CHLEF MEDICAL N°39
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CHLEF MEDICAL N°39
Publication trimestrielle éditée par l’association du corps médical privé de la wilaya de Chlef N°39 - Octobre 2006 8ème année Dossier : L’AIR DANS TOUS SES ÉTATS PÉDIATRIE : RÉANIMATION DU NOUVEAU-NÉ EN SALLE DE NAISSANCE CARDIOLOGIE : L’INSUFFISANCE CARDIAQUE DERMATODERMATOVÉNÉRÉOLOGIE : EXPÉRIENCE TLEMCENNIENNE ÉPIDÉMIOLOGIE : À PROPOS DE VACCINATION ANTI-GRIPPALE OPÉRATION « HABITS DE L’AÏD » : FÊTONS L’AÏD, SOLIDAIRES. MEILLEURS VŒUX À TOUS! 1 Sommaire ÉDITORIAL : DE LA LUMIÈRE AU CŒUR DU NON VOYANT Dr ARAIBI A. .………………..…………………….…………………………………...……….……….….…..…page 3 PÉDIATRIE : RÉANIMATION DU NOUVEAU-NÉ EN SALLE DE NAISSANCE Dr ZIDANE N. .………………..…………………………………………………………..………….….….….…..…pages 4-5 ACTION HUMANITAIRE : OPÉRATION « HABITS DE L’AÏD » Dr BENKHALED A...………………..…………..……….………………….…….…………..….……….….…..…page 5 SOCIÉTÉ : PRATIQUES MÉDICALES LOCALES (1) Dr GHRISS M. ..………………...…………………..…...………………………...……………...…...……...….page 6 DOSSIER : L’AIR DANS TOUS SES ÉTATS Dr GHRISS M. .………..……..…………………………….……………………………..……….……….….…...pages 7-13 MÉDECINE VÉTÉRINAIRE : LA BLUE TONGUE Dr DEHABA F. .………..…...……...………………………….….…...……...……………………………………...page 13 CARDIOLOGIE : L’INSUFFISANCE CARDIAQUE Dr BERRABHA T. . .………....……………………………………………..…...………..………...…...……...….pages 14-15 MÉDECINS ILLUSTRES : LE PR HAMZA KLIOUA ...…………………………...…...……………………………………………...….page 15 ÉPIDÉMIOLOGIE : LA TUBERCULOSE, NOUVELLE MENACE POUR L'EUROPE .………..……………...…...….page 16 À PROPOS DE VACCINATION ANTI-GRIPPALE .……..………………………….….…...……...….page 20 LE MÉDECIN ET LA LOI : L’ASSURANCE MULTIRISQUE PROFESSIONNELLE Dr DEHABA T. .………………………………………………...……...………………………….….…...……...….page 17 DERMATODERMATO-VÉNÉRÉOLOGIE : Expérience du service de Dermato-VÉNÉRÉOLOGIEDU CHU DE TLEMCEN .………………………………………………...……..………………….….…...……... Chères consœurs, chers confrères, Revue trimestriel éditée par l’Association du Corps Médical Privé de la wilaya de Chlef Adresse : CHLEF MEDICAL CLUB Haï Zeboudj - Route de Radar 02.000 - CHLEF Tel : (027) 77.70.44 Fax : (027) 77.14.95 Responsable de publication : Dr Ahmed BENKHALED [email protected] Comité scientifique : • Dr A. ARAÏBI • Dr T. DEHABA • Dr A. BENKHALED • Dr M. GHRIS • Dr B. BOUGHARI • Dr N. ZIDANE En adhérant à l’ACMPC vous ne répondez pas uniquement à votre vœu de concrétiser avec d’autres praticiens des idéaux communs, de partager des vocations, de réaliser ensemble des projets… L’adhésion à l’ACMPC - porteporte-flambeau de l’engagement humanitaire du corps médical chélifféen - vous offre l’occasion de participer à une action de solidarité avec les enfants malvoyants : Vos frais d’adhésion à l’ACMPC serviront à l’achat de lunettes au profit d’élèves de parents nécessiteux. En réglant votre cotisation, vous achetez en fait une paire de lunettes pour un enfant en situation d’échec scolaire pour raison d’amétropie.. Ensemble, aidons ces enfants à construire leur avenir 2 Dr ARAIBI Ali Plongés dans les turbulences des charges financières et des obligations de la rentrée sociale (entendez scolaire) et comme on le suppose, vous avez migré pendant l’été, chacun semble peut être tout bonnement et incroyablement piégé, une fois, de plus par les exigences dépensières du mois de ramadhan. Seulement voilà, ce mois sacré nous a mis dans ses propres pas. Par ses veillées religieuses, il nous a entraîné très loin dans la nuit du monde et du temps. D’emblée, personne jamais n’imagine peut être que vous pouvez soutirer autant de bonheur et de satisfaction dans cette recherche de ressourcement et de rencontre avec soi. Les membres du bureau de l’ACMPC, sensibles à cette émotion et soucieux de partager la joie de l’aïd, remercient quiconque aurait participé de près ou de loin à la transmission du flux lumineux, aussi savoureux soit-il, aux cœurs des élèves non voyants de l’école de radar par le don et la distribution de cadeaux à cette occasion. L’aïd, cette fête religieuse pleine de saveur si pure à l’origine et si présentes dans notre cœur qu’elle émane une valeur résiduelle pleine de piété et d’amour. Saha aïdkoum et surtout une pensée pour les pauvres et les démunis. Ces chers (con)frères qui nous ont quitté Cruelle a été l’année 2006 pour la communauté médicale de Chlef. Pas moins de cinq médecins ont été tragiquement ravis à leurs proches en pleine force de l’àge : une véritable hécatombe ! L’annonce du décès de notre confrère le Dr Guendouz, médecin de la CNAS, a été un véritable choc ! Le temps ne s’était pas assez écoulé que la douleur fut vite ravivée par cette autre terrible annonce de la perte cruelle du docteur Guennou. Suivirent ces dramatiques nouvelles rapportées au sujet des graves maladies qui attègnèrent deux autres de nos confrères et qui ont finalement eu raison de leur grand courage: Il s’agit du docteur Mohamed Bouazza, médecin généraliste assez connu pour sa probité, son dévouement et ses engagements précoces dans les différentes tentatives d’edification et de consolidsation d’une forte corporation à Chlef, et du docteur Chaieb Benhamou, médecin neuropsychiatre installé depuis plus d’une dizaine d’années et dont la consternante disparition se fera durement sentir par la population. Le cycle infernal des tragiques nouvelles continua et nous ébranla tous avec cette autre disparition rapportée de notre cher docteur Boualili AbdelKader, médecin généraliste installé à OumDrou assez connu pour sa légendaire discrétion et grande gentillesse. Notre peine est trés grande et nos cœurs si meurtris mais nous ne dirons que ce qui plaira à notre seigneur : « A Dieu nous appartenons et à lui nous retournons ! » La Rédaction 3 Éditorial De la lumière au cœur du non voyant Pédiatrie Réanimation du nouveauné Dr ZIDANE Noureddine Introduction Les détresses vitales en salle de naissance restent fréquentes en dépit des progrès réalisés en matière de réanimation. D’une façon générale, 3 à 6% des nouveaux-nés ont un mauvais état initial et nécessitent une réanimation. La prise en charge correcte du nouveau-né en salle de travail permet de lutter contre la mortalité infantile ainsi que le handicap psychomoteur. Les facteurs de risque d’une détresse vitale Ils sont importants à connaître afin de pouvoir anticiper la réanimation. - rupture prématurée des membranes - un accouchement dystocique - présentation de siège - prématurité - grossesse multiple - césarienne - infection materno-fœtale - cardiopathie maternelle - asthme - liquide amniotique teinté ou méconial - placenta previa ou procidence du cordon - incompatibilité fœto-maternelle rhésus Les objectifs de la réanimation 1- assurer la libération des voies aériennes par la position correcte du N-Né, aspiration par la bouche et le nez ; si nécessaire les voies aériennes inférieures. 2- Les mouvements respiratoires doivent être déclenchés soit spontanément soit par stimulation, soit encore en pression positive par le masque ou la sonde trachéale 3- L’état circulatoire doit être satisfaisant soit par massage cardiaque soit par les médicaments cardiotoniques. Les phases initiales de la réanimation valables pour tous les Nés, y compris ceux qui nécessitent une réanimation. 1- prévention du refroidissement par l’utilisation de la table de réanimation chauffante et le séchage rapide par un lange préchauffé. 2- Asepsie par le lavage des mains ; la blouse et le masque ; le matériel à usage unique. 3- Le matériel prêt à l’utilisation : - table de réanimation avec lampe chauffante + chronomètre. - source d’aspiration. - source d’oxygène. - masque de ventilation manuelle type AMBU. - sonde 2,5 à 3 ; masque pour enrichir le gaz insufflé en O2 pour une pression positive. - perfusion avec KT ombilical. 4- les médicaments : - adrénaline - S.S.I. à 9%; bicarbonate à 42 ‰; S.G 5% ; S.G10% ; albumine 20% - amoxicilline ou autres antibiotiques - caféine (les apnées du prématuré) - matériel de monitorage. tique par le pédiatre, le N-Né retourne à ses parents. Deuxième cas de figure : - Le N-Né modérément déprimé surtout après césarienne/ A.G - Désobstruction douce (tête en bonne position ‘Billot’) - Séchage et essuyage - Oxygène - ventilation au masque : contreindication si hernie diaphragmatique ou liquide amniotique méconial - SPO2 Troisième cas de figure : N-Né sévèrement déprimé ; l’objectif prioritaire est la ventilation efficace. - aspiration buccale, pharynx, narines avec sonde N° 8 et une dépression de 50 à 100 cm d’H2O. la sonde perpendiculaire à la face. - ventilation au masque sauf contre indication : le ballon auto remplissable 300 à 500ml avec fio2 100% et un masque circulaire dote d’un bourrelet - le débit d’O2 5l/min, la fréquence 40 -60/min en bloquant parfois par la valve pour une surpression. - la tête dans l’axe du corps. Description des objectifs - Intubation endotracheale si ventilade la réanimation Le score d’APGAR n’est plus consi- tion au masque inefficace (la fréquendéré dans la démarche de conduite ce cardiaque < 100/ min) ; liquide amde la réanimation néonatale. niotique meconial ; hernie diaphragLes éléments essentiels sont au matique ; échec a la pression positive nombre de trois (3) : nasale. - la qualité et l’efficacité des mouveLe deuxième objectif : ments respiratoires état circulatoire - le niveau de fréquence cardiaque Si la fréquence cardiaque et inférieur - l’existence ou l’absence d’une cya- à 80 / min, trois (3) mesures sont nécessaires : nose généralisée. - le massage cardiaque externe 2cyLe premier objectif : cles/seconde couplé a la ventilation la ventilation respiratoire Premier cas de figure : - l’adrénaline IV à raison 0.1 ml / kg -cri vigoureux, enfant rose, FC>100/mn ou dilué dans 9 CC de S.S.I à raison Séchage du bébé ; examen systéma- de 1ml/ kg Elles sont importantes à décrire, car 4 Le troisième objectif : l’apport glucidique 3 ml/ kg / heure du S.G10%dans un KT veineux ombilical. Si après 20 min, échec de la réanimation précoce et bien conduite : il convient de ne pas poursuivre la réanimation. Situations particulières Grand prématuré - Ne pas se précipiter à l’intubation ; - faire une forte pression lors des 2 premières insufflations -Prévention de l’hypothermie, - prévention de l’hypoglycémie et l’infection Inhalation du liquide meconial - Aspiration lors du dégagement des épaules - aspiration endotracheale - éviter la ventilation au masque Utilisation des drogues chez la maman Morphine→détresse respiratoire→ antidote Narcan 100/kg IM, IV ; IT Benzodiazépine→hypotonie →Anexate10/kg Bêtabloquant→bradycardie +hypoglycémie+ état de choc→glucagon 0.25/kg IM, IV isuprel Références : -Eléments de pédiatrie A Bensenouci - M Mazouni 1995 -Cours de réanimation de nouveau né en salle de naissance MESDOC1REA8.HTM 2003 -http://frankpaillard.chez-alice.fr/ anesthsie_nne_salle_de_travail.htm -Réanimation du nouveau-né en salle de travail INSP + UNICEF « Habits de l’Aïd » au profit des élèves de l’école des jeunes malvoyants de Chlef A la veille de l’Aïd El Fitr, l’association du corps médical privé de la wilaya de Chlef a tenu encore une fois à manifester sa solidarité avec les catégories sociales défavorisées parmi la population de la wilaya. Le climat de piété aidant, et sensible à l’état de dénuement et de désolation qui caractérise le vécu quotidien d’une frange nombreuse de nos concitoyens, le bureau de l’ACMPC a programmé une action caritative d’envergure à la fin du mois de Ramadhan pour ouvrir la saison 2006-2007. L’Aïd El Fitr étant après tout une fête de l’enfant, notre choix s’est porté sur les élèves de l’école des malvoyants de radar à Chlef. C’est d’ailleurs pour la cinquième année consécutive que pareille opération soit tenue. Les membres de la commission sociale de l’ACMPC ont pris contact avec la direction de ladite école pour connaître les paramètres staturo-pondéraux de chaque enfant. Suite à la collecte de ces renseignements, ils ont acheté l’habit à la juste taille et les chaussures à l’exacte pointure de chacun. Ainsi, tous les pensionnaires de cette école, au nombre de 74 élèves (52 garçons et 22 filles), ont bénéficié de cette action de solidarité. La cérémonie de remise des habits de l’Aïd a eu lieu au niveau de l’école des jeunes aveugles le 23ème jour du mois du jeûne correspondant au 16 octobre 2006. Une cérémonie simple, sans fanfare ni tambour, à laquelle ont assisté, outre les élèves de l’établissement, le staff administratif et pédagogique, de nombreux praticiens, le correspondant du Quotidien d’Oran (presse) ainsi que le directeur de l’action sociale de la wilaya de Chlef accompagné de son collègue de l’environnement. Dans une courte allocution au début de la cérémonie, monsieur le D.A.S. a félicité le corps médical pour son esprit solidaire vis-à-vis des couches sociales défavorisées et a exprimé son soutien total à l’action humanitaire de l’association et son engagement à mettre tous les moyens du service placé sous son autorité à la disposition de l’ACMPC en vue de mener d’autres actions au profit de la population. Rappelons que le financement de l’opération (200.000 DA) a été couvert par les dons de praticiens généreux. Nous tenons à leur rendre hommage et a prier pour que Dieu agrée leur œuvre de piété. Meilleurs vœux à tous à l’occasion de l’aïd ! Dr BENKHALED Ahmed 5 Solidarité - sérum bicarbonate 42‰ à raison 3 ml/ kg dilué dans S.G5% Pédiatre à Chlef Opération Société Pratique médicale locale (1) Dr Mahieddine GHRISS Histoire de la médecine Nous sommes à El Asnam des années 70 en plein centre-ville du coté de chez Bennaourane, là où des notables fort connus de la ville ont l’habitude de se rencontrer, pratiquement chaque jour en fin d’après-midi. On raconte qu’un père traînant énergiquement son petit enfant par la main, s’arma de courage et fonça droit sur le groupe qui tient son cercle généralement dehors prés du célèbre garage et parmi lesquels il reconnut une grande figure de la région. Il s’agissait du Dr Djebbour, médecin originaire de la région de Ténès, dont la mort a ravi aux siens assez jeune dans de tragiques circonstances, dans son propre cabinet à Khemis-Miliana. C’est une aubaine pour ce père de famille à ne pas rater sous aucun prétexte. Son enfant avait un problème de langage et ce médecin était tout indiqué pour lui. Il s’empressa de lui présenter son cas en ne se souciant guère des fortes personnalités présentes en grand nombre ce jour là ! Le docteur Djebbour était assez connu pour son fort caractère. Après avoir écouté religieusement son vis-àvis, il leva soudainement le bras comme s’il allait saluer quelqu’un, puis asséna une cinglante gifle au petit enfant ! Ce dernier grimaça en tirant énergiquement la langue sous l’effet de surprise. Du sang gicla de celle-ci que le médecin s’empressa de colma- ter rapidement à l’aide d’une compresse dénichée quelque part. L’assistance fut médusée devant ce spectacle pour le moins inattendu ! Le père de l’enfant était tellement confus qu’il ne savait quoi faire ! En fait, au moment ou ce père expliquait le problème de locution de son rejeton, le docteur Djebbour avait déjà fait son diagnostic en remarquant un frein de la langue, d’où sa réaction fort expéditive ! Le résultat fut spectaculaire, le père très satisfait et l’honorable assistance très séduite par tant d’audace après avoir compris l’ingénieuse manœuvre ! Histoire de l'anesthésie divertissement, il ne sera utilisé comme anesthésique qu'en 1844 par le dentiste américain Horace Wells qui se Pendant des siècles, les médecins ont eu recours, selon fait extraire un dent par son étudiant, John M. Riggs. les civilisations, à des anesthésiques dérivés de l'opium et De l'éther au chloroforme de l'alcool, ou encore aux pressions directes, ou à l'action du froid sur les nerfs. Les chinois, par exemple, De la même façon, l'éther, découvert en 1818 par Miemployaient le haschisch, et les incas frictionnaient la chael Faraday, ne sera utilisé que beaucoup plus tard, en peau du patient avec un extrait de feuilles de coca. 1846, par le dentiste américain William Morton. L'éther, Toutes ces méthodes étaient trop peu efficaces pour de plus en plus utilisé en Amérique, est très vite adopté qu'une opération puisse se prolonger sans douleur ni état en Europe. D'abord en Grande-Bretagne, où la première de choc. Au début du XIXe siècle, le taux de mortalité amputation sous éther est réalisée, puis en France, en postopératoire était énorme : 100 % pour une trépanation, 1847, alors qu'un des chirurgiens français les plus répuet 10 % pour la simple amputation d'un doigt. tés, Alfred Velpeau, avait déclaré, huit ans plus tôt, que la L'essor de l'anesthésie est lié à l'amélioration des chirurgie sans douleur était inconcevable. techniques chirurgicales par les chirurgiens britanniques L'éther va ensuite laisser la place à un nouveau produit, du XIXe siècle. Le protoxyde d'azote, ou « gaz hilarant », plus volatil et plus agréable, le chloroforme. C'est un est la première substance dont les pouvoirs anesthésiants obstétricien d'Édimbourg, James Young Simpson, qui ont été reconnus, cela grâce aux travaux du chimiste publie, le 10 novembre 1847, le compte-rendu d'un anglais Humphry Davy et de son étudiant Michael Faraday, en 1799. Longtemps considéré comme un Suite du sujet en page 16 Les débuts de l'anesthésie 6 Dossier L’AIR DANS TOUS SES ETATS Dossier préparé par Dr Mahieddine GHRISS PREAMBULE Après le thème de l’eau développé dans le précédent numéro de Chlef Médical (fournaise d’été chélifien oblige !), voici venu l’automne et ses vissicitudes climatiques (fluctuations chaud/froid productrices de grippes en puissance !), donnant l’occasion propice pour débattre d’un sujet non moins important et fort d’actualité : celui de l’AIR. L’homme en consomme en moyenne 15 m3 par jour soit prés de 20 kg de gaz vital. Quels sont les effets des polluants que nous respirons chaque jour sur notre santé? Et quels effets sont observés sur les écosystèmes ? Avant d’aller voir plus loin dans ce qui suit, et à l’heure de la rédaction de ces lignes, l’OMS vient de tirer fort sur la sonnette d’alarme. Dans un communiqué rendu public ce jeudi 05 Octobre 2006, elle met les gouvernements du monde entier au défi d’améliorer l’air de leurs villes dans le but de protéger leurs populations. Et pour cause…! La pollution atmosphérique serait responsable de deux millions de décès prématurés par an ! Des directives plus strictes pourraient, selon l’honorable institution, réduire de 15% le nombre de ces décès enregistrés dans les villes polluées. 7 Dossier INTRODUCTION Les villes concentrent tous les polluants de l’air et à cause des vents et des pluies cette pollution locale tend à s’étendre sur des continents entiers. Les pollutions soufrées ont grillé pendant des décennies les massifs forestiers via les pluies acides (l’ozone respiré à Chlef est souvent fabriqué à Paris ou Londres). La pollution devient diffuse, largement répandue jusque dans les coins de nature ou l’on pense naïvement que l’air y est « pur ». « Les taux quotidiens que nous respirons sont très préoccupants !» s’alarment les experts en santé publique. « C’est contre eux qu’il faut lutter en priorité ». D’autant que ces émissions massives quotidiennes de gaz toxiques chahutent désormais jusqu’au climat. Les modifications de la teneur en CO2 et en méthane depuis le début de l’époque industrielle n’a pas d’équivalent au cours de l’ère quaternaire. Les scientifiques estiment aujourd’hui que l’émission de ces gaz a effet de serre a fait subir à la température moyenne de la terre une hausse comprise entre 0,6 et 0,9°c et élevé le niveau de la mer de 10 à 25 cm. Une tendance inexorable dont on ne peut désormais que limiter le rythme. Jusqu’ici les efforts de réduction sont dérisoires au regard de l’enjeu. Globalement les émissions de gaz à effet de serre augmentent et les pays en développement ne peuvent s’offrir les moyens techniques de limiter les émanations des industries et des transports. L’usage de ces techniques par les pays développés pourrait-elle donner le temps aux autres de s’adapter ? Encore faudrait-il que tous ces pays adoptent la même attitude. Or, les Etats-Unis qui représentent le quart des émissions de CO2 refusent cette logique. Leur gouvernement met en doute les observations scientifiques et ne souhaite pas grever son économie de coûts supplémentaires. Une situation d’autant plus regrettable qu’on a la preuve que l’humanité est capable de faire face à de tels enjeux : le remplacement des CFC destructeurs de l’ozone stratosphérique par d’autres gaz devrait combler le trou dans la couche d’ozone d’ici à 2100. L’ACCORD DE KYOTO Ratifiée par 165 pays, la convention sur les changements climatiques est entrée en vigueur en 1994. A l’issue de la conférence de Kyoto, les pays industrialisés se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5%. Le protocole signé par plus de 50 pays totalisant 55% des émissions mon- LES SOURCES DE LA POLLUTION ATMOSPHERIQUE Les poussières bustibles fossiles soufrés tels le charbon, lignite, coke de pétrole, fuel lourd, fuel domestique, gazole, mais également quelques procédés industriels (production de H2SO4, production de pâte à papier, raffinage de pétrole,…) et parfois même la nature (volcans).Les plus gros émetteurs sont les centrales thermiques, les raffineries, les grandes installations de combustion, etc… Les principales sources de poussières (particules solides <2,5µm, fibres et poussières d’amiante,..) sont les installations de combustion et les procédés industriels tels que extraction de minéraux, cimenterie, aciérie, fonderie, verrerie, plâtrière, chimie fine, etc. Les émissions de poussières ont très fortement diminués depuis 20 ans. Les particules solides servent de vecteurs à Les NOX ou différentes substances toxiques voire oxydes d’azote cancérigènes ou mutagènes (métaux proviennent comme le SO2 essentiellourds, HAP,..) et restent de ce fait un lement des combustibles fossiles et de sujet important de préoccupation. quelques procédés industriels (produLe SO2 ou Dioxyde ction d’acide nitrique, fabrication d’ende soufre son rejet est du à l’utilisation de com- grais, etc..). Les principaux émetteurs 8 sont les grandes installations de combustion et surtout les véhicules automobiles (d’où une politique de réduction au moyen de pots catalytiques par exemple). Mais également volcans, orages et feux de forêts. Le CO ou Monoxyde de carbone est produit par des combustions incomplètes généralement dus à des installations mal réglées (surtout le cas des toutes petites installations) Il est aussi présent dans les rejets de c er ta i ns pr oc é d és i n dus tr i e ls (agglomération de minerai, aciéries, incinération de déchets) mais aussi et surtout présent dans les gaz d’échappement des véhicules automobiles. Le CO2 ou dioxyde de carbone de ces substances, qui participent à l’effet de serre, est désormais très L’importance attribuée au CO2 pro- fortement réduite, voire interdite pour vient de l’accroissement rapide de la la plupart, mais leur durée de vie (60 concentration de ce gaz dans l’atmos- à 110 ans environ selon les experts) phère par suite d’une augmentation fait que les quantités présentes dans de la consommation d’énergie fossile notre atmosphère vont continuer d’adans le monde et d’une diminution gir encore pendant un certain temps. importante des couverts forestiers. Les HFC ou Par ailleurs les océans jouent un rôle Hydro fluorocarbures essentiel dans le maintien de l’équili- Synthétisés exclusivement par voie chimique, les HFC n’avaient pas d’applications importantes avant l’adoption du protocole de Montréal (interdiction des CFC) et des HFC qui leur ont succédé. Ces composés qui participent également à l’effet de serre sont aujourd’hui utilisés comme agent de propulsion des aérosols, comme fluides réfrigérants, solvants, agents d’expansion de mousse, etc.. L’Ozone L’ozone stratosphérique ou « bon ozone » nous protège des rayons UV solaires, tandis que l’ozone troposphérique ou « mauvais ozone » est un polluant très toxique. La combinaison du rayonnement solaire, des NOx et des COV favorise la production d’ozone troposphérique de façon plus marquée dans le Sud. Les Métaux lourds Il s’agit de l’arsenic (As), le cadmium (Cd), le chrome (Cr), le cuivre (Cu), le mercure (Hg), le nickel (Ni), le plomb ( Pb), le sélénium (Se) et le zinc (Zn). Il existe également d’autres polluants : l’acide fluoridrique (HF), le protoxyde d’azote (N2O), les perfluorocarbures (PFC), l’hexafluorure de soufre (SF6), l’ammoniac (NH3), les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP), les dioxines et furannes(PCDD-F), etc… car la liste est loin d’être exhaustive. JUSQU'A +6°C C’est l’élévation de la température prévue d’ici à 2100, du fait des émissions par l’homme de gaz à effet de serre (Dioxyde de carbure, méthane, CFC et oxydes d’azote). Ce réchauffement climatique affecte déjà sensiblement la fonte des glaciers, les précipitations et laisse présager une augmentation des « évènements extrêmes » ( inondations, sécheresses, fortes chaleurs, vents élevés, voire libération de méthane emprisonné dans le permafrost sibérien si celui-ci venait à fondre ). Le bouleversement des écosystèmes qui en résultera menace surtout les pays pauvres avec des pertes de rendements agricoles et des risques de recrudes- 9 Dossier bre général en carbone. L’augmentation de CO2 dans l’atmosphère, dans Ils regroupent une multitude de subs- les proportions que nous connaistances et ne correspondent pas à une sons, ne poserait probablement pas définition rigoureuse. Les hydrocarbu- de problème à l’homme avant très res en font partie. longtemps s’il n’y avait pas le phénoLes sources de COV sont très nom- mène d’accroissement de l’effet de breuses, les émissions sont dus à serre et ses conséquences potentielcertains procédés industriels impli- les d’ordre socio-économique plus ou quant la mise en œuvre de solvants moins dramatiques selon les experts. (chimie de base et chimie fine, déLe CH4 ou Méthane graissage des métaux, application de Il participe directement au phénomène peinture, imprimerie, colles et adhé- d’accroissement de l’effet de serre. Les sifs, caoutchouc, etc.) ou n’impliquant principales sources émettrices sont : pas de solvants (raffinage de pétrole, l’exploitation des mines de charbon, utilisation de CFC, production de les décharges d’ordures ménagères, boissons alcoolisées, de pain, etc.…). l’élevage, la distribution de gaz, etc.… On notera également que la biomasLes CFC ou Chlorofluose est également fortement émettrice rocarbures (forets) de même que les transports Les émissions de CFC provenaient de (surtout automobiles), sans oublier es l’utilisation de ces produits dans les émissions liées aux produits domesti- biens de consommation courante ques (peinture, produits d’entretien, (aérosols, propulseurs, mousse, exparfums et cosmétiques, journaux, tincteurs, réfrigérants, etc.). A la suite tabac, etc..). d’accords internationaux, la production Les COV ou composés organiques volatils Dossier PRINCIPAUX PHENOMENES OBSERVES ACIDIFICATION La pollution acide (ou pluies acides) est liée aux polluants acides(SO2, NOx, NH3, HCI, HF) émis par les activités humaines qui retombent en partie à proximité des sources, mais aussi à des centaines, voire des milliers de kilomètres de leurs sources émettrices. Les phénomènes de pollution acide à grande échelle ont été mis en évidence par l’acidification des eaux des lacs Scandinaves et Canadiens. Le pH des eaux est devenu acide entraînant des modifications importantes de la faune piscicole. Les retombées acides ont des effets sur les matériaux, les écosystèmes forestiers et les écosystèmes d’eau douce. EUTROPHISATION Elle correspond à une perturbation de l’équilibre biologique des sols et des eaux due à un excès d’Azote notamment d’origine atmosphérique (NOx et NH2) par rapport à la capacité d’absorption des écosystèmes. POLLUTION PHOTOCHIMIQUE la surface terrestre, par des composés présents dans l’atmosphère : CO2, CH4, H2O, O3, N2O, CFC. Une partie du rayonnement IR n’est pas renvoyée vers l’espace. Il y a donc absorption d’énergie. Cette énergie est transformée en chaleur. La plupart de ces composés sont présents à l’état naturel, ce qui a permis le développement et le maintien de la vie sur Terre. La température moyenne sur terre est de 15°C. Si l’effet de serre naturel n’existait pas elle serait de -18°C ! Depuis l’ère industrielle, il y a accroissement des concentrations des gaz à effet de serre : *CO2, lié principalement aux combustions industrielles, domestiques et aux transports. *CH4, lié principalement aux pratiques agricoles : riziculture,élevage,… *N2O, lié principalement aux pratiques agricoles également. *CFC (maintenant bannis), HFC, PFC, SF6 APPAUVRISSEMENT DE L’OZONE STRATOSPHERIQUE Celui-ci est qualifié de bon ozone car il absorbe le rayonnement UV solaire et nous préserve ainsi contre le risque de cancers cutanés et autres mutations génétiques. Il préserve également l’activité photosynthétique des plantes. De nombreux composés peuvent détruire l’ozone (OH, H, NO, Cl, Br, HO2). Une forte corrélation entre le déficit en ozone et les concentrations en CIO a été mise en évidence. La présence des radicaux Cl et ClO dans la stratosphère est liée l’émission naturelle de chlorure de méthylène par les océans et aux chlorofluorocarbures (CFC) émis par les activités humaines Molécules très stables, les CFC sont transportées dans la stratosphère ou elles libèrent le Chlore et perturbent ainsi l’équilibre EFFET DE SERRE naturel régissant la présence d’ozone Phénomène naturel lié à l’absorption à cette altitude. La baisse des des rayonnements infrarouges (IR) de concentrations de cet ozone a des grande longueur d’onde renvoyés par effets climatiques et biologiques. Ou pollution photo oxydante est un ensemble de phénomènes complexes qui conduisent à la formation d’ozone et d’autres composés oxydants à partir de polluants primaires (appelés précurseurs) : oxydes d’azote et composés organiques volatils (COV) et d’énergie apportée par le rayonnement ultraviolet (UV) solaire. Ces phénomènes ont lieu dans les couches d’air proche du sol et dans la troposphère libre. L’ozone formé à ce niveau est qualifié de «mauvais ozone» en raison de ses effets néfastes sur la santé humaine et sur les végétaux. L’ozone de la stratosphère (1930 km d’altitude) au contraire est qualifié de «bon ozone» puisqu’il nous protège du rayonnement UV solaire. 10 LE TROU DANS LA COUCHE D’OZONE La couche d’ozone est es- sentielle à la vie sur terre car elle la protège des rayonnements UV nocifs. Or cette couche protectrice s’est amincie dangereu-sement, particulièrement à une altitudecompriseentre14 et 20 km. Le 15 mars 1988, la NASA diffuse un rapport mené par une centaine de chercheurs dans le monde :la con-centration en ozone stratosphérique a diminuéen moyenne de 1,7 à 3% dans l’hémisphère nord entre 1969 et 1986. De surcroît, le rayonnement moyen mondial des UV-B au niveau de la surface terrestre s’est élevé de 10% entre 1986 et 1996. La dégradation de la couche d’ozone implique une moindre filtration des rayons UV les plus nocifs et une élévation des risques pour la vie terrestre:brûlures superficielles, con-jonctivites, cataractes, augmentation des cancers et vieillissement de la peau, maladies du système immunitaire, réduction de la photosynthèse avec comme conséquence une diminution des rendements et de la qualité des cultures, disparition du plancton, premier maillon des chaînes alimentaires aquatiques… EFFETS SUR LA SANTé Les polluants peuvent agir à diffé- (SO2, poussières, NO2, Pb, O3) en- dément dans les poumons. NO est un tre autres sont soumises à des direc- gaz irritant pour les bronches, il réduit rents niveaux du corps humain. tives de l’OMS qu’il faudrait respecter. le pouvoir oxygénateur du sang. Au niveau de la peau C’est le cas notamment des vapeurs irritantes et des phénomènes d’allergie. Au niveau des alvéoles pulmonaires Les polluants se dissolvent et passent dans le sang ou dans les liquides superficiels. Au niveau des organes où peuvent s’y accumuler certains toxiques véhiculés par le sang. Les polluants peuvent avoir des effets selon diverses échelles : -Effets immédiats, tels que ceux observés lors des accidents historiques. -Effets à brève échéance. -Effets à long terme constatés après une exposition chronique à des concentrations qui peuvent être très faibles. Les limites de concentration dans l’air ambiant de certains polluants EFFETS SUR LES MATERIAUX Les matériaux sont essentiellement affectés par la pollution acide qui entraîne une dégradation des édifices, monuments ou façades d’immeubles. La pollution atmosphérique met en danger les patrimoines culturels et occasionne d’onéreux travaux de ravalement de façades ou de restauration des monuments. EFFETS SUR LES ECOSYSTEMES FORESTIERS Les particules COV Plus les particules sont fines plus elles pénètrent profondément dans l’appareil respiratoire et plus leur temps de séjour y est important. Elles ont une double action liée aux particules proprement dites et aux polluants qu’elles transportent (métaux, hydrocarbures, dioxyde de soufre, etc. ). Elles irritent le système respiratoire et peuvent contribuer au déclenchement de maladies respiratoires aigues. Certains composés organiques tels que les aromatiques, les oléfines provoquent des irritations des yeux. Les aldéhydes sont de puissants irritants des muqueuses. Certains COV tels que le benzène, sont cancérigènes. SO2 CO Il se fixe sur l’hémoglobine du sang. Le phénomène est irréversible. On connaît les accidents mortels dus à l’inhalation de CO (lors du fonctionnement défectueux de chauffe-eau par exemple). Entraîne une inflammation des bronOzone ches avec un spasme qui provoque une L’ozone est un oxydant puissant. altération de la fonction respiratoire. C’est un irritant des yeux, de la gorge NO-NO2 et des bronches. Ses effets sont maNO2 est toxique (40 fois plus que CO, jorés par l’exercice physique. 4 fois plus que NO). Il pénètre profon- semble relever de causes tout à fait inhabituelles. Les chercheurs parlent de causes très complexes telles que sols de mauvaise qualité, sécheresses anormales mais incriminent principalement la présence de polluants dans l’atmosphère notamment la pollution acide et l’ozone. EFFETS SUR LES ECOSYSTEMES D’EAU DOUCE L’acidification des lacs et des cours d’eau entraîne une destruction parfois irréversible de la vie aquatique. La baisse du pH provoque la mise en soluLes arbres vivent et dépérissent pour tion de métaux contenus naturelledes causes naturelles très variées ne ment dans le sol, comme l’aluminium, serait-ce que l’age. Le dépérissement toxique à l’état dissous pour presque soudain constaté surtout depuis 1980 la totalité des organismes vivants. 11 3,3 MILLIARDS DE TONNES DE CO2 L’évolution des gaz à effet de serre est suivie par le Groupement intergouvernemental d’études sur le changement climatique (GIECC) qui rassemble une communauté de plus d’un million de scientifiques. D’après ces experts, le rejet annuel de CO2 non absorbé par la végétation s’élève à 3,3 milliards de tonnes ! Dossier LES EFFETS Dossier CATASTROPHES ET MALADIES SONT A REDOUTER Les quantités de gaz nocifs rejetés par les industries préparent des bouleversements de grande ampleur. Que des polluants atmosphériques puissent avoir des conséquences mortifères sur la santé ne fait guère de doute. Ainsi, durant l’hiver 1952, 4000 décès en 2 semaines à Londres furent imputés à un nuage d’oxyde de soufre. Mais pour la médecine, la vraie question est de déterminer l’impact des polluants respirés à petites doses tout au long d’une vie. Or, les connaissances sur les conséquences pour la santé d’un air pollué en permanence par des molécules diffuses en quantité inférieure aux normes en vigueur sont encore très embryonnaires. On sait que les changements attendus vont beaucoup affecter le cycle de l’eau. On prévoit ainsi une augmentation des inondations, sécheresses et autres cyclones, faisant des centaines voire des milliers de morts (se rappeler si besoin est le terrible « tsunami » dévastateur !). Et ce n’est pas tout, car avec la modification du climat, c’est celle des pathologies qui est redoutée. Des maladies pourraient frapper à des latitudes ou elles sont inconnues aujourd’hui. Certains épidémiologistes craignent déjà l’arrivée des moustiques vecteurs de la dengue sur le pourtour du bassin méditerranéen… La chaleur de l’été entraînerait de son coté une surmortalité due à une recrudescence des maladies cardiovasculaires, Les chercheurs redoutent également une augmentation des cas d’asthme liés à une plus grande vigueur du monde végétal. Certaines plantes très allergisantes augmentant leur aire de répartition grâce à un climat plus favorable. La hausse de température pourrait enfin provoquer une plus grande prévalence des calculs urinaires, conséquences d’épisodes de déshydratation. SOLUTIONS ET ALTERNATIVES Pour lutter contre les pics d’ozone, les chercheurs s’orientent dans deux directions : élaborer des outils de mesure de plus en plus précis afin d’anticiper les alertes, et trouver les moyens techniques de réduire les émanations toxiques. D’ores et déjà, la « chimie verte » et les sources d’énergie non polluantes sont des pistes privilégiées pour concilier à la fois qualité de l’air et développement. Le déséquilibre du cycle du carbone est le principal responsable de la pollution atmosphérique. Pour y remédier, il n’y a qu’une solution : l’activité humaine doit réduire ses émissions. Si le raisonnement est simple, la mise en œuvre reste délicate. Elle implique de modifier considérablement les habitudes de consommation au Nord et de faire de gros investissement au Sud pour concilier environnement et développement. Laver les fumées d’usine : Le progrès technologique devrait aider les pays dans leurs obligations en matière de normes à respecter. Il existe par exemple des systèmes de lavage des fumées d’usine. La chimie «verte» fournit des solvants dépourvus de COV, soit en modifiant les processus de fabrication, soit en utilisant pour matière première des plantes comme le colza ou la betterave plutôt que du pétrole. Par ailleurs, l’électroménager devient moins gourmand en électricité grace à des moteurs plus performants. Responsable de plus de 40% des émissions de COV, de CO2 et d’oxydes d’azote, l’automobile est un secteur ou les améliorations devraient être spectaculaires. Les pots catalytiques piégeurs des principaux polluants ont un effet certain sur la réduction des précurseurs d’ozone. Des générateurs remplacés par des micro-barrages : Abritant les deux tiers de l’humanité, les pays en voie de développement consomment une part de plus en plus importante des énergies fossiles. Dès 1997, lors de la signature du protocole de Kyoto, les pays développés ont imaginé, ou- 12 tre des opérations de reboisement, des «permis à polluer» échangeables. Leur principe est simple : « lorsqu’un industriel d’un pays développé investit dans un pays en voie de développement, il est incité à utiliser la technologie la moins émettrice » explique un chercheur. S’il venait à dépasser les normes requises, un autre prendra sa place. La Banque Mondiale a lancé en 1997 le programme Prototype Carbon Fund (PCF). Parmi les projets réalisés, on trouve l’exploitation du méthane des décharges en Lituanie, le remplacement de générateurs au diesel par des micro-barrages en Ouganda, un programme d’énergie solaire au Costa Rica, etc… L’Avenir du nucléaire : Faut-il promouvoir l’énergie nucléaire ? Elle présente l’énorme avantage de ne pas émettre de gaz à effet de serre. Certes, reconnaissent ses détracteurs, mais elle produit des déchets radioactifs dont certains ont une très longue durée de vie. Donc un problème de stockage qui est loin d’être sécurisé. Une récente étude sur la pollution de l’air à Alger (réalisée en 2001) fit ressortir la conclusion suivante : « Comparée à des villes européennes de même envergure, la ville d'Alger ne subit pas une pollution alarmante par les NOx. Ceci s'explique d'une part par le faible taux de motorisation à Alger (environ un véhicule pour 6 personnes) et d'autre part par l'absence en milieu urbain de grandes installations industrielles émettrices de NOx. C'est la production photochimique lors du transport du panache urbain qui est à l'origine de ces épisodes d'ozone. Cette situation est d'autant plus inquiétante que les masses d'air transitant sur la ville se dirigent fré- quemment vers les banlieues Sud et Est où de nouvelles cités à forte densité de population ont vu le jour ces dernières années. Tout comme dans d'autres villes, l'urbanisation et le trafic routier sans cesse croissant représentent à Alger l'enjeu essentiel pour la qualité de l'air. La pollution par les particules en suspension est trop importante à l’image de tous les pays en développement dépassant les valeurs guides de l’OMS. La présence de polluants organiques cancérigènes tels que les hydrocarbures aromatiques polycycliques et les hydrocarbures aromatiques monocycliques à des teneurs équivalentes et parfois supérieures à celles ren- contres dans des villes plus motorises révèlent l’importance des émissions polluantes issus du trafic routier a Alger du au vieillissement du parc, au manque de maintenance et l’absence de système de dépollution ». Pour conclure, il faut savoir que les méthodes de réduction des gaz à effet de serre sont désormais bien connues. Les pays développés sont appelés à respecter leurs engagements et changer leurs habitudes, les pays en voie de développement à acquérir la technologie indispensable pour faire face à l’immense défi. Cela ne pourra se réaliser qu’à travers une véritable solidarité NordSud, et leur succès ne dépendra que de la bonne volonté humaine. Dossier UN MOT SUR LE PLAN LOCAL Sources : - Science et Vie (Spécial terre) N°1020 septem bre 2002. - Caractérisation du parc automobile et pollution de l’air à Alger. Laboratoire d’Energie et de Pollution de l’Air (LEPA)-Blida et Laboratoire des Sciences et Techniques de l’Environnement (LASTE)- Alger 2001. - Sites Internet : notre- planète. info. Juin 2006. Dossier préparé par Dr Mahieddine GHRISS La blue tongue (Langue bleue) Docteur DEHABA FAYCAL - Vétérinaire C’est une maladie infectieuse des ovins et rarement celle des bovins. L’agent pathogène est un virus. Ce dernier est transmis grâce à des vecteurs intermédiaires par piqûre directe et dont les agents sont les culicoides (mouches suceuses) et le moustique. Le virus de la blue tongue possède 16 souches antigéniques distinctes. Il résiste à la décomposition et vit longtemps dans la viande et les issues de boucherie. Il résiste à certains antiseptiques puissants tels, l’hydroxyde de soude et l’iode. Chaque souche antigénique développe une immunité durable chez l’animal infecté et guéri, mais il n’existe pas d’immunité croisée vis-à-vis des au- tres souches. L’agneau sous la mère ♦ la mort intervient vers le 6ème jour est relativement résistant si sa mère de l’apparition des symptômes. l’est (grâce au colostrum). Traitement L’incubation dure 2 à 4 jours Il est surtout symptomatique, AINS Les symptômes associés à de fortes doses d’a♦ une hyperthermie 40.5 - 41°C moxicilline sans oublier les antioedependant 5 à 6 jours mateux et les irrigations et antisep♦ un jetage nasal. tiques (bleu de méthylène). En résumé, cette maladie n’est pas ♦ hyper salivation une zoonose (donc non transmissible ♦ Plus tard, les muqueuses buccale et nasale deviennent rouges puis vi- à l’homme). Elle sévie sous forme rent au bleu cyanose avec ulcérations d’épizootie apparaissant en été et atteignant son summum à l’automne et surinfection entraînant une : ♦ difficulté de déglutition et respiratoi- La viande issue de ces animaux est re. Le jetage est mucco-purulent; la interdite à la consommation humaine salive est mousseuse et rosâtre pour cause de viande fiévreuse. (sang ). 13 Médecine vétérinaire [email protected]. Septembre 2006. Cardiologie Insuffisance Véritable problème de santé publique que constitue cette pathologie ces dernières années à cause de son incidence, qui est en nette progression et à son nombre croissant d’hospitalisation, avec souvent de nombreuses rechutes. Cette dernière décennie a connu un nouveau concept de l’insuffisance cardiaque, qui a permis de mieux comprendre certaines phases cachées de cette pathologie ce qui permet maintenant une meilleure prise en charge, notamment grâce à l’arrivée sur le marché de nouvelles classes thérapeutiques. Quelques chiffres Il n’y a pas encore de chiffres disponible en Algérie. En France : - on dénombre 484000 cas en 1992 - 1 % de la population - 10 % pour la population de plus de 80 ans. - 0.5 – 5 % de nouveau cas par an. - plus de 40000 décès/an - Elle est plus fréquente chez le sujet âgé : dans cette population on observe beaucoup plus de cas d’insuffisance cardiaque diastolique : • difficultés diagnostic • poussée congestive • sensibilité due à la perte de la systole auriculaire : • fréquence de l’arythmie par fibrillation auriculaire. • représente 30- 40 % de cas d’insuffisance cardiaque. • souvent associée à de l’HTA ; cardiomyopathie hypertrophique. • très sensible à la variation de la volémie. • meilleur pronostic Manifestations cliniques • la dyspnée : principal symptôme. Le patient éprouve des difficultés pour respirer durant les efforts ou au repos. Une classification est proposée selon le degré de cette gène (NYHA) de I à IV. • foie cardiaque : gros et douloureux • tachycardie. • bruit de galop : rythme cardiaque à 3 temps évoquant le bruit du galop d’un cheval. • reflux hépato-jugulaire. • pincement de la tension artérielle. • oligurie. • ascite • œdèmes : d’abord une prise de poids rapide puis des œdèmes au niveau des chevilles, des jambes, des cuisses et des lombes ; sont généralement blancs, mous et indolores. Ces signes cliniques peuvent se voir aussi bien dans l’insuffisance cardiaque systolique ou diastolique. L’apport de l’échocardiographie est capital pour poser le diagnostic positif : évaluer la sévérité de l’atteinte et le type systolique et/ou diastolique ; rechercher l’asynchronisme interventriculaire ou intraventriculaire. Quel est le rôle du médecin généraliste dans la prise en charge de l’insuffisant cardiaque ? Devant cette pathologie chronique, il est évident que le médecin généraliste est à la base de la prise en charge de l’insuffisant cardiaque : Devant le nombre encore élevé des décès et des ré-hospitalisations fréquentes dont environ 50% pourraient être évitées, il faut créer un réseau bien organisé et structuré. Pour un meilleur suivi du malade : Les deux piliers de cette prise en charge : des visites régulières à domicile. une éducation du patient : qui sera informé sur sa maladie, les symptômes précurseurs de décompensation, le suivi biologique, l’hygiène de vie (en particulier la nutrition), son traitement et l’évolution de la maladie. Et 14 pourquoi pas d’être capable d’ajuster certaines thérapeutiques tels que les diurétiques, le but essentiel étant d’éviter les ré-hospitalisations «évitables» surveillance régulière de son ionogramme, créatinine, urée : une fois le traitement instauré. Thérapeutique Repose d’abord sur des conseils d’hygiène de vie : • le repos : permet de diminuer le travail cardiaque. Le plus souvent, c’est un repos partagé entre le lit (position demi assise) et le fauteuil ; en bougeant souvent les jambes afin d’éviter la stase veineuse. • une certaine activité est tolérée sans arriver à la dyspnée. • préconisé une réduction des heures de travail (en dehors des poussées) ; utiliser le moyen de transport le moins fatiguant et le moins énervant. • certains sports peuvent être repris progressivement en évitant toute compétition, et les sports violents. • Régime appauvri en sel • Alimentation équilibrée ; l’obésité doit être combattue. Thérapeutique médicamenteuse A connu une avancée importante par la mise sur le marché de nouvelles molécules. les diurétiques Sont essentiels pour le traitement symptomatique lorsqu’une surcharge hydrique existe. Avant tout traitement, un bilan clinique (poids, état général, pression artérielle, pouls) et biologique (ionogramme sanguin et urinaire, Dr BERRABHA Tewfik - Cardiologue à CHLEF créatinémie, urémie, glycémie à jeun) sera pratiqué. les IEC Améliorent la fonction VG, diminuent la mortalité. Il faut savoir varier les doses progressivement croissantes, jusqu’aux doses maximales tolérées par le malade. les bêtabloquants Autrefois contre-indiqués dans cette pathologie, toutes les études s’accordent sur leurs bienfaits : préservent de l’aggravation de l’insuffisance cardiaque due à l’effet néfaste des catécholamines ; assurent une meilleure relaxation du muscle cardiaque et s’opposent à des complications par trouble du rythme Réduisent la mortalité Améliorent la fonction d’éjection du ventricule Diminuent les résistances périphériques, autorisant ainsi une meilleure vidange systolique et à terme une réduction de l’hypertrophie VG. Indiqués dans l’IC chronique stable, en complément des IEC, diurétiques et éventuellement des digitaliques. Les Inibiteurs de l’Enzyme de Convertion Traitement de référence de l’IC. Baissent la concentration plasmatique de l’angiotensineII et de l’aldostérone; augmentent celle de la bradykinine. L’association avec un diurétique est souvent indiquée, en particulier s’il existe une surcharge hydrique patente (œdème, orthopnée) Les Digitaliques Leurs utilisation a été remise en question. Sont utilisés lorsque le rythme cardiaque est suffisamment élevé et seulement en association et après échec des IEC/diuretiques seuls. Indispensable si arythmie par fibril- lation auriculaire rapide. Les dérivés nitrés indiqués dans l’œdème aigu du poumon au long cours : diminuent la post charge Les Antagonistes de l’angiotensine II ne limitent pas la production de l’angiotensine 2, mais bloquent son action par antagonisme compétitif sur les récepteurs. étude CHARM : a montré que les CANDESARTANS est une bonne alternative aux IEC ; que l’association IEC-SARTANS est sure et favorable. A L’avenir La resynchronisation cardiaque, associée à un traitement médicamenteux améliore la qualité de vie des patients souffrant d’IC accompagnée d’asynchronisme inter ventriculaire. - L’appareil (CRT C : cardiaque R : resynchronisation T : thérapie) est de la taille d’une boite d’allumette plate, implantée sous la peau, connecté avec le cœur par trois électrodes. Il produit des petits signaux électriques qui sont dirigés vers les ventricules et les fait contracter de manière synchrone, c'est-à-dire simultanée comme c’est le cas en situation normale. Pr Hamza Klioua Le Pr Hamza Klioua est né le 16 février 1919 à Bejaia. Il accomplit son enseignement dans le cycle primaire dans sa ville, le secondaire en partie à Sétif puis à Alger. Après le bac, il s’inscrit à la faculté de médecine d’Alger. Il achève ses études médicales en 1946. Le Dr Klioua exerce de 1947 jusqu’à 1960 à Fedj Zmala actuellement Ferdjioua). En 1960, il entame des études médicales de spécialité en rhumatologie à Paris, à l’hôpital Cochin dans le service du Pr Coste. En 1962, il revient au pays. Après l’indépendance, il est le premier recteur de l’université de Constantine. Responsabilité qu’il quitte pour revenir à Alger à la fin des années 60 pour prendre en main le service de rhumatologie à Mustapha. Avec la restructuration des services médicaux de la capitale, le service du Pr Klioua est transféré à Beni Messous. Il continue à le diriger jusqu’à son départ à la retraite, en 1991. Il crée et préside la société algérienne de rhumatologie de 1983 à 1987. Le Pr Hamza Klioua décède le 14 novembre 2003 à Alger. Dr BENKHALED Ahmed Le Pr Hamza Klioua 15 Médecins illustres cardiaque Épidémiologie La tuberculose, nouvelle menace pour l'Europe La tuberculose est de retour sous une forme plus grave, plus souvent mortelle qu'avant, qui en fait une menace pour l'Europe, la plus importante pour cette maladie depuis la Seconde Guerre mondiale. Des souches résistantes aux médicaments anti-tuberculeux se trouvent aux portes de l'Union européenne, dans des pays où le SIDA s'est propagé après la chute de l'Union soviétique dans les années 1990. "La résistance aux médicaments observée actuellement est sans aucun doute la situation la plus inquiétante concernant la tuberculose que le continent ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale. Le grand nombre de cas de tuberculoses multi-résistantes dans les pays baltes, en Europe de l'Est et en Asie centrale ainsi que l'émergence d'une nouvelle souche particulièrement résistante du bacille ont conduit les autorités sanitaires internationales à créer en partenariat européen pour combattre la maladie: le "Stop TB Partnership in Europe". La tuberculose, affection respiratoire qui se propage par la toux et le nez qui coule, est la maladie infectieuse curable la plus mortelle. L'Organisation mondiale de la santé estime que 1,7 million de personnes en sont mortes en 2004. Parmi les 20 pays où l'on trouve le plus de germes multirésistants, 14 se situent dans la région européenne, selon une étude récente menée par l'OMS et les centres américains de contrôle et de prévention des maladies. Les pays européens présentent aussi le plus fort taux de cas de tuberculose résistante baptisée XDR-TB. En Europe, toutes les heures, 50 personnes contractent la tuberculose et huit d'entre elles en meurent, selon Pierpaolo de Colombani, un expert de l'OMS. Environ 15% de tous les cas européens de tuberculose sont multirésistants. Mais l'incidence de cette maladie est variable d'Ouest en Est. En Suède, par exemple, on enregistre quatre nouveaux cas pour 100.000 personnes chaque année, contre 177 au Tadjikistan. L'incidence de la tuberculose dans les pays occidentaux d'avant l'élargissement de l'UE en 2004 est de 13 cas pour 100.000 personnes chaque année, un nombre multiplié par deux pour les 10 nouveaux membres, et par deux encore, soit 53/100.000 en Roumanie et en Bulgarie, voire 98/100.000 dans les anciennes républiques soviétiques de l'Est. Les migrations et l'expansion européenne pourraient accroître le risque d'importation du bacille. Les cas londoniens augmentent chaque année depuis dix ans, jusqu'à 100 cas/100.000 habitants dans certaines régions d'immigration. Les régions préoccupantes sont notamment les pays baltes, la Russie, la Turquie, l'Ukraine, la Moldavie et le Turkménistan. En France, selon l'Institut de veille sanitaire (InVS), 77 cas de tuberculose multi-résistante étaient enregistrés en 2003, notamment dans la population migrante (82%). Histoire de l'anesthésie (suite) accouchement réussi sous chloroforme. Ce produit fut très en vogue, surtout après que la reine Victoria l'eut expérimenté avec succès pour la naissance de son septième enfant, le prince Léopold. Les anesthésiques « modernes » D'autres anesthésiques font leur apparition; à la fin du siècle, la cocaïne est la première substance utilisée en anesthésie locale. Au début du XXe siècle, les techniques et les ap- pareillages se perfectionnent. Les anesthésies, moins toxiques, peuvent maintenant se prolonger, ce qui ouvre le champ à des actes opératoires jusqu'alors impossibles. Après la Seconde Guerre mondiale, l'anesthésie devient une discipline médicale autonome, à laquelle est adjointe la réanimation. Si la douleur est maîtrisée, le choc que subit tout organisme opéré est toujours présent. Il s'agit non seulement d'endormir le patient, mais aussi 16 de le surveiller avant, pendant et après l'opération et d'être à même de le réanimer à la moindre complication. Les connaissances en anesthésie et en réanimation se sont tellement développées que ces deux domaines sont devenus deux spécialités à part entière. Dr DEHABA Tewfik Cette fois-ci, nous allons parler de la responsabilité du médecin, pharmacien et chirurgien dentiste et de la façon de se protéger des risques d’accidents toujours possibles dans le cabinet médical ou l’officine. Il s’agit de l’assurance multirisque professionnelle que doit souscrire tout praticien du secteur privé. (les praticiens du secteur étatique étant eux également protégés normalement par une assurance globale) Cette assurance doit être souscrite par le praticien au niveau d’une agence d’assurance de son choix. Cette assurance est une couverture contre d’éventuel accident en rapport avec la pratique médicale (choc anaphylactique d’un patient dans la salle de soins, décès d’un patient suite à une manœuvre de réanimation, blessures (entrant dans les coups et blessures involontaires que les patients peuvent porter devant la justice ). Alors l’assuré (qu’est le médecin) signe une convention d’assurance passée entre lui et la société d’assurance. Ce contrat se matérialise par :des conditions générales : ce sont des textes qui définissent les garanties, leurs limites, leurs exclusions, les engagements réciproques des parties en tenant compte des dispositions réglementaires et légales en vigueur. des conditions particulières : (nom, adresse de la personne physique ou morale qui souscrit ; les caractéristiques des risques ; les garanties et le montant des capitaux ; la durée du contrat et date d’effet, la prime, mon- tant de la franchise… etc.) Grosso modo, cette assurance garantie un défense recours (avocat), un capital décès, dommages corporelle, sans oublier que cette même assurance garantie les dommages matériels, dégâts des eaux, feux… etc. Tout dépend du contrat que le souscripteur doit éplucher et en discuter avec son assureur. En conclusion : normalement tout praticien est sensé avoir une assurance multirisque professionnelle sachant que l’on n’est jamais à l’abri de la survenue d’un incident malgré toutes les précautions dont on se couvre. Le risque existe bel et bien dans notre métier. Que Dieu nous en garde inchallah, mais la prévention reste toujours la meilleure protection. Les légumes, une arme contre le vieillissement cérébral Manger suffisamment de légumes aide les personnes âgées à conserver un cerveau jeune et en bonne santé, et pourrait même retarder le déclin mental parfois associé au vieillissement, selon une étude publiée dans le dernier numéro de la revue américaine "Neurology". L'étude fait ainsi apparaître que ceux qui mangent plus de deux portions de légumes par jour semblent environ cinq ans plus jeunes au bout de six ans de suivi que ceux qui en ont mangé en petite quantité ou pas du tout. Si elle ne prouve pas que les légumes réduisent le déclin mental, cette recherche menée auprès de près de 2.000 hommes et femmes de la région de Chicago (nord des EtatsUnis) renforce toutefois les arguments allant dans cette direction. Les résultats font écho à des études précédentes menées chez les femmes. Les légumes verts, notamment les épinards, le choux frisé et les feuilles de choux semblent les plus bénéfiques, parce que ces aliments contiennent une grande quantité de vitamine E, un antioxydant qui aide à combattre les toxines. Les légumes contiennent généralement plus de vitamine E que les 17 fruits, dont la consommation n'a pas d'effet sur le déclin cérébral, tout du moins selon les résultats de cette étude. Les légumes sont souvent consommés avec des "bonnes graisses", en particulier des huiles de salade, qui aident l'organisme à absorber de la vitamine E et d'autres antioxydants, a déclaré le premier auteur Martha Clare Morris, chercheur à l'Institut du bien vieillir de l'Université Rush de Chicago. Les graisses provenant d'huiles bonnes pour la santé peuvent Suite du sujet en page 19 Le médecin et la loi L’assurance multirisque professionnelle Dermato-Vénéréologie Infections sexuellement Expérience du service de Dermato-Vénéréologie O. BOUDGHENE-STAMBOULI B. DAHMANI R. HAMLAOUI Service de Dermato-Vénéréologie du CHU de Tlemcen Si l'espoir de contrôler, voire d'éradiquer les maladies contagieuses «classiques» telles que la tuberculose, la poliomyélite, la variole, etc. est intact, les affections cutanées infectieuses restent un motif fréquent de consultation [1]. Les infections sexuellement transmissibles (IST), maladies infectieuses particulières par leur mode de transmission, sont to uj o ur s d' ac tu a l i t é p ar l e ur fréquence, leur diversité et les complications auxquelles elles exposent. Les IST sont cosmopolites, touchant toutes les ethnies, les deux sexes et tous les âges. Quelle est leur situation à Tlemcen (une grande ville de l'ouest Algérien comprenant un million d'habitants) ? Nous rapportons l'expérience des IST observées dans le service de Dermato-Vénéreologie du CHU de Tlemcen (Algérie) sur une période de 21 ans. 16,82%) et enfin des infections par le VIH avec 9 cas, soit I,35%. Il y avait une nette prédominance masculine : 583 hommes (87,5%) pour 83 femmes (12,5%). Le chancre mou ne touchait que le sexe masculin (100%), les urétrites : 165 hommes pour 3 femmes, la syphilis : 109 hommes pour 55 femmes, les condylomes: 89 hommes pour 23 femmes et les infections par le VI H : 7 hommes pour 2 femmes. L'âge moyen des malades atteints de chancre mou était de 32,6ans (extrêmes de 16 à 57ans), de ceux atteints d'urétrite de 43ans (extrêmes de 18 à 63ans), de ceux atteints de syphilis de 43 ans (extrêmes de 35 à 70ans), de ceux atteints de condylomes de 41,5 ans (extrêmes de 24 à 28 ans), de ceux infectés par le VIH de 32ans (extrêmes de 19 à 72 ans). Un cas de tumeur de BushkeLoewenstein anale a été observé. Malades et méthodes Discussion Il s'agissait d'une étude rétrospective à partir des dossiers de malades atteints d'IST sur une période de 21 ans entre 1981 et 2002. Comme partout dans le monde, les IST existent, mais elles sont rares dans notre service comme dans beaucoup de services hospitaliers algériens [1, 21]. Cinq IST ont été observées par ordre décroissant: chancre mou, urétrites, syphilis, condylomes, infections par le VIH. Le chancre mou est l'IST la plus fréquente dans notre service avec une réapparition tardive en août 1988 [3]. En Algérie, le chancre mou qui avait disparu des consultations durant près de 3 décennies semble bien installé, l'essentiel des contaminations est lié à la prostitution [3]. Les urétrites sont rarement observées en milieu hospitalier. Elles sont quasi Résultats Nous avons observé 667 cas d'IST. Cinq affections étaient représentées: chancre mou, urétrites, syphilis, condylomes, infections par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Le chancre mou avec 214 cas, soit 32,I% de l'ensemble des IST était la première IST, suivie des urétrites (168 cas, soit 25,2%), de la syphilis (164 cas, soit 24,6% toutes formes confondues ; la syphilis sérologique représentant à elle seule les 2/3 des cas), des condylomes 112 cas, soit 18 exclusivement masculines. Ceci s'explique par le fait que les femmes consultent plutôt un gynécologue et que la symptomatologie est plus discrète, à type de leucorrhées. La syphilis est la troisième IST dans notre service. Les formes symptomatiques sont rares : 52 cas (syphilis primaire: 35 cas ; syphilis secondaire : 10cas ; syphilis tertiaire : 7cas). Elle est plutôt sérologique, découverte fortuitement à l'occasion d'un examen d'embauche ou d'un examen de routine. La prépondérance masculine s'explique en partie par le fait que les femmes représentent une population moins touchée par les examens de dépistage et que les tests sérologiques ne sont pas obligatoires lors des examens de grossesse. La proportion élevée de syphilis non symptomatique par rapport aux autres formes est égalem ent notable à Alger. Benkaidali, dans sa thèse, a trouvé 293 cas sur un total de 625 syphilis de 1971 à 1980 et a observé une décroissance de la syphilis pendant 3 décennies de 1951 à 1980. Cette affection est donc considérée comme rare mais est certainement sousestimée quand nous voyons la forte fréquence de la syphilis sérologique. Les condylomes sont la quatrième IST avec une prédominance masculine nette, comme à Oran [4]. Cette IST n'a commencé à être observée dans le service qu'à partir de 1986. L'infection par le VIH est encore rare. Cette rareté doit être prise avec prudence car les malades atteints de IST ne consultent pas souvent à l'hôpital. En effet, au CHU de Tlemcen, une estimation de l'infection par le VIH, 3 transmissibles du CHU de Tlemcen (Algérie) durant 21 ans (1981-2002) A. BELBACHIR Spécialiste en dermato-vénérologie, Mohammadia ans après le début d'un dépistage sélectif, a donné les résultats suivants : 25 cas d'infection par le VIH (10 SIDA et 15 séropositivités). L'origine de la contamination a pu être précisée 23 fois : en France, 19 fois • (transfusionnelle: 11 fois; • toxicomanie : 6 fois ; • homosexualité : une fois ; • toxicomanie et sexuels : une fois), en Algérie 4 fois : ou rapports • produits sanguins : 3 fois ; • rapports sexuels : une fois. Parmi les 10 malades ayant un SIDA, un seul est vivant. Fares et al. [5] dans leur enquête en I993, avaient noté 402 séropositifs, résultats du dépistage du don du sang et des enquêtes ponctuelles notamment chez les prostituées. Au total, les IST sont rares dans notre service, comme dans beaucoup d'autres services hospitaliers. Lors du symposium national sur les IST (Constantine 14-15 décembre 1988), l'accent avait été mis sur la faible fréquence des IST en milieu hospitaher. Elles sont sous-estimées, sous-déclarées et traitées souvent par automédication. Leur rareté à l'hôpital s'explique par le fait que le malade préfère être vu en médecine privée, car les IST sont des affections que l'on cache, la femme plus que l'homme et assez souvent, leur origine vénérienne est niée. Références : 1. Boudghene-Stambouli 0. Profil épidémiologique des affections dermatologiques dans la wilaya de Tlemcen 1981-1995. Thèse de doctorat en Sciences Médicales. Université Aboubakr Belkaid Tlemcen, Algérie, 1 999. 2. Boudghene-Stambouli 0, MeradBoudia A, Tchouar S, Benmezroua H. Sexually transmitted disease hospital environment: observations made over nine years in the département of derm ato-vener eolog y of T lem cen (Algeria). journal of PAN-ARAB of Dermatologists 1990;2:57-61. 3. Boudghene-Stambouli 0, MeradBoudia A. Le chancre mou en Algérie : état de cette maladie sexuellement transmissible en 1995. Bull Soc Path Ex 1997;90:78-8o. 4. Serradj A, Boukerche T, Cheikh F. Epidémiologie des MST à Oran : enquête sur 3 années. IIes Journées régionales de la société algériennes de dermatologie. Tlemcen 8-9 décembre 1993. 5. Fares EG, Bouakaz R. Situation épidémiologique actuelle et futur de l'infection à VIH en Algérie. Sidalerte, 1994, n° 3, 25-6. Les légumes, une arme contre le vieillissement cérébral (suite) aider à conserver un niveau bas de cholestérol et à éviter que les artères ne se bouchent, deux facteurs de bonne santé cérébrale. L'étude a concerné 1.946 personnes âgées de 65 et plus, par le biais de questionnaires relatifs à leurs habitudes alimentaires. Une portion de légumes équivalait à une demitasse ou à une tasse si il s'agissait de légumes verts à feuilles, par exemple d'épinards. Les participants ont eu droit à des tests cognitifs, trois fois pendant les six ans de suivi, et 60% environ des volontaires étaient des Noirs. Les tests comprenaient l'évaluation de la mémoire à court et long terme, ainsi que des exercices utilisant des symboles et des nombres. Au total, les personnes avaient des performances qui se détérioraient avec le temps, mais ceux qui mangeaient quotidiennement plus de deux rations de légumes avaient en moyenne 40% 19 de déclin en moins que ceux qui en mangeaient peu, voire pas du tout. Les résultats des tests étaient ceux attendus chez des personnes plus jeunes de cinq ans, a déclaré Martha Clare Morris. Par ailleurs, les mangeurs de légumes étaient plus actifs physiquement. Les chercheurs ne se sont pas penchés sur les effets des légumes sur la maladie d'Alzheimer. Source : http://www.neurology.org Octobre 2006 à propos de vaccination anti-grippale Pour prévenir la grippe, rien que la vaccination ! La saison grippale arrive à grands pas. Mais à la campagne de vaccination qui vient de démarrer s’en ajoute une autre cette année. Celle-là concerne les antiviraux, proposés en prévention chez les enfants. Que faut-il en penser ? Les antiviraux oraux sont bien autorisés en effet, chez l’adulte et l’enfant d’un an ou plus, dans le traitement et la prophylaxie de la grippe. Pourtant estime le Pr Jean-Paul Giroud, membre de l’Académie nationale de médecine, «les antiviraux ne devraient être indiqués qu’en cas de contre-indication aux vaccins anti-grippaux ». C’est-à-dire pour les personnes allergiques à l’oeuf et aux protéines de poulet. Ou bien encore pour celles qui souffrent d’une infection aiguë. Pour toutes les autres, «les antiviraux ne peuvent remplacer la vaccination annuelle dont l’effet sur la morbidité et la mortalité a été très clairement démontré. Ce n’est pas le cas pour les antiviraux, qui permettent de réduire d’une journée à une journée et demi la durée des symptômes». Rappelons par ailleurs que la Revue Prescrire a récemment souligné qu’en prévention de la grippe chez l’enfant, la balance bénéfice/risque du Tamiflu – un antiviral, précisément – « n’était pas favorable ». Destination Santé - Octobre 2006 Les décès de 4 Israéliens "ne remettent pas en cause" le bénéfice du vaccin anti-grippal Selon 2 communiqués des autorités françaises, rien ne permet d’affirmer que la mort de 4 Israéliens après une vaccination antigrippale soit liée au vaccin. Les Suisses confirment, et les Israéliens relancent la campagne vaccinale. Fausse alerte ? Elle aura été chaude en tout cas, le jour même où la Caisse nationale d'Assurance-maladie lançait sa campagne nationale pour la vaccination des seniors... L’information présentait toutes les caractéristiques d’un bon candidat à la rumeur. Quatre personnes qui décèdent pour des raisons pas évidentes. Qui présentent pour caractère commun d’avoir été toutes vaccinées contre la grippe. Et de surcroît avec un vaccin venant du même laboratoire, le Français Sanofi-Pasteur. Les autorités françaises ont immédiatement saisi l’Agence française de Sécurité sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS) et l’Agence européenne du Médicament. Xavier Bertrand a par ailleurs réuni «l’ensemble des services concernés (Direction générale de la Santé, Direction de l’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins, Direction générale de l’Action sociale), ainsi que l’AFSSAPS, l’Institut national de Veille sanitaire (InVS) et la Caisse nationale d’Assurance-maladie pour faire le point sur la situation en Israël (et) recueillir leurs avis et préconisations sur la vaccination contre la grippe saisonnière en France. » En fin d’après-midi, un communiqué du Cabinet faisait savoir que «les éléments (actuellement disponibles) ne remettent pas en cause le bénéfice de santé publique attendu de la vaccination (…) notamment pour les personnes à risques (plus de 65 ans, malades chroniques, professionnels de santé) ». Position confirmée en début de soirée par le Pr Didier Houssin, Directeur général de la Santé, et le Directeur général de l’AFSSAPS Jean Marimbert. Ces derniers ont indiqué que le ministre israélien de la santé «s’était prononcé pour une reprise de la campagne vaccinale». Ces événements sont néanmoins «tout-à-fait étonnants» nous a confié Jean-Hugues Trouvin, Directeur de l’évaluation des médicaments et produits biologiques à l’AFSSAPS. «Bien que nous ne soyons qu’au tout début de la campagne, nous frisons 20 déjà les quelques millions de sujets vaccinés» dans l’hémisphère nord. Or les décès enregistrés en Israël ne correspondent à aucun tableau cohérent. Nos voisins suisses confirment. A Berne la Commission fédérale pour les Vaccinations estime que « l’hypothèse la plus vraisemblable est celle de coïncidences, malheureusement inévitables lors de la vaccination de personnes dont les risques de décès par maladie cardiovasculaire sont élevés. » Cette position est étayée sur un faisceau de motivations : toutes les victimes avaient des problèmes cardiaques avérés ; les décès sont survenus de quelques heures à quelques jours après la vaccination ; ils sont également advenus « dans le contexte d’une campagne de vaccination extrêmement bien suivie ayant abouti à la vaccination de très nombreuses personnes âgées en un temps très court. » Sources: Direction générale de la Santé et ministère de la Santé et des Solidarités, Paris 23 octobre 2006 ; Commission fédérale pour les Vaccinations, Berne 23 octobre 2006 Destination Santé - Octobre 2006