le campagnol des champs en production de

Transcription

le campagnol des champs en production de
AFPP – DIXIÈME CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LES RAVAGEURS EN AGRICULTURE
MONTPELLIER – 22 ET 23 OCTOBRE 2014
LE CAMPAGNOL DES CHAMPS EN PRODUCTION DE SEMENCES FOURRAGERES
– EVALUATION DE PRESENCE ET METHODOLOGIE D’OBSERVATION
F. DENEUFBOURG
(1)
(2)
(1)
et L-M. BROUCQSAULT
(2)
FNAMS 49800 Brain/l’Authion, France [email protected]
FNAMS 26800 Etoile/Rhône, France [email protected]
RÉSUMÉ
Les cultures fourragères en production de semences (environ 40 000 ha en France) sont
particulièrement sujettes aux attaques de campagnols des champs (Microtus arvalis) qui y trouvent
d’excellentes conditions d’installation et de nourriture (cultures pérennes, importante couverture de
sol, appétence…). Depuis fin 2010, date de retrait de la chlorophacinone en usage agricole, la lutte
contre ce ravageur était classée en usage orphelin. En juin 2014, un arrêté interministériel vient
d’être publié pour organiser une démarche collective à l’échelle des territoires et mettre en place
une nouvelle méthode de lutte globale reposant sur la surveillance des populations et la mise en
œuvre d’une panoplie d’actions associant prévention et lutte curative. Etat des lieux sur la présence
de campagnols des champs en cultures fourragères porte-graine en France et réflexion sur les
méthodes de comptages spécifiques nécessaires à ces cultures.
Mots-clés : campagnol des champs, semences, fourragères, biosurveillance.
ABSTRACT
Forage seed production fields (about 40 000 ha in France) are particularly prone to attacks voles who
find excellent installation and food conditions (perennial crops important ground cover, appetite ...).
Since late 2010, the date of withdrawal chlorophacinone in agricultural use, the fight against this
pest was classified as orphan use. In June 2014, a ministerial decree has been published to organize a
collective approach across territories and establish a new method of global struggle based on
population monitoring and the implementation of a range of actions involving prevention and
curative control. State of play on the presence of voles on forage crops seed production in France
and reflection on the methods needed for these specific counts forage crops.
Keywords: meadow vole, seeds, forage, biomonitoring.
INTRODUCTION
La FNAMS se préoccupe depuis de nombreuses années de la lutte contre les campagnols des champs
(Microtus arvalis) face aux importants dégâts constatés en production de semences. Les cultures
fourragères en particulier (graminées et légumineuses) sont pour, ces rongeurs, des lieux de vie de
prédilection car ce sont des cultures pérennes, appétentes et couvrantes en automne/hiver…). Les
populations de campagnol des champs qui s’installent dès l’automne dans les cultures, y trouvent
d’excellentes conditions de développement et de reproduction. En conditions hivernales favorables
(faibles précipitations, températures douces) et sans contrôle adapté, des pullulations peuvent être
observées au printemps, avec des dégâts alors irrémédiables sur la production grainière (tiges ou épis
sectionnés). D’importants dégâts peuvent également avoir lieu dès l’automne sur jeunes cultures
semées sous couvert ou entrant en 2ème année de production (cas notamment des luzernières). Dans le
pire des cas, des parcelles entières peuvent être détruites par ce rongeur (dégradation très importante
de l’état cultural conduisant au retournement de parcelles) (Hacquet, 2012).
Après l’arrêt d’autorisation d’emploi de la chlorophacinone en usage agricole en fin d’année 2010
(retrait définitif de cette substance active de l’annexe I de la Directive Européenne 91/414), une
nouvelle stratégie de lutte raisonnée a été élaborée, déclinée en 2014 dans l’Arrêté interministériel
« relatif au contrôle des populations de campagnols nuisibles aux cultures ainsi qu’aux conditions
d’emploi des produits phytopharmaceutiques contenant de la bromadiolone » publié au Journal officiel
en juin 2014.
Celui-ci décrit les principes et les modalités d’application de la stratégie de lutte globale qui repose sur
3 axes :
• la surveillance des territoires, avec la mise en œuvre de réseaux d’observation
• une démarche collective (sur toutes cultures et par zone géographique, en lien avec les FREDON)
• la lutte raisonnée, avec différentes méthodes préventives (mesures favorisant la prédation,
modification des pratiques agricoles, piégeage…) et, si nécessaire, des traitements localisés (à base
d’appâts) et basés sur la base d’indices de présence observés en parcelle (comptages obligatoires).
L'efficacité des méthodes de lutte engagées contre le campagnol repose en premier lieu sur
l'information (cinétique de développement) transmise aux agriculteurs à partir d'observations des
populations. La FNAMS a très tôt développé des réseaux de biosurveillance ; elle participe aujourd’hui
de manière très active au développement de ces réseaux d’observation coordonnés par les FREDONFDGDON.
Selon le Code Rural, la lutte contre les nuisibles doit être collective et encadrée par des Groupements
de Défense contre les Organismes Nuisibles (GDON à l’échelle du canton; FDGDON à l’échelle du
département). Ainsi, la nécessité d’un traitement par application raisonnée de la bromadiolone (appâts
enfouis) sera, le cas échéant, déduite de cette surveillance effectuée à l’échelle parcellaire. Le principe
essentiel de cette lutte curative est une intervention uniquement possible « à basse pression » (faible
présence d’indices d’activité constatée) permettant de limiter les quantités de produit apportées et de
maintenir en permanence les populations à très faible niveau (sans nuisibilité). Au-delà d’un certain
seuil de pullulation, celle-ci ne peut plus être mise en oeuvre. L’Arrêté décrit également les modalités
de distribution et de traçabilité des produits contenant de la bromadiolone.
MATERIEL ET MÉTHODE
L’étude présentée ici concerne des résultats d’appréciation de présence du campagnol des champs
dans les cultures fourragères porte-graine au travers de différentes approches :
- une enquête globale de présence sur l’ensemble du territoire effectuée au printemps 2013
- des résultats de comptages d’indices de présence en parcelles de multiplication réalisées à
l’automne 2012
- une comparaison de 2 méthodes de comptages, « officielle » et « simplifiée », au printemps
2013
‘1- ENQUETE DE PRESENCE POUR LA CAMPAGNE 2012-2013
Depuis quelques années, on observe une recrudescence des populations de campagnols dans les
cultures porte-graine, notamment fourragères. Les zones touchées sont principalement le Nord-est
(graminées), la Vendée (luzerne), l’Isère (graminées) et la Drôme (luzerne et potagères). Le
campagnol des champs est le principal rongeur, sauf dans les cultures porte-graine de la Drôme dont
les dégâts sont surtout liés au campagnol provençal (Microtus duodecimcostatus). On observe aussi
des dégâts dans les cultures potagères de la Beauce et, de manière générale, les dégâts sont
également de plus en plus fréquents en céréales. Deux attaques sévères dans les cultures
fourragères, en Isère en 2007 et en Vendée en 2011, ont conduit à des pertes considérables de
rendement grainier. En 2012, des pertes ont été déplorées dans de nombreuses cultures de
graminées et de luzerne, un peu partout en France. Face à l’urgence de trouver de nouvelles
solutions de lutte contre les campagnols (usage orphelin depuis 2010) causant des dégâts plus ou
moins importants chaque année qu’il fallait évaluer quantitativement, la FNAMS a réalisé au
printemps 2013 une enquête nationale auprès de tous les techniciens de production de semences
fourragères, qui suivent l’ensemble des parcelles de multiplication tout au long de l’année.
L’enquête de la FNAMS a été menée par mail auprès de l’ensemble des techniciens d’établissements
semenciers en charge des suivis de cultures fourragères. Pour ces productions contractuelles,
chaque parcelle fait l’objet d’un suivi et de notations en cultures tout au long de l’année par un
technicien de l’établissement contractant. Au total, une centaine de techniciens représentant 35
établissements semenciers,ainsi que quelques structures « relais » de placement de contrats pour un
établissement donné, ) ont été enquêtés, couvrant la totalité des bassins de production (31 400 ha
en 2013). L’objectif de l’enquête était d’évaluer la nuisibilité des campagnols des champs (ou autres
campagnols) sur les cultures fourragères porte-graine au cours des 2 dernières années (seuls les
résultats de la campagne 2012-2013 sont présentés dans cette communication).
Il était demandé à chaque technicien de renseigner les informations suivantes :
- les cultures suivies (une réponse si possible par espèce ou, à défaut, par groupe d’espèces)
- la zone géographique de production (département ou région)
- les hectares en production sur la campagne 2012-13
- les surfaces (exprimées en hectares) concernées par les dégâts de campagnols, observés au
cours de la campagne et une appréciation des dégâts, selon une échelle à 5 niveaux d’intensité :
Surfaces
totalement
détruites par les
campagnols
Surfaces pour partie
détruites à cause des
campagnols (autres
causes possible)
Surfaces
gravement
touchées
Surfaces
moyennement
touchées
Surfaces peu
ou pas
touchées
D’autres appréciations qualitatives pouvaient également compléter la réponse (évolution constatée
des populations au cours de la campagne, méthodes de lutte préventives mise en place…).
‘2- COMPTAGE DE PRESENCE EN PARCELLES – RESEAU DE BIOSURVEILLANCE 2012-13
L’Arrêté interministériel de 2014 décrit précisément la méthode de comptage officielle à la parcelle des
campagnols, qui détermine un niveau de densité d’indices de présence (figure 1). Les résultats de ces
comptages sont transmis à l’OVS (Organisme à Vocation Sanitaire) pour permettre la mise en oeuvre
d’un traitement curatif et également un contrôle sur les conditions d’emploi des appâts empoisonnés.
En parallèle de ces comptages officiels pour la mise en œuvre de la lutte curative, la FNAMS a
développé dès l’automne 2006 une méthode d’observations « simplifiée », destinée à la surveillance
des populations dans l’objectif d’informerles agriculteurs multiplicateurs sur les niveaux de risque. Elle
s’inspire de celle de l’INRA (Laboratoire de la faune sauvage – Jouy en Josas) (Delattre, 1990), qui est
basée sur l’observation des traces d’activité (fèces). Elle reprend les mêmes principes d’observation
que la méthode officielle, c’est-à-dire le dénombrement de présence active de campagnols sur une
série de spots d’observations répartis tout au long d’une même diagonale de parcelle. Un spot
d’observation est l’unité de surface observée (correspondant à env 7 m² avec la méthode simplifiée).
L’indice de présence est exprimé en % d’un nombre total de spots d’observations (entre 30 et 50 selon
la taille de la parcelle) (figure 2).
Trois périodes d’observations sont propices :
• dès septembre-octobre en sortie des cultures de couvert ou de récolte des fourragères porte-graine
(pour les espèces pérennes qui restent en place pour une nouvelle production)
• en début d’hiver (décembre), pour les cultures récemment implantées
• au printemps, avec des observations plus difficiles à réaliser en raison du couvert végétal plus
dense (les taches de reverdissement de la culture avec présence de tiges coupées sont des indicateurs
d’activité).
La FNAMS réalise tous les ans des comptages dit « de surveillance » dans une 60aine de parcelles
réparties dans les principaux bassins de production. En 2012-2013, 65 parcelles ont fait l’objet de
comptage. Les résultats sont présentés dans le tableau III.
‘3- COMPARAISON DE DEUX METHODES DE COMPTAGE
Les 2 méthodes de comptages « officielle » et « simplifiée » sont présentées en figures 1 et 2. La
méthode de comptage simplifiée, dite « indiciaire », consiste à noter la présence active de campagnols
sur des spots d’observation successifs tout au long d’une diagonale dans la parcelle d’agriculteur. Dès
qu’une trace de présence récente est identifiée (crottes, végétaux coupés, couloir de circulation…), le
spot d’observation est positif. La densité de population est exprimée en % d’observations avec
présence active /nombre total d’observations. Par exemple, pour une parcelle de 5 ha avec 40 spots
d’observation effectués, 10 spots positifs correspondent à une densité de population de 25%. Chaque
spot d’observation correspond à un cercle de 1.5 m de rayon (un ½ cercle jusqu’en 2013),
correspondant à 7 m². La distance entre 2 observations est fonction de la longueur de la parcelle,
l’objectif étant de réaliser 30 à 50 notations par parcelle, avec des distances entre spot allant de 5 à 20
m. La taille plus réduite de la zone d’observation par rapport à la méthode officielle (15 m², 3 x 5 m) est
compensée par la recherche active des indices de présence qui s’effectue à l’arrêt (contrairement à la
méthode officielle qui se pratique en marchant, sur des placettes contigües). En effet, les cultures
fourragères porte-graine sont particulièrement couvrante en hiver (et parfois même dès l’automne), ce
qui nécessite une recherche active des indices dans la végétation, seulement possible à l’arrêt. Avant
2013, la méthode simplifiée de la FNAMS était effectuée sur un parcours aléatoire en W comportant
33 spots d’observation équidistants de 5 à 10 m.
En mars 2013, ces 2 méthodes ont été mises en comparaison lors d’un exercice de comptage officiel
réalisé par la FNAMS, la FREDON CA et le SRAL/DGAL dans une parcelle de fétuque élevée porte-graine
de l’Aube (Deneufbourg, 2013). La parcelle était en 1ère année de production (semis sous couvert de
pois de printemps) au stade redémarrage de printemps et plein tallage avec une hauteur de végétation
de 20 cm.
Figure 1 :
Dispositif d’observations et comptages avec la méthode « officielle » (DGAL)
pour le campagnol des champs (avec zones d’observation de 3m x 5m)
Observations sheme with official méthod for meadow vole population counts
Sens d'avancement
Repère A
5m
Repère B
3m
Figure 1b : Représentation d'une zone
élémentaire d’observation
Figure 1a : schéma du parcours « diagonale » dans une
parcelle d’environ 5 ha
(diagonale de 300 m avec 60 observations de 5 m)
Figure 2 :
Dispositif d’observations et comptages avec la méthode « simplifiée » (FNAMS)
Observations sheme with FNAMS méthod for meadow vole population counts
Repère A
Sens d'avancement
2 zones élémentaires
d’observation espacées de
5 à 20 m
(Selon taille de parcelle)
3m
Repère B
3m
Figure 2a : schéma du parcours « diagonale » dans une
parcelle d’environ 5 ha
(diag. de 300 m avec 42 observations tous les 7 m)
Figure 2b : Représentation d'une zone
élémentaire d’observation (~7 m²)
(notations effectuées à l’arrêt)
RESULTATS
‘1- ENQUETE DE PRESENCE AU COURS DE LA CAMPAGNE 2012-13
Au total, 28 retours d’enquêtes sont parvenus à la FNAMS, représentant 16 établissements
semenciers et 20 800 ha de production (soit les 2/3 de la production en 2013) (tableau I). Les
productions de semences de graminées sont particulièrement bien renseignées avec 89 % des
surfaces représentées. Les légumineuses le sont moins, avec seulement 49 % des surfaces. Les 2
principales régions de production (Ouest et Nord-est) ont eu d’excellents retours d’information.
Cette enquête fait état d’environ 1000 ha détruits par les campagnols (parcelles retournées), de
manière directe et indirecte, d’autres causes pouvant s’ajouter aux dégâts de campagnols :
hétérogénéité d’installation, salissement excessif en adventices… (tableau II). Si l’on ajoute à ces
destructions les surfaces gravement touchées (1400 ha), le total des surfaces fourragères portegraine détruites ou très touchées par les campagnols est de 11 %.
Les 2 principales régions de production (Ouest et Nord-est) sont les plus affectées, avec des cultures
détruites sur plus de 5% des surfaces de luzerne en Vendée et près de 15% des surfaces de
graminées en Champagne (figure 3 et annexe 1). Dans le Sud-est, les productions de graminées
subissent également d’important dégâts (12% ont été détruites).
Tableau I :
Surfaces en production de semences fourragères enquêtées en avril 2013 – Enquête
FNAMS auprès des techniciens de cultures des établissements semenciers
Forage seed fields areas - survey of seeds companies technicians, reviewed by FNAMS
in April 2013
Surface TOTALE enquêtée
Région
Groupe d’espèces
% de surface enquêtée
(en ha)
Graminées
196
28%
Centre
Légumineuses
1951
33%
Nord
Graminées
32
5%
Graminées
3776
97%
Nord-Est
Légumineuses
331
18%
Graminées
6976
98%
Ouest
Légumineuses
4664
75%
Graminées
730
97%
Sud-Ouest
Légumineuses
1318
47%
Graminées
234
59%
Sud-Est
Légumineuses
599
50%
20 806
89% des graminées
Total général
(sur 31 400 ha en production,
49% des légumineuses
soit 66%)
Figure 3 :
Représentation des niveaux de dégâts causés par les campagnols des champs par
grande région géographique (enquête 2013)
Damage level resulting from the spread of meadow vole by geographical area (2013)
‘2- COMPTAGE DE PRESENCE EN PARCELLES – RESEAU DE BIOSURVEILLANCE 2012-13
Pour la campagne 2012-13, les résultats de la première série de comptages d’automne (réalisés en
décembre 2012) sont présentés dans le tableau II. Les données sont classées par 3 niveaux d’intensité
de présence correspondant aux 2 seuils décrits dans l’Arrêté interministériel (33% et 50 %, seuils audelà desquels la lutte curative à base d’appâts empoisonnés est interdite). 65 parcelles issues de 4
grands bassins de production ont été suivies.
Malgré d’assez faibles effectifs par région, on constate comme dans l’enquête précédente, que les
intensités de présence les plus élevée sont atteintes dans les 2 mêmes régions précitées : la
Champagne (avec 46% de parcelles dépassant 50% de présence active) et l’Ouest (avec 33 % de
parcelles de luzerne concernées).
Au total, c’est 26 % des parcelles suivies qui dépassaient le seuil de 50%, rendant impossible toute
intervention curative chimique à ce stade de fin d’automne. Au seuil de 33%, c’est 15% de parcelles
supplémentaires qui auraient été concernées par l’interdiction de traitement.
Tableau II :
Niveau de présence de campagnols des champs (présence active) en parcelles de
production de semences fourragères observées dans le réseau de biosurveillance de
la FNAMS en décembre 2012
Presence level of meadow vole on forage seed fields (network monitoring FNAMS) in
december 2012
% de parcelles par niveau de présence
(pour chaque niveau, % d’observations avec
indices actifs)
Région
Nombre de
Espèces
niveau
niveau
niveau
(et départements
parcelles
0 – 33 %
34 – 50 %
> 50 %
fourragères
concernés)
notées
Centre
Dactyle, Luzerne,
7
14 %
72 %
14 %
(18)
TV
Nord-Est
RGA, FR, FE,
24
37 %
17 %
46 %
(10, 51)
Dactyle, TV
Graminées (49) :
9
78 %
11 %
11 %
Ouest
dactyle, RGI
(49, 79, 85, 86)
Luzerne
12
67 %
0
33 %
Graminées (38) :
9
100 %
0
0
Sud-Est
dactyle, FE
(38, 26)
Luzerne
4
100 %
0
0
Total des parcelles
65
59 %
15 %
26 %
FE= fétuque élevée, FR= fétuque rouge, RGA= ray-grass-anglais, RGI= ray-grass d’Italie, TV= trèfle violet
‘3- COMPARAISON DE DEUX METHODES DE COMPTAGE
Dans une parcelle moyennement atteinte par les attaques de campagnols (environ 25% de présence
active), les 2 méthodes comparées aboutissent à des résultats tout à fait similaires (tableau III). Il va de
soi que la précision des résultats dépend de la bonne représentativité de l’échantillon de placettes
d’observations. Plus l’attaque de campagnols sera homogène, meilleure sera la précision des
comptages.
Les observations effectuées dans des zones spécifiques mettent très nettement en évidence une
intensité de présence accrue en bordure de parcelle, dans les chemins et talus constituant des zones de
refuges permanents pour les rongeurs (figure 4).
Tableau III :
Comparaison de différentes méthodes de comptages des campagnols des champs –
Comptages réalisés dans une parcelle de fétuque élevée porte-graine de l’Aube le
15/03/2013 (FNAMS, FREDON CA, SRAL/DGAL)
Different methods comparison of meadow vole counting - counts carried out on a tall
fescue seed field on 15 march 2013
Méthode d’observation
Méthode officielle
(en diagonale)
Méthode simplifiée
FNAMS
(parcours en diagonale)
Méthode simplifiée
FNAMS
(parcours en W)
Distance
parcourue
(dimension des spots
d’observation)
350 m
(3 x 5 m)
350 m
(1/2 cercle de 3m)
680 m
(1/2 cercle de 3m)
Nombre de
(1)
spots
observés
69
(en continu)
Observations avec présence active
en nombre
en %
17
25 %
5
28 %
18
(espacés de
20m)
34
9
26 %
(espacés de
20m)
(1) Un spot d’observation est l’unité de surface observée (3.5 m² ou 15 m² selon la méthode choisie)
Figure 4 :
Zonage d’intensité de présence de campagnols des champs dans une parcelle de
fétuque élevée porte-graine – Comptages (méthode officielle) réalisés le 15/03/2013
(FNAMS, FREDON CA, SRAL/DGAL)
Presence intensity zoning of meadow vole on a on a tall fescue seed field - counts
carried out with official method (on 15 march 2013)
Zone de bordure interparcellaire (BI)
BI-bordure extérieure : 84 %
CA-bordure ext : 59 %
CA-bordure int : 29 %
chemin agricole (CA)
BI-bordure intérieure : 87 %
3m
3m
parcelle (6 ha) : 25 %
DISCUSSION
Ces résultats ont permis de quantifier les dégâts du campagnol des champs (et provençal pour le Sudest) dans les cultures fourragères porte-graine en France.
Les chiffres issus de « l’enquête établissements » apporte d’intéressantes précisions sur la répartition
régionale du rongeur et sur les espèces végétales les plus concernées. Ils peuvent cependant être
entachés d’une erreur d’appréciation liée à un certain manque de représentativité des réponses,
notamment pour les légumineuses. Parmi les 10 000 ha manquants en retour d’enquêtes (surtout du
Nord, Centre et Sud), combien d’hectares étaient concernés par les dégâts de campagnols ?
Certainement en plus faible proportion que les chiffres établis par l’enquête.
Les comptages effectués dans le cadre du réseau de biosurveillance FNAMS montrent qu’en 2012-13,
près de 40 % des parcelles de multiplication auraient été interdites de traitement à la fin de l’automne
(au seuil de 33%). Ces résultats confortent l’intérêt de la base contractuelle proposée dans l’Arrêté qui
porte à 50% le seuil maximum d’intervention possible par la lutte curative. En effet, il sera possible
pour les agriculteurs de s’engager, sous la forme d’un contrat de lutte pluriannuel auprès de l’OVS de la
région, à mettre en oeuvre un programme d’actions de prévention et de lutte sur une durée de 5 ans.
En dernier lieu, les résultats obtenus sur la parcelle de fétuque élevée selon les différentes zones
mettent en évidence que les comptages indiciaires doivent être complétés pour apprécier
notammentla présence de campagnols en bordure de parcelles. Il apparait donc opportun de
développer les connaissances sur la répartition spatiale des campagnols à différentes échelles, depuis la
parcelle jusqu’au territoire pour permettre d’engager le plus efficacement possible les différentes
méthodes de lutte en combinaison les techniques alternatives de prédation et de travail du sol avec, le
cas échéant, la gestion prioritaire des bordures de champs.
CONCLUSION
La publication toute récente de l’arrêté, attendue depuis longtemps, donne enfin le nouveau cadre
règlementaire permettant de lutter contre ce véritable fléau pour les cultures porte-graine.
Grâce à des réseaux de biosurveillance et des méthodes de comptages efficaces, qui inciteront les
agriculteurs à surveiller de près leurs parcelles, le développement d’une stratégie de lutte globale et
raisonnée devrait permettre de maitriser le développement des populations de campagnols et limiter
tout phénomène de pullulation. Le maintien des populations à basse pression devrait être obtenu par
une bonne gestion de la prédation naturelle et si nécessaire par le recours aux appâts empoisonnés dès
les premiers signes de présence en cultures.
REMERCIEMENTS
Nous remercions tous les acteurs qui ont contribué à ce travail et appuyé la FNAMS dans la collecte de
ces précieuses informations, en particulier les techniciens d’établissement et les agents des
FREDON/FDGDON ainsi que les les agriculteurs. Nous tenons aussi à adresser toute notre
reconnaissance à Denis Truchetet (DGAL) ainsi qu’à Geoffroy Couval (INRA/CBGP – FREDON FrancheComté).
BIBLIOGRAPHIE
Delattre P. et al, 1990 - Technique légère d'évaluation de l'abondance des populations du
campagnol des champs (Microtus arvalis). La Défense de Végétaux, 264, 33-35.
Deneufbourg F., 2013 - Semences Fourragères – Campagnols des champs, pour organiser la lutte, un
arrêté interministériel plus qu’attendu ! Bulletin Semences, 230, 20-23.
Broucqsault L.M., Janson J.P., 2012 – Semences Fourragères – La lutte contre les campagnols
s’organise. Bulletin Semences, 227, 26-29
Hacquet J., Garrigues O., 2012 – Semences Fourragères – Dégâts de campagnols des champs, une
préoccupation grandissante. Bulletin Semences, 224, 30-32
Garrigues O., 2009 – Face à la recrudescence des campagnols, les multiplicateurs de semences
organisent la lutte collectivement. Bulletin Semences, 206, 49-51
Annexe 1:
Région
Résultats de l’enquête FNAMS sur les surfaces de semences fourragères concernées
par des dégâts de campagnol des champs pour la récolte 2013 – Enquête auprès des
techniciens de cultures des établissements semenciers
Survey results of FNAMS about damage caused by meadow vole on forage seed fields
in 2013 - survey of seeds companies technicians reviewed by FNAMS
Groupe
Surfaces (en ha)
détruites
détruites
Graveme
Moyennem
Peu ou
Surfaces
espèce
TOTALES
enquêtées
(en ha)
Centre
Graminées
Légumineuses
Nord
Graminées
NordGraminées
Est
Légumineuses
Ouest
Graminées
Légumineuses
SudGraminées
Ouest
Légumineuses
Sud-Est Graminées
Légumineuses
Total général (en ha)
en %
196
1951
32
3776
331
6976
4664
730
1318
234
599
20 806
66 %
totalement
par les
campagnols
pour partie
à cause des
campagnols
(autres
causes
possible)
0
0
0
246
12
48
110
0
0
22
0
438
0
0
0
285
27
48
141
0
0
6
0
506
4.5 %
0%
0%
0%
14%
12%
1.4%
5.4%
0%
0%
12%
0%
nt
touchées
ent
touchées
pas
touchées
0
0
0
712
3
476
157
20
0
0
38
1 406
6
106
0
979
49
1381
449
99
71
36
117
3 292
190
1844
32
1554
241
5023
3806
611
1248
170
444
15 163
6.8 %
15.8 %
72.9 %

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