prime de 800 euros est versée pour chaque enfant au septième mois de la grossesse comme une aide à l'équipement. L'allocation de base de 160 euros par mois est versée depuis la naissance jusqu'au troisième anniversaire de l'enfant. Une seule allocation de base est distribuée par famille quel que soit le nombre d'enfants présents âgés de moins de 36 mois. La prime de naissance est exclue des ressources des bénéficiaires de l'allocation de parent isolé et du revenu minimum d'insertion. Les familles peuvent également bénéficier, selon le cas, d'un complément de libre choix d'activité ou d'un complément de libre choix du mode de garde. Le complément de libre choix d'activité est versé si l'un des parents décide de cesser son activité professionnelle ou de l'exercer à temps partiel. Sans condition de ressources, le complément de libre choix d'activité doit assurer, cumulé avec l'allocation de base, un montant de prestation équivalent à l'APE [par exemple, en cas d'arrêt total d'activité, le complément est de 333 euros si la famille perçoit l'allocation de base (160 euros + 333 euros = 493 euros)]. Il est versé jusqu'au troisième anniversaire du benjamin pour les familles de deux enfants ou plus. Les conditions d'activité antérieure que doit (doivent) respecter le(s) parent(s) sollicitant ce complément sont plus strictes que celles de l'APE actuelle : pour une naissance de rang 2 (respectivement de rang 3 et plus), il faut avoir travaillé deux ans au cours des quatre dernières années (respectivement des cinq dernières années). Par ailleurs, les familles avec un seul enfant et sous des conditions d'activité antérieure strictes (deux ans dans les deux ans) peuvent percevoir ce complément pendant six mois à l'issue du congé de maternité. En outre, en cas de travail à temps partiel, le complément à taux réduit garantit un revenu majoré de 15 % par rapport à l'APE. Si la famille n'est pas bénéficiaire de l'allocation de base, elle reçoit une majoration de façon à percevoir le même montant de prestation que les autres familles disposant d'un complément de libre choix d'activité. Le complément de libre choix du mode de garde est destiné aux familles ayant recours à une garde individuelle payante. Il se décline en deux volets. Premièrement, une prise en charge des cotisations sociales : totale en cas d'emploi d'une assistante maternelle, à 50 % en cas de recours à une garde à domicile dans la limite de 400 euros par mois. Deuxièmement, une prise en charge partielle du salaire net via un complément forfaitaire mensuel de 350, 250 ou 150 euros selon les ressources de la famille. Ce complément de garde peut également être versé en cas de recours à une structure prestataire (association ou entreprise) employant des professionnels de la garde d'enfants. Le volet fiscal des aides à la petite enfance n'a pas été revu au moment de la mise en place de la PAJE. Les réductions d'impôt dont peuvent bénéficier les parents imposables ayant recours à un mode de garde payant sont donc inchangées. en termes réels à son niveau du début des années quatre-vingt-dix). de 200 000 en 1993 à 580 000 en 2001. De nombreux facteurs expliquent ce dynamisme. En premier lieu, la prise en charge à 100 % des cotisations sociales de l'assistante maternelle a contribué sans aucun doute à faire régresser l'emploi informel dans ce secteur. Ensuite, comme l'aide prend aussi la forme d'une majoration versée aux familles d'un montant largement forfaitaire, le dispositif permet l'emploi à un coût quasiment nul d'une nourrice – à l'exception de l'indemnité d'entretien – si la famille se limite à deux ou à trois jours de garde par semaine. Enfin, ce mode de garde a dû, d'une part, bénéficier d'un effet de report depuis l'emploi d'un salarié à domicile (après les changements législatifs de 1998) et, d'autre part, pallier la pénurie de places en crèche. Le montant moyen de l'aide, qui comprend l'AFEAMA de base (la prise en charge des cotisations sociales) et la majoration d'AFEAMA (l'aide complémentaire versée aux familles), est globalement stable sur la période, aux alentours de 250 euros de 1995 par mois. Ses fluctuations d'une année sur l'autre ne sont sans doute pas significatives : elles pourraient venir des imperfections du mode de dénombrement des bénéficiaires. À noter que la réforme de 2001, destinée à solvabiliser les La modification des comportements induite par ces changements stimule également le développement des gardes partagées (le coût de la garde à domicile étant réparti entre deux familles). Ce phénomène contribue à expliquer les évolutions constatées, même si le système statistique ne permet pas de bien repérer son ampleur. Pour expliquer l'absence de chute importante du nombre de bénéficiaires de l'AGED dès 1998, un autre phénomène peut être évoqué : l'inertie des comportements de garde. Celle-ci tient peut-être à la complexité des arrangements auxquels recourent les familles : une fois le mode de garde choisi, elles sont réticentes à en changer avant la scolarisation de l'enfant, même si la réglementation devient moins avantageuse. Une croissance régulière des bénéficiaires de l'AFEAMA La croissance du nombre de familles ayant recours à une assistante maternelle agréée est très régulière et soutenue sur l'ensemble de la période : de moins Recherches et Prévisions 8 n° 75 - mars 2004 Enfance familles modestes, ne s'est pas traduite, la même année, par une augmentation sensible du montant moyen de l'aide. La montée en charge de cette mesure serait donc progressive mais ce constat attesterait surtout de la faible proportion de familles à bas revenus utilisant ce mode de garde (1). Une stagnation du nombre de places en crèches De son côté, le nombre de places en crèches connaît une évolution beaucoup plus atone. En se basant sur le nombre de places agréées, le taux moyen de croissance par an est inférieur à 1 %. Le fonds d'investissement pour la petite enfance, mis en place en 2000 et reconduit sous une forme un peu différente en 2001, n'a pas immédiatement permis de parer à l'insuffisance de l'offre (Damon, Boyer, Le Jeannic et Yakubovich, 2000). Les prestations de service portées dans le tableau 1, p. 6 ne sont relatives qu'aux aides au fonctionnement des structures d'accueil permanent ; la forte progression de leur montant moyen réel entre 1995 et 2001 est en partie fallacieuse (encadré 3), mais elle est toutefois significative. Elle résulte notamment du relèvement régulier du prix plafond des prestations de service qui fixe le montant maximum de prise en charge des coûts de fonctionnement de ces établissements par les CAF : entre 1995 et 2002, le prix plafond pour les crèches collectives a ainsi augmenté de 44 %, alors que la hausse des prix hors tabac ne dépassait guère 9 % sur la même période. Par ailleurs, les prestations de service ne retracent pas l'effort total de la Nation en faveur des crèches, puisqu'il faudrait y ajouter les aides à l'investissement et les subventions des collectivités locales. Une explosion des modes de garde individuels déclarés Deux traits saillants se dégagent de l'examen des évolutions agrégées. D'une part, sur une période relativement courte – huit ans –, le recours aux modes de garde individuels des jeunes enfants a connu une évolution quasiment explosive. Le nombre de familles bénéficiaires de l'APE comme de l'AFEAMA a fait plus que tripler ; celui de l'AGED a quadruplé avant de fléchir en fin de période. En revanche, le nombre de places en crèches n'a progressé que très modérément. Certes, une partie de cette évolution provient de la régression du travail « au noir » ; néanmoins, la demande des Encadré 3 Combien d'enfants en crèche ? En 2001, 203 000 places en crèches étaient dénombrées. Ce chiffre recouvre des réalités diverses : environ 143 000 places en crèches collectives ou parentales, et environ 60 000 enfants inscrits en crèche familiale. Dans les premières, on ne connaît pas précisément le nombre d'enfants accueillis. En toute logique, il devrait être supérieur au nombre de places en raison des possibilités d'accueil à temps partiel. Les crèches familiales correspondent, en revanche, à un mode d'accueil intermédiaire entre la crèche collective et l'emploi d'une assistante maternelle agréée, puisque les enfants sont gardés une majorité du temps au domicile d'une assistante maternelle qui les amène le reste du temps dans une structure collective. Dans ce cas, on connaît exactement le nombre d'enfants inscrits. Ces modalités d'accueil assez différentes sont ici rassemblées par commodité sous le terme générique de « crèches », en partie parce qu'elles relèvent de modalités de financement comparables qui passent par le versement aux structures gestionnaires de prestations de service par les CAF. Par ailleurs, les chiffres relatifs aux prestations de service (voir le tableau 1, p. 6) doivent être interprétés avec la plus grande prudence. En 1993, les CAF enregistraient en encaissement-décaissement les aides versées aux gestionnaires des crèches ; ainsi, les montants relatifs à l'année N comprenaient les acomptes de l'année N et les régularisations de l'année N – 1. Les CAF sont ensuite passées progressivement – surtout à partir de 2000 – à une comptabilité en droits constatés. Lors du passage à cette nouvelle comptabilité étaient enregistrées à la fois les régularisations de l'année N – 1 et la totalité des droits de l'année N. Il apparaît très difficile de redresser la série brute parce que les règles de détermination des acomptes, très différentes selon les CAF, ne sont pas stables dans le temps. familles a augmenté très vivement. Paradoxalement, la situation actuelle semble plutôt caractérisée par une pénurie de gardes payantes pour les jeunes enfants qui conduirait certaines mères à choisir, par défaut, de bénéficier de l'APE (Méda, Simon et Wierink, 2003). Il y a donc eu, sur cette période, une profonde modification de structure, pour ce qui concerne les modes de garde aidés. Les jeunes enfants sont aujourd'hui majoritairement gardés soit par l'un des deux parents – qui s'est retiré transitoirement du marché du travail et qui bénéficie de l'APE – soit par une assistante maternelle pour un coût dont la plus grande partie n'est pas supportée par la famille. De l'autre côté, en termes relatifs, les modes de garde collectifs ont régressé : en 1995, ils (1) Le montant du complément d'AFEAMA, jusqu'alors indépendant des ressources, a été modulé selon trois tranches de revenus : pour la tranche de revenus supérieure, qui regroupe les deux tiers des bénéficiaires, la réforme de 2003 n'a eu aucun impact tandis que les autres bénéficiaires voyaient leur complément augmenter. Dans le cas de temps de garde réduits, il se peut que la hausse du montant du complément mobilisable par une famille modeste ne se traduise pas par un accroissement du montant du complément versé car ce dernier est borné par le montant du salaire net payé à l'assistante maternelle. Recherches et Prévisions 9 n° 75 - mars 2004 Enfance représentaient 25 % du total des modes de garde aidés ; ils ne représentent plus que 15 % en 2001. Par ailleurs, les montants moyens réels des différentes aides sont restés à peu près stables sur la période, exception faite de l'AGED. Les aides qui prennent la forme de prise en charge de cotisations sociales n'ont pas connu de dérive inflationniste : les familles supportent l'intégralité du surcoût engendré par une hausse du salaire net de l'employé à domicile ou de l'assistante maternelle et – de la sorte – ne sont pas incitées à proposer des rémunérations accrues. Aussi, la nette progression de l'effort budgétaire traduit-elle essentiellement une augmentation du nombre de bénéficiaires, i.e. la solvabilisation d'une demande latente. Une description de la situation des jeunes enfants en matière de modes de garde Le modèle de microsimulation MYRIADE a été enrichi pour permettre une description schématique de la distribution des différents modes de garde des jeunes enfants par niveau de vie et par configuration familiale (2) (encadré 4, p. 12). Bien évidemment, on ne doit pas oublier que le retraitement statistique induit une incertitude susceptible d'affecter les résultats. La situation reconstituée des enfants âgés de moins de 3 ans Les tableaux 2 et 3 décrivent la situation des très jeunes enfants en matière de garde. La catégorie intitulée « Autre » figure notamment les situations de « débrouille » (autre membre de la famille – grandsparents notamment –, assistante maternelle non agréée, voisinage non déclaré, non-recours aux prestations des CAF…), les autres modes de garde (halte-garderie, jardin d'enfant, jeune fille au pair, école maternelle…) et des cas de modes de garde multiples (allocation parentale d'éducation à taux partiel couplée à un ou plusieurs autres modes de garde complémentaires). La catégorie « Un des deux parents inactifs » n'inclut pas les cas où l'un des parents s'est retiré du marché du travail et bénéficie de l'allocation parentale d'éducation à taux plein. D'après la dernière colonne du tableau 2, la garde du jeune enfant est réalisée le plus souvent par l'un de ses parents (37 % des moins de 3 ans). Dans deux cas sur trois, ce dernier bénéficie de l'APE à taux plein. Vient ensuite la catégorie « Autre » avec 33 % des très jeunes enfants concernés. Ce résultat révèle à la fois le manque d'informations détaillées dans ce domaine (l'enquête sur ce thème pilotée par la DREES devrait permettre de combler cette lacune ; pour de premiers résultats, voir Ruault et Daniel, 2003) et l'importance des situations de garde complexes choisies ou subies par les parents. L'accueil individuel (assistante maternelle ou salarié à domicile) concerne 21 % des enfants âgés de moins de 3 ans, dont la très grande majorité est gardée par une nourrice agréée. Enfin, le mode d'accueil collectif que constitue la crèche s'adresse à près d'un très jeune enfant sur dix. Les autres colonnes du tableau 2 fournissent une distribution des modes de garde selon le quintile de niveau de vie. Ces quintiles sont calculés sur la seule population des enfants âgés de moins de 3 ans de sorte que les effectifs dans chaque colonne sont égaux. Les résultats obtenus révèlent une forte dépendance du mode de garde au revenu disponible par unité de consommation de la famille. Parmi les très modestes et les modestes, plus d'un enfant sur deux est gardé par l'un de ses parents, que ce dernier bénéficie ou non de l'APE (3). La catégorie « Autre » concerne un quart environ de ces enfants. Enfin, les modes de garde payants (assistante maternelle et crèches exclusivement) sont utilisés dans un nombre de cas plus limité (moins de 20 %). Pour les enfants membres des deux quintiles supérieurs, la situation est inverse : le recours à l'APE et à l'inactivité d'un des deux parents est très limité tandis que les modes de garde payants s'adressent à plus de quatre enfants sur dix. Les familles aisées recourent plus fréquemment à la garde par une nourrice agréée (31 % des cas) et les familles très aisées concentrent l'intégralité des situations de garde à domicile des enfants de moins de 3 ans (8 %). La catégorie « Autre » concerne également plus de 40 % des familles d'enfants âgés de moins de 3 ans ayant un revenu disponible par unité de consommation supérieur à 1 197 euros mensuels. Avec environ un tiers des enfants gardés par leurs parents, un tiers confié à (2) Pour les familles ayant de jeunes enfants, le choix du mode de garde et la position dans l'échelle des niveaux de vie sont très largement liés à la configuration familiale et au nombre d'apporteurs de ressources. Par exemple, si la famille comprend un couple avec un seul actif occupé, le recours à un mode de garde payant n'est généralement pas nécessaire et le niveau de vie est souvent plus faible qu'en cas de bi-activité. A contrario, si les deux parents travaillent, l'utilisation d'un mode de garde payant s'avère indispensable et le niveau de vie est relativement plus élevé que dans les cas de mono-activité. Pour isoler le caractère redistributif ou anti-redistributif d'un mode de garde ou d'une mesure du nombre d'actifs en emploi, l'annexe (p. 20) décompose les tableaux 8 a et 8 b, p. 18 par niveau de vie et nombre d'apporteurs de ressources. (3) Les familles bénéficiaires de l'APE à taux plein ne comptent jamais plus d'un actif en emploi. Aussi la comparaison est-elle un peu biaisée car il faudrait connaître les revenus de la famille avant l'arrêt d'activité professionnelle. Recherches et Prévisions 10 n° 75 - mars 2004 Enfance Tableau 2 Mode de garde des enfants âgés de moins de 3 ans par quintile de niveau de vie (en %) Quintile de niveau de vie Les plus Les Les Les Les plus modestes modestes médians aisés aisés Ensemble 748 950 1 197 1 496 - - Assistante maternelle agréée 7 10 22 31 27 19 Crèche 5 8 13 13 8 9 Salarié à domicile 0 0 0 0 8 2 31 42 28 9 9 24 13 Plafond du quintile (en euros) Allocation parentale d'éducation Un des deux parents inactif 33 16 7 5 3 Autre 24 23 31 42 45 33 Total 100 100 100 100 100 100 Source : CNAF - Direction des statistiques, des études et de la recherche, Modèle MYRIADE, France métropolitaine, année 2000. Champ : enfants âgés de moins de 3 ans. Le plafond du quintile est le niveau de vie exprimé en euros par mois. Dans la catégorie « allocation parentale d'éducation » sont considérés uniquement les bénéficiaires de la prestation ne disposant pas en plus de l'allocation de parent isolé. Lecture du tableau : parmi les très jeunes enfants issus des familles les plus modestes (ceux qui appartiennent au premier quintile de niveau de vie, c'est-à-dire dont les familles ont un revenu mensuel par unité de consommation inférieur à 748 euros), 7 % sont gardés par une assistante maternelle agréée. Tableau 3 Mode de garde des enfants âgés de moins de 3 ans par configuration familiale (en %) Configuration de la famille Couple Couple Couple Isolé(e) Isolé(e) 1 enfant 2 enfants 3 enfants et + 1 enfant 2 enfants et + Assistante maternelle agréée 27 18 9 20 11 Crèche 10 10 6 20 11 Salarié à domicile 1 2 2 0 0 Allocation parentale d'éducation 0 34 45 0 48 Un des deux parents inactif 12 10 20 11 14 Autre 50 24 18 50 17 Total 100 100 100 100 100 Effectifs (en milliers) 800 774 487 82 86 Source : CNAF - Direction des statistiques, des études et de la recherche, Modèle MYRIADE, France métropolitaine, année 2000. Champ : enfants âgés de moins de 3 ans. Le plafond du quintile est le niveau de vie exprimé en euros par mois. Dans la catégorie « allocation parentale d'éducation » sont considérés uniquement les bénéficiaires de la prestation ne disposant pas en plus de l'allocation de parent isolé. Lecture du tableau : parmi les très jeunes enfants membres d'une famille biparentale d'un seul enfant, 27 % sont gardés par une assistante maternelle agréée. un mode de garde payant et un tiers gardé par un autre moyen, le quintile médian a une position intermédiaire entre les deux premiers et les deux derniers quintiles de niveau de vie. Enfin, il faut noter que la crèche est essentiellement utilisée par les quintiles de niveau de vie intermédiaires : les plus modestes n'y recourent que dans 5 % des cas contre 13 % des médians et des aisés. Le tableau 3 illustre la répartition des modes de garde des enfants âgés de moins de 3 ans selon la configuration familiale. Il montre notamment que ces modes dépendent à la fois du nombre de parents présents dans la famille et du nombre Recherches et Prévisions 11 d'enfants à charge. Premièrement, lorsque la famille comprend un seul enfant, la situation de « débrouille » est observée dans un cas sur deux. Deuxièmement, la nourrice agréée est largement préférée à la crèche lorsque la famille est biparentale avec un enfant à charge tandis que ces deux modes de garde sont utilisés de manière équivalente par les familles monoparentales d'un seul enfant. Troisièmement, pour les familles de deux enfants et plus, l'APE joue un rôle majeur. Cette prestation concerne 48 % des enfants de moins de 3 ans membres d'une famille monoparentale et 38 % de ces mêmes enfants membres d'une famille biparentale. Globalement, l'inactivité n° 75 - mars 2004 Enfance Encadré 4 L'imputation des modes de garde dans MYRIADE L'enquête Revenus fiscaux à laquelle est adossé le modèle MYRIADE résulte d'un appariement entre les données anonymisées de l'enquête Emploi de l'INSEE et les déclarations fiscales à l'impôt sur le revenu fournies par la Direction générale des impôts. Elle ne renseigne donc pas directement sur les modes de garde choisis par les familles. En revanche, ces données permettent dans certains cas d'identifier, certes de manière approximative, les utilisateurs de certains modes de garde. Ainsi, il est possible de repérer une grande partie des bénéficiaires de l'allocation parentale d'éducation en se fondant sur le calendrier d'activité des trois années successives déclaré dans l'enquête Emploi des familles ayant au moins deux enfants dont l'un est âgé de moins de 3 ans. De même, les bénéficiaires de la réduction d'impôt pour frais de garde d'enfant sont des familles ayant eu recours à une garde collective (crèche) ou à une assistante maternelle, même si on manque ainsi une partie des familles : celles qui, n'étant pas imposables, n'auront pas rempli la case correspondante de la déclaration fiscale ou celles pour lesquelles le reste à charge est nul, dans les cas où la majoration d'aide à la famille pour l'emploi d'une assistante maternelle agréée compense exactement le montant du salaire net versé. Le problème est un peu différent avec la garde à domicile : on peut considérer que la totalité des utilisateurs bénéficient de la réduction d'impôt associée. La difficulté est plutôt de partager les sommes déclarées entre le salaire d'une garde d'enfant et les rémunérations des autres salariés à domicile, comme une femme de ménage. Malgré ces inévitables approximations, les données de l'enquête Revenus fiscaux fournissent une base assez fiable pour l'imputation des modes de garde. Le procédé d'imputation se fonde sur ces informations partielles et les complète par simulation de manière à se caler sur les grandeurs agrégées observées. Deux simplifications ont été d'emblée adoptées : la possibilité de modes de garde multiples a été exclue faute d'information disponible et la possibilité d'entrer à la maternelle avant 3 ans n'a pas été non plus prise en compte. dépend positivement du nombre d'enfants à charge, quel que soit le nombre de parents présents dans la famille. A contrario, le recours à la nourrice agréée ou à la crèche dépend négativement du nombre d'enfants à charge. Enfin, les salariés à domicile sont le fait presque exclusif des familles bi-parentales. Leur emploi est également deux fois plus important lorsque au moins deux enfants sont à la charge de la famille ce qui peut s'expliquer par le fait que cette solution de garde constitue un coût fixe assez largement indépendant du nombre d'enfants. Recherches et Prévisions 12 Les modes de garde complémentaires pour les enfants âgés de 3 ans à 6 ans Les tableaux 4 et 5 renseignent sur les modes de garde complémentaires utilisés pour les enfants âgés de 3 ans à 6 ans. En préalable à leur analyse, il faut noter que certains modes de garde ne sont pas exclusifs entre les enfants d'une même famille. Ainsi, lorsqu'une famille bénéficie de l'AGED au titre de son enfant âgé de moins de 3 ans, elle peut faire profiter le reste de sa progéniture des services du même salarié. De même, lorsqu'une mère cesse son activité professionnelle pour se consacrer à son enfant de moins de 3 ans en percevant l'APE, les plus âgés profiteront également de sa présence en dehors des heures d'école maternelle. Ce phénomène de mutualisation explique que 12 % des enfants de 3 ans à 6 ans soient gardés par l'un de leurs parents bénéficiaires de l'APE alors qu'ils n'ouvrent pas le droit à cette prestation. De telles « économies d'échelle » ne sont pas possibles dans le cas des nourrices et des crèches. Selon le tableau 4, plus de la moitié des enfants âgés de 3 ans à 6 ans ne sont gardés ni par une assistante maternelle, ni par un salarié à domicile, ni par l'un de leurs parents inactif ou bénéficiaire de l'APE. Les parents seraient en mesure de s'adapter aux horaires proposés par l'école et/ou recourraient à des solutions de « débrouille ». En dehors de ce cas de figure, l'inactivité de l'un des deux parents constitue le mode de garde le plus utilisé (18 % des enfants âgés de 3 ans à 6 ans), avant les modes de garde payants (14 %) et avant l'APE au titre d'au moins un cadet (12 %). Le recours à une assistante maternelle agréée reste essentiellement le fait des trois derniers quintiles de niveau de vie et l'emploi d'un salarié à domicile celui des plus aisés. Les cas de retrait du marché du travail sont un peu moins fréquents que pour les enfants âgés de moins de 3 ans – 30 % des enfants de 3 ans à 6 ans – et ils continuent d'être une fonction décroissante du niveau de vie de la famille. Chez les familles avec un seul enfant à charge, l'absence d'un mode de garde complémentaire précis concerne trois enfants sur quatre (tableau 5). Pour la part restante, l'assistante maternelle est le mode de garde le plus répandu. Les cas d'inactivité de l'un des deux parents sont moins fréquents – surtout chez les familles monoparentales – que pour les enfants âgés de moins de 3 ans. En revanche, la situation est inverse pour les familles de plus de deux enfants à charge. En effet, les cas d'inactivité sont alors beaucoup plus fréquents pour les familles biparentales et en proportion quasiment équivalente pour les familles monoparentales. n° 75 - mars 2004 Enfance Tableau 4 Mode de garde complémentaire des enfants de 3 ans à 6 ans par quintile de niveau de vie (en %) Quintile de niveau de vie Les plus Les Les Les Les plus modestes modestes médians aisés aisés Ensemble 694 899 1 142 1 499 - - Assistante maternelle agréée 5 6 15 17 15 12 Crèche - - - - - - Salarié à domicile - - - 1 10 2 Allocation parentale d'éducation 12 20 16 7 5 12 Un des deux parents inactif 36 27 13 7 7 18 Autre 47 47 57 67 62 56 Total 100 100 100 100 100 100 Plafond du quintile (en euros) Source : CNAF - Direction des statistiques, des études et de la recherche, Modèle MYRIADE, France métropolitaine, année 2000. Champ : enfants âgés de 3 ans à 6 ans. Le plafond du quintile est le niveau de vie exprimé en euros par mois. Dans la catégorie « allocation parentale d'éducation », seuls sont considérés les bénéficiaires de la prestation ne disposant pas également de l'allocation de parent isolé. Lecture du tableau : parmi les enfants âgés de 3 ans à 6 ans issus des familles les plus modestes (ceux qui appartiennent au premier quintile de niveau de vie, c'est-à-dire les familles dont le revenu mensuel par unité de consommation est inférieur à 694 euros), 5 % sont gardés, de façon complémentaire, par une assistante maternelle agréée. Tableau 5 Mode de garde complémentaire des enfants de 3 ans à 6 ans par configuration familiale (en %) Configuration de la famille Couple Couple Couple Isolé(e) Isolé(e) 1 enfant 2 enfants 3 enfants et + 1 enfant 2 enfants et + Assistante maternelle agréée 13 14 7 17 13 Crèche 0 0 0 0 0 Salarié à domicile 1 3 2 0 1 Allocation parentale d'éducation 0 13 19 0 13 Un des deux parents inactif 11 15 29 7 13 Autre 75 55 43 76 61 Total 100 100 100 100 100 Effectifs (en milliers) 366 909 623 90 130 Source : CNAF - Direction des statistiques, des études et de la recherche, Modèle MYRIADE, France métropolitaine, année 2000. Champ : enfants âgés de 3 à 6 ans. Le plafond du quintile est le niveau de vie exprimé en euros par mois. Dans la catégorie « allocation parentale d'éducation » sont considérés uniquement les bénéficiaires de la prestation ne disposant pas en plus de l'allocation de parent isolé. Lecture du tableau : parmi les enfants âgés de 3 ans à 6 ans membres d'une famille biparentale d'un seul enfant, 13 % sont gardés, de façon complémentaire, par une assistante maternelle agréée. Ce résultat s'explique notamment par la fin du droit à l'APE non suivi par une reprise d'emploi. L'évaluation de trois scénarios de réforme L'objectif de la PAJE est de promouvoir un système de prestations à la petite enfance à la fois plus simple et qui permette aux familles de davantage choisir – et non subir – le mode d'accueil de leur enfant. Actuellement, les paramètres gouvernant les prestations à la petite enfance sont nombreux et Recherches et Prévisions 13 les pistes d'harmonisation et de simplification multiples – voire parfois antagonistes. Afin de cadrer le débat sur le PAJE, on commence par simuler deux scénarios polaires de réformes envisageables en matière d'aide aux jeunes enfants. Le premier scénario prend la forme d'une aide universelle d'un montant forfaitaire. Il pousse donc la logique de simplification à l'extrême : les familles reçoivent une aide en espèces et l'affectent à la couverture du coût d'un mode de garde choisi librement. D'inspiration plutôt libérale, il met en concurrence les différents modes de garde – qui ne font pas l'objet de mécanismes de subvention n° 75 - mars 2004 Enfance spécifiques – mais ne se soucie nullement d'harmoniser les taux d'effort. A contrario, le second scénario privilégie l'harmonisation des taux d'efforts des familles même si la réforme qui s'ensuit permet une simplification plus modeste de la législation. Une tentative pour positionner la PAJE relativement à ces deux cas de figure extrêmes peut alors être envisagée. En effet, celle-ci doit remplir un double objectif de simplification et d'harmonisation des prestations tout en préservant le libre choix des familles : libre choix du mode de garde comme libre choix de l'activité des parents. Dans ces scénarios, on a intégré les droits sociaux indirects acquis au travers de l’assurance vieillesse des parents au foyer (encadré 5, p. 15). De la sorte, les chiffrages peuvent mettre en évidence des variations de revenus mensuels plus importantes, pour les familles disposant de ressources modestes, que celles obtenues dans d’autres études portant sur le même thème (Caussat et al., 2003). Deux scénarios polaires… et la PAJE Dans le premier scénario, la simplification est donc maximale et l'harmonisation se traduit par le versement d'une prestation d'entretien unique (indépendante du mode de garde choisi), universelle et forfaitaire de 493 euros par mois et par enfant né de moins de 3 ans. Elle se substitue à l'APJE « longue » – celle qui est versée à partir du quatrième mois de l'enfant –, à l'APE, à l'AFEAMA de base et sa majoration, et à l'AGED. En outre, les aides fiscales relatives à la garde d'enfant (réduction d'impôt pour frais de garde et réduction d'impôt pour les salariés à domicile) sont supprimées et la prestation de service relative aux crèches est redéployée en totalité pour financer la nouvelle allocation. L'assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF) n'est plus ouverte aux bénéficiaires de la prestation unique. L'APJE « courte » est maintenue. Enfin, les enfants âgés de 3 ans à 6 ans ne reçoivent plus aucune aide en cas de recours à une garde payante. Dans le second scénario, l'objectif premier est l'harmonisation des taux d'efforts. La simplification de la législation qui en découle est moindre. Les CAF versent une allocation de base universelle par enfant né du montant de l'actuelle APJE, mais soumise à l'impôt sur le revenu et à la contribution sociale généralisée (CSG). Par ailleurs, l'harmonisation porte sur les gardes payantes : d'une part, la prise en charge des cotisations est totale en cas d'emploi d'une assistante maternelle comme d'une garde à domicile. Ensuite, pour les familles employant une assistante maternelle uniquement, Recherches et Prévisions 14 la participation est alignée sur celle actuellement exigée en crèche (taux d'effort de 12 % du revenu pour une famille de un enfant) via un complément de garde payante qui assure une prise en charge partielle du coût de la garde, modulée en fonction du revenu de la famille. En notant D le débours de la famille (salaire net de l'assistante et indemnité d'entretien) pour J journées, le complément est déterminé par le barème suivant (hors cotisations sociales) : D R P = J × Max 0 , Min 30, − 0,12 × J 20 La prestation est ainsi calculée par jour ; elle est linéairement décroissante avec le revenu à l'instar de ce qui se fait en crèche. Le débours est borné à 30 euros et une participation de 0,6 % du revenu mensuel de la famille par journée est laissée à charge, ce qui correspond à un taux d'effort de 12 % pour l'emploi de l'assistante maternelle vingt jours par mois. Enfin, les sommes versées au titre de la garde à domicile n'ouvrent plus droit à la réduction d'impôt pour l'emploi d'un salarié à domicile, mais à celle, plus faible, accordée pour frais de garde. Ainsi, le statut fiscal des frais de garde est unifié, quel que soit le mode de garde considéré. L'APJE « courte », l'APE et les prestations de service versées aux crèches demeurent pour l'essentiel inchangées. Le premier scénario repose donc sur un « retour » aux prestations d'entretien universelles. Le second maintient, en revanche, une dualité prestation d'entretien (la base universelle)/prestation de garde (complément différencié selon qu'un des parents s'arrête de travailler ou que la famille a recours à une garde payante). À cet égard, la PAJE – dernier scénario envisagé – constitue un scénario intermédiaire qui bouleverse moins le paysage des prestations à la petite enfance prévalant au début des années deux mille : le bénéfice de l'allocation de base est élargi mais celle-ci n'est pas universelle, il n'y a pas d'alignement de la participation des familles qui emploient une assistante maternelle sur celle des familles recourant à la crèche. Les résultats obtenus avec MYRIADE Dans le compte central de MYRIADE (simulation de l'existant), on évalue à 9,79 milliards d'euros le total des dépenses de la branche Famille destinées spécifiquement à la petite enfance en 2000 : 0,75 milliard d'euros au titre de l'APJE courte, 1,66 milliard d'euros au titre de l'APJE longue, 2,74 milliards d'euros pour l'APE, 1,85 milliard d'euros pour l'AFEAMA (y compris son complément), n° 75 - mars 2004 Enfance Encadré 5 L'assurance vieillesse des parents au foyer L'assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF), qui a représenté une charge financière de 3,7 milliards d'euros pour la CNAF en 2002, permet à certains bénéficiaires de prestations familiales de voir prises en charge par la branche Famille leurs cotisations à l'assurance vieillesse. Sont potentiellement concernés les bénéficiaires de l'allocation pour jeune enfant, de l'allocation parentale d'éducation, du complément familial, de l'allocation d'éducation spéciale et de l'allocation aux adultes handicapés, sous réserve que leurs ressources n'excèdent pas un seuil modulé en fonction de la prestation génératrice du droit à l'AVPF. Une condition supplémentaire s'applique dans le cas des couples : un seul des deux conjoints peut bénéficier de l'AVPF et il ne doit pas exercer d'activité (sauf cas d'affiliation au titre de l'allocation parentale d'éducation à taux partiel). La prestation – indirecte – consiste en un versement, au compte vieillesse du bénéficiaire, de cotisations correspondant à celles normalement dues au régime général pour l'emploi d'une personne rémunérée au SMIC à temps complet, soit 184 euros par mois de droit. Elle est réduite pour les affiliations au titre de l'allocation parentale d'éducation à taux partiel. Les effets sur les droits à pension des bénéficiaires sont variables. Pour une personne percevant l'allocation parentale d'éducation à taux plein, la prestation permet la validation de quatre trimestres d'assurance vieillesse au lieu de zéro sinon. En revanche, une mère isolée bénéficiaire de l'AVPF au titre de l'allocation pour jeune enfant peut parfaitement travailler à temps complet puisque la condition d'absence d'activité ne lui est pas opposable. Dans ce cas l'AVPF ne permet la validation d'aucun trimestre supplémentaire. En revanche, le surcroît de cotisations versées à son compte via l'AVPF augmente en général le salaire de référence (calculé sur la base des vingt-cinq meilleures années) lors de la liquidation de la pension. 0,14 milliard d'euros pour l'AGED, 0,49 milliard d'euros pour les prestations de service aux crèches et 2,16 milliards d'euros pour la part de l'AVPF à laquelle l'APE et l'APJE ouvrent droit. Le surcoût des différents scénarios sera donc apprécié au regard de ce total initial de 9,79 milliards d'euros (première ligne du tableau 6, p. 8). Les réductions d'impôt sont moindres dans les différents scénarios que dans la situation de départ, en raison de la prise en charge d'une plus grande proportion des coûts de garde par les CAF. Concernant la garde à domicile, le plafond retenu des dépenses ouvrant droit à la réduction d'impôt pour l'emploi d'un salarié à domicile est celui qui s'applique sur les dépenses engagées en 2003, soit 10 000 euros. Par ailleurs, il convient de souligner que les évaluations ont été faites à comportements Recherches et Prévisions 15 inchangés en ce qui concerne le choix du mode de garde. Cette hypothèse est naturellement restrictive, à la fois parce que la modification des coûts relatifs des différents modes de garde change les termes de l'arbitrage des familles, et parce qu'une baisse sensible du coût net des gardes payantes pourrait éventuellement permettre à des familles modestes ne recourant pas à une garde onéreuse d'employer, par exemple, une assistante maternelle. Il est néanmoins très délicat de modéliser de tels comportements. Ces évaluations permettent donc uniquement d'apprécier ex ante l'impact des différents scénarios sur les familles. De même, l'instauration de la PAJE se traduit à terme par une diminution du nombre de bénéficiaires du complément de libre choix d'activité aux rangs 2 et 3 (par rapport à l'APE aux mêmes rangs) en raison du durcissement des conditions d'activité antérieure (encadré 2, p. 8). Cette diminution devrait être de l'ordre de 60 000 bénéficiaires. Mais l'effet de la restriction serait beaucoup plus faible au rang 2 (baisse de l'ordre de 5 % du nombre de bénéficiaires) qu'au rang 3 (diminution de près de 25 % du nombre de bénéficiaires à taux plein au rang 3). Cette différence tient à l'ampleur plus grande du durcissement au rang 3 (la période de référence passe de dix ans à cinq ans au rang 3 et de cinq ans à quatre ans au rang 2) comme au fait que les bénéficiaires de l'APE de rang 3 étaient antérieurement plus éloignés de l'emploi. Dans les évaluations que l'on présente par la suite, on suppose que les personnes exclues du bénéfice du complément de libre choix d'activité aux rangs 2 et 3 demeurent inactives ou conservent une activité réduite pour continuer à s'occuper de leurs enfants. Or, il est très probable qu'une partie d'entre elles reprendraient un emploi (et devraient choisir un mode de garde) ou passeraient d'un travail à temps partiel à un travail à temps complet. Là encore, la difficulté de modéliser ces comportements a conduit à retenir cette hypothèse. Des effets sur les taux d’activité difficiles à évaluer En revanche, pour évaluer le complément de libre choix d'activité au premier enfant, il faut nécessairement simuler un changement des comportements. À titre indicatif, il y a chaque année environ 300 000 naissances de rang 1 (en éliminant les naissances multiples, qui ouvrent déjà droit à l'APE) mais toutes n'ouvrent pas droit au complément de libre choix d'activité qui requiert de strictes conditions d'activité antérieure (deux ans dans les deux dernières années). En supposant par ailleurs que la n° 75 - mars 2004 Enfance Tableau 6 Coût annuel des différents scénarios (en Md €) Total prestations familiales dans MYRIADE - avant scénario Scénario 1 Scénario 2 PAJE 9,79 9,79 9,79 • Allocation unique (scénario 1) 11,87 - - • APJE « courte » (scénarios 1 et 2) ou prime de naissance (scénario 3) 0,75 0,75 0,51 - 3,87 3,35 - 1,56 1,81 - 1,71 2,20 • APJE longue ou base universelle (scénario 2) ou allocation de base (scénario 3) • Complément de libre choix d'activité arrêt d'activité (scénarios 2 et 3) • Complément de libre choix du mode de garde : assistantes maternelles (scénarios 2 et 3) • Complément de libre choix du mode de garde : salarié à domicile (scénarios 2 et 3) • Prestations de service aux crèches (scénarios 2 et 3) - 0,32 0,23 - 0,49 0,49 • AVPF au titre de la base universelle ou du socle PAJE 0,04 2,16 1,98 Total prestations familiales concernées, hors API 12,66 10,87 10,57 Surcoût prestations familiales hors allocation de parent isolé (1) Surcoût minima sociaux (2) Surcoût branche Famille (3) = (1) + (2) • Surcoût CNAV (4) • Surcoût État (IRPP, CSG) (5) 2,87 1,08 0,78 - 0,51 - 0,07 - 0,18 2,36 1,01 0,60 2,12 0,00 0,18 - 0,27 - 0,69 - 0,01 Surcoût ressources Sécurité sociale (6) 0,00 0,00 0,52 Surcoût instantané finances publiques (7) = (3) + (4) + (5) + (6) 4,21 0,32 1,29 Effort effectif en direction des familles (8) = (3) + (5) + (6) 2,08 0,32 1,11 Source : CNAF - Direction des statistiques, des études et de la recherche, Modèle MYRIADE. PAJE : prestation d'accueil du jeune enfant ; APJE : allocation pour jeune enfant ; AVPF : assurance vieillesse des parents au foyer ; API : allocation au parent isolé ; IRPP : impôt sur le revenu des personnes physiques ; CSG : contribution sociale généralisée. Lecture du tableau : le scénario 1 aboutit à une dépense annuelle de 11,87 milliards d'euros (Md €) au titre de l'allocation unique, de 0,75 Md € au titre de l'APJE courte et de 0,04 Md € au titre de l'AVPF. Le total actuel des prestations destinées à la petite enfance (y compris AVPF au titre de l'APJE ou de l'APE) s'élevant à 9,79 Md €, il en résulte un surcoût de 2,87 Md € pour les prestations familiales hors (API). Dans le même temps, l'allocation unique est incluse dans la base ressources de l'API et du RMI et induit une économie de 0,51 Md € sur ces minima sociaux. Par ailleurs la CNAV enregistre un surcoût instantané de 2,12 Md € (perte de recettes AVPF) et l'État un gain de 0,27 Md € (moindres réductions fiscales au titre de la garde). Au total, le surcoût pour les finances publiques serait de 4,21 Md €. Considérant que les moindres recettes de la CNAV au titre de l'AVPF se traduiront par de moindres pensions versées aux familles, et en estimant cette perte comme égale au montant des cotisations actuellement versées par la CNAF à la CNAV, l'effort en direction des familles est de 2,08 Md €. proportion de personnes modifiant leur comportement d'activité (arrêt, ou passage à temps partiel) serait à peu près la même que lors de l'instauration de l'APE de rang 2, on aboutit à environ 110 000 bénéficiaires au cours d'une année (un bon tiers des naissances de rang 1), dont environ 95 000 à taux plein (le complément n'étant versé que pendant six mois, il n'y aurait à un instant donné qu'environ 55 000 bénéficiaires). Sur ce total, de nouveaux bénéficiaires – environ les deux tiers – le seraient après avoir modifié leur comportement d'activité. Il est délicat de juger de la vraisemblance de ce chiffrage. D'un côté, l'effet incitatif de la mesure peut être surestimé car l'APE de rang 2 est d'un montant plus élevé et elle permet d'économiser les frais de garde de deux enfants et non d'un seul. D'un autre côté, le complément de rang 1 peut correspondre au désir des familles de disposer d'un congé de maternité ou de paternité plus long (mais rémunéré à des conditions moins Recherches et Prévisions 16 avantageuses). Enfin, il faut noter que, dans les chiffrages présentés, les mesures ne sont pas totalement financées de sorte que les effets redistributifs proposés ne tiennent pas compte de hausses de prélèvements nécessaires pour assurer l'équilibre des comptes sociaux. Le scénario 1 est de loin le plus coûteux (surcoût instantané supérieur à 4 milliards d'euros par an (tableau 6), dont près de la moitié à la charge de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV) en raison de moindres versements au titre de l'assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF). Ce surcoût pour la CNAV s'entend à court terme puisque, à long terme, les mesures envisagées se traduiraient par une diminution des pensions de retraite des personnes qui auraient normalement bénéficié de l'AVPF. Ainsi, si on évalue les prestations vieillesse versées ultérieurement à ces individus par le montant de n° 75 - mars 2004 Enfance l'AVPF lui-même (les droits sociaux ainsi acquis sont valorisés pour le montant des cotisations qui sont prises en charge par la CNAF), l'effort à moyen terme en direction des familles peut être estimé – dans ce premier scénario – à 2,08 milliards d'euros. Cette variante 1 n'en demeure pas moins la plus coûteuse. Les autres engendrent, toujours à comportements inchangés, des surcroîts nets de dépenses plus modestes (en instantané, le surcoût est de 0,32 milliard d'euros pour l'autre scénario polaire et de 1,29 milliard d'euros pour la PAJE). Les deux premiers scénarios engendrent des économies notables pour le budget de l'État : le relèvement (au moins en moyenne) des prestations versées en cas de garde individuelle payante diminue le reste à charge pour les familles et donc leur droit à réduction d'impôt. S'y ajoutent, dans le scénario 2, les recettes supplémentaires liées à la fiscalisation de la base universelle (impôt sur le revenu et contribution sociale généralisée). Enfin, dans le scénario PAJE, la réduction des masses de cotisations et de contributions sociales liées à la cessation d'activité temporaire des parents utilisant le complément de libre choix d'activité de rang 1 se traduit par un surcoût pour la Sécurité sociale et l'État. La garde des 0-3 ans davantage aidée Pour établir un bilan redistributif de ces scénarios, deux approches sont mobilisées : une par mode de garde et une autre par niveau de vie des enfants. Par ailleurs, il convient de distinguer la situation des enfants âgés de 0 à 3 ans de celle des enfants de 3 à 6 ans qui relève d'un cadre réglementaire spécifique. Dans les deux cas, les gains moyens par famille sont calculés en répartissant non pas le surcoût instantané des finances publiques mais l'effort effectif en direction des familles (dernière ligne du tableau 6). Les tableaux 7 a et 7 b illustrent la première approche en indiquant la variation moyenne de revenu disponible des familles ayant un enfant âgé de moins de 3 ans et de celles ayant un enfant âgé de 3 ans à 6 ans, selon le mode de garde auquel elles recourent. Ainsi, le scénario 1 induit des gains modestes pour les familles avec un enfant de moins de 3 ans ayant recours à une garde individuelle payante (assistante maternelle ou garde à domicile – tableau 7 a). Pour une famille ayant recours à une assistante maternelle à temps plein, la prise en charge via l'AFEAMA (y compris le complément) dépasse souvent 400 euros par mois ; si on ajoute le bénéfice de la réduction d'impôt et, pour certaines familles, de l'APJE, on aboutit à un montant de prise en charge souvent proche des 493 euros de l'allocation unique de la PAJE. Pour les familles ayant recours à une garde à domicile, c'est notamment la perte du bénéfice de la réduction fiscale (qui peut atteindre 5 000 euros par an) qui explique que les gains soient faibles. En revanche, pour les Tableau 7 a Revenu disponible mensuel par famille ayant un enfant de moins de 3 ans selon le mode de garde (en euros) Mode de garde Effectifs Avant Scénario Scénario PAJE 1 2 Assistante maternelle agréée 432 2 178 2 186 2 182 2 286 Crèche 210 1 835 1 886 1 847 1 859 Salarié à domicile 36 4 163 4 189 4 230 4 226 Pas de garde payante 1 550 1 764 1 893 1 775 1 785 Source : CNAF, Modèle MYRIADE, France métropolitaine, année 2000. Unité : le revenu disponible moyen mensuel est en euros et les effectifs sont en milliers. Champ : enfants âgés de moins de 3 ans, membres d'une famille comprenant au moins un enfant de cette tranche d'âge coexistant éventuellement avec un enfant de 3 à 6 ans. Lecture du tableau : Pour les 1 550 000 familles avec un enfant de moins de 3 ans n'utilisant pas une garde payante déclarée, le revenu disponible moyen mensuel actuel est de 1 764 €. Après le scénario 1, il est de 1 893 €. Tableau 7 b Revenu disponible moyen mensuel par famille ayant un enfant de 3 à 6 ans selon le mode de garde (en euros) Mode de garde Assistante maternelle agréée Effectifs Avant Scénario Scénario PAJE 1 2 1 888 2 024 - - - 44 5 111 4 937 5 151 5 182 Pas de garde payante 1 823 1 836 1 836 1 836 1 832 Crèche Salarié à domicile 244 2 025 0 - 2 059 Source : CNAF, Modèle MYRIADE, France métropolitaine, année 2000. Unité : le revenu disponible moyen mensuel est en euros et les effectifs sont en milliers. Champ : enfants âgés de 3 à 6 ans, membres d'une famille comprenant au moins un enfant de cette tranche d'âge coexistant éventuellement avec un enfant de moins de 3 ans. Lecture du tableau : Pour les 1 823 000 familles avec un enfant de 3 à 6 ans n'utilisant pas une garde payante déclarée, le revenu disponible moyen mensuel actuel est de 1 836 €. Après le scénario 1, il est de 1 823 €. (4) À laquelle ne se résume pas la totalité des aides publiques : les collectivités locales participent aussi au financement des crèches et cette participation a été maintenue dans tous les scénarios. Recherches et Prévisions 17 n° 75 - mars 2004 Enfance ayant recours à une crèche, souvent à temps partiel ou pour un nombre de jours limité dans le mois, la prise en charge par les CAF (4) est souvent largement inférieure aux 493 euros de l'allocation unique. L'effort consenti en destination de ces familles est compensé par le fait qu'elles cessent de bénéficier de l'AVPF relativement plus que les autres familles recourant à un mode de garde onéreux. Ainsi, les vrais gagnants du scénario 1 sont-ils les familles n'ayant pas recours à une garde payante : si celles bénéficiant de l'APE (les plus modestes perdant tout de même le droit à l'AVPF), de l'API ou du RMI voient leur situation inchangée, les autres enregistrent un gain substantiel. En ce qui concerne les familles avec un enfant âgé de moins de 6 ans (tableau 7 b), le scénario 1 entraîne des pertes importantes aux familles qui bénéficiaient de l'AFEAMA ou de l'AGED. Dans le scénario 2, les familles qui recevaient l'AGED pour faire garder leur(s) enfant(s) de moins de 3 ans enregistrent le surcroît de revenu mensuel le plus élevé. D'un côté, elles ne bénéficient plus de la réduction fiscale pour l'emploi d'un salarié à domicile mais, de l'autre côté, elles profitent de l'universalisation de l'APJE et de la prise en charge à 100 % des cotisations sociales de leur nourrice. Les usagers des crèches sont peu affectés car les prestations de service sont laissées inchangées. En revanche, les plus aisés d'entre eux bénéficient de l'universalisation de la base. Pour les autres familles, la situation est peu modifiée. Quant à la PAJE, elle avantage les familles ayant recours à des gardes individuelles payantes, puisque leur surcroît moyen de revenu mensuel est supérieur à 100 euros. Pour les familles n'ayant pas de garde payante, le gain moyen de 21 euros recouvre des différences assez marquées : certaines familles perdent le bénéfice de l'APE aux rangs 2 et 3 tandis que d'autres peuvent bénéficier du complément de libre choix d'activité au rang 1. Les tableaux 8 a et 8 b illustrent une approche par niveaux de revenu en regroupant les enfants en cinq quintiles de niveau de vie (5). Le scénario 1 – dont le coût est très élevé – engendre des transferts importants aux familles avec un enfant âgé de moins de 3 ans, et ce d'autant plus que les revenus des familles sont élevés. Les familles modestes qui bénéficiaient de l'AVPF au titre de l'APE ou de l'APJE longue perdent ce droit. Par ailleurs, leur gain net est a priori plus faible que celui des familles aisées qui ne percevaient pas l'APJE longue. En outre, celles qui recevaient l'AFEAMA ou qui recouraient à la crèche n'obtiennent qu'un faible gain net. Enfin, le gain est nul pour les familles bénéficiaires de minima sociaux puisque le surcroît de ressources induit par la mise en place de l'allocation forfaitaire est entièrement neutralisé par le calcul des droits au Tableau 8 a Revenu disponible moyen mensuel par famille ayant un enfant de moins de 3 ans selon le quintile de niveau de vie Quintile de niveau Effectifs Avant Scénario Scénario PAJE de vie 1 2 Les plus modestes 446 962 927 956 923 Les modestes 446 1 313 1 337 1 310 1 302 Les médians 446 1 733 1 827 1 730 1 758 Les aisés 446 2 174 2 346 2 189 2 269 Les plus aisés 446 3 269 3 495 3 320 3 395 Source : CNAF, Modèle MYRIADE, France métropolitaine, année 2000. Unité : le revenu disponible moyen mensuel est en euros et les effectifs sont en milliers. Champ : enfants âgés de moins de 3 ans, membres d'une famille comprenant au moins un enfant de cette tranche d'âge coexistant éventuellement avec un enfant de 3 à 6 ans. Lecture du tableau : Pour les 20 % des enfants de moins de 3 ans les plus aisés, le revenu disponible moyen mensuel actuel est de 3 269 €. Après le scénario 1, il est de 3 495 €. Tableau 8 b Revenu disponible moyen mensuel par famille ayant un enfant de 3 à 6 ans selon le quintile de niveau de vie Quintile de niveau Effectifs Avant Scénario Scénario PAJE de vie 1 2 Les plus modestes 423 932 911 931 925 Les modestes 423 1 314 1 295 1 314 1 307 Les médians 423 1 675 1 648 1 676 1 675 Les aisés 423 2 185 2 173 2 185 2 194 Les plus aisés 423 3 536 3 517 3 539 3 552 Source : CNAF, Modèle MYRIADE, France métropolitaine, année 2000. Unité : le revenu disponible moyen mensuel est en euros et les effectifs sont en milliers. Champ : enfants âgés de 3 à 6 ans, membres d'une famille comprenant au moins un enfant de cette tranche d'âge coexistant éventuellement avec un enfant de moins de 3 ans. Lecture du tableau : Pour les 20 % des enfants de 3 à 6 ans les plus aisés, le revenu disponible moyen mensuel actuel est de 3 536 €. Après le scénario 1, il est de 3 517 €. (5) Voir l'annexe p. 20, pour la décomposition des tableaux 8 a et 8 b par quintile de niveaux de vie et par nombre d'apporteurs de ressources dans la famille. Recherches et Prévisions 18 n° 75 - mars 2004 Enfance RMI ou à l'API. En revanche, les familles aisées dont les ressources sont supérieures au seuil d'exclusion de l'APJE profitent de l'universalisation de cette prestation. Le scénario 1 est à peu près neutre pour les familles avec un enfant âgé de 3 à 6 ans. Le scénario 2 est celui qui induit les variations de revenus mensuels les plus faibles. S'il n'en est pas moins anti-redistributif sur les 0-3 ans, ses effets sont neutres sur les 3-6 ans. Enfin, le scénario de la PAJE a plutôt un caractère anti-redistributif sur le champ des familles avec un enfant de moins de 3 ans comme sur le champ des familles avec un enfant de 3 à 6 ans – du moins ex ante (6). Puisque ces scénarios font porter l'effort principal sur les gardes individuelles payantes et que les familles qui recourent aujourd'hui à ces gardes ont des revenus plutôt élevés, leur impact est nécessairement anti-redistributif à comportements inchangés. On pourrait sans doute arguer que des réformes qui, comme la PAJE, visent à mieux prendre en charge les employeurs d'assistantes maternelles ont un impact mécaniquement antiredistributif car elles avantagent des familles souvent bi-actives qui sortent généralement des zones basses de la distribution des revenus, même lorsque le salaire de chacun des adultes en emploi est relativement modeste. Une analyse des effets redistributifs de la PAJE (annexe p. 18) menée séparément par type de famille (bi-active, mono-active ou inactive) montre qu'une partie des effets antiredistributifs perdure : au sein des familles bi-actives (presque toutes gagnantes) comme au sein des familles monoactives, ce sont les 40 % de familles les plus aisées dont la situation évolue le plus favorablement. La plus grande modulation des compléments en fonction des revenus des familles proposée par la PAJE pourrait induire la prise en compte d'éventuelles modifications de comportement ; la PAJE devrait, en effet, relativiser ce jugement en permettant aux familles modestes de recourir réellement aux assistantes maternelles. Cependant, cela suppose que l'accroissement éventuel de la demande des familles ne soit pas contrarié par des contraintes d'offre. En effet, on observe localement des pénuries marquées d'assistantes maternelles qui engendrent des tensions à la hausse sur les salaires. Le recours à ce mode de garde à temps plein pour les familles modestes resterait alors peu accessible. Perfectionner MYRIADE pour mieux évaluer la PAJE Il n'existe pas, à ce jour, de bases de données administratives qui fournissent un panorama complet des pratiques des familles en matière d'accueil des jeunes enfants. Les revenus des familles en fonction du mode de garde choisi sont imparfaitement connus et, surtout, le multi-accueil est encore terra incognita pour le statisticien. L'imputation des modes de garde dans le modèle MYRIADE a mobilisé différentes sources disponibles : les données d'origine fiscale, assez précises mais partielles, servent à repérer une partie des familles ayant recours à des gardes individuelles payantes tandis que les fichiers d'allocataires des CAF permettent d'améliorer la qualité du retraitement statistique. Il convient bien sûr de faire un usage raisonné de l'image synthétique que fournit ainsi MYRIADE. La description de la segmentation des choix des familles en fonction de leurs revenus apparaît cependant très raisonnable. MYRIADE peut donc être utilement mobilisé pour apprécier l'impact, tant financier que redistributif, de différents scénarios d'une prestation unifiée destinée aux familles avec des jeunes enfants. À ce stade, perfectionner le modèle passerait par une meilleure explication des comportements des familles quant aux choix du mode de garde. L'évaluation de la PAJE en serait plus pertinente : on pourrait apprécier la mesure dans laquelle l'extension de l'aide n'est que formelle ou si, au contraire, elle permet réellement aux familles modestes d'accéder plus largement aux modes de garde onéreux. (6) L’étude de la DREES portant sur le même thème aboutit à des conclusions similaires. « [...] Le niveau de vie au-dessous duquel se situent les 20 % des familles de jeunes enfants les plus modestes devrait décroître de 0,7 % tandis que celui au-dessus duquel se situent les 20 % des familles les plus aisées devrait augmenter de 1,5 % » (Caussat et al., 2003). Recherches et Prévisions 19 n° 75 - mars 2004 Enfance Références bibliographiques Bonnet C. et Labbé M., 1999, L'activité professionnelle des femmes après la naissance de leurs deux premiers enfants : l'impact de l'allocation parentale d'éducation, Études et Résultats, Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, ministère de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées, n° 37. Caussat L., Le Minez S. et Pucci M., 2003 « Les aides aux familles ayant de jeunes enfants : bilan d’existant et première évaluation des réformes décidées en 2003 avec la prestation d’acueil du jeune enfant (PAJE) », Dossiers Solidarité et santé, Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, ministère de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées, n° 3. Clément D. et Nicolas M., 2003, Les disparités territoriales de l'accueil des jeunes enfants, L'e-sssentiel, CNAF, n° 12. Damon J., Boyer D., Le Jeannic T. et Yakubovich Y., 2000, « La petite enfance - statistiques et recherches », Dossiers d'Études. Allocations familiales, CNAF, n° 8. Hermange M.-T., Steck P. et Habert L., 2003, « Prestation d'accueil du jeune enfant », rapport de propositions pour le ministère des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité. Legendre F., Lorgnet J.-P., Mahieu R. et Thibault F., 2003, État des lieux des prestations petite enfance avant la mise en place de la prestation d'accueil du jeune enfant, L'e-sssentiel, n° 16. Legendre F., Lorgnet J.-P. et Thibault F., 2001, MYRIADE : le modèle de microsimulation de la CNAF. Un outil d'évaluation des politiques sociales, Recherches et Prévisions, n° 66. Leprince F., L'accueil des jeunes enfants en France. État des lieux et pistes d'amélioration, rapport pour le Haut Conseil à la population et à la famille, 2002. Méda D., Simon M.-O. et Wierink M., 2003, Pourquoi certaines femmes s'arrêtent-elles de travailler à la naissance d'un enfant ?, Premières informations - Premières synthèses, Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques, ministère des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité, n° 29.2. Ruault M. et Daniel A., 2003, Les modes d'accueil des enfants de moins de 6 ans : premiers résultats de l'enquête réalisée en 2002, Études et Résultats, n° 235. ANNEXE Gains moyens de revenu mensuel par famille avec la PAJE selon le quintile de niveau de vie Enfants âgés de moins de 3 ans Quintile de niveau de vie Les Les Les Les Les plus modestes modestes médians aisés plus aisés Bi-actifs Mono-actifs 40 59 118 172 124 -6 2 32 120 118 Inactifs - 41 46 51 34 13 Source : CNAF - Direction des statistiques, des études et de la recherche, Modèle MYRIADE, France métropolitaine, année 2000. Unité : les gains moyens mensuels sont en euros et les effectifs en milliers. Champ : enfants âgés de moins de 3 ans, membres d'une famille comprenant au moins un enfant de cette tranche d'âge coexistant éventuellement avec un enfant âgé de 3 ans à 6 ans. Lecture du tableau : pour les 20 % des enfants âgés de moins de 3 ans parmi les familles bi-actives de niveau de vie les moins aisés, la PAJE induit un surcroît de revenu mensuel moyen de leur famille de 40 euros. Enfants âgés de 3 ans à 6 ans Quintile de niveau de vie Les Les Les Les Les plus modestes modestes médians aisés plus aisés Bi-actifs Mono-actifs 4 7 11 24 16 -3 -6 1 12 15 Inactifs -12 -11 -24 -18 -7 Source : CNAF - Direction des statistiques, des études et de la recherche, Modèle MYRIADE, France métropolitaine, année 2000. Unité : les gains moyens mensuels sont en euros et les effectifs en milliers. Champ : enfants âgés de 3 à 6 ans, membres d'une famille comprenant au moins un enfant de cette tranche d'âge coexistant éventuellement avec un enfant de moins de 3 ans. Lecture du tableau : pour les 20 % des enfants âgés de 3 ans à 6 ans parmi les familles bi-actives de niveau de vie les moins aisés, la PAJE induit un gain de revenu mensuel moyen de leur famille de 4 euros. Recherches et Prévisions 20 n° 75 - mars 2004 Enfance