De Saint-Malo a Nice - European Union Institute for Security Studies
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De Saint-Malo a Nice - European Union Institute for Security Studies
CAHIERS DE CHAILLOT - NUMERO 47 De Saint-Malo à Nice : Les textes fondateurs de la défense européenne Réunis par Maartje Rutten Maartje Rutten est chargée de recherche à l’Institut d’Etudes de Sécurité de l’UEO Institut d’Etudes de Sécurité Union de l’Europe occidentale Paris - Mai 2001 CAHIERS DE CHAILLOT - NUMERO 47 (Une version anglaise est également disponible) Institut d’Etudes de Sécurité de l’Union de l’Europe occidentale Directeur : Nicole Gnesotto © Institut d’Etudes de Sécurité de l’UEO 2000. Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays. ISSN 1017-7574 Publié par l’Institut d’Etudes de Sécurité de l’Union de l’Europe occidentale et imprimé à Alençon (France) par l’Imprimerie Alençonnaise. Sommaire Préface vii Introduction Maartje Rutten ix Les textes 1 2 3 4 5 6 7 8 Sommet européen informel, Pörtschach, 24-25 octobre 1998 Conférences de presse du Premier ministre britannique Tony Blair (extraits) 1 Sommet franco-allemand, Potsdam, 1er décembre 1998 Déclaration finale 4 Sommet franco-britannique, Saint-Malo, 3-4 décembre 1998 Déclaration sur la défense européenne 8 Article de Madeleine Albright, Secrétaire d’Etat américaine « The Right Balance Will Secure NATO’s Future » Financial Times, 7 décembre 1998 10 Conseil européen, Vienne, 11-12 décembre 1998 Conclusions de la présidence (extraits) 13 Document de la présidence allemande, Bonn, 24 février 1999 « Informal reflection at WEU on Europe’s security and defence » 14 Réunion informelle des ministres des affaires étrangères de l’UE, Eltville, 13-14 mars 1999, proposition allemande « Strengthening the Common Policy on Security and Defence » 17 Sommet du Conseil de l’Atlantique Nord, Washington DC 24 avril 1999 9 Communiqué final (extraits) Le Concept stratégique de l’Alliance 20 25 Conseil franco-allemand de défense et de sécurité, Toulouse 29 mai 1999 Déclaration 43 10 Conseil européen, Cologne, 3-4 juin 1999 Déclaration du Conseil européen sur le renforcement de la politique européenne commune de sécurité et de défense Rapport de la présidence sur le renforcement de la PECSD 44 45 11 Sommet italo-britannique, Londres, 19-20 juillet 1999 « Joint declaration launching European Defence Capabilities Initiative » 50 12 Plan d’action français : lettre de M. Jacques Chirac, président de la République française à la présidence finlandaise de l’Union européenne, 22 juillet 1999 52 13 Discours de Strobe Talbott, secrétaire d’Etat adjoint américain « America’s Stake in a Strong Europe », Londres, 7 octobre 1999 58 14 Discours de Lord Robertson, Secrétaire général de l’OTAN Session annuelle de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, Amsterdam, 15 novembre 1999 64 15 Conseil Affaires générales, Bruxelles, 15 novembre 1999 Extraits du communiqué : politique européenne commune en matière de sécurité et de défense 71 16 Conseil des ministres de l’UEO, Luxembourg, 22-23 novembre 1999 Déclaration de Luxembourg 72 iv 17 Sommet franco-britannique, Londres, 25 novembre 1999 18 Sommet franco-allemand, Paris, 30 novembre 1999 Déclaration de Paris 19 Conseil européen, Helsinki, 10-11 décembre 1999 Conclusions de la présidence Partie II : Politique européenne commune en matière de sécurité et de défense Annexe IV : Rapports de la présidence sur « Le renforcement de la politique européenne commune en matière de sécurité et de défense » et sur « la gestion non militaire des crises par l’Union européenne » 20 Sommet franco-néerlandais, La Haye, 10 février 2000 Déclaration conjointe des ministres français et néerlandais de la défense 86 88 89 99 21 Conseil Affaires générales, Bruxelles, 14-15 février 2000 Extrait du communiqué : Renforcement de la PESD 100 22 Réunion des ministres de la défense de l’Union européenne, Sintra, 28 février 2000 Organes militaires de l’Union européenne (le « Toolbox Paper ») « Food for Thought » Paper 102 111 23 Conseil européen, Lisbonne, 23-24 mars 2000 Conclusions de la présidence, Partie II : PECSD Document soumis au Conseil : Renforcement de la PECSD 117 118 24 Réunion du Conseil des ministres de l’UEO, Porto, 15-16 mai 2000 Déclaration de Porto 121 25 Sommet franco-allemand, Mayence, 9 juin 2000 Déclaration de Mayence 128 v 26 Conseil européen, Santa Maria da Feira, 19-20 juin 2000 Conclusions de la présidence, Partie I.C : PECSD 130 Annexe I : Rapport de la présidence sur le renforcement de la PECSD 131 27 Intervention de Javier Solana, Haut Représentant pour la PESC Première réunion conjointe du COPSi/NAC, Bruxelles, 19 septembre 2000 152 28 Réunion informelle des ministres de la défense de l’UE, Ecouen 22 septembre 2000 Conclusions de la présidence 155 29 Conseil ministériel de l’UEO, Marseille, 13 novembre 2000 Déclaration de Marseille 159 30 Discours de Javier Solana, Haut Représentant pour la PESC « Where does the EU stand on CFSP? », Forschungsinstitut der Deutschen Gesellschaft für Auswärtige Politik, Berlin, 14 novembre 2000 163 31 Conférence d’engagement des capacités, Bruxelles 20-21 novembre 2000 Déclaration d’engagement de capacités militaires Discours d’ouverture de M. Alain Richard 170 176 32 Conseil européen, Nice, 7, 8 et 9 décembre 2000 Conclusions de la présidence, Partie IV : PECSD Annexe VI : Rapport de la présidence sur la PESD Traité de Nice amendant le TUE : Articles 17, 25 et 27 modifiés 180 180 224 33 Rapport présenté au Conseil européen de Nice par le Secrétaire général/Haut Représentant et la Commission « Améliorer la cohérence et l’efficacité de l’action de l’Union européenne dans le domaine de la prévention des conflits », Nice, 8 décembre 2000 227 vi 34 Conseil de l’Atlantique Nord, Bruxelles, 14-15 décembre 2000 Communiqué final (extraits) vii 239 Préface En deux ans, de Saint-Malo à Nice, l’Union européenne a donc changé de nature. Ce qui était naguère impensable à quinze est devenu un objectif consensuel des pays membres : l’insertion, dans les compétences légitimes de l’Union, d’une politique de sécurité et de défense commune, autrement dit l’accès de l’Union européenne à la responsabilité stratégique dans la gestion des crises de l’après-guerre froide. Une telle révolution n’allait pas de soi : il aura fallu la somme des traumatismes européens durant la décennie d’éclatement de l’ex-Yougoslavie pour transformer une vieille ambition rhétorique en politique concrète. Pareille ambition ne pouvait pas non plus être l’affaire de quelques mois : si le Traité de Nice consacre effectivement la montée en puissance de la PECSD, beaucoup reste à faire – sur le plan des capacités opérationnelles ou celui de la cohérence décisionnelle – pour parfaire la crédibilité globale de l’Union comme acteur international. Pourtant, le corpus de textes réunis ici représente déjà à lui seul une étape historique. Ce Cahier de Chaillot, dont Maartje Rutten, chargée de recherche à l’Institut, fut le maître d’œuvre, se veut a vant tout un outil de travail utile et un ouvrage de référence sur les textes fondateurs de la défense européenne. Mais la trentaine de documents produits par l’Union entre décembre 1998 et décembre 2000 est aussi doublement révélatrice. D’abord de la façon dont l’Union peut fonctionner comme une formidable machine à fabriquer du consensus : de réunions bilatérales en sommets de chefs d’Etat, de non-papiers en déclarations officielles, de vagues déclarations en annexes opérationnelles six mois plus tard, c’est toute la méthode européenne qui se montre ici à l’œuvre. Un quotidien enchevêtrement de contacts, de propositions, de compromis, à 2, 3, 4, 5, et jusqu’à 15, un maillage de petits progrès parfois infimes, parfois très lents, mais qui, sur un temps plus long, finissent par tisser une somme de décisions et de pratiques finalement consensuelles. Si l’on compare les textes élaborés durant ces deux dernières années, il est clair que la dynamique de convergence entre les pays européens s’est avérée extrêmement puissante, et que ce qui unit les Européens est bien plus large aujourd’hui que ce qui les divise. ix Mais ce corpus de textes fondateurs illustre également une seconde évidence : la politique de défense européenne est avant tout une entreprise politique, dans sa raison d’être comme dans ses modalités pratiques, et non, comme elle est trop souvent perçue, une série d’arrangements militaro-techniques et de capacités opérationnelles qui se grefferaient de façon plus ou moins autonome sur la masse des politiques communes de l’Union européenne. Que les capacités de défense sont et resteront l’une des modalités, parmi d’autres, de la politique étrangère de l’Union européenne, que le politique préside donc au militaire, tel est le fil directeur des compromis réalisés par les Quinze depuis Saint-Malo. Et tel doit-il le rester. Nicole Gnesotto Paris, avril 2001 x Introduction Maartje Rutten Le succès du projet d’Union européenne – intégration de l’Europe dans de multiples domaines et rôle croissant sur la scène mondiale – rendait essentiel de la doter également d’une voix politique et d’un ensemble de capacités lui permettant d’agir en matière de politique étrangère, de sécurité et de défense. L’opération militaire alliée au Kosovo au printemps de 1999 avait démontré que ces deux atouts lui faisaient cruellement défaut. La leçon du Kosovo n’a fait que renforcer l’évolution amorcée à l’automne de 1998, avec le revirement britannique qui a conduit à Saint -Malo, puis – en passant par Cologne (juin 1999) et Helsinki (décembre 1999) – à Nice (décembre 2000). Mise en perspective, l’élaboration d’une politique européenne commune de sécurité et de défense entre décembre 1998 et décembre 2000 est presque révolutionnaire si on la compare à ce qui s’est passé pendant la première moitié du siècle, du moins en termes d’engagements et d’orientations politiques. Même si les Européens ont encore du chemin à faire, surtout en ce qui concerne l’équipement et les ressources financières, les progrès réalisés jusqu’ici étaient impensables il y a deux ans à peine. Pour toutes ces raisons, l’Institut, dans son rôle de catalyseur du débat européen sur la sécurité et la défense, a jugé essentiel de récapituler les événements qui ont secoué le monde de la défense européenne depuis deux ans, et de cerner les étapes les plus importantes de la route suivie entre Saint-Malo et Nice. L’objectif était d’être aussi exhaustif que possible afin de fournir un ouvrage de référence complet sur les débuts de la PESD. Tous les documents présentés dans ce Cahier de Chaillot sont disponibles, sur Internet essentiellement, mais il n’existe à notre connaissance aucun ouvrage les regroupant de manière structurée. C’est pour combler ce vide que nous avons décidé d’entreprendre un tel projet. Les textes sont présentés par ordre chronologique, illustrant la montée en puissance de la défense européenne d’un stade embryonnaire à une véritable politique fondée sur des institutions. xi La sélection des textes a été réalisée en fonction des critères suivants : • déclarations de l’UE, de l’UEO et de l’OTAN (extraits pertinents du moins) faites à la suite des sommets et des conseils ministériels promouvant l’élaboration de la PESD ; • documents issus des réunions bilatérales de la période décembre 1998 – décembre 2000 réaffirmant le maintien de la dynamique acquise et énonçant de nouvelles initiatives pour l’élaboration de (certains aspects de) la PESD ; • textes des discours et/ou articles, surtout américains, dans la mesure où, compte tenu de leur impact sur le débat et sur la défense européenne, ils provoquèrent de vives réactions et furent largement médiatisés ; • choix délibéré de ne pas reproduire les documents concernant la coopération industrielle européenne en matière d’armements ; • version anglaise ou française seulement des textes officiels puisque ce sont les deux langues officielles de l’UEO. Aucun texte n’a été traduit par nos soins ; les versions italienne, allemande et néerlandaise des déclarations ne sont pas reproduites. Cela signifie donc que la version anglaise et la version française du présent Cahier de Chaillot contiennent respectivement des textes français et des textes anglais lorsque la traduction n’est pas disponible. Enfin, une introduction a été ajoutée à certains documents afin de mettre en relief leur origine ou leur objectif/utilité. Dans d’autres cas, elle fournit une explication supplémentaire sur les évolutions en question ou récapitule les travaux préparatoires entrepris. L’Institut souhaite remercier les gouvernements qui lui ont donné l’autorisation de publier certains « non-papiers » et des documents qui jusqu’ici n’étaient pas mis à la disposition du public. Inutile de préciser que ce Cahier de Chaillot a pour but de servir d’ouvrage de référence et d’être, souhaitons-le, un instrument utile pour tous les chercheurs et praticiens de la défense européenne. xii 1 Sommet européen informel Pörtschach, 24 et 25 octobre 1998 Comme l’explique l’introduction, la révolution que connaît actuellement la défense européenne est due à un changement d’orientation radical du Royaume -Uni en ce qui concerne le rôle de l’UE dans ce domaine. La Déclaration de Saint-Malo (voir document 3, p. 8) fut le premier document officiel faisant état du revirement britannique en matière de défense européenne. Il avait néanmoins déjà été fait allusion à une «évolution du Royaume-Uni » par le Premier ministre Tony Blair lors d’une réunion informelle des chefs d’État et de gouvernement de l’UE à Pörtschach, en Autriche, les 24 et 25 octobre 1998, et lors de la conférence de presse qui eut lieu ensuite. Les notes verbales utilisées à cette occasion par le Premier ministre ne sont pas à la disposition du public. Nous reproduisons ci-dessous des extraits des conférences de presse tenues par le Premier ministre Tony Blair après la réunion ministérielle. PRIME MINISTER: First of all, let me congratulate the Austrian Presidency for a very well-organised and good informal summit. There are really three main issues that we discussed and debated together: The first was obviously the economic situation in the world and in Europe where we agree very strongly that both the European Union, G7 and others should take a concerted role and do whatever we can in order to promote greater confidence both in the financial markets and to boost the prospects of growth and employment in the world. Secondly, in respect of common foreign and security policy, there was a strong willingness, which the UK obviously shares, for Europe to take a stronger foreign policy and security role. This will arise particularly because we are going to be appointing two people to common foreign and security positions in the European Union in the next few months so it is something that is very much on our minds but we all agreed it was important that Europe should be able to play a better, more unified part in foreign and security policy decisions and certainly obviously we discussed specifically Europe closer to the people, ideas for that and subsidiarity where there was a very strong sense that we have to push on the process that was begun at Amsterdam on subsidiarity and get that imp lemented. QUESTION: Rumours were spread that your European colleagues gave you a standing ovation yesterday after your introduction to foreign policy and security affairs. What exactly made your colleagues applaud and could you elaborate on some important points in your speech? PRIME MINISTER: I am always willing to take credit for standing ovations even when they haven’t happened and they are probably like most European rumours. I think there was a warm response certainly to what I said because people want to see Britain engaged with key arguments in Europe and as Kosovo has brought home to us, it is right that Britain and other European 2 countries, as part of Europe, play a key and leading role and that we enhance our capability to make a difference in those situations. We are at the very beginning of that debate, we need to get the institutional mechanism right, we need to make sure that that institutional mechanism in no way undermines NATO but rather is complementary to it, we need to recognise that that will mean changes in our own defence capability and we also need the political will to back up whatever we do. A common and foreign security policy for the European Union is necessary, it is overdue, it is needed and it is high time we got on with trying to engage with formulating it and I think that people were pleased that Britain came to this with an open mind and was willing to participate in the debate and I think it is important that we do that. QUESTION: This weekend, you seem to be saying not a European army but you are clearly talking about the possible deployment of forces from European countries together in some way in a peacekeeping role maybe, is that a possibility? PRIME MINISTER: Europe has that capability to do that now, and I am certainly not - repeat not - talking about a European army or anything like that at all, but the very purpose of having the European Security and Defence identity within NATO, which as I say was agreed in Berlin in 1996, was the recognition that there needed to be some form of European identity within NATO. Now that is where it is at the moment. All I am saying, and I am not saying more than this, is that we need to allow fresh thinking in this and it is important for Britain to be part of that thinking and not for us simply to stand there and say we are not. QUESTION: So, it would be an important pillar? PRIME MINISTER: There are all sorts of ideas that have been put forward on this and I think most people recognise the WEU is less than ideal, that was recognised clearly at Amsterdam. But we are not committed or wedded to fourth pilar ideas at all, I am not saying that, I simply want to start the debate. QUESTION: And what is the role of countries which are not members of NATO, like Sweden or Finland? PRIME MINISTER: Again, this is what we need to discuss because obviously there are countries that are members of the European Union that are neutrals and will guard that jealously, that is one of the things that you can debate. QUESTION: Because there was a rapid response on Kosovo in the sense that you were critical in China the other day of the fact that Milosevic hadn’t really got the message? 3 PRIME MINISTER: Sure, I think it is important, and it is still important in relation to Kosovo, that the only thing that was ever going to work in Kosovo was diplomacy backed up by the credible threat of force, and that is all that has brought Milosevic to the position he is in, and we need to keep him in that position now. But I think Kosovo simply underlines the need for Europe to take a very hard-headed review of this and to make sure that it can fulfil its obligations and responsibilities properly. QUESTION: You said that Europe should speak more forcefully on the international stage, but how could you appear more forceful when only NATO has the military capability to back up diplomacy? PRIME MINISTER: That is why I think we need to discuss how we take this debate forward. The very existence of the security and defence identity within NATO for Europe is an acceptance that there will be circumstances in which it is right to have that identity for Europe, but the European security and defence identity is very much within NATO. Now as I say, let us discuss the best way forward, though I repeat to you, nothing must happen which in any way impinges on the effectiveness of NATO, anything that suggests it should be complementary to that, because NATO for us is the absolute correct forum. 2 Sommet franco-allemand Potsdam, 1er décembre 1998 DÉCLARATION FINALE Nous, chefs d’État et de gouvernement de la République fédérale d’Allemagne et de France, réaffirmons tout le prix qu’attachent nos pays à leur amitié et à leur coopération. Au seuil du XXIème siècle, nous sommes décidés à les approfondir et à leur donner un nouveau souffle, afin d’œuvrer ensemble au projet européen. Le rôle moteur de la relation franco-allemande dans la construction européenne est plus important que jamais. I. – – – – Dans cette perspective, nous assumerons nos responsabilités pour faire en sorte que le Conseil européen de Vienne ouvre la voie à un accord sur l’ensemble de l’Agenda 2000 que nous sommes déterminés à conclure sous la présidence allemande. Nous nous concerterons pour définir une approche commune vis -à-vis du processus d’élargissement. A cette fin, nous favoriserons la poursuite continue des négociations dans un esprit de responsabilité et avec le souci de conduire l’ensemble des pays candidats à l’adhésion sans discrimination et en tenant compte des situations propres à chacun. Nous entendons également, dans la perspective de ces futurs élargissements, parvenir à des positions communes sur la réforme des institutions européennes en poursuivant une réflexion approfondie sur le processus de décision et sur le cadre institutionnel nécessaires à l’Europe de demain. Nous progresserons également dans la définition d’actions concrètes en vue de la mise en œuvre de la politique étrangère et de sécurité communes y compris la politique européenne de défense commune. Nous devons notamment nous mobiliser pour la prévention et la gestion des crises régionales (nous sommes en particulier déterminés à poursuivre notre bonne coopération en ce qui concerne l’ex-Yougoslavie et le ProcheOrient). A cette fin, nous rechercherons les voies permettant à l’Union européenne de disposer des capacités opérationnelles qui lui font défaut en la dotant soit des moyens européens propres (notamment au travers de l’UEO et des forces multinationales européennes tel que le corps européen), soit des moyens de l’OTAN en application des accords conclus lors du Conseil atlantique de Berlin. Nous mènerons également une réflexion sur le processus souhaitable d’intégration de l’UEO dans l’Union européenne. – – Nous rechercherons ensemble les moyens de soutenir le développement du réseau de solidarités qui lie l’Union avec ses pays voisins et ses partenaires sur tous les continents. A l’heure de la globalisation, nous favoriserons les projets industriels ou technologiques communs dans la perspective de pôles européens, notamment dans le – 5 domaine des industries aéronautiques et de défense, de l’intégration des marchés financiers et du développement de la société de l’information. Le passage à l’euro entraîne pour nous de nouvelles responsabilités et contribuera à la stabilité monétaire et financière internationale. En ce moment décisif, nous entendons nous mobiliser pour un renforcement de la coordination des politiques économiques, notamment dans le cadre de l’euro 11, pour des progrès rapides de l’harmonisation fiscale et pour la promotion d’un véritable volet social européen. Nous estimons qu’il est donc nécessaire de compléter le Pacte de stabilité et de croissance conclu le 11 juin 1997 à Amsterdam par un « Pacte européen pour l’emploi » et de placer ainsi la lutte contre le chômage au centre de la politique européenne dans le prolongement du Conseil européen extraordinaire sur l’emploi de Luxembourg. Dans cet esprit, les membres de l’Union européenne devraient à l’avenir s’engager à atteindre des objectifs contraignants et vérifiables selon les lignes directrices pour l’emploi, notamment en ce qui concerne la réduction du chômage des jeunes et du chômage de longue durée, et pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes. De même, nous nous efforcerons de faire progresser la dimension sociale de la construction européenne. A cet égard, nous regrettons l’insuffisance du dialogue social européen et nous appelons de nos vœux sa véritable relance qui permette aux partenaires sociaux de conclure des accords représentant des avancées significatives pour les salariés des différents États membres ; pour ce qui nous concerne, nous sommes prêts à rechercher et soutenir les moyens d’y parvenir. Nous favoriserons la réflexion et les initiatives sur les mesures qui peuvent renforcer le modèle social européen dans la perspective d’une harmonisation sociale permettant de réaliser des progrès, par exemple, dans les domaines de l’organisation et du temps de travail, de la formation tout au long de la vie, de la progression des salaires et de la protection du travail, dans le respect des compétences des partenaires sociaux. – Un approfondissement de la réforme du système financier et monétaire international s’impose pour promouvoir la stabilité financière et la croissance. Dans cet esprit, nous attachons une importance particulière aux actions suivantes : • • la légitimité des institutions internationales, notamment le FMI et la Banque mondiale, doit être renforcée. A cette fin, la transformation du Comité intérimaire en un véritable « Conseil des ministres des Finances » devrait être discutée au niveau international ; la surveillance internationale du secteur financier doit être renforcée, par exemple en imposant le respect, par les centres off shore, de règles internationales de régulation et de contrôle. Un accent tout particulier doit être mis sur le renforcement de la réglementation en matière de gestion du risque et de normes prudentielles dans les institutions financières, y compris les fonds spéculatifs (hedge funds). 6 II. Le Traité signé à l’Elysée le 22 janvier 1963 et complété en 1988 a fait ses preuves. Il demeure la base de notre partenariat privilégié. Toutefois, dans un monde qui change, les instruments et les mécanismes de la coopération franco-allemande doivent être rénovés. *) Les échanges culturels et la coopération en matière d’éducation, domaines dans lesquels nous avons obtenu des succès significatifs et ou la densité des contacts est incomparable, ont connu de nouvelles impulsions grâce aux projets actés lors du Sommet de Weimar. Ils resteront à l’avenir une priorité de notre coopération. A cette fin, nous avons décidé que l’Université franco-allemande aura son siège a Sarrebruck. Nous accordons à ce projet un haut degré de priorité et nous avons l’intention d’achever en l999 la mis e en place de cette Université. L’Office franco-allemand pour la Jeunesse fournit depuis 1963 une contribution particulièrement importante et porteuse d’avenir à la vitalité des échanges de jeunes entre nos deux pays. Son rôle et son fonctionnement seront adaptés pour mieux correspondre aux aspirations des jeunes de nos deux pays. Dans ce cadre, nous examinerons toutes les possibilités pour améliorer l’efficacité et les moyens financiers de l’Office. *) Nous saluons les progrès accomplis depuis le Sommet de Weimar dans les efforts visant à promouvoir la langue du partenaire dans nos pays. Dans cet esprit, la France développera l’enseignement de l’allemand à l’ENA et étendra cet enseignement aux jeunes diplomates entrant au ministère des Affaires étrangères. Par ailleurs, nous appuierons les efforts visant à renforcer les échanges scolaires franco-allemands afin que la participation d’élèves du pays partenaire au cycle supérieur des lycées se développe de manière significative. *) Nous encouragerons chaque ministère à intensifier ses échanges de fonctionnaires. Nous continuerons par ailleurs à développer la coopération administrative entre les ambassades françaises et allemandes en pays tiers en favorisant des nouvelles implantations communes. Nous étudierons avec nos partenaires de l’Union européenne la possibilité de mise en place de bureaux communs pour la délivrance de visas. Enfin, nous examinerons la possibilité de désigner des ambassadeurs communs à nos deux pays. *) Conscients de l’importance du livre comme vecteur de la culture européenne et de sa spécificité en tant que bien culturel, nous réaffirmons notre attachement au prix unique du livre et nous nous déclarons déterminés à nous opposer à toute remise en cause dont il pourrait faire l’objet. *) Nous sommes désireux de donner de nouvelles impulsions à la chaîne de télévision franco-allemande : c’est pourquoi l’Allemagne s’efforcera d’améliorer l’accessibilité d’ARTE pour les téléspectateurs allemands et la France poursuivra la mise en œuvre d’une diffusion bilingue de cette chaîne. Par ailleurs, nous chercherons à développer, à plus long terme, ARTE pour en faire une chaîne culturelle européenne qui sera également diffusée outre-mer. 7 *) La société civile et le monde économique et financier doivent être pleinement impliqués dans la relance de nos relations. A cette fin, nous avons décidé la création d’un forum de discussion franco-allemand qui se tiendra à intervalles réguliers, réunissant des personnalités issues du monde de la politique, de la science, de la culture, de l’économie et des médias de France et d’Allemagne. En outre nous désignerons des personnalités pour réfléchir aux moyens de préserver et renforcer notre mémoire collective européenne. *) Nous connaissons les inquiétudes soulevées dans nos deux pays par des décisions judiciaires parfois contradictoires dans des procédures relatives au droit de garde des enfants issus de couples mixtes. Nous entendons poursuivre et renforcer les décisions prises du dernier Sommet franco-allemand d’Avignon (échanges de fonctionnaires, formation continue des juges, concentration des procédures sur des juridictions spécialisées) et élargir notre concertation entre nos deux pays à l’ensemble du droit de la famille. Nous avons chargé nos ministres des Affaires étrangères et les ministres concernés d’assurer le suivi de ces orientations d’ici notre prochain Sommet. Nous chargeons les ministres des Affaires étrangères de réfléchir à la simplification des dispositifs existants de la coopération franco-allemande et de considérer le remplacement de certains d’entre eux par une structure de coordination qui nous serait directement rattachée et veillerait au suivi de la coopération franco-allemande. Les ministres des Affaires étrangères nous feront rapport au prochain Sommet sur l’ensemble de cette question. 3 Sommet franco-britannique Saint-Malo, 3 et 4 décembre 1998 Pendant plus de cinquante ans, c’est surtout vers l’OTAN que se sont tournés les pays européens pour les questions de coopération concernant la défense, même si des efforts furent faits de temps à autre pour stimuler ou, plus exactement, démarrer les activités extérieures de la CEE/CE/UE et doter celle-ci d’une identité politique et de responsabilités en matière de défense. La donne a radicalement changé lors du sommet franco-britannique de Saint-Malo les 3 et 4 décembre 1998 avec le revirement de la Grande-Bretagne qui, abandonnant son approche traditionnelle, ne s’opposait plus désormais à l’acquisition par l’UE d’une capacité militaire « autonome ». Saint-Malo est largement considéré comme le point de départ du projet européen en matière de défense. L’opportunité offerte s’est rapidement accompagnée d’une multitude de déclarations et de propositions ambitieuses. DÉCLARATION SUR LA DÉFENSE EUROPÉENNE Les chefs d’État et de gouvernement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et de la France sont convenus de ce qui suit : 1. L’Union européenne doit pouvoir être en mesure de jouer tout son rôle sur la scène internationale. Le traité d’Amsterdam, base essentielle pour l’action de l’Union, doit donc devenir une réalité. La mise en œuvre complète et rapide des dispositions d’Amsterdam sur la Politique étrangère et de Sécurité commune (PESC) doit être achevée. Cela inclut la responsabilité du Conseil européen de décider le développement progressif d’une politique de défense commune dans le cadre de la PESC. Le Conseil doit être en mesure, sur une base intergouvernementale, de prendre des décisions portant sur tout l’éventail des actions prévues par le titre V du traité de l’Union européenne. 2. A cette fin, l’Union doit avoir une capacité autonome d’action, appuyée sur des forces militaires crédibles, avec les moyens de les utiliser et en étant prête à le faire afin de répondre aux crises internationales. Dans cette perspective, les engagements de défense collective auxquels ont souscrit les États membres (article 5 du Traité de Washington et article V du Traité de Bruxelles) devront être maintenus. En renforçant la solidarité entre les pays de l’Union européenne pour que l’Europe puisse faire entendre sa voix dans les affaires du monde, tout en agissant en conformité avec nos obligations respectives au sein de l’OTAN, nous contribuons à la vitalité d’une Alliance atlantique rénovée qui constitue le fondement de la défense collective de ses membres. Les Européens devront agir dans le cadre institutionnel de l’Union européenne (Conseil européen, Conseil Affaires générales, et réunion des ministres de la Défense). Le renforcement de la solidarité européenne doit prendre en compte la variété des positions des pays européens. La diversité des situations des États au regard de l’OTAN devra être respectée. 9 3. Pour pouvoir prendre des décisions et, lorsque l’Alliance en tant que telle n’est pas engagée, pour approuver des actions militaires, l’Union européenne doit être dotée de structures appropriées. Elle doit également disposer d’une capacité d’évaluation des situations, de sources de renseignement, et d’une capacité de planification stratégique, sans duplication inutile, en prenant en compte les moyens actuels de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) et l’évolution de ses rapports avec l’Union européenne. A cet égard, l’Union européenne devra pouvoir recourir à des moyens militaires adaptés (moyens européens pré-identifiés au sein du pilier européen de l’OTAN ou moyens nationaux et multinationaux extérieurs au cadre de l’OTAN). 4. L’Europe a besoin de forces armées renforcées, capables de faire face rapidement aux nouveaux risques et s’appuyant sur une base industrielle et technologique de défense compétitive et forte. 5. Nous sommes déterminés à unir nos efforts pour permettre à l’Union européenne de progresser concrètement vers ses objectifs. 4 Madeleine K. Albright, Secrétaire d’État américaine « The Right Balance Will Secure NATO’s Future » Financial Times, 7 décembre 1998 Ce célèbre article fut considéré comme la déclaration américaine sur les « 3D ». Tomorrow my colleagues and I in the North Atlantic Treaty Organisation will meet in Brussels to set the agenda for the April 1999 Nato summit in Washington. There alliance leaders will commemorate Nato’s 50th anniversary and welcome, for the first time as Nato allies, the heads of state of the Czech Republic, Hungary and Poland. We should be proud of what the alliance accomplished in its first half century. But we cannot be complacent. Today we face issues different from but no less challenging than those faced by our predecessors 50 years ago. With apologies to the calendar, the Washington Summit will be the first Summit of the 21st century. It will chart Nato’s future, not just celebrate the past. In Brussels we will continue our efforts to build a Nato that is a larger, more flexible alliance, committed to collective defence, capable of meeting a wide range of threats to common alliance interests, and working in partnership with other nations and organisations to advance security, prosperity and democracy in and for the entire transatlantic area. At the Washington summit, our leaders will issue a new strategic concept, a blueprint for the alliance’s future. A 21st century Nato must take account of the new strategic environment. While most of Europe is more secure than at any time in living memory, alliance territory and alliance interests can be affected by a range of risks from a variety of sources. As President Clinton said in Berlin last May: “Tomorrow’s alliance must continue to defend enlarged borders and defend against threats to our security from beyond them – the spread of weapons of mass destruction, ethnic violence, regional conflict.” Bosnia and Kosovo are recent examples that demonstrate Nato must act when conflicts beyond its immediate borders affect alliance interests. Nato’s new strategic concept must find the right balance between affirming the centrality of Nato’s collective defence missions and responding to such crises. Together, we must improve both our flexibility and our capability to prevent, deter and if necessary respond to the full spectrum of possible threats to alliance interests. Nato’s primary mission will always remain defence against aggression. That is the heart of the original 1949 Washington Treaty establishing Nato. But the founders of the alliance also distinguished between what the treaty commits us to do and what it permits us to do. If joint military action is ever needed to protect vital alliance interests, it makes sense to use the unified military structure and the habits of co-operation we have built up over the past fifty years. 11 In addition to reaching agreement on a new vision for the 21st century, the task for the Washington summit will be to ensure that Nato has the means to realise that vision. We need military forces that are designed, equipped and prepared for 21st -century missions. William Cohen, US defence secretary, has been working closely with allied defence ministers on proposals to modernise Nato’s military forces. Our goal is to reach agreement at the Washington summit on a long-term programme to develop the right capabilities to ensure both self-defence and the ability to respond quickly and effectively to crises. That is why we welcome the call from Tony Blair, the UK prime minister, for Europeans to consider ways they can take more responsibility for their own security and defence. Our interest is clear: we want a Europe that can act. We want a Europe with modern, flexible military forces that are capable of putting out fires in Europe’s backyard and working with us through the alliance to defend our commo n interests. European efforts to do more for Europe’s own defence make it easier, not harder, for us to remain engaged. We will examine all proposals on European defence and security with a simple question in mind: Does it improve our effectiveness in working together? Like Mr Blair, we believe the emphasis should be placed on enhancing the practical capabilities Europe brings to our alliance. The Kosovo crisis shows how practical European defence capabilities can help fulfil Nato missions. Thanks to the initiative of the French and the contributions of the Germans, British, Italians and other allies, Nato is deploying an all-European “extraction force” for the monitors of the Organisation for Security and Cooperation in Europe who are being sent to the troubled province. This force is under Nato command, and is based on solid European capabilities. It shows how European forces can work within Nato to great effect in the real world. We appreciate the willingness of the government of the Former Yugoslav Republic of Macedonia to host this force. Kosovo carries another lesson: political will is more important than additional institutional structures. The problem in Kosovo before we acted together was not the lack of appropriate institutions; it was the lack of agreement to use the institutions we have. As Europeans look at the best way to organise their foreign and security policy cooperation, the key is to make sure that any institutional change is consistent with basic principles that have served the Atlantic partnership well for 50 years. This means avoiding what I would call the Three Ds: decoupling, duplication, and discrimination. First, we want to avoid decoupling: Nato is the expression of the indispensable transatlantic link. It should remain an organisation of sovereign allies, where European decision-making is not unhooked from broader alliance decision-making. Second, we want to avoid duplication: defence resources are too scarce for allies to conduct force planning, operate command structures, and make procurement decisions twice – once at Nato and once more at the EU. And third, we want to avoid any discrimination against Nato members who are not EU members. 12 The goal outlined by Mr Blair is consistent with these principles. We look forward to discussing with all of our European allies and partners how to strengthen Europe’s capacity to act. One challenge in particular the Washington summit must address is the very real threat to our people, our territory, and our military forces posed by weapons of mass destruction and their means of delivery. We must improve overall alliance efforts both to stem proliferation and to deter, prevent and protect against such attacks. Nato’s efforts should complement, not supplant, the existing regimes and efforts under way to control proliferation. The 21st -century Nato we envisage will be a central pillar of a much wider North Atlantic community of shared risk and responsibility among increasingly secure and prosperous democracies. For nations aspiring to membership, Nato’s door remains open, and the alliance should be even more active in its efforts to help them walk through it. Nato enlargement is not a one-time event; the first new members will not be the last. But the Washington summit should improve our ability to work jointly with all partner nations, regardless of their alliance aspirations, to extend security and stability throughout this broader community. Nato’s distinctive partnership with Ukraine is an important element of this broader effort. We want Russia to be a close and active participant in this 21st century partnership. My colleagues and I will be meeting this week with Igor Ivanov, the Russian foreign minister, in the Nato-Russia Permanent Joint Council, where we continue our efforts to improve cooperation in the spirit of the Nato-Russia Founding Act, which will celebrate its second anniversary in June. Nato and Russian troops continue to work side by side in Bosnia. Together we are working on possible Russian participation in the Air Verification Regime in Kosovo. We plan to open a military liaison mission in Moscow. Together we are retraining retired Russian military officers, developing co-operative responses to civil emergencies, and developing common approaches to non-proliferation and to environmental protection – all signs that the Nato-Russia relationship continues to move forward. The lesson of this century – the bloodiest ever – is that when Europe and the US act together, we advance our interests and our values more effectively than any of us can alone. When we fail to agree, stalemate and even crisis are the result. Fifty years from now, we want a succeeding generation to say that we learned our lesson and applied it well to the many challenges we would face in the new century. That new century is being shaped today by our joint response to instability in the western Balkans. And it will be shaped to a great extent by the decisions we take this coming week and over the coming months. I am confident that those decisions will be the right ones for the future of our great alliance. 5 Conseil européen Vienne, 11 et 12 décembre 1998 CONCLUSIONS DE LA PRÉSIDENCE (…) 73. En ce qui concerne la politique étrangère et de sécurité commune, le Conseil européen est d’accord pour estimer que le Secrétaire général du Conseil et Haut Représentant pour la PESC devra être nommé dès que possible et être une personnalité ayant une stature importante sur le plan politique. Le Conseil européen prend acte des travaux réalisés par le Conseil en ce qui concerne la création au sein du Secrétariat general d’une Unité de planification de la politique et d’alerte rapide. 74. Le Conseil européen invite le Conseil, conformément aux recommandations figurant dans son rapport, à élaborer des stratégies communes pour ce qui concerne la Russie, l’Ukraine, la région méditerranéenne en tenant plus particulièrement compte du processus de Barcelone et du processus de paix au Moyen-Orient, ainsi que pour ce qui concerne les Balkans occidentaux, étant entendu que la première des stratégies communes concernera la Russie. Lorsqu’il s’agira de déterminer d’autres sujets de stratégies communes, des sujets thématiques devraient également être envisagés. 75. Le Conseil européen invite le Conseil à poursuivre, en accord avec l’UEO, l’élaboration d’arrangements visant à une coopération renforcée conformément au protocole sur l’article 17 du traité sur l’Union européenne tel que modifié par le traité d’Amsterdam, afin que ces arrangements puissent être applicables dès l’entrée en vigueur de ce traité. 76. Le Conseil européen se félicite du nouvel élan qui a été imprimé au débat sur une politique européenne commune en matière de sécurité et de défense. Il estime que la politique étrangère et de sécurité commune doit s’appuyer sur des capacités opérationnelles crédibles si l’on veut que l’Union européenne soit en mesure d’occuper pleinement la place qui lui revient sur la scène internationale. Il se félicite de la déclaration franco-britannique faite à Saint-Malo le 4 décembre 1998. Le renforcement de la solidarité européenne doit prendre en compte les différentes positions des États européens, y compris les obligations de certains États membres au sein de l’OTAN. 77. Le Conseil européen se félicite de l’intention de l’UEO de dresser un inventaire des moyens dont il dispose pour des opérations européennes. 78. Le Conseil européen invite la prochaine présidence à approfondir ce débat sur la base des délibérations de la réunion ministérielle de l’UEO du 16 novembre à Rome et du Conseil « Affaires générales » du 7 décembre 1998. Le Conseil européen examinera cette question lors de sa réunion de Cologne des 3 et 4 juin 1999. (…) 6 Document de la présidence allemande Bonn, 24 février 1999 INFORMAL REFLECTION AT WEU ON EUROPE’S SECURITY AND DEFENCE I. 1. The Treaty of Amsterdam, which is expected to enter into force this spring, foresees the enhancement of the Common Foreign and Security Policy (CFSP) including the development of a Common European Defence Policy (CEDP). The Treaty also provides for the possibility of integration of WEU into EU, should the European Council so decide. 2. The WEU Council of Ministers at Rome expressed the wish that a process of informal reflection be initiated at WEU on the question of Europe’s security and defence in the perspective of the entry into force of the Amsterdam Treaty and the Washington Summit. The European Council in Vienna welcomed the new impetus given to the debate on a common European policy on security and defence. It considered that in order for the EU to be in a position to play its full role on the international stage, CFSP must be backed by credible operational capabilities. Furthermore, it welcomed the Franco-British declaration made on 4 December 1998 in St. Malo. The European Council invited the German Presidency to further this debate and agreed to examine the question again at the European Council in Cologne. The WEU Ministerial Council in Bremen will also present an appropriate opportunity to discuss this question on the basis of the informal reflection which was initiated at the Rome Ministerial Council. II. 1. The prime focus of our debate should be on how Europe can possess appropriate structures and capabilities (which obviously need to include military capabilities) to conduct crisis management in the sense of the Petersberg tasks. The question of defence commitments (Article 5 NATO - and WEU - Treaty) should - for the time being - not be the first priority. Crisis management is the area where a European capacity to act is required most urgently. 2. For crisis management operations implying recourse to military means there are five options with potentially different participants and a different degree of European involvement. Option 1: NATO-operations in which all NATO-members participate. 15 Option 2: NATO PLUS operations. Conducted by NATO including PfP partners and possibly others. Exemple: SFOR in Bosnia. Option 3: NATO-operations in which not all NATO-members participate with troops. Ex.: extraction force for Kosovo Verification Mission. Option 4: European (EU/WEU) led operations using NATO assets and capabilities: Conducted by the Europeans having recourse to NATO assets in application of the Berlin decisions; further implementation decisions by the NATO summit in Washington would be required for this option to be fully operational. Option 5: Autonomous European (EU/WEU) led operations conducted by the Europeans without recourse to NATO assets. 3. Looking at these different options we should focus our discussion in this process on options 4 and 5. We should try to define our position on the following elements: What is our fundamental aim? Do we agree that the aim is to strengthen CFSP by enabling the EU to have the capacity for action through a common policy on European Security and Defence backed up by credible military forces and the means to decide to use them? How far is European decision-making necessary and possible for operations both with the use of NATO assets and capabilities as well as those without recourse to NATO assets and capabilites? What are the minimum requirements for an effective decision making capability in the field of defence and security? What capabilities do already exist and what further developments are still required? How can duplication of means and efforts be avoided? Should WEU be merged with EU along the lines of the phase concepts introduced during the last IGC (or at one go)? – – – – – – – What institutional arrangements would be required? What should be the organisational link with NATO? How can the necessary know how be introduced in EU decision-making with the aim to provide for capabilities to conduct political control and strategic direction? Do we need regular meetings (or ad hoc) of the General Affairs Council together with Defence Ministers? Do we need independent Defence Ministers meetings? What would be the permanent body equivalent to the WEU Council? Do we need a EU military Committee? How do we involve those European NATO Members who are not EU Member States as well as the Associate Partners? 16 How do we address the US concerns as expressed by Secretary of State Madeleine Albright on December 7 (no decoupling, no duplication, no discrimination)? 7 Réunion informelle des ministres des affaires étrangères de l’UE Eltville, 13 et 14 mars 1999, proposition allemande STRENGTHENING THE COMMON POLICY ON SECURITY AND DEFENCE I. Introduction The Treaty of Amsterdam, which is expected to enter into force this spring, foresees the enhancement of the Common Foreign and Security Policy (CFSP) including the development of a Common European Defence Policy (CEDP). The Treaty also provides for the possibility of integration of WEU into EU, should the European Council so decide. The European Council in Vienna welcomed the new impetus given to the debate ona common European policy on security and defence. It considered that in order for the EU to be in a position to play its full role on the international stage, CFSP must be backed by credible operational capabilities. Furthermore, it welcomed the Franco-British declaration made on 4 December 1998 in St. Malo. This initiative and work in hand for the NATO Washington Summit will also strengthen the European pillar of the Alliance, enabling the European Allies to take greater responsibility for their common security and defence. The European Council invited the German presidency to further this debate and agreed to examine the question again at the European Council in Cologne. The WEU Ministerial Council in Bremen will also present an appropriate opportunity to discuss this question on the basis of the informal reflection which was initiated at the Rome Ministerial Council. II. Guiding principles 1. The aim is to strengthen CFSP and complement it by the development of a Common European policy on security and defence. This requires a capacity for action backed by credible military capabilities and appropriate decision making bodies. Decisions to act would be taken within the institutional framework of the European Union. The European Union Council would thus be able to make decisions on the whole range of activities in the external relations of the Union (trade, CFSP, Defence). The Amsterdam Treaty incorporates the Petersberg tasks (‘humanitarian and rescue tasks, peace-keeping tasks and tasks of combat forces in crisis management, including peacemaking’) into the Treaty. The focus of our efforts therefore would be to assure that Europe possesses appropriate capabilities (including military capabilities) and structures to conduct crisis management in the scope of the Petersberg tasks. This is the area where a European capacity to act is required most urgently. 18 2. The efforts to strengthen European defence and security contribute to the vitality and effectiveness of the Atlantic Alliance by strengthening its European pillar. This shall lead to more complementarity, co-operation and synergy. The Alliance remains the foundation of the collective defence of its members. The commitments under Article 5 of the Washington Treaty and Article V of the Brussels Treaty will be preserved although there will be a need to review the institutional basis for the latter, in the understanding that whatever happens to the modified Brussels Treaty Article V, the collective security guarantee will continue to apply only to those who are NATO allies. 3. The requirements for the successful creation of a European defence capability will include • the ability of all EU member states to participate fully in European operations drawing on NATO assets and capabilities; • satisfactory arrangements for European NATO members who are not EU member states to be associated with policies in the field of defence and with Petersberg operations; • arrangements to ensure EU/NATO transparency and consultation. In addition, the possibility for involvement of Associate Partners of WEU needs further consideration. 4. For the effective implementation of its operations, the European Union will be able to choose, according to the requirements of the case, either • EU-led operations using NATO assets and capabilities and • EU-led operations without recourse to NATO assets and capabilities. This requires in particular: • the means for effective EU decision making in the field of security and defence policy and • the necessary capabilities including military capabilities. As regards EU decision making in the field of security and defence policy, necessary arrangements have to be made which will also ensure political control and strategic direction of EU-led operations. Furthermore, the EU will need a capacity for analysis of situations, sources of intelligence, and a capacity for relevant strategic planning. This may require in particular: • • • • • regular meetings (or ad hoc) of the General Affairs Council, including Defence Ministers; a permanent body consisting of representatives with pol/mil expertise; an EU Military Committee consisting of Military Representatives; a Military Staff including the Situation Centre; other resources, such as a Satellite Centre, Institute for Security Studies. 19 As regards military capabilities, nations need to develop further forces (including force headquarters) that are suited also for crisis management operations. The main characteristics include: deployability, sustainability, interoperability, flexibility and mobility. Any unnecessary duplication with regard to existing capabilities within NATO has to be avoided. 5. For autonomous European led operations, the EU could use either European capabilities preidentified within NATO’s European pillar or multinational or national European means outside the NATO framework. In the case of the EU having recourse to NATO assets and capabilities, including European command arrangements, the main focus should be on the following aspects: • • • Conclusion of the arrangements based on the Berlin decisions of 1996 by the time of the Washington NATO summit in April 1999. Further arrangements to secure automatic access to planning capabilities in NATO and a presumption of access to NATO assets and capabilities for European led operations Need for transfer to the EU of the arrangements between WEU and NATO on the European side (without renegotiation) III. The Way Ahead After discussion at ministerial level the presidency will prepare its report for the European Council in Cologne which should reflect common principles on the future of European security and defence. The Presidency will also reflect on possible conclusions for the European Council in Cologne. In drawing up such conclusions, the Presidency will try to answer the following questions: 1. How can we create the conditions for a common European policy on security and defence providing for homogenous action in European crisis management within the EU? 2. What will be the consequences for the future of WEU taking into account Article 17 of the EU Treaty which provides for the possibility of integrating WEU into the EU? 3. How can European military capabilities be developed further with regard to Petersberg tasks and in accordance with the decisions of the NATO summit in Washington in April? 4. Does this also require harmonisation of the requirements, development and procurement as well as further enhancement of cooperation of European defence industries? 8 March 1999. 8 Sommet du Conseil de l’Atlantique Nord Washington, DC, 24 avril 1999 L’OTAN dut organiser le sommet de son cinquantième anniversaire en pleine opération Force alliée au Kosovo. Pour marquer cet anniversaire, l’Organisation eut l’idée de reformuler et de mettre à jour son concept stratégique de 1991 (voir p. 25). Toutefois, avant même la tenue de ce sommet, l’ensemble de l’environnement stratégique s’était encore modifié. Le Communiqué de Washington dénote très clairement, après les événements du Kosovo, un plus haut degré d’acceptation de la PESD que ce n’était le cas dans le Nouveau concept stratégique précédemment négocié. COMMUNIQUÉ FINAL Une Alliance pour le XXIe siècle 1. Nous, chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’Alliance de l’Atlantique Nord, nous sommes réunis à Washington afin de célébrer le 50e anniversaire de l’OTAN et d’exposer notre vision de l’Alliance du XXIe siècle. L’Alliance de l’Atlantique Nord, fondée sur les principes de la démocratie, les libertés individuelles et le règne du droit, demeure la base de notre défense collective ; elle incarne le lien transatlantique qui unit l’Amérique du Nord et l’Europe au sein d’un partenariat de défense et de sécurité unique en son genre. 2. L’Alliance de l’Atlantique Nord a été fondée il y a cinquante ans, à une époque troublée et incertaine. Elle a bien résisté à l’épreuve de cinq décennies et a permis aux citoyens des pays alliés de connaître une période de paix, de liberté et de prospérité sans précédent. Ici, à Washington, nous avons rendu hommage aux réalisations du passé et nous avons tracé les contours d’une Alliance nouvelle pour relever les défis de l’avenir. Cette nouvelle Alliance sera plus large, plus performante et plus souple, déterminée à assurer la défense collective, et capable d’entreprendre de nouvelles missions, notamment en contribuant à la prévention efficace des conflits et en s’engageant activement dans la gestion des crises, y compris des opérations de réponse aux crises. Elle travaillera avec d’autres pays et d’autres organisations afin de promouvoir la sécurité, la prospérité et la démocratie dans l’ensemble de la région euro-atlantique. La présence aujourd’hui de trois nouveaux Alliés - la République tchèque, la Hongrie et la Pologne - atteste que nous avons surmonté la division de l’Europe. 3. L’Alliance saisit l’occasion de ce 50e anniversaire pour rendre hommage au sens du devoir, à l’esprit de sacrifice, à la résolution et à la loyauté à la cause de la liberté des hommes et des femmes qui servent dans les forces armées de tous les Alliés, et pour leur exprimer sa sincère gratitude. L’Alliance salue le rôle essentiel de ces forces d’active et de réserve, qui depuis un demi-siècle garantissent la liberté et préservent la sécurité transatlantique. Nos pays et notre Alliance ont une dette envers elles et leur marquent leur profonde reconnaissance. 21 4. L’OTAN du XXIe siècle - une OTAN avec les mêmes atouts que par le passé et avec de nouvelles missions, de nouveaux membres et de nouveaux partenariats - prend naissance aujourd’hui. A cet effet, nous avons : • approuvé un Concept stratégique actualisé ; • réaffirmé notre attachement au processus d’élargissement de l’Alliance et approuvé un plan d’action pour l’adhésion à l’intention des pays qui souhaitent en devenir membres ; • achevé les travaux sur des éléments clés des décisions de Berlin relatives à la construction de l’Identité européenne de sécurité et de défense au sein de l’Alliance et décidé d’en accroître encore l’efficacité ; • lancé l’initiative sur les capacités de défense ; • intensifié nos relations avec nos Partenaires par le biais d’un Partenariat pour la paix renforcé et plus opérationnel et développé nos consultations et notre coopération dans le cadre du Conseil de partenariat euro-atlantique ; • intensifié le dialogue méditerranéen ; • décidé d’amplifier les efforts de l’Alliance contre les armes de destruction massive et leurs vecteurs. 5. Dans le cadre de l’adaptation de l’Alliance aux nouveaux défis de sécurité, nous avons actualisé notre Concept stratégique pour le rendre pleinement comp atible avec le nouvel environnement de sécurité de l’Alliance. Le Concept actualisé réaffirme notre attachement à la défense collective et au lien transatlantique, tient compte des défis auxquels l’Alliance est confrontée aujourd’hui, présente une Alliance prête à renforcer la sécurité et la stabilité de la région euro-atlantique et dotée d’une gamme complète de capacités à cette fin, réaffirme notre attachement à la construction de l’IESD au sein de l’Alliance, met en lumière le rôle accru du partenariat et du dialogue, souligne la nécessité de développer les capacités de défense pour qu’elles correspondent au mieux à la gamme des missions de l’Alliance, avec notamment des forces plus déployables, capables de soutenir des opérations plus longues, mieux aptes à la survie et plus efficaces dans la prise à partie, et donne aux autorités militaires de l’OTAN des directives à cet effet. 6. Pour réaliser son objectif essentiel, en tant qu’Alliance de pays engagés par le Traité de Washington et la Charte des Nations Unies, l’Alliance remplit les tâches de sécurité fondamentales suivantes : Sécurité : Fournir l’une des bases indispensables à un environnement de sécurité euroatlantique stable, fondé sur le développement d’institutions démocratiques et sur l’engagement de régler les différends de manière pacifique, et dans lequel aucun pays ne serait en mesure de recourir à l’intimidation ou à la coercition contre un autre pays par la menace ou l’usage de la force. Consultation : Conformément aux dispositions de l’article 4 du Traité de l’Atlantique Nord, constituer une enceinte transatlantique essentielle où les Alliés puissent se consulter sur toute question affectant leurs intérêts vitaux, notamment en cas d’événements représentant un risque pour leur sécurité, et procéder à une coordination appropriée de leurs efforts dans des domaines d’intérêt commun. 22 Dissuasion et défense : Exercer une fonction de dissuasion et de défense contre toute menace d’agression visant un pays quelconque de l’OTAN, conformément aux dispositions des articles 5 et 6 du Traité de Washington. Et afin de renforcer la sécurité et la stabilité de la région euro-atlantique : • • Gestion des crises : Se tenir prête, au cas par cas, et par consensus, conformément à l’article 7 du Traité de Washington, à contribuer à la prévention efficace des conflits et à s’engager activement dans la gestion des crises, y compris des opérations de réponse aux crises. Partenariat : Promouvoir de vastes relations de partenariat, de coopération et de dialogue avec d’autres pays de la région euro-atlantique, en vue d’accroître la transparence, la confiance mutuelle et la capacité d’action conjointe avec l’Alliance. (…) 8. Nous réaffirmons notre volonté de préserver le lien transatlantique, ce qui englobe notre disposition à poursuivre des objectifs communs en matière de sécurité dans le cadre de l’Alliance chaque fois que possible. Nous constatons avec plaisir les progrès réalisés dans la mise en œuvre des décisions de Berlin et réaffirmons notre ferme volonté de poursuivre le processus de renforcement du pilier européen de l’Alliance sur la base de notre Déclaration de Bruxelles de 1994 et des principes adoptés à Berlin en 1996. Nous notons avec satisfaction que les éléments clés des décisions de Berlin se mettent en place. Parmi ces éléments figurent des options souples concernant le choix d’un commandant européen de l’OTAN et de quartiers généraux de l’OTAN pour des opérations dirigées par l’UEO, ainsi qu’un mandat spécifique pour l’Adjoint au SACEUR et un concept de GFIM adapté. Les deux organisations ont établi entre elles une liaison étroite, couvrant la planification, les exercices (en particulier un exercice conjoint de gestion des crises en 2000) et la consultation, de même qu’un cadre pour la mise à disposition et la restitution de moyens et de capacités de l’Alliance. 9. Nous nous réjouissons du nouvel élan donné au renforcement d’une politique européenne commune de sécurité et de défense par le Traité d’Amsterdam, ainsi que des réflexions engagées depuis lors au sein de l’UEO et – suite à la Déclaration de Saint-Malo – de l’UE, avec notamment les conclusions du Conseil européen de Vienne. C’est un processus qui a des implications pour tous les Alliés. Nous confirmons qu’un rôle plus fort de l’Europe ne peut que contribuer à la vitalité de notre Alliance pour le XXIe siècle, fondement de la défense collective de ses membres. A cet égard : a. nous prenons acte de la résolution de l’Union européenne à se doter d’une capacité d’action autonome, de manière à pouvoir prendre des décisions et, lorsque l’Alliance en tant que telle n’est pas engagée, approuver des actions militaires ; b. à mesure que ce processus avancera, l’OTAN et l’UE devraient assurer l’établissement entre elles d’une consultation, d’une coopération et d’une transparence effectives, en mettant à profit les mécanismes qui existent déjà entre l’OTAN et l’UEO ; c. nous saluons la détermination des membres de l’Union européenne comme des autres Alliés européens à prendre les mesures nécessaires pour renforcer leurs capacités de défense, en particulier pour de nouvelles missions, en évitant les doubles emplois inutiles ; 23 d. nous attachons la plus haute importance à veiller à ce que les Alliés européens non membres de l’UE soient associés aussi pleinement que possible à des opérations de réponse aux crises dirigées par l’UE, sur la base des arrangements de consultation existant au sein de l’UEO. Nous prenons également note de l’intérêt du Canada pour une participation à de telles opérations selon des modalités appropriées ; e. nous sommes résolus à aller plus loin dans le sens des décisions de Berlin de 1996, s’agissant notamment du concept relatif à l’utilisation de moyens et de capacités de l’OTAN séparables mais non séparés pour des opérations dirigées par l’UEO. 10. Sur la base des principes ci-dessus et nous appuyant sur les décisions de Berlin, nous sommes donc prêts à définir et à adopter les dispositions requises pour permettre l’accès aisé de l’Union européenne aux moyens et capacités collectifs de l’Alliance pour des opérations dans lesquelles l’Alliance dans son ensemble ne serait pas engagée militairement en tant qu’alliance. Le Conseil en session permanente approuvera ces dispositions, qui respecteront les exigences concernant les opérations de l’OTAN et la cohérence de sa structure de commandement, et devraient porter sur les éléments suivants : a. la garantie de l’accès de l’UE à des capacités de planification de l’OTAN pouvant contribuer à la planification militaire d’opérations dirigées par l’UE ; b. la présomption de disponibilité au profit de l’UE de capacités et de moyens communs de l’OTAN préidentifiés en vue de leur utilisation dans des opérations dirigées par l’UE ; c. l’identification d’une série d’options de commandement européen pour des opérations dirigées par l’UE, qui renforceraient le rôle de l’Adjoint au SACEUR en lui permettant d’assumer pleinement et de manière effective ses responsabilités européennes ; d. la poursuite de l’adaptation du système de planification de la défense de l’OTAN, d’une manière qui intègre plus complètement la disponibilité de forces pour des opérations dirigées par l’UE. Nous demandons au Conseil en session permanente de garder constamment à l’examen ces mesures, en tenant compte de l’évolution des arrangements pertinents au sein de l’UE. Le Conseil soumettra des recommandations à la prochaine réunion ministérielle. 11. Nous avons lancé une initiative sur les capacités de défense pour améliorer les capacités de défense de l’Alliance dans le but de garantir l’efficacité des futures opérations multinationales dans la gamme complète des missions de l’Alliance, compte tenu de l’environnement de sécurité actuel et prévisible, en mettant tout particulièrement l’accent sur l’amélioration de l’interopérabilité entre les forces de l’Alliance (et, le cas échéant, entre les forces de l’Alliance et celles des Partenaires). Les capacités de défense seront augmentées grâce à des améliorations de l’aptitude au déploiement et de la mobilité des forces de l’Alliance, de leur aptitude à mener des opérations prolongées et de leur logistique, de leur surviabilité et de l’efficacité de leur potentiel de prise à partie, ainsi que des systèmes de commandement, de contrôle et d’information. A cet égard, nous entérinons la décision du Conseil d’entamer la mise en œuvre du concept de centre logistique interarmées multinational d’ici à la fin de 1999 et d’élaborer, d’ici à 2002, une architecture de systèmes C3 qui formera la base d’une capacité centrale intégrée de l’Alliance permettant l’interopérabilité avec les systèmes nationaux. Nous avons créé un Groupe directeur de haut niveau, organe temporaire chargé de superviser la réalisation de l’initiative sur les capacités de défense et de répondre à la nécessité d’une coordination et d’une harmonisation entre les disciplines de planification pertinentes – y compris, pour les 24 Alliés concernés, la planification des forces – pour faire en sorte que les améliorations des capacités et de l’interopérabilité aient des effets durables. Les améliorations apportées à l’interopérabilité et aux capacités essentielles devraient aussi renforcer le pilier européen de l’OTAN. 25 LE CONCEPT STRATÉGIQUE DE L’ALLIANCE Approuvé par les chefs d’État et de gouvernement participant à la réunion du Conseil de l’Atlantique Nord tenue à Washington les 23 et 24 avril 1999 Introduction 1. A la réunion au sommet qu’ils ont tenue à Washington en avril 1999, les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’OTAN ont approuvé le nouveau Concept stratégique de l’Alliance. 2. L’OTAN a réussi à assurer la liberté de ses membres et à prévenir la guerre en Europe durant quarante années de Guerre froide. En combinant défense et dialogue, elle a joué un rôle indispensable pour mettre un terme à la confrontation Est-Ouest d’une manière pacifique. Les changements spectaculaires apportés au paysage stratégique euro-atlantique par la fin de la Guerre froide se sont reflétés dans le Concept stratégique adopté par l’Alliance en 1991. Il s’est toutefois produit, depuis lors, d’autres modifications profondes de la situation politique et de sécurité. 3. Aux dangers de la Guerre froide ont succédé des perspectives plus prometteuses, mais aussi porteuses de défis, ainsi que des opportunités et des risques nouveaux. Une nouvelle Europe à l’intégration accrue se fait jour, et une structure de sécurité euro-atlantique se développe dans laquelle l’OTAN joue un rôle central. L’Alliance est au cœur des efforts déployés pour établir de nouvelles formes de coopération et de compréhension mutuelle à travers la région euro-atlantique, et elle s’est engagée en faveur de nouvelles activités essentielles favorisant l’instauration d’une stabilité plus large. Elle montre la profondeur de cet engagement par ses efforts visant à mettre fin aux immenses souffrances humaines engendrées par le conflit dans les Balkans. Les années écoulées depuis la fin de la Guerre froide ont aussi été marquées par des développements importants dans le domaine de la maîtrise des armements, processus auquel l’Alliance est pleinement attachée. Le rôle de l’Alliance dans ces développements positifs s’est appuyé sur l’adaptation complète de son approche de la sécurité et de ses structures et procédures. Les dix dernières années ont toutefois vu également l’apparition de nouveaux risques complexes pour la paix et la stabilité euro-atlantiques, risques liés à des politiques d’oppression, à des conflits ethniques, au marasme économique, à l’effondrement de l’ordre politique, et à la prolifération des armes de destruction massive. 4. L’Alliance a un rôle indispensable à jouer pour consolider et préserver les changements positifs du passé récent, et pour faire face aux défis de sécurité actuels et futurs. Elle a, dès lors, un agenda exigeant. Elle doit sauvegarder les intérêts de sécurité communs dans un environnement qui continue d’évoluer, souvent de façon imprévisible. Elle doit maintenir la défense collective et renforcer le lien transatlantique, et assurer un équilibre qui permette aux Alliés européens d’assumer une plus grande responsabilité. Elle doit approfondir ses relations avec ses partenaires et se préparer à l’adhésion de nouveaux membres. Elle doit, par-dessus tout, conserver la volonté politique et les moyens militaires qu’exige l’ensemble de ses diverses missions. 26 5. Ce nouveau Concept stratégique guidera l’Alliance dans la mise en œuvre de cet agenda. Il décrit la nature et l’objectif immuables de l’OTAN ainsi que ses tâches de sécurité fondamentales, identifie les éléments centraux du nouvel environnement de sécurité et les composantes de son approche globale de la sécurité, et fournit des orientations pour la poursuite de l’adaptation de ses forces militaires. Partie I - L’Objectif et les tâches de l’Alliance 6. L’objectif essentiel et immuable de l’Alliance, tel qu’il est énoncé dans le Traité de Washington, consiste à sauvegarder la liberté et la sécurité de tous ses membres par des moyens politiques et militaires. Sur la base des valeurs communes que constituent la démocratie, les droits de l’homme et le règne du droit, l’Alliance s’attache depuis sa création à assurer un ordre pacifique juste et durable en Europe. Elle poursuivra sur cette voie. La réalisation de ce dessein peut être compromise par des crises et des conflits affectant la sécurité de la région euro-atlantique. C’est pourquoi l’Alliance non seulement veille à la défense de ses membres mais contribue à la paix et à la stabilité dans cette région. 7. L’Alliance incarne l’association transatlantique qui établit un lien permanent entre la sécurité de l’Amérique du Nord et la sécurité de l’Europe. Elle est l’expression concrète d’un effort collectif efficace visant à défendre les intérêts communs de ses membres. 8. Le principe fondamental qui guide l’Alliance est celui de l’engagement commun et de la coopération mutuelle entre des États souverains, au service de l’indivisibilité de la sécurité de tous ses membres. La solidarité et la cohésion au sein de l’Alliance, qui sont assurées par une coopération quotidienne s’exerçant dans les domaines à la fois politique et militaire, garantissent qu’aucun pays allié n’est contraint de compter uniquement sur ses propres efforts pour répondre aux grands défis de sécurité. Sans rien ôter au droit et au devoir qu’ont ses membres d’assumer leurs responsabilités d’États souverains en matière de défense, l’Alliance leur permet, par un effort collectif, de réaliser leurs objectifs essentiels de sécurité nationale. 9. Le sentiment qu’ont ainsi les membres de l’Alliance de bénéficier d’un égal niveau de sécurité quelles que soient les différences de situation ou de capacités militaires contribue à la stabilité dans la région euro-atlantique. L’Alliance ne recherche pas ces avantages pour ses seuls membres, mais est attachée à la création de conditions favorables au développement du partenariat, de la coopération et du dialogue avec des pays tiers qui partagent ses grands objectifs politiques. 10. Pour réaliser son objectif essentiel, en tant qu’Alliance de pays engagés par le Traité de Washington et la Charte des Nations Unies, l’Alliance remplit les tâches de sécurité fondamentales suivantes : Sécurité : Fournir l’une des bases indispensables à un environnement de sécurité euroatlantique stable, fondé sur le développement d’institutions démocratiques et sur l’engagement de régler les différends de manière pacifique, et dans lequel aucun pays ne 27 serait en mesure de recourir à l’intimidation ou à la coercition contre un autre pays par la menace ou l’usage de la force. Consultation : Conformément aux dis positions de l’article 4 du Traité de Washington, constituer une enceinte transatlantique essentielle où les Alliés puissent se consulter sur toute question affectant leurs intérêts vitaux, notamment en cas d’événements représentant un risque pour leur sécurité, et procéder à une coordination appropriée de leurs efforts dans des domaines d’intérêt commun. Dissuasion et défense : Exercer une fonction de dissuasion et de défense contre toute menace d’agression visant un pays quelconque de l’OTAN, conformément aux dispositions des articles 5 et 6 du Traité de Washington. Et afin de renforcer la sécurité et la stabilité de la région euro-atlantique : • • Gestion des crises : Se tenir prête, au cas par cas, et par consensus, conformément à l’article 7 du Traité de Washington, à contribuer à la prévention efficace des conflits et à s’engager activement dans la gestion des crises, y compris des opérations de réponse aux crises. Partenariat : Promouvoir de vastes relations de partenariat, de coopération et de dialogue avec d’autres pays de la région euro-atlantique, en vue d’accroître la transparence, la confiance mutuelle et la capacité d’action conjointe avec l’Alliance. 11. En réalisant son objectif et en remplissant ses tâches de sécurité fondamentales, l’Alliance continuera à respecter les intérêts de sécurité légitimes des autres, et à favoriser le règlement pacifique des différends conformément à la Charte des Nations Unies. Elle encouragera le développement de relations internationales pacifiques et amicales, et elle soutiendra les institutions démocratiques. L’Alliance ne se considère comme l’adversaire d’aucun pays. Partie II - Perspectives Stratégiques Un Environnement stratégique en évolution 12. L’Alliance mène ses activités dans un environnement en constante mutation. Les développements de ces dernières années ont été généralement positifs, mais il subsiste des risques et des incertitudes qui peuvent engendrer des crises graves. Dans ce contexte en évolution, l’OTAN a apporté une contribution essentielle au renforcement de la sécurité euro-atlantique depuis la fin de la Guerre froide. Son rôle politique croissant, son partenariat, sa coopération et son dialogue politiques et militaires intensifiés avec d’autres États, y compris avec la Russie, l’Ukraine, et des pays participant au Dialogue méditerranéen, le maintien de sa politique d’ouverture à l’adhésion de nouveaux membres, sa collaboration avec d’autres organisations internationales, son attachement, illustré par exemple dans les Balkans, à la prévention des conflits et à la gestion des crises, notamment par des opérations de soutien de la paix, sont autant de témoignages de sa détermination à façonner son environnement de sécurité et à renforcer la paix et la stabilité de la région euro-atlantique. 28 13. Parallèlement, l’OTAN a su s’adapter pour être mieux à même de contribuer à la paix et à la stabilité de la région euro-atlantique. Les réformes internes ont englobé l’adoption d’une nouvelle structure de commandement, et notamment du concept des Groupes de forces interarmées multinationales, l’établissement de dispositions permettant le déploiement rapide de forces pour la gamme complète des missions de l’Alliance, et la construction de l’identité européenne de sécurité et de défense (IESD) au sein de l’Alliance. 14. Les Nations Unies, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), l’Union européenne (UE) et l’Union de l’Europe occidentale (UEO) ont apporté des contributions spécifiques à la sécurité et à la stabilité euro-atlantiques. Des organisations qui se renforcent mutuellement sont devenues un élément central de l’environnement de sécurité. 15. Le Conseil de sécurité des Nations Unies assume la principale responsabilité quant au maintien de la paix et de la sécurité internationales et, à ce titre, joue un rôle crucial en contribuant à la sécurité et à la stabilité dans la région euro-atlantique. 16. L’OSCE, en tant qu’accord régional, est l’organisation de sécurité la plus large d’Europe, comprenant également le Canada et les États-Unis, et elle joue un rôle essentiel s’agissant de favoriser la paix et la stabilité, de renforcer la sécurité coopérative, et de promouvoir la démocratie et les droits de l’homme en Europe. L’OSCE est particulièrement active dans les domaines de la diplomatie préventive, de la prévention des conflits, de la gestion des crises et du relèvement après un conflit. L’OTAN et l’OSCE ont établi une étroite coopération pratique, en particulier pour ce qui concerne l’action internationale visant à instaurer la paix en ex-Yougoslavie. 17. L’Union européenne a pris d’importantes décisions et a donné une nouvelle impulsion à ses efforts visant à renforcer sa dimension de sécurité et de défense. Ce processus aura des implications pour l’Alliance tout entière, et tous les Alliés européens devraient y être associés, sur la base de dispositions mises au point par l’OTAN et l’UEO. L’élaboration d’une politique étrangère et de sécurité commune (PESC) comprend la définition progressive d’une politique de défense commune. Une telle politique, telle que la prévoit le Traité d’Amsterdam, serait compatible avec la politique de sécurité et de défense commune adoptée dans le cadre du Traité de Washington. Les mesures importantes prises dans ce contexte ont consisté notamment à inclure les tâches définies par l’UEO à Petersberg dans le traité sur l’Union européenne et à établir des relations institutionnelles plus étroites avec l’UEO. 18. Comme il a été affirmé dans la déclaration du Sommet de 1994 et réaffirmé à Berlin en 1996, l’OTAN soutient pleinement le développement de l’identité européenne de sécurité et de défense au sein de l’Alliance en mettant à disposition ses moyens et capacités pour des opérations dirigées par l’UEO. Dans cette optique, l’Alliance et l’UEO ont établi entre elles des relations étroites et ont mis en place des éléments clés de l’IESD comme convenu à Berlin. Afin de renforcer la paix et la stabilité en Europe et dans un contexte plus large, les Alliés européens développent leurs possibilité d’action, notamment en augmentant leurs capacités militaires. L’accroissement des responsabilités et des capacités des Alliés européens en ce qui concerne la sécurité et la défense renforce l’environnement de sécurité de l’Alliance. 29 19. La stabilité, la transparence, la prévisibilité, l’abaissement des niveaux d’armements et les mesures de vérification qui peuvent découler des accords sur la maîtrise des armements et sur la non-prolifération viennent à l’appui des efforts politiques et militaires de l’OTAN visant à réaliser ses objectifs stratégiques. Les Alliés ont joué un rôle majeur pour permettre les résultats importants qui ont été enregistrés dans ce domaine. Parmi ces résultats figurent le renforcement de la stabilité apporté par le Traité FCE, les réductions substantielles des armements nucléaires rendues possibles par les traités START, la signature du Traité d’interdiction complète des essais, la reconduction indéfinie et inconditionnelle du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, l’accession à ce Traité du Bélarus, du Kazakhstan et de l’Ukraine en tant qu’États non dotés d’armes nucléaires, et l’entrée en vigueur de la Convention sur les armes chimiques. La Convention d’Ottawa interdisant les mines antipersonnel et des accords analogues apportent une importante contribution à l’atténuation des souffrances humaines. D’autres avancées sont prévisibles dans la maîtrise des armements conventionnels, et aussi en ce qui concerne les armes nucléaires, biologiques et chimiques (NBC). Les Défis et les Risques pour la Sécurité 20. Malgré l’évolution positive de l’environnement stratégique et le fait qu’une agression conventionnelle de grande envergure dirigée contre l’Alliance est hautement improbable, la possibilité de l’apparition d’une telle menace à long terme existe. La sécurité de l’Alliance reste exposée à des risques militaires et non militaires très divers, qui viennent de plusieurs directions et sont souvent difficiles à prévoir. Ces risques comprennent l’incertitude et l’instabilité dans la région euro-atlantique et alentour, et la possibilité de voir se produire à la périphérie de l’Alliance des crises régionales, susceptibles d’évoluer rapidement. Certains pays de la région euro-atlantique et alentour sont confrontés à de graves difficultés économiques, sociales et politiques. Des rivalités ethniques et religieuses, des litiges territoriaux, l’inadéquation ou l’échec des efforts de réforme, des violations des droits de l’homme et la dissolution d’États peuvent conduire à une instabilité locale et même régionale. Les tensions qui en résulteraient pourraient déboucher sur des crises mettant en cause la stabilité euro-atlantique, engendrer des souffrances humaines, et provoquer des conflits armés. De tels conflits pourraient affecter la sécurité de l’Alliance par exemple en s’étendant à des pays voisins, y compris à des pays de l’OTAN, et pourraient également affecter la sécurité d’autres États. 21. L’existence de puissantes forces nucléaires à l’extérieur de l’Alliance constitue un autre facteur important dont celle-ci doit tenir compte pour maintenir la sécurité et la stabilité dans la région euro-atlantique. 22. La prolifération des armes NBC et de leurs vecteurs reste un grave sujet de préoccupation. Malgré des progrès bienvenus dans le renforcement des régimes internationaux de non-prolifération, il subsiste des défis majeurs en ce qui concerne la prolifération. L’Alliance a conscience qu’une prolifération peut se produire malgré les efforts déployés pour la prévenir et qu’elle peut représenter une menace militaire directe pour les populations, le territoire et les forces des pays alliés. Certains États, situés notamment à la périphérie de la zone de l’OTAN et dans d’autres régions, vendent ou acquièrent ou essayent d’acquérir des armes NBC et leurs vecteurs. Les éléments matériels et la technologie pouvant servir à la production de ces armes de destruction massive et de 30 leurs vecteurs deviennent plus répandus, tandis que la détection et la prévention du commerce illicite de ces matières et de ce savoir-faire restent difficiles. Des acteurs autres que des États ont montré qu’ils ont le potentiel leur permettant de créer et d’utiliser certaines de ces armes. 23. La diffusion à l’échelle mondiale de technologies pouvant servir à la production d’armes peut entraîner une plus grande disponibilité de capacités militaires sophistiquées, ce qui permettrait à des adversaires d’acquérir des systèmes aériens, terrestres et navals offensifs et défensifs très performants, des missiles de croisière et d’autres armes perfectionnées. Il se peut en outre que des États adversaires et des adversaires autres que des États essaient d’exploiter la dépendance croissante de l’Alliance à l’égard des systèmes d’information en menant des opérations destinées à perturber le fonctionnement de ces systèmes. Ils pourraient tenter de recourir à de telles stratégies pour s’opposer à la supériorité de l’OTAN en matière d’armements traditionnels. 24. Toute attaque armée contre le territoire des Alliés, de quelque direction qu’elle vienne, serait couverte par les articles 5 et 6 du Traité de Washington. Cependant, la sécurité de l’Alliance doit aussi s’envisager dans un contexte global. Les intérêts de sécurité de l’Alliance peuvent être mis en cause par d’autres risques à caractère plus général, notamment des actes relevant du terrorisme, du sabotage et du crime organisé, et par la rupture des approvisionnements en ressources vitales. De grands mouvements incontrôlés de population, résultant en particulier de conflits armés, peuvent également poser des problèmes pour la sécurité et la stabilité de l’Alliance. Des arrangements existent au sein de l’Alliance qui permettent aux États membres de se consulter conformément à l’article 4 du Traité de Washington et, le cas échéant, de coordonner leurs efforts, notamment face à des risques de cette nature. Partie III - L’Approche de la sécurité au XXIe Siècle 25. L’Alliance est attachée à une approche globale de la sécurité, qui reconnaît l’importance des facteurs politiques, économiques, sociaux et environnementaux en plus de l’indispensable dimension de défense. Elle se fonde sur cette approche globale pour accomplir efficacement ses tâches de sécurité fondamentales, et pour déployer un effort croissant afin de développer des relations de coopération efficace avec d’autres organisations européennes et euro-atlantiques ainsi qu’avec les Nations Unies. Notre but collectif est de mettre en place une architecture de sécurité européenne dans laquelle la contribution de l’Alliance à la sécurité et à la stabilité de la région euro-atlantique et la contribution de ces autres organisations internationales se complètent et se renforcent mutuellement, à la fois dans l’approfondissement des relations entre pays euro-atlantiques et dans la gestion des crises. L’OTAN reste le forum essentiel de consultation entre les Alliés et l’enceinte où ceux-ci s’accordent sur des politiques touchant à leurs engagements de sécurité et de défense au titre du Traité de Washington. 26. L’Alliance cherche à préserver la paix et à renforcer la sécurité et la stabilité euroatlantiques de différentes façons : en préservant le lien transatlantique ; en maintenant des capacités militaires efficaces suffisant à assurer la dissuasion et la défense et à remplir la gamme complète de ses missions ; en développant l’identité européenne de sécurité et de défense au sein de l’Alliance ; en conservant la capacité globale de gérer les crises avec 31 succès ; en restant ouverte à de nouvelles adhésions ; et en poursuivant le partenariat, la coopération et le dialogue avec d’autres pays dans le cadre de son approche coopérative de la sécurité euro-atlantique, notamment dans le domaine de la maîtrise des armements et du désarmement. Le Lien Transatlantique 27. L’OTAN est attachée à un partenariat fort et dynamique entre l’Europe et l’Amérique du Nord, venant à l’appui des valeurs et des intérêts qu’elles partagent. La sécurité de l’Europe et celle de l’Amérique du Nord sont indivisibles. Ainsi, l’attachement de l’Alliance à l’indis pensable lien transatlantique et à la défense collective de ses membres revêt une importance fondamentale pour sa crédibilité de même que pour la sécurité et la stabilité de la région euro-atlantique. Le Maintien des Capacités Militaires de l’Alliance 28. Le maintien d’un potentiel militaire adéquat et une volonté manifeste d’agir collectivement pour la défense commune restent essentiels à la réalisation des objectifs de l’Alliance sur le plan de la sécurité. Un tel potentiel, de même que la solidarité politique, reste indispensable pour que l’Alliance puisse prévenir toute tentative de coercition ou d’intimidation, et garantir qu’une agression militaire contre elle ne puisse à aucun moment être perçue comme une option offrant une perspective quelconque de succès. 29. L’existence de capacités militaires efficaces dans toutes les circonstances prévisibles est aussi fondamentale pour permettre à l’Alliance de contribuer à la prévention des conflits et à la gestion des crises par des opérations de réponse aux crises ne relevant pas de l’article 5. Ces missions peuvent être hautement exigeantes et nécessiter les mêmes qualités politiques et militaires – cohésion, entraînement multinational, travail approfondi de planification préalable, etc. – que celles qui seraient essentielles dans une situation relevant de l’article 5. C’est pourquoi, si elles peuvent imposer des exigences spécifiques, elles seront néanmoins traitées dans le cadre d’un ensemble commun de structures et de procédures alliées. L’Identité Européenne de Sécurité et de Défense 30. L’Alliance, sur laquelle repose la défense collective de ses membres, et à travers laquelle les objectifs de sécurité communs seront poursuivis chaque fois que possible, reste attachée à un partenariat transatlantique équilibré et dynamique. Les Alliés européens ont pris des décisions qui leur permettront d’assumer de plus grandes responsabilités dans les domaines de la sécurité et de la défense, afin de renforcer la paix et la stabilité de la région euro-atlantique et, ainsi, la sécurité de tous les Alliés. Sur la base des décisions que l’Alliance a prises à Berlin en 1996 et par la suite, l’identité européenne de sécurité et de défense continuera d’être développée au sein de l’OTAN. Ce processus exigera une coopération étroite entre l’OTAN, l’UEO et, lorsqu’il y aurait lieu, l’Union européenne. Il permettra à tous les Alliés européens d’apporter une contribution plus cohérente et plus efficace aux missions et activités de l’Alliance en tant qu’expression de nos responsabilités partagées ; il renforcera le partenariat transatlantique, et il aidera les Alliés européens à agir eux-mêmes selon les besoins parce que l’Alliance est prête à mettre ses moyens et capacités à disposition, au cas par cas, et par consensus, pour des opérations dans lesquelles elle ne serait pas engagée militairement et qui seraient menées sous le contrôle politique et la direction stratégique assurés soit par l’UEO, soit de toute autre façon convenue, en tenant 32 compte de la pleine participation de tous les Alliés européens, si ceux-ci faisaient un choix en ce sens. Prévention des Conflits et Gestion des Crises 31. Poursuivant sa politique de maintien de la paix, de prévention de la guerre, et de renforcement de la sécurité et de la stabilité, et comme prévu dans les tâches de sécurité fondamentales, l’OTAN s’efforcera, en coopération avec d’autres organisations, de prévenir les conflits ou, si une crise se produit, de contribuer à sa gestion efficace, conformément au droit international, ce qui inclut la possibilité de conduire des opérations de réponse aux crises ne relevant pas de l’article 5. Le fait que l’Alliance est prête à mener de telles opérations vient à l’appui de l’objectif plus général consistant à renforcer et étendre la stabilité, et implique souvent la participation de Partenaires de l’OTAN. L’OTAN rappelle son offre, formulée à Bruxelles en 1994, de soutenir, au cas par cas et selon ses propres procédures, des opérations de maintien de la paix et autres opérations menées sous l’autorité du Conseil de sécurité des Nations Unies ou sous la responsabilité de l’OSCE, y compris en mettant à disposition les ressources et le savoir-faire de l’Alliance. Dans ce contexte, l’OTAN rappelle ses décisions ultérieures concernant les opérations de réponse aux crises dans les Balkans. Compte tenu de la nécessité de la solidarité et de la cohésion au sein de l’Alliance, la participation à toute opération ou mission de cette nature restera soumise aux décisions que prendront les États membres conformément à leurs constitutions nationales. 32. L’OTAN mettra pleinement à profit le partenariat, la coopération et le dialogue ainsi que ses liens avec d’autres organisations pour contribuer à prévenir les crises et, si elles se produisent, à les désamorcer rapidement. Une approche cohérente de la gestion des crises exigera, comme toute utilisation de la force par l’Alliance, que les autorités politiques de celle-ci choisissent et coordonnent des réponses appropriées parmi un éventail de mesures à la fois politiques et militaires et qu’elles exercent à tous les stades un contrôle politique étroit. Partenariat, Coopération et Dialogue 33. Par la poursuite active du partenariat, de la coopération et du dialogue, l’Alliance joue un rôle positif en favorisant la sécurité et la stabilité dans l’ensemble de la région euroatlantique. Par sa politique d’ouverture, elle cherche à préserver la paix, soutenir et promouvoir la démocratie, contribuer à la prospérité et au progrès, et favoriser un partenariat authentique avec et entre tous les pays euro-atlantiques démocratiques. Cette action vise à renforcer la sécurité de tous, n’exclut personne, et aide à surmonter les divisions et les désaccords qui pourraient déboucher sur l’instabilité et sur des conflits. 34. Le Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA) demeurera le cadre général de consultation sur tous les aspects de la coopération avec les Partenaires de l’OTAN. Il offre une dimension politique élargie pour les consultations et la coopération. Les consultations qui s’y déroulent accroissent la transparence et la confiance entre ses membres sur les questions de sécurité, contribuent à la prévention des conflits et à la gestion des crises, et développent les activités de coopération pratique, notamment dans le domaine des plans civils d’urgence comme dans ceux de la science et de l’environnement. 33 35. Le Partenariat pour la paix est le principal mécanisme permettant d’établir des liens pratiques en matière de sécurité entre l’Alliance et ses Partenaires et de renforcer l’interopérabilité entre les Partenaires et l’OTAN. Dans le cadre de programmes détaillés qui reflètent les capacités et les intérêts propres de chaque Partenaire, Alliés et Partenaires s’emploient à promouvoir la transparence dans les plans et les budgets de défense nationaux, le contrôle démocratique des forces de défense, la préparation aux catastrophes civiles et autres situations d’urgence, et le développement de la capacité de travailler ensemble, y compris dans des opérations du PPP dirigées par l’OTAN. L’Alliance est résolue à donner aux Partenaires un rôle accru dans la prise de décision et la planification des activités du PPP, et à rendre le PPP plus opérationnel. L’OTAN mènera des consultations avec tout participant actif au Partenariat qui constaterait l’existence d’une menace directe pour son intégrité territoriale, son indépendance politique ou sa sécurité. 36. La Russie joue un rôle unique s’agissant de la sécurité euro-atlantique. Dans le cadre de l’Acte fondateur OTAN-Russie sur les relations, la coopération et la sécurité mutuelles, l’OTAN et la Russie se sont engagées à développer leurs relations sur la base de l’intérêt commun, de la réciprocité et de la transparence, en vue d’établir dans la région euroatlantique une paix durable et ouverte à tous, sur la base des principes de la démocratie et de la sécurité coopérative. L’OTAN et la Russie sont convenues de donner une expression concrète à leur engagement commun de construire une Europe stable, pacifique et sans division. L’existence, entre elles, d’un partenariat fort, stable et durable est indispensable à l’instauration dans la région euro-atlantique d’une stabilité pouvant se perpétuer. 37. L’Ukraine occupe une place spéciale dans l’environnement de sécurité euro-atlantique ; c’est un partenaire important, dont l’apport est très utile, pour la promotion de la stabilité et des valeurs démocratiques communes. L’OTAN est résolue à renforcer encore, sur la base de la Charte OTAN-Ukraine, son partenariat spécifique avec l’Ukraine, y compris les consultations politiques sur des questions d’intérêt commun et une large gamme d’activités de coopération pratique. L’Alliance continue de soutenir la souveraineté et l’indépendance, l’intégrité territoriale, le développement démocratique et la prospérité économique de l’Ukraine, ainsi que son statut d’État non doté d’armes nucléaires, qui constituent des facteurs essentiels de stabilité et de sécurité en Europe centrale et orientale et dans l’ensemble de l’Europe. 38. La Méditerranée est une région d’un intérêt particulier pour l’Alliance. La sécurité en Europe est étroitement liée à la sécurité et à la stabilité en Méditerranée. Le processus de Dialogue méditerranéen, ouvert par l’OTAN, fait partie intégrante de l’approche coopérative de l’OTAN vis -à-vis de la sécurité. Il fournit un cadre pour le développement de la confiance, favorise la transparence et la coopération dans la région, et renforce et est renforcé par d’autres actions menées au niveau international. L’Alliance est résolue à développer progressivement les aspects politiques, civils et militaires du Dialogue en vue de parvenir à une coopération plus étroite avec les pays qui sont ses partenaires dans ce Dialogue et de susciter un engagement plus actif de ces derniers. Élargissement 39. L’Alliance reste ouverte à l’adhésion de nouveaux membres conformément à l’article 10 du Traité de Washington. Elle compte, dans les années à venir, lancer de nouvelles invitations à des pays désireux et capables d’assumer les responsabilités et les obligations 34 liées au statut de membre, et dès lors que l’OTAN aura déterminé que l’inclusion de ces pays servirait les intérêts politiques et stratégiques généraux de l’Alliance, accroîtrait son efficacité et sa cohésion, et renforcerait la sécurité et la stabilité européennes en général. A cette fin, l’OTAN a mis au point un programme d’activités destiné à aider les pays qui aspirent à devenir membres à se préparer à une éventuelle adhésion future dans le contexte général de ses relations avec eux. Aucun pays européen démocratique dont l’admission répondrait aux objectifs du Traité ne sera exclu du processus d’examen. Maîtrise des armements, désarmement et non-prolifération 40. La politique de soutien de l’Alliance à la maîtrise des armements, au désarmement et à la non-prolifération continuera de jouer un rôle majeur dans la réalisation des objectifs de sécurité de l’Alliance. Les Alliés cherchent à accroître la sécurité et la stabilité au niveau de forces le plus bas qui puisse être atteint tout en maintenant la capacité de l’Alliance d’assurer la défense collective et d’accomplir la gamme complète de ses missions. Comme il s’agit d’un élément important de son approche globale de la sécurité, l’Alliance continuera de veiller à ce que les objectifs en matière de défense et de maîtrise des armements, de désarmement et de non-prolifération restent en harmonie. Elle continuera de contribuer activement à l’élaboration d’accords sur la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération, ainsi que de mesures de confiance et de sécurité. Les Alliés accordent beaucoup d’importance au rôle spécifique qu’ils jouent pour favoriser un processus international de maîtrise des armements et de désarmement plus larges, plus complets et plus vérifiables. L’Alliance accentuera les efforts qu’elle déploie sur le plan politique en vue de réduire les risques découlant de la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs. Le but principal de l’Alliance et de ses membres dans le domaine de la non-prolifération consiste à prévenir la prolifération ou, si elle se produit, à en inverser le cours par des moyens diplomatiques. L’Alliance attache une grande importance au maintien de la validité et à la pleine application par toutes les parties des dispositions du Traité FCE, en tant qu’élément essentiel pour assurer la stabilité de la région euro-atlantique. Partie IV - Orientations pour les Forces de l’Alliance Principes de la Stratégie de l’Alliance 41. L’Alliance conservera les capacités militaires nécessaires pour remplir la gamme complète des missions de l’OTAN. Les principes de solidarité alliée et d’unité stratégique restent primordiaux pour l’accomplissement de ces missions. Les forces de l’Alliance doivent sauvegarder l’efficacité militaire et la liberté d’action de l’OTAN. La sécurité de tous les Alliés est indivisible : une attaque contre l’un deux est une attaque contre tous. En ce qui concerne la défense collective aux termes de l’article 5 du Traité de Washington, les forces militaires comb inées de l’Alliance doivent être capables de décourager toute agression potentielle dirigée contre elle, d’arrêter la progression d’un agresseur aussi loin à l’avant que possible, si une attaque devait néanmoins se produire, et d’assurer l’indépendance politique et l’intégrité territoriale de ses États membres. Elles doivent également être prêtes à contribuer à la prévention des conflits et à conduire des opérations de réponse aux crises ne relevant pas de l’article 5. Les forces de l’Alliance ont un rôle essentiel à jouer pour promouvoir la compréhension et la coopération avec les Partenaires de l’OTAN et les autres États, notamment en aidant les Partenaires à se préparer à une participation potentielle à des opérations PPP dirigées par l’OTAN. Ainsi, elles contribuent 35 à la préservation de la paix, à la sauvegarde des intérêts de sécurité communs des membres de l’Alliance, et au maintien de la sécurité et de la stabilité de la région euro-atlantique. En décourageant l’utilisation d’armes NBC, elles contribuent aux efforts de l’Alliance visant à prévenir la prolifération de ces armes et de leurs vecteurs. 42. Le partage équitable des rôles, des risques et des responsabilités, ainsi que des avantages, liés à la défense commune est indispensable à la réalisation des objectifs de l’Alliance. La présence de forces conventionnelles et de forces nucléaires américaines en Europe reste essentielle pour la sécurité de ce continent, qui est indissolublement liée à celle de l’Amérique du Nord. Les Alliés nord-américains apportent une contribution à l’Alliance en mettant des forces militaires à disposition pour l’accomplissement de ses missions, en contribuant dans un contexte plus large à la paix et à la sécurité internationales, et en fournissant des installations d’entraînement uniques disponibles sur le continent nord-américain. Les Alliés européens apportent également des contributions substantielles dans des domaines très divers. A mesure que le processus de développement de l’IESD au sein de l’Alliance progressera, les Alliés européens renforceront encore leur contribution à la défense commune ainsi qu’à la paix et à la stabilité internationales, grâce à des formations multinationales. 43. Le principe de l’effort collectif pour la défense de l’Alliance est incarné par des dispositions pratiques qui apportent aux Alliés les avantages de première importance découlant, sur les plans politique et militaire comme sur celui des ressources, d’une défense collective, et qui empêchent le retour à des politiques de défense purement nationales, sans priver les Alliés de leur souveraineté. Ces dispositions permettent également aux forces de l’OTAN de mener des opérations de réponse aux crises ne relevant pas de l’article 5 et constituent une condition préalable à une réponse cohérente de l’Alliance à toutes les situations possibles. Elles sont fondées sur des procédures de consultation, une structure militaire intégrée et des accords de coopération. Parmi leurs éléments clés figurent des plans de forces collectifs, un financement commun, des plans opérationnels communs, des arrangements relatifs à des formations, à des quartiers généraux et à des commandements multinationaux, un système de défense aérienne intégrée, un équilibre des rôles et des responsabilités entre les Alliés, le stationnement et le déploiement de forces hors de leur territoire national en cas de besoin, des dispositions, y compris en matière de planification, pour la gestion des crises et le renforcement, des normes et procédures communes pour l’équipement, la formation et la logistique, des doctrines et des exercices interarmées et multinationaux selon les besoins, et une coopération en matière d’infrastructure, d’armements et de logistique. L’inclusion des Partenaires de l’OTAN dans de tels arrangements ou la mise au point d’arrangements similaires pour eux, dans les domaines appropriés, contribue également à renforcer la coopération et les efforts communs sur les questions liées à la sécurité euro-atlantique. 44. Le financement multinational, notamment au titre du budget militaire et du programme OTAN d’investissement au service de la sécurité, continuera de jouer un rôle important pour l’acquisition et le maintien des moyens et capacités nécessaires. La gestion des ressources doit être guidée par l’évolution des besoins militaires de l’Alliance. 45. L’OTAN soutient la poursuite du développement de l’IESD au sein de l’Alliance, y compris en étant prête à mettre à disposition des moyens et des capacités pour des 36 opérations menées sous le contrôle politique et la direction stratégique assurés soit par l’UEO, soit de toute autre façon convenue. 46. Pour protéger la paix et prévenir la guerre ou toute forme de coercition, l’Alliance maintiendra dans l’avenir prévisible une combinaison appropriée de forces nucléaires et de forces conventionnelles basées en Europe et tenues à niveau là où ce sera nécessaire, encore qu’il doive s’agir du niveau minimum suffisant. Compte tenu de la diversité des risques auxquels elle pourrait être confrontée, l’Alliance doit garder les forces nécessaires pour assurer une dissuasion crédible et être en mesure de choisir entre une large gamme de ripostes conventionnelles. Mais ses forces conventionnelles ne peuvent à elles seules assurer une dissuasion crédible. Les armes nucléaires apportent une contribution unique en rendant incalculables et inacceptables les risques que comporterait une agression contre l’Alliance. Elles restent donc indispensables au maintien de la paix. Le Dispositif de Forces de l’Alliance Les missions des forces militaires de l’Alliance 47. Les forces militaires de l’Alliance ont pour rôle principal de protéger la paix et garantir l’intégrité territoriale, l’indépendance politique et la sécurité des États membres. Elles doivent donc être capables d’assurer une dissuasion et une défense efficaces, de maintenir ou rétablir l’intégrité territoriale des pays alliés et – en cas de conflit – de mettre fin à la guerre rapidement, en amenant un agresseur à reconsidérer sa décision, à cesser son attaque et à se retirer. Les forces de l’OTAN doivent garder la capacité d’assurer une défense collective tout en menant des opérations efficaces de réponse aux crises ne relevant pas de l’article 5. 48. Le maintien de la sécurité et de la stabilité de la région euro-atlantique revêt une importance primordiale. Un objectif important de l’Alliance et de ses forces consiste à écarter les risques en faisant face rapidement aux crises potentielles. En cas de crise mettant en danger la stabilité euro-atlantique et pouvant nuire à la sécurité des membres de l’Alliance, les forces militaires alliées pourraient être appelées à conduire des opérations de réponse aux crises. Elles pourraient également être appelées à contribuer à la préservation de la paix et de la sécurité internationales en conduisant des opérations à l’appui d’autres organisations internationales, complétant et renforçant les actions politiques dans le cadre d’une approche globale de la sécurité. 49. En contribuant à la gestion des crises par des opérations militaires, les forces de l’Alliance devront compter avec un ensemble plus complexe et plus divers d’acteurs, de risques, de situations et d’exigences, y compris des urgences humanitaires. Certaines opérations de réponse aux crises ne relevant pas de l’article 5 imposeront peut-être autant d’exigences que certaines missions de défense collective. Des forces bien entraînées et bien équipées, d’un niveau de préparation adéquat et en nombre suffisant pour pouvoir faire face à la gamme complète des situations possibles, ainsi que des structures de soutien, des outils de planification et des capacités de commandement et de contrôle appropriés, sont essentiels pour permettre de fournir des contributions militaires efficaces. L’Alliance devrait également être prête à soutenir, sur la base de capacités séparables mais non séparées, des opérations menées sous le contrôle politique et la direction stratégique assurés soit par l’UEO, soit de toute autre façon convenue. La participation potentielle de pays 37 partenaires et d’autres pays non membres de l’OTAN à des opérations dirigées par l’OTAN ainsi que d’éventuelles opérations menées avec la Russie seraient d’autres éléments précieux de la contribution de l’OTAN à la gestion de crises mettant en cause la sécurité euro-atlantique. 50. Les forces militaires de l’Alliance contribuent également à promouvoir la stabilité dans l’ensemble de la région euro-atlantique par leur participation à des contacts entre militaires ainsi qu’à d’autres activités de coopération et exercices dans le cadre du Partenariat pour la paix, en plus de ceux qui sont organisés pour approfondir les relations de l’OTAN avec la Russie, l’Ukraine et les pays participant au Dialogue méditerranéen. Elles contribuent à la stabilité et à la compréhension en participant à des activités qui renforcent la confiance, y compris à celles qui accroissent la transparence et améliorent la communication, de même qu’à la vérification d’accords de maîtrise des armements et à des opérations de déminage humanitaire. Les principaux domaines de consultation et de coopération pourraient être notamment les suivants : entraînement et exercices, interopérabilité, relations civilomilitaires, élaboration de concepts et de doctrines, plans de défense, gestion des crises, problèmes liés à la prolifération, coopération en matière d’armements et participation à la planification opérationnelle et à des opérations. Orientations pour le dispositif de forces de l’Alliance 51. Pour que l’Alliance puisse accomplir ses tâches de sécurité fondamentales et appliquer les principes de sa stratégie, il faut poursuivre l’adaptation de ses forces de façon qu’elles puissent répondre avec efficacité aux exigences de la gamme complète des missions de l’Alliance et relever les défis futurs. Le dispositif de forces allié, en s’appuyant sur les atouts des différentes structures de défense des pays, se conformera aux orientations présentées dans les paragraphes qui suivent. 52. La taille, le niveau de préparation et de disponibilité, et le déploiement des forces militaires de l’Alliance refléteront son attachement à la défense collective et à la conduite d’opérations de réponse aux crises, parfois sur court préavis, loin de leurs bases nationales, y compris au-delà du territoire des Alliés. Les caractéristiques des forces de l’Alliance tiendront compte également des dispositions des accords pertinents de maîtrise des armements. Ces forces doivent être suffisantes en nombre et en capacités pour décourager et repousser une agression contre l’un quelconque des Alliés. Elles doivent être interopérables, et disposer des doctrines et des technologies appropriées. Elles doivent être maintenues au niveau de préparation et de déployabilité requis et être capables de remporter un succès militaire dans une large gamme d’opérations interarmées et multinationales complexes, qui peuvent aussi faire intervenir des pays partenaires et d’autres pays non membres de l’OTAN. Cela signifie en particulier : a. que la taille globale des forces des Alliés sera maintenue aux niveaux minimums compatibles avec les besoins de la défense collective et des autres missions de l’Alliance ; elles seront tenues à un niveau de préparation approprié et gradué ; b. que la répartition géographique des forces en temps de paix assurera une présence militaire suffisante sur l’ensemble du territoire de l’Alliance, y compris le stationnement et le déploiement de forces hors du territoire national et des eaux nationales et le déploiement de forces à l’avant, où et quand ce sera nécessaire. Il faudra tenir compte des considérations 38 régionales, en particulier des éléments géostratégiques, qui existent au sein de l’Alliance, les instabilités à la périphérie de la zone de l’OTAN pouvant déboucher sur des crises ou des conflits exigeant une réponse militaire de l’Alliance, avec des délais d’alerte potentiellement courts ; c. que la structure de commandement de l’OTAN sera capable d’assurer le commandement et le contrôle de la gamme complète des missions militaires de l’Alliance, y compris par l’utilisation de QG multinationaux et interarmées déployables, en particulier des quartiers généraux de GFIM, pour le commandement et le contrôle de forces multinationales et interarmées. Elle sera également capable de soutenir des opérations menées sous le contrôle politique et la direction stratégique assurés soit par l’UEO, soit de toute autre façon convenue, contribuant ainsi au développement de l’IESD au sein de l’Alliance, et de conduire des opérations de réponse aux crises ne relevant pas de l’article 5 dirigées par l’OTAN auxquelles des pays partenaires et d’autres pays pourront participer ; d. que, d’une manière générale, l’Alliance devra, à la fois à court terme et à long terme, et pour la gamme complète de ses missions, posséder des capacités opérationnelles essentielles telles qu’un potentiel efficace de prise à partie, la faculté de déploiement et la mobilité ; la surviabilité des forces et de l’infrastructure ; et la soutenabilité, ce qui inclut la logistique et la rotation des forces. Pour développer ces capacités au maximum en vue d’opérations multinationales, il sera important d’assurer l’interopérabilité, y compris sur le plan humain, d’utiliser une technologie avancée appropriée, de maintenir la supériorité en matière d’information dans des opérations militaires, et de disposer d’un personnel polyvalent hautement qualifié. L’existence de capacités suffisantes dans les domaines du commandement, du contrôle et des communications ainsi que du renseignement et de la surveillance contribuera à l’efficacité des forces ; e. qu’à tout moment, une proportion limitée mais militairement significative de forces terrestres, aériennes et navales seront capables de réagir avec la rapidité nécessaire à une large gamme de situations, y compris à une attaque sur court préavis contre un Allié quelconque. Davantage d’éléments de forces seront disponibles à des niveaux appropriés de préparation pour soutenir des opérations prolongées, à l’intérieur ou à l’extérieur du territoire de l’Alliance, y compris par la rotation de forces déployées. Ensemble, ces forces devront également être d’un niveau qualitatif et quantitatif ainsi que d’un niveau de préparation suffisants pour contribuer à la dissuasion et pour assurer une défense contre des attaques limitées visant l’Alliance ; f. que l’Alliance doit être capable d’aligner des forces plus importantes, à la fois pour répondre à des changements fondamentaux dans l’environnement de sécurité et pour faire face à des besoins limités, par le renforcement, par la mobilisation de réserves, ou par la reconstitution de forces, quand ce sera nécessaire. Cette capacité doit être proportionnelle aux menaces potentielles pour la sécurité de l’Alliance, y compris les développements potentiels à long terme. Elle doit tenir compte de la possibilité d’améliorations substantielles dans la préparation et les capacités de forces militaires présentes à la périphérie de l’Alliance. Les capacités de renforcement et de réapprovisionnement en temps voulu, à la fois en Europe et en Amérique du Nord et à partir de celles-ci, resteront d’une importance primordiale, d’où la nécessité d’un haut degré de déployabilité, de mobilité et de flexibilité ; g. que des structures de forces et des procédures appropriées, y compris celles qui permettraient d’augmenter, de déployer et de réduire des forces de façon rapide et sélective, sont nécessaires pour assurer des réponses mesurées, souples et intervenant en temps voulu 39 afin de réduire et désamorcer les tensions. Ces dispositions doivent être régulièrement mises à l’épreuve lors d’exercices en temps de paix ; h. que le dispositif de défense de l’Alliance doit être capable de faire face de façon appropriée et efficace aux risques liés à la prolifération des armes NBC et de leurs vecteurs, qui représentent également une menace potentielle pour les populations, le territoire et les forces des Alliés. Une combinaison équilibrée de forces, de capacités de réponse et de défenses renforcées est nécessaire ; i. que les forces et l’infrastructure de l’Alliance doivent être protégées contre des attaques terroristes. Caractéristiques des forces conventionnelles 54. Il est essentiel que la capacité des forces militaires des Alliés de remplir toute la gamme des missions de l’Alliance soit réellement crédible. Cet impératif a des incidences pour les structures des forces, les niveaux de forces et d’équipement, l’état de préparation et de disponibilité et la soutenabilité, l’entraînement et les exercices, les options de déploiement et d’utilisation, et l’aptitude à constituer des forces plus importantes et à mobiliser des forces. Il convient de rechercher le meilleur équilibre possible entre : les forces à niveau de préparation élevé, capables de commencer rapidement, et immédiatement si c’est nécessaire, des opérations de défense collective ou des opérations de réponse aux crises ne relevant pas de l’article 5 ; les forces d’un niveau de préparation moins élevé, et variable, qui constitueront la majeure partie des forces nécessaires pour assurer la défense collective ou pour permettre une rotation des forces en vue de soutenir des opérations de réponse aux crises, ou pour renforcer encore les éléments en place dans telle région ; et une capacité de constituer et de compléter, à plus long terme, des forces pour le scénario le plus défavorable, bien que très éloigné, à savoir des opérations de défense collective de grande envergure. Une proportion substantielle des forces de l’Alliance seront capables de remplir plus d’un de ces rôles. 55. Les forces des Alliés seront structurées de manière à tenir compte de la nature multinationale et interarmées des missions de l’Alliance. Les tâches essentielles consisteront notamment à contrôler, protéger et défendre un territoire, à assurer l’utilisation sans entrave des lignes maritimes, aériennes et terrestres de communication, à assurer la maîtrise de l’espace maritime, à protéger le déploiement des moyens de dissuasion embarqués de l’Alliance, à conduire des opérations aériennes indépendantes et multinationales, à assurer la sécurité de l’environnement aérien et une défense aérienne élargie efficace, la surveillance, le renseignement, la reconnaissance et la guerre électronique, le transport stratégique, ainsi qu’à mettre en place des installations de commandement et de contrôle efficaces et souples, y compris des quartiers généraux déployables interarmées et multinationaux. 56. Les moyens de défense de l’Alliance contre les risques et les menaces potentielles de prolifération des armes NBC et de leurs vecteurs doivent continuer d’être améliorés, y compris par des travaux sur une défense antimissiles. Etant donné que les forces de l’Alliance peuvent être appelées à opérer au-delà des frontières de la zone de l’OTAN, il faut disposer de moyens souples, mobiles, rapidement déployables et aptes à soutenir des opérations prolongées, pour faire face aux risques de prolifération. Les doctrines et les plans, ainsi que les politiques en matière d’entraînement et d’exercices, doivent également préparer l’Alliance à assurer une dissuasion et une défense contre l’utilisation d’armes 40 NBC. Il s’agit en effet de réduire encore les vulnérabilités opérationnelles des forces militaires de l’OTAN, tout en préservant leur flexibilité et leur efficacité malgré la présence, la menace ou l’utilisation d’armes NBC. 57. La stratégie de l’Alliance ne fait intervenir aucun moyen de guerre chimique ou biologique. Les Alliés sont favorables à une adhésion universelle aux régimes de désarmements applicables. Cependant, même si de nouveaux progrès peuvent être réalisés en ce qui concerne l’interdiction des armes chimiques et biologiques, des mesures de précaution prises à titre défensif n’en resteront pas moins essentielles. 58. Etant donné la réduction des niveaux de forces globaux ainsi que la limitation des ressources, la capacité de collaborer étroitement demeurera indispensable à l’accomplissement des missions de l’Alliance. Les arrangements concernant la défense collective de l’Alliance, dans lesquels, pour les pays concernés, la structure militaire intégrée joue le rôle clé, sont essentiels à cet égard. Les différents éléments du processus de planification de la défense de l’OTAN doivent faire l’objet d’une coordination efficace à tous les niveaux pour assurer la préparation des forces et des structures de soutien pour l’ensemble de leurs divers rôles. Des échanges d’informations entre les Alliés au sujet de leurs plans de forces contribuent également à assurer la disponibilité des capacités nécessaires à l’exécution de ces rôles. Il demeure aussi primordial de procéder à des consultations en cas de changements importants dans les plans de défense des pays. La coopération dans l’établissement de nouveaux concepts opérationnels sera essentielle pour répondre à l’évolution des défis de sécurité. Les dispositions pratiques détaillées qui ont été mises au point dans le cadre de l’IESD au sein de l’Alliance favorisent une étroite coopération alliée, sans créer de doubles emplois inutiles de moyens et de capacités. 59. Afin de pouvoir s’adapter à toutes les circonstances possibles et conduire efficacement ses missions, l’Alliance a besoin de capacités logistiques suffisantes – y compris dans le domaine des transports – d’aide médicale et de stocks pour déployer et pour soutenir tous les types de forces avec efficacité. La normalisation favorisera la coopération et l’efficacité financière lors de la fourniture d’un soutien logistique aux forces alliées. La mise sur pied et la conduite soutenue d’opérations hors du territoire des Alliés, où le soutien assuré par le pays hôte pourrait être limité, voire inexistant, poseront des problèmes logistiques particuliers. La capacité de constituer en temps voulu des forces plus importantes, dûment équipées et entraînées, et d’un niveau permettant d’accomplir la gamme complète des missions de l’Alliance, constituera également un atout essentiel pour la gestion des crises et la défense. Cela englobera la capacité de renforcer toute région qui serait en danger et d’établir une présence multinationale où et quand il le faudrait. Des forces de divers types et de divers niveaux de préparation pourront être employées avec souplesse dans le cadre d’un renforcement intra-européen ou transatlantique. Cela exigera la maîtrise des lignes de communication, ainsi que des dispositions appropriées en ce qui concerne le soutien et les exercices. 60. L’interaction entre les forces de l’Alliance et l’environnement civil (gouvernemental ou non) où elles évoluent est indispensable au succès des opérations. La coopération civilomilitaire repose sur une relation d’interdépendance : les autorités civiles ont de plus en plus besoin de moyens militaires, tandis que, dans le même temps, il importe que le secteur civil apporte un soutien aux opérations militaires dans les domaines de la logistique, des 41 communications, du soutien médical et des affaires publiques. La coopération entre les organismes militaires et civils de l’Alliance restera par conséquent essentielle. 61. La capacité de l’Alliance d’accomplir la gamme complète de ses missions dépendra de plus en plus du recours à des forces multinationales complétant les apports nationaux à l’OTAN pour les Alliés concernés. L’existence de telles forces, qui sont utilisables pour la gamme complète des missions de l’Alliance, témoigne de la résolution de cette dernière de conserver une défense collective crédible, accroît sa cohésion, renforce le partenariat transatlantique et consolide l’IESD au sein de l’Alliance. Les forces multinationales, en particulier celles qui sont capables de se déployer rapidement pour mettre en œuvre une défense collective ou pour mener des opérations de réponse aux crises ne relevant pas de l’article 5, renforcent la solidarité. Elles peuvent aussi offrir la possibilité de déployer des formations plus performantes que ne le seraient peut-être des éléments purement nationaux, contribuant ainsi à une utilisation plus efficace des ressources comptées qui sont disponibles pour la défense. Il pourrait être nécessaire à ce titre d’adopter une approche multinationale hautement intégrée vis -à-vis de tâches et de fonctions spécifiques, une approche qui fournisse la base de la mise en œuvre du concept des GFIM. Dans le cadre d’opérations de soutien de la paix, des formations multinationales efficaces et d’autres arrangements associant des Partenaires seront très utiles. Pour permettre d’exploiter pleinement le potentiel offert par les formations multinationales, il est primordial d’améliorer l’interopérabilité, notamment par un entraînement et des exercices suffisants. Caractéristiques des forces nucléaires 62. L’objectif fondamental des forces nucléaires des Alliés est politique : préserver la paix et prévenir la coercition ainsi que toute forme de guerre. Elles continueront à jouer un rôle essentiel en maintenant tout agresseur dans le doute quant à la façon dont les Alliés riposteraient en cas d’agression militaire. Elles démontrent qu’une agression, quelle qu’en soit la forme, n’est pas une option rationnelle. La garantie suprême de la sécurité des Alliés est apportée par les forces nucléaires stratégiques de l’Alliance, en particulier celles des États-Unis ; les forces nucléaires indépendantes du Royaume-Uni et de la France, qui ont un rôle de dissuasion propre, contribuent à la dissuasion globale et à la sécurité des Alliés. 63. La crédibilité du dispositif nucléaire de l’Alliance et la démonstration de la solidarité de ses membres ainsi que de leur volonté commune de prévenir la guerre exigent toujours que les Alliés européens concernés par la planification de la défense collective participent largement aux rôles nucléaires, au stationnement en temps de paix de forces nucléaires sur leur territoire, et aux dispositions de commandement, de contrôle et de consultation. Les forces nucléaires basées en Europe et destinées à l’OTAN constituent un lien politique et militaire essentiel entre les membres européens et les membres nord-américains de l’Alliance. C’est pourquoi celle-ci maintiendra des forces nucléaires adéquates en Europe. Ces forces doivent réunir les caractéristiques nécessaires et avoir la flexibilité et la capacité de survie appropriées pour qu’elles soient perçues comme un élément crédible et efficace de la stratégie des Alliés visant à prévenir la guerre. Elles seront maintenues au niveau minimum suffisant à préserver la paix et la stabilité. 64. Les Alliés concernés estiment qu’en raison des changements radicaux de la situation sur le plan de la sécurité, avec notamment la réduction des niveaux de forces conventionnelles en Europe et l’allongement des délais de réaction, l’OTAN est désormais bien mieux à 42 même de désamorcer une crise par des moyens diplomatiques et autres ou, si le besoin s’en présentait, de mettre en œuvre une défense conventionnelle efficace. Les circonstances dans lesquelles ils pourraient avoir à envisager une utilisation quelconque de l’arme nucléaire sont de ce fait extrêmement éloignées. C’est pourquoi, depuis 1991, les Alliés ont pris une série de mesures qui reflètent l’environnement de sécurité de l’après-Guerre froide. Il s’agit notamment d’une réduction spectaculaire des types et de l’importance numérique des forces substratégiques de l’OTAN, y compris l’élimination de l’artillerie nucléaire et des missiles nucléaires sol-sol à courte portée ; d’un assouplissement marqué des critères de préparation des forces ayant un rôle nucléaire ; et de la fin des plans de circonstance nucléaires permanents du temps de paix. Les forces nucléaires de l’OTAN ne sont aujourd’hui dirigées contre aucun pays. L’OTAN n’en maintiendra pas moins, au niveau minimum compatible avec l’environnement de sécurité existant, des forces substratégiques adéquates basées en Europe, qui assureront une liaison essentielle avec les forces nucléaires stratégiques, renforçant ainsi le lien transatlantique. Ces forces substratégiques seront constituées d’avions à double capacité et d’un petit nombre d’ogives Trident du RoyaumeUni. Cependant, en temps normal, aucune arme nucléaire substratégique ne sera déployée sur un navire de surface ou sur un sous-marin d’attaque. Partie V - Conclusion 65. Au moment où l’Alliance de l’Atlantique Nord entre dans sa sixième décennie, elle doit être prête à relever les défis et à exploiter les possibilités d’un nouveau siècle. Le Concept stratégique réaffirme l’objectif immuable de l’Alliance et définit ses tâches de sécurité fondamentales. Il permet à une OTAN transformée d’apporter sa contribution à l’environnement de sécurité en évolution, en favorisant la sécurité et la stabilité avec la force de son attachement partagé à la démocratie et au règlement pacifique des différends. Le Concept stratégique déterminera la politique de sécurité et de défense de l’Alliance, ses concepts opérationnels, son dispositif de forces conventionnelles et nucléaires et ses arrangements concernant la défense collective, et il sera gardé à l’examen en fonction de l’évolution de l’environnement de sécurité. Dans un monde incertain, une défense efficace reste nécessaire, mais, en réaffirmant cet engagement, l’Alliance continuera également à mettre pleinement à profit toutes les occasions d’aider à construire un continent sans division en promouvant l’idéal d’une Europe entière et libre. 9 Conseil franco-allemand de défense et de sécurité Toulouse, 29 mai 1999 DÉCLARATION Après l’entrée en vigueur du Traité d’Amsterdam, les travaux menés au sein de l’Union européenne sous présidence allemande vont aboutir au Conseil européen de Cologne à une avancée majeure pour le développement, auquel le Sommet de Washington a apporté son soutien, d’une Europe de la sécurité et de la défense. Nos deux pays réaffirment leur détermination d’y contribuer de tout leur poids afin que l’Union européenne se dote des moyens autonomes nécessaires pour décider et agir face aux crises. Nous sommes déterminés à créer les conditions nécessaires afin d’atteindre cet objectif. Telles sont les ambitions que devra servir l’intégration de l’UEO dans l’Union européenne. A cette fin, nous avons décidé de développer de façon concertée les capacités nécessaires à cette autonomie, y compris par la mise en commun de certains moyens. Dans ce contexte, nous renforcerons notre coopération pour harmoniser nos besoins opérationnels, en vue notamment d’une planification du développement en commun des matériels d’armement. Dans le même esprit, nous sommes convaincus que le nouvel environnement stratégique doit nous conduire, avec nos trois autres partenaires du Corps européen, à adapter cette grande unité multinationale, et en priorité son état-major, pour qu’elle constitue à l’avenir un corps de réaction rapide européen. Le Conseil de sécurité assumant la responsabilité primordiale dans le maintien de la paix et de la sécurité internationale, nous sommes déterminés à donner tout son rôle aux Nations Unies. C’est à ce titre que nous contribuons au système des forces en attente. A Toulouse, la ville qui symbolise la coopération franco-allemande dans le domaine aéronautique, nous affirmons que la construction d’une Europe de la sécurité et de la défense exige le développement d’une base industrielle et technologique, forte, dynamique et performante. La restructuration des industries d’armement et le renforcement de notre coopération en ce domaine contribueront à la réalisation de cet objectif. 10 Conseil européen Cologne, 3 et 4 juin 1999 DÉCLARATION DU CONSEIL EUROPÉEN DE COLOGNE CONCERNANT LE RENFORCEMENT DE LA POLITIQUE COMMUNE EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ ET DE DÉFENSE EUROPÉENNE 1. Nous, membres du Conseil européen, sommes déterminés à voir l’Union européenne jouer pleinement son rôle sur la scène internationale. A cette fin, nous avons l’intention de doter l’Union européenne des moyens et capacités nécessaires pour assumer ses responsabilités concernant une politique européenne commune en matière de sécurité et de défense. Les travaux entrepris à l’initiative de la présidence allemande et l’entrée en vigueur du traité d’Amsterdam nous permettent aujourd’hui de franchir une étape décisive. Dans le cadre de la poursuite des objectifs de notre politique étrangère et de sécurité commune et de la définition progressive d’une politique de défense commune, nous sommes convaincus que le Conseil devrait être en mesure de prendre des décisions ayant trait à l’ensemble des activités de prévention des conflits et des missions de gestion des crises définies dans le traité sur l’Union européenne, les « missions de Petersberg ». A cette fin, l’Union doit disposer d’une capacité d’action autonome soutenue par des forces militaires crédibles, avoir les moyens de décider d’y recourir et être prête à le faire afin de réagir face aux crises internationales, sans préjudice des actions entreprises par l’OTAN. L’Union européenne renforcera ainsi sa capacité à contribuer à la paix et à la sécurité internationales, conformément aux principes de la Charte des Nations Unies. 2. Nous sommes persuadés que, pour remplir pleinement sa mission en matière de prévention des conflits et de gestion des crises, l’Union européenne doit avoir à sa disposition les capacités et instruments appropriés. Nous nous engageons donc à améliorer l’efficacité des moyens militaires européens sur la base des capacités actuelles, qu’elles soient nationales, binationales ou multinationales, et à renforcer nos propres capacités à cette fin. Cela requiert la poursuite d’un effort de défense soutenu, la mise en œuvre des adaptations nécessaires et notamment le renforcement de nos capacités en matière de renseignement, de capacité de projection, de commandement et de contrôle. Cela exige également des efforts pour l’adaptation, l’entraînement et la mise en cohérence des forces européennes nationales et multinationales. Nous reconnaissons aussi la nécessité d’accomplir des efforts soutenus pour renforcer la base industrielle et technologique de la défense, que nous souhaitons compétitive et dynamique. Nous sommes déterminés à favoriser la restructuration des industries européennes de défense dans les États concernés. Avec les industriels, nous œuvrerons à une collaboration plus étroite et plus efficace des industries de défense. Nous chercherons à améliorer encore l’harmonisation des besoins militaires ainsi que la programmation et la fourniture des armements, de la façon que les États membres jugeront appropriée. 45 3. Nous nous félicitons des résultats des travaux du sommet de l’OTAN tenu à Washington en ce qui concerne le soutien apporté au processus lancé par l’Union européenne et la confirmation du fait qu’un rôle plus affirmé de l’Union européenne dans la prévention des conflits et la gestion des crises contribuera à la vitalité d’une Alliance rénovée. Dans la mise en œuvre de ce processus lancé par l’Union européenne, nous veillerons à assurer de manière effective une consultation, une coopération et une transparence mutuelles entre l’Union européenne et l’OTAN. Notre intention est de mettre en place un véritable dispositif de gestion des crises conduit par l’Union européenne, grâce auquel les États membres de l’Union, tant ceux qui sont membres de l’OTAN que les neutres et les non-alliés, pourront participer pleinement et sur un pied d’égalité aux opérations de l’Union européenne. Nous mettrons en place des arrangements qui permettent aux alliés et partenaires européens non membres de l’Union européenne de prendre part dans toute la mesure du possible à cette entreprise. 4. Par conséquent, nous approuvons et adoptons le rapport élaboré par la présidence allemande, qui traduit le consensus des États membres. 5. Nous sommes maintenant résolus à entrer dans une nouvelle étape de la construction de l’Union européenne. A cette fin, nous chargeons le Conseil « Affaires générales » de préparer les conditions et mesures nécessaires pour réaliser ces objectifs, et notamment de définir les modalités de l’inclusion de celles des fonctions de l’UEO qui seront nécessaires à l’Union européenne pour assumer ses nouvelles responsabilités dans le domaine des missions de Petersberg. A cet égard, notre objectif est d’adopter les décisions nécessaires d’ici la fin de l’an 2000. Dans cette éventualité, l’UEO en tant qu’organisation aura achevé sa mission. Les différentes situations des États membres en matière de garanties de défense collective ne s’en trouveront pas affectées. L’Alliance reste le fondement de la défense collective de ses membres. Nous invitons donc la présidence finlandaise à poursuivre les travaux dans le cadre du Conseil « Affaires générales » sur la base de la présente déclaration et du rapport de la présidence au Conseil européen se réunissant à Cologne. Nous attendons avec intérêt un rapport sur l’état d’avancement des travaux de la présidence finlandaise destiné au Conseil européen d’Helsinki. RAPPORT DE LA PRÉSIDENCE SUR LE RENFORCEMENT DE LA POLITIQUE EUROPÉENNE COMMUNE EN MATIÈRE DE SÉCURITE ET DE DÉFENSE 1. Introduction Le traité d’Amsterdam, qui est entré en vigueur le 1er mai, prévoit le renforcement de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), y compris la définition progressive d’une politique européenne de défense commune, conformément à l’article 17 du traité UE. Le traité prévoit aussi la possibilité d’intégrer l’UEO dans l’Union européenne si le Conseil européen en décide ainsi. 46 Le Conseil européen de Vienne s’est félicité du nouvel élan qui a été imprimé au débat sur une politique européenne commune en matière de sécurité et de défense. Il a estimé que la PESC doit s’appuyer sur des capacités opérationnelles crédibles si l’on veut que l’Union européenne soit en mesure de jouer pleinement son rôle sur la scène internationale. Il s’est en outre félicité de la déclaration franco-britannique faite à Saint-Malo le 4 décembre 1998. Le Conseil européen a invité la présidence allemande à poursuivre ce débat et a décidé de réexaminer cette question lors de sa réunion de Cologne. A cette fin, les ministres des affaires étrangères se sont penchés sur cette question lors de la réunion informelle qu’ils ont tenue à Reinhartshausen les 13 et 14 mars et lors de la session du Conseil « Affaires générales » du 17 mai. Les participants au sommet de l’OTAN qui s’est tenu à Washington se sont félicités du nouvel élan qui a été imprimé par le traité d’Amsterdam au renforcement d’une politique européenne commune en matière de sécurité et de défense et ont confirmé que le renforcement du pilier européen contribuerait à assurer la vitalité de l’Alliance au XXIème siècle. Les participants au sommet ont en outre insisté sur le fait que la mise en œuvre d’une politique étrangère et de sécurité commune, telle que le traité d’Amsterdam la préconise, serait compatible avec la politique de sécurité et de défense commune instaurée dans le cadre du traité de Washington. Ce processus se traduira par une complémentarité, une coopération et une synergie accrues. Le Conseil des ministres de l’UEO a également discuté de cette question les 10 et 11 mai, sur la base des réflexions informelles qui ont été engagées lors du Conseil de Rome. Les États membres s’efforceront d’agir conformément aux conclusions de l’étude que l’UEO a entreprise sur les capacités de défense européenne. 2. Principes directeurs L’objectif est de renforcer la PESC en se dotant d’une politique européenne commune en matière de sécurité et de défense. Cela suppose une capacité d’action autonome s’appuyant sur des capacités militaires crédibles ainsi que des instances et des procédures de décision appropriées. Les décisions d’intervention seraient prises dans le cadre de la PESC, selon des procédures appropriées de façon à refléter la nature spécifique des décisions dans ce domaine. Le Conseil de l’Union européenne serait donc en mesure de prendre des décisions ayant trait à l’ensemble des instruments politiques, économiques et militaires à sa disposition pour répondre à des situations de crise. L’Union européenne est résolue à préserver la paix et à renforcer la sécurité internationale conformément aux principes de la Charte des Nations Unies ainsi qu’aux principes de l’Acte final d’Helsinki et aux objectifs de la Charte de Paris, comme le prévoient les dispositions de l’article 11 du TUE. Le traité d’Amsterdam incorpore dans le traité les missions dites de Petersberg (« missions humanitaires et d’évacuation, missions de maintien de la paix et missions de forces de combat dans la gestion des crises, y compris les missions de rétablissement de la paix »). L’essentiel de nos efforts devrait donc viser à ce que l’Union européenne dispose des capacités (notamment militaires) nécessaires et des structures appropriées lui permettant de prendre des décisions effectives en matière de gestion des crises dans le cadre des missions dites de Petersberg. Il s’agit là du domaine dans lequel l’Europe doit de toute urgence se 47 doter d’une capacité d’action. La mise sur pied d’une capacité européenne militaire de gestion des crises doit être considérée comme une activité relevant de la PESC (titre V du traité UE) et comme un élément de la définition progressive d’une politique de défense commune, conformément à l’article 17 du traité UE. L’Alliance atlantique reste le fondement de la défense collective de ses membres. Les engagements pris au titre de l’article 5 du traité de Washington et de l’article V du traité de Bruxelles seront maintenus en tout état de cause pour les États membres parties à ces traités. La politique de l’Union n’affecte pas la spécificité de la politique en matière de sécurité et de défense de certains États membres. 3. Prise de décisions En ce qui concerne la prise de décisions par l’Union européenne dans le domaine de la politique en matière de sécurité et de défense, il faut prendre les dispositions nécessaires pour assurer le contrôle politique et la direction stratégique des opérations de Petersberg conduites par l’Union européenne, de sorte que l’Union européenne puisse décider et conduire ces opérations de manière efficace. En outre, l’Union européenne aura besoin d’un dispositif d’analyse des situations, de sources de renseignements et de moyens lui permettant d’assurer une planification stratégique adéquate. Cela peut nécessiter en particulier : − − − − − des sessions régulières (ou ad hoc) du Conseil « Affaires générales », auxquelles participeront, si cela est nécessaire, les ministres de la défense ; un organe permanent à Bruxelles (comité politique et de sécurité) composé de représentants compétents en matière politico-militaire ; un comité militaire de l’UE composé de représentants militaires et chargé de formuler des recommandations destinées au comité politique et de sécurité ; un état-major de l’UE, avec un centre de situation ; d’autres ressources telles qu’un centre satellitaire ou un institut d’études de sécurité. Il est possible que d’autres questions institutionnelles doivent être traitées. Les décisions concernant des missions de gestion des crises, en particulier les décisions qui ont des implications militaires ou en matière de défense, devront être prises conformément à l’article 23 du traité sur l’Union européenne. Les États membres conserveront en toutes circonstances le droit de décider des conditions du déploiement de leurs forces nationales et d’en fixer le moment. 4. Mise en œuvre Pour ce qui est des moyens militaires, il faut que les États membres mettent en place d’autres forces (y compris leurs états-majors) qui soient également conçues pour des 48 opérations de gestion de crises, sans duplication inutile. Les principales caractéristiques comprennent : la capacité de projection, la soutenabilité, l’interopérabilité, la flexibilité et la mobilité. Pour mener concrètement les opérations conduites par l’UE, l’Union européenne devra déterminer, en fonction des circonstances, si elle opte : − − pour des opérations conduites par l’UE, avec recours aux moyens et capacités de l’OTAN ou pour des opérations conduites par l’UE sans recours aux moyens et capacités de l’OTAN. Pour les opérations qu’elle mènera sans recours aux moyens et capacités de l’OTAN, l’UE pourrait utiliser des moyens nationaux ou multinationaux européens, préalablement identifiés par les États membres. Pour cela, il faudra utiliser soit des structures de commandement nationales prévoyant une représentation multinationale au sein des quartiers généraux, soit se servir des structures de commandement qui existent au sein de forces multinationales. Il sera nécessaire de prévoir d’autres mesures pour renforcer la capacité des forces européennes multinationales et nationales afin de faire face à des situations de crise. Pour les opérations conduites par l’UE avec recours aux moyens et capacités de l’OTAN, y compris les dispositifs européens de commandement, il faudrait mettre l’accent essentiellement sur les aspects suivants : − − mise en œuvre des arrangements fondés sur les décisions de Berlin de 1996 et sur les décisions prises lors du sommet de l’OTAN à Washington, en avril 1999 ; les autres arrangements prévus par l’OTAN lors de son sommet de Washington devraient porter en particulier sur : • l’accès garanti de l’UE aux moyens de planification de l’OTAN susceptibles de contribuer à la planification militaire des opérations conduites par l’UE ; • la présomption de disponibilité au profit de l’UE de moyens communs et de capacités de l’OTAN qui auront été préalablement identifiés pour être utilisés dans des opérations dirigées par l’UE. 5. Modalités de participation et de coopération Pour que la création d’une politique européenne en matière de sécurité et de défense soit une réussite, les éléments suivants devront notamment être assurés : − − la possibilité pour tous les États membres de l’UE, y compris les membres non alliés, de participer pleinement et sur un pied d’égalité aux opérations de l’UE ; des arrangements satisfaisants pour que les membres européens de l’OTAN non membres de l’UE puissent être associés de la manière la plus large possible aux opérations conduites par l’UE, sur la base des arrangements de consultation existant au sein de l’UEO ; − − − 49 des dispositions pour garantir que tous les participants à une opération conduite par l’UE aient les mêmes droits quant à la conduite de cette opération, sans préjudice du principe de l’autonomie de décision de l’UE, notamment du droit du Conseil d’examiner et de statuer sur les questions de principe et de politique ; la nécessité d’assurer de manière effective une consultation, une coopération et une transparence mutuelles entre l’UE et l’OTAN ; l’étude des moyens offrant aux partenaires associés de l’UEO la possibilité d’y participer. 11 Sommet italo-britannique Londres, 19 et 20 juillet 1999 JOINT DECLARATION LAUNCHING EUROPEAN DEFENCE CAPABILITIES INITIATIVE 1. Among the clear lessons of Kosovo are the continued importance of a strong and effective NATO and the pressing need for improved European military capabilities, both for a more effective European role in NATO and to ensure the EU has the capacity for autonomous action in the field of the Petersberg tasks (humanitarian and rescue tasks, peacekeeping and crisis management including peacemaking) backed by credible military forces. 2. European Heads of State and Government at Cologne in June committed themselves further to develop the European defence dimension through more effective military capability; and the appropriate decision-making institutions, in support of a strong Common Foreign and Security policy. They recognised the need to undertake sustained efforts to strengthen Europe’s industrial and technological defence base. They also stressed that, avoiding unnecessary duplication, a more effective role for the European Union in conflict prevention and crisis management would contribute to the vitality of a renewed Alliance. 3. We are therefore launching a joint proposal to set criteria for improved and strengthened European defence capabilities and effective performance to be discussed and agreed at the Luxembourg WEU Ministerial meeting and the Helsinki European Council before the end of the year. 4. This approach, to be developed with our Partners/Allies, will include a timetable to achieve: • • European-wide goals for enhanced military capabilities to undertake crisis management, including peacemaking; National capability objectives to achieve this European aim; 5. These efforts will be underpinned by: • • • Peer review: at least one joint Foreign/Defence Ministers GAC per EU Presidency, to measure progress against the agreed criteria; The detailed work of NATO’s Defence Capabilities Initiative; A road map for more effective European defence procurement; this will include harmonisation of military requirements and collaborative arms procurement. We shall also promote defence industry restructuring. 6. These efforts will be complementary to, and proceed in parallel with, work in the European Union, at Italy’s initiative, on developing the Union’s and the Member States’ 51 capabilities concerning the non-military aspects of crisis prevention and management, and improving co-ordination between military and non-military aspects. 7. We shall pursue this bilateral initiative with our Partners and Allies in the coming weeks with a view to the earliest possible practical results in the European Union, the WEU, and NATO. 12 Plan d’action français Lettre de M. Jacques Chirac, président de la République française, adressée à la présidence finlandaise de l’Union européenne 22 juillet 1999 Satisfaite des progrès réalisés en matière de défense européenne entre Saint-Malo et Cologne et surtout lors du Conseil européen de Cologne, la France souhaita soutenir la dynamique enclenchée et proposa une liste de mesures concrètes allant dans ce sens. Ces mesures sont énoncées dans le « plan d’action français », qui fut envoyé à la présidence finlandaise de l’UE, avec une lettre du président Jacques Chirac. Ces deux documents sont reproduits ci-après, avec l’autorisation de l’Elysée. Ils ne sont disponibles qu’en français. Monsieur le Président, Cher ami [mention manuscrite] A l’occasion du Conseil européen de Cologne, j’avais proposé de soumettre à la Présidence de l’Union européenne, un plan d’action susceptible de contribuer à la mise en œuvre des mesures adoptées à Cologne dans le domaine de la PESC, notamment son volet défense. Au moment où l’Union européenne s’est fixée une haute ambition en matière de défense, il me semblait important que chaque pays membre contribue activement à ce grand projet dont la crise du Kosovo a souligné l’impérieuse nécessité. J’ai le plaisir de vous communiquer ci-joint ce document de travail qui, en se fondant sur les dispositions que nous avons ensemble adoptées à Cologne, suggère quelques mesures concrètes pour aller de l’avant. Le document reprend la globalité de l’approche que nous avons retenue, en mettant l’accent sur le développement des capacités militaires européennes nécessaires pour agir et la définition des instruments et organes permettant à l’Union européenne de décider et de conduire des opérations. Afin de créer une dynamique, il est proposé, dans un premier temps, de mettre en place à Bruxelles le Comité politique et de sécurité et le Comité militaire dont nous avons retenu le principe à Cologne. La mise en place de ces organes devrait, nous semble-t-il, aller de pair avec la prise de fonction de M. Javier Solana, qui aura besoin, pour conduire avec efficacité sa mission, d’être en contact régulier avec les représentants des nations. Afin de marquer notre 53 engagement avec force, il est proposé de transférer au COPS le rôle actuellement dévolu au Comité politique et de le faire présider par le Haut Représentant/Secrétaire général du Conseil. A l’instar du rôle exceptionnel que vous avez joué dans la recherche d’une solution à la crise du Kosovo, je ne doute pas que vous donnerez au projet de défense européenne les impulsions lui permettant d’accomplir des progrès significatifs et concrets. Vous pouvez être assuré de la détermination de mon pays de contribuer, avec l’ensemble des membres de l’Union, à cet objectif qui nous unit. Je transmets à nos partenaires de l’Union européenne une copie de cette lettre. Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de ma très haute considération. Bien amicalement vôtre [mention manuscrite] Signé : Jacques Chirac PLAN D’ACTION SUR LA DÉFENSE EUROPÉENNE I. CADRE GÉNÉRAL 1/ Les textes adoptés par le Conseil européen de Cologne (Déclaration des Chefs d’État et de Gouvernement et rapport de la Présidence), constituent la base sur laquelle la Présidence finlandaise va poursuivre les travaux engagés et soumettre au Conseil européen d’Helsinki son « Rapport sur l’état d’avancement des travaux ». 2/ Le « Plan d’Action » doit prendre en compte trois éléments importants : – La nécessité de donner la priorité à la substance et aux avancées concrètes, par rapport aux débats institutionnels ou théoriques qui risqueraient de ralentir la dynamique imprimée depuis Cologne. – Les changements institutionnels dans le cadre de l’Union européenne : la nouvelle Commission devrait entrer en fonctions en septembre ; dans le courant de l’automne devrait être installée l’UPPAR (Unité de Planification, de Prévision et d’Action Rapide). M. Solana, Haut Représentant désigné, devrait prendre ses fonctions au plus tard vers la fin de l’année. – Enfin, l’objectif fixé à Cologne, visant à l’adoption des « décisions nécessaires d’ici la fin de l’an 2000 » en ce qui concerne notamment « les modalités de l’inclusion de celles des fonctions de l’UEO qui seront nécessaires à l’Union européenne ». II. LA SÉQUENCE DES TRAVAUX Les travaux doivent être menés parallèlement autour des priorités suivantes : – Le développement des capacités militaires européennes nécessaires pour agir ; – La définition des instruments nécessaires dans l’Union européenne pour décider et conduire une opération et leur mise en place ; – La résolution des questions institutionnelles. 54 A/ Le développement des capacités militaires européennes nécessaires pour agir : C’est le principal défi pour l’Europe de la Défense et de la Sécurité. Aucun développement institutionnel de l’Union européenne ne remédiera aux carences constatées, notamment pendant l’intervention au Kosovo, si l’Europe ne parvient pas à combler ses déficits en matière de défense pour disposer le moment venu des moyens nécessaires pour agir. Les objectifs sont les suivants : 1/ L’amélioration des capacités de commandement et de conduite d’opération européenne, au niveau du théâtre, qui doit se faire à deux niveaux : – – d’une part, en affermissant au sein de l’Alliance le pilier européen, par l’identification des commandements et la constitution d’une chaîne européenne (Berlin plus) ; d’autre part, en développant les capacités de commandement européennes, (multinationalisation des Q.G. nationaux interarmées existants, transformations des Q.G. de l’EUROCORPS, d’EUROFOR et d’EUROMARFOR en Q.G. de composante terrestre et mer). 2/ Le développement, au niveau central, des capacités de renseignement autonome, de projection de forces, de C3 (contrôle, commandement, communication) qui devra faire l’objet de décisions spécifiques. D’autres carences, identifiées lors du conflit du Kosovo, ou qui seront mises en évidence à l’occasion de l’inventaire en cours à l’UEO ou des travaux de l’OTAN sur les capacités de défense, devront faire l’objet de décisions rapides pour lancer les programmes propres à les palier. 3/ La disposition de ces capacités implique la constitution effective d’une base technologique et industrielle d’armement. Elle passe par la définition des besoins minimaux à satisfaire pour fonder l’autonomie de l’Europe en matière de sécurité et de défense. Cette démarche suppose d’évaluer ce que possèdent déjà les pays européens, ce qu’il leur faut produire en coopération et ce qu’il leur faut acquérir hors d’Europe. 4/ Parallèlement, la modernisation des forces armées européennes (forces multinationales et forces nationales) doit être poursuivie pour les amener aux normes de modularité, de flexibilité et d’adaptabilité qu’exige la gestion de crises. Elle devra s’accompagner d’une politique d’exercices européenne afin d’améliorer l’interopérabilité des forces nationales et multinationales. Les actions à mener comprennent : – – – La poursuite des exercices d’inventaires et d’identification des besoins prioritaires engagés à l’UEO, à l’OTAN, ainsi qu’au plan national. La transformation des forces nationales et multinationales dans les cadres correspondants (l’EUROCORPS, EUROFOR et EUROMARFOR, GAE...), tout en ménageant des possibilités d’élargissement à d’autres participants. Des discussions à 15 pour définir des « critères de convergence » qui permettront de dégager des objectifs communs pour l’ensemble des pays européens ou, s’il en était ainsi décidé, des objectifs plus ambitieux pour les pays désireux de les atteindre. 55 Il s’agit là d’actions de longue durée : les travaux doivent être lancés sans attendre et les décisions politiques nécessaires adoptées rapidement. B/ La définition des instruments et organes qui permettront à l’Union européenne de décider et de conduire une opération doit être menée parallèlement. Les objectifs sont les suivants : – – – doter l’Union européenne, en addition aux instances de décision déjà existantes (Conseil Affaires générales), d’organes de décision permettant d’associer correctement tous les acteurs concernés par les questions de sécurité et de défense (notamment les ministres de la défense et les CEMA) ; garantir une capacité de décision en temps réel, indispensable pour la gestion de crises, d’où la nécessité d’instances siégeant de façon permanente ; assurer, par le niveau et la qualité des représentants, l’autorité et l’efficacité de ces instances. Cela suppose de : 1/ Définir la composition, les pouvoirs, les compétences et les modes de décision des organes prévus à Cologne : – – – Le Conseil Affaires générales, qui pourrait se réunir en formation élargie aux ministres de la Défense, prend les décisions nécessaires à la définition et à la mise en œuvre de la politique étrangère et de sécurité commune sur la base des orientations générales définies par le Conseil européen. Des réunions des ministres de la Défense pourraient contribuer à la préparation et à la mise en œuvre des décisions ayant des implications en matière de défense. Le Comité politique (Article 25 du TUE) serait constitué en un organe permanent, le Comité Politique et de Sécurité (COPS), composé de représentants compétents en matière politico-militaire, et chargé du suivi de l’ensemble des questions relatives à la PESC, y compris celles ayant des implications en matière de défense. Sous l’autorité du Conseil européen et du CAG, le COPS devrait pouvoir assurer le contrôle politique et la direction stratégique d’opérations conduites par l’Union. Il serait composé de représentants permanents ayant rang d’ambassadeurs, différents des représentants permanents au Conseil Atlantique (pas de « doubles casquettes » UE/OTAN) et pourrait se réunir en tant que de besoin au niveau des Directeurs politiques. La Présidence du Comité politique et de sécurité serait assurée par le Haut représentant/Secrétaire général du Conseil. Le COPS adresserait des directives au Comité militaire et en recevrait des recommandations. Il pourrait enfin créer les groupes de travail spécialisés nécessaires. Un comité militaire, institution permanente réunissant les CEMA, agirait en soutien du COPS et serait, à ce titre, chargé de formuler des recommandations sur des questions militaires et sur les options stratégiques provenant de l’État-Major européen. Il donnerait ses instructions à l’État-Major européen, en conformité avec les directives reçues du COPS. Il pourrait se réunir en tant que de besoin au niveau des CEMA. Ses membres auraient la « double casquette » UE/OTAN, pour les États de l’Union qui sont membres de l’OTAN. 56 – La définition des pouvoirs, compétences et composition de ces organes constitue l’objectif prioritaire à quinze. En effet, elle est nécessairement préalable à leur mise en place, qui conditionne elle-même l’acquisition par l’Union d’une capacité effective à décider dans le domaine de la sécurité et de la défense. 2/ Définir la nature des instruments collectifs d’aide à la décision (la « boîte à outils » de l’UE), tels qu’ils ont également été prévus à Cologne : – – L’État-Major militaire, doté d’un Centre de Situation, qui devra fournir l’évaluation du renseignement, l’analyse de la situation et, sur ces bases, élaborer et planifier, pour les soumettre aux organes de décision de l’UE, les options stratégiques pour que l’UE puisse décider d’une action éventuelle. Les autres instruments collectifs d’aide à la décision (le Centre Satellitaire, le Secrétariat militaire, l’Institut d’Etudes de Sécurité, l’embryon d’une structure d’armement) et leurs interaction et articulations avec le Haut Représentant, l’UPPAR et les éléments PESC du Secrétariat du Conseil. L’ensemble ainsi constitué fournira les aides à la décision assurant à l’UE la capacité de se forger une opinion autonome et une évaluation propre de la situation. Compte tenu de la complémentarité entre ces éléments et de la nécessité pour les organes de décision de disposer de l’expertise militaire et des outils d’aide à la décision, il est nécessaire que ces travaux progressent aussi vite que possible, en commençant par ceux concernant l’État-Major militaire. C/ La mise en place des nouvelles fonctions et structures. Une fois achevé le travail prioritaire de définition des structures et des fonctions, se posera la question du rythme de leur mise en place au sein de l’Union européenne. Le calendrier : La logique voudrait que cette mise en place puisse intervenir de façon concomitante avec l’entrée en fonctions du Haut Représentant, ou sinon dans les délais les plus rapprochés possibles après celle-ci de manière à éviter un décalage préjudiciable aux objectifs définis à Cologne. Mais cela ne doit pas se faire au détriment de la substance et de la réflexion approfondie à mener. Il appartiendra aux présidences successives de l’UE de donner les impulsions nécessaires. Les modalités : S’il était isolé, le COPS ne pourrait pas remplir ses fonctions avec l’efficacité voulue. Sa mise en place devrait donc au minimum être accompagnée de la mise en place du Comité militaire et d’un Secrétariat militaire, dans l’attente d’un État-Major militaire. Le COPS pourrait en outre s’appuyer - de façon transitoire - sur les ressources de l’État-Major militaire de l’UEO. Le COPS devrait avoir notamment pour mission d’être la cheville ouvrière de la mise en œuvre des autres dispositions du plan d’action telles qu’elles ont été décidées à Cologne et précisées ci-dessus. 57 D/ La Résolution des questions institutionnelles – – – Le débat sur certains aspects institutionnels est engagé. La déclaration de Cologne a, d’ores et déjà, fixé le cadre général de l’attitude à tenir en ce qui concerne les alliés non membres de l’Union et les partenaires, pour leur premettre de participer aux opérations et d’être associés. Un examen plus approfondi des principes directeurs des relations entre l’UE et ses partenaires extérieurs dans le domaine de la sécurité et de la défense permettra de préciser les relations réciproques pour l’avenir. Le COPS pourrait approfondir trois groupes de questions institutionnelles : l’inclusion des fonctions de l’UEO dans l’UE ; l’association et la participation des alliés ainsi que des partenaires associés non membres de l’UE ; les relations entre l’UE et l’OTAN. Les modalités précises de la participation et de l’association des partenaires extérieures à l’Union, les arrangements détaillés à mettre en place entre l’OTAN et l’UE, enfin leurs formulations institutionnelles définitives (révisions éventuellement nécessaires des traités) pourront être finalisées dès lors que l’Union aura achevé la mise en place des structures et instruments nécessaires à ses missions. 13 Discours de Strobe Talbott, Secrétaire d’État adjoint américain « America’s Stake in a Strong Europe » Londres, 7 octobre 1999 REMARKS AT A ROYAL INSTITUTE CONFERENCE ON THE FUTURE OF NATO OF INTERNATIONAL AFFAIRS Thank you, Lord Carrington, for that kind introduction and for your leadership over the years on many issues and in many institutions, including the North Atlantic Treaty Organization. Many of us here today remember the steadiness and clear-headedness with which you saw us through the deployment of intermediate-range nuclear forces in the mid80s, and then, the energy and determination you brought to the search for peace in Bosnia. Given the topic of this conference, it’s especially appropriate for an eminent British statesman to be calling us to order on the premises of a venerable British institution. The United Kingdom, under Prime Minister Blair, is now politically at the center of Europe and intellectually at the center of European deliberations over how better to deal with threats to continental peace and transatlantic security. That trend is personified by this afternoon’s keynote speaker, who is about to become the first British Secretary-General of NATO since Lord Carrington. I haven’t quite gotten used to referring to George as Lord Robertson of Port Ellen, but I certainly have no trouble imagining him in his new office in Brussels , where he will bring to the helm of our Alliance the same verve and skill that have marked his stewardship of the Ministry of Defense these past two years. George, of course, will be taking over from Javier Solana, whom I must learn to address as Señor PESC. For the last four years, he has led the Alliance in meeting a series of what can only be described as existential challenges. I say that because nothing less than the continuing existence of the Alliance, and certainly its continuing relevance and effectiveness, depended on its being able to open its doors to new members, undertake new missions, establish partnerships with former adversaries and bring peace to the Balkans. The personnel shift involving George and Javier may be one of the more auspicious in recent history. Both in the jobs they are leaving and in the ones they are assuming, these two men stand for the complementarity of NATO and the EU. That, ladies and gentlemen, is what I’d like to talk about this morning. More specifically, I’d like to talk about the transatlantic relationship in the wake of the conflict in Kosovo, and offer an American perspective on how we might ensure the continuing vitality of that relationship. On Sunday, it will be exactly four months since the suspension of air strikes against Yugoslavia. We’ve all been thinking about the lessons of that experience. The most basic question is whether the Alliance was right to take the action that it did. That issue will be discussed — and debated — in the first two sessions today. Lord Carrington will, I suspect, guarantee that it is a very real debate indeed. It will continue for many years to come. I will be among those who argue that NATO was right to enforce the principle that, in Europe on the eve of the 21st century, national leaderships must not be allowed to define 59 national interests or national identity in a way that threatens international peace and that leads to crimes against humanity. But there is, of course, another question: even if NATO did the right thing, did it do it right? Did it succeed? Did we win? In one sense, of course, the answer is clearly “yes”: as a result of NATO’s political cohesion and military effectiveness, Slobodan Milosevic capitulated to the terms that the leaders of the Alliance established in Washington on April 23rd as conditions for an end of the bombing. But that’s not quite a dispositive answer to the question, is it? Asking whether the Alliance’s first major military action in half a century was a success and a victory calls to mind Zhou Enlai’s famous answer to the question of how he assessed the French Revolution: ‘It’s too early to tell,’ he replied. Kosovo is a classic case of having to establish the strategic wisdom of an action we have taken — that is, its long-term beneficial consequence — by the way in which we implement the peace we have imposed. We’re off to a solid start, but it’s only a start, and we could all too easily transform a tentative success into a lasting failure if we were, either out of complacency or out of exasperation, to disengage too soon. That’s why we must keep KFOR in place — and keep it at its punching weight — long enough for local government and civil society to take root. And it’s why we must do everything possible to support the demo cratic opposition in Serbia until it brings about the democratic transformation of Serbia. That, in turn, can happen only when Yugoslavia is under new management. The ultimate verdict on Kosovo will also depend on the effect that the war and its aftermath, have, over time, on transatlantic attitudes, relations and institutions. On this subject, I sense a basic difference of view on opposite sides of the Atlantic. Many Americans are saying: never again should the United States have to fly the lion’s share of the risky missions in a NATO operation and foot by far the biggest bill. Many in my country, notably including members of Congress — are concerned that, in some future European crisis, a similar predominance of American manpower, firepower, equipment and resources will be neither politically nor militarily sustainable, given the competing commitments our nation has in the Gulf, on the Korean Peninsula and elsewhere around the world. Now let me turn to what I think I’m hearing on this side of the Ocean. Many Europeans seem determined never again to feel quite so dominated by the U.S. as they did during Kosovo or, for that matter, during Bosnia; in the next crisis — whatever, wherever and whenever it is — our Allies want a say in the conduct of operations more nearly commensurate with the political onus that they bear in supporting the war. At least no one, on either side, is complacent about the status quo. And by the way…It did not take Kosovo for both Americans and Europeans to recognize that there is an asymmetry in the transatlantic relationship; that is unwelcome and unhealthy; and that we must find ways to rebalance our respective roles. We started that process within the Alliance at the Berlin ministerial of the North Atlantic Council three and a half years ago. In many ways, Kosovo confirmed our foresight. But Kosovo also dramatized the extent of the imbalance, and thus it should spur us to redouble the corrective effort that we began in Berlin. As I see it, there are three main dimensions to the problem we collectively face and to the solution we must collectively apply. The first is military. Here the two relevant sets of initials are ESDI — the European Security and Defense Identity — and DCI, the Defense Capabilities Initiative. The second dimension is economic and commercial, and the task there is to enhance cooperation among our defense industries. The third challenge is political, and it requires an intensified effort by all the structures and organizations of our 60 community, notably including the EU, to reach out more proactively, more comprehensively and more quickly to the post-Communist East. Let me take these three points one at a time. On ESDI, I’ll start by reiterating what I hope is a clear, unambiguous statement of American policy. It’s a policy of support: the U.S. is for ESDI. It’s in our interest for Europe to be able to deal effectively with challenges to European security well before they reach the threshold of triggering U.S. combat involvement. As ESDI goes from being a concept to a reality, our support will be guided by the answers to two questions: first, will it work? Will it be able to do what it’s supposed to do? Second, will it help keep the Alliance together and that means the whole Alliance, European and non-European, EU and non-EU? We would not want to see an ESDI that comes into being first within NATO but then grows out of NATO and finally grows away from NATO, since that would lead to an ESDI that initially duplicates NATO but that could eventually compete with NATO. That’s a long-term concern, obviously, but NATO, after all, is about the long term, and so is this conference. In the nearer term, we and our Canadian neighbors will be watching closely to see how the EU defines its security relationship with the other six Allies who do not happen to be EU members: Iceland (where I am flying later today), Norway, Hungary, Poland, the Czech Republic and, of course, Turkey. We hope that ESDI will allow non-EU Allies to help shape planning and decisions for European-led military operations, and to participate in those operations if they so desire. We would also hope that, once ESDI is a reality, all Allies would, whenever possible, continue to act together. Our ministers committed themselves to precisely these principles first in Berlin in ‘96, then again in Washington this past April. However, two other meetings seem, to our ears at least, to have emitted a somewhat different set of signals. The Anglo-French Summit at St. Malo last December raised concerns among non-EU Allies that they might not be sufficiently involved in planning and decision-making structures. Then came the EU leaders’ declaration at Cologne in June, which could be read to imply that Europe’s default position would be to act outside the Alliance whenever possible, rather than through the Alliance. Now, I’m aware that we’re talking here about the nuances of a work-in-progress with multiple authors. It’s an iterative process, going back to Berlin four years ago, extending forward to Helsinki, two months from now and beyond. As ESDI does go forward, taking on form and content, we trust it will manage both to fulfil the aspirations and commitments and to ally the apprehensions that it has generated along the way. Let me turn to the related question of resources, which is crucial to the Alliance in general and to ESDI in particular. As George Robertson has said frequently and forcefully, even the best laid plans for ESDI will come to naught unless its European advocates and architects ensure that it has sufficient military muscle. Hence the Defense Capability Initiative — DCI — which the Alliance leadership announced in April. That was in the midst of an operation in which many of our nations had planes in the air, but in which American B-2s and F-117s undertook many of the most vital missions. That’s because they were the only ones that could fly at night, in any weather, evade defenses and deliver pinpoint strikes. For similar reasons, U.S. planes also flew two-thirds of the transport, refueling and intelligence missions. Moreover, it took months for most Allies to get their KFOR contingents pre-positioned in Macedonia and deployed into Kosovo. That’s why we — all of us — need DCI: it’s mostly about transport and logistics, about getting forces to the area of operation and keeping them fed and equipped. Already, a number of Allies, including our British hosts as well as France, Norway and the 61 Netherlands, are restructuring their forces and acquiring the necessary equipment. But there’s still a long way to go. Given the constraints we all face on spending, the challenge here is not so much to spend more but to be more efficient. Now, ladies and gentlemen, I realize that much of my message so far has been hortatory: I’ve stressed what we hope our European partners will do better or differently. Let me assure you that Secretary Albright, Secretary Cohen and the rest of our colleagues have spent a lot of time thinking about our end of the bargain about where there’s room for improvement in the U.S.’s own contribution to the common cause. In that spirit, we’ve broadened European military representation in NATO’s new command structure; we support European command of operations where European forces predominate on the ground KFOR being the most obvious case in point. We’re also committed to supporting EU-led operations by making available NATO transport, intelligence and logistics assets. And once Javier and his colleagues are in place, we’re in favor of establishing a mechanism for ensuring NATO-EU coordination so that we can hammer out the practical arrangements for sharing assets and modernizing our defenses. Now a few words about the vexatious issue of defense industry cooperation, which is all the more nettlesome arising as it does in the larger context of U.S.-EU trade disputes. We absolutely must find a way of jointly developing, and jointly benefiting from, new technologies. Here, as with ESDI, the U.S. will look for fresh and reciprocal approaches. We’ll do that because again: as with ESDI — the U.S. has a stake in a strong, integrated, self-confident and militarily capable Europe. That requires viable defense industries on both sides of the Atlantic. In pursuit of that goal, while guarding against illicit and dangerous transfers of sensitive know-how and equipment, we will explore new ways to promote technology-sharing, streamline licensing procedures and encourage appropriate joint ventures. As we do so, we hope that the EU, in refining its own policy on defense industry trade, will keep the door open for cooperation between defense firms on both sides of the Atlantic. Finally, I’d like to address the political dimension of the challenge. Both NATO and the EU have, over the past decades, accomplished a great deal in the political sphere. NATO began life as a collective-defense alliance, and it remains one today, 50 years and six months later. But NATO has also always had a political function. For example, in the early ‘80s, it promoted the consolidation of civilian-led democracy in Spain, and on numerous occasions, it has helped keep the peace between Greece and Turkey. Since the end of the Cold War, NATO’s has served as a catalyst for strengthening democracy, rule of law, respect for human, civil and minority rights, including among non-members. The Partnership for Peace and the Euro-Atlantic Partnership Council are institutional manifestations of this mission. Similarly, politics has always been both the subtext and the context of European economic integration. That was true when the European Coal and Steel Community provided an umbrella for the reconciliation of Germany and France in the aftermath of World War Two; and it has been true in the post-Cold War era. The European Union not only gave Europe its first “stateless currency” since the days of the Roman Empire but also helped bring into being a concert of liberal democracies in some ways the first, and certainly the most advanced, in history. That development is all the more propitious for the U.S., now that the United Kingdom is, finally, front and center in carrying that great experiment forward. A crucial aspect of what has made the EU so successful to date and so promising for the future is the way it has dealt with the related issues of communal identity, civil society, 62 national sovereignty and international integration. As we Americans watch what is happening under the aegis of the EU, one of the things we most admire is the way in which the old system of nation-states is giving way to a new system in which nations feel secure enough in their identities and in their neighborhoods to make a virtue out of their dependence on one another. The treaties of Westphalia and Versailles seem to be giving way to those of Maastricht and Amsterdam. On matters where borders have become an obstacle to efficiency and prosperity, such as commercial activity and monetary policy, much of Europe is investing authority in supranational bodies; on other matters, where communal identities and sensitivities are at stake, such as language and education, central governments are devolving power to local authorities. In this fashion, Europe is managing and sublimating forces that might have ignited civil strife and conflict across borders in what has, instead, been half a century of unprecedented peace and prosperity. Our hope is that the EU as the principal force for positive change in Western Europe — will find new and imaginative ways to induce, in the post-Communist East, the protection of minorities, the empowerment of regions and the pursuit of transnational cooperation. One way, obviously, is to keep bringing new members into the EU itself. You’re doing that. We recognize that EU enlargement is a complex process, involving transfers of sovereignty and profound adjustments in national governance, economies and regulatory systems. We hope we will be able to congratulate the newest members of the EU sometime during President Prodi’s tenure and see it launch the next round of accession negotiations early in his term. But enlargement is not the only tool in the EU’s kit bag for enhancing the stability of the continent. Prime Minister d’Alema recently called upon the EU to be “not just wise and generous” but “open.” If the EU further opens its markets to non-members in the East, the result will be not just more prosperity for those countries but also better prospects for market reform and political stability. We in Washington are taking Mr. D’Alema’s advice ourselves. We’re doing so in various ways: by looking for ways to increase access to our own markets for products from Southeastern Europe, by providing unilateral trade preferences for the region for five years, and by setting up new regional investment and equity funds. There are other programs that bear the EU’s imprimatur and that comprise what we recognize and welcome as an overarching effort to define “Europe” as inclusively and extensively as possible. Let me cite three: First, the EU’s Partnership and Cooperation Agreements and their complementary assistance programs provide a mechanism to help the former Soviet republics develop democracy, establish the rule of law and encourage trade and investment. This important work is now in the capable hands of Chris Patten. Second, the EU’s Northern Dimension Initiative will help Nordic, Baltic and Russian citizens solve common problems, such as managing nuclear and environmental waste, as well as battling infectious disease, international crime and terrorism. Third, there is the Stability Pact for Southeastern Europe: if (and it’s a big if) it gets the funding it needs from the EU and other donors — will help policemen in Bulgaria, border guards in Macedonia and bankers in Romania all to feel themselves to be participants in, and beneficiaries of, the great venture of European integration. What all three of these undertakings have in common is that they reach out not just to aspirants for EU membership but to other emerging democracies as well. In that sense, they’re comparable to NATO’s PfP and EAPC programs. They dramatize what I mentioned at the outset: the essential complementarity of the European Union and the Atlantic Alliance. Just as the EU and NATO have different but overlapping memberships, so they 63 have different but mutually reinforcing missions. Just as the U.S. wants and needs its European Allies to be equal partners in our common defense, so all of us in NATO should want the EU to succeed in nurturing within a the broadest possible political and geographic space those values and institutions, those habits of national and international life, that have come to characterize Western Europe over the past 50 years. If that happens, the EU will be able to go about its business of deepening and broadening in a far safer, more hospitable environment. And our Alliance will be less likely to face another test like the one that it had to pass earlier this year. In that case, we will have indeed learned, and applied, the ultimate lesson of Kosovo. 14 Discours du Secrétaire général de l’OTAN, Lord Robertson Session annuelle de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN Amsterdam, 15 novembre 1999 Presque immédiatement après la « révolution » de Saint-Malo, la secrétaire d’État américaine, Madeleine Albright, définit des « orientations » pour promouvoir le développement des aspirations européennes en matière de défense, en énonçant ses fameux « trois D » (voir document 4, p.10). Dès sa nomination au poste de Secrétaire général de l’OTAN, George Robertson, soucieux de dissiper les craintes américaines lors de sa visite à Washington le 30 octobre et le 1 er novembre 1999, proposa la formule des « trois I » pour la première fois. Comme il ne s’agissait pas d’une réunion officielle, aucun document n’est disponible sur cette présentation. Le premier contexte formel où George Robertson fit allusion aux « trois I » fut le discours qu’il prononça devant l’Assemblée parlementaire de l’OTAN lors de sa réunion annuelle le 15 novembre 1999 à Amsterdam. Mesdames et Messieurs, Je vous remercie vivement de votre très chaleureux accueil. Permettez-moi tout d’abord de vous dire à quel point je suis heureux d’avoir aujourd’hui la possibilité de prendre la parole au cours de cette session annuelle de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN. J’étais, il y a quelques semaines encore ministre et parlementaire, et je comprends très bien le rôle important que cette assemblée est appelée à jouer pour aider l’OTAN à atteindre ses objectifs. C’est la raison pour laquelle je me félicite d’avoir la chance de vous rencontrer si tôt après avoir pris mes fonctions de Secrétaire général de l’OTAN. Je suis très heureux du récent renforcement des relations entre l’OTAN et l’Assemblée parlementaire, et je ferai tout pour faire en sorte que ces relations restent les plus fructueuses possible. Je me suis laissé dire que traditionnellement, lorsqu’il commence son allocution devant l’Assemblée parlementaire, le Secrétaire général de l’OTAN donne son impression sur ce qui s’est passé l’année précédente. Manifestement, les douze mois qui se sont écoulés depuis la dernière session annuelle de l’Assemblée parlementaire ont compté à bien des égards parmi les plus importants de l’histoire de l’OTAN. L’une des étapes les plus marquantes de cette période a bien entendu été la commémoration du 50ème anniversaire de l’OTAN. Ce fut d’abord et avant tout la célébration du triomphe de nos valeurs : les valeurs de paix, de liberté et de démocratie. J’ai été très fier d’être présent lors de cet événement de portée historique. J’ai également été très heureux de la présence à Washington, à cette occasion, des représentants de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN. 65 Mais ce sommet n’a pas seulement été une cérémonie d’anniversaire. Il a aussi permis de faire beaucoup de travail concret. Lors du Sommet de l’OTAN d’avril dernier, nous avons officiellement accueilli, au sein de l’Alliance, la République tchèque, la Hongrie et la Pologne ; ce faisant, nous avons souligné le fait que la division de l’Europe appartient désormais au passé. L’Assemblée parlementaire de l’OTAN a joué un rôle fondamental dans cette évolution en réussissant à donner l’impulsion nécessaire au processus de ratification par les parlements nationaux. L’OTAN s’est également tournée vers l’avenir en adoptant son nouveau Concept stratégique. La version précédente, qui datait de 1991, parlait encore du maintien d’un « équilibre stratégique » en Europe. La nouvelle version parle de la construction de la sécurité dans l’ensemble de l’Europe, par un partenariat et, lorsque cela s’avère nécessaire, par une gestion collective des crises. Il s’agit là d’une évolution véritablement historique, et d’un changement de priorités qui est aujourd’hui le bienvenu. Ce sommet a également marqué une rupture avec le passé - de façon à la fois hautement symbolique et très impressionnante - du fait, tout simplement, du nombre très élevé des participants. Plus de quarante pays, de toutes les parties de l’Europe et de l’Amérique du Nord – de San Francisco à Tashkent – étaient représentés à Washington et ce, au plus haut niveau. Pourquoi ? Parce que, comme je l’ai déjà dit, ce sommet a permis de célébrer le triomphe de nos valeurs. Aujourd’hui, presque tous les pays européens partagent les mêmes valeurs : la foi en la paix, la démocratie et la liberté. Le sommet a prouvé que la communauté euroatlantique ne relève pas seulement de la pure rhétorique, et qu’elle est en train de devenir réalité. J’ai cité ici les trois façons dont l’Alliance, l’année dernière, a tiré un trait sur le passé. Mais il en existe une quatrième: la campagne en faveur de la paix et de la justice au Kosovo. Alors que la plupart des pays européens se sont développés ensemble et ont pris à bras-lecorps, collectivement, la construction de leur avenir commun, une petite région de ce continent a été rattrapée par son passé. Pendant que tout le monde, ces dix dernières années, travaillait et progressait de concert, Slobodan Milosevic et son régime répandaient les germes du nationalisme ethnique et de la xénophobie, d’abord en Bosnie, ensuite au Kosovo. On a assisté là à une résurgence du passé le plus obscur de l’Europe, à laquelle sont de surcroît venus s’ajouter les crimes ethniques et les charniers collectifs. Au moment même où l’Alliance célébrait la victoire de nos valeurs dans la très grande majorité des pays européens, nous étions en train de lutter pour défendre lesdites valeurs là où elles étaient menacées : au Kosovo. Et nous avons réussi. Nous avons contraint Milosevic à se plier à la volonté de la communauté internationale, à mettre un terme à son nettoyage ethnique et à ses tueries, et à autoriser le retour des citoyens du Kosovo qu’il avait forcés à quitter leur pays. 66 Je saisis cette occasion pour féliciter et remercier les membres de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN pour le rô1e important qu’ils ont joué pendant cette crise. La campagne du Kosovo a suscité, dans tous les pays européens, des débats souvent très difficiles, qui parfois même ont malheureusement divisé les opinions publiques nationales. L’Assemblée est toutefois restée très ferme sur ce point, elle a exp liqué l’action de l’OTAN aux parlements, aux gouvernements et aux populations, ce qui a permis d’obtenir leur appui soutenu pour cette opération. Je vous remercie très chaleureusement pour votre contribution – et je le fais aussi au nom de tous ceux qui sont à présent des ex-réfugiés. Avec ces quatre temps forts - les célébrations du 50ème anniversaire, l’élargissement de l’Alliance, le nouveau Concept stratégique et l’opération du Kosovo - l’OTAN a démontré, l’an demier, que l’Europe était en train de refermer la porte sur un vingtième siècle qui a vu beaucoup trop de guerres, de divisions et de violations des droits de l’homme. Nous avons à présent pour tâche de construire le futur environnement de la sécurité euroatlantique - et de faire en sorte que dans cet environnement tous les États partagent et appliquent les valeurs de paix et de démocratie et respectent les droits de l’homme fondamentaux. L’OTAN va jouer un rôle majeur dans la construction de cet environnement de sécurité. Or, pour rester efficace, I’Alliance doit continuer à s’adapter. II s’agit à présent de recueillir les fruits de notre victoire afin de mieux relever les défis de demain. Sur ce point, mon propos, devant cette Assemblée, n’est certes guère nouveau. Manifestement, vos rapports et vos propositions sur le développement de l’OTAN ont été parmi les meilleurs de ceux qui ont été produits au sein de l’Alliance ; ils nous ont aidés à préparer certaines des adaptations les plus récentes de l’OTAN. Parlant de l’avenir, j’aimerais évoquer six aspects qui pour moi sont des priorités. Premier point, les forces de 1’Alliance doivent maintenir leur efficacité et leur interopérabilité. Le Kosovo a demontré la valeur de la diplomatie appuyée par la force, Mais si nous devons à nouveau recourir à la diplornatie associée à la force, nous devons nous assurer que la force est réelle. A cet égard, la crise du Kosovo même si elle a connu un règlement satisfaisant constitue néanmoins un avertissement : il est tout à fait évident que l’OTAN a besoin d’améliorer ses capacités de défense. Durant la crise, les forces militaires de l’OTAN ont mené un nombre de missions extrêmement variées – allant du secours humanitaire aux refugiés à toute une série d’opérations aériennes, sans oublier les opérations terrestres aujourd’hui en plein déploiement au Kosovo. Ces événements illustrent la diversité des tâches imprévisibles en matière de sécurité que nous devons assumer dans le monde de l’après-guerre froide, et les forces de I’OTAN doivent être entraînées et équipées pour y faire face, en plus de leurs missions traditionnelles. C’est dès aujourd’hui qu’il nous faut opérer ces changements, si l’on veut se préparer à un avenir qui, pour l’instant, reste imprévisible. L’initiative sur les capacités de défense, que nous avons lancée au Sommet de Washington, est un grand pas dans la bonne direction. Grâce à elle, les forces de l’Alliance pourront intervenir rapidement là où elles sont requises, pourront être ravitaillées et renforcées pour une période importante loin de leurs bases nationales, pourront attaquer un adversaire de 67 manière très efficace et survivre à ses attaques, et peuvent collaborer étroitement avec des forces non OTAN. L’initiative sur les capacités de défense favorisera une meilleure interopérabilité entre les forces des Alliés et contribuera également grandement à accélérer le développement de l’interopérabilité entre les forces des Partenaires et celles de l’Alliance. L’une de mes priorités est, tout simplement, de veiller à ce que l’initiative sur les capacités de défense tienne ses promesses. Une deuxième priorité pour l’avenir: contribuer à bâtir une relation de sécurité transatlantique nouvelle et plus mûre. La division du travail qui a caractérisé la campagne aérienne au Kosovo était nécessaire du point de vue militaire, mais elle n’est pas viable du point de vue politique à plus longue échéance. L’Identité européenne de sécurité et de défense n’est plus simplement une idée séduisante ; elle est devenue une nécessité urgente. En clair, la prise en charge des crises de sécurité de l’Europe ne devrait pas être assumée de façon disproportionnée par les États-Unis. Il faut créer une Alliance plus équilibrée, avec un apport européen plus important. Ce qui est tout à fait possible. Ensemble, les membres européens de l’OTAN ont dépensé près de deux tiers du budget de défense américain - mais le Kosovo a montré qu’ils sont loin d’avoir deux tiers de la capacité réelle des États-Unis. Autrement dit, il ne s’agit pas simplement de dépenser plus même si certains d’entre nous devront le faire, il s’agit de dépenser de façon plus judicieuse. Les Alliés européens doivent réexaminer l’équilibre de leurs forces armées, et trouver le moyen d’agir ensemble de façon plus efficace. Je vois que l’Europe est consciente de ce problème – et qu’elle a pris des mesures pour y remédier. L’Europe met actuellement en place des capacités, ainsi que des institutions, qui lui permettront de contribuer plus largement à la préservation de la paix et de la sécurité. Et l’OTAN est prête à appuyer cette démarche. De mon côté, je vais veiller à ce que l’IESD repose sur trois principes fondamentaux, à savoir: l’amélioration des capacités de défense européennes, l’attitude d’ouverture et de transparence pour tous les Alliés, et l’indivisibilité de la sécurité transatlantique, fondés sur nos valeurs communes. L’IESD ne veut pas dire « moins d’États-Unis » – elle veut dire plus d’Europe, et par conséquent une OTAN plus forte. Renforcer le rôle de l’Europe en matière de sécurité veut dire rééquilibrer la relation transatlantique en fonction des intérêts européens et américains. Je me rejouis grandement de travailler à ce projet avec M. Solana, qui est désormais le nouveau « Monsieur PESC ». Je salue également la forte participation nord-américaine à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, étant donné que cette instance est en soi un lien transatlantique très précieux. Une troisième priorité sera le renforcement de la relation avec la Russie. L’opération du Kosovo a soumis cette relation à de fortes tensions. La Russie a suspendu les contacts avec l’OTAN durant la campagne aérienne et, même s’ils les ont rétablis, ils ne souhaitent pas, pour l’instant, parler d’autre chose que de ce qui a trait à l’opération du Kosovo. L’opération du Kosovo a véritablement démontré le potentiel d’une relation solide. La Russie a joué un rôle important dans le processus diplomatique qui était appuyé par la 68 campagne aérienne de l’OTAN - et qui s’est terminé à des conditions acceptables tant pour l’OTAN que pour la Russie. Et désorrnais les forces russes travaillent aux côtés des troupes de l’OTAN au sein de la KFOR, et apportent une contribution importante sur le terrain. De toute évidence, la sécurité dans la zone euro-atlantique fonctionne mieux lorsque l’OTAN et la Russie travaillent ensemble. La Russie et l’OTAN ont de nombreux intérêts communs – du maintien de la paix à la sécurité nucléaire en passant par la maîtrise des armements. On ne peut pas y échapper. II est dans notre intérêt mutuel de coopérer dans les domaines où nous sommes d’accord, et de continuer à discuter même lorsque nous ne sommes pas d’accord. Je veux m’efforcer de bâtir ce type de relation solide et pragmatique. Le Kosovo illustre mais constitue également le coeur de ma quatrième priorité – contribuer à bâtir une paix et une stabilité durables dans les Balkans. Pendant trop longtemps, cette région a été fragilisée par l’instabilité politique, les conflits ethniques et la faiblesse économique. Et pendant trop longtemps – en fait tout au long de ce siècle – la communauté internationale s’est refusée de voir ce qui couvait dans les Balkans jusqu’à ce que le feu nous embrase tous. Depuis, les choses ont changé. La communauté internationale s’est résolument attelée à la construction de la stabilité dans l’Europe du Sud-Est, pour faire en sorte que l’avenir de cette région ne soit pas otage de son passé. L’OTAN joue un grand rôle dans ce projet, et cela de deux manières. Sous la direction de l’Alliance, plus de 70 000 militaires maintiennent la paix en Bosnie et au Kosovo et appuient les efforts de la reconstruction civile. Nous constatons déjà des résultats très positifs. Les choses évoluent lentement, mais le Kosovo est déjà plus sûr et plus de 800 000 réfugiés sont rentrés au pays. L’ONU a mis ses structures en place avec 1 800 policiers sur le terrain. L’UCK a été dissoute et une nouvelle organisation d’urgence civile a vu le jour. Un conseil de transition composé de représentants de toutes les communautés ethniques se réunit une fois par semaine pour jeter les bases d’un avenir politique multiethnique. Des élections devraient avoir lieu l’an prochain et les préparatifs vont bon train. Les choses progressent vraiment, parce qu’il faut se souvenir du chaos et de la violence dont les Kosovars étaient les victimes sous le régime Milosevic, il y a quelques mois à peine. Cependant, beaucoup reste à faire. A leur retour, les Albanais du Kosovo, majoritaires, doivent réprimer une colère compréhensible et ne pas s’en prendre aux minorités restantes. Les anciens membres de l’UCK doivent comprendre que la guerre est finie et que la KFOR est là pour assurer la sécurité d’un Kosovo multiethnique et démocratique. Dans l’immédiat, le but de la communauté internationale, et de l’OTAN notamment, est d’apporter à chaque citoyen du Kosovo ce que, tous, nous avons : la paix, la sécurité et la liberté. Pour cela, il faut un engagement réel et déterminé, mais nous persévérerons. Nous avons gagné la guerre. Nous n’allons pas perdre la paix. 69 La Bosnie-Herzégovine reçoit beaucoup moins d’attention que le Kosovo dans les médias. Pourtant, là aussi, les choses ont réellement progressé depuis que l’OTAN s’y est déployée, en 1995. Les modérés sont de plus en plus nombreux dans le gouvernement parce que les Bosniaques veulent la sécurité et la stabilité. En fait, la situation en matière de sécurité s’est améliorée à un point tel que, dans les six prochains mois, l’Alliance va encore réduire d’un tiers sa présence militaire en Bosnie pour la ramener à 20 000 hommes. Nous nous approchons de notre objectif, une Bosnie-Herzégovine où règne une paix durable sans aide extérieure. Pour assurer les résultats obtenus dans ces deux zones à problème, il faut regarder au-delà de leurs frontières ... l’Europe du Sud-Est dans son ensemble. Pendant toute la campagne du Kosovo, l’OTAN a pu compter sur la solidarité de nos Partenaires de l’Europe du SudEst. Les pays voisins de la Yougoslavie ont soutenu l’OTAN en dépit des difficultés économiques causées par ses opérations et de l’opposition qu’elles suscitaient chez eux. C’est à eux, maintenant, de pouvoir compter sur notre soutien. Le Pacte de stabilité de l’Union européenne est un grand pas en avant. Il reconnaît la nécessité d’une approche plus globale pour l’ensemble de l’Europe du Sud-Est. Ce Pacte de stabilité porte essentiellement sur trois domaines: • • • la démocratisation et les droits de l’homme, la reconstruction économique, le développement et la coopération, et les questions de sécurité. II ne fait aucun doute que l’OTAN peut et va apporter une contribution déterminante à ce Pacte, dans le domaine de la sécurité surtout. L’Initiative pour l’Europe du Sud-Est que nous avons lancée au Sommet de Washington en sera la pièce maîtresse. Mon objectif est clair : concourir à ancrer solidement les Balkans dans la famille européenne des valeurs démocratiques. En outre, je veux resserrer les liens qui unissent l’OTAN à l’Ukraine et à nos autres Partenaires. Pendant la crise du Kosovo, les Partenaires de l’OTAN ont montré sans ambiguïté qu’en matière de sécurité, ils ne sont plus sur la ligne de touche, ils sont bel et bien dans le jeu. Les pays limitrophes du Kosovo ont apporté une aide inappréciable aux dizaines de milliers de réfugiés qui fuyaient la brutalité des forces de sécurité de Slobodan Milosevic. Ils ont apporté leur soutien sans réserve aux opérations lancées par l’OTAN pour donner un coup d’arrêt à la campagne de violences. Et maintenant, comme en Bosnie, plus d’une vingtaine de pays partenaires envoient des troupes au Kosovo pour y maintenir la paix. Par ces contributions majeures, le Partenariat pour la paix et le Conseil de partenariat euroatlantique ont montré l’intérêt qu’ils présentent dans le cadre d’une approche coopérative de la sécurité applicable à l’ensemble de la zone euro-atlantique. Je veux rendre ces mécanismes plus opérationnels encore et mieux adaptés aux besoins de nos Partenaires en matière de sécurité. C’est pourquoi j’apporterai mon plein appui au Partenariat pour la paix renforcé que nous avons récemment adopté, afin d’améliorer l’interopérabilité et d’accorder 70 à nos Partenaires plus de place dans la planification et la conduite des opérations menées sous l’égide de l’OTAN. Enfin, il me faudra surtout préparer l’OTAN à sa prochaine phase d’élargissement. Les chefs d’État et de gouvernement de l’OTAN ont pris l’engagement d’étudier un nouvel élargissement pour 2002 au plus tard. D’ici là, nous devons explorer toutes les possibilités du Plan d’action pour l’adhésion et aider autant que possible tous les pays candidats à remplir les critères. Les pays partenaires veulent pouvoir s’intégrer à l’Europe. L’OTAN est un jalon et ses portes leur resteront ouvertes. Mesdames et Messieurs, Somme toute, c’est un vaste et ambitieux programme qui exigera beaucoup de travail. Mais, à voir l’avenir que cette belle Alliance a devant elle, je n’ai aucune raison de m’inquiéter. L’an dernier surtout, le programme d’activités de l’OTAN a connu un tel succès que l’Alliance est maintenant plus digne d’intérêt et plus indispensable que jamais. Et nous tous, qui constituons cette grande et exceptionnelle Alliance, faisons ce qu’il faut pour relever les défis de demain, à la fois considérables et préoccupants. Pour affronter le XXIe siècle, notre Alliance peut compter s’appuyer sur des fondations solides comme le roc. Ensemble, nous pouvons mettre ses atouts au service du monde entier. 15 Conseil Affaires générales Bruxelles, 15 novembre 1999 Le 15 novembre 1999, les ministres de la défense de l’UE se réunirent pour la toute première fois avec les ministres des affaires étrangères de l’UE dans le cadre du Conseil Affaires générales à Bruxelles. Nous reproduisons ci-après les extraits du document du CAG concernant la défense. (…) POLITIQUE EUROPÉENNE COMMUNE EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ ET DE DÉFENSE Le Conseil « Affaires générales », auquel participaient les ministres de la défense, a débattu du suivi des conclusions de Cologne concernant le renforcement de la politique européenne en matière de sécurité et de défense, afin de fournir à la présidence des orientations pour l’élaboration de son rapport de situation destiné au Conseil européen d’Helsinki. Il a abordé les aspects tant militaires que non militaires de la gestion des crises. La présidence soumettra au Conseil européen deux rapports complémentaires, qui se renforcent mutuellement et qui soulignent à la fois la capacité de l’Union de recourir à tout l’éventail des instruments politiques, économiques, humanitaires et militaires et sa détermination à renforcer l’efficacité de ces instruments. (…) UNION DE L’EUROPE OCCIDENTALE (UEO) Autorisation de la nomination de M. Javier SOLANA en qualité de Secrétaire général de l’UEO Le Conseil, tenant compte de l’avis nº 6/99 du Comité politique en date du 8 novembre 1999, a décidé que M. Javier SOLANA MADARIAGA, Secrétaire général du Conseil de l’Union européenne /Haut Représentant pour la Politique étrangère et de sécurité commune, était autorisé à accepter le poste et à exercer les fonctions de Secrétaire général de l’UEO en plus de ses fonctions de Secrétaire général/Haut Représentant. Il est à noter que M. Javier SOLANA devrait être nommé Secrétaire général de l’UEO prochainement et prendre ses fonctions le 25 novembre 1999 après l’expiration du mandat du Secrétaire général actuel, M. José CUTILEIRO. (…) 16 Conseil des Ministres de l’UEO Luxembourg, 22 et 23 novembre 1999 DÉCLARATION DE LUXEMBOURG 1. Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des pays de l’UEO se sont réunis à Luxembourg les 22 et 23 novembre 1999. Le Conseil des ministres de l’UEO a été précédé de la réunion des ministres de la Défense des treize membres du Groupe Armement de l’Europe occidentale (GAEO) avec la participation de leurs homologues autrichien, finlandais et suédois. 2. Les ministres se sont félicités des résultats du Conseil européen de Cologne. Ils ont salué la décision de doter l’Union européenne des moyens et capacités nécessaires pour assumer ses responsabilités concernant une politique européenne commune en matière de sécurité et de défense et l’engagement d’améliorer l’efficacité des moyens militaires européens sur la base des capacités actuelles, qu’elles soient nationales, binationales ou multinationales, et de renforcer les capacités européennes propres à cette fin. Les ministres ont pris note qu’à cette fin, le Conseil européen a chargé le Conseil « Affaires générales » de préparer les conditions et mesures nécessaires pour réaliser ces objectifs, et notamment de définir les modalités de l’inclusion de celles des fonctions de l’UEO qui seront nécessaires à l’Union européenne pour assumer ses nouvelles responsabilités dans le domaine des missions de Petersberg. Ils attendent avec intérêt les décisions qui doivent être prises à cet égard par le Conseil européen d’Helsinki. En attendant la création des structures appropriées au sein de l’Union, les ministres ont réaffirmé leur disponibilité, dans le cadre de l’article 17 du traité sur l’Union européenne, et si l’Union le souhaite, à continuer de donner à celle-ci l’accès à une capacité opérationnelle ainsi qu’à élaborer et à mettre en œuvre les décisions et les actions de l’Union ayant des implications dans le domaine de la défense. Dans le prolongement des arrangements visant à améliorer la coopération entre l’Union européenne et l’UEO au titre du protocole sur l’article 17 du TUE mis en œuvre depuis la réunion de Brême, les ministres se sont déclarés prêts à permettre, en tant que de besoin, aux organes du Conseil de l’Union européenne un accès direct à l’expertise des structures opérationnelles de l’Organisation, notamment celles du Secrétariat, de l’État-major militaire, du Centre satellitaire et de l’Institut d’études de sécurité de l’UEO. À cette fin, si l’Union européenne en exprime le besoin, ils sont convenus : • • d’autoriser la transmission au Haut Représentant pour la PESC et aux autres organes appropriés du Conseil de l’Union européenne l’ensemble des travaux et analyses de l’UEO, en particulier ceux de l’État-major militaire, compte tenu des arrangements de sécurité pertinents ; de donner aux demandes de travaux des organes appropriés du Conseil de l’UE adressées au Centre satellitaire la même priorité que celle accordée aux ordres de travail du Conseil de l’UEO ; • • 73 de rendre le Haut Représentant pour la PESC et les autres organes appropriés du Conseil de l’UE systématiquement destinataires des publications de l’Institut d’études de sécurité ; de permettre la poursuite de participations croisées ainsi que de réunions conjointes et de réunions du groupe ad hoc UEO-UE, lorsque cela est approprié, conformément aux modalités établies. 3. Les ministres ont noté avec satisfaction que l’Alliance a réaffirmé son ferme engagement à poursuivre le processus de renforcement du pilier européen de l’Alliance sur la base de la Déclaration de Bruxelles de 1994 et des principes agréés à Berlin en 1996. Ils se sont félicités des progrès accomplis dans la mise en œuvre des décisions de Berlin et ont noté que les éléments clés de ces décisions se mettent en place. Ils ont souligné l’importance du Concept stratégique de l’Alliance. Les ministres ont salué le fait que, tel que mentionné dans les paragraphes 8, 9 et 10 du Communiqué du sommet de Washington, l’Alliance se réjouisse du nouvel élan donné au renforcement d’une politique européenne commune de sécurité et de défense et indique sa disponibilité à définir et à adopter les dispositions nécessaires pour permettre l’accès aisé de l’Union européenne aux moyens et capacités collectifs de l’Alliance. 4. Les ministres ont eu un échange de vues approfondi sur la sécurité et la défense en Europe. Dans ce contexte, ils se sont félicités de la continuation des travaux sur la réflexion informelle demandée à Rome et menée dans le cadre de réunions des directeurs de la politique de sécurité des ministères des Affaires étrangères et de la Défense, qui ont mis en évidence une volonté commune: • • • de renforcer les moyens et capacités disponibles pour des opérations de gestion de crise ; de préparer l’héritage de l’UEO et l’inclusion de celles de ses fonctions que l’Union européenne jugera nécessaires pour assumer ses nouvelles responsabilités dans le domaine des missions de gestion de crise ; d’élaborer des arrangements satisfaisants qui servent les intérêts de tous les pays de l’UEO. Les ministres ont décidé que les travaux de réflexion informelle doivent se poursuivre sur cette base. Dans ce contexte, l’UEO offre un cadre de dialogue permettant un processus de consultation politico-militaire et une coopération entre les Européens sur des questions touchant à la sécurité et à la défense au sens large. 5. Les ministres se sont félicités des résultats de l’inventaire des moyens et capacités disponibles pour des missions européennes de gestion de crise. Ils ont pris note avec satisfaction du rapport élaboré par la Présidence et ont approuvé les recommandations visant à renforcer les capacités européennes pour des opérations de gestion de crise. Ils ont chargé le Conseil permanent de poursuivre les travaux relevant de sa compétence sur le renforcement des capacités collectives de l’UEO. 74 6. Les ministres ont exprimé leur satisfaction concernant les travaux accomplis par la mission élargie de l’Élément multinational de conseil en matière de police (EMCP) de l’UEO, entreprise à la demande de l’Union européenne, qui contribue au processus de stabilisation et de démocratisation en Albanie. Le plan des opérations de l’EMCP élargi permet de mieux répondre aux besoins des autorités albanaises pour la mise en place d’une force de police conforme aux normes européennes. 7. Les ministres ont exprimé leur satisfaction concernant le déroulement de la mission de surveillance générale de la sécurité dans la région du Kosovo effectuée par le Centre satellitaire de l’UEO à la demande de l’Union européenne. Ils se sont félicités de l’intérêt que les organisations internationales ont manifesté pour le système d’information géographique (SIG). 8. Les ministres ont exprimé leur satisfaction concernant le déroulement de la mission UEO d’assistance au déminage en Croatie (MADUEO), mission pilotée par la Suède et menée à la demande de l’Union européenne. 9. Les ministres ont eu une discussion approfondie sur le Kosovo et la région. Ils ont réaffirmé leur engagement en faveur d’un Kosovo démocratique et multiethnique et attendent de toutes les parties qu’elles respectent pleinement les dispositions de la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Ils ont réitéré la nécessité d’une progression réelle vers la démocratie et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales en République fédérale de Yougoslavie. Ils ont exprimé leur soutien total à la mise en œuvre du pacte de stabilité pour l’Europe du Sud-Est, dont l’objectif est l’instauration d’une paix durable, la démocratisation, la prospérité, la sécurité et la stabilité dans la région. Ils ont pris note avec satisfaction de la coopération, sur place, de toutes les organisations internationales et ont notamment salué les efforts déployés par la SFOR et la KFOR pour restaurer la stabilité et la paix dans la région. Ils ont salué les efforts déployés par l’AFOR. Ils ont également pris note avec satisfaction de l’établissement de la Force de maintien de la paix multinationale pour l’Europe du Sud-Est et de la mise en place officielle de son état-major à Plovdiv, en Bulgarie, qui constitue une contribution importante au processus d’instauration de la confiance et à la sécurité dans la région. 10. Dans le domaine du développement opérationnel de l’UEO, les ministres • • • • ont souligné l’importance de l’exercice conjoint UEO-OTAN de gestion de crise (CMX/CRISEX/2000) qui permettra de tester et valider les procédures de gestion de crise ainsi que les arrangements pour la consultation entre l’UEO et l’OTAN en cas d’opération dirigée par l’UEO et faisant appel à des mo yens et capacités de l’OTAN ; ont souligné l’importance des mesures prises en ce qui concerne la nouvelle structure de l’État-major militaire, qui en amélioreront l’efficacité et la cohésion. Ils ont pris note des documents pertinents à cet égard ; ont souligné l’importance de la coopération civilo-militaire dans le cadre des missions de gestion de crise. Ils ont pris note du concept de l’UEO en la matière ; ont pris note du concept UEO de soutien médical. 75 11. Les ministres se sont félicités des récentes initiatives prises par les États membres du Corps européen, d’Eurofor et d’Euromarfor pour renforcer les capacités de gestion de crise de ces forces multinationales. Ils se sont félicités de l’intention des pays membres du Corps européen d’adapter le Corps européen, et en particulier son état-major, au nouvel environnement stratégique et d’en faire à l’avenir un Corps de réaction rapide européen. Ils ont également salué l’adoption de la Déclaration commune sur l’emploi de la Force amphibie hispano-italienne (FAHI) dans le cadre de l’UEO. 12. Les ministres ont approuvé les recommandations contenues dans le rapport sur les possibilités de participation de l’UEO à un programme européen multilatéral en développement dans le domaine satellitaire. 13. Les minis tres ont pris note avec intérêt du rapport de la Présidence sur la réunion du Comité militaire tenue les 3 et 4 novembre 1999 à Luxembourg. En particulier, ils se sont félicités de l’achèvement des travaux sur la structure d’organisation et le fonctionnement de l’État-major militaire. 14. Le Conseil de l’UEO (membres du GAEO) a adopté les conclusions des ministres de la Défense du GAEO. 15. Les ministres se sont félicités des résultats du sommet de l’OSCE tenu à Istanbul les 18 et 19 novembre 1999. Ils ont pris note avec satisfaction de l’adaptation du traité CFE, qui reste l’une des pierres angulaires de la sécurité européenne, et de celle du document de Vienne de 1994. Les ministres ont souligné la nécessité pour les États participants de respecter toutes les dispositions de ces documents. Les ministres se sont également félicités de l’adoption de la Charte d’Istanbul pour la sécurité européenne, qui tient compte des changements intervenus en Europe au cours de la dernière décennie. Ce document fournira à l’OSCE une base solide pour faire face aux risques qui pourraient peser à l’avenir sur la paix et la sécurité. Dans ce contexte, ils ont également salué l’adoption de la « Plate-forme pour la sécurité coopérative », qui réaffirme l’importance de la coopération entre les organisations complémentaires et se renforÁant mutuellement. 16. Les ministres ont exprimé leur profonde préoccupation face à la campagne militaire qui se poursuit dans le Caucase du nord. Ils ont appelé à la plus grande modération, afin d’éviter le recours disproportionné à la force aveugle. Ils ont en outre demandé instamment au gouvernement russe de respecter les engagements pris au titre du droit humanitaire international afin d’éviter de faire des victimes civiles. Les ministres insistent vivement sur la nécessité de rechercher un règlement négocié du conflit et soulignent qu’il importe d’instaurer un dialogue entre le gouvernement russe et les dirigeants élus du Caucase du nord, y compris ceux de la Tchétchénie, afin de parvenir à une solution politique. Ils ont souligné le rôle que l’OSCE devrait jouer afin d’atteindre cet objectif. Les ministres se sont félicités de la volonté de l’OSCE de contribuer à la reprise d’un dialogue politique et de l’accord donné par la Fédération de Russie à une visite du Président en exercice dans la région. Ils ont rappelé leurs positions concernant l’intégrité territoriale de la Fédération de Russie. Ils ont souligné leur ferme condamnation du terrorisme sous toutes ses formes. 76 17. Les ministres ont souligné le rôle clé de la Russie dans la sécurité et la stabilité de l’Europe et attendent avec intérêt que se développent plus avant les relations de l’UEO avec ce pays sur la base d’un dialogue politique et d’une coopération concrète renforcés. 18. Les ministres ont réaffirmé l’importance de l’Ukraine en tant que partenaire européen. Ils se sont félicités des progrès accomplis dans la mise en œuvre du plan d’action. Ils ont souhaité que le dialogue politique et la coopération concrète entre l’UEO et l’Ukraine se renforce. 19. Les ministres ont appelé le Bélarus, la Russie et l’Ukraine à ratifier sans autre délai le traité Ciel ouvert. Ils ont salué les initiatives prises à cet égard par les pays de l’UEO. 20. Les ministres ont exprimé leur satisfaction quant au développement du dialogue méditerranéen de l’UEO. Ce dialogue contribue à l’instauration de la confiance et à la coopération dans la région et renforce les autres efforts déployés au plan international, notamment le processus de Barcelone de l’Union européenne et le dialogue méditerranéen de l’OTAN. 21. Les ministres ont pris note avec satisfaction du dialogue en cours entre Chypre* et l’UEO, qui évolue parallèlement au développement des relations de Chypre* avec l’Union européenne, avec laquelle les négociations d’adhésion se poursuivent. 22. Les ministres ont réaffirmé qu’il importe de poursuivre le dialogue du Forum transatlantique. Ils ont salué le programme de la Présidence française. 23. Les ministres continuent d’attacher une grande importance à la contribution de l’Assemblée de l’UEO aux travaux de l’organisation et à la réflexion en cours sur la sécurité et la défense européennes. 24. Les ministres ont accueilli avec satisfaction la déclaration présentée par le Portugal sur son programme en tant que future présidence de l’UEO. *** Les ministres ont remercié M. Guido Lenzi pour les résultats obtenus par l’Institut d’études de sécurité sous sa direction. Ils se sont félicités de la nomination de son successeur, Mme Nicole Gnesotto, au poste de Directeur. *** Les ministres ont rendu hommage au Secrétaire général, M. José Cutileiro, et l’ont remercié pour son inestimable contribution au développement de l’UEO au cours des dernières années. Ils ont salué l’ensemble de ses travaux, qui ont marqué une étape décisive dans le développement de l’Organisation. *** Les ministres ont entériné la décision du Conseil permanent de nommer M. Javier Solana au poste de Secrétaire général. Ils ont exprimé leur conviction que cette nomination contribuera au développement des relations entre l’UEO et l’Union européenne, comme le prévoient le traité sur l’Union européenne et les décisions du Conseil européen de Cologne. COOPÉRATION EN MATIÈRE D’ARMEMENT ARMEMENT DE L’EUROPE OCCIDENTALE (GAEO) ACTIVITÉS DU 77 GROUPE 1. Les ministres de la Défense des treize pays membres du Groupe Armement de l’Europe occidentale (GAEO), forum européen de la coopération en matière d’armement, se sont réunis avec leurs homologues autrichien, finlandais et suédois le 22 novembre 1999, la veille du Conseil des ministres de l’UEO. 2. Ils ont examiné l’état de la situation dans le domaine de l’armement ainsi que les activités de coopération menées en la matière au sein du GAEO, en s’attachant en particulier à l’avenir du GAEO dans l’architecture de sécurité européenne en développement et au Partenariat européen pour l’armement. 3. Suite à la déclaration du Conseil européen de Cologne, des options pour l’avenir du GAEO dans l’architecture de sécurité européenne en développement sont en cours d’examen. Dans ce contexte, les ministres de la Défense des pays du GAEO: • • • • ont confirmé leur engagement à l’égard du GAEO et ont décidé de maintenir cette instance sous leur direction politique ; ont confirmé leur volonté de développer plus avant ses activités ainsi que celles de son agence exécutive, l’OAEO, et d’améliorer l’efficacité et la portée des activités menées en commun afin de mieux atteindre les objectifs fixés, y compris la création à terme de l’Agence européenne de l’armement ; ont réaffirmé que tous les membres de plein droit du GAEO continueront d’être habilités, comme actuellement, à participer pleinement et avec les mêmes droits et responsabilités à tout arrangement futur dans le domaine de la coopération européenne en matière d’armementqui pourrait être généré à partir du GAEO ou de l’OAEO ; ont confirmé leur décision d’ouvrir progressivement les activités de coopération en matière d’armement à d’autres pays européens par le biais du Partenariat européen pour l’armement et sont convenus de leur offrir la possibilité de devenir membres de plein droit dès que les conditions nécessaires seront réunies. 4. Concernant le Partenariat européen pour l’armement, et compte tenu du fait que la Hongrie, la Pologne et la République tchèque ont adhéré à l’OTAN et sont devenues membres associés de l’UEO, les ministres ont décidé d’actualiser les modalités arrêtées à Erfurt en novembre 1997. Ceci permettra à ces pays de participer aux activités du GAEO. Les ministres ont également approuvé une procédure permettant de devenir membre de plein droit du GAEO. 5. Les ministres ont approuvé la version révisée du document de politique générale diffusé en 1990, qui définit les orientations générales de la politique du GAEO pour tout ce qui concerne la création, le développement, le fonctionnement et le contrôle du marché européen des équipements de défense. 6. Les ministres ont donné leur aval à la marche à suivre pour la poursuite des travaux de mise en œuvre de l’Agence européenne de l’armement conformément au Plan directeur. 78 7. L’Organisation de l’armement de l’Europe occidentale a atteint son objectif en ce qui concerne l’attribution de contrats de recherche et technologie à l’industrie européenne dans le cadre du programme EUCLID. Un objectif en augmentation de 10% a été fixé pour le lancement de nouveaux projets durant la période à venir, avec au moins dix-sept contrats EUCLID d’une valeur totale de 102 millions d’euros, y compris 39 millions autofinancés par l’industrie. 8. Le Conseil de l’UEO (membres du GAEO) a adopté les conclusions des ministres de la Défense des pays du GAEO. __________________ * La Turquie se dissocie de cette mention en réservant sa position, telle qu’exprimée, sur cette question. INVENTAIRE DES MOYENS ET CAPACITÉS DISPONIBLES POUR OPÉRATIONS DE GESTION DE CRISE À MENER PAR LES EUROPÉENS 79 DES RECOMMANDATIONS POUR RENFORCER LES CAPACITÉS EUROPÉENNES POUR LES OPÉRATIONS DE GESTION DE CRISE Luxembourg, 23 novembre 1999 À l’occasion de la réunion de Rome, en novembre 1998, les ministres de l’UEO ont souhaité qu’une réflexion informelle soit engagée à l’UEO sur l’Europe de la sécurité et de la défense. Dans le cadre de ce processus, ils ont décidé de dresser un inventaire UEO des moyens et capacités pour des opérations de gestion de crise à mener par les Européens. Cet inventaire a porté sur les États membres, membres associés et observateurs. Les résultats de cet inventaire montrent que les Européens possèdent, en principe, les niveaux de forces et ressources nécessaires pour préparer et mettre en œuvre des opérations militaires sur tout l’éventail des missions de Petersberg, c’est-à-dire des missions humanitaires et d’évacuation de ressortissants, des missions de maintien de la paix et des missions de forces de combat pour la gestion des crises, y compris des opérations de rétablissement de la paix. Le rapport général, que la Présidence luxembourgeoise a préparé, a permis d’identifier un certain nombre de lacunes et insuffisances ainsi que des domaines dans lesquels ces moyens et capacités européens devraient être renforcés pour atteindre un meilleur niveau d’efficacité opérationnelle dans la gestion des crises. En dépit des mesures qui sont déjà à l’examen par les Européens et de la possibilité de recourir aux moyens et capacités de l’Alliance, de nombreux efforts restent à accomplir pour renforcer les capacités européennes. La mise en œuvre des recommandations présentées dans ce document contribuerait à combler ces lacunes et insuffisances et à renforcer les capacités européennes. • le plan des capacités collectives dans les domaines : du renseignement stratégique ; de la planification stratégique ; • Le plan des forces et des capacités opérationnelles dans les domaines : de la disponibilité, de la déployabilité, de la mobilité stratégique, de la soutenabilité, de la capacité de survie, de l’interopérabilité et de l’efficacité opérationnelle ; des états -majors d’opération et de force multinationaux interarmées, en particulier en ce qui concerne les capacités C3 (commandement, contrôle et communication) et la déployabilité des états-majors de force. 80 Renforcement des capacités collectives relatives aux opérations de gestion de crise En ce qui concerne la collecte et la gestion de l’information et du renseignement et l’analyse des situations de crise, il est recommandé de mettre en place une politique de mise en commun et de gestion de l’information et du renseignement stratégique plus cohérente. Dans une situation de crise, cette politique devrait permettre une analyse affinée et approfondie de niveau stratégique. L’accès aux sources classifiées devrait faire l’objet d’accords plus précis. Un meilleur accès du Centre satellitaire de l’UEO à l’imagerie satellitaire commerciale et surtout militaire à haute résolution devrait être favorisé. Les procédures relatives à la coopération du Centre satellitaire avec les autres organisations internationales, en particulier l’Union européenne et l’OTAN, devraient être clarifiées. En ce qui concerne les capacités relatives à la préparation et la planification des opérations de gestion de crise, les capacités en matière de planification stratégique devraient être renforcées considérablement. L’architecture et les procédures de planification et la terminologie en la matière devraient être harmonisées avec celles de l’OTAN. Les travaux relatifs aux procédures et critères pour identifier et sélectionner les états-majors, qu’ils soient nationaux ou multinationaux, capables de remplir les fonctions d’état-major d’opération ou de force, devraient se poursuivre. En ce qui concerne l’exercice du contrôle politique et de la direction stratégique des opérations de gestion de crise, l’UEO devrait développer un manuel unique et consolidé de gestion de crise, qui rassemble tous les documents relatifs aux procédures de gestion de crise et qui remplace les documents existants en la matière. Des procédures opérationnelles standardisées simples et claires devraient être développées. Les procédures d’activation ou de génération de forces devraient être harmonisées avec les mécanismes en vigueur à l’OTAN. Les systèmes d’information et de communication (SIC) de l’UEO devraient continuer à s’améliorer. Renforcement des capacités relatives aux forces et des capacités opérationnelles En ce qui concerne la disponibilité des forces, les forces et les groupements de forces devraient être disponibles dans des délais plus courts. Ainsi, certaines de ces forces devraient être disponibles pour une réaction immédiate et pour une réaction rapide. En ce qui concerne la déployabilité et la mobilité stratégique des forces, les capacités pour assurer la projection des forces vers des théâtres d’opérations, même éloignés, devraient être améliorées. Pour des opérations du haut du spectre des missions de Petersberg, les moyens et capacités de transport militaire aérien et maritime devraient être renforcés considérablement. Une approche européenne commune pourrait être adoptée. Plusieurs idées ont été évoquées à cet égard, par exemple une force « Eurolift » ou une capacité de transport européenne structurée. Même pour le cas où un recours à des moyens civils serait inévitable, la capacité de projection stratégique dans des délais courts devrait être maintenue. La coordination pour une utilisation optimale des moyens et capacités existants, qu’ils soient militaires ou civils, devrait être renforcée. Au niveau tactique, la mobilité, en particulier la capacité de transport en théâtre par hélicoptère, devrait être améliorée. 81 En ce qui concerne la soutenabilité et la capacité de survie des forces, les pays devraient renforcer leur capacité logistique pour soutenir leurs forces une fois qu’elles sont déployées et améliorer leurs capacités pour mettre en place des chaînes d’approvisionnement. La capacité de maintenir les forces sur le théâtre des opérations pendant une période longue devrait être renforcée. Dans ce domaine, il peut être utile de recourir plus largement au partage des tâches entre les pays afin d’améliorer les capacités logistiques et le réapprovisionnement. En ce qui concerne l’interopérabilité des forces, les pays de l’UEO devraient continuer à s’efforcer d’améliorer l’interopérabilité entre leurs forces en recourant à tous les mécanismes appropriés. En ce qui concerne les systèmes d’information et de communication (SIC), il est souhaitable de disposer d’un SIC stratégique et tactique, consolidé et performant, permettant l’échange rapide de documents classifiés. La capacité de mener des opérations électroniques devrait être renforcée, notamment en matière d’opérations offensives et de contre-mesures électroniques de neutralisation. C’est en particulier vrai pour les forces aériennes. Pour les opérations spéciales, les capacités de recherche et de sauvetage (SAR) devraient pouvoir couvrir un environnement hostile. Une vraie capacité de combat en la matière devrait être créée. En ce qui concerne l’appui médical aux forces, des efforts devraient être faits dans le domaine de l’évacuation médicale à longue distance et dans le domaine NBC, plus particulièrement en ce qui concerne l’assistance à fournir aux populations civiles. Les capacités relatives à la coopération civilo-militaire (CIMIC) devraient être améliorées. Tous les pays devraient continuer leurs efforts pour développer ou pour renforcer leurs possibilités, à la lumière des travaux de l’UE visant à accroître la disponibilité des outils non militaires pour la gestion de crise. Les états-majors nationaux et multinationaux devraient être capables d’opérer en configuration interarmées et/ou multinationale et de remplir les fonctions d’un état-major d’opération ou de force pour des opérations dans toute la gamme des missions de Petersberg. Des efforts devraient être envisagés en ce qui concerne les délais de montée en puissance, l’interaction avec les structures politico-militaires et la déployabilité des étatsmajors de force. En ce qui concerne les forces, la structure des forces terrestres devrait davantage s’adapter à pouvoir opérer dans un environnement non statique. Les moyens aériens organiques des forces maritimes devraient renforcer leur capacité offensive et de défense aérienne. Au sein des forces aériennes, il est nécessaire de renforcer les moyens C3 (commandement, contrôle et communication) et les capacités en matière d’opérations électroniques. La capacité de conduire des opérations de défense aérienne intégrée et des opérations aériennes ayant recours à des munitions guidées de précision devrait être renforcée. Il peut être utile de recourir plus largement au concept de nation-cadre et au partage des tâches entre les pays afin d’améliorer les capacités opérationnelles. En fonction de leurs capacités, les pays pourraient se concentrer sur la mise à disposition d’unités spécialisées. 82 Remarques finales Dans le cadre du Conseil européen de Cologne, le rapport de la Présidence allemande sur le renforcement de la politique européenne commune en matière de sécurité et de défense a indiqué que les États membres de l’Union européenne s’efforceraient « d’agir conformément aux conclusions de l’étude que l’UEO a entreprise sur les capacités de défense européenne ». Dans ce contexte, l’UEO, en mettant à profit toutes ses capacités, reste à la disposition de l’Union européenne pour tous travaux complémentaires si celle-ci le jugeait utile. Le renforcement des moyens et capacités pour des opérations de gestion de crise à mener par les Européens requiert la poursuite d’efforts de défense soutenus et structurés et la mise en œuvre des adaptations nécessaires. Ce renforcement pourrait être facilité par des mécanismes souples qui identifieraient des objectifs communs et des critères pour ces objectifs, en encourageant les pays à indiquer comment ils pourraient être atteints. Dans toute la mesure du possible, les pays concernés tireront en outre pleinement parti des mécanismes et processus de l’OTAN auxquels ils participent déjà (planification de défense, Initiative sur les capacités de défense, Processus de planification et d’examen (PARP)). En continuant leurs efforts en vue de développer leurs capacités militaires dans les domaines identifiés, les pays concernés seront en mesure de contribuer au renforcement du pilier européen de l’Alliance. En poursuivant ses travaux, l’UEO maintiendra une pleine transparence et les consultations nécessaires avec l’Alliance atlantique. Suivi des travaux L’État-major militaire de l’UEO, dans le cadre de ses responsabilités générales vis -à-vis des forces nationales et multinationales, est chargé : • • • de la mise à profit des travaux de l’inventaire pour mieux prendre en compte la question des capacités des forces relevant de l’UEO ; de la mise à profit des travaux de l’inventaire pour évaluer les contraintes temporelles dans la montée en puissance des états -majors d’opération et de force ad hoc (réaction immédiate et réaction rapide) sur la base de groupements de forces appropriés ; des enseignements à tirer des opérations militaires récentes. 17 Sommet franco-britannique Londres, 25 novembre 1999 DÉCLARATION SUR LA DÉFENSE EUROPÉENNE 1. Il y a un an à Saint-Malo, la France et la Grande-Bretagne ont lancé ensemble une initiative majeure pour la construction d’une Europe de la défense et de la sécurité. Cela a ouvert la voie aux progrès enregistrés à Cologne. 2. Lors de la crise du Kosovo, nos deux pays ont joué un rôle majeur pour un règlement politique et dans les opérations militaires de l’OTAN. Cette crise a renforcé notre conviction que les nations européennes doivent accroître leurs capacités de défense, leur permettant ainsi de conduire des opérations dirigées par l’Union européenne de manière efficace comme de jouer pleinement leur rôle dans les opérations de l’Alliance. 3. Nous appelons donc le Conseil européen d’Helsinki à franchir un pas décisif vers le développement de ces capacités militaires et pour la mise en place des instruments politiques et militaires nécessaires à leur utilisation. Cela est indispensable pour donner à l’Union européenne la capacité autonome de décider et, là où l’Alliance en tant que telle n’est pas engagée, de lancer puis de conduire des opérations militaires. 4. Nous sommes entièrement convaincus qu’en développant nos capacités militaires, et en renforçant la capacité d’action de l’Union européenne, nous contribuerons également, de façon directe et substantielle, à la vitalité d’une Alliance atlantique rénovée, par l’établissement d’un partenariat plus fort et plus équilibré. L’OTAN demeure le fondement de notre défense collective et continuera à jouer un rôle important dans la gestion des crises. Nous escomptons que l’OTAN et l’Union européenne développeront une relation étroite et confiante. 5. Notre priorité première doit donc être de renforcer les capacités militaires européennes, sans duplication inutile. Nous appelons l’Union européenne lors du Sommet d’Helsinki à : • • Se fixer pour objectif que les États membres, agissant en coopération, soient en mesure rapidement de déployer et de soutenir des forces de combat autosuffisantes jusqu’au niveau d’un Corps d’Armée et dotées des capacités nécessaires de commandement, de contrôle et de renseignement, de la logistique et des unités d’appui et des autres unités de combat (environ 50 à 60.000 H.) ainsi que des éléments de combat naval et aérien appropriés. L’ensemble de ces forces devra disposer de toute la gamme de capacités nécessaires pour entreprendre les tâches de gestion de crises les plus exigeantes. Inviter instamment les États membres à fournir les capacités pour déployer à ce niveau en 60 jours et avant ce délai de fournir quelques éléments plus réduits de réaction rapide disposant d’un très haut degré de disponibilité. Nous devons être en mesure de soutenir un tel déploiement pour au moins un an. Cela nécessitera de disposer de forces déployables additionnelles (et de leur éléments de soutien) à un degré de disponibilité moindre pour fournir les relèves nécessaires à la force initiale. 84 • Développer rapidement des objectifs de capacité dans les domaines du commandement et contrôle, du renseignement et du transport stratégique. A cet égard : - nous sommes prêts à mettre à la disposition de l’Union européenne le « Permanent Joint HeadQuarters » britannique et le Centre opérationnel Inter-Armées français et leurs capacités de planification, comme option pour commander des opérations conduites par l’Union européenne. A cette fin, nous avons l’intention de développer des arrangements permanents pour la mise en place de cellules multinationalisées au sein de ces États-majors, incluant des officiers provenant d’autres États membres ; - nous voulons renforcer de façon substantielle les capacités européennes de transport stratégique aérien. Nous avons l’intention de travailler de façon urgente avec nos alliés et partenaires sur les moyens d’y parvenir. Nous prenons note du besoin commun européen d’un nouvel avion de transport. Nous avons aujourd’hui franchi ensemble un pas important en signant un accord bilatéral de logistique qui comprendra des arrangements nous permettant de recourir à nos moyens respectifs de transport aérien, naval et terrestre de façon à permettre un déploiement plus rapide en temps de crise ; - nous nous félicitons de la transformation en cours du Corps européen en une force de réaction rapide, telle que décidée par les cinq membres du Corps européen à Cologne, qui contribuera à donner à l’Union européenne une capacité plus substantielle pour assumer des tâches de gestion de crise, en particulier en lui fournissant un état-major déployable. Nos deux pays considèrent cela comme étant une contribution à l’amélioration des moyens clés à la disposition de l’Union européenne comme de l’OTAN. Le Royaume Uni est disposé, le moment venu et après accord des membres du Corps européen, à mettre des forces britanniques à disposition de l’état-major du Cors européen pour des opérations données, comme les nations du Corps européen l’ont fait dans le cas de l’ARRC sous direction britannique. 6. Nous appelons également le Conseil européen d’Helsinki à établir une échéance précise et des mécanismes de consultation et de révision appropriés afin d’assurer que ces objectifs seront atteints. Notre travail pour la réalisation de ces objectifs et ceux découlant de l’Initiative de capacités de défense de l’OTAN seront mutuellement bénéfiques. Nous accueillons aussi avec satisfaction les contributions des alliés non membres de l’Union européenne et des associés partenaires de l’UEO à cette amélioration des capacités militaires. 7. Outre les décisions sur les capacités militaires, nous appelons le Conseil européen d’Helsinki à : • mettre en place les structures politiques et militaires pour permettre au Conseil de prendre les décisions sur les opérations conduites par l’Union européenne afin d’assurer le nécessaire contrôle et la direction stratégique de ces opérations, et à cette fin, endosser la proposition que le Royaume-Uni et la France sur le rôle et la composition d’un Comité militaire et d’un état-major et sur la planification et la conduite des opérations conduites par l’Union européenne ; • • 85 fournir une base pour la participation des alliés non membres de l’Union européenne et l’association des associés partenaires de l’UEO dans les opérations conduites par l’Union européenne ; souligner la nécessité de développer par la suite des modalités pour une pleine coopération, consultation et transparence entre l’Union européenne et l’OTAN. 8. Nous réaffirmons notre conviction que des capacités européennes de défense renforcées doivent être soutenues par une industrie et une technologie européennes fortes et compétitives. La restructuration de l’industrie aéronautique et de défense européenne est un pas majeur qui aidera à améliorer la compétition sur le marché global. Nous nous félicitons des récentes consolidation et restructuration des industries de défense européennes, et, dans le même esprit, donnons notre plein soutien à la finalisation de la Lettre d’intention (LOI). Le renforcement de nos industries d’armement encouragera le développement de capacités européennes technologiques et permettra à la coopération transatlantique de se développer dans un esprit de partenariat équilibré. Nous attendons des progrès rapides de la constitution d’Airbus en une seule compagnie commerciale avec une direction unifiée. 9. Nous sommes engagés aux efforts en cours pour harmoniser les besoins d’équipements militaires. La coopération réussie entre le Royaume-Uni et la France, et l’Italie, sur le Système de missile antiaérien – qui fournira pour le prochain siècle à nos forces navales une défense aérienne de toute première classe – est un bon exemple de notre travail commun. Il en va de même du programme Storm Shadow/Scalp pour le développement d’un missile air-sol de haute précision dérivé du missile français Apache qui a déjà fait ses preuves. Nous sommes également en partenariat avec l’Allemagne sur le futur missile antichar de portée moyenne destiné à nos forces d’infanterie respectives. 18 Sommet franco-allemand Paris, 30 novembre 1999 DÉCLARATION DE PARIS Rappelant les engagements pris ensemble à Toulouse, lors de la session du Conseil francoallemand de défense et de sécurité, de contribuer de tout le poids de nos deux pays à ce que l’Union européenne se dote des moyens autonomes nécessaires pour décider et agir face aux crises ; Réaffirmant également la volonté des quinze exprimée à Cologne de renforcer à cette fin les capacités militaires européennes, notamment en matière de renseignement, de mobilité stratégique, de commandement et de contrôle ; La France et l’Allemagne attendent en conséquence du Conseil européen d’Helsinki des avancées substantielles dans l’élaboration d’une politique européenne de défense et de sécurité et se déclarent résolument en faveur à cette occasion de progrès décisifs pour le développement des capacités militaires de l’Union européenne et de décisions pour la mise en place des organes de décision comme des instruments militaires au sein de l’Union européenne. Ces éléments sont indispensables pour donner à l’Union européenne la capacité autonome de décider et, là où l’Alliance en tant que telle n’est pas engagée, de lancer puis de conduire des opérations militaires. A cet égard, la France et l’Allemagne recommandent au Conseil européen d’Helsinki d’endosser la proposition fondée sur le document intitulé « Organes militaires, planification et conduite d’opérations menées par l’Union européenne ». Conscients de l’importance d’une base industrielle technologique forte et compétitive, nos deux pays se félicitent vivement de l’avancée majeure que constitue le rapprochement de nos industries d’armement au sein de la nouvelle EADS. La fusion AérospatialeMatra/DASA facilitera notre coopération autour de programmes communs. La réalisation de nouveaux programmes nécessitera de rechercher des convergences bilatérales, notamment en relançant nos efforts d’harmonisation des besoins futurs. Dans ce cadre, nous avons décidé de comparer nos plans respectifs concernant le renforcement des capacités de renseignement, de mobilité stratégique, de commandement et de communications ainsi que de continuer à développer nos capacités militaires dans ces domaines ; S’agissant plus spécifiquement de la capacité de renseignement, qui constitue un élément central de l’autonomie d’appréciation et de décision de l’Union européenne, nous sommes déterminés à fédérer les moyens existants ou à venir, y compris dans le domaine spatial, pour constituer des capacités communes européennes. S’agissant de la mobilité stratégique, nous proposons à terme de créer, par étapes et dans le cadre multinational approprié, un commandement européen du transport aérien afin de 87 gérer en commun les moyens européens de transport aérien militaire disponibles et de coordonner l’emploi des moyens civils éventuellement utilisés. Cette coordination entraînera des effets de synergie et permettra une optimisation des coûts. Elle renforcera en même temps l’incitation à l’acquisition et à l’utilisation communes des moyens ainsi qu’à une formation commune des personnels. Le Conseil franco-allemand de défense et de sécurité a chargé les ministres de la Défense de la mise en œuvre de l’initiative visant à mettre sur pied un commandement européen du transport aérien. Nous affirmons ainsi notre volonté de parvenir à une décision commune sur le développement et l’acquisition, de toute façon nécessaire, d’un avion de transport européen commun, au vu du rapport technique déjà soumis. S’agissant des capacités de commandement et de contrôle, nous rappelons l’annonce faite à Toulouse et la décision de Cologne des États membres relative à la transformation du Corps européen, et en premier lieu de son état-major, en Corps de réaction rapide. Nous nous félicitons, avec nos trois partenaires, des progrès réalisés depuis lors, qui permettent aux États participants de proposer l’état-major de cette grande unité comme structure de commandement de la KFOR pour assurer dans le courant de l’année 2000 la relève de Landcent. Nous saluons l’arrivée prochaine au Corps européen d’officiers de liaison d’autres pays membres de l’Union européenne, prélude à une participation élargie aux activités du Corps. Nous reconnaissons de même l’intérêt d’insérer sur une base permanente, dans les QG nationaux interarmées, des officiers d’autres nations de l’Union européenne. Nous nous félicitons de la signature aujourd’hui même d’un protocole relatif au partage des capacités sur le premier satellite de télécommunications de nouvelle génération SYRACUSE 3. Cela constitue la première étape d’un projet de coopération sur un système complet de télécommunications spatiales. Nous sommes convaincus que ces mesures apporteront une contribution essentielle et efficace au développement de la Politique européenne de sécurité et de défense par des moyens pratiques, dans le cadre de l’Union européenne et en accord avec les décisions de Cologne, contribuant ainsi au renforcement du pilier européen de l’Alliance. Dans l’esprit des résultats du Sommet de Washington, nous contribuons également par là à l’amélioration de ses capacités de gestion de crise et à la vitalité d’une Alliance modernisée. Le Conseil se félicite de l’intention des ministres de la Défense de créer des cours de langues française et allemande communs pour des officiers supérieurs des deux pays. Un premier cours pilote doit avoir lieu en 2000. 19 Conseil européen Helsinki, 10 et 11 décembre 1999 CONCLUSIONS DE LA PRÉSIDENCE (…) II. POLITIQUE EUROPÉENNE COMMUNE EN MATIÈRE DE SECURITÉ ET DE DÉFENSE 25. Le Conseil européen adopte les deux rapports de la présidence (cf. annexe IV) sur le développement des moyens de l’Union pour la gestion militaire et non militaire des crises dans le cadre d’une politique européenne commune renforcée en matière de sécurité et de défense. 26. L’Union contribuera à la paix et à la sécurité internationales conformément aux principes de la Charte des Nations Unies. L’Union reconnaît que le Conseil de sécurité des Nations Unies est l’instance à laquelle il appartient en premier de veiller au maintien de la paix et de la sécurité internationales. 27. Le Conseil européen souligne sa détermination de développer une capacité autonome de décider et, là où l’OTAN en tant que telle n’est pas engagée, de lancer et de conduire des opérations militaires sous la direction de l’UE, en réponse à des crises internationales. Ce processus évitera d’inutiles doubles emplois et n’implique pas la création d’une année européenne. 28. Se fondant sur les lignes directrices définies par le Conseil européen de Cologne, et sur la base des rapports de la présidence, le Conseil européen a notamment décidé ce qui suit : • • • • coopérant volontairement dans le cadre d’opérations dirigées par l’UE, les États membres devront être en mesure, d’ici 2003, de déployer dans un délai de 60 jours et de soutenir pendant au moins une année des forces militaires pouvant atteindre 50 000 à 60 000 personnes, capables d’effectuer l’ensemble des missions de Petersberg ; de nouveaux organes et de nouvelles structures politiques et militaires seront créés au sein du Conseil pour permettre à l’Union d’assurer l’orientation politique et la direction stratégique nécessaires à ces opérations, dans le respect du cadre institutionnel unique ; des modalités visant à assurer une consultation, une coopération et une transparence pleines et entières entre l’UE et l’OTAN seront définies, en tenant compte des besoins de tous les États membres de l’UE ; des dispositions adéquates seront définies pour permettre, sans préjudice de l’autonomie de décision de l’Union, à des États européens membres de l’OTAN qui n’appartiennent pas à l’UE, ainsi qu’à d’autres États concernés, de contribuer à la gestion militaire d’une crise, sous la direction de l’UE ; • 89 un mécanisme pour la gestion non militaire des crises sera institué pour coordonner et utiliser plus efficacement les divers moyens et ressources civils, parallèlement aux moyens et ressources militaires, dont disposent l’Union et les États membres. 29. Le Conseil européen invite la prochaine présidence, en association avec le Secrétaire général/Haut Représentant, à accorder la priorité à la poursuite, au sein du Conseil « Affaires générales », des travaux relatifs à tous les volets de ces rapports, y compris la prévention des conflits et la création d’un comité pour la gestion civile des crises. La prochaine présidence est invitée à élaborer un premier rapport sur l’évolution de la situation pour le Conseil européen de Lisbonne et, à l’attention du Conseil européen de Feira, un rapport d’ensemble contenant des recommandations et des propositions appropriées, ainsi que des éléments de réponse à la question de savoir si une modification des traités est jugée nécessaire ou non. Le Conseil « Affaires générales » est invité à entamer la mise en œuvre de ces décisions en instituant au sein du Conseil, à compter de mars 2000, les organes et les structures intérimaires convenus, conformément aux dispositions actuelles du traité. (…) ANNEXE IV RAPPORTS DE LA PRÉSIDENCE POUR LE CONSEIL EUROPÉEN D’HELSINKI CONCERNANT « LE RENFORCEMENT DE LA POLITIQUE EUROPÉENNE COMMUNE EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ ET DE DÉFENSE» ET « LA GESTION NON MILITAIRE DES CRISES PAR L’UNION EUROPÉENNE » En réponse au mandat que le Conseil européen de Cologne lui a confié, la présidence s’est fixé pour objectif premier de renforcer la politique européenne commune en matière de sécurité et de défense en faisant avancer les travaux concernant les aspects militaires et non militaires de la gestion des crises. Pour ce faire, elle s’est fondée sur les dispositions du traité sur l’Union européenne ainsi que sur les principes directeurs arrêtés à Cologne, que les États membres ont réaffirmés. Ces travaux ont donné lieu à deux rapports distincts sur l’état d’avancement des travaux, destinés au Conseil européen. Ces rapports, conçus pour être complémentaires, proposent des mesures concrètes et donnent des orientations pour les travaux futurs afin que les décisions nécessaires soient prises avant la fin de l’an 2000 en vue d’atteindre les objectifs fixés à Cologne. Durant la présidence portugaise, la question de savoir si une modification du traité est nécessaire ou non sera examinée. Afin d’assumer leurs responsabilités face à l’ensemble des activités de prévention des conflits et des missions de gestion des crises définies dans le traité sur l’Union européenne, les missions dites de Petersberg, les États membres ont décidé, à cette fin, de développer des capacités militaires plus efficaces et d’établir de nouvelles structures politiques et militaires. A cet égard, il s’agit pour l’Union d’avoir la capacité autonome de décider et, là où l’OTAN en tant que telle n’est pas engagée, de lancer puis de conduire des opérations militaires sous sa direction face à des crises internationales. Afin également d’assumer ces responsabilités, l’Union entend améliorer et utiliser plus efficacement les moyens à sa disposition pour la gestion civile des crises, pour laquelle 90 l’Union et les États membres ont d’ores et déjà une expérience considérable. Une large place sera accordée à la capacité de réagir rapidement. Toutes ces mesures seront prises à l’appui de la politique étrangère et de sécurité commune ; elles renforceront et étendront le rôle global de l’Union sur la scène internationale. L’Union européenne sera en mesure, grâce au renforcement et à la coordination des instruments militaires et civils de réponse aux crises, de recourir à l’ensemble des instruments qui vont des activités diplomatiques aux opérations civiles de maintien de l’ordre et aux opérations militaires de gestion des crises, en passant par l’aide humanitaire et les mesures économiques. L’OTAN demeure le fondement de la défense collective de ses membres et continuera à jouer un rôle important dans la gestion des crises. Le développement de la politique européenne commune en matière de sécurité et de défense se fera sans préjudice des engagements pris au titre de l’article 5 du traité de Washington et de l’article V du traité de Bruxelles, qui seront préservés pour les États membres parties à ces traités. De même, ce développement n’affectera pas la spécificité de la politique de sécurité et de défense de certains États membres. De nouvelles mesures seront prises pour assurer une concertation, une coopération et une transparence pleines et mutuelles entre l’UE et l’OTAN. L’Union contribuera à la paix et à la sécurité internationales conformément aux principes de la Charte des Nations Unies. L’Union reconnaît la responsabilité première du Conseil de sécurité des Nations Unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Elle coopérera, dans le respect des principes et des objectifs de la Charte de l’OSCE pour la sécurité européenne, avec les Nations Unies, l’OSCE, le Conseil de l’Europe et d’autres organisations internationales, dans un esprit de synergie, à la promotion de la stabilité, l’alerte rapide, la prévention des conflits, la gestion des crises ainsi qu’aux efforts de reconstruction après-conflits. ANNEXE 1 à l’ANNEXE IV RAPPORT SUR L’ÉTAT DES TRAVAUX ÉTABLI PAR LA PRÉSIDENCE POUR LE CONSEIL EUROPÉEN D’HELSINKI CONCERNANT LE RENFORCEMENT DE LA POLITIQUE EUROPÉENNE COMMUNE EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ ET DE DÉFENSE Introduction Rappelant les principes directeurs arrêtés à Cologne, l’Union européenne devrait être en mesure d’assumer ses responsabilités face à l’ensemble des activités de prévention des conflits et des missions de gestion des crises définies dans le traité sur l’Union européenne, les missions dites de Petersberg. L’Union européenne devrait disposer, à l’appui de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), de la capacité autonome de décider et, là où l’OTAN en tant que telle n’est pas engagée, de lancer puis de conduire des opérations militaires en réponse à des 91 crises internationales. L’action de l’Union sera menée conformément aux principes de la Charte des Nations Unies et aux principes et objectifs de la Charte de l’OSCE pour la sécurité européenne. L’Union reconnaît la responsabilité première du Conseil de sécurité des Nations Unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. A cette fin, un accord est intervenu sur ce qui suit : Un grand objectif commun européen sera adopté de sorte que des moyens militaires prêts à être déployés et des objectifs collectifs de capacités en matière de commandement et de contrôle, de renseignement et de capacité de projection seront mis au point rapidement, et ce grâce à la coordination volontaire des efforts nationaux et multinationaux, afin de mener à bien l’ensemble des missions dites de Petersberg. De nouveaux organes politiques et militaires seront établis au sein du Conseil pour permettre à l’Union européenne de prendre les décisions sur les opérations de Petersberg qu’elle dirige et pour assurer, sous l’autorité du Conseil, le contrôle politique et la direction stratégique nécessaires de ces opérations. Des principes de coopération seront agréés avec des États européens membres de l’OTAN qui n’appartiennent pas à l’UE et avec d’autres partenaires européens, pour la gestion militaire de crise dirigée par l’UE, sans préjudice de l’autonomie de décision de l’Union. La volonté de mener à bien les missions de Petersberg requerra des États membres d’améliorer leurs moyens militaires nationaux et multinationaux, ce qui, parallèlement, renforcera, lorsqu’il y a lieu, les capacités de l’OTAN et augmentera l’efficacité de l’action du Partenariat pour la paix (PpP) en faveur de la sécurité européenne. Lors de la présentation du présent rapport, la présidence a pris note de ce que le Danemark renvoyait au Protocole n° 5 du traité d’Amsterdam sur la position du Danemark. Capacités militaires pour accomplir les missions de Petersberg Les États membres rappellent les engagements qu’ils ont pris à Cologne et leur détermination à donner à l’UE les capacités appropriées qui lui permettront, sans duplication inutile, d’entreprendre l’ensemble des missions définies à Petersberg à l’appui de la PESC. Ces capacités leur permettront de conduire efficacement des opérations dirigées par l’UE et, pour ceux qui sont concernés, de jouer pleinement leur rôle dans le cadre d’opérations de l’OTAN et dirigées par l’OTAN. Des capacités européennes plus efficaces seront développées sur la base de capacités nationales, binationales et multinationales existantes, qui seront réunies pour des opérations de gestion de crise menées par l’UE avec ou sans l’appui des moyens et des capacités de l’OTAN. Une attention toute particulière sera accordée aux moyens nécessaires pour assurer une gestion efficace des crises : capacité de projection, viabilité, interopérabilité, flexibilité, mobilité, capacité de survivre et capacité de commandement et de contrôle, en tenant compte des résultats de l’audit de l’UEO sur les capacités et les moyens disponibles et leurs implications pour les opérations dirigées par l’UE. 92 Afin de développer les capacités européennes, les États membres se sont fixé comme objectif global d’être en mesure d’ici l’an 2003, en coopérant volontairement, de déployer rapidement puis de soutenir des forces capables de mener à bien l’ensemble des missions de Petersberg définies dans le traité d’Amsterdam, y compris les plus exigeantes d’entre elles, dans des opérations pouvant aller jusqu’au niveau d’un corps d’armée (jusqu’à 15 brigades, soit 50 000 à 60 000 hommes). Ces forces devraient être militairement autosuffisantes et dotées des capacités nécessaires de commandement, de contrôle et de renseignement, de la logistique et d’autres unités d’appui aux combats ainsi que, en cas de besoin, d’éléments aériens et navals. Les États membres devraient être en mesure de déployer de telles forces dans leur intégralité dans un délai de 60 jours et, dans ce cadre, de fournir des éléments plus réduits de réaction rapide disposant d’un très haut degré de disponibilité. Ils devront en outre être en mesure de soutenir un tel déploiement de forces pendant au moins une année. Cela nécessitera de disposer d’unités déployables additionnelles (et de moyens de soutien) à un degré de disponibilité moindre pour fournir les relèves des forces initialement déployées. Les États membres ont également décidé de déterminer rapidement des objectifs collectifs de capacité en matière de commandement et de contrôle, de renseignement et de transport stratégique, domaines également identifiés par l’audit de l’UEO. Ils se félicitent à cet égard des décisions allant en ce sens déjà annoncées par certains États membres : • • • • • • développer et coordonner des moyens militaires de surveillance et d’alerte rapide ; ouvrir les États-majors nationaux interarmées existants à des officiers provenant d’autres États membres ; renforcer les capacités de réaction rapide des forces multinationales européennes existantes ; préparer l’établissement d’un commandement européen du transport aérien ; accroître le nombre des troupes prêtes à être déployées ; renforcer les capacités de transport maritime stratégiques. Le Conseil « Affaires générales », avec la participation des ministres de la Défense, élaborera l’objectif global et les objectifs de capacité. Il élaborera une méthode de consultation grâce à laquelle il sera possible d’atteindre et de tenir ces objectifs et par laquelle chaque État membre pourra définir sa contribution nationale, reflétant ainsi la volonté politique et la détermination des États membres d’atteindre ces objectifs. Cela comportera aussi un examen régulier des progrès réalisés. Les États membres utiliseront en outre les procédures de planification existantes en matière de défense, y compris, si cela est approprié, celles de l’OTAN et du processus de planification et de révision (PARP) du Partenariat pour la paix (PpP). Ces objectifs et ceux découlant, pour les pays concernés, de l’initiative de l’OTAN sur les capacités de défense (ICD) se renforceront mutuellement. Les États européens membres de l’OTAN qui ne sont pas membres de l’UE, ainsi que d’autres pays qui sont candidats à l’adhésion à l’Union européenne, seront invités à contribuer à cette amélioration des capacités militaires européennes. Cela renforcera l’efficacité des opérations militaires dirigées par l’UE et contribuera directement, pour les pays concernés, à l’efficacité et à la vitalité du pilier européen de l’OTAN. 93 Les États membres se félicitent des progrès réalisés récemment en vue de la restructuration des industries européennes de défense, ce qui constitue un pas important en avant. Ces efforts contribuent à renforcer la base technologique et industrielle de la défense européenne. Une telle évolution appelle à un renforcement des efforts pour chercher à améliorer encore l’harmonisation des besoins militaires ainsi que la programmation et la fourniture d’armements, dans la mesure où les États membres l’estiment approprié. Prise de décisions Le Conseil arrête la politique concernant la participation de l’Union à toutes les phases et dans tous les aspects de la gestion des crises, et prend notamment la décision de mener les missions de Petersberg conformément à l’article 23 du traité UE. Les décisions prises à l’intérieur du cadre institutionnel unique respecteront les compétences de la Communauté européenne et garantiront la cohérence interpiliers, conformément à l’article 3 du traité UE. Tous les États membres sont habilités à participer pleinement et sur un pied d’égalité à toutes les décisions et délibérations du Conseil et des organes du Conseil portant sur les opérations dirigées par l’UE. L’engagement par les États membres de moyens nationaux dans de telles opérations relèvera de leur décision souveraine. Les États membres participeront au comité ad hoc des contributeurs conformément aux dispositions prévues au paragraphe 24. Les ministres de la défense seront impliqués dans la politique européenne commune en matière de sécurité et de défense (PECSD) ; ainsi, lorsque le Conseil « Affaires générales » examinera des questions liées à cette dernière, les ministres de la défense y participeront, s’il y a lieu, afin de donner des orientations en matière de défense. Au sein du Conseil, seront créés les nouveaux organes politiques et militaires permanents suivants : a) - Un Comité politique et de sécurité (COPS) permanent, siégeant à Bruxelles, sera composé de représentants nationaux au niveau de représentants de haut niveau/ambassadeurs. Il traitera de tous les aspects de la PESC, y compris la PECSD, conformément aux dispositions du TUE et sans préjudice de la compétence communautaire. Dans le cas d’une opération militaire de gestion de crises, le COPS exercera, sous l’autorité du Conseil, le contrôle politique et la direction stratégique de l’opération. A cette fin, des procédures appropriées seront adoptées afin de prendre des décisions efficaces et urgentes. Le COPS adressera également des directives au comité militaire. b) - Le Comité militaire (CM) sera composé des chefs d’État-major des armées, représentés par leurs délégués militaires. Le CM se réunira au niveau des chefs d’État-major des armées en tant que de besoin. Ce comité donnera des avis militaires et formulera des recommandations destinées au COPS et fournira des directives militaires à l’État-major. Le président du CM assistera aux sessions du Conseil lorsque celui-ci aura à prendre des décisions ayant des implications dans le domaine de la défense. c) - L’État-major (EM), au sein des structures du Conseil, mettra ses compétences militaires au service de la PECSD, notamment de la conduite des opérations militaires de gestion des 94 crises menées par l’UE. L’État-major sera chargé de l’alerte rapide, de l’évaluation des situations et de la planification stratégique pour les missions dites de Petersberg, y compris l’identification des forces européennes nationales et multinationales. A titre provisoire, les instances ci-après seront mises en place au sein du Conseil à compter du 1er mars 2000 : a) - Dans le strict respect des dispositions du traité, le Conseil créera un Comité politique et de sécurité permanent intérimaire au niveau des hauts fonctionnaires/ambassadeurs. Cet organe sera chargé, d’une part, d’assurer, sous la supervision du Comité politique, le suivi du Conseil européen d’Hels inki, en élaborant des recommandations sur le fonctionnement futur de la PECSD et, d’autre part, de traiter de la gestion courante des questions PESC, en relation étroite avec le SG/HR. b) - Un organe intérimaire composé de représentants militaires des chefs d’État-major des armées des États membres est institué afin de donner au Comité politique et de sécurité intérimaire, en tant que de besoin, des avis militaires. c) - Le Secrétariat du Conseil sera renforcé par des experts militaires détachés par les États membres afin de contribuer aux travaux relatifs à la PECSD et de constituer le noyau du futur État-major. Le Secrétaire général/Haut Représentant (SG/HR), en assistant le Conseil, a une contribution essentielle à apporter à l’efficacité et à la cohérence de la PESC et à la mise au point de la politique commune en matière de sécurité et de défense. Conformément au TUE, le SG/HR contribuera à la formulation, à l’élaboration et à la mise en œuvre des décisions de politique. Au cours de la période intérimaire, le SG/HR, Secrétaire général de l’UEO, devra exploiter pleinement les capacités de l’UEO afin de conseiller le Conseil conformément à l’article 17 du TUE. Consultation et coopération avec des pays non membres de l’UE et avec l’OTAN L’Union assurera le dialogue, la consultation et la coopération nécessaires avec l’OTAN et ses membres ne faisant pas partie de l’UE, avec d’autres pays qui sont candidats à l’adhésion à l’UE, ainsi qu’avec d’autres éventuels partenaires dans la gestion des crises dirigée par l’UE, en respectant pleinement l’autonomie de décision de l’UE et le cadre institutionnel unique de l’Union. Des structures appropriées seront mises en place afin de permettre dialogue et échanges d’informations avec les membres européens de l’OTAN non membres de l’UE et d’autres pays qui sont candidats à l’adhésion à l’UE sur des questions liées à la politique de sécurité et de défense et à la gestion des crises. En cas de crise, ces structures permettront la tenue de consultations pendant la période précédant une décision du Conseil. En cas de décision prise par le Conseil de lancer une opération, les membres européens de l’OTAN non membres de l’UE participeront à celle-ci, s’ils le souhaitent, s’il s’agit d’une 95 opération nécessitant un recours aux moyens et capacités de l’OTAN. Ils seront invités, sur décision du Conseil, à participer à des opérations pour lesquelles l’UE n’a pas recours aux moyens de l’OTAN. D’autres pays qui sont candidats à l’adhésion à l’UE pourront aussi être invités par le Conseil à participer à des opérations dirigées par l’UE, une fois que le Conseil aura décidé de lancer de telles opérations. La Russie, l’Ukraine et d’autres États européens participant à un dialogue politique avec l’Union et d’autres États intéressés pourront être invités à participer aux opérations dirigées par l’UE. Tous les États ayant confirmé leur participation à une opération dirigée par l’UE par le déploiement de forces militaires significatives auront les mêmes droits et obligations que les États membres participants de l’UE, quant à la conduite au jour le jour de cette opération. Dans le cas d’une opération dirigée par l’UE, un comité ad hoc de contributeurs sera créé afin d’assurer la conduite au jour le jour de l’opération. Tous les États membres de l’UE ont le droit de participer à ce comité ad hoc, qu’ils prennent ou non part à l’opération, mais seuls les États contributeurs participeront à la conduite au jour le jour de cette opération. Le Conseil, après la tenue de consultations entre les États participants au sein du Comité des contributeurs, prend la décision de mettre fin à une opération. Des modalités visant à assurer une consultation, une coopération et une transparence pleines entre l’UE et l’OTAN seront mises en œuvre. Dans un premier temps, les relations seront informelles et se concrétiseront par des contacts entre le SG/HR pour la PESC et le Secrétaire général de l’OTAN. Mesures de suivi confiées à la présidence portugaise La présidence portugaise est invitée, avec le Secrétaire général/Haut Représentant, à poursuivre les travaux, au sein du Conseil « Affaires générales », sur le renforcement de la politique européenne commune en matière de sécurité et de défense. La présidence portugaise est invitée, en outre, à faire rapport au Conseil européen de Feira sur les progrès accomplis, notamment par : a) - des recommandations sur le développement institutionnel au sein de l’UE des nouveaux organes politiques et militaires permanents liés à la PECSD, qui tiennent compte du document concernant les « organes militaires dans l’Union européenne, la planification et la conduite des opérations menées par l’UE » ainsi que d’autres contributions ; b) - des propositions relatives aux arrangements appropriés devant être conclus par le Conseil en ce qui concerne des modalités de consultation et/ou de participation permettant aux États tiers concernés de contribuer aux opérations militaires de gestion des crises dirigées par l’UE ; 96 c) - des propositions sur des principes de consultation avec l’OTAN sur les questions militaires et des recommandations sur le développement de modalités applicables aux relations entre l’UE et l’OTAN, afin de permettre une coopération sur la réponse militaire appropriée à apporter en cas de crise, conformément à ce qui a été arrêté à Washington et à Cologne. d) - une indication si une modification du traité est ou non jugée nécessaire. ANNEXE 2 à L’ANNEXE IV RAPPORT DE LA PRÉSIDENCE SUR LA GESTION NON MILITAIRE DES CRISES PAR L’UNION EUROPÉENNE La présidence a été chargée par le Conseil européen de Cologne de poursuivre les travaux sur tous les aspects de la sécurité, y compris le renforcement et une meilleure coordination des instruments non militaires de réponse aux crises dont disposent l’Union et les États membres. Les événements qui ont eu lieu au Kosovo notamment ont mis en évidence l’importance de cette tâche. Des discussions approfondies ont eu lieu à ce propos au sein des instances du Conseil. Des travaux de recensement de toutes les ressources dont disposent les États membres et l’Union ont été entrepris et ont abouti à l’établissement d’inventaires des outils existant dans l’Union et dans les États membres, inventaires que l’on trouvera respectivement dans les documents 11044/99 REV 1 pour ce qui est de l’Union et 12323/99 pour ce qui est des États membres. Les inventaires qui ont été dressés montrent clairement que les États membres et l’Union disposent, séparément ou collectivement, d’une expérience ou de ressources considérables dans un certain nombre de domaines, tels que la police civile, l’aide humanitaire, la remise en place de structures administratives et juridiques, les activités de recherche et de sauvetage, la surveillance des élections et du respect des droits de l’homme, etc. Cet inventaire devrait être complété et mis à jour régulièrement afin de mieux déterminer les lacunes et les points forts. Pour pouvoir répondre plus rapidement et plus efficacement à des crises naissantes, l’Union doit renforcer les capacités de réaction et l’efficacité de ses ressources et de ses outils, ainsi que leur synergie. Il convient donc d’élaborer un plan d’action qui indiquerait la voie à suivre et les mesures que doit prendre l’Union afin de mettre au point un dispositif de réaction rapide dans le domaine de la gestion des crises au moyen d’instruments non militaires. PLAN D’ACTION A. L’Union devrait se fixer comme objectif : − de renforcer la synergie et la capacité de réaction des moyens existant sur le plan national, collectif et des ONG, afin d’éviter toute duplication et d’améliorer les − − 97 résultats, tout en laissant à chaque participant sa liberté de décision en matière de déploiement de ses moyens et capacités dans une crise donnée ou par un canal particulier ; de renforcer et de faciliter, d’une part, les contributions de l’UE à d’autres organisations, telles que l’ONU et l’OSCE, et ses activités au sein de celles-ci, lorsque l’une d’elles est chef de file dans une crise donnée, et, d’autre part, les actions autonomes de l’UE ; d’assurer la cohérence interpiliers. B. A cette fin : Les États membres et l’Union devraient développer une capacité de réaction rapide en définissant un cadre et des modalités, ainsi qu’en désignant à l’avance les moyens humains, matériels et financiers qui pourraient être utilisés en réponse à une demande présentée par une organisation chef de file telle que l’ONU ou l’OSCE ou, le cas échéant, pour des actions autonomes de l’UE. Un inventaire des moyens nationaux et collectifs devrait être établi, afin d’avoir un aperçu des moyens qui pourraient être rassemblés dans le cadre d’un tel dispositif de réaction rapide. A cette occasion, les États membres et les institutions de l’UE pourraient, s’ils le souhaitent, mettre en évidence les secteurs dans lesquels ils estiment qu’ils ont des compétences reconnues. Une base de données devrait être créée afin de conserver et de partager des informations sur les moyens, les capacités et les compétences désignés à l’avance dans tous les domaines liés à la gestion non militaire des crises. Il conviendrait de définir clairement la disponibilité et la qualité de ces moyens. Une étude devrait être menée, tenant compte de l’expérience acquise, afin de définir des objectifs concrets s’agissant de la réponse non militaire collective qu’apportent les États membres de l’UE aux crises internationales (par exemple, la capacité de déployer rapidement et de soutenir pendant une période donnée une force de police civile d’un volume déterminé dans le cadre de la participation à des missions de police civile ; la capacité de déployer une force combinée de recherche et de sauvetage pouvant atteindre 200 personnes dans un délai de 24 heures). Ces travaux devraient être poursuivis par la présidence portugaise en collaboration avec le SG/HR. L’inventaire, le projet de base de données et l’étude devraient permettre d’identifier les points forts et les faiblesses et pourraient favoriser l’amélioration des normes de formation, le partage des expériences et les meilleures pratiques ainsi que la mise en place de projets bilatéraux ou multilatéraux entre États membres (par exemple, l’envoi d’une équipe médicale spécialisée d’un État membre dans un hélicoptère appartenant à un autre État membre). Un dispositif de coordination, fonctionnant en étroite interaction avec les services de la Commission, devrait être mis en place au Secrétariat du Conseil. Il serait chargé du projet de base de données et des diverses initiatives en matière de capacités. Lors de certaines 98 crises, et en fonction du rôle joué par l’UE, il pourrait instituer un centre ad hoc chargé de coordonner les contributions des États membres de l’UE afin d’ajouter à leur efficacité. Cette structure devrait être d’ampleur limitée, efficace et non bureaucratique et elle devrait permettre une interaction étroite avec la Commission (notamment avec ECHO). Il conviendra, dans le cadre de la mise en place de la capacité de réaction rapide, d’examiner de façon urgente le développement des capacités en matière de police civile. Des mécanismes de financement rapide, par exemple la création par la Commission d’un Fonds de réaction rapide, devraient être institués afin de permettre un financement accéléré des activités de l’UE, de contribuer aux opérations conduites par d’autres organisations internationales et de financer les activités des ONG, le cas échéant. PRISE DE DÉCISIONS ET MISE EN ŒUVRE L’Union devrait adopter une approche globale en vue de rassembler tous les instruments non militaires nationaux et collectifs dans les délais requis par la situation sur le terrain. Un mécanisme de coordination pour la gestion civile des crises sera institué en vue de la coordination des outils de gestion civile des crises. Ce mécanisme, qui sera de caractère interpiliers, fournira des avis techniques en matière de gestion des crises. Les décisions liées aux outils de gestion non militaire des crises et la mise en œuvre de ceux-ci dans le cadre du premier pilier continueront de relever des institutions et procédures visées dans le traité CE. A titre intérimaire, il pourra être fait appel à des experts des États membres pour la mise au point de ce mécanisme de coordination pour la gestion civile des crises. Le cas échéant, l’Union élaborera des orientations générales garantissant une cohérence interpiliers et décrivant les moyens nécessaires. Les mécanismes de financement rapide permettant d’apporter une réponse urgente en cas de crise pourraient être définis dans ce contexte. 20 Sommet franco-néerlandais La Haye, 10 février 2000 DÉCLARATION CONJOINTE DES MINISTRES FRANÇAIS ET NÉERLANDAIS DE LA DÉFENSE, MM. ALAIN RICHARD ET FRANK DE GRAVE Aujourd’hui, nous avons notamment abordé les développements de la politique européenne commune en matière de sécurité et de défense. Dans ce domaine, le Conseil européen d’Helsinki a pris un certain nombre de décisions importantes. Pour donner corps au volet naval des objectifs globaux fixés à Helsinki, nous sommes convenus de proposer à nos partenaires de l’Union européenne de réfléchir ensemble aux capacités maritimes de transport stratégique nécessaires pour la projection des forces. Nous allons pouvoir soumettre à nos collègues notre proposition pour un « objectif global » en matière maritime et une démarche aboutissant à une cellule de coordination lors de la réunion informelle qui se tiendra au Portugal, à la fin du mois. Nous devrons également examiner avec nos partenaires les problèmes posés par l’accompagnement et la protection des moyens amphibies pour être en mesure d’entreprendre l’ensemble des « missions de Petersberg » dans les meilleurs délais. Nos deux pays utiliseront les prochaines réunions dans le cadre de l’UE pour proposer à leurs partenaires de réfléchir ensemble aux arrangements qui pourraient contribuer au meilleur emploi et au renforcement de leurs capacités en matière de transport naval, ainsi qu’à la protection de ces moyens. L’objectif est de donner à l’UE les moyens de pouvoir conduire efficacement une opération. Ces capacités permettraient également aux pays européens de jouer pleinement leur rôle dans le cadre d’opérations dirigées par l’OTAN. Les arrangements à prévoir seront compatibles avec les engagements pris dans le cadre de l’OTAN. L’audit de l’UEO a mis en exergue certaines insuffisances en matière de capacités européennes. Pour y remédier, nous appelons les États membres de l’UE à coopérer étroitement au sein de l’UE, utilisant, le cas échéant, les orientations retenues par la « Defence Capabilities Initiative » de l’OTAN. Nous avons demandé à nos CEMA d’identifier les modalités d’intensification de notre coopération militaire bilatérale et de proposer un catalogue de propositions avant la fin de cette année. Cette coopération bilatérale, importante sur les plans politique et opérationnel, doit pouvoir également contribuer à la rationalisation des capacités militaires européennes. La Haye, le 10 février 2000. 21 Conseil Affaires générales Bruxelles, 14 et 15 février 2000 Afin de ne pas perdre la dynamique acquise avec les ambitieux projets d’Helsinki, le Conseil Affaires générales, réuni les 14 et 15 février à Bruxelles, créa trois structures intérimaires afin de promouvoir immédiatement ces projets. Ces trois organes devaient devenir permanents à la fin de 2000 (…) RENFORCEMENT DE LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE SÉCURITÉ ET DE DÉFENSE Dans le cadre du renforcement de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et notamment de la politique européenne commune de sécurité et de défense (PECSD), et conformément à l’invitation du Conseil européen d’Helsinki des 10 et 11 décembre 1999, le Conseil a adopté trois décisions concernant : − − − la création du Comité politique et de sécurité intérimaire ; la création de l’organe militaire intérimaire ; le détachement d’experts nationaux dans le domaine militaire auprès du Secrétariat général du Conseil durant la période intérimaire. Le Comité politique et de sécurité intérimaire sera une formation distincte des réunions du Comité politique à Bruxelles. Il sera composé de représentants nationaux au niveau des représentants nationaux de haut niveau/ambassadeurs, qui sont basés dans les représentations permanentes des États membres. Il aura pour tâche d’élaborer, en liaison étroite avec le Secrétaire général/Haut Représentant, des recommandations concernant le fonctionnement futur de la politique européenne commune en matière de sécurité et de défense et de traiter les affaires de la PESC au jour le jour. L’organe militaire intérimaire sera composé de représentants des chefs d’État-major des armées des États membres et donnera au Comité politique, y compris dans sa formation en tant que Comité politique et de sécurité intérimaire, et au Secrétaire général/Haut Représentant des avis militaires. Il est assisté par les experts militaires détachés par les États membres auprès du Secrétariat général du Conseil. Les experts nationaux dans le domaine militaire détachés feront partie du Secrétariat général du Conseil. Ils fourniront des avis militaires à l’organe militaire intérimaire et au Secrétaire général/Haut Représentant afin d’appuyer la PESC. Ils formeront le noyau du futur état-major. Ils assisteront l’organe militaire intérimaire. 101 Les trois organes intérimaires seront mis en place au début du mois de mars. Ils resteront en place jusqu’à la création des organes permanents de la PECSD. 22 Réunion des ministres de la défense de l’Union européenne Sintra, 28 février 2000 Le document reproduit ici remonte à un exercice entrepris par quatre pays, à l’initiative de Richard Hatfield du ministère britannique de la défense, à l’été 1999 (l’« exercice Hatfield »). Il fut ensuite développé par le CoPo (Comité politique, UE, composé des quinze directeurs politiques des États membres) fin octobre 1999. La version officielle définitive (le « Toolbox Paper »), présentée à la réunion des ministres de la défense de l’UE à Sintra (Portugal) le 28 février 2000, servit d’assise à la conférence d’engagement des capacités. Un autre document sur l’élaboration du Headline Goal, le document appelé « Food for Thought Paper » (voir p. 111) fut présenté à la même réunion. ORGANES MILITAIRES DANS L’UNION EUROPÉENNE, PLANIFICATION ET CONDUITE D’OPÉRATIONS MILITAIRES MENÉES PAR L’UE 1. Le rapport de la présidence, présenté à Cologne, sur le renforcement de la politique européenne commune en matière de sécurité et de défense, tout en réaffirmant que l’OTAN reste le fondement de la défense collective de ses membres, précise que l’essentiel des efforts de l’UE devrait viser à ce que l’Union dispose « des capacités (notamment militaires) nécessaires et des structures appropriées lui permettant de prendre des décisions effectives en matière de gestion des crises dans le cadre des missions de Petersberg ». 2. Le Conseil européen d’Helsinki a considéré que l’objectif, pour l’Union, est de disposer d’une capacité autonome de décider et, là où l’OTAN en tant que telle n’est pas engagée, de lancer et ensuite de conduire des opérations militaires sous la direction de l’UE, en réponse à des crises internationales. Afin d’assumer leurs responsabilités face à l’ensemble des missions dites de Petersberg, les États membres ont décidé, à cette fin, de développer des capacités militaires plus efficaces et d’établir de nouvelles structures politiques et militaires. Le Conseil européen d’Helsinki a décidé d’installer au sein du Conseil quatre éléments politico-militaires, qui avaient été identifiés par le Conseil européen de Cologne, afin de permettre à l’Union de prendre les décisions sur les opérations de Petersberg qu’elle dirige et pour assurer, sous l’autorité du Conseil, le contrôle politique et la direction stratégique nécessaires de ces opérations : − − − des sessions régulières (ou ad hoc) du Conseil « Affaires générales », auxquelles participeront, s’il y a lieu, les ministres de la défense ; un Comité politique et de sécurité (COPS) permanent, siégeant à Bruxelles, composé de représentants nationaux au niveau de représentants de haut niveau/ambassadeurs, traitant de tous les aspects de la PESC, y compris la PECSD ; un comité militaire de l’UE, composé des chefs d’état-major des armées, représentés par leurs délégués militaires, qui formulera des recommandations destinées au COPS et fournira des directives militaires à l’état-major ; − 103 un État-major de l’UE au sein des structures du Conseil, qui mettra ses compétences militaires au service de la PECSD, notamment de la conduite des opérations militaires de gestion des crises menées par l’UE. 3. Il est envisagé que les ministres de la défense puissent jouer leur rôle et, en particulier, fournir des orientations sur des questions spécifiques de défense, sans que cela requière de nouveaux arrangements institutionnels. Par exemple, les ministres de la défense pourraient se réunir lorsque des sujets particuliers dans le domaine de la défense devront être discutés (tels que les liens avec la planification des forces de l’OTAN ou le renforcement des capacités militaires européennes). 4. Le présent document traite des organes militaires permanents, des arrangements et des procédures qui seront nécessaires à l’Union européenne pour planifier et conduire des opérations menées par elle en pareilles circonstances, en tenant compte des principes et des arrangements qui ont été arrêtés à Washington, à Cologne et à Helsinki et qui visent à garantir que ce processus viendra renforcer le pilier européen de l’Alliance. Nous n’aborderons pas ici les arrangements intérimaires, les questions relatives à la gestion non militaire des crises, ni les procédures de prise de décision et les mécanismes politicomilitaires plus larges qui devront être mis au point, mais nous présumons que ceux-ci devraient également, le cas échéant, tenir compte de ces principes. En particulier, nous ne cherchons pas à définir les circonstances qui pourraient conduire à décider d’entreprendre une opération menée par l’UE en l’absence d’une opération de l’OTAN, ni celles dans lesquelles une opération menée par l’UE se ferait sans recours aux moyens et capacités de l’OTAN, en vertu des arrangements « Berlin plus » qui sont envisagés. Les décisions sur ces questions seraient prises au cas par cas à l’issue de consultations approfondies entre l’UE et l’OTAN et dans une transparence totale. Le présent document n’aborde pas non plus la question des arrangements qui devront être pris afin que les Alliés européens non membres de l’UE puissent trouver leur place dans el s mécanismes à l’examen, cette question devant encore être approfondie. LES ORGANES MILITAIRES DE L’UE Le Comité militaire européen 5. Missions. Le Comité militaire européen (CME), qui serait la plus haute instance militaire de l’UE, serait l’enceinte de consultation et de coopération entre les États membres, donnerait des avis militaires, formulerait des recommandations à l’intention des autorités politiques appropriées de l’UE et donnerait en leur nom des orientations militaires à l’étatmajor européen (EME), qui est décrit ci-dessous. Les directives données à l’EME et les conseils émanant de ce dernier seraient régulièrement diffusés par l’intermédiaire du président du CME, ce qui donnerait au Comité l’occasion de formuler des recommandations et de souligner certains sujets, selon le cas. 6. Composition. Le CME serait un organe permanent composé des 15 chefs d’état-major des armées de l’UE (la question de ses relations avec les Alliés européens qui ne sont pas membres de l’UE devra être examinée ultérieurement). La gestion courante serait assurée par des délégués militaires nationaux. Dans le cas des pays européens qui sont également membres de l’OTAN, il serait bon que ces délégués soient aussi les représentants de leur 104 pays auprès de l’OTAN (il appartiendrait toutefois à chaque pays d’en décider). Le CME se réunirait au niveau des représentants nationaux de manière régulière et au niveau des chefs d’état-major en fonction des besoins, et au minimum deux fois par an. 7. Le président du CME serait un général quatre étoiles, par exemple un ancien chef d’étatmajor des armées, choisi (en dehors du CME) par les chefs d’état-major des États membres de l’UE. Il agirait exclusivement en qualité de fonctionnaire international et ses pouvoirs émaneraient du Comité militaire, devant lequel il aurait à répondre de l’exécution de sa mission. Il participerait, au besoin, au Comité politique et de sécurité et au Comité militaire de l’OTAN et aurait le droit d’intervenir dans les discussions [(mais ne serait membre d’aucun de ces comités)] ; il travaillerait en étroite relation avec le Haut Représentant pour la PESC. Il participerait aux sessions du Conseil lorsque des décisions ayant des implications dans le domaine de la défense doivent être prises. Il dirigerait les activités quotidiennes du CME et agirait au nom de ce dernier pour donner des directives et des orientations au directeur de l’EME. 8. Eu égard aux responsabilités qu’il assume dans le pilier européen de l’OTAN et au rôle qu’il pourrait jouer dans les opérations menées par l’UE, le SACEUR adjoint participerait normalement, si besoin était, au CME, sans pour autant en être membre. Afin de garantir la transparence entre l’UE et l’Alliance, les présidents des comités militaires de l’UE et de l’OTAN devraient également pouvoir participer aux réunions de l’autre comité. En cas d’opération, le commandant des opérations de l’UE assisterait également au CME ou y serait représenté au CME. 9. Les questions relatives à la participation, à la composition, à la représentation dans les organes de l’OTAN ou d’autres organes de l’UE, ainsi qu’à la représentation de ces organes au CME, n’ont pas encore été entièrement examinées et seront traitées ultérieurement. Par conséquent, les indications données ici à ce propos le sont uniquement, à ce stade, à titre d’exemple. L’état-major européen 10. L’état-major européen (EME) fournirait une expertise et des capacités militaires pour soutenir la PESC de l’UE, y compris dans la conduite de toutes les opérations militaires menées par l’UE. L’EME travaillerait sous la direction politique des autorités politiques de l’UE et sous la direction militaire du CME. L’état-major européen n’interviendrait pas luimême en tant que QG opérationnel, mais devrait : − − − − remplir trois fonctions opérationnelles principales : l’alerte rapide, l’évaluation des situations et la planification stratégique, comme décrit aux points 11 et 12 ; constituer une source spécialisée d’expertise militaire pour l’UE en temps de paix, lors des situations de gestion de crises et pendant les opérations menées par l’UE ; agir comme trait d’union entre les autorités politiques et militaires de l’UE et les ressources militaires dont l’UE peut disposer ; être capable, en particulier, de fournir un soutien militaire efficace au CME pendant la phase de planification stratégique des situations de gestion de crises, pour l’ensemble – 105 des missions de Petersberg, que l’UE ait ou non recours aux moyens et capacités de l’OTAN ; avoir des procédures de travail et des concepts opérationnels basés sur ceux de l’OTAN, ou en tout cas compatibles avec ceux-ci. 11. Missions. En temps de paix, l’EME : − − − − − − − − − donnerait des avis militaires sur des questions de politique de défense qui se poseraient à l’UE ; surveillerait les foyers de crises potentielles, mission pour laquelle il aura besoin, en plus de ses propres capacités dans le cadre du centre satellitaire, d’un accès aisé aux services de renseignements nationaux et multinationaux appropriés ; effectuerait une planification stratégique générale pour les missions de Petersberg ; identifierait les forces européennes nationales et multinationales pour les opérations menées par l’UE ; coordonnerait et stimulerait la mise en place de capacités militaires européennes, en instaurant une relation appropriée avec le processus de planification des forces de l’OTAN ; contribuerait à la mise en place de forces européennes nationales et multinationales (y compris au niveau de l’entraînement et des exercices) au besoin en coordination avec l’OTAN ; organiserait et coordonnerait les procédures opérationnelles avec les QG nationaux, internationaux et de l’OTAN accessibles à l’UE ; programmerait, planifierait, conduirait et évaluerait la mise en œuvre des aspects militaires du dispositif de gestion de crises de l’UE, y compris les relations avec le QG des opérations stratégiques militaires (QG stratégique) qui aura été sélectionné (ce qui supposera d’appliquer des procédures UE/OTAN) ; resterait en liaison avec les QG nationaux, les QG des forces européennes multinationales et avec l’OTAN. 12. Dans les situations de gestion de crises, la fonction principale de l’EME serait de fournir au COPS, par l’intermédiaire du CME, un ensemble d’options stratégiques militaires, organisées par ordre de priorité. Á cet effet, l’EME devrait : − − solliciter et traiter des renseignements et d’autres informations pertinentes émanant de toutes les sources disponibles (y compris du centre satellitaire, des pays européens et de l’OTAN) et fournir une évaluation de la situation militaire au COPS ; définir des options stratégiques militaires fondées sur cette évaluation, hiérarchiser ces options et, à cet effet, • définir des options initiales générales ; • faire appel, au besoin, pour la planification, à des sources externes (en utilisant l’accès assuré à l’OTAN, lorsque celui-ci sera en place, les capacités nationales de planification et les QG multinationaux accessibles à l’UE), qui analyseront et développeront ces options plus en détail ; • évaluer les résultats de ce travail plus approfondi et faire effectuer tout travail supplémentaire éventuellement nécessaire ; 106 • − − présenter au président du CME une évaluation globale, assortie au besoin d’une indication de priorités et de recommandations ; identifier, en coordination avec les équipes nationales de planification et, au besoin, avec l’OTAN, les forces européennes qui pourraient participer à d’éventuelles opérations menées par l’UE ; continuer à surveiller les situations de crise. 13. Pendant les opérations menées par l’UE, l’EME : − − − apporterait son soutien au COPS/CME pour l’élaboration des directives initiales de planification, des directives de planification et des directives de mission ; superviserait en permanence les opérations et effectuerait des analyses stratégiques pour appuyer, à la fois , le COPS dans son rôle de direction stratégique et le CME dans son rôle d’orientation militaire, en coordination avec celui qui aura été désigné comme commandant européen des opérations ; fournirait de nouvelles options, en coordination, au besoin, avec le commandant des opérations, à la lumière des développements politiques et opérationnels. 14. Organisation. L’EME : − − − − − − travaillerait sous l’autorité du directeur de l’EME, dont le rang hiérarchique reste à déterminer, mais qui serait subordonné au président du CME ; serait organisé de manière à pouvoir s’acquitter de l’ensemble des missions de Petersberg, que l’UE ait ou non recours aux moyens et capacités de l’OTAN ; serait composé d’un noyau permanent, organisé de manière à remplir cinq fonctions principales d’état-major : l’évaluation des renseignements, le suivi de la situation, la planification stratégique, le maintien de troupes en état d’intervenir (y compris pour ce qui est de l’entraînement et de la logistique) et l’administration. Il disposerait de capacités et de moyens suffisants pour pouvoir étoffer rapidement ce noyau en temps de crise afin de pouvoir assurer, en particulier, une présence 24 heures sur 24. On estime actuellement que 60 à 90 officiers seraient nécessaires à cette fin, mais leur nombre exact ne pourra être déterminé qu’après une étude beaucoup plus détaillée de la composition, du personnel et de la structure de l’EME ; serait situé aussi près que possible du dispositif PESC de l’UE /du CME (de préférence dans le même bâtiment) ; devrait comporter un système de commandement et d’information en liaison complète et permanente avec les capitales, les QG nationaux et multinationaux, ainsi qu’avec l’OTAN ; pendant les situations de gestion de crises, mettrait en place une cellule de cris e spécialisée, chargée de l’évaluation de la situation militaire, de la planification stratégique et du suivi des opérations. La cellule de crise s’appuierait sur l’EME pour le personnel et l’expertise et, si nécessaire, sur des renforts militaires extérieurs temporaires. 107 LA PLANIFICATION ET LA CONDUITE DES OPÉRATIONS MENÉES PAR L’UE 15. Le rapport de la présidence présenté à Cologne, concernant le renforcement de la politique européenne commune de sécurité et de défense, relève que, en fonction des circonstances, l’UE devrait conduire des opérations avec ou sans recours aux moyens et capacités de l’OTAN. Nous étudierons, dans cette partie du document, les procédures de planification et de conduite des deux types d’opérations menées par l’UE, en partant du principe qu’une coordination étroite avec l’OTAN sera nécessaire, en particulier aux premiers stades de la crise, avant qu’on ne sache clairement si l’OTAN ou l’UE s’engageront militairement ou non, et qu’une planification stratégique en prévision d’une éventuelle intervention pourrait se révéler nécessaire tant de la part de l’UE que de l’OTAN. 16. Planification stratégique. Aux premiers stades d’une crise potentielle ou naissante, l’activité de l’UE se concentrera probablement sur des mesures préventives aux niveaux diplomatique, humanitaire et économique. Lors de l’émergence d’une crise, l’EME fournirait au COPS, par l’intermédiaire du président du CME, une première évaluation militaire de la situation. Cette évaluation s’appuierait sur toutes les sources d’informations disponibles, y compris l’OTAN et les sources nationales et multinationales. Le COPS et l’Unité de planification de la politique et d’alerte rapide, ainsi que d’autres dispositifs pertinents du Secrétariat du Conseil de l’UE, à la lumière de l’évaluation fournie par l’EME, élaboreraient un cadre politico-militaire pour faire face à cette crise. Une fois ce cadre adopté par les différents pays, le COPS, par l’intermédiaire du président du CME, chargerait l’EME d’élaborer et de hiérarchiser des options stratégiques militaires. Dans ces options pourraient être envisagées des opérations faisant appel ou non aux moyens et capacités de l’OTAN. Planification opérationnelle et exigences en matière de commandement 17. L’EMC et l’EME seraient des composantes militaires permanentes de la structure décisionnelle de la PESC pour tous les types d’opérations menées par l’UE. D’autres moyens de planification, les structures de commandement et d’autres ressources militaires proviendraient de l’OTAN ou de sources nationales ou multinationales. En dessous du niveau de l’EME, la chaîne de commandement des opérations par l’UE devra comporter trois niveaux. Le commandant des opérations aurait besoin d’un QG stratégique afin de planifier la mise sur pied et la conduite d’une opération conjointe. En outre, une opération conjointe de grande envergure nécessiterait un QG qui pourrait assurer la planification sur le théâtre des opérations, se déployer en tant que QG opérationnel et conduire l’opération sur le terrain. Enfin, des QG d’appui et de composantes pourraient être nécessaires selon les circonstances. Dans certains cas, pour des opérations moins complexes, ce dispositif devrait pouvoir être simplifié. 18. Opérations menées par l’UE avec recours aux moyens et capacités de l’OTAN L’UE pourra s’appuyer sur les arrangements adoptés lors du Sommet de l’OTAN à Washington. Lorsque ces arrangements seront pleinement mis en œuvre l’UE disposera d’importantes ressources militaires multinationales possédant les capacités requises et qui 108 ont fait leurs preuves, pour planifier et conduire des opérations en soutien à sa politique étrangère et de sécurité commune, notamment : un accès assuré aux capacités de planification de l’OTAN ; la présomption de pouvoir accéder à des capacités de l’OTAN et à des moyens communs préalablement identifiés ; un ensemble d’options européennes de commandement ; un processus de planification en matière de défense conçu pour tenir compte de manière plus complète des besoins européens. Une fois prise la décision d’élaborer des plans d’opération pour une opération militaire menée par l’UE, le COPS, après avoir recueilli l’avis du CME, sélectionnerait une ou plusieurs options stratégiques militaires destinées à être approfondies. A ce stade, le COPS/Conseil désignerait également un commandant des opérations et un QG stratégique, et envisagerait la désignation d’un commandant des forces et le choix d’un QG de théâtre : le SACEUR adjoint et le SHAPE ont déjà été pressentis comme les principaux candidats, mais non les seuls, pour remplir les fonctions de commandant des opérations et de QG stratégique. L’OTAN dispose également d’un ensemble de QG de théâtre et de QG de composantes déployables et éprouvés. Ces QG fonctionnent selon des procédures bien rodées pour les opérations multinationales et peuvent être renforcés (y compris le Groupement de forces interarmées multinationales spécifiquement conçu à cet effet). Pour tous les types d’opérations, les options relatives aux QG d’appui et de composantes engloberaient toute la gamme des forces armées et des structures de commandement européennes nationales et multinationales existantes. 19. Opérations menées par l’UE sans recours aux moyens et capacités de l’OTAN Pour répondre aux besoins de la planification et du commandement, on s’appuierait sur les QG nationaux et multinationaux existants accessibles à l’UE. Le QG stratégique serait le résultat de la « multinationalisation » de QG nationaux existants par les pays participants. Un QG de théâtre serait créé à partir de capacités nationales renforcées elles aussi par les pays contributeurs. Lorsqu’ils seraient pleinement mis en œuvre, les arrangements systématiques de temps de paix visant à « multinationaliser » des QG nationaux existants pour qu’ils puissent agir en tant que QG interarmées national « multinationalisé », combinés à la mise en place de QG multinationaux, donneraient accès à un ensemble de capacités de planification opérationnelle et d’options de commandement européennes. A long terme, il pourrait être nécessaire de mettre en place, de façon moins ponctuelle, des capacités collectives de planification opérationnelle et de commandement de niveau stratégique au sein de l’UE. Une fois prise la décision d’élaborer des plans d’opération pour une opération militaire menée par l’UE, le COPS, après avoir recueilli l’avis du CME, sélectionnerait une ou plusieurs options stratégiques militaires destinées à être approfondies. A ce stade, le COPS/Conseil désignerait également un commandant des opérations et un QG stratégique, et envisagerait la désignation d’un commandant des forces et le choix d’un QG de théâtre : 109 le QG stratégique devrait être basé sur un QG national existant devenu multinational grâce à la participation des différents pays ; un QG de théâtre devrait être créé à partir de capacités nationales renforcées sur le même modèle. Pour tous les types d’opérations, les options relatives aux QG d’appui et de composantes comprendraient toute la gamme des forces armées et des structures de commandement européennes nationales et multinationales existantes. 20. Le commandant des opérations sélectionné serait chargé d’élaborer un concept d’opérations et un plan d’opération pour l’option militaire stratégique retenue. L’EME continuerait à fournir, par l’intermédiaire du président du CME, des directives de planification stratégique au commandant des opérations et des avis militaires au COPS. Pendant cette phase de planification, les autorités compétentes de l’OTAN et de l’UE devraient continuer à coopérer, en toute transparence, afin que les éventuels besoins en termes de moyens et de capacités de l’OTAN pour soutenir l’opération soient appréhendés de la même manière. 21. Les documents de planification des opérations (concept d’opérations, plan d’opération) et les documents techniques connexes (systèmes de communication et d’information, accord sur le statut des forces, règles d’engagement, etc.) préparés par le commandant des opérations seraient soumis pour approbation politique, l’EME et le CME formulant des recommandations et soulignant certains points au besoin. Une fois ces documents de planification approuvés, des moyens et des capacités pourraient si nécessaire être demandés à l’OTAN, qui les mettrait à la disposition de l’UE conformément aux procédures qui seront arrêtées sur la base des travaux déjà entrepris par l’OTAN et l’UEO. 22. Conduite des opérations. Une fois que l’opération menée par l’UE aurait été déclenchée, le président du CME et le commandant des opérations rendraient compte de s o n déroulement aux autorités politiques de l’UE. L’UE tiendrait également l’OTAN au courant de l’évolution de l’opération, notamment lorsque des moyens et des capacités de l’OTAN seraient utilisés. L’EME continuerait de suivre la situation et apporterait son concours à la fois aux autorités politiques de l’UE et au CME. Les propositions ou les demandes de modification de la mission, des plans de l’opération ou des moyens et capacités requis, seraient traitées selon les procédures décrites aux points 19 à 21. ANNEXE TERMINOLOGIE Cellule de crise : Équipe mise en place en temps de crise et composée d’officiers d’étatmajor provenant de la structure permanente de l’EME, assistés si nécessaire de renforts extérieurs, chargée de procéder à l’évaluation de la situation militaire, à la planification stratégique, et d’assurer le suivi de la crise ou de l’opération en cours. Opération menée par l’UE : Opération militaire conduite par des forces européennes sous le contrôle politique et la direction stratégique de l’Union européenne. Cette opération peut se faire avec ou sans recours aux moyens et capacités collectifs de l’OTAN. 110 Forces européennes : Forces nationales et multinationales dont l’UE dispose pour conduire des opérations menées par elle. Beaucoup d’entre elles seront également déclarées à l’OTAN. Évaluation de la situation militaire : Évaluation des actions militaires envisageables en réponse à une situation de crise naissante ou potentielle, effectuées par l’EME sur la base de renseignements demandés à l’OTAN, aux pays et à d’autres sources. L’évaluation de la situation militaire fait partie du processus de planification stratégique et contribue à l’élaboration du cadre politico-militaire. Option de stratégie militaire : Action militaire conçue pour atteindre les objectifs politico-militaires définis dans le cadre politico-militaire. Une option de stratégie militaire doit décrire les grands axes de la solution militaire, les ressources nécessaires, les contraintes et la chaîne de commandement. L’État-major militaire européen concevra les grandes options initiales, qui seront analysées et développées par des sources externes, dans le cadre du processus de planification stratégique. QG des opérations militaires stratégiques : QG responsable de la planification et de la conduite des opérations au niveau de commandement militaire stratégique. Le QG des opérations militaires stratégiques collaborera avec les autorités politiques de l’UE. C’est là que se trouvera le commandant des opérations. Planification des opérations : Activités de planification militaire effectuées par le commandant des opérations en vue d’élaborer un concept d’opérations et/ou un plan d’opération conformément aux options de stratégie militaire et/ou aux directives de planification reçues du CME/EME. Si la planification des opérations incombe au commandant des opérations, les activités de planification auront lieu, sous sa direction, à chacun des trois niveaux des opérations militaires : le niveau stratégique, le niveau du théâtre et le niveau tactique/de composantes. Cadre politico-militaire : Cadre conceptuel décrivant l’approche générale de l’UE en ce qui concerne la gestion d’une crise particulière, couvrant toute la gamme des activités PESC (diplomatiques, économiques, humanitaires, militaires) et comprenant la définition des objectifs politico-militaires d’éventuelles actions militaires. La définition du cadre politico-militaire fait partie du processus de planification stratégique. Planification stratégique : Activités de planification qui commencent dès l’apparition d’une crise et prennent fin lorsque les autorités politiques de l’UE approuvent une ou plusieurs options de stratégie militaire. Le processus de planification stratégique comprend l’évaluation de la situation militaire, la définition d’un cadre politico-militaire et l’élaboration d’options de stratégie militaire. QG de théâtre : Ce QG sera subordonné au QG des opérations militaires stratégiques et sera responsable de la planification et de la conduite des opérations au niveau de commandement sur le théâtre des opérations. C’est là que se trouvera le commandant des forces. Ce QG sera déployé sur le théâtre des opérations ou en mer. 111 « FOOD FOR THOUGHT » PAPER Procédure d’élaboration de l’objectif global et des objectifs en termes de capacités Le Conseil européen d’Helsinki a décidé ce qui suit : « Le Conseil « Affaires générales », avec la participation des ministres de la défense, élaborera l’objectif global et les objectifs de capacité. Il élaborera une méthode de consultation grâce à laquelle il sera possible d’atteindre et de tenir ces objectifs et par laquelle chaque État membre pourra définir sa contribution nationale, reflétant ainsi la volonté politique et la détermination des États membres d’atteindre ces objectifs. Cela comportera aussi un examen régulier des progrès réalisés. Les États membres utiliseront en outre les procédures de planification existantes en matière de défense, y compris, si cela est approprié, celles de l’OTAN et du processus de planification et de révision (PARP) du Partenariat pour la paix (PpP). Ces objectifs et ceux découlant, pour les pays concernés, de l’initiative de l’OTAN sur les capacités de défense (ICD) se renforceront mutuellement. » Lors de la réunion qu’il a tenue le 14 mars 2000 dans sa formation de COPS intérimaire, le COPO a décidé de recommander au Conseil de conclure que le document de réflexion en annexe intitulé « Élaboration de l’objectif global », y compris le calendrier qu’il prévoit en vue de la convocation d’une « Conférence d’offres d’engagements en matière de capacités » pour la fin de l’année 2000, devrait servir de base aux travaux que mèneront à l’avenir les organes compétents. ANNEXE ÉLABORATION DE L’OBJECTIF GLOBAL DOCUMENT DE RÉFLEXION Introduction Le Conseil européen, réuni les 10 et 11 décembre 1999, a décidé ce qui suit: « D’ici l’an 2003, en coopérant volontairement, [les États membres seront en mesure] de déployer rapidement puis de soutenir des forces capables de mener à bien l’ensemble des missions de Petersberg définies dans le traité d’Amsterdam, y compris les plus exigeantes d’entre elles, dans des opérations pouvant aller jusqu’au niveau d’un corps d’armée (jusqu’à 15 brigades, soit 50 000 à 60 000 hommes). Ces forces devraient être militairement autosuffisantes et dotées des capacités nécessaires de commandement, de contrôle et de renseignement, de la logistique et d’autres unités d’appui aux combats, ainsi que, en cas de besoin, d’éléments aériens et navals. Les États membres devraient être en mesure de déployer de telles forces dans leur intégralité dans un délai de 60 jours et, dans ce cadre, de fournir des éléments plus réduits de réaction rapide disposant d’un très haut degré de disponibilité. Ils devront en outre être en mesure de soutenir un tel déploiement de forces pendant au moins une année. Cela nécessitera de disposer d’unités déployables additionnelles (et de moyens de soutien) à un degré de disponibilité moindre pour fournir les relèves des forces initialement déployées. » 112 Cet objectif global doit constituer une incitation à améliorer progressivement les capacités militaires de l’Europe pour mener des opérations de gestion des crises. On tiendra compte dans le cadre de ce processus des résultats de l’audit sur les moyens et capacités effectué par l’UEO. Les capacités dont on disposera devront permettre de conduire des opérations concrètes menées par l’UE, que l’UE ait ou non recours aux moyens et capacités de l’OTAN, et contribuer pleinement aux opérations menées par l’OTAN et, pour les pays concernés, dans le cadre de l’OTAN. Le Conseil européen a invité le Conseil « Affaires générales » à préciser cet objectif ainsi que d’autres objectifs en termes de capacités collectives, avec la participation des ministres de la défense. Le CAG mettra également au point une méthode pour atteindre, tenir et réexaminer ces objectifs et pour définir les contributions nationales. En outre, les États membres utiliseront les procédures de planification existantes en matière de défense, y compris, si cela est approprié, celles de l’OTAN et du processus de planification et de révision (PARP) du Partenariat pour la paix (PpP). Il faut dans un premier temps dresser un inventaire précis des forces et capacités que les États membres devront fournir collectivement pour atteindre l’objectif global. C’est ce que cherche à faire le présent document, qui se termine par un chapitre traitant de la suite des travaux. Méthodologie L’objectif global formulé à Helsinki constitue un engagement politique de la part des États membres. Il n’est pas assez précis pour les besoins de la planification militaire et pose certaines questions, telles que les endroits où les forces menées par l’UE pourraient être appelées à intervenir, avec qui, et à quelle fréquence. Certains des chiffres mentionnés dans l’objectif global (par exemple le délai de 60 jours) sont également susceptibles d’interprétation. L’élaboration de l’objectif global devrait se faire de manière systématique. Cela permettra d’établir une articulation claire entre le context e de la politique menée dans le cadre de la PESC, l’énoncé général de l’objectif global et le recensement précis des capacités et des forces nécessaires pour atteindre cet objectif. Les principales étapes sont exposées ci-dessous. Il faut en particulier que l’on se mette d’accord sur les trois premières étapes du processus avant de pouvoir progresser sur les étapes suivantes. Étape 1 Description générale du contexte stratégique global Étape 2 Articulation des principales hypothèses de planification Étape 3 Sélection de scénarios de planification décrivant, à titre d’exemples, des situations pour l’emploi de forces Étape 4 Identification des capacités, en termes de forces, qu’impliquent ces scénarios Étape 5 Présentation, à titre d’exemples, de combinaisons de forces ayant les capacités requises et vérification de leur efficacité par rapport aux scénarios de planification Étape 6 Utilisation de ces différentes combinaisons de forces pour définir l’ensemble des moyens que nécessite l’objectif global. 113 Une fois que l’objectif global aura ainsi été précisé, il nous faudra examiner la question des contributions nationales et repérer les lacunes en termes de capacités, en mesurant les contributions par rapport à l’objectif fixé. La manière dont on s’acquittera de ces tâches sort du cadre du présent document (mais on se référera à cet égard au chapitre sur la suite des travaux). Étape 1. Contexte stratégique L’environnement stratégique se caractérise aujourd’hui par l’existence de nouveaux risques (conflits ethniques et religieux, lutte, à l’intérieur des États ou entre pays, pour des ressources en quantité limitée, atteintes à l’environnement, déplacements de populations, etc.). L’Europe doit être capable de gérer ces situations et d’y répondre, notamment en intervenant pour empêcher que des crises ne dégénèrent en conflits. Cela peut nécessiter des opérations portant sur l’ensemble des missions de Petersberg: − − − missions humanitaires et d’évacuation ; missions de maintien de la paix ; missions de forces de combat pour la gestion des crises, y compris les missions de rétablissement de la paix (appelé imposition de la paix par certains pays). Si ces opérations n’auront sans doute pas la même ampleur que celles envisagées durant la guerre froide, elles seront souvent plus exigeantes à d’autres égards. Il sera essentiel, pour éviter que des conflits éclatent ou s’étendent, de pouvoir assurer à bref délai un déploiement rapide dans les régions en crise. Les forces armées pourront être amenées à intervenir dans des régions où les infrastructures d’appui sont limitées et à soutenir des opérations simultanées pendant de longues périodes. Les opérations se trouveront fréquemment sous le regard constant des médias du monde entier. Il faut s’attendre à ce que les adversaires – équipés de moyens militaires sophistiqués disponibles sur le marché, capables d’adapter des technologies conçues pour des applications civiles et ayant accès, pour certains d’entre eux, à des armes de destruction massive – recourent à des approches asymétriques pour ébranler nos capacités. Nous nous attendons également à ce que l’on mette de plus en plus l’accent sur la limitation du nombre de victimes (dans nos propres rangs, dans les rangs adverses et parmi la population civile), ainsi que des dommages collatéraux et écologiques. En élaborant l’objectif global, il faudra accorder une attention toute particulière aux moyens nécessaires pour assurer une gestion efficace des crises compte tenu de ce type d’environnement: déployabilité, soutenabilité, interopérabilité, flexibilité, mobilité, surviabilité, commandement et contrôle. Ces objectifs d’amélioration des capacités et ceux découlant, pour les pays concernés, de l’initiative de l’OTAN sur les capacités de défense, se renforceront mutuellement. Étape 2. Principales hypothèses de planification Pour poursuivre la planification, nous devrions partir des hypothèses ci-après : a. Objectif temporel. L’objectif global doit, si possible, être atteint en juin 2003 (et au plus tard en décembre 2003). 114 b. Zone géographique. Nos plans devraient partir de l’hypothèse que, dans le cadre des missions que nous nous sommes assignées, les plus exigeantes se dérouleront en Europe ou à proximité. Des forces devraient également être disponibles et capables de réagir à des crises partout dans le monde, quoique dans une moindre mesure. c. Contributions. L’objectif global est, pour les États membres de l’UE, un engagement politique et en termes de planification. Il est impossible de traiter de manière complète la question de l’importance et de la nature des contributions nationales tant que l’on ne connaît pas plus précisément le niveau général des besoins. Les États européens qui sont membres de l’OTAN sans être membres de l’UE et d’autres pays candidats à l’adhésion à l’Union européenne seront invités à contribuer eux aussi à l’amélioration générale des capacités militaires européennes. Peut-être d’autres pays européens participeront-ils à des opérations spécifiques menées par l’UE. d. Portée de l’effort. Il nous semble que la mission la plus exigeante sera une mission complexe de maintien de la paix, à mener conjointement en Europe ou à proximité. Afin de pouvoir entreprendre cette mission ainsi que toutes les autres missions de Petersberg, l’UE devra pouvoir compter sur une réserve de forces prêtes à intervenir, composée de différents types de brigades de combat, sur les unités nécessaires d’appui aux combats et de soutien logistique du combat, ainsi que sur des éléments aériens et navals appropriés. C’est la taille de cette réserve qui sera définie grâce à de la planification par scénarios. Cette réserve peut être considérée comme le noyau à partir duquel une combinaison appropriée de forces pourrait être constituée, en fonction des circonstances, pour atteindre 50 à 60 000 hommes. La part que les troupes de combat et les troupes d’appui représenteront respectivement dans cet effectif global variera en fonction de la mission sur le terrain. La force ainsi constituée devrait être militairement autosuffisante, dotée des capacités nécessaires de commandement, de contrôle et de renseignement, de la logistique, d’autres unités d’appui aux combats et des éléments aériens et navals appropriés. Nous devrions veiller à ce que les forces et capacités nécessaires pour s’acquitter de la mission la plus exigeante évoquée ci-dessus soient aussi capables de mener des opérations d’urgence de moindre envergure ou de nature moins combative, selon des critères convenus en matière de « simultanéité ». e. « Simultanéité ». Les plans que nous établirons devraient nous permettre d’assurer la gestion d’une crise avec un seul corps d’armée, tout en conservant des moyens limités pour conduire une opération de petite envergure, telle qu’une opération non combattante d’évacuation (NEO). Il faudrait aussi que, dans le cadre de l’effectif total prévu par l’objectif global, nous soyons en mesure de soutenir une opération à plus long terme en dessous du niveau maximum tout en étant capables, dans le même temps, d’en conduire une autre d’une durée limitée. C’est peut-être cette exigence qui causera le plus de difficultés aux États membres de l’UE, puisque leurs principaux moyens seraient alors soumis à des demandes concurrentes. Nous partons également du principe que l’opération menée par l’UE avec un corps d’armée, visée dans l’objectif global, ne vient pas s’ajouter aux hypothèses de simultanéité figurant dans la directive ministérielle de l’OTAN pour 1998. Il faudra analyser les conséquences des autres hypothèses de simultanéité énumérées cidessus dans le cadre de l’élaboration de la directive ministérielle de l’OTAN pour 2000. f. Autonomie. Notre planification devrait permettre de soutenir le déploiement d’un corps d’armée capable de mener la mission la plus exigeante pendant au moins une année. Notre 115 hypothèse de départ est que les engagements nationaux de forces et de capacités, une fois définis, comprendront un engagement de fournir ces éléments pendant au moins un an. Cela nécessitera une réserve supplémentaire de forces déployables pour remplacer les premières forces dépêchées sur place. (Nous notons que, dans la pratique, la taille de la force et les capacités requises pourraient être réduites avec le retour à une situation normale, avant ou après la fin de cette période initiale.) g. Disponibilité. Nous devrions prévoir que des forces soient tenues en état de disponibilité à des degrés divers, mais dans une mesure suffisante pour qu’elles puissent se déployer pleinement au niveau d’un corps d’armée en 60 jours, à compter de la décision du Conseil sur les forces requises (équivalant au message de création de force ACTORD OTAN/UEO) jusqu’à ce que toutes les forces soient parfaitement entraînées et soient déployées sur le théâtre des opérations, en Europe ou à proximité, l’autorité ayant été transférée au commandant des opérations. À l’intérieur de cette limite, nous devrions prévoir un dispositif plus restreint de réponse rapide, composé de forces de réaction immédiate, prêtes à intervenir sur le champ, et notamment d’un détachement précurseur ; l’importance et la nature de ces forces dépendront des conditions particulières de l’opération. Des orientations seront élaborées au cours de la suite des travaux. h. Soutenabilité. Nos plans devraient permettre le déploiement de forces ayant suffisamment de matériel pour conduire les opérations en attendant d’être réapprovisionnées (dans un délai de 10 jours en cas de ravitaillement par air et de 28 jours en cas de ravitaillement par mer). Nous devrions alors pouvoir soutenir les forces déployées, jusqu’à 60 000 hommes, pendant une période d’au moins un an. Étape 3. Scénarios de planification Nous avons explicité les exigences inhérentes à l’objectif global en définissant les principales hypothèses de planification énumérées ci-dessus. Il nous faut maintenant sélectionner des exemples de scénarios à l’aune desquels on pourra jauger les capacités et combinaisons de forces censées répondre à ces exigences. L’UEO a déjà produit une série d’exemples de profils pour les missions de Petersberg, y compris des scénarios pour des opérations menées par l’UE jusqu’au niveau du corps d’armée. Ces scénarios engloberont aussi des éléments navals et aériens. Ce travail doit être approfondi pour développer l’objectif global. Dans un premier temps au moins, nous devons identifier un nombre limité de scénarios représentatifs des divers types de missions que l’UE pourrait mener. Conclusions L’élaboration de l’objectif global demandée par le Conseil européen d’Helsinki est une tâche complexe. Pour y parvenir, les États membres devraient tout d’abord : a. arrêter une méthodologie systématique, telle que celle qui est décrite dans le présent document, afin d’établir une base solide de planification pour les travaux en cours (point 3) ; b. se mettre d’accord sur une description générale du contexte stratégique et les caractéristiques des forces (points 5 - 7) ; c. se mettre d’accord sur les principales hypothèses de planification (point 8) ; 116 d. utiliser les exemples de profils pour les missions de Petersberg et les scénarios en la matière arrêtés par l’UEO (Référence UEO C(96)267 du 24 septembre 1996) (point 9) ; afin e. de recenser les besoins en termes de capacités et de mettre au point, à titre d’exemple, des combinaisons de forces ; f. de produire un relevé complet de la réserve de forces et de capacités nécessaires au niveau collectif pour s’acquitter des missions de Petersberg jusqu’au niveau défini par l’objectif global. Suite des travaux Si les conclusions ci-dessus sont adoptées, il faudra s’atteler d’urgence à la préparation des travaux ultérieurs suivants : a. établissement de combinaisons détaillées de forces par des experts de la planification militaire en vue de formuler des propositions pour l’ensemble des forces et des capacités s’inscrivant dans le cadre de l’objectif global ; b. analyse de cette réserve par rapport aux capacités existantes des États membres et élaboration d’une méthode permettant d’identifier les principales lacunes et de définir les contributions nationales ; c. méthode pour inviter les alliés non membres de l’UE à définir des contributions supplémentaires (comme demandé à Helsinki) ; d. définition d’un système prévoyant un bilan régulier des progrès réalisés par les États membres sur la voie de l’objectif global et des moyens pour les inciter à progresser sur cette voie ; e. calendrier pour la suite des travaux. Il sera essentiel que l’ensemble de ces travaux soient menés en étroite coordination avec les procédures de planification qui existent à l’OTAN et dans le cadre du PpP, étant donné que les forces concernées sont également mises en place et disponibles pour des opérations de l’OTAN ou menées par elle. 23 Conseil européen Lisbonne, 23 et 24 mars 2000 CONCLUSIONS DE LA PRÉSIDENCE (…) II. POLITIQUE EUROPÉENNE COMMUNE EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ ET DE DÉFENSE 42. Le Conseil européen a accueilli avec satisfaction le rapport préliminaire établi par la présidence sur le « Renforcement de la politique européenne commune en matière de sécurité et de défense », qui présente les travaux poursuivis dans le cadre du Conseil « Affaires générales » par la présidence, en association avec le Secrétaire général/Haut Représentant, conformément au mandat donné par le Conseil européen d’Helsinki. 43. Le Conseil européen se félicite en particulier de ce que les organes intérimaires prévus à Helsinki soient désormais en place et commencent à fonctionner efficacement et de ce que le Conseil ait défini une procédure à suivre pour élaborer l’objectif global et recenser les contributions nationales qui permettront d’atteindre l’objectif en matière de capacités militaires fixé à Helsinki. 44. Le Conseil européen attend avec intérêt la suite des travaux que la présidence, en association avec le Secrétaire général/Haut Représentant, effectuera dans le cadre du Conseil ainsi que le rapport d’ensemble qu’établira la présidence à l’intention du Conseil européen de Feira, comme l’a demandé le Conseil européen d’Helsinki, notamment les propositions sur la participation de pays tiers à la gestion militaire des crises par l’UE et sur l’évolution ultérieure des relations de l’UE avec l’OTAN conformément aux conclusions du Conseil européen d’Helsinki. 45. Le Conseil européen se déclare en outre satisfait de ce qui a été accompli jusqu’à présent sur le plan de la gestion non militaire des crises. Il invite le Conseil à mettre en place, d’ici sa réunion de Feira ou lors de celle-ci, un Comité pour la gestion civile des crises. (…) 118 DOCUMENT SOUMIS AU CONSEIL EUROPEEN DE LISBONNE : RENFORCEMENT DE LA POLITIQUE MATIÈRE DE SÉCURITÉ ET DE DÉFENSE EUROPÉENNE COMMUNE EN 1. Le Conseil européen d’Helsinki a invité la présidence portugaise, en association avec le Secrétaire général/Haut Représentant, à faire progresser, au sein du Conseil « Affaires générales », les travaux relatifs au renforcement de la politique européenne commune en matière de sécurité et de défense et à soumettre un premier rapport sur l’évolution de la situation pour le Conseil européen de Lisbonne. 2. La présidence, en association avec le Secrétaire général/ Haut Représentant, a accordé la priorité à la poursuite des travaux dans ce domaine. À la suite de ce premier rapport sur l’évolution de la situation, la présidence présentera au Conseil européen de Feira un rapport global, conformément au mandat qui lui a été confié à Helsinki. 3. Le Conseil a adopté les décisions portant création des trois organes intérimaires cités dans le rapport d’Helsinki : − − − le Comité politique et de sécurité (COPS) intérimaire, l’organe intérimaire composé de représentants militaires des chefs d’État-major des armées des États membres, les experts militaires détachés par les États membres auprès du Secrétariat général du Conseil pour l’assister lors des travaux relatifs à la PECSD et destinés à constituer le noyau du futur État-major. La décision relative au détachement des experts militaires est accompagnée d’une décision définissant le régime qui leur est applicable. Toutes ces décisions sont applicables à compter du 1er mars 2000. Le Comité politique et de sécurité intérimaire, qui est une formation du Comité politique et travaille en liaison étroite avec le Secrétaire général/Haut Représentant, a tenu sa première réunion les 1er, 3, 10 et 14 mars 2000. Il a commencé à traiter les questions PESC au jour le jour et a entamé l’élaboration de recommandations sur le fonctionnement futur de la PECSD. L’organe militaire intérimaire a tenu sa première réunion le 7 mars. Des propositions concernant le détachement, par les États membres, d’experts militaires auprès du Secrétariat général ont été reçues. Le chef des experts militaires a été désigné le 8 mars par le Secrétaire général/Haut Représentant. La procédure de sélection des autres experts militaires est en cours. 4. Le Conseil a approuvé le document concernant les « organes militaires dans l’Union européenne, la planification et la conduite des opérations menées par l’UE », qui servira de base aux futurs travaux que mèneront les organes militaires intérimaires et les autres organes compétents dans ce domaine. 119 5. Pour ce qui est du rapport d’ensemble sur l’évolution de la situation que la présidence doit présenter au Conseil européen de Feira, les travaux se poursuivent au sein du Conseil, du COPO et du COPS intérimaire, sur la base d’un document de la présidence, pour définir les modalités appropriées qui, tout en respectant l’autonomie de décision de l’Union, permettront aux pays européens membres de l’OTAN qui ne font pas partie de l’UE et aux autres pays, candidats à l’adhésion à l’UE, de contribuer à la gestion militaire des crises par l’UE. 6. Conformément à leurs engagements en faveur de la transparence, les directeurs politiques des États membres de l’UE ont rencontré des représentants des États candidats à l’adhésion à l’UE, dans le cadre du dialogue politique. D’autres rencontres sont envisagées avec les pays européens membres de l’OTAN qui ne font pas partie de l’UE et avec les États candidats à l’adhésion à l’UE. 7. Toujours en ce qui concerne le rapport d’ensemble sur l’évolution de la situation que la présidence doit présenter au Conseil européen de Feira, le Conseil, le COPO et le COPS intérimaire ont discuté, sur la base d’un document de la présidence, des « relations UEOTAN ». Le Secrétaire général/Haut Représentant a intensifié ses contacts informels avec le Secrétaire général de l’OTAN dans le cadre défini à Cologne et à Helsinki. La présidence souhaite que ces contacts soient encore approfondis avant le Conseil européen de Feira afin de faciliter, pour ce sommet, l’élaboration de propositions concernant les principes de consultation avec l’OTAN sur les questions militaires et de recommandations sur la mise au point des modalités applicables aux relations entre l’UE et l’OTAN. 8. Les ministres de la défense des États membres de l’UE se sont réunis de manière informelle à Sintra le 28 février pour examiner comment il sera possible de progresser vers la réalisation de l’objectif global fixé à Helsinki. Les ministres se sont par ailleurs félicités de la proposition franco-néerlandaise visant à définir un objectif global dans le domaine naval. La réunion de Sintra a contribué à la préparation des travaux du Conseil « Affaires générales » du 20 mars, auquel ont participé les ministres de la défense. Lors de la session du 20 mars, le Conseil a déterminé la procédure à adopter pour poursuivre l’élaboration de l’objectif global et des objectifs en termes de capacités, dans le but de définir des besoins collectifs plus précis, en fonction desquels on examinarait les offres de contributions nationales reflétant les engagements des États membres et a reconnu la nécessité de mettre en place un mécanisme d’examen des progrès réalisés. Les États membres auraient recours en outre aux procédures de planification existantes en matière de défense, y compris, le cas échéant, celles de l’OTAN et du processus de planification et de révision (PARP) du partenariat pour la paix (PpP). Le Conseil a conclu que le document de réflexion intitulé « Élaboration de l’objectif global », y compris le calendrier dont il est assorti, et qui doit conduire à la tenue, d’ici la fin de 2000, d’une Conférence sur les offres d’engagements en matière de capacités, servira de base pour la suite des travaux que mèneront les organes compétents. 9. Des travaux ont été effectués en parallèle en ce qui concerne le volet civil de la gestion des crises. Le Conseil a décidé d’examiner la question de la mise en place d’un comité pour la gestion civile des crises et de poursuivre la réflexion quant à son rôle et ses compétences, conformément aux orientations qui figurent dans le document intitulé «Création d’un comité pour la gestion civile des crises » et en tenant compte des observations des États 120 membres, de la Commission et des services juridiques, ainsi que des premières expériences dans le cadre du mécanisme de coordination, en vue de parvenir à une décision sur la création de ce comité au plus tard lors du Conseil européen de Feira. Un séminaire sur la gestion civile des crises se tiendra à Lisbonne les 3 et 4 avril. Les conclusions de ce séminaire seront également intégrées à l’étude visant à définir des objectifs concrets en ce qui concerne la réponse non militaire collective qu’apportent les États membres de l’UE aux crises internationales. 10. Le Conseil s’est félicité des mesures prises par le Secrétaire général/Haut Représentant pour mettre en place, au Secrétariat général du Conseil, un mécanisme de coordination pour la gestion civile des crises, fonctionnant en étroite interaction avec la Commission, comme le prévoient les conclusions d’Helsinki. À titre de première priorité, une base de données provisoire, qui concerne les capacités des États membres en matière de police civile, a été établie. La présidence rappelle à cet égard qu’elle a l’intention de tenir, en mai, un séminaire sur la formation de la police civile au soutien des opérations internationales de maintien de la paix. Le Conseil a accueilli avec satisfaction la mise en place, par le Secrétaire général/Haut Représentant, d’un centre de situation d’une cellule de crise provisoire au Secrétariat général du Conseil, qui fournira un soutien en matière de gestion des crises par l’UE. Le Conseil a pris acte de ce que la Commission prépare actuellement une proposition relative à la mise en place d’un Fonds de réaction rapide. 24 Réunion du Conseil des Ministres de l’UEO Porto, 15 et 16 mai 2000 DÉCLARATION DE PORTO 1. Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des pays de l’UEO se sont réunis à Porto les 15 et 16 mai. Le Conseil des ministres a été précédé d’une réunion des ministres de la Défense des treize membres du Groupe Armement de l’Europe occidentale tenue avec la participation de leurs homologues autrichien, finlandais et suédois et aussi, pour la première fois, de leurs homologues hongrois, polonais et tchèque. 2. Les ministres se sont félicités des progrès accomplis par l’Union européenne en vue de donner suite aux décisions prises aux Conseils européens de Cologne et d’Helsinki afin de renforcer la sécurité et la défense européennes. Ils ont salué les travaux de l’OTAN visant à poursuivre la mise en œuvre des décisions prises au sommet de Washington concernant l’IESD en vue de renforcer le pilier européen de l’Alliance. Ils ont exprimé la conviction que ces développements contribueront au renforcement du partenariat euro-atlantique. Ils attendent avec intérêt les nouvelles mesures du Conseil européen de Feira qui viendront renforcer la politique européenne commune en matière de défense et de sécurité, entre autres grâce à : • • • • la poursuite de l’élaboration de l’objectif global. Ils ont rappelé avec satisfaction que les États européens membres de l’OTAN qui ne sont pas membres de l’UE, ainsi que d’autres pays qui sont candidats à l’adhésion à l’Union européenne, seront invités à contribuer à cette amélioration des capacités militaires européennes ; des propositions relatives aux arrangements appropriés qui, tout en respectant l’autonomie décisionnelle de l’UE, permettront à ces mêmes pays de contribuer à la gestion militaire des crises par l’UE ; des propositions sur des principes de consultation UE-OTAN sur les questions militaires et des recommandations sur le développement de modalités applicables aux relations entre l’UE et l’OTAN, afin de permettre une coopération sur la réponse militaire appropriée à apporter en cas de crise, conformément à ce qui a été arrêté à Washington et à Cologne ; le développement de la voie à suivre pour la gestion non militaire de crise. Dans ce contexte, les ministres ont également évoqué la réflexion informelle sur l’Europe de la sécurité et de la défense menée par l’UEO au cours des dix-huit derniers mois, qui a fait apparaître une volonté commune d’élaborer des arrangements satisfaisants servant les intérêts de tous les pays de l’UEO. 3. Les ministres sont convenus que l’UEO était prête à soutenir, si besoin est, le développement des fonctions jugées nécessaires par l’UE pour assumer ses nouvelles responsabilités dans le domaine des missions de Petersberg. Ils ont reconnu que la prise en charge par l’UE de ces nouvelles responsabilités aura de profondes répercussions sur 122 l’UEO en tant qu’organisation. Ils ont estimé que des décisions pertinentes devront être prises au cours des prochains mois concernant le rôle futur de l’UEO et ont chargé le Conseil permanent d’examiner les nombreuses mesures qu’il sera nécessaire de prendre, le moment venu, au sein de l’UEO, en fonction des développements à l’UE. Dans ce contexte : • • • Ils ont noté que, pour leur prochaine réunion, un rapport/plan de transition du Comité militaire établira les conclusions découlant de ces développements pour les activités de l’État-major militaire de l’UEO ; Ils ont souligné que l’UEO reste prête à mettre à la disposition de l’Union européenne, si elle le souhaite, le Centre satellitaire et l’Institut d’études de sécurité de l’UEO. Il faudra réfléchir, le moment venu, à l’avenir de ces deux organes ; Ils ont salué la compétence et le dévouement du personnel international de l’UEO ainsi que son inestimable contribution aux activités de l’Organisation. Les ministres ont pris l’engagement de tout mettre en œuvre afin de contribuer à ce que des solutions appropriées soient trouvées qui tiennent compte des compétences professionnelles et des attentes légitimes des agents de l’UEO, et ont chargé le Secrétaire général de soumettre des propositions à cet effet au Conseil permanent. 4. Les ministres se sont félicités des mesures prises sous la Présidence portugaise de l’UEO afin de préparer la transmission des compétences de qualité que l’UEO est en mesure de léguer à l’UE dans le domaine de la gestion de crise. Ils ont également accueilli avec satisfaction les arrangements établis pour la mise en œuvre des décisions adoptées à la réunion ministérielle de Luxembourg afin de permettre aux organes du Conseil de l’UE d’avoir un accès direct, en tant que de besoin, à l’expertise des structures opérationnelles ainsi qu’aux travaux et analyses de l’UEO. 5. Les ministres se sont félicités tout particulièrement des principaux résultats obtenus pendant la Présidence portugaise : • • le tout premier exercice conjoint UEO-OTAN de gestion de crise, CMXCRISEX 2000, organisé du 17 au 23 février avec la participation de 30 pays, en présence d’observateurs de l’UE ainsi que d’autres organisations et pays. Cet exercice a constitué une occasion importante de tester les concepts et modalités liés à l’IESD mis au point depuis la réunion ministérielle de l’OTAN à Berlin en 1996 pour la gestion d’opérations dirigées par l’UEO et utilisant des moyens et capacités de l’OTAN, tels que les arrangements pour la consultation UEO-OTAN et le documentcadre. Les ministres ont également accueilli avec satisfaction le rapport présenté par la Présidence et approuvé par les pays de l’UEO sur cet exercice, lequel permet de tirer d’utiles enseignements sur les aspects pratiques de l’interaction UEO-OTAN pour une opération dirigée par l’UEO et utilisant des moyens et capacités de l’OTAN ; la transmission à l’Union européenne, à toutes fins utiles, d’un ensemble de concepts politico-militaires de l’UEO. Ces documents représentent une partie de l’héritage - fruit de dix années d’expérience - que l’UEO est en mesure de transmettre à l’UE dans le domaine de la gestion de crise ; • • • • 123 la poursuite de la réflexion informelle sur l’Europe de la sécurité et de la défense lors du séminaire tenu le 27 janvier avec la participation des directeurs de la politique de sécurité des ministères des Affaires étrangères et de la Défense, ainsi que la transmission à l’UE du rapport écrit de la Présidence ; l’atelier UEO-UE organisé le 11 avril sur les questions politico-militaires liées aux différentes phases d’une possible mission humanitaire dirigée par les Européens, qui a permis la présentation et l’explication de nombreux aspects intéressants de l’expérience acquise par l’UEO ; l’organisation par la Présidence, les 14 et 15 février, du séminaire méditerranéen sur la prévention des conflits, ainsi que l’élaboration et la transmission séparée à l’UE, dans le prolongement de ce séminaire, des éléments pour une réflexion sur la contribution de l’UEO au processus de Barcelone. Ce document tient compte des travaux effectués dans le contexte du dialogue méditerranéen de l’UEO et vise à contribuer à la réflexion gobale menée à l’UE sur les questions méditerranéennes ; l’élaboration et la transmission séparée à l’UE du document sur l’expérience acquise par l’UEO en matière de maintien de la paix en Afrique, qui comprend une chronologie des activités, une évaluation et les enseignements à retenir concernant le rôle potentiel d’une organisation multinationale européenne dans ce domaine. 6. S’agissant des opérations de l’UEO, les ministres se sont dits satisfaits : • • des activités de la mission élargie de l’Élément multinational de conseil en matière de police (EMCP-E), dans lesquelles ils voient une contribution efficace à l’établissement d’une force de police viable en Albanie dans le respect des normes européennes. Ils se sont félicités de l’intention de l’UE de proroger à nouveau la mission, avec son mandat actuel, jusqu’au 31 décembre 2000, et ont invité le Conseil permanent à prendre les décisions qui s’imposent en tant que de besoin ; de la prorogation pour un an, jusqu’au 9 mai 2001, du mandat de la mission UEO d’assistance au déminage (MADUEO) en République de Croatie, et ont salué le rôle de la Suède, pays pilote de cette mission conduite par l’UEO à la demande de l’UE. À cet égard, les ministres se sont félicités de l’intention de l’UE de soutenir la demande de la MADUEO/du CAMCRO relative à l’élaboration par le Centre satellitaire de l’UEO d’un système d’information géographique sur la Croatie. 7. Les ministres ont pris note du programme d’exercices UEO et, dans ce contexte, se sont félicités de la préparation d’une Étude théorique conjointe UEO-OTAN prévue aux PaysBas en juin 2001, dont le but est d’accroître l’interopérabilité et d’élaborer des procédures conjointes UEO-OTAN pour l’établissement et le fonctionnement d’un EMO dans le contexte d’une opération de GFIM dirigée par l’UEO et faisant appel à des moyens et capacités de l’OTAN. 8. Les ministres ont pris note avec intérêt du rapport de la Présidence sur la réunion du Comité militaire tenue les 13 et 14 avril à Lisbonne. Ils ont accueilli avec satisfaction l’approbation du Concept UEO de soutien fourni par le pays hôte ainsi que des instructions permanentes pour les missions exploratoires et la coopération civilo-militaire de l’UEO. 124 9. Les ministres ont salué l’approbation du cadre UEO pour l’élaboration d’un document sur le statut des forces à utiliser en cas d’opération UEO, qui n’impose aucun modèle pour de tels arrangements mais fournit en revanche un cadre utile pour faciliter et guider la prise de décisions au cas par cas. Ils ont pris note de la transmission de ce texte à l’UE. 10. Concernant l’éventuelle participation de l’UEO à un programme européen multilatéral en développement dans le domaine satellitaire, les ministres ont pris note du rapport d’avancement sur le concept à moyen terme visant à améliorer l’accès aux images satellitaires. Dans ce contexte, ils se sont félicités de l’intensification des relations de l’UEO avec l’Union européenne dans le domaine spatial au cours de la Présidence portugaise. Ils ont pris note de l’approbation des modalités d’application du mémorandum d’entente sur la fourniture de produits Helios à l’UEO. 11. Les ministres ont salué le fait que les autorités italiennes et britanniques aient organisé une visite du Conseil permanent de l’UEO à l’État-major de l’EUROFOR et à celui de l’ARRC. Ces deux visites ont constitué une excellente occasion d’évaluer la coopération des forces de pays européens et leur capacité à fonctionner dans un cadre multinational. 12. Les ministres se sont félicités de l’organisation prochaine de l’exercice EOLO 2000, qui permettra de tester une opération de soutien de la paix sous le contrôle d’un état-major interarmées multinational et dans le cadre duquel les quatre pays de l’EUROFOR/EUROMARFOR, ainsi que la Grèce et la Turquie pour la partie maritime, déploieront d’importantes forces aériennes, navales et terrestres (plus de 12 000 hommes), dans le but d’améliorer la préparation opérationnelle, y compris l’interopérabilité des systèmes et des procédures. Ils ont pris note des efforts que poursuivent les États participant à l’EUROFOR pour renforcer ses capacités et se sont félicités du fait que cette force soit opérationnelle. 13. Les ministres ont salué les dispositions prises fin 1999 par les cinq pays du Corps européen dans le cadre de la mise en œuvre de la décision de Cologne d’adapter le Corps européen, et en particulier son état-major, au nouvel environnement stratégique, pour en faire un corps de réaction rapide européen disponible pour des actions de l’Union européenne et de l’Alliance atlantique. Les ministres se sont félicités de la possibilité offerte par les cinq pays du Corps européen à leurs partenaires européens de participer à ses activités et à ses éventuelles opérations, ainsi que de mettre en place des officiers de liaison auprès de son état-major à Strasbourg. Ils se réjouissent de l’engagement de l’état-major de cette grande unité multinationale européenne en tant que noyau du quartier général de la KFOR III. Cet engagement apporte la démonstration que la mise en œuvre des décisions prises par l’Union européenne à Cologne et à Helsinki, s’agissant du renforcement des capacités européennes en matière de défense, contribue à la crédibilité de la politique européenne de sécurité et de défense et à la vitalité de l’Alliance atlantique. 14. Les ministres ont réaffirmé l’importance qu’ils attachent au dialogue et à la coopération que l’UEO a développés ces dernières années avec la Fédération de Russie. Rappelant que l’Ukraine est un important partenaire européen, ils ont également souligné le dialogue et la 125 coopération de l’UEO avec ce pays, qui se poursuit notamment dans le cadre du plan d’action arrêté en juin dernier. 15. Les ministres ont salué la ratification du traité Ciel ouvert par l’Ukraine. Ils ont appelé la Russie et le Bélarus à ratifier sans délai ce traité. Ils ont encouragé la poursuite des initiatives prises à cet égard par les pays de l’UEO. 16. Les ministres se sont félicités de la ratification par la Fédération de Russie du traité d’interdiction totale des essais nucléaires et du traité START II. 17. Les ministres ont exprimé leur préoccupation à l’égard des violations des droits de l’homme dans la République tchétchène de la Fédération de Russie et souligné l’urgence d’une réponse satisfaisante à cette inquiétude. 18. Les ministres ont salué les progrès réalisés par la Croatie sur la voie de la démocratie et le respect de ses obligations internationales, en particulier au titre des Accords de Dayton et de Paris. 19. Les ministres ont réitéré la nécessité d’un réel progrès vers la démocratie et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales en République fédérale de Yougoslavie. 20. Les ministres ont pris note avec satisfaction du dialogue en cours entre Chypre* et l’UEO, qui évolue parallèlement au développement des relations de Chypre* avec l’Union européenne, avec laquelle les négociations d’adhésion se poursuivent. 21. Les ministres ont remercié la Présidence française du Forum transatlantique d’avoir mené à bien son programme. 22. Les ministres ont pris note des premières mesures prises par l’OSCE afin de mettre en œuvre les décisions qu’elle a adoptées au sommet d’Istanbul en novembre dernier, y compris la Plate-forme pour la sécurité coopérative. Ils ont salué en particulier les développements concernant la concrétisation du concept d’équipes d’assistance et de coopération rapides (REACT) et l’accroissement du nombre d’étudiants et de diplômés de l’école de police de l’OSCE au Kosovo. Ils ont estimé, sur la base des résultats d’un séminaire organisé récemment à Vienne par l’OSCE sur les armes légères et de petit calibre, que l’OSCE est bien placée pour poursuivre ses efforts en vue de l’élaboration et de l’adoption cet automne d’un document détaillé sur cette question afin de lutter contre le trafic illicite ainsi que l’accumulation et la diffusion déstabilisatrices de ces armes. 23. Les ministres ont salué la nomination de M. Klaus Bühler en tant que Président de l’Assemblée de l’UEO et rendu hommage au Président sortant, M. Lluis Maria de Puig, pour le travail qu’il a accompli. Ils ont salué l’importante contribution de l’Assemblée de l’UEO au débat sur l’Europe de la sécurité et de la défense. Dans ce contexte, ils ont pris note de la récente Initiative de Lisbonne. 24. Les ministres ont accueilli avec satisfaction la déclaration présentée par la France sur son programme en tant que future Présidence de l’UEO. 126 COOPÉRATION EN MATIÈRE D’ARMEMENT 1. Conformément à la décision qu’ils avaient prise à Luxembourg en novembre dernier, les ministres de la Défense des pays du GAEO ont tenu le 15 mai une réunion spéciale afin, principalement, de poursuivre la réflexion sur l’avenir du GAEO et de l’OAEO dans l’architecture de sécurité européenne en développement. 2. Les ministres du GAEO ayant décidé à Luxembourg d’étendre à la Hongrie, la Pologne et la République tchèque la participation aux activités du GAEO, la réunion du 15 mai s’est déroulée en présence des ministres de 19 pays. Dans ce contexte, les ministres ont réservé un accueil chaleureux à leurs collègues hongrois, polonais et tchèque, qui participaient pour la première fois à une réunion de cette instance. 3. Les ministres ont noté les déclarations de l’Autriche et de la Finlande, qui souhaitent devenir membres de plein droit du GAEO, et ont chargé les DNA d’appliquer la procédure appropriée, qu’ils avaient approuvée à leur réunion de Luxembourg. 4. Les ministres ont eu un échange de vues fructueux sur l’avenir du GAEO et de l’OAEO, en vue de définir des orientations pour la conduite de nouvelles études. Ils ont entériné les propositions des DNA concernant la voie à suivre et : • • • ont confirmé que le GAEO et l’OAEO ont un rôle à jouer dans l’évolution de la politique européenne en matière d’armement ; ont décidé de maintenir pour l’instant le GAEO ainsi que l’OAEO dans leur forme actuelle, en continuant de s’appuyer sur les dispositions du traité de Bruxelles modifié et des Accords de Paris y afférents ; ont chargé les DNA de commencer à examiner les questions concrètes nécessaires pour assurer l’avenir immédiat du GAEO et de l’OAEO, en concertation avec d’autres instances en tant que de besoin, et de leur présenter à leur prochaine réunion un rapport initial ainsi qu’un programme de travail en plusieurs phases pour de nouvelles études approfondies sur l’avenir à long terme du GAEO et de l’OAEO, y compris leur rôle constructif dans la politique européenne de l’armement et leur contribution à cette politique, qui viseront à accroître au maximum la coopération dans ce domaine tout en réduisant les coûts au minimum. Les questions à examiner devraient inclure, entre autres, les buts, les fonctions et l’organisation, compte tenu du cadre politique et institutionnel de la future coopération européenne en matière d’armement. Ce programme devrait être souple et fournir une approche par étapes. A la suite du rapport initial, prévu pour l’automne 2000, ce programme sera conçu en vue de la présentation d’un rapport final à l’automne 2001. 5. Les ministres ont également signé les amendements aux différents mémorandums d’entente régissant la coopération pour les activités de recherche et technologie menées dans le cadre du GAEO et de l’OAEO afin de les rendre plus exploitables et plus souples et de faciliter la participation aux projets R&T. 6. Enfin, les ministres ont pris note des travaux accomplis en vue de la création de l’Agence européenne de l’armement prévue, qui évoluent conformément au plan directeur. 127 7. Le Conseil de l’UEO (membres du GAEO) a adopté les conclusions des ministres de la Défense des pays du GAEO. 25 Conseil franco-allemand de défense et de sécurité Mayence, 9 juin 2000 DÉCLARATION DE MAYENCE 1. La France et l’Allemagne sont déterminées à faire progresser la politique européenne de sécurité et de défense. 2. La réalisation des objectifs de capacités militaires fixés au Conseil européen d’Helsinki constitue la priorité qui fonde la crédibilité de l’action de l’Union européenne. La mise en œuvre des objectifs du Conseil européen d’Helsinki s’agissant du renforcement des capacités militaires européennes sera d’une particulière importance pour la crédibilité des capacités d’action de l’UE dans les domaines de la sécurité et de la défense La conférence d’engagement des capacités, qui se tiendra en novembre prochain, constituera à cet égard un test de la volonté des États membres de traduire en engagements nationaux concrets les objectifs agréés à Helsinki. Le développement de ces capacités militaires en renforçant les moyens d’action de l’UE, contribuera aussi au renforcement de l’Alliance atlantique. A Toulouse, puis à Cologne avec leurs partenaires du Corps européen, la France et l’Allemagne avaient décidé sa transformation en corps de réaction rapide. Aujourd’hui, l’état-major du Corps européen ainsi transformé et engagé au Kossovo, constitue une première démonstration de l’amélioration des capacités européennes de gestion des crises. Avec l’actuel engagement de l’état-major du Corps européen au Kossovo, les Européens démontrent que les forces multinationales qu’ils ont créées peuvent aussi servir efficacement à des missions de l’Alliance. 3. La France et l’Allemagne entendent réaliser de nouveaux progrès en matière de politique européenne de l’armement, partie intégrante de la politique européenne de sécurité et de défense. Elles se réjouissent à ce titre de la conclusion de la négociation LoI et de la prochaine signature de l’accord cadre. La France et l’Allemagne, dans la continuité de la décision prise à Helsinki de constituer, à terme, une flotte européenne d’avions de transport stratégique, réaffirment leur engagement d’acquérir en commun un nouvel avion de transport militaire. La France et l’Allemagne ont l’intention commune de renforcer leur capacité dans le domaine du transport aérien militaire. C’est pourquoi elles ont fait le choix – comme le Royaume-Uni – de l’Airbus A400M comme futur avion de transport militaire. La France et l’Allemagne confirment à leur tour la décision d’acquérir l’appareil A400M, leurs besoins opérationnels étant respectivement évalués à environ 50 et 75 appareils. Nos deux pays souhaitent que les conditions du lancement effectif de ce programme puissent être finalisées en liaison avec nos autres partenaires dans le courant de l’été. 129 Le lancement de ce programme constitue un pas décisif pour le développement de la politique européenne de sécurité et de défense, créant les conditions de la formation d’une flotte européenne de transport commune et cohérente, susceptible d’être mise en œuvre avec une très grande efficacité. La France et l’Allemagne souhaitent en outre que les industriels associés à ce programme recherchent, dans leurs différents métiers, des opportunités de coopération industrielle avec la Russie et l’Ukraine. La France et l’Allemagne ont également l’intention de mettre en place un système d’observation satellitaire européen indépendant. A cet effet, l’Allemagne va acquérir un système de satellite radar tout temps. La France contribuera avec son système de satellite optique. Cette initiative bilatérale constituera la base d’un système européen d’observation, ouvert à d’autres partenaires européens. 4. S’agissant des aspects institutionnels, la France et l’Allemagne partagent l’objectif de doter l’Union européenne, dès que possible après le Conseil européen de Nice, des structures permanentes lui donnant la capacité opérationnelle nécessaire pour décider et agir face aux crises. 5. La démarche de l’Union européenne est ouverte et transparente. La France et l’Allemagne se félicitent des projets de l’UE pour le développement de relations avec l’OTAN et les pays européens non membres de l’Union. 6. La France et l’Allemagne s’accordent sur la nécessité de promouvoir au sein de l’UE une culture européenne de sécurité et de défense et une formation commune des responsables civils et militaires. A cette fin, des propositions concrètes pour la création d’un collège seront élaborées en vue d’être présentées aux partenaires de l’UE. 7. Les deux parties soulignent l’importance qu’elles attachent au renforcement dans l’UE du domaine de la gestion non militaire des crises, ce qui permettra à l’UE de disposer de la gamme complète des moyens nécessaires à la gestion des crises. 8. La convergence des efforts engagés en matière de défense dans nos deux pays, comme leur pleine adéquation au cadre européen défini à Helsinki, est un élément fondamental. La France partage pleinement les objectifs que l’Allemagne a assignés à l’adaptation de son outil de défense : une meilleure performance technologique, une plus grande capacité de réaction en temps de crise, une contribution harmonieuse à la fois aux objectifs européens et à la solidarité atlantique. 26 Conseil européen Santa Maria da Feira, 19 et 20 juin 2000 CONCLUSIONS DE LA PRÉSIDENCE (…) I.C. Politique européenne commune de sécurité et de défense 6. Le Conseil européen réaffirme qu’il est déterminé à élaborer une politique européenne commune de sécurité et de défense capable de renforcer l’action extérieure de l’Union en créant une capacité de gestion des crises, militaire et civile, dans le plein respect des principes de la charte des Nations Unies. 7. Le Conseil européen se félicite de la présentation par la présidence du rapport intitulé « Le renforcement de la politique européenne commune de sécurité et de défense », qui a été approuvé par le Conseil, et des documents qui l’accompagnent (cf. annexe I). Des progrès satisfaisants ont été réalisés dans la mise en œuvre du mandat d’Helsinki concernant les aspects tant militaires que civils de la gestion des crises. À cet égard, le Conseil européen prend note de la mise en place progressive du Comité politique et de sécurité intérimaire et des organes militaires intérimaires créés à Helsinki. 8. Il demeure essentiel pour la crédibilité et l’efficacité de la politique européenne commune de sécurité et de défense que les capacités militaires de l’Union européenne soient améliorées. Le Conseil européen est déterminé à atteindre les buts qui s’inscrivent dans le cadre de l’objectif global pour 2003, comme convenu à Helsinki. À cet égard, il attend avec intérêt les travaux de la conférence d’offres d’engagements en matière de capacités, qui aura lieu dans le courant de l’année et lors de laquelle les États membres présenteront leurs engagements nationaux initiaux, ainsi que la création d’un mécanisme d’évaluation destiné à mesurer les progrès réalisés dans l’accomplissement de ces objectifs. La transparence et le dialogue nécessaires entre l’Union et l’OTAN seront assurés et il sera fait appel aux compétences spécialisées de l’OTAN pour ce qui concerne les besoins liés aux objectifs en termes de capacités. 9. Les principes et modalités ont été définis en ce qui concerne les arrangements nécessaires pour permettre aux membres européens de l’OTAN qui ne font pas partie de l’UE et aux autres pays candidats à l’adhésion à l’UE de contribuer à la gestion militaire des crises par l’UE. Les principes de la consultation avec l’OTAN sur les questions militaires et les modalités du développement des relations entre l’UE et l’OTAN ont été définis selon quatre domaines couvrant les questions de sécurité, les objectifs en termes de capacités, les modalités permettant à l’UE d’avoir accès aux moyens de l’OTAN et la définition de mécanismes de consultation permanents. 10. Tous les États tiers partenaires sont invités à contribuer à l’amélioration des capacités 131 européennes. Le Conseil européen se félicite des offres faites par la Turquie, la Norvège, la Pologne et la République tchèque, qui étendront l’éventail des capacités disponibles pour les opérations menées par l’UE. 11. Le Conseil européen se félicite de la constitution du comité chargé des aspects civils de la gestion des crises, qui a tenu sa première réunion, ainsi que de la définition d’objectifs prioritaires pour les aspects civils de la gestion des crises et d’objectifs spécifiques pour les capacités en matière de police civile. À cet égard, les États membres, dans le cadre d’une coopération volontaire, se sont engagés à fournir, d’ici 2003, jusqu’à 5 000 policiers pour des missions internationales couvrant toute la gamme des opérations de prévention des conflits et de gestion des crises. Les États membres se sont aussi engagés à être en mesure de trouver et de déployer jusqu’à 1 000 policiers, dans un délai de trente jours. Le Conseil européen se félicite également de la volonté de la Commission de contribuer à la gestion civile des crises dans les limites de ses compétences. 12. Le Conseil européen souligne que l’Union, dans son approche de la prévention des conflits et de la gestion des crises, est déterminée à assumer pleinement ses responsabilités pour les missions de Petersberg, telles qu’elles ont été prévues à Helsinki,. Elle invite la prochaine présidence, ainsi que le Secrétaire Général/Haut Représentant, à faire avancer les travaux au sein du Conseil « Affaires générales », conformément aux mandats visés dans le rapport de la présidence, et à soumettre un rapport global au Conseil européen qui se tiendra à Nice. Les structures politiques et militaires permanentes seront mises en place dès que possible après la réunion de Nice. (…) ANNEXE I RAPPORT DE LA PRÉSIDENCE SUR LE RENFORCEMENT DE LA POLITIQUE EUROPÉENNE COMMUNE EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ ET DE DÉFENSE I. INTRODUCTION 1. A Cologne, le Conseil européen s’est dit déterminé à voir l’UE jouer pleinement son rôle sur la scène internationale, ajoutant qu’à cette fin l’UE doit être dotée des moyens et capacités nécessaires pour assumer ses responsabilités concernant une politique européenne commune en matière de sécurité et de défense. Depuis Cologne, l’Union européenne a entamé un processus visant à mettre en place les moyens et capacités nécessaires pour lui permettre de prendre des décisions sur l’ensemble des missions de prévention des conflits et de gestion des crises définies dans le traité sur l’Union européenne (« missions de Petersberg »), et de les mettre en œuvre. Cette évolution fait partie intégrante du renforcement de la politique étrangère et de sécurité commune et est fondée sur les principes énoncés à Helsinki. L’Union contribuera à la paix et à la sécurité internationales conformément aux principes de la Charte des Nations Unies. 2. Ayant approuvé les deux rapports de la Présidence finlandaise sur les aspects militaires et non militaires de la gestion des crises, y compris sur l’objectif global européen commun et sur les objectifs collectifs en termes de capacités, le Conseil européen d’Helsinki a invité la 132 Présidence portugaise, en association avec le Secrétaire général/Haut Représentant, à accorder la priorité à la poursuite, au sein du Conseil « Affaires générales », des travaux relatifs à tous les volets. La Présidence portugaise a été invitée à élaborer un premier rapport sur l’évolution de la situation pour le Conseil européen de Lisbonne et, à l’intention du Conseil européen de Feira, un rapport d’ensemble contenant des recommandations et des propositions appropriées, ainsi que des éléments de réponse à la question de savoir si une modification des traités est jugée nécessaire ou non. 3. Un premier rapport, présentant les travaux poursuivis dans le cadre du Conseil « Affaires générales » par la Présidence, en association avec Secrétaire général/Haut Représentant, a été présenté au Conseil européen de Lisbonne. Celui-ci s’est félicité des progrès déjà réalisés et notamment de ce que les organes intérimaires prévus à Helsinki soient désormais en place et commencent à fonctionner efficacement et de ce que le Conseil ait défini une procédure à suivre pour élaborer l’objectif global et recenser les contributions nationales qui permettront d’atteindre l’objectif en matière de capacités militaires. 4. Le Conseil européen de Lisbonne a déclaré qu’il attendait avec intérêt la suite des travaux que la Présidence, en association avec le Secrétaire général/Haut Représentant, effectuerait dans le cadre du Conseil, ainsi que le rapport d’ensemble qu’établirait la Présidence à l’intention du Conseil européen de Feira, notamment les propositions sur la participation de pays tiers à la gestion militaire des crises par l’UE et sur l’évolution extérieure des relations de l’UE avec l’OTAN. 5. Le Conseil européen de Lisbonne s’est en outre déclaré satisfait de ce qui avait été accompli sur le plan de la gestion non militaire des crises. Il a invité le Conseil à mettre en place, avant sa réunion de Feira ou lors de celle-ci, un comité chargé de la gestion civile des crises. 6. Depuis lors, les travaux ont été poursuivis sur tous les aspects de la gestion militaire et non militaire des crises et des progrès considérables ont été accomplis, notamment en ce qui concerne la définition d’arrangements appropriés pour la participation de pays tiers à la gestion militaire de crises par l’UE, ainsi que de principes et de modalités pour l’évolution ultérieure des relations entre l’UE et l’OTAN. L’élaboration de l’objectif global s’est poursuivie ; un comité chargé des aspects civils de la gestion des crises a été mis en place ; un mécanisme de coordination, fonctionnant en pleine interaction avec les services de la Commission, a été créé au Secrétariat du Conseil ; l’étude visant à définir des objectifs concrets dans le domaine des aspects civils de la gestion des crises a été menée à bien ; des objectifs concrets en matière de police civile ont été définis. 7. Le présent document constitue le rapport d’ensemble de la Présidence au Conseil européen de Feira et porte sur les aspects militaires (point II) et les aspects non militaires (point III) de la gestion des crises. Des travaux ont également été effectués sur le thème de la prévention des conflits. Il a été constaté qu’il serait utile de trouver des moyens d’améliorer la cohérence et l’efficacité de l’action de l’UE dans le domaine de la prévention des conflits. 8. Lors des travaux qui ont été réalisés au cours de la Présidence sur le renforcement de la gestion militaire et non militaire des crises et de la prévention des conflits, on a souligné 133 qu’il importait d’assurer, dans la gestion des crises par l’Union, un rapport étroit entre le domaine militaire et le domaine civil ainsi qu’une coopération entre la capacité de gestion des crises de l’UE, qui évolue rapidement, et les Nations Unies, l’OSCE et le Conseil de l’Europe. 9. Dans le cadre de la présentation du présent rapport, la Présidence a pris note de ce que le Danemark a rappelé le Protocole n° 5 annexé au traité d’Amsterdam sur la position de ce pays. II. ASPECTS MILITAIRES DE LA GESTION DES CRISES A. Elaboration de l’objectif global et des objectifs collectifs en termes de capacities 1. Concernant l’élaboration de l’objectif global et des objectifs collectifs en termes de capacités, le Conseil « Affaires générales », auquel participaient les ministres de la défense, a conclu, lors de sa session du 20 mars, que le document de réflexion intitulé « Élaboration de l’objectif global », y compris le calendrier qu’il prévoit en vue de la convocation d’une conférence d’offres d’engagements en matière de capacités avant la fin de l’année 2000, devrait servir de base aux travaux que mèneront à l’avenir les organes compétents. 2. Lors de sa session du 13 juin, le Conseil « Affaires générales », avec la participation des ministres de la défense, a approuvé les travaux effectués par l’Organe militaire intérimaire (dont un compte rendu lui a été transmis par l’intermédiaire du COPSI) jusqu’au premier séminaire d’experts nationaux en matière de planification dans le domaine de la défense, qui s’est tenu à Bruxelles du 22 au 24 mai 2000. Le Conseil, invitant les organes compétents à poursuivre sur cette base, a adopté les orientations suivantes pour la suite des travaux : − − − − − L’élaboration de l’objectif global et des objectifs collectifs en termes de capacités, qui ont été définis lors du Conseil européen d’Helsinki, devrait être réalisée par les Quinze, conformément à l’autonomie décisionnelle de l’UE et aux impératifs d’efficacité militaire. L’Organe militaire intérimaire proposera, sous le contrôle politique du COPSI, les éléments que comprendra l’objectif global. A cet effet, l’Organe militaire intérimaire définira les capacités dont l’UE a besoin pour assumer l’ensemble des missions de Petersberg. Dans le cadre de ses travaux destinés à élaborer l’objectif global et les objectifs relatifs aux capacités collectives sur la base de contributions des États membres, l’Organe militaire intérimaire, auquel participeront des représentants des capitales, convoquera également des réunions avec le commandant suprême adjoint des forces alliées en Europe et des experts de l’OTAN afin de bénéficier des compétences militaires de l’OTAN pour ce qui est des exigences liées à l’objectif global et aux objectifs relatifs aux capacités collectives. A cet égard, le groupe de travail ad hoc sur les objectifs collectifs en termes de capacités, prévu à l’appendice 2, constituera un élément supplémentaire de transparence et de dialogue entre l’UE et l’OTAN. 134 − Les exigences liées à l’objectif global définies par l’Organe militaire intérimaire au niveau des chefs d’état-major des armées constitueront, après avoir été approuvées par le Conseil, la base de l’examen par les États membres de leurs offres initiales de contributions nationales dans le cadre de l’objectif global. Ces contributions seront examinées par l’Organe militaire intérimaire. Ce processus doit être terminé avant la convocation de la conférence d’offres d’engagements en matière de capacités. − Il importera, pour les États membres concernés, d’assurer la cohérence avec le processus de planification et d’examen et le processus d’établissement des plans de défense de l’OTAN. − Conformément à la détermination manifestée à Helsinki et à Lisbonne, une fois que les besoins et les ressources disponibles auront été définis, les États membres, lors de la conférence d’offres d’engagements en matière de capacités, annonceront leurs engagements afin de permettre à l’UE d’atteindre l’objectif global et les objectifs relatifs aux capacités collectives. Il importera également de mettre en place un mécanisme d’évaluation permettant de mesurer les progrès accomplis vers la réalisation de ces objectifs. − L’Union européenne encouragera les pays tiers à apporter leur contribution sous la forme d’engagements complémentaires. Afin de permettre à ces pays de contribuer à améliorer les capacités militaires européennes, des arrangements appropriés seront arrêtés par la prochaine présidence en ce qui concerne la conférence d’offres d’engagements en matière de capacités. Ces arrangements tiendront compte des capacités des six États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE. L’Union européenne se félicite des offres de capacités que la Turquie, la Pologne et la République tchèque ont déjà faites. B. Recommandations concernant l’évolution institutionnelle des nouveaux organes politiques et militaires permanents liés à la PECSD au sein de l’UE Les organes politiques et militaires intérimaires ont été mis en place le 1er mars 2000. Compte tenu de l’expérience acquise depuis lors, des travaux ont été réalisés sur l’évolution institutionnelle des nouveaux organes politiques et militaires permanents, conformément aux conclusions d’Helsinki. D’autres travaux sont en cours, afin que la phase permanente puisse débuter le plus rapidement possible et permettre ainsi à la capacité de gestion des crises de l’UE de devenir opérationnelle. C. Propositions concernant les arrangements appropriés devant être conclus par le Conseil en ce qui concerne les modalités de consultation et/ou de participation qui permettront aux États tiers concernés de contribuer à la gestion militaire des crises par l’UE Les travaux ont été poursuivis sur les modalités de consultation et/ou de participation concernant les membres européens de l’OTAN ne faisant pas partie de l’Union européenne et d’autres pays candidats à l’adhésion à l’UE. Dans ce contexte, l’objectif a été de définir, conformément aux conclusions d’Helsinki, des arrangements pour le dialogue, la consultation et la coopération sur des questions liées à la gestion des crises garantissant l’autonomie décisionnelle de l’UE. Ces arrangements 135 prévoiront, pour la période intérimaire, des réunions avec les pays mentionnés ci-dessus ; ces réunions se dérouleront dans le cadre d’une structure unique incluant l’ensemble de ces pays et compléteront les réunions tenues dans le cadre du dialogue politique renforcé sur les questions relatives à la PESC. Au sein de cette structure, lorsque le sujet l’exige, des échanges auront lieu avec les pays européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE. Pour la phase permanente, les arrangements tiendront compte des différents besoins apparaissant en situation normale et dans la phase opérationnelle. Les résultats des travaux du Conseil figurent à l’appendice 1 du présent rapport. Des échanges ont eu lieu le 11 mai 2000 entre les directeurs politiques des États membres de l’UE et leurs homologues des États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et d’autres pays candidats, ainsi qu’entre les directeurs politiques des États membres de l’UE et leurs homologues des États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE. La Russie, l’Ukraine, d’autres États européens avec lesquels l’Union entretient un dialogue politique et d’autres États intéressés pourront être invités à participer aux opérations menées par l’UE. À cet égard, l’UE se félicite de l’intérêt manifesté par le Canada. La présidence française est invitée à poursuivre, en association avec le Secrétaire général/Haut Représentant, les travaux au sein du Conseil « Affaires générales » afin que des premières propositions puissent être faites au Conseil européen de Nice concernant des arrangements appropriés pour la consultation et/ou la participation permettant à ces autres partenaires potentiels de contribuer à la gestion militaire des crises par l’UE. D. Propositions concernant les principes de consultation avec l’OTAN sur les questions militaires et recommandations sur la mise au point de modalités applicables aux relations entre l’UE et l’OTAN, afin de permettre une coopération sur la réponse militaire appropriée à apporter en cas de crise Le Conseil a défini les principes sur la base desquels devraient se faire la consultation et la coopération avec l’OTAN. En ce qui concerne les modalités, le Conseil a recommandé que l’UE propose à l’OTAN la création de quatre groupes de travail ad hoc UE-OTAN sur les questions qui ont été identifiées dans ce contexte : questions liées à la sécurité, objectifs collectifs en termes de capacités, modalités permettant l’accès de l’UE aux moyens et capacités de l’OTAN et définition d’arrangements permanents pour la consultation UEOTAN. Les résultats des travaux du Conseil figurent à l’appendice 2 du présent rapport. E. Faut-il ou non modifier le Traité? Selon les dispositions existantes du TUE, les questions relatives à la sécurité de l’Union, y compris la définition progressive d’une politique de défense commune, relèvent de la politique étrangère et de sécurité commune régie par le titre V du traité. Sur cette base, le Conseil a décidé d’instituer le Comité politique et de sécurité intérimaire et l’Organe militaire intérimaire et d’adjoindre au Secrétariat du Conseil des experts militaires détachés des États membres. L’article 17 du TUE énonce expressément les missions de Petersberg 136 de la PESC. La présidence a pris note de l’avis du Service juridique du Conseil, dont la conclusion est ainsi formulée : « Le Service juridique du Conseil est d’avis que les conclusions du Conseil européen réuni à Cologne et à Helsinki relatives à la politique européenne de sécurité et de défense peuvent être mises en œuvre sans qu’il soit juridiquement nécessaire d’apporter des modifications au traité sur l’Union européenne. Toutefois, de telles modifications seraient nécessaires si l’on entendait transférer le pouvoir de décision du Conseil à un organe composé de fonctionnaires, ou modifier les dispositions du traité relatives à l’UEO. Par ailleurs, il appartient aux États membres de déterminer si des modifications au traité seraient politiquement souhaitables ou opérationnellement opportunes. » La présidence suggère que la question de la révision du traité continue d’être examinée entre les Conseils européens de Feira et de Nice. III. ASPECTS CIVILS DE LA GES TION DES CRISES 1. La présidence, en association avec le Secrétaire général/Haut Représentant, a répondu prioritairement à l’invitation du Conseil européen d’Helsinki de poursuivre les travaux sur tous les volets relatifs à la gestion civile des crises (voir annexe 2 à l’annexe IV des conclusions d’Helsinki). 2. L’objectif de ce travail a été de renforcer et de mieux coordonner les outils de réponse dont disposent et l’Union et les États membres pour la gestion non militaire des crises, une attention toute particulière ayant été accordée à la mise en place d’une capacité de réaction rapide, qui améliorera également la contribution de l’UE aux opérations de gestion de crise menées par des organisations internationales et régionales. 3. A la suite de ces travaux considérables, les mesures concrètes ci-après ont été prises : (a) Un comité chargé des aspects civils de la gestion des crises a été institué par une décision du Conseil adoptée le 22 mai 2000. Ce comité a tenu sa première réunion le 16 juin 2000. (b) Un mécanisme de coordination, fonctionnant en étroite interaction avec les services de la Commission, a été institué au Secrétariat du Conseil. Développant l’inventaire des ressources dont disposent les États membres et l’Union pour la gestion non militaire des crises, sa première priorité a été de créer une base de données sur les capacités de police civile afin de conserver et de partager des informations, de proposer des initiatives relatives aux capacités et de faciliter la définition d’objectifs concrets pour la réponse non militaire collective des États membres de l’UE. Ce mécanisme de coordination a renforcé sa coopération étroite avec le Centre de situation/cellule de crise intérimaire créé par le Secrétaire général/Haut Représentant. (c) Une étude (appendice 3), tirant parti de l’expérience acquise lors de crises récentes et actuelles, des compétences existant au sein des États membres et des résultats du séminaire sur la gestion civile des crises qui s’est tenu à Lisbonne les 3 et 4 avril 2000, a été réalisée pour définir des objectifs concrets dans le domaine des aspects civils de la gestion des 137 crises. Cette étude définit des priorités sur lesquelles l’UE ciblera ses efforts coordonnés dans une première phase, sans exclure l’utilisation de tous les autres outils dont peuvent disposer l’Union et ses États membres. (d) Des objectifs concrets pour les capacités de police civile ont été fixés et sont exposés à l’appendice 4. En particulier, les États membres devraient se fixer comme objectif final d’ici 2003 de fournir, par une coopération volontaire, jusqu’à 5 000 policiers pour des missions internationales couvrant l’ensemble des opérations de prévention des conflits et de gestion des crises et pour répondre aux besoins spécifiques apparaissant aux différents stades de ces opérations. À l’intérieur de l’objectif défini pour les capacités globales de l’UE, les États membres s’engagent à être en mesure d’identifier et de déployer, dans un délai de 30 jours, jusqu’à 1000 policiers. En outre, des travaux seront poursuivis pour définir les références et les orientations de l’UE en matière de missions de police internationale. 4. En outre, la Commission a transmis au Conseil, qui l’examine, une proposition de règlement du Conseil portant création du dispositif de réaction rapide à l’appui des activités de l’UE telles qu’elles sont évoquées dans le rapport d’Helsinki. IV. SUIVI 1. La présidence française est invitée, en association avec le Secrétaire général/Haut Représentant, à poursuivre les travaux au sein du Conseil « Affaires générales » sur le renforcement de la politique européenne commune en matière de sécurité et de défense. La présidence française est invitée à adresser au Conseil européen de Nice un rapport qui porte notamment sur les points suivants : (a) l’élaboration de l’objectif global et des objectifs collectifs en termes de capacités arrêtés à Helsinki, y compris en ce qui concerne les résultats de la Conférence d’offres d’engagement en matière de capacités, qui doit être organisée avant le Conseil de Nice ; (b) la création de structures politiques et militaires permanentes, qui devront être mises en place le plus rapidement possible après le Conseil européen de Nice ; (c) l’incorporation dans l’UE des fonctions appropriées de l’UEO dans le domaine des missions de Petersberg ; (d) la mise en œuvre des décisions de Feira sur : – – les arrangements qui permettront, dans la gestion militaire de crises par l’UE, la consultation et la participation de pays tiers ; la définition, sur la base des travaux entrepris dans les groupes de travail ad hoc UEOTAN, des arrangements permettant de procéder à des consultations et de coopérer avec l’OTAN dans la gestion militaire des crises ; (e) la définition et la mise en œuvre de capacités de l’UE dans les aspects civils de la gestion de crises, y compris la définition d’objectifs concrets. 2. La question de la révision du traité devrait continuer d’être examinée entre les Conseils européens de Feira et de Nice. 138 3. Le Secrétaire général/Haut Représentant et la Commission sont invités à soumettre au Conseil européen de Nice, dans la perspective des travaux futurs, des recommandations concrètes sur la manière d’améliorer la cohérence et l’efficacité de l’action de l’Union européenne dans le domaine de la prévention des conflits, en tenant pleinement compte et en tirant tout le parti voulu des instruments, des capacités et des orientations politiques existantes. APPENDICE 1 ARRANGEMENTS DEVANT ÊTRE CONCLUS PAR LE CONSEIL EN CE QUI CONCERNE LES MODALITÉS DE CONSULTATION ET/OU DE PARTICIPATION QUI PERMETTRONT AUX ÉTATS EUROPÉENS MEMBRES DE L’OTAN NE FAISANT PAS PARTIE DE L’UE, ET À D’AUTRES PAYS CANDIDATS À L’ADHÉSION À L’UE, DE CONTRIBUER À LA GESTION MILITAIRE DES CRISES PAR L’UE MANDAT 1. Dans les conclusions du Conseil européen d’Helsinki, la présidence portugaise est « invitée à (…) faire rapport au Conseil européen de Feira sur les progrès accomplis, notamment par (…) des propositions relatives aux arrangements appropriés devant être conclus par le Conseil en ce qui concerne des modalités de consultation et/ou de participation permettant aux États tiers concernés de contribuer aux opérations militaires de gestion des crises dirigées par l’UE ». PRINCIPES DIRECTEURS 2. L’Union assurera le dialogue, la consultation et la coopération nécessaires avec les États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE, et avec d’autres pays qui sont candidats à l’adhésion à l’UE, en ce qui concerne la gestion des crises dirigée par l’UE. 3. Des arrangements appropriés seront mis en place afin de permettre dialogue et échanges d’informations sur des questions liées à la politique de sécurité et de défense et à la gestion des crises. 4. L’autonomie de décision de l’UE et le cadre institutionnel unique de l’Union seront pleinement respectés. 5. Il y aura une structure unique incluant l’ensemble des quinze pays concernés (les États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et les pays candidats à l’adhésion à l’UE) au sein de laquelle ils pourront mener le dialogue, la consultation et la cooperation nécessaires avec l’UE. 6. Au sein de cette structure, des échanges auront lieu avec les États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE, lorsque le point à traiter l’exige, par exemple s’il s’agit de questions relatives à la nature et au fonctionnement d’opérations dirigées par l’UE, avec recours aux moyens et capacités de l’OTAN. 139 MODALITÉS 7. Les modalités de participation des États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et des pays candidats, qui devront être arrêtées pour la phase permanente, devront tenir compte des différents besoins résultant de situations distinctes : − − Situation normale en l’absence de crise: mécanisme de dialogue régulier ; Phase opérationnelle, comprenant deux étapes : (a) une phase pré-opérationnelle: diverses possibilités d’actions sont envisagées et le dialogue et les consultations seront intensifiés ; (b) la phase opérationnelle stricto sensu : elle commence lorsque le Conseil décide de lancer une opération et un comité ad hoc des contributeurs est créé. Il sera pleinement tenu compte du rôle du Secrétaire général/Haut Représentant dans le cadre de la PESC et la PECSD de l’UE. A. En ce qui concerne la période intérimaire 8. Jusqu’à ce que les modalités arrêtées pour la phase permanente soient mises en œuvre, des réunions auront lieu avec les quinze pays concernés (les États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et les pays candidats à l’adhésion à l’UE) au sein de la structure unique incluant l’ensemble des pays concernés visée au point 5. Le choix de la forme et des modalités appropriées s’inspirera de considérations de pragmatisme et d’efficacité, en fonction des circonstances, de la question concernée et des besoins. 9. Deux réunions au moins en formation UE + 15, portant sur des questions liées à la PESD, seront organisées sous chaque présidence. Ces réunions compléteront les réunions qui se tiennent dans le cadre du dialogue politique renforcé en matière de PESC. 10. Dans ce cadre, deux réunions au moins seront organisées sous chaque présidence avec les six États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE (formation UE + 6). Des échanges supplémentaires seront organisés s’il y a lieu, sur décision du Conseil ou du COPSI. 11. Dans le cadre visé au point 8, une réunion au niveau ministériel associant les 15 et les 6 sera organisée sous chaque présidence. 12. Les échanges prévus aux points 9 et 10 porteront sur l’élaboration tant de l’objectif global que des objectifs en termes de capacités, de manière à informer pleinement les pays membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE des travaux en cours concernant la liste des moyens nécessaires. Afin de permettre à ces pays de contribuer à l’amélioration des capacités militaires européennes, des arrangements appropriés seront arrêtés par la future présidence en ce qui concerne la Conférence d’offres d’engagements en matière de capacités. Ces arrangements tiendront compte des capacités des six États memb res de l’OTAN ne faisant pas partie de l’OTAN. 140 B. En ce qui concerne la phase permanente - Situation normale 13. Dans une situation normale, des échanges auront lieu sur des questions liées à la politique en matière de sécurité et de défense, et notamment sur les progrès accomplis, au sein de l’Union, dans la mise en place des capacités de gestion des crises. 14. En situation normale, il faudrait prévoir au cours de chaque semestre : − − − des réunions périodiques en formation UE + 15, au niveau appropriée ; deux réunions au moins associant les États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE, en formation UE + 6 ; des réunions supplémentaires seront organisées s’il y a lieu, sur décision du Conseil ou du COPS. Le COPS jouera un rôle de premier plan dans la mise en œuvre de ce dispositif, qui devrait également inclure des échanges au niveau militaire. 15. Les arrangements relatifs aux réunions ministérielles au cours de la phase permanente tiendront compte de l’expérience accumulée lors de la période intérimaire. 16. Les échanges faciliteront la participation des pays concernés aux opérations dirigées par l’UE. - Phase opérationnelle (a) Phase préopérationnelle 17. En cas de crise, le dialogue et la consultation seront intensifiés. 18. Lorsqu’est examinée l’éventualité d’une opération militaire de gestion de crises dirigée par l’UE, ces consultations constitueront le cadre permettant de procéder à des échanges de vues et à des discussions sur tout problème de sécurité connexe soulevé par les pays concernés. Lorsque l’UE envisage sérieusement de recourir à des moyens de l’OTAN, une attention particulière sera accordée à la consultation des six États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE. (b) Phase opérationnelle stricto sensu 19. Lorsqu’elle décide de recourir à l’option militaire, l’UE traitera la participation des pays membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et d’autres pays qui sont candidats à l’adhésion à l’UE selon les dispositions convenues à Helsinki: « En cas de décision prise par le Conseil de lancer une opération, les membres européens de l’OTAN non membres de l’UE participeront à celle-ci, s’ils le souhaitent, s’il s’agit d’une opération nécessitant un recours aux moyens et capacités de l’OTAN. Ils seront invités, sur 141 décision du Conseil, à participer à des opérations pour lesquelles l’UE n’a pas recours aux moyens de l’OTAN. D’autres pays qui sont candidats à l’adhésion à l’UE pourront aussi être invités par le Conseil à participer à des opérations dirigées par l’UE, une fois que le Conseil aura décidé de lancer de telles opérations. » 20. La phase opérationnelle démarrera lorsque le Conseil décide de lancer une opération militaire de gestion de crises. Les États membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et les pays candidats à l’adhésion ayant confirmé leur participation à une opération dirigée par l’UE par le déploiement de forces militaires considérables auront les mêmes droits et obligations que les États membres participants de l’UE, quant à la gestion courante de l’opération. 21. Un comité ad hoc de contributeurs, composé de l’ensemble des États membres de l’UE ainsi que des autres pays participants, sera créé afin d’assurer la gestion courante de l’opération. Le Conseil/COPS sera chargé du contrôle politique et de la direction stratégique de l’opération. Pour ce qui est de la gestion courante militaire de l’opération, les fonctions et les rôles du CM et du commandant de l’opération seront fixés dans les arrangements pertinents. 22. Le Conseil, après la tenue de consultations entre les États participants au sein du Comité ad hoc des contributeurs, prend la décision de mettre fin à une opération. 23. Le Conseil entérinera officiellement les arrangements nécessaires le moment voulu et examinera les possibilités dont il dispose à cette fin. APPENDICE 2 PRINCIPES DE CONSULTATION AVEC L’OTAN SUR LES QUESTIONS MILITAIRES ET RECOMMANDATIONS SUR LA MISE AU POINT DE MODALITÉS APPLICABLES AUX RELATIONS ENTRE L’UE ET L’OTAN MANDAT Le Conseil européen d’Helsinki a invité la présidence portugaise à faire rapport au Conseil européen de Feira sur les progrès accomplis, notamment par des « propositions sur des principes de consultation avec l’OTAN sur les questions militaires et des recommandations sur le développement de modalités applicables aux relations entre l’UE et l’OTAN, afin de permettre une coopération sur la réponse militaire appropriée à apporter en cas de crise, conformément à ce qui a été arrêté à Washington et à Cologne ». PRINCIPES 1. Le développement de la consultation et de la coopération entre l’UE et l’OTAN doit avoir lieu dans le respect total de l’autonomie de l’UE en matière de prise de décision. 142 2. L’UE et l’OTAN ont entrepris de renforcer et de développer encore leur coopération en matière de gestion militaire des crises, sur la base de valeurs communes, du principe d’égalité et dans un esprit de partenariat. L’objectif visé est celui d’une consultation, d’une coopération et d’une transparence complètes et réelles, en vue de déterminer quelle est la réponse militaire la plus appropriée en cas de crise et de prendre des décisions rapides en la matière, ainsi que d’assurer une gestion efficace des crises. À cet égard, les objectifs de l’UE en matière de capacités militaires et ceux découlant, pour les pays concernés, de l’initiative de l’OTAN sur les capacités de défense se renforceront mutuellement. 3. Si elles se renforcent mutuellement dans la gestion des crises, l’UE et l’OTAN n’en sont pas moins des organisations de nature différente. Il en sera tenu compte dans les dispositions concernant leurs relations ainsi que dans l’évaluation qui sera faite par l’UE des procédures régissant actuellement les relations UEO/OTAN en vue de les adapter éventuellement à un cadre UE-OTAN. 4. Les dispositions et les modalités applicables aux relations entre l’UE et l’OTAN refléteront le fait que chacune de ces organisations traitera avec l’autre sur un pied d’égalité. 5. Dans les relations entre l’UE et l’OTAN en tant qu’institutions, il n’y aura de discrimination à l’égard d’aucun des États membres. QUESTIONS À INTÉRIMAIRE TRAITER ET MODALITÉS CONCERNANT LA PÉRIODE Les contacts avec l’OTAN (contacts informels entre les Secrétariats généraux, réunions d’information de la présidence portugaise au sein du Conseil de l’Atlantique Nord) ont eu lieu conformément à ce qui a été défini à Helsinki pour la phase initiale, durant laquelle les organes intérimaires de l’UE se sont concentrés sur leur propre mise en place. Il est à présent nécessaire que les relations UE-OTAN connaissent une nouvelle évolution. A. Questions à traiter 1. Sécurité : Les efforts déployés par l’UE pour mettre au point ses propres arrangements en matière de sécurité (sécurité matérielle et sécurité des personnes, travaux en vue d’un accord de sécurité de l’UE) constituent une priorité absolue. Sur cette base, l’Union devra établir un dialogue avec l’OTAN afin de définir des arrangements en matière de sécurité entre ces deux organisations. Ces discussions devraient déboucher sur un accord qui régira entre autres l’échange d’informations et l’accès aux structures de planification de l’OTAN des fonctionnaires de l’UE et de ses États membres désignés à cet effet. 2. Définition des objectifs de capacités : Pour faire en sorte que « ces objectifs et ceux découlant, pour les pays concernés, de l’initiative de l’OTAN sur les capacités de défense (ICD) se [renforcent] mutuellement », des modalités de consultation sur ces questions devront être définies. Ces modalités devraient permettre à l’UE de tirer parti, selon les besoins, des compétences militaires de l’OTAN, à mesure que l’UE élabore son objectif global en s’appuyant sur les contributions des États membres. Une fois que son objectif global et ses objectifs de capacités seront définis, l’UE élaborera, comme convenu à 143 Helsinki, une méthode de consultation grâce à laquelle il sera possible d’atteindre et de tenir ces objectifs et par laquelle chaque État membre pourra définir sa contribution nationale, reflétant ainsi la volonté politique et la détermination des États membres d’atteindre ces objectifs. Cela comportera aussi un examen régulier des progrès réalisés. Les États membres utiliseront en outre les procédures de planification existantes en matière de défense, y compris, si cela est approprié, celles de l’OTAN et du processus de planification et de révision du Partenariat pour la paix (PpP). 3. Dispositions permettant à l’UE d’avoir accès aux moyens et aux capacités de l’OTAN (accords de Berlin et de Washington) : Lors des Conseils d’Helsinki et de Cologne, deux approches concernant la mise en œuvre des opérations menées par l’UE ont été définies : l’une avec les moyens de l’OTAN, l’autre sans les moyens de l’OTAN. Pour utiliser les moyens de l’OTAN, il importe de progresser dans l’établissement en commune des modalités pratiques afin de mettre au point un accord. Cet accord devra être prêt lorsque l’UE deviendra opérationnelle. L’UE attend, pour ce faire, des progrès importants au sein de l’OTAN. 4. Mise au point d’arrangements permanents : A la suite du Conseil européen de Feira, il sera nécessaire de procéder à des discussions afin de déterminer la nature des dispositions permanentes qui régiront les relations entre l’UE et l’OTAN et qui devraient se fonder sur les principes définis ci-dessus. Les travaux préparatoires entrepris sur ces quatre questions permettront de préparer le terrain pour la mise en place des arrangements permanents entre l’OTAN et l’UE. Notre objectif est que ces arrangements soient prêts en même temps que seront mises en place les structures permanentes de l’UE, à la suite du Conseil européen de Nice. B. Modalités 1. Le Conseil européen de Feira devrait décider de proposer à l’OTAN de créer des « groupes de travail ad hoc » UE-OTAN pour chacune des questions mentionnées cidessus. 2. Les « groupes de travail ad hoc » seraient chargés des tâches suivantes : (a) pour les questions de sécurité : élaborer un accord de sécurité UE-OTAN ; (b) pour les objectifs de capacités : mettre en œuvre un échange d’informations et débattre avec l’OTAN de l’élaboration des objectifs de capacités. Il va de soi que le commandant suprême adjoint des forces alliées en Europe pourrait participer à ces travaux, le cas échéant ; (c) pour les dispositions permettant à l’UE d’avoir accès aux moyens de l’OTAN (accords de Berlin et de Washington) : élaborer un accord sur les modalités de l’accès de l’UE aux moyens et aux capacités de l’OTAN, comme convenu à Washington (projet d’accord-cadre 144 sur la mise en œuvre de « Berlin plus »). Il va de soi que le commandant suprême adjoint des forces alliées en Europe devrait participer à ces travaux ; (d) pour la définition des arrangements permanents : définir les principaux paramètres d’un accord UE-OTAN qui donnerait un caractère formel aux structures et aux procédures de consultation entre les deux organisations en temps de crise et en temps normal. 3. Si, compte tenu des principes définis ci-dessus, de nouvelles questions devaient se poser pour lesquelles des consultations entre l’UE et l’OTAN apparaissent nécessaires, la création d’autres « groupes de travail ad hoc » pourrait être envisagée. 4. Du côté de l’UE, le Comité politique et de sécurité intérimaire sera chargé de cordonner les travaux des « groupes de travail ad hoc », et sera un interlocuteur central dans le cadre du dialogue. APPENDICE 3 ÉTUDE DES OBJECTIFS CONCRETS DES ASPECTS CIVILS DE LA GESTION DES CRISES A. Introduction Le Conseil européen s’est déclaré déterminé à renforcer et à améliorer l’efficacité de la capacité de l’Union à répondre aux crises, y compris par des actions dans des domaines civils. Cette efficacité accrue pourrait être utilisée aussi bien à la demande d’une organisation chef de file telle que l’ONU ou l’OSCE que, le cas échéant, dans le cadre d’actions autonomes de l’UE. L’Union devrait s’efforcer de renforcer ses capacités dans les aspects civils de la gestion des crises dans tous les domaines concernés, avec l’objectif d’améliorer les moyens dont elle dispose pour sauver des vies humaines en situation de crise, de maintenir le minimum indispensable d’ordre public, de prévenir une nouvelle escalade, de faciliter le retour à une situation durable de paix et de stabilité, de gérer les effets négatifs des crises sur les pays de l’UE et de résoudre les problèmes de coordination qui se posent. Une attention particulière pourrait être accordée aux domaines dans lesquels, jusqu’à présent, la communauté internationale a montré des faiblesses. Cela fournirait une « valeur ajoutée » en améliorant la capacité de l’Union à réagir et à répondre aux demandes des autres organisations chef de file : celles-ci pourraient compter, de manière plus systématique, sur une contribution quantitative et qualitative assez considérable susceptible de constituer l’élément de base de certaines de leurs missions. Cela permettrait, par contrecoup, d’accroître la visibilité de l’Union. Le renforcement des capacités de l’Union dans les aspects civils de la gestion des crises devrait avant tout lui fournir des moyens suffisants pour faire face à des crises politiques complexes : − en oeuvrant pour prévenir l’apparition ou l’intensification des conflits ; 145 − − en consolidant la paix et la stabilité interne dans les périodes de transition ; en assurant une complémentarité entre les aspects civils et militaires de la gestion des crises de manière à couvrir tout l’éventail des missions de Petersberg. Il a été convenu qu’il conviendrait au préalable de recenser des objectifs concrets, selon une approche pragmatique « par le bas », axée sur les besoins opérationnels et reflétant les preoccupations politiques du Conseil européen. Les bilans qui ont été dressés montrent clairement que les États membres et/ou l’Union ont acquis une expérience considérable ou disposent, dans un grand nombre de domaines, de ressources considérables, dont certaines sont déjà utilisées dans la coopération au développement. En tirant pleinement parti des expériences, instruments et ressources existants et faisant fond sur eux, l’Union devrait en priorité porter ses efforts sur les domaines dans lesquels la nécessité d’une réaction rapide est la plus pressante et où la valeur ajoutée que constitue un effort accru et coordonné de l’Union et des États membres est la plus évidente. Ce processus pourrait être élargi progressivement de manière à couvrir un large éventail d’opérations limitées et complexes de gestion civile des crises. Toutefois, le recensement de priorités sur lesquelles l’UE portera dans un premier temps ses efforts coordonnés n’exclut nullement l’utilisation, par l’Union et les États membres, de tous les autres instruments disponibles. B. Priorités Le premier domaine prioritaire, recensé à la lumière des crises auxquelles l’Europe a dû récemment faire face et auxquelles elle se trouve encore confrontée, est celui de la police. I. POLICE Des objectifs concrets concernant les capacités en matière de police, à réaliser d’ici 2003, ont été fixés par les États membres, qui ont coopéré au titre de l’article 12, cinquième tiret, du TUE. Ces objectifs concrets sont développés en détail à l’appendice 4 du présent rapport. II. RENFORCEMENT DE L’ÉTAT DE DROIT L’intensification des travaux concernant la police doit nécessairement aller de pair avec des travaux jugés nécessaires dans d’autres domaines si l’on veut qu’une mission de police aboutisse à des résultats positifs. Le domaine le plus particulièrement concerné est l’aide au rétablissement d’un système judiciaire et pénitentiaire. Les mesures ci-après pourraient être envisagées : (i) les États membres pourraient mettre en place un régime national pour la désignation de juges, procureurs, experts en matière pénitentiaire et d’autres catégories concernées au sein du système judiciaire et pénitentiaire, qui seraient déployés rapidement dans le cadre d’opérations de maintien de la paix, et réfléchir aux moyens de leur assurer une formation appropriée ; 146 (ii) l’UE pourrait se donner pour objectif de favoriser l’élaboration d’orientations relatives à la désignation et à la formation de juges pour les tribunaux internationaux et d’experts en matière pénitentiaire, en liaison avec les Nations Unies et les organisations régionales (notamment le Conseil de l’Europe et l’OSCE) ; (iii) l’UE pourrait réfléchir au moyen de soutenir la mise en place/rénovation d’infrastructures des tribunaux et prisons locaux ainsi que le recrutement de personnel pour les tribunaux locaux et de gardiens de prison dans le cadre des opérations d’appui à la paix. III. RENFORCEMENT DE L’ADMINISTRATION CIVILE Un autre domaine qu’il est nécessaire de renforcer, si l’on veut soutenir efficacement les sociétés en transition, est celui de l’administration civile. (i) Les États membres pourraient réfléchir au moyen d’améliorer les modalités de désignation, formation et déploiement des experts en matière d’administration civile pour des missions concernant le rétablissement de systèmes administratifs effondrés ; (ii) les États membres pourraient également envisager de se charger de la formation des fonctionnaires de l’administration civile locale dans les sociétés en transition. IV. PROTECTION CIVILE Outre les domaines prioritaires susmentionnés, les États membres ont également recensé le domaine de la protection civile, y compris les missions de recherche et de sauvetage dans le cadre d’opérations de secours en cas de catastrophe. Il est nécessaire d’établir une distinction entre les opérations de protection civile dans le cadre des opérations de gestion des crises et les autres types d’opérations de secours en cas de catastrophe, ce dernier type d’opérations ayant des caractéristiques spécifiques. Cela étant, en ce qui concerne les opérations de gestion des crises dans le cadre de la PESC, il devrait également être possible de recourir aux instruments et capacités des États membres de l’UE en matière protection civile. Bien que des mécanismes spécifiques de coordination existent déjà dans le domaine de la protection civile, on estime, à la lumière de l’expérience acquise lors de récentes catastrophes naturelles majeures, qu’il est nécessaire et possible d’apporter des améliorations. Des idées ont été présentées, visant à mieux organiser la réaction de l’Union, telles que l’introduction de la notion de pays chefs de file ou celle de la spécialisation. Les travaux en cours au sein du Conseil, auxquels participent des experts en la matière, permettront de définir des objectifs concrets également dans ce domaine. Ces objectifs concrets pourraient être définis en termes des ressources humaines et matérielles que chaque État membre pourrait fournir, de type de mandat et de nature de l’opération pour les pays participants, ainsi que de promotion de la compatibilité des équipements entre les États membres. 147 C. Ressources Une coordination améliorée au niveau de l’UE peut conduire à une efficacité et une synergie accrues dans la réaction de l’Union. Cela permettra non seulement au Conseil européen de définir des objectifs concrets, mais aussi d’améliorer de manière tangible la contribution aux opérations de gestion des crises. D. Poursuite des travaux sur les objectifs concrets après le sommet de Feira Le Comité chargé des aspects civils de la gestion des crises pourrait travailler au développement et à la poursuite de l’élaboration des objectifs concrets définis par le Conseil européen de Feira, ainsi que dans d’autres domaines allant au-delà des domaines prioritaires déjà recensés. À cet effet, le comité devrait s’adjoindre des experts des administrations nationales concernées, c’est-à-dire des experts pouvant fournir des avis techniques sur la police, les aspects judiciaires et pénitentiaires, l’administration civile, l’aide humanitaire ainsi que l’interface entre la gestion des crises et la coopération au développement. On pourrait en outre se donner pour tâche d’aborder le recensement des capacités nationales, dans la perspective d’atteindre des objectifs collectifs, compte tenu des domaines d’expertise ou de spécialisation des États membres. Il est noté que la Commission présentera sous peu un inventaire opérationnel des actions déjà menées par l’Union ainsi que des propositions dans le domaine de la protection civile. APPENDICE 4 OBJECTIFS CONCRETS RELATIFS À LA POLICE A. OBJECTIFS CONCRETS Afin de développer les capacités en matière police, les États membres, coopérant volontairement au titre de l’article 12, cinquième tiret, du traité sur l’Union européenne, se sont fixé les objectifs concrets énoncés ci-après, à réaliser d’ici 2003. Les objectifs sont liés entre eux, mais mettent l’accent sur des aspects différents des capacités de l’UE en matière de police. À cet égard, l’objectif de la capacité de déploiement rapide (point 2 ci-dessous) est défini comme s’inscrivant dans l’objectif relatif aux capacités globales de l’UE (point 1 ci-dessous). 1. CAPACITÉS GLOBALES DE L’UE Reconnaissant le rôle central que joue la police dans les opérations de gestion des crises internationales et la nécessité croissante d’affecter des policiers à ces opérations, les États membres de l’UE s’engagent à renforcer leur capacité à fournir des policiers pour les opérations internationales de police auxquelles ils décident volontairement de contribuer. Les contributions des États membres tiendront compte des régimes spécifiques existant au 148 niveau national en matière d’opérations de police, ainsi que du type d’expertise qu’ils peuvent fournir en la matière. Tout en renforçant graduellement leurs capacités, les États membres devraient, à titre d’objectif final, être en mesure de fournir 5000 policiers à affecter à des missions internationales englobant les opérations de prévention et celles de gestion des crises ainsi qu’en réponse aux nécessités spécifiques, aux différents stades de ces opérations. Actuellement, le nombre total de personnes déployées par les États membres de l’UE est d’environ 3 300. A cet effet, il faudra au préalable, recenser et former une réserve suffisamment importante de personnel de police, qui couvrira tous les secteurs d’activité de la police requis au niveau international, compte tenu également des avantages comparatifs ainsi que des contraintes spécifiques des services de police des États membres. Cela pourrait aussi nécessiter un renforcement des mécanismes de rotation ainsi que des ressources financières et logistiques suffisantes. Les États membres partageront les expériences acquises au niveau national en vue de formuler des recommandations spécifiques sur l’accroissement du nombre de policiers disponibles pour des missions internationales (en examinant, entre autres, la possibilité d’un recours accru à des policiers en instance de retraite, ou récemment retraités, et à la possibilité de libérer des capacités de police grâce à une participation accrue d’experts de secteurs connexes). À cet égard, il convient d’accorder l’attention qu’il convient à la possibilité de mettre davantage l’accent sur la formation de la police locale car cela pourrait contribuer à la réduction de la taille et de la durée du déploiement international de police. L’objectif relatif aux capacités globales de l’UE en matière de police peut être étendu de manière à couvrir également le soutien international aux systèmes judiciaire et pénitentiaire, dont les carences peuvent, dans certaines crises, avoir des répercussions considérables sur la crédibilité et l’efficacité de la présence d’une force de police internationale. 2. CAPACITÉ DE DÉPLOIEMENT RAPIDE Le déploiement des effectifs de police de l’UE peut s’effectuer soit en réponse à une demande d’une organisation internationale chef de file, notamment les Nations Unies ou l’OSCE, soit en tant qu’opération autonome de police de l’UE, éventuellement dans le cadre d’une opération de gestion de crise de plus grande envergure conduite par l’UE, une fois que le cadre nécessaire de programmation et logistique de l’UE a été défini. Dans la limite de l’objectif relatif aux capacités globales de l’UE, les États membres s’engagent à prendre les mesures nécessaires pour recenser et déployer, dans un délai de 30 jours, des forces de police en mesure d’exécuter des opérations et des missions de conseil, formation et surveillance policières ainsi que des fonctions d’encadrement: − afin de prévenir et d’atténuer les crises et les conflits internes (par exemple dans le cas de la MINUGUA au Guatemala) ; − − 149 dans des situations non stabilisées, par exemple celles qui suivent immédiatement un conflit, exigeant des forces solides en mesure de rétablir la loi et l’ordre (comme, par exemple, dans le cas de la MINUK/KFOR au Kosovo et de l’ATNUTO au Timor oriental) ; afin de soutenir la police locale, de faire respecter les normes fondamentales en matière de droits de l’homme (comme par exemple l’UEO/EMCP en Albanie, l’UEOPOL à Mostar et l’ONUSAL au Salvador et, dans les cas où la police internationale joue un rôle d’encadrement, afin de permettre à nouveau à la police locale d’assurer rapidement ses fonctions en matière répressive (comme dans le cas de l’OSCE/KPSS au Kosovo.) L’expérience a montré que la tâche la plus difficile parmi celles que comporte la gestion des crises peut exiger le déploiement d’effectifs pouvant aller jusqu’à 1 000 policiers des États membres de l’UE dans un délai de 30 jours. Il sera nécessaire que les instances appropriées du Conseil définissent de manière plus approfondie chacune des missions relevant de ces tâches générales. Compte tenu des exigences spécifiques qui s’imposent aux services de police internationale remplissant des tâches d’encadrement dans des situations non stabilisées, et notamment pendant la période de transition entre un commandement militaire initial et le commandement civil qui lui succède, une attention particulière sera accordée à la proposition visant à mettre en place des unités de police intégrées de l’Union européenne, solides, à déploiement rapide, flexibles et interopérables, ainsi qu’à la possibilité qu’un nombre réduit d’États members coopèrent en vue de mettre en place les capacités dans ce domaine spécifique. Afin de respecter le délai imparti pour le déploiement, les États membres et l’UE renforceront encore, le cas échéant, la capacité à contribuer, avec le degré d’expertise voulu, à la constitution d’une équipe préparatoire conduite par l’organisation chef de file, ainsi que, le moment venu, à déployer des équipes préparatoires composées d’experts confirmés de la police chargés d’évaluer les risques que comporte la définition, la programmation et la mise en place d’une mission de police menée par l’UE. Dans ce contexte, l’UE devrait être en mesure de fournir et de déployer des experts juridiques afin de préparer le soutien à apporter aux systèmes judiciaire et pénitentiaire locaux, ainsi que des experts en matière de soutien dans le domaine du génie, de la logistique et de l’administration. Les États membres échangeront les informations et les expériences acquises sur les methodes permettant de mettre en place des forces de police à déploiement rapide, par le biais notamment du recours à des forces de police préalablement choisies qui, tout en participant activement au travail de police sur le plan national, seraient rapidement disponibles pour des missions de police. 3. RELEVER LES NORMES RELATIVES AUX MISSIONS DE POLICE INTERNATIONALES Les États membres et l’UE peuvent jouer un rôle de catalyseur pour le relèvement des normes relatives aux opérations de police internationales, y compris dans le cadre et par le 150 biais des Nations Unies et de l’OSCE. Par conséquent, l’UE et les États membres entameront les travaux en vue de définir un concept communautaire d’opérations de police internationales. Ces travaux seront menés en coopération étroite avec le DPKO des Nations Unies, sur la base d’orientations existantes des Nations Unies et en évitant les doubles emplois dans le cadre des Nations Unies et feront fond sur l’expertise des États membres et de l’UE en matière de police. Les premières discussions sur ce sujet ont laissé apparaître qu’il était nécessaire, entre autres, de : (1) définir les catégories de policiers et d’experts les plus appropriées en fonction des différentes tâches à remplir, y compris les priorités pour le déploiement, sur la base de scénarios ou des fiches descriptives illustrant le rôle joué par la police dans toute la diversité des situations et aux différents stades des opérations de prévention et de gestion des crises, compte tenu de la nécessité d’assurer la flexibilité de l’intervention ; (2) contribuer à l’élaboration d’un concept générique de l’encadrement policier, notamment en ce qui concerne l’interaction entre forces militaires et forces de police dans des situations d’après -conflit où les deux forces sont déployées parallèlement ; (3) contribuer à clarifier le cadre législatif dont relève l’exécution des opérations de police internationales ; (4) contribuer à définir des mandats internationaux clairs pour les missions de police. L’élaboration d’un concept à l’échelle de l’UE faciliterait la formulation de lignes directrices de l’UE et de références en matière d’opérations de police internationales, y compris en matière de règles d’engagement, et contribuerait à définir de manière plus précise les catégories de policiers et d’experts dans les bases de données des États membres et de l’UE. Dans le cadre de la coopération menée dans le domaine de la justice et des affaires intérieures et compte tenu des impératifs des différents types de missions de police, les États membres et l’UE poursuivront également leurs efforts pour définir des critères de sélection uniformes et des programmes de formation de base, fondés sur les normes existantes de l’ONU, de l’OSCE et du Conseil de l’Europe afin de s’assurer que les policiers envoyés par les États membres de l’UE lors de missions internationales répondent aux normes élevées que l’on exige d’eux et que la réserve de policiers préalablement recensés et formés soit suffisamment nombreuse pour atteindre les objectifs précités en matière de capacités et de déploiement. Ces efforts tiendront compte du séminaire de Lisbonne organisé sur ce thème les 29 et 31 mai 2000 et des travaux effectués précédemment sur la formation des policiers pour les missions de maintien de la paix menées dans le cadre de l’Union européenne et refléteront le rôle central joué par l’UE et ses États membres en contribuant à l’amélioration des normes internationales en matière de police. B. MISE EN ŒUVRE Les objectifs concrets spécifiques sont l’expression de la volonté politique et de l’engagement des États membres. Les objectifs seront définis plus en détail par les instances compétentes du Conseil. Une méthode sera élaborée qui permettra d’atteindre ces objectifs échelonnés dans le temps et de les maintenir grâce à des contributions volontaires. L’avantage comparatif que représente, pour les services de police nationaux, la prise en compte, par exemple, des exigences en matière de roulement des effectifs sur le plan 151 national et du recours éventuel à des retraités peuvent être défines par chaque État membre, qui fera régulièrement le point sur les progrès accomplis. Ces travaux seront menés en étroite coopération avec les experts de la police. Des informations à caractère général sur les capacités de police préalablement recensées, leur état de préparation, ainsi que sur les connaissances spécifiques au niveau national, notamment en ce qui concerne les équipes préparatoires, seront introduites dans la base de données concernant la police mise en place auprès du Secrétariat du Conseil dans le cadre du mécanisme de coordination institué à la suite des conclusions du Conseil européen d’Helsinki. Les travaux se poursuivront en ce qui concerne les régimes en place au niveau national, y compris sur les informations spécifiques relatives aux capacités de police préalablement recensées et aux différents points de contact nationaux. Le Conseil européen d’Helsinki s’était fixé comme objectif de développer la contribution de l’UE aux organisations internationales, notamment aux Nations Unies et à l’OSCE, ainsi que ses capacités à mener des actions autonomes. À cet effet, l’UE assurera une coordination étroite avec le département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies (DPKO), l’OSCE, et notamment le groupe « REACT », ainsi qu’avec le Conseil de l’Europe et les points de contact des États membres, de manière à s’assurer que les efforts de l’UE et ceux de ces organisations soient compatibles et se renforcent mutuellement, à éviter les doubles emplois, ainsi qu’à faciliter l’échange d’informations relatives aux nouvelles missions de police. En outre, une étude détaillée portant sur la faisabilité et sur les implications de la programmation, du déclenchement et de la direction de missions autonomes de l’UE sera effectuée. 27 Intervention de Javier SOLANA, Haut Représentant pour la PESC Première réunion conjointe COPSi/CAN Bruxelles, 19 septembre 2000 La toute première réunion conjointe entre le Comité politique et de sécurité intérimaire et le Conseil de l’Atlantique Nord eut lieu le 19 septembre 2000 au siège du Conseil de l’UE. Il n’existe pas de document officiel disponible sur cette réunion conjointe d’un genre inédit. Nous reproduisons ci-après l’intervention du Haut Représentant de l’UE pour la PESC car elle met en relief les progrès déjà accomplis ainsi que les objectifs et les projets de l’UE dans le domaine de la défense. • • It is a pleasure to see so many old colleagues again. As I said to Lord Robertson when I greeted him downstairs, it is very satisfying for me to welcome members of the NAC to the Council for what will be, I am sure, the first of many productive meetings. I would like to thank the Presidency for the introduction and for the work on EU/NATO contacts undertaken so far. I do not want to recap Michel’s summary of where the work stands but want to focus on one or two aspects; Cooperation and Transparency • Key commitments at Helsinki concerned cooperation and transparency with NATO. With this meeting, with growing contacts between Secretariats and with several ad hoc working group meetings, we are delivering on transparency. • We are delivering too on cooperation. The Union’s work on capabilities has benefited from NATO’s input. We shall continue to wish to draw upon the expertise of the Alliance as we work to deliver our Helsinki commitments. I am in no doubt that enhancing our capabilities is the core issue before us. All our efforts on structures and procedures mean nothing if we do not put rapidly in place deployable and sustainable crisis management forces. We simply cannot achieve this task alone. Capabilities • We are advancing well with our work on the Helsinki Headline Goal. Our Chiefs of Defence Staff meet on Thursday to review the work so far and I shall then meet with Defence Ministers the following day to consider the way forward, particularly in view of our Capabilities Commitments Conference in November. • One aspect of our work on capabilities that has yet to be explored in great depth is the question of strategic capabilities. At Helsinki, the European Council recognised the need to make improvements in a number of areas, particularly on command and control, intelligence and strategic transport. This will be a long-term project. • Some Member States have already announced major procurements in the field of strategic transport. But much work remains to be done in other areas and we shall want to work together closely to ensure coherence with the Alliance’s own Defence • • • 153 Capabilities Initiative. My hope is that we should begin the Union’s work in this field in the next few weeks. As well as wanting a close relationship with the Alliance, the Union’s leaders also want a close relationship with those individual members of the Alliance who are not members of the European Union. At Feira we agreed arrangements to involve them closely in our work on crisis management. As was announced last week we shall involve the 6 European Allies not members of the Union in a special session on capabilities immediately after our own capabilities commitments conference. This will offer us an opportunity to provide an immediate briefing of the work towards meeting the headline goal and an opportunity to formally recognise the generous offers of forces made by many of you here. We of course recognise the commitment of Allies here to Europe’s past security and their declared commitment to future crisis management operations. Many of you have key capabilities which would make important contributions to future EU crisis management operations and I should like to welcome here your declared intention to contribute forces. Crisis management procedures • I should say that over lunch today I briefed the COPs on the work that I have been directing here on crisis management procedures. Once the member States have had a chance to digest the material we shall of course also want to give you all a full briefing. It should come as no surprise that we have tried to benefit from existing best practices and lessons learnt, including in NATO and the WEU. • It is important to register that the EU aims to take a global approach to crisis management: our greatest asset is the range of crisis management instruments that we have at our disposal. Our challenge is to combine them in an effective way. So while we have looked to NATO and the WEU for ideas, they do not provide all the answers. We cannot simply replicate the arrangements of the WEU, we have to craft something much more sophisticated that combines military and non-military approaches to a crisis. • But I want to emphasise that one of the key points that I have insisted upon is that the consultation arrangements foreseen at Feira should be truly extensive, in particular as they relate to those contributing to EU-led operations. • We know that these offers are not simply a matter of numbers on paper. When it comes to an operation the commitments made by Allies here to join in an EU-operation are serious commitments of men, women and materiel. We owe it to those Allies to make the consultations over the deployment of those forces truly meaningful. I hope this will become clearer as we work on the details of the arrangements. Permanent Arrangements • It will not be long before the European Union is ready to declare itself operational in the field of military crisis management. Before then we shall have to settle the details of our permanent arrangements: our own internal organisation, our relations with NATO and with third countries. • I am sure that as we finalise these arrangements we shall draw upon the experience we have gathered in this interim phase. I urge all around this table to make maximum use of these interim arrangements: to cooperate to the maximum, to share knowledge as 154 openly as possible and to recognise that we are joined by common interests and have common goals. 28 Réunion informelle des ministres de la défense Ecouen, 22 septembre 2000 CONCLUSIONS DE LA PRÉSIDENCE Il me revient en tant que représentant la Présidence française de l’Union européenne de faire avec vous la synthèse de la réunion informelle que nous venons de tenir avec mes 14 collègues européens en présence de Javier Solana que je remercie d’être à mes cotés. Je suis très satisfait de cette réunion que j’avais proposée à mes collègues de consacrer essentiellement au travail en cours sur la définition et la mise en place de capacités militaires européennes que le Conseil européen de Feira nous a chargés de mener. Nous avons constaté que le travail de définition en cours se déroulait dans d’excellentes conditions, et que la détermination à atteindre nos objectifs était partagée par tous. Nous avions trois points à l’ordre du jour : bilan des travaux en cours sur la définition du catalogue de forces et de capacités européennes nécessaires à l’accomplissement des missions fixées à Helsinki ; organisation de la conférence d’engagement de capacités qui se tiendra à Bruxelles le 20 novembre ; structure du document d’engagement de capacités que nous adopterons. 1/ Bilan des travaux Sur le premier point, nous avons constaté que les experts militaires des quinze États membres avaient fait un excellent travail à Bruxelles. Leur tâche était de transformer en un catalogue de forces et de capacités précis l’objectif politique fixé à Helsinki de constitution d’une force de 60.000 hommes projetables en moins de 60 jours, autosuffisante, disposant de l’appui aérien et maritime nécessaire, et capable de rester sur le terrain une année. L’organe militaire intérimaire de l’UE (créé le 1er mars) a établi dès le 28 juillet une première version du catalogue conformément au mandat qui lui avait été confié un mois auparavant. Les chefs d’État-major de l’Union européenne réunis hier ont fait le point sur l’établissement d’une deuxième version de ce catalogue, plus détaillée, plus complète, qui sera achevée dans les semaines qui viennent. Nous avons rendu hommage aux experts des quinze États membres qui ont accompli ce travail. Il se présente sous la forme d’un document extrêmement précis, synthétisé dans un tableau d’une cinquantaine de pages. Ce tableau comprend, en colonnes, les quatre hypothèses de bases, ou scenarii, qui nous permettent de couvrir l’ensemble des missions du Petersberg que nous nous sommes 156 fixées : séparation par la force de parties belligérantes ; prévention des conflits ; aide humanitaire ; évacuation de ressortissants. Les lignes du tableau – il y en a plus de 500 – correspondent aux besoins identifiés dans le domaine des forces terrestres, aériennes, et maritimes et dans le domaine des capacités clés, ou stratégiques que nous avions identifiées à Helsinki. Pour vous donner une idée de la précision de ces lignes, je citerai par exemple : bâtiments amphibies ; avions de reconnaissance stratégique ; bataillons d’infanterie mécanisée ; drones ; antennes chirurgicales... Il s’agit là de 5 exemples parmi 500 lignes. Bien entendu, chacune de ces 500 lignes comporte la quantité d’unités nécessaires. Vous comprendrez que je ne puisse pas détailler ligne par ligne nos objectifs, mais je peux vous indiquer les grands agrégats sur lesquels nos experts sont d’accord. Une précision d’abord, les objectifs comme les contributions des États se feront sous la forme d’unités et de capacités capables de « soutenir un déploiement pendant au moins une année » pour reprendre les termes d’Helsinki. Nous parlons donc bien de capacités que les États s’engagent à fournir pendant un an au moins. S’agissant des forces terrestres, nos experts ont estimé que pour être en mesure de déployer 60.000 hommes dans toutes les configurations d’emploi possibles, notre objectif devra être supérieur, probablement plus proche de 80.000 hommes. Nous saurons ainsi couvrir toutes les hypothèses d’emploi possibles, tout en restant bien entendu dans le cadre de notre objectif de 60.000 hommes. Pour les forces aériennes, la fourchette d’objectifs se situe à l’heure actuelle entre 300 et 350 avions de combat. S’agissant des forces navales, nous sommes sur une hypothèse de 80 bâtiments. Nous disposons ainsi de la base nécessaire au travail qui nous attend maintenant, c’est à dire la définition de la participation de chaque État membre sous forme de contribution de forces ou d’engagement à se doter des capacités nécessaires dans le cadre de programmes nationaux, binationaux ou multinationaux. Chaque pays sera invité à apporter sa réponse sur chacune de ces lignes, en précisant le type d’unité qu’il s’engage à fournir, leur nombre ou leur taille, leur délai, exprimé en jours, de mise à disposition, et l’année à partir de laquelle on pourra compter sur cet engagement. Nous nous sommes félicités de la qualité de la coopération avec les experts de l’OTAN qui ont contribué, dans les conditions qui étaient prévues, à l’élaboration de ce catalogue. Au cours des huit semaines de travail quotidien des experts de l’UE, six réunions avec leurs collègues de l’OTAN ont permis cet échange fructueux. 157 2/ Organisation de la conférence d’engagement de capacités Le deuxième point à l’ordre du jour concernait l’organisation de la conférence. Elle se tiendra selon la séquence suivante : Lundi 20 novembre au matin, dans l’immeuble du Conseil à Bruxelles, une nouvelle réunion informelle des quinze ministres de la défense nous permettra, au cours de la conférence d’engagement de capacités, de déclarer officiellement le niveau d’engagement de nos États. Le même jour, dans l’après-midi, une réunion du Conseil Affaires générales élargie aux ministres de la défense permettra de se prononcer sur ces résultats et sur leur transmission au Conseil européen de Nice. Le lendemain, au même endroit, j’inviterai nos quinze collègues des États européens non membres de l’UE à participer à une réunion avec les ministres de la défense de l’UE. Cette réunion sera destinée à prendre note de leurs éventuelles contributions additionnelles. Une réunion spécifique sera organisée le même jour entre les quinze ministres de la défense de l’UE et les pays européens membres de l’Alliance et non membres de l’UE. Ces contributions additionnelles seront les bienvenues mais je rappelle qu’il appartient naturellement aux membres de l’UE seuls de remplir les objectifs de capacités qu’ils se sont fixés. 3/ Le troisième point à l’ordre du jour concernait la structure du document d’engagement de capacités que nous allons adopter au cours de la conférence du 20 novembre. La première partie du document concernera l’objectif global que nous nous sommes fixés à Helsinki en termes de forces terrestres, aériennes et navales, pour constituer une force de réaction rapide européenne. Nous mettrons en regard les besoins du catalogue et les « cases remplies » par les États membres, en faisant probablement une distinction entre ce que nous pourrons faire en 2003, conformément à l’échéance fixée à Helsinki et ce que nous pourrions faire plus tôt, en 2001. Une deuxième partie, très importante pour la crédibilité de notre démarche, devra être consacrée aux besoins apparus. Ces besoins apparaîtront sans doute dans les trois domaines clés que nous avons identifiés à Helsinki comme nécessitant des engagements collectifs de capacités : C3 (commandement, communication et contrôle), transport stratégique, renseignement. Ils pourront également apparaître dans d’autres domaines. En regard de ces besoins apparus dans le catalogue, nous ne produirons pas des capacités disponibles immédiatement, mais une série d’initiatives, de projets et engagements nationaux ou issus de programmes européens conjoints. Ils devront être assortis d’échéanciers qui s’échelonneront au-delà de 2003 comme prévu à Helsinki. 158 A titre d’illustration, nous disposons déjà d’éléments dans chacun des trois domaines définis à Helsinki : Commandement et contrôle : l’état-major du Corps européen a acquis une capacité de commandement de composante terrestre comme il est en train de le montrer sous le commandement du général Ortuno au Kosovo ; Dans le domaine du renseignement, je citerai la capacité d’interprétation d’imagerie satellitaire de l’UEO à Torrejon, qui devrait être transférée à l’UE, les projets italiens en matière de satellite radar, l’initiative franco-allemande de doter l’Union européenne d’une capacité d’observation satellitaire indépendante, avec, je l’espère, d’autres participations. Dans le domaine du transport stratégique, six d’entre nous ont officiellement déclaré cet été à Farnborough leur engagement dans le programme Airbus de futur avion de transport en association avec nos partenaires turcs. Cette avancée voisine avec d’autres initiatives, comme celle que nous menons avec nos partenaires des pays bas sur le transport stratégique maritime. D’autres axes de travail se dessinent notamment avec nos collègues belges et luxembourgeois. Il ne s’agit là que d’une série d’illustrations. Nous espérons que notre catalogue d’initiatives et d’engagements sera beaucoup plus nourri et que chaque État membre apportera sa contribution. La troisième partie du document d’engagement devra comporter, comme nous le demande le Conseil de Feira, « un mécanisme d’évaluation permettant de mesurer les progrès accomplis vers la réalisation de ces objectifs ». C’est dans le cadre de ce mécanisme que nous réévaluerons chaque année nos objectifs pour le mettre à jour, que nous assurerons le suivi des engagements pris, et que nous vérifierons le degré opérationnel et la qualité des forces et capacités offertes. Voilà ce que je souhaitais vous dire sur les capacités, qui ont constitué dans un excellent climat, l’essentiel de notre travail d’aujourd’hui. Nous avons également eu des échanges sur les question institutionnelles qui figurent aussi au menu de la présidence française : définition des organes permanents, des relations permanentes avec l’OTAN et les européens non membres de l’UE. Ces échanges ont montré une large convergence, même si du travail reste à accomplir pour parvenir à des textes consensuels à Nice. J’ai enfin indiqué à mes collègues que j’ai accepté l’invitation de M. Elmar Brok, Président de la Commission des affaires étrangères, des droits de l’Homme, de la sécurité commune et de la politique de défense du Parlement européen à une réunion de la Commission à Strasbourg le 24 octobre prochain. J’y informerai les parlementaires de l’avancement de nos travaux. 29 Réunion du Conseil des Ministres de l’UEO Marseille, 13 novembre 2000 Déclaration de Marseille Le Conseil des ministres de l’UEO s’est réuni à Marseille le 13 novembre 2000. Il a été précédé d’une réunion des ministres de la Défense du Groupe Armement de l’Europe occidentale (GAEO), au cours de laquelle l’Autriche, la Finlande, la Hongrie, la Pologne, la Suède et la République tchèque sont devenues membres de plein droit. Les ministres se sont félicités du rôle crucial oj ué par l’UEO en particulier depuis sa réactivation et son installation à Bruxelles, et ont salué son importante contribution au développement de l’architecture européenne de sécurité et de défense. Les ministres se sont félicités des progrès réalisés par l’UE dans le domaine de la politique européenne de sécurité et de défense, ainsi que du soutien apporté par l’Alliance atlantique à cette démarche. Ils ont rappelé leur attachement à cette politique, qui servira les intérêts de tous les pays de l’UEO grâce à l’élaboration d’arrangements satisfaisants. Dans la continuation du Conseil ministériel de Porto, et dans la perspective des décisions qui seront prises par le Conseil européen de Nice, les ministres se sont mis d’accord sur un certain nombre de mesures destinées à tirer les conséquences pour l’UEO des évolutions en cours. A cet égard, 1. Les ministres ont approuvé les fonctions et structures dites résiduelles de l’UEO, qui seront en place le 1er juillet 2001 au plus tard et qui permettront aux États membres d’assurer les engagements du traité de Bruxelles modifié, et notamment ceux résultant des articles V et IX, auxquels les États membres réaffirment leur attachement. Ils ont demandé que soient prises les mesures administratives et immobilières nécessaires, de sorte que les structures de l’UEO résiduelle soient en place lorsque l’UE sera devenue opérationnelle. 2. Les ministres ont salué à nouveau la compétence et le dévouement du personnel du Secrétariat général de l’UEO ainsi que son inestimable contribution aux activités de l’Organisation. Ils ont réaffirmé l’engagement qu’ils ont pris à Porto en ce domaine. À ce titre, ils ont encouragé le Secrétaire général à poursuivre ses efforts pour que soient trouvées des solutions appropriées tenant compte des compétences professionnelles et des attentes légitimes des agents de l’UEO. Ils ont également entériné le plan social dont bénéficiera le personnel de l’UEO concerné. 3. Les ministres ont reconnu les travaux de l’État-major militaire de l’UEO et ont noté qu’il se prépare à cesser ses activités conformément au plan de transition approuvé le 17 octobre par les chefs d’État-major des armées. Les ministres ont également reconnu que l’Union 160 européenne examinait dûment la question de contacts appropriés entre les officiers des pays de l’UEO non membres de l’UE et les nouvelles structures militaires de l’UE. 4. Les ministres ont reconnu l’importance du dialogue et de la coopération que l’UEO a instaurés à 28 et à 21 avec les pays tiers ces dernières années. L’UEO cessera ses activités dans ce domaine, dont il est prévu qu’elles seront reprises dans le cadre du dialogue politique existant entre l’UE et les pays concernés. 5. Les ministres ont également convenu de suspendre l’application des mécanismes de consultation de routine en vigueur entre l’UEO et l’UE, sans préjudice pour la coopération requise dans le cadre du processus de transition. De même, les mécanismes de consultation de routine UEO/OTAN seront suspendus à l’exception de ceux dont l’application est encore nécessaire dans la période transitoire, notamment pour l’exercice JES 2001. 6. Les ministres ont pris note avec satisfaction de l’accord de principe de l’Union européenne sur la création, sous la forme d’agences au sein de l’UE, d’un Centre satellitaire et d’un Institut d’études de sécurité qui incorporeront les éléments pertinents des organes subsidiaires correspondants de l’UEO. Ils ont donné mandat au Conseil permanent de tirer toutes les conséquences administratives et financières de ces décisions. Les ministres ont également reconnu que l’UE examinait dûment la question de la participation appropriée des pays de l’UEO non membres de l’UE aux activités de l’Institut d’études de sécurité et du Centre satellitaire. 7. Les ministres ont exprimé leur volonté de mettre un terme à l’existence du Forum transatlantique. Ils ont accueilli avec satisfaction la volonté de l’Union européenne d’enrichir le dialogue transatlantique, en confiant à l’IES le développement des activités similaires à celles aujourd’hui conduites au sein du Forum transatlantique, selon des modalités à convenir qui permettent la participation à ces activités de tous les États concernés. 8. Les ministres ont pris acte de l’accord de principe de l’Union européenne de reprendre à terme la gestion directe de la mission EMCP de coopération avec l’Albanie en matière de police. L’UEO est prête à proroger la mission, dans les termes actuels, pour une période intérimaire après le 31 décembre 2000, date d’échéance de son présent mandat. 9. La mission d’assistance au déminage en République de Croatie se poursuivra, sous la responsabilité de la Suède, dans le cadre de l’UEO jusqu’au 9 mai 2001, date de l’échéance de son présent mandat. 10. Les ministres ont souligné qu’il importe de poursuivre la coopération entre les membres du Groupe UEO d’États Parties au traité Ciel ouvert, laquelle, dans un avenir prévisible, sera coordonnée directement entre les membres du Groupe, en tant que de besoin depuis les capitales et leurs missions à Vienne. 11. Rappelant les dispositions pertinentes du traité de Bruxelles modifié, les ministres ont pris note avec intérêt des travaux de réflexion stratégique de l’Assemblée parlementaire de l’UEO sur la sécurité et la défense européennes. 161 12. Les ministres ont noté que le GAEO continuera d’exercer sa fonction de réflexion et de coopération dans le domaine de l’armement. 13. Les ministres ont accueilli avec satisfaction la présentation faite par les Pays-Bas concernant leur future Présidence. COOPÉRATION EN MATIÈRE D’ARMEMENT 1. Les ministres de la Défense des treize pays membres du Groupe Armement de l’Europe occidentale (GAEO), forum européen de la coopération en matière d’armement, se sont réunis avec leurs homologues autrichien, finlandais, hongrois, polonais, suédois et tchèque le 13 novembre 2000 à Marseille. 2. Les ministres de la Défense ont examiné l’évolution de la situation dans le domaine de l’armement et les activités spécifiques de coopération en matière d’armement menées dans le cadre du GAEO. Leurs discussions ont concerné en particulier les questions du Partenariat européen pour l’armement, de la participation de l’Autriche, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque à la coopération en matière de recherche et technologie (R&T) au sein du GAEO, ainsi que de l’avenir du GAEO et de l’OAEO. 3. Concernant le Partenariat européen pour l’armement, les ministres de la Défense avaient convenu à Luxembourg, en novembre 1999, d’une procédure permettant d’offrir à l’Autriche, la Finlande, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Suède la possibilité de devenir membres de plein droit du GAEO. Depuis lors, ces pays ont présenté une demande d’adhésion officielle. Sur la base de la recommandation des Directeurs nationaux de l’armement (DNA), les ministres de la Défense du GAEO ont approuvé l’adhésion de ces pays au GAEO en tant que membres de plein droit. Le GAEO compte désormais 19 membres de plein droit ayant tous les mêmes droits et responsabilités. 4. Les ministres de la Défense ont également pris note du souhait exprimé par l’Autriche, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque de participer à la coopération en R&T dans le cadre du GAEO via le mémorandum d’entente SOCRATE. À cette fin, ils ont chargé le Président en exercice de demander au Conseil de l’UEO d’autoriser l’élargissement à ces quatre pays de la passation centralisée des contrats par l’Organe exécutif de l’OAEO dans le cadre du système SOCRATE, et sont convenus sur cette base de signer les amendements nécessaires au mémorandum d’entente SOCRATE. 5. S’agissant de l’avenir du GAEO et de l’OAEO, les ministres de la Défense avaient chargé les DNA, lors de leur réunion spéciale à Porto, de commencer à examiner les questions concrètes nécessaires pour assurer l’avenir immédiat du GAEO et de l’OAEO, et d’établir un programme de travail en plusieurs phases pour de nouvelles études approfondies sur l’avenir à long terme. Les ministres de la Défense ont noté avec satisfaction que les DNA sont convenus de la marche à suivre pour l’avenir immédiat du GAEO et de l’OAEO, et que les travaux ont commencé sur la base du programme en plusieurs phases agréé. Les ministres ont procédé à un échange de vues fructueux sur le rapport initial présenté par les DNA, et ont fourni des orientations concernant la poursuite des travaux en vue de la présentation d’un rapport définitif à leur réunion de l’automne 2001. 162 6. Les ministres de la Défense ont en outre pris note des travaux accomplis par les commissions et groupes du GAEO. Ils ont exprimé notamment leur satisfaction quant à la finalisation et l’approbation récente par les DNA d’un manuel traitant des « Principes, procédures et méthodes pour harmoniser les besoins militaires et faciliter la coopération européenne en matière d’armement », et quant à la suite que les DNA sont convenus de donner au Plan directeur sur l’Agence européenne de l’armement (AEA). 7. Enfin, les ministres de la Défense ont exprimé leur satisfaction à l’Organisation de l’armement de l’Europe occidentale (OAEO) qui a atteint ses objectifs concernant le lancement de projets de recherche et technologie EUCLID et THALES, y compris la notification de contrats de R&T à l’industrie européenne dans le cadre du programme EUCLID. Un objectif en augmentation de 10 % a été fixé pour le lancement de nouveaux projets durant la période à venir, avec au moins dix-sept contrats EUCLID, pour une valeur totale de 119 millions d’euros, y compris 34 millions autofinancés par l’industrie. 8. La Présidence du GAEO, qui s’exerce par rotation entre les différents membres, passera de la Grèce à l’Italie pour les années 2001 et 2002 ; le Comité de direction de l’OAEO sera présidé par l’Italie pendant un an à compter du 1er janvier 2001. 9. Le Conseil de l’UEO (membres du GAEO) a adopté les conclusions des ministres de la Défense des pays du GAEO. 30 Discours de Javier Solana, Haut Représentant pour la PESC Forschungsinstitut der Deutschen Gesellschaft für Auswärtige Politik Berlin, 14 novembre 2000 « WHERE DOES THE EU STAND ON COMMON FOREIGN AND SECURITY POLICY? » Ladies and Gentlemen, I am very grateful to the Deutsche Gesellschaft fuer Auswaertige Politik (German Foreign Policy Association) and to Professor Karl Kaiser in particular for giving me the opportunity to speak to you about my work as the High Representative for the Common Foreign Policy of the European Union. My remarks this evening concern Europe’s down-to-earth political realities, and our ambition to create a safer world. So whilst I am conscious of the fact that this building used to house an eminent poet, the Nobel prize winner Ivo Andric, I shall nevertheless address you in plain prose. The past year has been a time of major innovation in the area of the Union’s Common Foreign and Security Policy. Every European Council has proved to be a new high-water mark in extending the range of instruments available under the Common Foreign and Security Policy and moving towards a more effective, more coherent and more visible Foreign Policy. At the same time, political events have not come to a halt. The world is not waiting while we get our own house in order. Our global partners expect us to have an effective and clear policy on issues of international importance. Over the last few weeks we have been able to welcome the election of President Kostunica in the FRY. At almost the same time we have seen the Middle East Peace Process undermined and severely weakened. The European Union is expected to respond in both these and other cases. Are we willing to deliver? Are we capable of delivering? And have we delivered in the course of the last year? I shall answer each of these questions in turn. Afterwards, I will be very happy to answer any questions you might have. Are we willing to deliver? CFSP is about Europe making a difference in international politics. It is about the European Union being able to project its values and its interests - the core of its political identity effectively beyond its own borders. At the same time, the construction of CFSP is a political project itself. It is the product of continuing debate between the Member States, the European institutions, and the people of Europe. Convergence has always been the goal, 164 divergence was too often the reality. But this is changing. There is now a serious commitment to presenting a single political will to the rest of the world, a commitment to match Europe’s economic power with political influence. This is the enormous change which we have witnessed in Europe over the last year. The creation of the post of High Representative itself was an indication of this new willingness by the Member States of the Union to make CFSP work. This willingness has continued throughout my first twelve months in the job. It has been evident in the constructive approach shown by the three presidencies with whom I have worked so far. What we want to achieve in common is to be relevant and influential in the foreign policy arena. To do that, we need the political will of all Member States; close interaction among EU organs and institutions ; and the support of European citizens. There is no doubt that the political will of the Member States is a pre requisite for engaging in the foreign policy arena. But, even that crucial political will needs to translate into sustainable policies. And the very first test of concrete progress in this direction is the ability to spell out clearly why we want to act together on the world scene; i.e. what are our priorities are. This is not a litterary exercise; and needs not to be a catalogue of overlapping national priorities: we need to focus our joint efforts where they are most needed. In not so many words, where joint action really brings added value. I believe our priorities are clear enough in that respect: – – – Firstly, relations with our neighbours. I need not to recall here, in the city that has been for decades the very symbol of a tragic fracture in European history, how dramatically important the enlargement process will be for the’fifteen’ and for the accession candidates alike. Within the same fold, the countries of the Balkans and the Southern Mediterranean shore deserve our outmost attention, because their political and economic evolution can have serious implications for our prosperity and even for our security. This is a lesson from our recent past, and I will revert to this point in a minute. Russia, a partner of massive importance for the Geo-economic and strategic stability of the continent also deserves our continuing collective attention, in addition to the strong bilateral links established with many of the ‘Fifteen’. Secondly, relations with a wide array of international organisations and institutions: in primis the UN system and its ‘sister’ organisations such as the IMF, the World Bank, the WTO (World Trade Organisation), without loosing sight of the relevance of regional organisations such as the OSCE and of course NATO. Our ambition there should be to increase our collective influence, inter alia by co-ordinating our national positions better than what we have done so far. It can be done. We only need to go that extra mile vis -a-vis national suspicion and prerogatives which are rooted in many capitals, although essentially a reflex the past. Thirdly we need to relate more coherently with a number of major players and actors on the world scene. That is certainly true of the US, the partner with whom we have developed the most strategic relation in all fields. But also China, Japan and India deserve growing attention. And this is likewise true for major regional grouping which will no doubt develop overtime into coherent and cohesive entities: Mercosur, ASEAN, possibly the OAU (Organisation of African Union). 165 Last but not least, the defense and promotion of the values which are at the heart of European history and civilisation. We believe in the value of tolerance, democracy and respect for human rights. This must be an integral part of our policy-making process. Because values are our crucial link with the people of the street, who want to understand why we take this or that decision, and whose support we need at all times. Beyond the political will of the countries, lies the need to make our work more effective, through better interaction between the responsible institutions. Here comes the crucial link with the European Commission – which is and will remain an essential player in our foreign policy process – and with the European Parliament. Equally crucial, will be the conscious support of the people of Europe – our citizens – for the strengthening of a common foreign policy. A foreign policy which even at national level is no longer confined to the restricted circle of diplomats or foreign policy experts. A policy that calls instead for the increased attention of the business community, which has much at a stake in a globalised market place; and of the people at large, who have become influential spectators in real time of world wide crises, thanks to the ‘global village’. Are we capable of delivering? A foreign policy requires instruments. The European Union needs to dispose of the means to make its policies heard, to present them cohesively, and to implement them efficiently. Do we have access to the right instruments to deliver? In the field of security policy we have achieved enormous progress. We are in the process of putting together a range of instruments - from a rapid reaction force to a conflict prevention system - which will greatly enhance our ability to implement a true European Security and Defence Policy (ESDP). Simultaneously, we are improving the performance of more traditional European foreign policy instruments: diplomacy and economic assistance. Less than one year ago, at the Helsinki European Council, Europe’s leaders decided to develop by 2003 a collective European capability to deploy rapidly 60,000 troops for crisis management operations (the ‘headline goal’). The purpose of this capability is clearly set out in the Treaty. Our aim is to provide the Union with sufficient military and non-military capabilities to enable us to intervene when appropriate in humanitarian and rescue tasks, peacekeeping tasks and tasks of combat forces in crisis management, including peacemaking (Petersberg Tasks). We have followed-up on Helsinki by creating new structures. As of March 2000 the Interim Political and Security Committee has met weekly to develop the permanent structures which will be necessary for crisis management; an interim Military Committee has been set up and a military staff has been established to provide the Council with military expertise. A catalogue of capabilities necessary to fulfil the Petersberg tasks was approved recently by the Council, and at a meeting to take place next week in Brussels each Member State will specify the assets it will be able to contribute. This ‘Capabilities Commitment Conference’ marks a milestone in the development of the ESDP. 166 The development of the ESDP inevitably has evoked questions about the EU’s relationship with NATO. We have responded to these questions from the very beginning: The EU is not in the business of collective defence. Nor is it in the business of creating a European army. The creation of a European Security and Defence Policy is aimed at strengthening, not weakening transatlantic ties. We have followed up on these principles in practice. Much has been achieved already. The Feira European Council in June provided for the establishment of four ad-hoc EU/NATO working groups. These committees have already begun to discuss issues of security, capabilities, the modalities for EU access to NATO, and the definition of permanent agreements. On 9 November a meeting took place in Brussels between the interim Political and Security Committee and NATO’s Permanent Council. This was the second of regular meetings planned at senior level between the two organisations. These contacts will continue and develop further as more detailed discussions begin. These include my own regular and well-established meetings with NATO Secretary General Lord Robertson. ESDP is not only about the creation of a rapid reaction force. Military means will always be the last resort for solving a crisis. ESDP is also about the Union having access to other tools which most of the time might be better suited to maintaining or providing security than military force. This is why the Union is devoting attention to the development of other instruments for use in crisis management situations. Of particular importance is the area of civilian police, for which the Feira European Council established a concrete target of 5000 officers ready for deployment by 2003. It also includes instruments for the strengthening of the rule of law and conflict prevention. Following the mandate which was given at Feira, I am working with the Commission to draw up concrete recommendations on how to improve the coherence and effectiveness of our work in the important area of conflict prevention. We shall be presenting this report to the European Council in Nice. Military capabilities, civilian capabilities, diplomacy, and our extensive programme of development assistance and humanitarian aid - the European Union is and will be in a unique situation to draw on a comprehensive range of instruments to support its interests world-wide. But let me re-state an important point: We are not in the business of devising a European security policy for the sake of merely having some sort of security policy. CFSP is the means to an end, namely to promote the values and principles for which the European Union is respected world-wide. We should increasingly be able to ensure that the rule of law and human rights are respected, and that people throughout the world can, like ourselves, enjoy the benefit of freedom, democracy and prosperity. Ladies and Gentlemen, in the last year we have witnessed a continuing political will to create a different, more visible, more cohesive, and more efficient CFSP. We have spent a lot of time developing new instruments and making the existing instruments more effective. Does it pay? Have we succeeded in delivering concrete policies? Please allow me to address the development in two regions which are of special importance to me: the Balkans and the Middle East. 167 Have we delivered? The Balkans A disproportionate amount of my work continues to be devoted to the Balkans. I expect that to continue to be the case for some time. It is clear why. The Balkans have for over a decade been a top priority for our foreign policy efforts. Nowhere is the EU expected to deliver more. What does our balance-sheet in the region look like? Following the mandate which I was given in March this year from the European Council, I have worked closely with the Commission to ensure a more coherent approach to our policy towards the region, and to strengthen the impact of our contribution. Much still remains to be done, but we have since the Spring pursued a policy based on a long-term commitment to the full integration of all the countries in the region into the political and economic mainstream of Europe. We have at the same time gone a long way in persuading others (in particular the US) of the depth of our engagement in the Balkans. Recent events in Serbia have to some extend vindicated that policy. About a month ago, the people of Serbia voted for change. They were clearly tired of economic decline and international isolation. Their decision is a clear step for Serbia on the road to a democratic Europe. This important development was the result of a free choice by the people themselves. But during the last year the European Union has devoted considerable efforts to helping give a voice to those in Serbia who are genuinely committed to democracy. I myself have been engaged in very concrete terms in strengthening civil society in Serbia: the independent media, opposition municipalities and those politicians committed to change. We were clear also in the support which Serbia would receive under a new and democratic leadership. On this we are already beginning to deliver. The Summit which is due to take place in Zagreb next week, bringing together Heads of Government from the EU and most Balkan countries, will somehow seal the transition between the tragic fall out of the implosion of Yugoslavia, and more orderly and promising future for the region. A positive European perspective will be on the table for all the participants. And, most imp ortant, all the Governments around the table will have been issued by true democratic elections. Only a year ago, this would have been a dream. Let me now turn to another critical area for the European Union: The Middle East. The Middle East The last few weeks have brought a major set-back for the Peace Process in the Middle East. The United States, the United Nations, and the European Union now have to combine their efforts to stop any further damage and pave the way for reconciliation. The European Union has been engaged in the Middle East for a long time, both politically and economically. In 1995 it established a framework for relations with its 12 Mediterranean partner countries. I personally chaired the first meeting which established the Barcelona Process. This consists of a framework for co-operation across a wide range of sectors: political, economic and social. 168 Only two days from now, in Marseilles, ministers from all these countries are due to meet again in order to assess the process. The meeting in Marseille - to be clear - is not part of the Middle East peace process. It represents a possible - indirect - contribution to it. It is important that the European Union and its Mediterranean partners maintain a platform for dialogue and communication for the future. Our commitment to the Peace Process itself has been most visible through the high level of financial support for the region. But recently we have also been able to play a more active role politically. A few weeks ago I was asked by EU foreign ministers to travel to the region to meet all the parties concerned and to try to offer support in the search for an end to the violence. The rounds of talks I held in the region paved the way for participation by the European Union in the Sharm el-Sheikh summit, which allowed us for the first time to be actively involved in the search for a solution to the crisis . We worked closely at the summit with Kofi Annan, the UN Secretary-General, in an effort to contribute to a process which was on the brink of collapse. Violence and suffering continue. Nevertheless we are determined to work patiently behind the scenes to try to create a further breathing space. And over time, I hope we shall be able to help deliver a permanent solution. I have been nominated by President Clinton and UN Secretary General Kofi Annan to become a member of the fact-finding Commission set up in Sharm-el-Sheikh. I will continue to work in support of the search for peace in the Middle East; the European Union will continue to be fully engaged. In all these areas, and in particular in those areas close to the European Union, we are seeing the beginnings of a Common Foreign and Security Policy which is more visible, more coherent, and more efficient. There is plenty more to do. The road will be long. But we are heading in the right direction. Conclusion Ladies and Gentlemen. Is the European willing to deliver a visible, coherent, and efficient foreign and security policy? Are we capable of doing so? And have we delivered in the course of the last year? I am confident that, given the progress we have made throughout the last year, each of these questions can be answered positively, carried forward by the political will and determination of the Member States and the European institutions to deliver. I will continue to devote my efforts to developing that role, and in ensuring that we can make a difference. The post of High Representative is not about creating a new power centre. Nor need it complicate relations between the institutions The post fills an institutional vacuum, and sets in motion policies and activities in areas where the EU was previously either inactive, or irrelevant as an actor. My aim is to give added value to what exists already, and to give greater focus to the EU’s external policy. I assist the Presidency and the Council in working for greater coherence and in ensuring that increasingly we speak with one voice. That includes making sure that ESDP becomes a reality. I will also be working on the very many foreign policy challenges 169 which the Union is likely to face over the next few years, some of which I have outlined above. The European Union was founded by those who sought peace and reconciliation. We must continue to promote these values and principles in our relations with the rest of the world. This can only be a joint undertaking. It requires both commitment and the means to act. I am confident that we can have both. In doing so, we can play our part in living up to the original vision of Europe’s founding fathers. 31 Conférence d’engagement des capacités Bruxelles, 20 et 21 novembre 2000 Comme cela avait été envisagé à Sintra afin de répondre au Headline Goal, une conférence d’engagement des capacités fut organisée à la fin de 2000 pour déterminer les forces, les moyens et les capacités que les États membres de l’UE pouvaient mettre à la disposition de l’Union. Les « travaux préparatoires » furent confiés à une « Headline Goal Task Force » (HTF), créée à Feira. Pour les relations et la coopération entre l’UE et l’OTAN, la HTF fut renforcée par des experts de l’OTAN, formant ainsi la « HTF+ ». Un premier examen des forces et des moyens disponibles, souhaités ou exigés eut lieu en juillet 2000, par le biais du Helsinki Headline Catalogue (confidentiel). Ce catalogue fut mis à jour à la miseptembre 2000 et la version finale fut examinée lors de la Conférence d’engagement des capacités les 20 et 21 novembre 2000. Nous reproduisons ici la déclaration émanant de la conférence et le discours d’ouverture prononcé par le ministre de la défense Alain Richard au nom de la présidence européenne. DÉCLARATION 1. Depuis le Conseil européen de Cologne, et notamment grâce aux travaux réalisés par les présidences finlandaise et portugaise, le développement et la mise en place des moyens et capacités civiles et militaires nécessaires pour permettre à l’Union de prendre des décisions sur l’ensemble des missions de prévention des conflits et de gestion des crises définies dans le traité sur l’Union européenne (« missions de Petersberg » 1 ), et de les mettre en œuvre, a été une des priorités de l’Union. L’Union a souligné à cet égard sa détermination de développer une capacité autonome de décider et, là où l’OTAN en tant que telle n’est pas engagée, de lancer et de conduire des opérations militaires sous la direction de l’UE, en réponse à des crises internationales. A cette fin, les États membres ont décidé de développer des capacités militaires plus efficaces. Ce processus, conduit sans duplications inutiles, n’implique pas la création d’une armée européenne. Ces développements font partie intégrante du renforcement de la politique étrangère et de sécurité commune. L’Union sera ainsi à même de contribuer davantage à la sécurité internationale conformément aux principes de la Charte des Nations Unies, de la charte de l’OSCE et de l’acte final d’Helsinki. L’Union reconnaît la responsabilité première du Conseil de sécurité des Nations unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. 2. Dans le domaine des capacités militaires, qui viennent compléter les autres instruments à disposition de l’Union, au Conseil européen d’Helsinki, les États membres se sont fixés comme objectif global d’être en mesure, d’ici 2003, de déployer dans un délai inférieur à 60 jours et de soutenir pour une durée d’au moins un an, des forces pouvant aller jusqu’au niveau d’un Corps d’armée (60.000 personnes). Ces forces devraient être militairement autosuffisantes et dotées des capacités nécessaires de commandement, de contrôle et de renseignement, de la logistique et d’autres unités d’appui aux combats ainsi que, en cas de besoin, d’éléments aériens et navals. Les États membres ont également décidé à Helsinki de déterminer rapidement des objectifs collectifs de capacités, notamment en matière de 171 commandement et de contrôle, de renseignement et de transport stratégique. Au conseil européen de Feira, l’Union européenne a également encouragé les pays candidats à l’adhésion à l’UE et les États européens membres de l’OTAN à contribuer à l’amélioration des capacités européennes. Les travaux engagés depuis le Conseil européen de Feira ont permis à l’Union européenne de définir la palette des moyens nécessaires pour mener à bien l’ensemble des missions de Petersberg, y compris les plus exigeantes d’entre elles. Ils ont permis de détailler le besoin de l’UE en termes de capacités militaires et de forces pour réaliser l’objectif global. Les besoins identifiés sont réunis dans un catalogue de capacités. Comme convenu au Conseil européen de Feira, l’élaboration de ce catalogue a bénéficié des compétences militaires de l’OTAN. 3. Les États membres ont participé le 20 novembre à Bruxelles à une conférence d’engagement de capacités qui a permis de rassembler les engagements nationaux concrets correspondant aux objectifs militaires de capacités fixés par le Conseil européen d’Helsinki2 . Cette conférence a également permis d’identifier un certain nombre de domaines dans lesquels un effort de mise à niveau des moyens existants, d’investissement, ou de développement et de coordination sera fait pour acquérir ou améliorer progressivement les capacités nécessaires à une action autonome de l’Union Européenne. Les États membres ont fait connaître leurs premiers engagements à cet égard. Cette conférence constitue la première étape d’un processus exigeant de renforcement des capacités militaires de gestion des crises par l’UE qui a pour but d’atteindre l’objectif global fixé pour 2003 et qui se poursuivra au delà de cette date pour atteindre les objectifs collectifs de capacités. Au Conseil européen d’Helsinki, les États membres avaient en effet également décidé de déterminer rapidement des objectifs collectifs de capacité en matière de commandement et de contrôle, de renseignement et de transport stratégique, et s’étaient félicités des décisions allant en ce sens déjà annoncées par certains États membres : – développer et coordonner des moyens militaires de surveillance et d’alerte rapide ; – ouvrir les États-majors nationaux interarmées existants à des officiers provenant d’autres États membres ; – renforcer les capacités de réaction rapide des forces multinationales européennes existantes ; – préparer l’établissement d’un commandement européen du transport aérien ; – accroître le nombre des troupes prêtes à être déployées ; – renforcer les capacités de transport maritime stratégiques. Cet effort sera poursuivi. Il demeure en effet essentiel pour la crédibilité et l’efficacité de la politique européenne de sécurité et de défense que les capacités militaires de gestion de crises de l’Union européenne soient renforcées, afin que celle-ci soit en mesure d’intervenir avec ou sans recours aux moyens de l’OTAN. 4. Lors de la conférence d’engagement des capacités, conformément aux décisions des Conseils européens de Helsinki et de Feira, les États membres se sont engagés, sur une base volontaire, sur des contributions nationales correspondant aux capacités de réaction rapide identifiées pour atteindre l’objectif global. Ces engagements ont été réunis dans un catalogue, dit « catalogue de forces ». L’analyse de ce catalogue permet d’affirmer qu’à l’horizon 2003, conformément à l’objectif global défini à Helsinki, l’Union européenne sera capable de conduire l’ensemble des missions de Petersberg, mais que certaines capacités ont besoin d’être améliorées, à la fois sur le plan quantitatif et qualitatif, pour optimiser les 172 capacités à disposition de l’Union. A cet égard, les Ministres ont réaffirmé leur engagement de satisfaire pleinement aux objectifs définis au Conseil européen d’Helsinki. A cette fin, ils viseront à identifier dans les meilleurs délais les initiatives complémentaires qu’ils pourront mettre en œuvre, sur une base nationale ou en coopération avec des partenaires, pour répondre aux besoins identifiés. Ces efforts viendront en addition des contributions déjà identifiés. Pour les pays concernés, ces efforts se renforcent mutuellement avec ceux qu’ils déploient dans le cadre de l’initiative sur les capacités de défense de l’OTAN. A) Concernant les forces Sur le plan quantitatif, les contributions volontaires annoncées par les États membres permettent de répondre pleinement à l’objectif global défini à Helsinki (60.000 personnes déployables dans un délai inférieur à 60 jours, et pour une durée de mission d’au moins un an). Ces contributions, recueillies dans le « Catalogue de forces », constituent un réservoir de plus de 100.000 personnes et d’environ 400 avions de combat et 100 bâtiments, permettant de satisfaire pleinement aux besoins identifiés pour remplir les différentes natures de missions de gestion de crises qui s’inscrivent dans l’objectif global. D’ici 2003, dès que les organes politiques et militaires compétents de l’Union européenne seront en mesure d’assurer, sous l’autorité du Conseil, le contrôle politique et la direction stratégique des opérations conduites par l’UE, l’Union pourra donc progressivement assumer des missions de Petersberg en fonction de la montée en puissance de ses capacités militaires. La nécessité d’améliorer encore la disponibilité, la déployabilité, la capacité de durer et l’intéropérabilité des forces a cependant été identifiée pour satisfaire pleinement aux besoins des missions de Petersberg les plus exigeantes. Un effort devra également être fait dans des domaines spécifiques, tels que les équipements militaires, y compris les armes et les munitions, et les services de soutien, y compris dans le domaine médical, ainsi que la prévention des risques opérationnels et la protection des forces. B) Concernant les capacités stratégiques : En matière de commandement, de contrôle, et de communication, les États membres ont offert un nombre satisfaisant d’états-majors nationaux ou multinationaux aux niveaux stratégique, d’opération, de force, et de composante. Ces offres devront être évaluées plus avant sur le plan qualitatif pour que l’UE puisse disposer, au-delà du possible recours aux capacités de l’OTAN, de moyens optimaux de commandement et de contrôle. L’Union a rappelé à cet égard l’importance qu’elle attache à la conclusion rapide des travaux en cours sur l’accès aux capacités et moyens de l’OTAN. L’État-major de l’Union européenne qui disposera d’une première capacité opérationnelle au cours de l’année 2001 renforcera la capacité collective d’alerte rapide de l’union européenne et la dotera d’une capacité d’évaluation de situation et de planification stratégique pré-décisionnelle. En matière de renseignement, outre les capacités d’interprétation d’images du Centre satellitaire de Torrejon, les États membres ont offert un certain nombre de moyens qui peuvent contribuer à la capacité d’analyse et de suivi de situation de l’Union européenne. Néanmoins, ils ont noté que des efforts sérieux seront nécessaires dans ce domaine pour disposer à l’avenir de davantage de renseignement de niveau stratégique. 173 En ce qui concerne les capacités de transport stratégique aériennes et navales dont dispose l’Union européenne, des améliorations sont nécessaires pour garantir que l’Union soit en mesure de répondre, en toute hypothèse, aux besoins d’une opération exigeante du haut du spectre de Petersberg, tel que défini à Helsinki. 5. Conformément aux décisions des Conseils européens de Helsinki et de Feira sur les objectifs collectifs de capacités, les États membres se sont également engagés sur des efforts portant sur le moyen et le long terme afin d’améliorer encore leurs capacités, aussi bien opérationnelles que stratégiques. Les États membres se sont engagés à poursuivre, notamment dans le cadre des réformes en cours de leurs forces armées, les démarches de renforcement de leurs capacités propres, ainsi que les projets existants ou en gestation mettant en œuvre des solutions multinationales, y compris dans le domaine de la mise en commun des moyens. L’ensemble de ces projets porte sur : − − − l’amélioration des performances des forces européennes dans les domaines de la disponibilité, de la déployabilité, de la capacité de durer et de l’intéropérabilité des forces européennes ; le développement des capacités « stratégiques » : mobilité stratégique pour acheminer rapidement les forces sur le terrain de l’opération ; états-majors pour commander et contrôler les forces et système d’information et de communication associés ; moyens pour les renseigner ; le renforcement des capacités opérationnelles essentielles dans le cadre d’une opération de gestion de crise. Ont été identifiés, à cet égard, les moyens de recherche et de sauvetage en conditions opérationnelles, les instruments de défense contre les missiles sol-sol, les armes de précision, le soutien logistique, les outils de simulation. La restructuration des industries de défense européennes en cours dans certains États membres constitue, à cet égard, un facteur positif. Elle favorise le développement des capacités européennes. A titre d’exemple, les États membres concernés ont rappelé les travaux qu’ils poursuivent sur un certain nombre de projets essentiels qui contribueront au renforcement des capacités à disposition de l’Union : Avion de transport futur (Airbus A 400M), bâtiments de transport maritime, Hélicoptères de transport de troupes (NH 90). Certains États membres ont également annoncé leur intention de poursuivre leurs efforts pour se doter d’équipement de nature à renforcer la sécurité et l’efficacité de l’action militaire. Enfin, des États membres se sont engagés à améliorer l’accès assuré de l’Union à l’imagerie satellitaire, notamment grâce au développement de nouveaux équipements satellitaires, optique et radar (Helios II, SAR Lupe et Cosmos skymed). 6. Afin d’assurer la pérennité de la démarche européenne de renforcement des capacités, les États membres ont convenu de l’importance de définir un mécanisme d’évaluation permettant d’assurer le suivi et de faciliter des progrès vers la réalisation des engagements pris en vue d’atteindre l’objectif global, en termes à la fois quantitatif et qualitatif. Ce mécanisme, dont les grandes lignes seront approuvées lors du Conseil européen de Nice, vise à doter l’Union d’une capacité d’évaluation et de suivi de ses objectifs (fondée sur la 174 HTF-Headline goal Task Force) sur la base d’une méthode de consultation entre les États membres. Afin d’éviter une duplication inutile, il pourra, pour les États membres concernés, s’appuyer sur des données techniques issues de mécanismes existants de l’OTAN, tels que la planification de défense et le Processus de Planification et de Révision (PARP). Ce recours se fera, avec l’appui de l’État-major de l’UE (EMUE), par le biais de consultations entre experts à travers un groupe formé sur le même modèle que celui qui a fonctionné pour l’élaboration du catalogue de capacités (HTF plus). En outre, l’information et la transparence seront assurées de façon appropriée entre l’UE et l’OTAN par le groupe sur les capacités mis en place entre les deux organisations qui prendra des mesures pour assurer le développement cohérent des capacités de l’UE et de l’OTAN là où elles se recoupent (en particulier celle découlant des objectifs définis au Conseil européen d’Helsinki et de l’Initiative sur les Capacités de Défense de l’OTAN). Ce mécanisme sera basé sur les principes suivants : (a) la préservation de l’autonomie de décision de l’UE, en particulier dans la définition, l’évaluation, le contrôle et le suivi des objectifs de capacités ; (b) la reconnaissance du caractère politique et volontaire des engagements pris, ce qui implique que les États membres sont responsables des ajustements éventuels des engagements au vu de l’évaluation réalisée ; (c) la transparence, la simplicité et la clarté afin notamment de permettre des comparaisons entre les engagements des États membres ; (d) la permanence et le caractère régulier de l’évaluation des progrès réalisés, sur la base de rapports permettant aux ministres de prendre les décisions appropriées ; (e) la souplesse nécessaire pour adapter les engagements aux nouveaux besoins identifiés. S’agissant des relations avec l’OTAN : Les arrangements concernant la transparence, la coopération et le dialogue entre l’UE et l’OTAN devraient être définis dans le document relatif aux arrangements permanents entre l’UE et l’OTAN. Le mécanisme d’évaluation prendra en compte les principes supplémentaires suivants : (f) le besoin, pour les pays concernés, d’assurer la cohérence des engagements assumés dans le cadre de l’UE avec les objectifs de force acceptés dans le cadre de la planification de l’OTAN ou du PARP ; (g) le besoin d’un renforcement mutuel entre les objectifs de capacités de l’UE et ceux découlant, pour les pays concernés, de l’ICD ; (h) le besoin d’éviter d’inutiles duplications des processus comme des informations demandées. S’agissant des relations avec les États tiers : (i) le mécanisme assurera la prise en compte des contributions des États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et des pays candidats, afin de permettre l’évaluation de leurs engagements complémentaires qui contribuent à l’amélioration des capacités européennes, et de faciliter leur participation éventuelle à des opérations conduites par l’UE conformément aux décisions d’Helsinki et de Feira. 175 L’examen des travaux réalisés au sein de l’UE bénéficiera du soutien de l’EMUE, dans le cadre de son mandat, et donnera lieu à des rapports au Conseil. Les États membres se sont félicités des intentions exprimées dans la perspective des réunions ministérielles du 21 novembre par les pays candidats à l’adhésion à l’UE et les États européens membres de l’OTAN en réponse à l’invitation qui leur avait été faite au Conseil européen de Feira d’apporter leur contribution sous la forme d’engagements complémentaires à l’amélioration des capacités européennes. Les contributions qui seront recueillies lors des réunions ministérielles du 21 novembre étendront l’éventail des capacités disponibles pour les opérations menées par l’UE, permettant ainsi de renforcer les capacités d’intervention de l’UE de la manière la plus adaptée aux circonstances. Elles seront accueillies comme des contributions additionnelles de valeur aux capacités offertes par les États membres. Dans ce contexte, les États membres ont marqué leur accord pour que celles-ci fassent l’objet en liaison avec les États concernés d’une évaluation selon les mêmes critères que ceux appliqués aux États membres. ________________________ 1 Les tâches de Petersberg incluent les missions humanitaires et d’évacuation, les missions de maintien de la paix et les missions de forces de combat pour la gestion des crises, y compris les missions de rétablissement de la paix (art. 17 para. 2, TUE). 2 Le Danemark a rappelé le protocole n. 5 au Traité d’Amsterdam. 176 CONFÉRENCE D’ENGAGEMENT DE CAPACITÉS BRUXELLES, 20 ET 21 NOVEMBRE 2000 DISCOURS D’OUVERTURE PRONONCÉ PAR M. ALAIN RICHARD, MINISTRE FRANÇAIS DE LA DÉFENSE Mes chers collègues, mon cher Javier, Je voudrais vous dire ma satisfaction d’ouvrir notre réunion et de nous voir réunis aujourd’hui en conférence d’engagement des capacités. Nous avions formé le projet il y a près de neuf mois à Sintra de tenir une telle conférence avant la fin de l’année, afin de mettre l’Union en mesure de conduire des missions de gestion de crise. Nous y sommes aujourd’hui. Nous pouvons d’ores et déjà nous réjouir d’avoir tenu le rythme de travail et les échéances que nous nous étions fixés. Cela a représenté une somme d’efforts considérables : il faut en remercier tous ceux qui y ont participé. La journée et demie et les multiples échanges que nous allons consacrer aux engagements de capacités montrent l’importance de l’étape que nous marquons aujourd’hui. Les résultats de notre conférence, consignés dans la déclaration que nous allons préparer, seront discutés cet après-midi avec nos collègues des Affaires étrangères. Demain, nous prendrons note des offres de contributions complémentaires qui seront présentées par nos homologues des « 15 » et des « 6 ». Enfin, nous préparons aujourd’hui, par l’étape décisive de notre conférence d’engagement, la prochaine échéance sur notre «tableau de marche »: le sommet de Nice, dans à peine trois semaines. Notre déclaration sera annexée au rapport du Conseil européen. Il s’agira pour nos chefs d’État et de gouvernement de constater, sur la base des engagements que nous allons souscrire, que l’UE sera en mesure en 2003, et progressivement d’ici là, d’agir dans le cadre institutionnel qu’ils devraient agréer par ailleurs. Ils s’engageront aussi à mettre en œuvre les projets que nous avons préparés. Ne nous leurrons pas en effet. Cette étape que je souligne n’est que la première d’un processus d’adaptation de nos capacités militaires qui durera. Nous ne nous engageons pas seulement aujourd’hui à tenir à la disposition de l’Union européenne des moyens que nos capitales décideront d’engager, au titre d’une éventuelle opération de gestion de crise, mais nous nous engageons à poursuivre les efforts nécessaires au renforcement de nos capacités dans différents domaines, d’ici 2003 et même après 2003. Je voudrais d’abord rappeler que cette conférence d’engagement de capacités est rendue possible par la qualité et l’intensité des travaux qui ont débuté sous la Présidence portugaise, et se sont poursuivis depuis. La Présidence française avait été invitée par le Conseil européen de Feira à présenter un rapport sur, je cite, « l’élaboration de l’objectif global et des objectifs collectifs en termes de capacités arrêté à Helsinki, y compris en ce qui concerne les résultats de la conférence d’offres d’engagement en matière de capacités, conférence qui doit être organisée avant le Conseil de Nice ». 177 Nous avons fait de cet objectif l’axe principal de notre Présidence. Les efforts déployés par chacun des États membres pour y parvenir montrent que vous en avez également fait une priorité. Je vous en remercie. Je crois que cette priorité reflète bien l’importance fondamentale accordée dans notre démarche, depuis Cologne, à la dimension capacitaire. Nous avons su, aux côtés de nos collègues des Affaires étrangères, travailler à la dimension institutionnelle de la construction de l’Europe de la Défense pour garantir son autonomie d’évaluation et de décision. L’efficacité et la crédibilité de ces structures seront aussi, pour nous qui portons une part importante de la responsabilité d’engagement de militaires dans des situations à risques, la condition de la confiance des contributeurs de troupes. Mais c’est l’aspect capacitaire qui donne à l’ensemble de notre démarche son dynamis me et son caractère pragmatique. Nous avons pris les moyens de traduire en termes concrets, techniques et militaires les objectifs de capacités fixés au niveau politique à Helsinki. Nous avons su également, chacun d’entre nous, déterminer la contribution précise que nous apportons à la force européenne de réaction rapide. De même, nous avons identifié les efforts qui demeurent nécessaires pour atteindre tous les objectifs fixés pour 2003, et au-delà pour mettre l’Union en mesure d’intervenir dans la gestion des crises sur l’ensemble du spectre de Petersberg. Les représentants de nos ministères respectifs, sous l’impulsion des chefs d’état-major de nos 15 pays ont consacré tous leurs efforts à ces travaux. C’est la première fois, comme cela avait été relevé à Ecouen, que les représentants militaires de nos quinze nations faisaient ensemble un travail de planification de forces. Ils ont ainsi établi et testé entre eux des procédures et des habitudes de travail nouvelles. La formation ad hoc, issue de l’organe militaire intérimaire et complétée par des experts du noyau d’état-major : la « Headline Goal Task Force », ou HTF, s’est réunie de façon quasi permanente depuis le début du mois de juillet. Les experts de l’UE ont été rejoints, chaque fois que nécessaire (douze réunions ont eu lieu à ce jour), par des experts de l’OTAN, en format dit « HTF+ », afin que ces derniers présentent des analyses techniques spécifiques complémentaires. La coopération avec l’OTAN s’est avérée exemplaire. Les Européens ont s u mener à bout le travail technique qui leur incombait pour la mise en œuvre de leurs objectifs. Ils ont su faire « bon usage », comme le disait Javier à Ecouen, des contributions complémentaires de très grande qualité fournies par l’OTAN. Nous disposons donc de notre catalogue de capacités. Il a été établi sans préjuger des solutions qui pourraient être requises pour combler les insuffisances et les lacunes qui apparaîtraient à la confrontation de nos demandes et de nos offres. Il était en effet primordial pour la crédibilité et l’efficacité de la politique européenne de sécurité et de défense que l’Union européenne se fixe comme objectif d’être en mesure d’intervenir avec ou sans recours aux moyens de l’OTAN. Le catalogue de capacités a défini des critères qualitatifs, notamment en terme de disponibilité. Celle-ci est indispensable pour assurer des missions humanitaires ou d’évacuation de ressortissants que nous nous sommes fixées. Il est de même de la capacité des troupes à durer, par exemple dans le cadre d’opérations de maintien de la paix, comme nous le démontrent nos engagements dans les Balkans. Nous avions déjà pris note des grandes lignes de ce catalogue à Ecouen et avions demandé que 178 soit approfondi le travail réalisé dans le domaine des capacités de commandement, de contrôle, de renseignement et de transport stratégique. Ce travail complémentaire a été réalisé et validé le 10 novembre par les chefs d’état-major des armées. Nous devrons certes continuer à le faire vivre au gré des évolutions techniques et tactiques et de nos choix politiques. A ce jour, il reflète une expression globale, cohérente et détaillée de nos besoins. C’est en référence à ce catalogue que les États membres ont déterminé et affiné leur contribution. En matière de forces, le travail de recensement des contributions des États membres aboutit à la constitution de ce qu’il est convenu d’appeler un « réservoir » pour les opérations menées par l’UE, qui regroupe de l’ordre de 100 000 hommes, 400 avions et 100 bâtiments. La Présidence a tenu à ce que ces chiffres figurent dans la déclaration. Soyons bien clairs : il n’y a aucune remise en cause, explicite ou implicite, de l’objectif fixé à Helsinki. L’objectif global reste d’être en mesure de déployer, pour la composante terrestre d’une force de réaction rapide, un corps d’armée d’un effectif maximum de 60 000 hommes. Simplement, les experts militaires de l’UE ont estimé, comme c’est logique, que pour disposer de la palette de moyens apte à couvrir chacun des scénarios envisagés, y compris dans les hypothèses de simultanéité, le besoin en militaires s’élevait à plus de 60 000 hommes. Il nous faut donc être transparents sur ce point. L’objectif de 60 000 hommes fixé par nos chefs d’État et de gouvernement est ambitieux, sa mise en œuvre l’est aussi. Dans le même souci de crédibilité et de transparence, il nous faut reconnaître que des améliorations, notamment en matière de disponibilité, de déployabilité, de capacité à durer et d’interopérabilité des forces devront être apportées pour être en mesure de réaliser pleinement l’objectif fixé pour 2003, notamment dans le cas des missions de Petersberg les plus exigeantes. Nous devons aussi penser au renforcement des domaines où nous avons collectivement des déficiences significatives. Pour opérer avec l’efficacité et la sécurité voulues, les Européens chercheront à améliorer leurs moyens dans des domaines essentiels tels que les moyens de recherche et de sauvetage, les moyens de défense contre les missiles sol-sol, les munitions de précision, le soutien logistique et les outils de simulation. Il va nous falloir penser aussi à agir loin de nos territoires, souvent en environnement très dégradé, si la défense de nos intérêts de sécurité ou le soutien aux décisions des Nations Unies l’exigent. Des efforts sérieux sont aussi nécessaires en matière de capacités stratégiques, pour nous rendre réellement capables d’intervenir sur l’ensemble du spectre de Petersberg, avec ou sans les moyens de l’OTAN. En matière de capacités de commandement, il conviendra, en particulier, de vérifier l’interopérabilité de nos systèmes nationaux et d’assurer que nous disposerons, dans toutes les hypothèses, des états -majors nécessaires aux différents niveaux de commandement et des moyens de communication idoines. Pour le renseignement, certains pays de l’Union européenne sont, dès à présent, en mesure de réaliser seuls de complexes opérations de paix, le Royaume-Uni en Sierra Leone nous en a donné le plus récent exemple, il convient de capitaliser sur ces moyens et de chercher, comme nous y appellent les objectifs collectifs de capacités d’Helsinki, à disposer des outils de recueil, d’analyse et de diffusion voulus. Enfin, en matière de capacités de transport stratégique, des efforts d’investissement s’imposent pour que nous soyons en mesure, dans toutes les 179 circonstances, de satisfaire l’objectif de délai fixé à Helsinki et donc de pouvoir disposer rapidement, lorsque cela s’impose, d’un volume de forces significatif sur un théâtre de crise pour y influencer la situation conformément à nos vues. Des efforts restent à effectuer pour réaliser pleinement en 2003 et au-delà l’objectif global et mettre en œuvre les objectifs collectifs de capacités fixés à Helsinki. Plusieurs États membres ont communiqué à la Présidence un répertoire des projets et des pistes de réflexion qu’ils s’engagent à étudier. Il nous appartient aujourd’hui d’étoffer la liste des initiatives nationales ou multinationales qui garantiront que nous atteindrons les objectifs fixés. A ce sujet, je tiens à préciser que pour ceux d’entre nous qui sont, en parallèle, engagés dans l’exercice de l’OTAN d’amélioration des capacités de défense, il y a, certes, cohérence et compatibilité entre les objectifs fixés sans que ces deux processus puissent être confondus ou que les efforts à mener pour l’un puisse suffire à satisfaire l’autre. Soyons clairs : nous nous sommes donné pour ambition d’agir au sein de l’Union européenne en ayant ou non recours aux moyens de l’Alliance, le champ d’application de nos projets est donc forcément plus large que celui de la DCI (Defence Capabilities Initiative). Voilà, mes chers collègues ce que je souhaitais vous dire en introduction de nos discussions. Je laisse la parole à Javier, puis, nous engagerons le tour de table. 32 Conseil européen Nice, 7, 8 et 9 décembre 2000 CONCLUSIONS DE LA PRÉSIDENCE (…) IV. POLITIQUE EUROPEENNE COMMUNE DE SECURITE ET DEFENSE 13. Le Conseil européen a approuvé le rapport de la présidence et ses annexes concernant la politique européenne de sécurité et de défense. 14. Le Conseil européen invite la prochaine présidence, avec le Secrétaire général/Haut représentant, à faire avancer les travaux au sein du Conseil « Affaires générales », conformément aux mandats visés dans le rapport de la présidence. L’objectif est que l’Union européenne soit rapidement opérationnelle dans ce domaine. Une décision à cet effet sera prise par le Conseil européen le plus tôt possible au cours de l’année 2001 et, au plus tard, au Conseil européen de Laeken. La présidence suédoise est invitée à soumettre un rapport sur l’ensemble de ces sujets au Conseil européen de Göteborg. (…) ANNEXE VI RAPPORT DE LA PRÉSIDENCE SUR LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE SÉCURITÉ ET DE DÉFENSE Introduction Les efforts engagés depuis les Conseils européens de Cologne, Helsinki et Feira visent à donner à l’Union européenne les moyens de jouer pleinement son rôle sur la scène internationale et d’assumer ses responsabilités face aux crises, en ajoutant à la gamme des instruments déjà à sa disposition, une capacité autonome de décision et d’action dans le domaine de la sécurité et de la défense. Face aux crises, la spécificité de l’Union réside dans sa capacité à mobiliser une vaste gamme de moyens et d’instruments tant civils que militaires, lui donnant ainsi une capacité globale de gestion de crise et de prévention des conflits, au service des objectifs de la politique étrangère et de sécurité commune. En développant cette capacité autonome de prendre des décisions et, là où l’OTAN en tant que telle n’est pas engagée, de lancer et de conduire des opérations militaires sous la direction de l’Union européenne, en réponse à des crises internationales, l’Union européenne sera capable de remplir l’ensemble des taches de Petersberg telles que définies dans le Traité sur l’Union européenne : missions humanitaires et d’évacuation, missions de maintien de la paix et missions de forces de combat pour la gestion des crises, y compris les missions de rétablissement de la paix. Cela n’implique pas la création d’une armée 181 européenne. L’engagement de moyens nationaux par les États membres dans de telles opérations sera fondé sur leurs décisions souveraines. Pour les États membres concernés, l’OTAN demeure le fondement de la défense collective de ses membres, et continuera à jouer un rôle important dans la gestion des crises. Le développement de la PESD contribue à la vitalité d’un lien transatlantique rénové. Ce développement se traduit également par un vrai partenariat stratégique entre l’UE et l’OTAN dans la gestion des crises, dans le respect de l’autonomie de décision des deux organisations. Le développement de la politique de sécurité et de défense européenne renforce la contribution de l’Union à la paix et à la sécurité internationales conformément aux principes de la charte des Nations unies. L’Union européenne reconnaît la responsabilité première du Conseil de sécurité des Nations unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationale. L’utilité de la coopération entre l’Union et les Nations unies, aussi bien qu’avec l’OSCE et le Conseil de l’Europe, au fur et à mesure que l’Union développe ses capacités dans le domaine de la gestion des crises et de la prévention des conflits, a été soulignée dans le cadre des travaux menés au cours de la présidence. Dans ce contexte, le Secrétaire Général des Nations unies a également présenté une proposition pour une coopération plus étroite entre l’UE et les Nations unies. L’Union européenne, à cet égard, se félicite des récents contacts entre le Secrétaire Général des Nations unies, le Secrétaire Général/Haut Représentant, la présidence et la troïka de l’UE. Le développement des capacités européennes de gestion de crise élargit l’éventail des instruments de réponse aux crises à la disposition de la communauté internationale. Les efforts engagés permettront notamment aux Européens de répondre de manière plus efficace et plus cohérente à des demandes d’organisations chef de file telles que l’ONU ou l’OSCE. Ce développement fait partie intégrante du renforcement de la politique étrangère et de sécurité commune. Dans le cadre de la présentation du présent rapport, la Présidence a pris note de ce que le Danemark a rappelé le Protocole n° 5 annexé au traité d’Amsterdam sur la position de ce pays. I. LE DÉVELOPPEMENT DES CAPACITÉS MILITAIRES RENFORCEMENT DES CAPACITÉS CIVILES DE GESTION DE CRISE ET LE (1) L’élaboration de l’objectif global et des objectifs de capacités militaires fixés à Helsinki Le principal enjeu pour les États Membres est le développement de capacités militaires pouvant être mises à la disposition de l’UE pour gérer une crise. Il s’agit de mobiliser les efforts des États membres en ce domaine. La conférence d’engagement, qui s’est tenue à Bruxelles le 20 novembre, a montré la capacité des Européens à satisfaire pleinement sur le plan quantitatif par leurs contributions aux besoins identifiés pour remplir les différentes natures de missions de gestion de crises qui s’inscrivent dans l’objectif global fixé à Helsinki. 182 Les États membres ont également marqué à cette occasion leur détermination à mettre en œuvre les efforts nécessaires pour améliorer encore leurs capacités opérationnelles en vue de satisfaire pleinement aux besoins des missions de Petersberg les plus exigeantes, notamment en matière de disponibilité, de déployabilité, de capacité à durer et d’intéropérabilité. S’agissant de leurs objectifs collectifs, les États membres ont convenu de poursuivre leurs efforts en matière de commandement et de contrôle, de renseignement et capacités de transport stratégique aériennes et navales. Le Conseil a approuvé la déclaration d’engagement de capacités militaires publiée à l’issue de sa réunion du 20 novembre, ainsi que la définition d’un « mécanisme d’évaluation des capacités militaires ». Celui-ci est destiné à permettre à l’UE d’assurer le suivi et de faciliter les progrès vers la réalisation des engagements pris en vue d’atteindre l’objectif global, de revoir ses objectifs à la lumière des changements de circonstances et de contribuer également à la cohérence entre les engagements assumés dans le cadre de l’UE et, pour les pays concernés, les objectifs acceptés dans le cadre de la planification de l’OTAN et du processus de planification et de révision du partenariat pour la paix. Ces documents figurent en annexe du présent rapport. Les rencontres ministérielles avec les États européens membres de l’OTAN et ne faisant pas partie de l’UE et d’autres pays candidats à l’adhésion dans le prolongement de la conférence d’engagements des capacités ont permis d’accueillir les annonces de contributions additionnelles de ces États, dans la perspective de leur participation à des opérations dirigées par l’UE. Les États membres se félicitent de ces contributions qui élargissent et renforcent les capacités disponibles pour des opérations de gestion de crise dirigées par l’UE. (2) La définition et la mise en œuvre de capacités de l’UE dans les aspects civils de la gestion de crise L’Union européenne a poursuivi le développement des capacités civiles dans les quatre domaines prioritaires fixés par le Conseil européen de Feira : police, renforcement de l’état de droit, renforcement de l’administration civile et protection civile. Les travaux se sont concentrés sur la mise en œuvre de l’objectif concret en matière de police qui prévoit que les États membres devraient être en mesure de fournir 5 000 policiers d’ici 2003 pour des missions internationales, dont 1 000 pouvant être déployés dans un délai inférieur à 30 jours, ainsi que sur la définition d’objectifs concrets dans le domaine du renforcement de l’état de droit. Les travaux du comité chargé des aspects civils de la gestion de crise ont permis des progrès importants dans le domaine de l’élaboration de l’objectif de police. Une méthodologie a été développée et des concepts d’emploi mis au point. Il convient désormais de concrétiser l’engagement des États membres par un appel à des contributions volontaires. Par ailleurs, la nécessité de doter le Secrétariat général du Conseil d’une expertise permanente en matière de police a été identifiée. 183 Les travaux sur le renforcement de l’état de droit, deuxième priorité identifiée à Feira, permettront de déterminer dans ce domaine des objectifs concrets cohérents avec le développement des capacités de l’Union européenne en matière de police. Le séminaire, organisé à Bruxelles le 25 octobre, sur ce sujet a permis de dégager de premières réflexions et orientations pour la poursuite des travaux dans le cadre du Comité chargé des aspects civils de la gestion des crises. Dans le contexte de ces travaux, une base de données visant à recenser les capacités des États membres s’agissant du rétablissement du système judiciaire et pénitentiaire a été mise en place au sein du Secrétariat général du Conseil. Des travaux ont été engagés sur la coopération avec l’ONU, l’OSCE et le Conseil de l’Europe. Ils devront se poursuivre. La contribution des États non membres de l’UE aux opérations civiles de gestion de crise de l’UE notamment aux missions de police de l’UE sera examinée dans un esprit positif, selon des modalités à déterminer. Un document présentant les éléments essentiels des travaux réalisés sur les aspects civils de la gestion des crises figure en annexe du présent rapport. II. LA CRÉATION PERMANENTES DE STRUCTURES POLITIQUES ET MILITAIRES Le processus engagé depuis le Conseil européen de Cologne vise à permettre à l’Union européenne d’assumer la globalité de la gestion de crise. Pour jouer pleinement son rôle sur la scène internationale, l’UE doit pouvoir disposer de l’éventail complet des instruments nécessaires à une approche globale de la gestion de crise et en particulier : − − − développer une approche européenne cohérente de la gestion de crise et de la prévention des conflits ; assurer la synergie entre les aspects civils et militaires de la gestion de crise ; couvrir l’ensemble du spectre des missions de Petersberg. Pour permettre à l’Union européenne d’assumer pleinement ses responsabilités, le Conseil européen décide de créer les organes permanents politiques et militaires suivants, qui devront être prêts à commencer leurs travaux : − − − le Comité politique et de sécurité ; le Comité militaire de l’Union européenne ; l’état-major de l’Union européenne. Les documents définissant la composition, les compétences et le fonctionnement de ces instances figurent en annexe du présent rapport. La montée en puissance des ressources nécessaires au fonctionnement de ces instances, en particulier de l’état-major, devra intervenir sans délai. 184 Pour assurer l’efficacité et la cohérence d’une gestion de crise dans ses aspects civils et militaires, la mise au point d’un dispositif permettant la mise en synergie des instruments civils et militaires représente une nécessité. A cet effet, un document (doc. 13957/1/00 REV 1 + COR 1) constituant un cadre de référence a été présenté par le Secrétaire Général/Haut Représentant et pris en note avec intérêt. Un autre document portant sur les procédures de gestion de crise et comprenant notamment une annexe sur le Centre de situation de l’Union européenne a également été diffusé par le Secrétariat général du Conseil. Ce document fera l’objet d’une analyse approfondie, puis de tests et d’exercices afin d’être éventuellement ajusté en fonction de l’expérience puis validé. Dans ce dispositif de gestion de crise, le COPS a un rôle central à jouer dans la définition et le suivi de la réponse de l’UE à une crise. Le Secrétaire Général/Haut Représentant, qui peut présider le COPS, joue un rôle important d’impulsion. Il contribue également à l’efficacité et à la visibilité de l’action et de la politique de l’Union. III. LES ARRANGEMENTS QUI PERMETTRONT DANS LA GESTION MILITAIRE DE CRISES PAR L’UE LA CONSULTATION ET LA PARTICIPATION DES ÉTATS EUROPÉENS MEMBRES DE L’OTAN NE FAISANT PAS PARTIE DE L’UE ET D’AUTRES PAYS CANDIDATS A L’ADHÉSION A L’UE Le projet de l’UE est ouvert. Pour une gestion efficace des crises, l’Union européenne souhaite bénéficier des contributions des États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et d’autres pays candidats à l’adhésion à l’UE, en particulier de ceux qui ont la volonté et la capacité d’engager des moyens significatifs pour participer aux missions de Petersberg. Cette ouverture doit naturellement respecter le principe d’autonomie de décision de l’Union européenne. Mettant en œuvre les dispositions agréés à Feira, la présidence a engagé et développé un dialogue régulier et substantiel sur la PESD avec les pays concernés. Des rencontres ministérielles se sont ainsi tenues le 21 novembre, dans le prolongement de la conférence d’engagement des capacités. Ce dialogue s’est également développé au niveau du COPSi, qui a tenu des réunions de la structure inclusive les 27 juillet, 2 octobre, et 17 novembre, ainsi qu’au travers de réunions en format d’experts militaires pour préparer les contributions des États tiers aux objectifs de capacités. Ces consultations se sont ajoutées aux réunions tenues au titre du dialogue politique de l’Union avec ses partenaires. Le document sur les « arrangements concernant les États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et d’autres pays candidats à l’adhésion à l’UE » figure en annexe du présent rapport. Ces arrangements permettront, conformément aux engagements pris, de les consulter sur une base régulière hors période de crise et de les associer en temps de crise de la manière la plus large possible aux opérations militaires dirigées par l’UE. IV. ARRANGEMENTS PERMANENTS COOPÉRATION UE-OTAN SUR LA CONSULTATION ET 185 LA Sur la base des décisions prises au Conseil européen de Feira, et en étroite consultation avec l’OTAN, l’Union européenne a poursuivi pendant la présidence française le travail pour préparer l’établissement d’une relation permanente et efficace entre les deux organisations. Les documents joints sur les arrangements concernant la consultation, la coopération et la transparence avec l’OTAN et les modalités d’accès de l’UE aux moyens et capacités de l’OTAN (Berlin plus) représentent la contribution de l’UE aux travaux concernant les futurs arrangements entre les deux organisations. L’UE attend de l’OTAN qu’elle réagisse favorablement afin de pouvoir mettre en œuvre ces arrangements sur une base mutuellement satisfaisante. Les consultations et la coopération entre les deux organisations seront développées sur les questions de sécurité, de défense et de gestion de crise d’intérêt commun en vue de permettre la réponse militaire la plus appropriée à une crise et d’assurer une gestion de crise efficace, dans le plein respect de l’autonomie de décision de l’OTAN et de l’UE. L’UE rappelle l’importance qu’elle attache à pouvoir faire usage, le cas échéant, de la garantie d’accès aux capacités de planification et à la présomption de disponibilité des moyens et capacités de l’OTAN, qui ont été envisagées dans le communiqué du sommet de Washington. L’Union européenne fera appel à l’OTAN pour la planification opérationnelle d’une opération ayant recours aux moyens et capacités de l’OTAN. Lorsque l’Union examine les options en vue d’une opération, l’élaboration de ses options militaires stratégiques pourrait impliquer une contribution des capacités de planification de l’OTAN. L’UE souligne l’importance de dispositions appropriées permettant l’accès, pour ceux qui le souhaitent, aux structures de l’Alliance afin de faciliter, en tant que de besoin, la participation effective de tous les États membres aux opérations dirigées par l’UE, faisant appel aux moyens et capacités de l’OTAN. Les rencontres entre le Comité politique et de sécurité intérimaire et le Conseil atlantique tenues le 19 septembre et le 9 novembre ont marqué une étape déterminante dans le développement d’une relation confiante entre l’UE et l’OTAN. Les travaux conduits dans le cadre des groupes ad hoc mis en place à Feira, ainsi que dans celui du groupe d’experts sur les capacités militaires (HTF plus) ont permis de progresser dans la transparence et la coopération entre les deux organisations. L’accord intérimaire de sécurité conclu entre les deux Secrétaires généraux a favorisé le développement de ces relations en autorisant de premiers échanges de documents et ouvert la voie à un arrangement définitif entre l’Union européenne et l’OTAN. V. L’INCORPORATION DANS L’UE DES FONCTIONS APPROPRIÉES DE L’UEO L’Union européenne a confirmé son intention de reprendre à son compte la fonction de gestion de crise de l’UEO. Elle a pris note à cet égard des mesures arrêtées par le Conseil des ministres de l’UEO à Marseille pour tirer les conséquences pour cette organisation des évolutions intervenues à l’UE. 186 Le Conseil a adopté les décisions de principe suivantes portant sur l’incorporation des fonctions appropriées de l’UEO dans le domaine des tâches de Petersberg : − − la création sous la forme d’agences d’un centre satellitaire et d’un Institut d’études de sécurité qui incorporent les éléments pertinents des structures actuelles de l’UEO ; la gestion directe par l’UE d’une mission de coopération technique de police en Albanie, succédant à l’élément multinational de conseil en matière de police en Albanie, dont le conseil avait confié l’exécution à l’UEO sur la base de l’art. 17 du TUE. Le Conseil a pris note de l’évaluation selon laquelle la mission de déminage en Croatie aura atteint, dans sa forme actuelle à l’UEO, ses objectifs à l’échéance de son mandat. Le Conseil a également convenu d’enrichir le dialogue transatlantique en confiant à l’IES le développement d’activités similaires à celles aujourd’hui conduites au sein du forum transatlantique, selon des modalités à convenir qui permettent la participation à ces activités de tous les États concernés. VI. ARRANGEMENTS SUR LA CONSULTATION D’AUTRES PARTENAIRES POTENTIELS ET LA PARTICIPATION A Feira, il a été rappelé que la Russie, l’Ukraine, d’autres États européens avec lesquels l’Union entretient un dialogue politique et d’autres États intéressés tel que le Canada, pourront être invités à participer aux opérations menées par l’UE. Dans cette perspective, l’Union propose de renforcer le dialogue, la coopération et la consultation sur les questions de sécurité et de défense avec les pays concernés dans le cadre des accords existants sur la base des principes suivants : En période de routine, l’Union veillera à assurer des échanges d’information sur les questions liées à la PESD et à la gestion militaire des crises par des réunions consacrées à ce sujet qui se tiendront, en règle générale, une fois par semestre au niveau de la troïka du COPS. Des réunions supplémentaires seront organisées, s’il y a lieu, sur décision du Conseil. En cas de crise, lorsque l’éventualité d’une opération militaire de gestion de crise est examinée, ces consultations conduites en format troïka ou par le Secrétaire Général/Haut Représentant constitueront le cadre permettant de procéder à des échanges de vues et à des discussions sur la participation éventuelle des partenaires potentiels. L’Union européenne s’est déjà félicitée de l’intérêt manifesté par le Canada. Des consultations intensifiées auront lieu avec le Canada en temps de crise. La participation du Canada revêtira un intérêt particulier en cas d’opération de l’UE faisant appel aux moyens et capacités de l’OTAN. À cet égard, lorsque l’Union s’engagera dans l’examen approfondi d’une option faisant appel aux moyens et capacités de l’OTAN, une attention spéciale sera accordée à la consultation avec le Canada. Les pays participant à une opération pourront désigner des officiers de liaison auprès des états-majors de planification et siéger avec l’ensemble des membres de l’UE au comité des 187 contributeurs avec les mêmes droits et les mêmes obligations que les autres États participants, s’agissant de la gestion courante de l’opération. Ces principes initiaux sont sans préjudice de mécanismes particuliers de consultation et/ou de participation qui pourraient être conclus avec certains des pays concernés. Ainsi, l’UE a adopté avec la Russie une déclaration conjointe sur le renforcement du dialogue sur les questions politiques et de sécurité en Europe qui prévoit notamment des consultations spécifiques sur les questions de sécurité et de défense. VII. PRÉVENTION DES CONFLITS Les Conseils européens de Cologne, d’Helsinki, puis de Feira ont décidé que l’Union devait assumer pleinement ses responsabilités en matière de prévention des conflits. À cet effet, le Conseil européen de Feira a invité le Secrétaire Général/Haut Représentant et la Commission à soumettre au Conseil européen de Nice des recommandations concrètes sur la manière d’améliorer la cohérence et l’efficacité de l’action de l’Union européenne dans le domaine de la prévention des conflits. Le rapport a été présenté au Conseil européen qui a accueilli avec satisfaction les recommandations concrètes présentées par le Secrétaire Général/Haut Représentant et par la Commission, et a marqué la nécessité de poursuivre ces travaux. VIII. MANDAT POUR LA PRÉSIDENCE SUIVANTE 1. Sur la base du présent rapport, la présidence suédoise est invitée, en association avec le Secrétaire Général/Haut Représentant, à poursuivre les travaux au sein du Conseil « affaires générales » sur le développement de la politique européenne de sécurité et de défense et à mettre en œuvre les mesures nécessaires dans les domaines suivants : (a) L’objectif est que l’UE soit rapidement opérationnelle. Une décision à cet effet sera prise par le Conseil européen le plus tôt possible au cours de l’année 2001 et, au plus tard, au Conseil européen de Laeken. A cette fin, la Présidence suédoise est invitée à : − − − prendre les mesures nécessaires à la mise en œuvre et à la validation du dispositif de gestion de crise, y compris des structures et des procédures ; poursuivre les discussions avec l’OTAN en vue de la mise en place des arrangements entre l’UE et l’OTAN ; faire rapport au Conseil européen de Göteborg. (b) le suivi des objectifs de capacités militaires et des engagements inscrits dans la déclaration d’engagement de capacités à travers notamment la définition des modalités du mécanisme de suivi et d’évaluation dont les grandes lignes sont définies dans le document en appendice à l’annexe I au présent rapport ; (c) la poursuite des travaux engagés sur les aspects civils de la gestion de crise, y compris le développement d’une capacité de planification et de conduite d’opérations de police et un 188 appel à des contributions volontaires en matière de police, ainsi que l’élaboration d’autres objectifs concrets ; (d) la mise en œuvre des décisions prises au présent Conseil européen sur les arrangements permanents avec les États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et les pays candidats à l’adhésion et la présentation de propositions concernant les modalités de participation des États tiers aux aspects civils de la gestion des crises ; (e) la mise en œuvre des arrangements sur la consultation et la participation d’autres partenaires potentiels dont les principes sont définis par le présent Conseil européen ; (f) la création, sous la forme d’agences au sein de l’UE, d’un « centre satellitaire » (chargé de l’exploitation d’images satellitaires et aériennes) et d’un « Institut d’études de sécurité » qui incorporeront les éléments pertinents des structures correspondants actuelles de l’UEO ; (g) l’identification des domaines possibles ainsi que des modalités de coopération entre l’Union européenne et les Nations unies dans la gestion des crises ; (h) la définition de propositions visant à améliorer la cohérence et l’efficacité de l’action de l’Union dans le domaine de la prévention des conflits. 2. La présidence suédoise est invitée à présenter, sur ces sujets, un rapport au Conseil européen de Göteborg. ANNEXE I à l’ANNEXE VI DÉCLARATION D’ENGAGEMENT DE CAPACITÉS MILITAIRES 1. Depuis le Conseil européen de Cologne, et notamment grâce aux travaux réalisés par les présidences finlandaise et portugaise, le développement et la mise en place des moyens et capacités civiles et militaires nécessaires pour permettre à l’Union de prendre des décisions sur l’ensemble des missions de prévention des conflits et de gestion des crises définies dans le traité sur l’Union européenne (« missions de Petersberg » 2 ), et de les mettre en œuvre, a été une des priorités de l’Union. L’Union a souligné à cet égard sa détermination de développer une capacité autonome de décider et, là où l’OTAN en tant que telle n’est pas engagée, de lancer et de conduire des opérations militaires sous la direction de l’UE, en réponse à des crises internationales. À cette fin, les États membres ont décidé de développer des capacités militaires plus efficaces. Ce processus, conduit sans duplications inutiles, n’implique pas la création d’une armée européenne. Ces développements font partie intégrante du renforcement de la politique étrangère et de sécurité commune. L’Union sera ainsi à même de contribuer davantage à la sécurité internationale conformément aux principes de la Charte des Nations unies, de al charte de l’OSCE et de l’acte final d’Helsinki. L’Union reconnaît la responsabilité première du Conseil de sécurité des Nations unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. 2 Les tâches de Petersberg incluent les missions humanitaires et d’évacuation, les missions de maintien de la paix et les missions de forces de combat pour la gestion des crises, y compris les missions de rétablissement de la p aix (art. 17 para. 2, TUE). 189 2. Dans le domaine des capacités militaires, qui viennent compléter les autres instruments à disposition de l’Union, au Conseil européen d’Helsinki, de décembre 1999, les États membres se sont fixé comme objectif global d’être en mesure, d’ici 2003, de déployer dans un délai inférieur à 60 jours et de soutenir pour une durée d’au moins un an, des forces pouvant aller jusqu’au niveau d’un Corps d’armée (60 000 personnes). Ces forces devraient être militairement autosuffisantes et dotées des capacités nécessaires de commandement, de contrôle et de renseignement, de la logistique et d’autres unités d’appui aux combats ainsi que, en cas de besoin, d’éléments aériens et navals. Les États membres ont également décidé à Helsinki de déterminer rapidement des objectifs collectifs de capacités, notamment en matière de commandement et de contrôle, de renseignement et de transport stratégique. Au Conseil européen de Feira, de juin 2000, l’Union européenne a également encouragé les pays candidats à l’adhésion à l’UE et les États européens membres de l’OTAN qui ne sont pas membres de l’Union, à contribuer à l’amélioration des capacités européennes. Les travaux engagés depuis le Conseil européen de Feira ont permis à l’Union européenne de définir la palette des moyens nécessaires pour mener à bien l’ensemble des missions de Petersberg, y compris les plus exigeantes d’entre elles. Ils ont permis de détailler les besoins de l’UE en termes de capacités militaires et de forces pour réaliser l’objectif global. Les besoins identifiés sont réunis dans un catalogue de capacités. Comme convenu au Conseil européen de Feira, l’élaboration de ce catalogue a bénéficié des compétences militaires de l’OTAN. 3. Les États membres ont participé le 20 novembre à Bruxelles à une conférence d’engagement de capacités qui a permis de rassembler les engagements nationaux concrets correspondant aux objectifs militaires de capacités fixés par le Conseil européen d’Helsinki3 . Cette conférence a également permis d’identifier un certain nombre de domaines dans lesquels un effort de mise à niveau des moyens existants, d’investissement, ou de développement et de coordination sera fait pour acquérir ou améliorer progressivement les capacités nécessaires à une action autonome de l’Union européenne. Les États membres ont fait connaître leurs premiers engagements à cet égard. Cette conférence constitue la première étape d’un processus exigeant de renforcement des capacités militaires pour la gestion des crises par l’UE qui a pour but d’atteindre l’objectif global fixé pour 2003 et qui se poursuivra au-delà de cette date pour atteindre les objectifs collectifs de capacités. Au Conseil européen d’Helsinki, les États membres avaient en effet également décidé de déterminer rapidement des objectifs collectifs de capacité en matière de commandement et de contrôle, de renseignement et de transport stratégique, et s’étaient félicités des décisions en ce sens déjà annoncées par certains États membres : – développer et coordonner des moyens militaires de surveillance et d’alerte rapide ; – ouvrir les Étatsmajors nationaux interarmées existants à des officiers provenant d’autres États membres ; – renforcer les capacités de réaction rapide des forces multinationales européennes existantes ; – préparer l’établissement d’un commandement européen du transport aérien ; – accroître le nombre des troupes prêtes à être déployées ; – renforcer les capacités de transport maritime stratégiques. Cet effort sera poursuivi. Il demeure en effet essentiel pour la crédibilité et l’efficacité de la politique européenne de sécurité et de 3 Le Danemark a rappelé le protocole n. 5 au Traité d’Amsterdam. 190 défense que les capacités militaires de gestion de crises de l’Union européenne soient renforcées, afin que celle-ci soit en mesure d’intervenir avec ou sans recours aux moyens de l’OTAN. 4. Lors de la conférence d’engagement des capacités, conformément aux décisions des Conseils européens de Helsinki et de Feira, les États membres se sont engagés, sur une base volontaire, à des contributions nationales correspondant aux capacités de réaction rapide identifiées pour atteindre l’objectif global. Ces engagements ont été réunis dans un catalogue, dit « catalogue de forces ». L’analyse de ce catalogue permet d’affirmer qu’à l’horizon 2003, conformément à l’objectif global défini à Helsinki, l’Union européenne sera capable de conduire l’ensemble des mis sions de Petersberg, mais que certaines capacités ont besoin d’être améliorées, à la fois sur le plan quantitatif et qualitatif, pour optimiser les capacités à disposition de l’Union. À cet égard, les Ministres ont réaffirmé leur engagement de satisfaire pleinement aux objectifs définis au Conseil européen d’Helsinki. À cette fin, ils viseront à identifier dans les meilleurs délais les initiatives complémentaires qu’ils pourront mettre en œuvre, sur une base nationale ou en coopération avec des partenaires, pour répondre aux besoins identifiés. Ces efforts viendront en addition des contributions déjà identifiés. Pour les pays concernés, ces efforts se renforcent mutuellement avec ceux qu’ils déploient dans le cadre de l’initiative sur les capacités de défense de l’OTAN. A) Concernant les forces Sur le plan quantitatif, les contributions volontaires annoncées par les États membres permettent de répondre pleinement à l’objectif global défini à Helsinki (60 000 personnes déployables dans un délai inférieur à 60 jours, et pour une durée de mission d’au moins un an). Ces contributions, recueillies dans le « Catalogue de forces », constituent un réservoir de plus de 100 000 personnes et d’environ 400 avions de combat et 100 bâtiments, permettant de satisfaire pleinement aux besoins identifiés pour remplir les différentes natures de missions de gestion de crises qui s’inscrivent dans l’objectif global. D’ici 2003, dès que les organes politiques et militaires compétents de l’Union européenne seront en mesure d’assurer, sous l’autorité du Conseil, le contrôle politique et la direction stratégique des opérations conduites par l’UE, celle-ci pourra donc progressivement assumer des missions de Petersberg en fonction de la montée en puissance de ses capacités militaires. La nécessité d’améliorer encore la disponibilité, la déployabilité, la capacité de durer et l’intéropérabilité des forces a cependant été identifiée pour satisfaire pleinement aux besoins des missions de Petersberg les plus exigeantes. Un effort devra également être fait dans des domaines spécifiques, tels que les équipements militaires, y compris les armes et les munitions, et les services de soutien, y compris dans le domaine médical, ainsi que la prévention des risques opérationnels et la protection des forces. B) Concernant les capacités stratégiques En matière de commandement, de contrôle, et de communication, les États membres ont offert un nombre satisfaisant d’états-majors nationaux ou multinationaux aux niveaux stratégique, d’opération, de force, et de composante. Ces offres devront être évaluées plus avant sur le plan qualitatif pour que l’UE puisse disposer, au-delà du possible recours aux capacités de l’OTAN, de moyens optimaux de commandement et de contrôle. L’Union a rappelé à cet égard l’importance qu’elle attache à la conclusion rapide des travaux en cours sur l’accès aux capacités et moyens de l’OTAN. L’État-major de l’Union européenne qui 191 disposera d’une première capacité opérationnelle au cours de l’année 2001 renforcera la capacité collective d’alerte rapide de l’Union européenne et dotera celle-ci d’une capacité d’évaluation de situation et de planification stratégique pré-décisionnelle. En matière de renseignement, outre les capacités d’interprétation d’images du Centre satellitaire de Torrejon, les États membres ont offert un certain nombre de moyens qui peuvent contribuer à la capacité d’analyse et de suivi de situation de l’Union européenne. Néanmoins, ils ont noté que des efforts sérieux seront nécessaires dans ce domaine pour disposer à l’avenir de davantage de renseignement de niveau stratégique. En ce qui concerne les capacités de transport stratégique aériennes et navales dont dispose l’Union européenne, des améliorations sont nécessaires pour garantir que l’Union soit en mesure de répondre, en toute hypothèse, aux besoins d’une opération exigeante du haut du spectre de Petersberg, tel que défini à Helsinki. 5. Conformément aux décisions des Conseils européens de Helsinki et de Feira sur les objectifs collectifs de capacités, les États membres se sont également engagés à des efforts portant sur le moyen et le long terme afin d’améliorer encore leurs capacités, aussi bien opérationnelles que stratégiques. Les États membres se sont engagés à poursuivre, notamment dans le cadre des réformes en cours de leurs forces armées, les démarches de renforcement de leurs capacités propres, ainsi que les projets existants ou en gestation mettant en œuvre des solutions multinationales, y compris dans le domaine de la mise en commun des moyens. L’ensemble de ces projets porte sur : − − − l’amélioration des performances des forces européennes dans les domaines de la disponibilité, de la déployabilité, de la capacité de durer et de l’intéropérabilité des forces européennes ; le développement des capacités « stratégiques »: mobilité stratégique pour acheminer rapidement les forces sur le terrain de l’opération ; états-majors pour commander et contrôler les forces et système d’information et de communication associés; moyens pour les renseigner ; le renforcement des capacités opérationnelles essentielles dans le cadre d’une opération de gestion de crise. Ont été identifiés, à cet égard, les moyens de recherche et de sauvetage en conditions opérationnelles, les instruments de défense contre les missiles sol-sol, les armes de précision, le soutien logistique, les outils de simulation. La restructuration des industries de défense européennes en cours dans certains États membres constitue, à cet égard, un facteur positif. Elle favorise le développement des capacités européennes. À titre d’exemple, les États membres concernés ont rappelé les travaux qu’ils poursuivent sur un certain nombre de projets essentiels qui contribueront au renforcement des capacités à disposition de l’Union: Avion de transport futur (Airbus A 400M), bâtiments de transport maritime, Hélicoptères de transport de troupes (NH 90). Certains États membres ont également annoncé leur intention de poursuivre leurs efforts pour se doter d’équipement de nature à renforcer la sécurité et l’efficacité de l’action militaire. Enfin des États membres se sont engagés à améliorer l’accès assuré de l’Union à 192 l’imagerie satellitaire, notamment grâce au développement de nouveaux équipements satellitaires, optique et radar (Helios II, SAR Lupe et Cosmos skymed). 6. Afin d’assurer la pérennité de la démarche européenne de renforcement des capacités, les États membres ont convenu de l’importance de définir un mécanisme d’évaluation permettant d’assurer le suivi et de faciliter des progrès vers la réalisation des engagements pris en vue d’atteindre l’objectif global, en termes à la fois quantitatif et qualitatif. Ce mécanisme, dont les grandes lignes seront approuvées lors du Conseil européen de Nice (cf. appendice à l’annexe I), vise à doter l’Union d’une capacité d’évaluation et de suivi de ses objectifs (fondée sur la HTF-Headline goal Task Force) sur la base d’une méthode de consultation entre les États membres. Afin d’éviter une duplication inutile, il pourra, pour les États membres concernés, s’appuyer sur des données techniques issues de mécanismes existants de l’OTAN, tels que la planification de défense et le Processus de Planification et de Révision (PARP). Ce recours se fera, avec l’appui de l’État-major de l’UE (EMUE), par le biais de consultations entre experts au sein d’un groupe formé sur le même modèle que celui qui a été constitué pour l’élaboration du catalogue de capacités (HTF Plus). En outre, l’information et la transparence seront assurées de façon appropriée entre l’UE et l’OTAN par le groupe sur les capacités mis en place entre les deux organisations qui prendra des mesures pour assurer le développement cohérent des capacités de l’UE et de l’OTAN là où elles se recoupent (en particulier celles découlant des objectifs définis au Conseil européen d’Helsinki et celles de l’Initiative sur les Capacités de Défense de l’OTAN - ICD). Ce mécanisme sera basé sur les principes suivants : (a) la préservation de l’autonomie de décision de l’UE, en particulier dans la définition, l’évaluation, le contrôle et le suivi des objectifs de capacités ; (b) la reconnaissance du caractère politique et volontaire des engagements pris, ce qui implique que les États membres sont responsables des ajustements éventuels des engagements au vu de l’évaluation réalisée ; (c) la transparence, la simplicité et la clarté afin notamment de permettre des comparaisons entre les engagements des États membres ; (d) la permanence et le caractère régulier de l’évaluation des progrès réalisés, sur la base de rapports permettant aux ministres de prendre les décisions appropriées ; (e) la souplesse nécessaire pour adapter les engagements aux nouveaux besoins identifiés. S’agissant des relations avec l’OTAN : Les arrangements concernant la transparence, la coopération et le dialogue entre l’UE et l’OTAN devraient être définis dans le document relatif aux arrangements permanents entre l’UE et l’OTAN. Le mécanisme d’évaluation prendra en compte les principes supplémentaires suivants : (f) le besoin, pour les pays concernés, d’assurer la cohérence entre les engagements assumés dans le cadre de l’UE et les objectifs de force acceptés dans le cadre de la planification de l’OTAN ou du PARP ; 193 (g) le besoin d’un renforcement mutuel entre les objectifs de capacités de l’UE et ceux découlant, pour les pays concernés, de l’Initiative sur les Capacités de Défense de l’OTAN ; (h) le besoin d’éviter d’inutiles duplications des processus comme des informations demandées. S’agissant des relations avec les États tiers: (i) le mécanisme assurera la prise en compte des contributions des États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et des pays candidats à l’adhésion à l’Union, afin de permettre l’évaluation de leurs engagements complémentaires qui contribuent à l’amélioration des capacités européennes, et de faciliter leur participation éventuelle à des opérations conduites par l’UE conformément aux décisions d’Helsinki et de Feira. L’examen des travaux réalisés au sein de l’UE bénéficiera du soutien de l’EMUE, dans le cadre de son mandat, et donnera lieu à des rapports au Conseil. Les États membres se sont félicités des intentions exprimées dans la perspective des réunions ministérielles du 21 novembre par les pays candidats à l’adhésion à l’UE et les États européens membres de l’OTAN en réponse à l’invitation qui leur avait été faite au Conseil européen de Feira d’apporter leur contribution sous la forme d’engagements complémentaires à l’amélioration des capacités européennes. Les contributions qui seront recueillies lors des réunions ministérielles du 21 novembre étendront l’éventail des capacités disponibles pour les opérations menées par l’UE, permettant ainsi de renforcer les capacités d’intervention de l’UE de la manière la plus adaptée aux circonstances. Elles seront accueillies comme des contributions additionnelles de valeur aux capacités offertes par les États membres. Dans ce contexte, les États membres ont marqué leur accord pour que ces contributions fassent l’objet en liaison avec les États concernés d’une évaluation selon les mêmes critères que ceux appliqués aux États membres. Appendice à l’ANNEXE I à l’ANNEXE VI RÉALISATION DE L’OBJECTIF GLOBAL MÉCANISME D’ÉVALUATION DES CAPACITÉS MILITAIRES INTRODUCTION 1. Le Conseil européen d’Helsinki des 10-11 décembre 1999 a décidé de poursuivre la réalisation d’objectifs de capacités (un objectif global et des objectifs collectifs dans les domaines du commandement et du contrôle, du renseignement et du transport stratégique) afin d’être en mesure de conduire l’ensemble des missions de Petersberg définies dans le traité d’Amsterdam, y compris les plus exigeantes d’entre elles. 2. Le Conseil européen a également chargé le Conseil Affaires générales (CAG) d’élaborer l’objectif global et les objectifs de capacités, ainsi qu’une « méthode de consultation grâce à 194 laquelle il sera possible d’atteindre et de tenir ces objectifs, et par laquelle chaque État membre pourra définir sa contribution nationale, reflétant ainsi la volonté politique et la détermination des États membres d’atteindre ces objectifs. Cela comportera aussi un examen régulier des progrès réalisés. » 3. Le Conseil européen de Feira a pris note des progrès réalisés et réaffirmé combien il serait important « de mettre en place un mécanisme d’évaluation permettant de mesurer les progrès accomplis vers la réalisation de ces objectifs ». PROGRÈS RÉALISÉS DEPUIS HELSINKI 4. Depuis Helsinki, (a) l’objectif global a été élaboré par les experts militaires des États membres, qui, aidés, en tant que de besoin, d’experts de l’OTAN, ont détaillé, en termes quantitatifs et qualitatifs, un réservoir ou « catalogue de forces » nécessaires à l’accomplissement de l’ensemble du spectre des missions de Petersberg envisagées. Les États membres ont annoncé leurs contributions nationales et identifié les domaines dans lesquels des progrès sont encore nécessaires pour satisfaire pleinement aux besoins des missions de Petersberg les plus exigeantes ; (b) les États membres ont pris des engagements en termes à la fois de moyens existants et de mesures pour combler les besoins restants lors de la Conférence d’engagement de capacités du 20 novembre 2000 ; (c) les contributions en capacités et en forces des États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et des pays candidats à l’adhésion à l’UE ont été prises en compte et saluées comme des contributions additionnelles de valeur à l’amélioration des capacités militaires européennes. OBJECTIFS DU MÉCANISME DE REVUE DE L’UE 5. Faisant suite à l’élaboration de l’objectif global exprimé dans un catalogue détaillé de capacités nécessaires et à l’annonce des engagements nationaux visant à les fournir, le mécanisme d’évaluation envisagé à Helsinki doit maintenant être défini plus en détail. Il a trois objectifs spécifiques : (a) permettre à l’UE d’assurer le suivi et de faciliter des progrès vers la réalisation des engagements pris en vue d’atteindre l’objectif général, en termes à la fois quantitatifs et qualitatifs ; (b) permettre à l’UE d’évaluer et, si nécessaire, de revoir ses objectifs de capacités, définis pour répondre aux besoins de l’ensemble des missions du spectre de Petersberg, à la lumière des changements de circonstances ; (c) contribuer à la cohérence entre les engagements assumés dans le cadre de l’UE et, pour les pays concernés, les objectifs de force acceptés dans le cadre de la planification de l’OTAN ou du Partenariat pour la paix (PARP). Comme convenu à Helsinki, les États membres concernés utiliseront en outre les procédures de planification existantes en matière de défense, y compris, si cela est 195 approprié, celles de l’OTAN et du processus de planification et de révision (PARP) du Partenariat pour la paix. PRINCIPES 6. La méthode de consultation et le processus d’évaluation diligentés à Helsinki doivent respecter les principes suivants : (a) la préservation de l’autonomie de décision de l’UE, en particulier dans la définition, l’évaluation, le contrôle et le suivi des objectifs de capacités ; (b) la reconnaissance du caractère politique et volontaire des engagements pris, ce qui implique que les États membres sont responsables des ajustements éventuels des engagements au vu de l’évaluation réalisée ; (c) la transparence, la simplicité et la clarté afin notamment de permettre des comparaisons entre les engagements des États membres ; (d) la permanence et le caractère régulier de l’évaluation des progrès réalisés, sur la base de rapports permettant aux ministres de prendre les décisions appropriées ; (e) la souplesse nécessaire pour adapter les engagements aux nouveaux besoins identifiés. S’agissant des relations avec l’OTAN : Les arrangements concernant la transparence, la coopération et le dialogue entre l’UE et l’OTAN sont définis dans le document relatif aux arrangements permanents entre l’UE et l’OTAN. Le mécanisme d’évaluation prendra en compte les principes supplémentaires suivants : (f) le besoin, pour les pays concernés, d’assurer la cohérence des engagements assumés dans le cadre de l’UE avec les objectifs de force acceptés dans le cadre de la planification de l’OTAN ou du PARP ; (g) le besoin d’un renforcement mutuel entre les objectifs de capacités de l’UE et ceux découlant, pour les pays concernés, de l’Initiative sur les Capacités de Défense de l’OTAN (ICD) ; (h) le besoin d’éviter d’inutiles duplications des processus comme des informations demandées. S’agissant des relations avec les États tiers : (i) le mécanisme assurera la prise en compte des contributions des États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et des pays candidats, afin de permettre l’évaluation de leurs engagements complémentaires qui contribuent à l’amélioration des capacités européennes et de faciliter leur participation éventuelle à des opérations conduites par l’UE conformément aux décisions d’Helsinki et de Feira. 196 PROCESSUS D’ÉVALUATION DE l’UE : TÂCHES 7. Les progrès réalisés depuis Helsinki constituent les premières étapes d’un exercice de planification et d’évaluation qui sera maintenu sur une base régulière. Le processus continuera de s’appuyer sur la méthode employée avec succès dans l’élaboration initiale de l’objectif global, notamment l’implication d’experts des États membres et de l’OTAN via les groupes d’experts basés sur les formats Headline Task Force/Headline Task Force Plus (HTF/HTF Plus). Dans ce processus, l’EMUE contribuera au processus d’élaboration, d’évaluation et de révision des objectifs de capacités conformément à son mandat. L’ensemble des travaux fera l’objet de rapports au Comité militaire de l’UE qui formulera en tant que de besoin des recommandations au COPS. Le mécanisme de l’UE se compose des tâches principales suivantes : (a) L’identification des objectifs de capacités de l’UE pour la gestion militaire des crises. Les objectifs initiaux fixés par le Conseil européen d’Helsinki seront évalués et révisés si nécessaire. De nouveaux objectifs de capacités ainsi que le calendrier adéquat seront déterminés par le Conseil européen, lorsqu’il jugera nécessaire de refléter les décisions politiques de l’UE dans le développement de la PESD. (b) Le suivi, sous la direction du Comité militaire de l’UE, d’un « catalogue » des forces et des capacités nécessaires découlant de ces objectifs. Ce suivi sera effectué au moyen de la préparation et de l’analyse d’hypothèses et de scénarios de planification par un groupe de travail d’experts nationaux, aidés par l’état-major de l’UE (la HTF), faisant appel à l’expertise de l’OTAN via un groupe d’experts basé sur le format HTF Plus. (c) L’identification et l’harmonisation des contributions nationales au regard des capacités nécessaires. Initialement, cette tâche a été réalisée lors de la conférence ministérielle d’engagement de capacités en novembre 2000 qui fut précédée par un processus itératif sous la direction du CMUE comprenant le recensement des offres initiales des États membres, leur examen en termes quantitatifs et qualitatifs, l’identification des besoins non entièrement satisfaits et le recensement des offres additionnelles. Les contributions nationales devront être évaluées et harmonisées à nouveau à la lumière des révisions des besoins agréés. Pour les pays concernés, cela devra être réalisé d’une manière assurant la cohérence avec la planification de défense (DPP) et le Processus de Planification et de Révision (PARP). (d) L’examen quantitatif et qualitatif des progrès vers la réalisation des engagements nationaux précédemment agréés, y compris les besoins en matière d’interopérabilité des forces (C3, exercices, entraînement, équipement)4 et les normes en matière de disponibilité des forces. Cette évaluation sera faite par le Comité militaire de l’UE sur la base du travail détaillé du groupe d’experts (HTF) aidé, en tant que de besoin, par l’OTAN via le groupe d’experts basé sur le format HTF Plus. Le Comité militaire de l’UE devra identifier toute déficience et faire des recommandations au COPS sur les mesures permettant d’assurer la mise en conformité des engagements pris par les États membres avec les besoins. (e) La modification des engagements nationaux si nécessaire. 4 C3 = Commandement, contrôle et communications. 197 PROCESSUS D’ÉVALUATION DE L’UE : MÉCANISMES 8. A la lumière de l’expérience positive acquise dans le cadre des travaux menés depuis Helsinki pour élaborer les objectifs de capacités, les formations d’experts militaires, notamment ceux des capitales, assistés par l’état-major de l’UE, et ceux de l’OTAN/SHAPE et de l’état-major international (IS) (basées sur les formats HTF et HTF Plus) devront être en mesure de poursuivre leurs activités sur une base régulière, afin, entre autres, de : − − permettre l’échange des informations nécessaires (en particulier en provenance du DPP et du PARP pour les États membres concernés et en vue d’éviter des duplications inutiles) ; fournir l’évaluation technique des progrès réalisés au regard des engagements, y compris sur des questions qualitatives telles que la disponibilité, les standards et l’interopérabilité. Le Comité militaire de l’UE tirera les conclusions des échanges au niveau des experts, en vue de soumettre les recommandations appropriées au COPS. 9. Un groupe sur les capacités entre l’UE et l’OTAN, basé sur le groupe ad hoc créé par le Conseil européen à Feira, prendra des mesures pour assurer le développement cohérent des capacités de l’UE et de l’OTAN là où elles se recoupent (en particulier, celles découlant de l’objectif global de l’UE et de l’ICD5 de l’OTAN). Il participera à la transparence, à l’échange d’informations et au dialogue entre les deux organisations: Il servira à promouvoir : − − − − l’échange d’informations sur les questions de capacités ; une compréhension mutuelle sur l’état de leurs capacités respectives ; la vision d’ensemble de la cohérence entre les objectifs de l’UE et, pour les pays concernés, ceux découlant des processus de planification de l’OTAN, y compris la planification de défense et le PARP ; la discussion entre experts sur les questions qualitatives telles que la disponibilité, les standards et l’interopérabilité. Il reviendra aux États membres concernés, ainsi qu’à l’UE et à l’OTAN, de tirer du travail du groupe les conclusions appropriées. RELATIONS AVEC LES ÉTATS TIERS 10. Les contributions additionnelles des États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et d’autres pays candidats à l’adhésion à l’UE seront prises en compte et accueillies comme des contributions additionnelles de valeur à l’amélioration des capacités 5 Initiative sur les capacités de défense. 198 militaires européennes. Ces contributions seront examinées, en liaison avec les nations concernées, sur la base des mêmes critères que pour les contributions des États membres. Des rapports pourront également être faits au sein de la structure unique de consultation incluant les pays non membres de l’UE. 11. La détermination d’un calendrier détaillé sera examinée plus avant, en tenant compte de la nécessité pour les nations concernées, d’assurer la cohérence avec les disciplines de planification de l’OTAN. En principe, le mécanisme décrit ci-dessus donnera lieu, au moins tous les six mois, à des rapports au Conseil sur les progrès accomplis vers la réalisation des objectifs de capacités. Au moins dans la phase initiale, le mécanisme de l’UE est susceptible d’exiger une surveillance relativement fréquente par les ministres de la Défense de l’avancée des engagements collectifs et nationaux en vue de garantir la réalisation de l’objectif global d’ici 2003. En revanche, ceci ne devrait pas exiger une évaluation complète de tous les éléments du processus de l’objectif global. Les modalités de ce mécanisme d’évaluation des capacités militaires qui doivent être précisées sous la prochaine Présidence pourront également faire l’objet d’un réexamen à la lumière de l’expérience acquise. ANNEXE II à l’ANNEXE VI RENFORCEMENT DES CAPACITÉS DE L’UNION EUROPÉENNE DANS LE DOMAINE DES ASPECTS CIVILS DE LA GESTION DES CRISES I. INTRODUCTION Afin d’être en mesure de répondre efficacement aux défis posés par la gestion des crises, l’Union européenne, dans le cadre de la mise en œuvre de la politique européenne de sécurité et de défense, s’est engagée à renforcer et à améliorer ses capacités d’action, y compris dans les aspects civils de la gestion de crise. Dans cette perspective, le Conseil européen de Santa Maria da Feira a identifié la police, le renforcement de l’État de droit, le renforcement de l’administration civile et la protection civile, comme les quatre axes d’efforts prioritaires pour lesquels l’Union entend se doter de capacités concrètes, pouvant être utilisées dans le cadre d’opérations menées par des organisations chefs de files, telles les Nations unies ou l’OSCE, ou dans le cadre de missions autonomes dirigées par l’UE. L’action de l’Union dans ces domaines lui permettra de renforcer sa contribution à la prévention des conflits et à la gestion des crises, dans le respect des principes de la Charte des Nations unies. Sur la base des recommandations du Conseil européen de Santa Maria da Feira, le comité chargé des aspects civils de la gestion des crises, créé par une décision du Conseil du 22 mai 2000, a conduit ses travaux en donnant la priorité à la mise en œuvre de l’objectif concret en matière de police. Il a traité du renforcement de ’l État de droit dans la perspective de la définition d’objectifs concrets en ce domaine. Une rencontre avec des représentants des Nations unies, de l’OSCE et du Conseil de l’Europe a été organisée en vue notamment d’identifier des domaines et des principes de coopération avec ces organisations. 199 Le présent document présente les éléments essentiels des travaux réalisés par le Comité chargé des aspects civils de la gestion des crises. II. CAPACITÉS DE POLICE A Feira, les États membres se sont engagés à fournir d’ici à 2003, dans le cadre d’une coopération volontaire, jusqu’à 5000 policiers dont 1 000 devront pouvoir être déployés dans un délai de 30 jours, pour des missions internationales couvrant toute la gamme des opérations de prévention des conflits et de gestion des crises. Afin de réaliser cet objectif concret, le comité chargé des aspects civils de la gestion des crises a défini une « méthode permettant d’atteindre les objectifs échelonnés dans le temps et de les maintenir grâce à des contributions volontaires ». Il a été convenu que ce document servira de base aux travaux des présidences successives. Dans le cadre de cette méthode, quatre étapes ont été identifiées : • • • • élaboration de scénarios génériques de planification et détermination des missions qui en découlent ; définition des capacités nécessaires pour remplir les missions identifiées ; appel à contribution des États membres et recensement des capacités offertes ; mesures éventuelles pour assurer le suivi des objectifs concrets. Basés sur une approche pragmatique, les travaux du Comité ont ainsi permis de mieux définir les principes qui fondent l’approche de l’Union s’agissant des aspects de police dans la gestion de crises, d’étudier les concepts d’emploi des forces de police européennes et de progresser de manière substantielle vers l’identification de toute la gamme des capacités requises. 1. Principes directeurs Les principes directeurs suivants ont été identifiés : 1) Toute la gamme des missions : l’Union européenne doit être capable de mener toutes les missions de police, qui vont des missions de conseil, d’assistance, ou de formation, aux missions de substitution aux polices locales. Les États membres disposent à cet effet de toute la variété des capacités de police nécessaires, qui doivent pouvoir être utilisées de façon complémentaire tout en tenant compte de leurs spécificités. Il sera tenu compte du cadre particulier d’emploi des forces de police des États membres et de la nature d’expertise policière qu’ils peuvent fournir. La diversité des forces de police au sein des États membres constitue un atout significatif en ce qu’il permet à l’Union européenne de mener une gamme étendue de missions de police. 2) Des missions claires et un mandat approprié : le déploiement de forces de police de l’Union européenne nécessite des directives clairement définies en ce qui concerne leurs tâches et prérogatives, ainsi qu’un mandat approprié. 200 3) Une approche intégrée : l’action de l’Union européenne dans le cadre des missions dites de Petersberg nécessite une synergie étroite entre la composante militaire et la composante civile (police, État de droit, administration locale, protection civile). Les composantes militaire et de police doivent ainsi faire l’objet si nécessaire d’un processus de planification intégré, et être conduites sur le terrain de manière étroitement coordonnée, dans des conditions qui tiennent compte des contraintes d’emploi des forces de police des États membres. 4) Une coordination étroite avec les organisations internationales : l’Union européenne veillera à ce que ses propres efforts et ceux des Nations unies, de l’OSCE et du Conseil de l’Europe soient cohérents et se renforcent mutuellement, sans duplication inutile. L’Union européenne devrait notamment prendre en compte les recommandations du rapport du groupe d’étude sur les opérations de paix des Nations unies (« rapport Brahimi »). 2. Concepts d’emploi de forces de police Afin d’identifier les capacités requises, deux concepts génériques d’emploi, basés sur des expériences récentes, au Guatemala, en Croatie, en Albanie, à Mostar et au Salvador, aussi bien qu’en Bosnie-Herzégovine, au Timor-Oriental et au Kosovo, ont été définis : le renforcement des polices locales et la substitution aux polices locales. Le renforcement des capacités des polices locales revêt un caractère essentiel en matière de prévention des conflits, de gestion de crise et de reconstruction après les conflits. Dans ce contexte, les forces de police de l’Union européenne sont déployées essentiellement pour former, entraîner, assister, contrôler et conseiller les polices locales, l’objectif étant que celles-ci se conforment à des normes internationales, en ce qui concerne tant leurs moyens que leur comportement, en particulier en matière de droits de ’l homme, et que leur efficacité s’en trouve renforcée. Le recours à des personnels de police hautement qualifiés permettra d’inscrire les résultats de ces missions dans la durée, la formation dispensée devant pouvoir couvrir la gamme complète des activités policières et s’adresser à tous les niveaux. Le deuxième concept est celui où la force de police de l’Union européenne a vocation à agir en substitution des polices locales, notamment dans le cas où les structures locales sont défaillantes. Trois phases peuvent ainsi caractériser une situation de crise complexe de type Kosovo : − − − une phase initiale d’une opération essentiellement militaire permettant d’assurer la maîtrise globale du terrain ; une phase de transition centrée sur la restauration de la sécurité publique comme condition première du retour à la vie normale ; une phase de sortie de crise de reconstruction civile et un rétablissement progressif du bon fonctionnement des institutions locales. Dans ce contexte, les composantes militaires et de police d’une opération de gestion de crise doivent s’inscrire dans un processus de planification intégrée pour mener de telles 201 opérations dans la perspective de contribuer à garantir le caractère global et cohérent de la réponse de l’UE. La tâche principale des forces de police, qui devraient être déployées aussi tôt que possible, est de contribuer au rétablissement de la sécurité publique (maintien de l’ordre, protection des biens et des personnes). Il s’agit de lutter contre les violences, de réduire les tensions, de désamorcer les contentieux de tous niveaux en facilitant notamment la réactivation des organes judiciaires et pénitentiaires. Dans les missions internationales de substitution, les forces de police accomplissent des fonctions d’exécution. De telles fonctions peuvent être assurées par toutes les forces de police de l’Union européenne. Il peut être nécessaire de déployer rapidement des unités de police intégrées, flexibles et capables d’opérer ensemble, sur la base d’une coopération entre un certain nombre d’États membres dans certains cas. Dans le respect des règles et législations nationales, ces forces de police peuvent être placées temporairement sous la responsabilité de l’autorité militaire mandatée pour assurer la protection des populations. En vue du rétablissement le plus rapide possible des fonctions de la police locale, l’Union européenne apportera en parallèle, chaque fois que nécessaire, son soutien dans les domaines de l’entraînement, du conseil, de l’assistance et de la formation en matière de police. 3. Les capacités nécessaires Les deux concepts (renforcement et substitution aux forces de police locales) font appel à toutes les spécialités de police présentes dans les États membres (N.B.: dans le présent texte, le terme « forces de police » englobe les polices à statut civil et les polices à statut militaire de type gendarmerie). Il a été constaté que les polices européennes ont développé en leur sein des compétences variées, fondées sur des critères professionnels homogènes, qui peuvent être utilisées à divers stades de la gestion des crises. Plus spécifiquement, dans les missions de renforcement de polices locales, le spectre des capacités nécessaires recouvre entre autres : − − − le contrôle et le conseil sur une base quotidienne et au plus près de l’action des polices locales, y compris dans le domaine de la police judiciaire. Cette activité peut s’étendre aux recommandations de réorganisation des structures policières ; la formation aux normes internationales des policiers, tant ceux de haut niveau que le personnel affecté aux tâches d’exécution. Un accent particulier doit être porté, si nécessaire, sur une formation en matière de déontologie policière et de droits de l’homme ; la formation de formateurs, au moyen notamment de programmes de coopération. Dans les missions de substitution aux polices locales, le spectre des capacités nécessaires recouvre entre autres : − la surveillance publique, la circulation routière, la police des frontières et le renseignement d’ordre général ; 202 − la police judiciaire, qui recouvre la constatation des infractions, la recherche des auteurs de ces infractions et la remise aux autorités judiciaires compétentes; − la protection des personnes et des biens et le maintien de l’ordre en cas de désordre sur la voie publique. Dans ce cadre, le risque de dérapage conduisant à la nécessité du soutien de forces militaires doit être pris en compte. Afin de développer les capacités nécessaires pour conduire les deux types de missions, les besoins suivants ont été identifiés comme prioritaires : − − − − − − − − le maintien et le développement de la base de données relative aux capacités de police élaborée par le mécanisme de coordination établi par le Conseil européen d’Helsinki ; l’échange d’informations entre États membres par le biais d’un réseau de points de contact ; la définition quantitative et qualitative des capacités de police à mettre en œuvre selon les scénarios envisagés ; la mise au point de documents génériques, tirant profit des travaux des Nations unies, qui encadrent les missions de police (règles d’engagement de la force, procédures opérationnelles standard, cadre légal, etc.) ; la planification des besoins logistiques pour une mise en œuvre rapide d’opérations de police internationales, leur intégration dans le processus général de planification, le soutien logistique pendant la durée totale de la mission (équipements, personnel, etc) ; l’encouragement de la coopération entre les États membres dans le domaine de l’entraînement aux missions de police ; l’identification d’éléments précurseurs (équipes avancées, encadrement et capacités logistiques) pour des opérations de police de l’UE ; l’interface avec les structures militaires. L’action de l’Union en matière de police doit s’intégrer, dès la phase de planification, dans un dispositif cohérent et global de gestion de crise. Cette obligation impose de doter au plus tôt le Secrétariat général du Conseil d’une expertise permanente en matière de police. Le développement d’une capacité de planification et de conduite d’opérations de forces de police a fait l’objet de travaux préliminaires dans le cadre de « l’étude détaillée sur la faisabilité et les implications de missions autonomes de police de l’UE ». III. LE RENFORCEMENT DE L’ÉTAT DE DROIT Conformément aux recommandations de Feira, une attention particulière a été accordée pour rendre plus efficace les missions de police par des actions parallèles visant au renforcement et au rétablissement du système judiciaire et pénitentiaire local. Dans cette perspective, une base de données visant à recenser la capacité des États membres de mettre à disposition du personnel spécialisé en matière judiciaire et pénitentiaire a été constituée. Régulièrement mise à jour par le mécanisme de coordination, elle constitue un premier pas dans la détermination d’objectifs concrets dans ce domaine. Un séminaire intitulé « le renforcement de l’État de droit dans la gestion des crises. Quels objectifs concrets pour l’Union européenne? » s’est tenu le 25 octobre 2000. Les échanges 203 initiaux entre les États membres et les représentants des Nations unies, de l’OSCE et du Conseil de l’Europe ont couvert quatre thèmes : expériences concrètes, enseignements et perspectives, considérations sur le cadre légal, méthodologie et questions de valeur ajoutée. La participation à ce séminaire de représentants des Nations unies, de l’OSCE et du Conseil de l’Europe a permis d’enrichir les réflexions de l’Union européenne sur la base des expériences concrètes de ces organisations internationales. De ces travaux, les orientations suivantes se sont dégagées : − − − − − La nécessité de s’appuyer dans certaines situations de crise, face à un vide normatif et institutionnel, sur un cadre légal qui s’appliqueraient à titre provisoire et dès la mise en place initiale sur le terrain à toutes les composantes d’une mission de police internationale et aux acteurs locaux. Sur ce sujet, l’Union européenne devrait notamment prendre en compte les recommandations du rapport du groupe d’étude sur l’évaluation des opérations de paix des Nations unies (« rapport Brahimi »). Dans cette perspective, sur la base des objectifs spécifiques identifiés par l’Union, une synergie étroite doit être développée entre les actions entreprises en faveur du renforcement de l’État de droit et celles relatives aux missions de police. Il s’agit de disposer au plus tôt dans la gestion d’une crise d’une capacité pénale adaptée, afin d’éviter tout vide juridique de nature à entraîner des difficultés supplémentaires à résoudre. Si, dans certaines situations non stabilisées, une action immédiate de substitution doit être engagée, centrée prioritairement sur les domaines de l’ordre public et du champ pénal, il convient d’assurer un règlement durable de la situation en remettant au plus tôt en état le système judiciaire et pénitentiaire local. L’expérience tirée d’un certain nombre de situations récentes a montré la nécessité de la continuité entre les actions urgentes de court terme et les initiatives de plus long terme. Les actions de reconstruction, de remise en état et d’amélioration du système judiciaire et pénitentiaire pourraient consister notamment dans la formation des magistrats et du personnel du pays, le conseil et l’expertise auprès des autorités et institutions gouvernementales pour la rédaction de lois et de réglementations conformes aux normes internationales. Une attention particulière doit être accordée à la complexité des aspects sociaux, ethniques, culturels, économiques et politiques, qui peuvent nécessiter des actions coordonnées sur plusieurs fronts (police, justice, administration locale). La sélection du personnel international doit être réalisée selon des normes communes. Dans ce contexte, l’acquis développé par les Nations unies, l’OSCE et le Conseil de l’Europe, doit être pleinement pris en compte dans les travaux de l’Union européenne. 204 IV. SUIVI Les travaux engagés sur le renforcement des aspects civils de la gestion des crises doivent être poursuivis avec détermination afin de permettre à l’Union européenne d’utiliser de manière plus efficace les instruments civils à sa disposition dans la perspective de la prévention des conflits et de la gestion des crises. La progression des travaux en matière de capacités de police permet désormais d’envisager la troisième étape de la méthode retenue pour atteindre l’objectif concret. Il s’agit désormais de concrétiser l’engagement des États membres par un appel à des contributions volontaires qui devrait être organisé dans de brefs délais, selon des modalités à déterminer. À cet effet, les travaux devraient s’attacher à poursuivre la définition notamment qualitative des capacités requises et préciser les besoins en termes de planification et de conduite d’opérations de forces de police européennes. La Présidence suivante, en liaison avec le Secrétaire Général/Haut Représentant, est invitée à faire des propositions en ce sens. S’agissant de l’État de droit, il est convenu qu’il est désormais possible pour l’Union européenne de déterminer dans ce domaine des objectifs concrets en conjonction avec le développement des capacités en matière de police. À cette fin, des scénarios inspirés des expériences récentes pourraient être étudiés afin de préciser les capacités nécessaires, tant en termes de moyens des États membres que d’expertise au sein de l’Union européenne. Les travaux futurs du comité pour les aspects civils de la gestion des crises devraient s’inspirer, entre autres, des thèmes du séminaire tenu le 25 octobre 2000. Dans ces deux domaines, la Commission et le mécanisme de coordination mis en place au sein du Secrétariat général du Conseil, continueront d’apporter leurs contributions aux travaux engagés. Dans les travaux futurs du Comité chargé des aspects civils de la gestion des crises, il conviendra d’assurer la cohérence et la coordination par rapport aux travaux en cours dans d’autres enceintes sur des domaines connexes. En matière de renforcement de l’administration civile et de protection civile, l’Union européenne devra poursuivre sa réflexion sur la base des recommandations du Conseil européen de Feira, en vue de définir des objectifs concrets et de doter l’UE de moyens adaptés lui permettant de faire face efficacement à des crises politiques complexes. La contribution d’États non membres de l’UE aux opérations civiles de gestion de crise de l’UE notamment aux missions de police de l’UE sera examinée dans un esprit positif, selon des modalités à déterminer. Enfin, l’Union européenne devra continuer à développer sa coopération avec les Nations unies, l’OSCE et le Conseil de l’Europe, à la lumière notamment de la rencontre organisée avec ces organisations dans le cadre du comité chargé des aspects civils de la gestion des crises et du séminaire sur le renforcement de l’État de droit. 205 ANNEXE III à l’ANNEXE VI COMITÉ POLITIQUE ET DE SÉCURITÉ L’approche retenue à Helsinki fait du COPS la « cheville ouvrière » de la politique européenne de sécurité et de défense (PESD), et de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) : « Le COPS traitera de tous les aspects de la PESC, y compris la PESD ... » Le COPS a un rôle central à jouer dans la définition et le suivi de la réponse de l’UE à une crise, sans préjudice de l’article 207 du Traité instituant la Communauté européenne. Le COPS traite l’ensemble des tâches définies à l’article 25 du TUE. Il peut se réunir en formation des directeurs politiques. Le Secrétaire Général/Haut Représentant pour la PESC, après consultation de la présidence, peut, sans préjudice de l’article 18 du TUE, présider le COPS, notamment en cas de crise. 1. Il appartiendra au COPS notamment de : − − − − − − − − − − Suivre la situation internationale dans les domaines relevant de la politique étrangère et de sécurité commune, de contribuer à la définition des politiques en émettant des « avis » à l’intention du Conseil, à la demande de celui-ci ou de sa propre initiative et de surveiller la mise en œuvre des politiques convenues ; tout ceci sans préjudice de l’Art. 207 du Traité instituant la Communauté européenne et des compétences de la présidence et de la Commission ; Examiner, pour ce qui le concerne, les projets de conclusions du CAG ; Donner des orientations pour les sujets relevant de la PESC aux autres comités ; Être un interlocuteur privilégié du Secrétaire Général/Haut Représentant (SG/HR) et des représentants spéciaux ; Adresser des directives au Comité militaire; les avis et les recommandations du Comité militaire lui sont adressés. Le Président du Comité militaire (CMUE), qui assure l’interface avec l’État-major européen (EMUE), participe, en tant que de besoin, aux réunions du COPS ; Recevoir des informations, des recommandations et des avis du Comité pour les aspects civils de la gestion de crises et adresser à celui-ci des directives pour les sujets relevant de la PESC ; Coordonner, superviser, contrôler les travaux dans le domaine de la PESC des différents groupes de travail, auxquels il pourra adresser des directives et dont il devra examiner les rapports ; Conduire, à son niveau et dans les formats prévus par le Traité, le dialogue politique ; Être l’instance privilégiée de dialogue sur la PESD avec les 15 et les 6, ainsi qu’avec l’OTAN, conformément aux modalités fixées dans les documents pertinents ; Assumer, sous l’autorité du Conseil, la responsabilité de la direction politique du développement des capacités militaires, en tenant compte de la nature des crises auxquelles l’Union entend répondre. Dans le cadre du développement des capacités militaires, le COPS bénéficiera de l’avis du Comité militaire assisté de l’État-major européen. 206 2. En outre, en temps de crise, le COPS est l’instance du Conseil qui traite des situations de crise et examine toutes les options envisageables pour la réponse de l’Union, dans le cadre institutionnel unique et sans préjudice des procédures de décision et de mise en œuvre propres à chaque pilier. Ainsi, le Conseil, dont les travaux sont préparés par le Coreper, et la Commission sont seuls compétents, chacun dans leur domaine de compétences respectives et selon les procédures fixées par les Traités, pour prendre des décisions juridiquement contraignantes. La Commission exerce ses responsabilités, y compris son pouvoir d’initiative conformément aux Traités. Le COREPER exerce le rôle qui lui est confié par l’Art. 207 du Traité instituant la Communauté européenne et par l’Art. 19 du règlement intérieur du Conseil. À cette fin, il est saisi en temps utile par le COPS. En situation de crise, une étroite coordination est particulièrement nécessaire entre ces instances ; elle sera notamment assurée par : − − la participation, en tant que de besoin, du président du COPS aux réunions du Coreper; le rôle des Conseillers relations étrangères qui sont chargés d’entretenir une « coordination efficace et permanente » entre les travaux de la PESC et ceux menés dans d’autres piliers (annexe aux conclusions du Conseil du 11 mai 1992). Afin de préparer la réponse de l’UE à la crise, il appartient au COPS de proposer au Conseil les objectifs politiques devant être poursuivis par l’Union et de recommander un ensemble cohérent d’options visant à contribuer au règlement de la crise. Il peut notamment élaborer un avis recommandant au Conseil l’adoption d’une action commune. Il surveille, sans préjudice du rôle de la Commission, la mise en œuvre des mesures décidées et en évalue les effets. La Commission informe le COPS des mesures qu’elle a prises ou qu’elle envisage. Les États membres informent le COPS des mesures qu’ils ont prises ou ont l’intention de prendre au niveau national. Le COPS exerce le « contrôle politique et la direction stratégique » de la réponse militaire de l’UE à la crise. À cette fin, il évalue notamment, sur la base des avis et recommandations du Comité militaire, les éléments essentiels (options militaires stratégiques incluant la chaîne de commandement, concept d’opération, plan d’opération) à soumettre au Conseil. Le COPS joue un rôle majeur dans l’intensification des consultations notamment avec l’OTAN et les États tiers concernés. Le Secrétaire Général/Haut Représentant, sur la base des travaux du COPS, oriente les activités du Centre de Situation. Celui-ci appuie le COPS et lui fournit les informations dans des conditions appropriées à la gestion des crises. Pour permettre au COPS d’assurer pleinement le « contrôle politique et la direction stratégique » d’une opération militaire de gestion de crise, les dispositions suivantes seront mises en œuvre : − Dans la perspective du lancement d’une opération, le COPS adresse au Conseil une recommandation, appuyée sur les avis du Comité militaire, selon les procédures − − 207 habituelles de préparation du Conseil. Sur cette base, le Conseil décide le lancement de l’opération, dans le cadre d’une action commune. Cette action commune détermine notamment, conformément aux articles 18 et 26 du TUE, le rôle du Secrétaire Général/Haut Représentant dans la mise en œuvre des mesures relevant du « contrôle politique et de la direction stratégique » exercés par le COPS. Pour celles-ci, le Secrétaire Général/Haut Représentant agit sur avis conforme du COPS. Dans l’hypothèse où une nouvelle décision du Conseil serait jugée opportune, il pourrait être fait recours à la procédure écrite simplifiée (Art. 12.4 du Règlement intérieur du Conseil). Dans le cours de l’opération, il sera rendu compte au Conseil par des rapports du COPS présentés par le Secrétaire Général/Haut Représentant en tant que Président du COPS. ANNEXE IV à l’ANNEXE VI COMITÉ MILITAIRE DE L’UNION EUROPÉENNE (CMUE) 1. Introduction A Helsinki, le Conseil européen a décidé de créer, au sein du Conseil, de nouveaux organes politiques et militaires permanents afin que l’UE puisse assumer ses responsabilités pour l’ensemble des activités de prévention des conflits et des missions de gestion des crises définies dans le traité sur l’UE, les missions de Petersberg. Comme prévu dans le rapport d’Helsinki, le Comité militaire de l’Union européenne (CMUE), créé au sein du Conseil, est composé des chefs d’état-major des armées (CEMA), représentés par leurs délégués militaires (REPMIL). Le CMUE se réunit au niveau des CEMA en tant que de besoin. Ce Comité donne des avis militaires et formule des recommandations destinées au Comité politique et de sécurité (COPS) et fournit des directives militaires à l’État-major de l’Union européenne (EMUE). Le président du CMUE (PCMUE) assiste aux sessions du Conseil lorsque doivent y être prises des décisions ayant des implications dans le domaine de la défense. Le CMUE est l’organe militaire le plus élevé établi au sein du Conseil. A cet effet, le mandat du CMUE est défini comme suit. 2. Mission Le CMUE est chargé de fournir au COPS des recommandations et des avis militaires sur toutes les questions militaires au sein de l’UE. Il exerce la direction militaire de toutes les activités militaires dans le cadre de l’UE. 3. Fonctions C’est de lui qu’émanent les avis militaires sur la base du consensus. 208 Il est l’enceinte de consultation et de coopération militaire entre les États membres de l’UE dans le domaine de la prévention des conflits et de la gestion des crises. Il donne des avis militaires et formule des recommandations destinés au COPS, à la demande de celui-ci ou de sa propre initiative, selon les directives adressées par le COPS, en particulier pour ce qui est des aspects suivants : − − − − − − − le développement du concept général de gestion des crises, dans ses aspects militaires ; les aspects militaires liés au contrôle politique et à la direction stratégique des opérations et situations de gestion de crises ; l’évaluation des risques que pourraient présenter des crises potentielles ; la dimension militaire d’une situation de crise et ses implications, en particulier pour la gestion qui en découle; à cet effet, le Comité militaire reçoit les documents produits par le Centre de situation ; l’élaboration, l’évaluation et le réexamen des objectifs en termes de capacités conformément aux procédures convenues ; les relations militaires de l’UE avec les membres européens de l’OTAN n’appartenant pas à l’UE, les autres candidats à l’adhésion, d’autres États et organisations, y compris l’OTAN ; l’estimation financière des opérations et exercices. (a) Dans les situations de gestion de crises A la demande du COPS, il adresse une directive initiale au directeur général de l’EMUE (DGEMUE) pour définir et présenter des options militaires stratégiques. Il évalue les options militaires stratégiques élaborées par l’EMUE et les transmet au COPS, en les assortissant de son évaluation et avis militaire. Sur la base de l’option militaire retenue par le Conseil, il autorise l’élaboration d’une directive initiale de planification à l’intention du commandant d’opérations. Sur la base de l’évaluation effectuée par l’EMUE, il adresse au COPS des avis et recommandations sur: − − le concept d’opérations (CONOPS) mis au point par le commandant d’opérations ; le projet de plan d’opération (OPLAN) élaboré par le commandant d’opérations. Il adresse un avis au COPS sur l’option de fin d’opération. (b) En cours d’opération Le CMUE surveille et suit la bonne exécution des opérations militaires menées sous la responsabilité du commandant d’opération. Les membres du CMUE siègent ou sont représentés au Comité des contributeurs. 209 4. Président du CMUE (PCMUE) Le CMUE a un président permanent, dont les responsabilités sont décrites ci-après. Le PCMUE est un officier 4 étoiles désigné à ce poste, de préférence un ancien chef d’étatmajor des armées d’un État membre de l’UE. Il est sélectionné par les CEMA des États membres selon les procédures approuvées et est désigné par le Conseil sur recommandation du CMUE réuni au niveau des CEMA. Son mandat est en principe de trois ans, sauf circonstances particulières. Il tire son autorité du CMUE, devant lequel il est responsable. Agissant à titre international, le PCMUE, représente le CMUE auprès du COPS et au Conseil, le cas échéant. En tant que président du CMUE : − − − − − − il préside les réunions du CMUE au niveau des REPMIL et des CEMA, il est le porte-parole du CMUE et, à ce titre, • il participe le cas échéant au COPS, avec le droit de contribuer aux discussions, et assiste aux sessions du Conseil lors desquelles doivent être prises des décisions ayant des incidences en matière de défense et • il assume la fonction de conseiller militaire auprès du SG/HR pour toutes les questions militaires, en particulier pour assurer la cohérence au sein de la structure de l’UE chargée de la gestion des crises ; il dirige les travaux du CMUE d’une manière impartiale et dans un esprit de consensus ; il agit au nom du CMUE pour donner des directives et des orientations au DGEMUE ; il fait office de point de contact (POC) principal pour le commandant d’opérations au cours des opérations militaires de l’UE ; il est en contact avec la présidence lors de l’élaboration et de la mise en œuvre de son programme de travail. Le PCMUE est aidé par ses collaborateurs personnels et assisté par l’EMUE, particulièrement pour ce qui est du soutien administratif au sein du Secrétariat général du Conseil. En son absence, le PCMUE est remplacé par l’une des personnes suivantes : − − − le vice-président permanent du CMUE, s’il est décidé de créer et de pourvoir ce poste ; le représentant de la présidence ou le doyen. 5. Divers Les relations à établir entre le CMUE et les autorités militaires de l’OTAN sont définies dans le document relatif aux arrangements permanents UE/OTAN. Les relations entre le 210 CMUE, d’une part, et les membres européens de l’OTAN n’appartenant pas à l’UE et d’autres pays candidats à l’adhésion à l’UE, d’autre part, sont définies dans le document traitant des relations de l’UE avec les pays tiers. Le CMUE est assisté par un groupe de travail militaire (Groupe CMUE), par l’EMUE et par d’autres services, en tant que de besoin. ANNEXE V à l’ANNEXE VI ORGANISATION DE L’ÉTAT-MAJOR DE L’UNION EUROPÉENNE (EMUE) 1. Introduction A Helsinki, les États membres de l’UE ont décidé de créer, au sein du Conseil, de nouveaux organes politiques et militaires permanents afin que l’UE puisse assumer ses responsabilités pour l’ensemble des activités de prévention des conflits et des missions de gestion des crises définies dans le traité sur l’UE, les missions dites de Petersberg. Comme prévu dans le rapport d’Helsinki, l’EMUE, « au sein des structures du Conseil, mettra ses compétences militaires au service de la PECSD, notamment de la conduite des opérations militaires de gestion des crises menées par l’UE ». A cet effet, le mandat de l’État-major de l’Union européenne (EMUE) est défini comme suit. 2. Mission L’État-major doit assurer «l’alerte rapide, l’évaluation des situations et la planification stratégique pour les missions dites de Petersberg, y compris l’identification des forces européennes nationales et multinationales » et mettre en œuvre les politiques et décisions selon les directives du Comité militaire de l’Union européenne (CMUE). 3. Rôle et tâches − − − L’État-major est la source de l’expertise militaire de l’UE. Il assure le lien entre le CMUE, d’une part, et les ressources militaires à la disposition de l’UE, d’autre part, et il met ses compétences militaires à la disposition des organes de l’UE en fonction des directives données par le CMUE. Il fournit une capacité d’alerte rapide. Il planifie, évalue et fait des recommandations en ce qui concerne le concept de gestion des crises et la stratégie militaire générale et met en œuvre les décisions et les directives du CMUE. − − − 211 Il assiste le CMUE pour l’évaluation des situations et les aspects militaires de la planification stratégique6 , pour l’ensemble des missions de Petersberg, pour tous les cas d’opérations conduites par l’UE, que cette dernière ait ou non recours aux moyens et capacités de l’OTAN. Il contribue au processus d’élaboration, d’évaluation et de réexamen des objectifs en termes de capacités, en tenant compte du besoin, pour les États membres concernés, d’assurer la cohérence avec le processus d’établissement des plans de défense (DPP) de l’OTAN et le processus de planification et d’examen (PARP) du Partenariat pour la paix (PpP), conformément aux procédures convenues. Il est responsable du suivi, de l’évaluation et de la formulation de recommandations en ce qui concerne les forces et moyens que les États membres mettent à la disposition de l’UE, pour ce qui est de l’entraînement, des exercices et de l’interopérabilité. 4. Fonctions − − − − − − − − 6 Il remplit trois fonctions opérationnelles principales : l’alerte rapide, l’évaluation des situations et la planification stratégique. Sous la direction du CMUE, il fournit une expertise militaire au service des organes de l’UE, et en particulier du Secrétaire Général/Haut Représentant. Il surveille et suit les crises potentielles en s’appuyant sur les capacités de renseignement nationales et multinationales appropriées. Il fournit des informations militaires au Centre de situation, qui lui communique les documents qu’il produit. Il prend en charge les aspects militaires de la planification stratégique de précaution pour les missions de Petersberg. Il identifie et recense les forces européennes nationales et multinationales pour les opérations conduites par l’UE, en coordination avec l’OTAN. Il contribue à la mise en place et à la préparation (y compris au niveau de l’entraînement et des exercices) des forces nationales et multinationales que les États membres mettent à la disposition de l’UE. Les modalités des relations avec l’OTAN sont précisées dans les documents pertinents. Il organise et coordonne les procédures avec les quartiers généraux nationaux et multinationaux, y compris avec les quartiers généraux de l’OTAN dont peut disposer l’UE, en veillant, autant que possible, à la compatibilité avec les procédures de l’OTAN. Définitions préliminaires : Planification stratégique : activités de planification qui commencent dès l’apparition d’une crise et prennent fin lorsque les autorités politiques de l’UE approuvent une option stratégique militaire ou un ensemble d’options stratégiques militaires. Le processus de planafication stratégique comprend l’évaluation de la situation, la définitiond’un cadre politico-militaire et l’élaboration d’options militaires stratégiques. Option militaire stratégique : action militaire potentielle, conçue pour atteindre les objectifs politico-militaires définis dans le cadre politico-militaire. Une option militaire stratégique doit décrire les grands axes de la solution militaire, les contraintes et les ressources nécessaires, et formuler des recommandations quant au choix du commandant et du QG des opérations. 212 − Il programme, planifie, conduit et évalue les aspects militaires des procédures de gestion des crises de l’UE, y compris la validation des procédures UE/OTAN. − Il participe à l’estimation financière du coût des opérations et des exercices. − Il fait la liaison avec les quartiers généraux nationaux et les quartiers généraux multinationaux des forces multinationales. − Il établit des relations permanentes avec l’OTAN conformément aux arrangements permanents UE/OTAN et des relations appropriées avec des correspondants précis aux Nations unies et à l’OSCE, moyennant un accord de ces organisations. a) Fonctions supplémentaires dans les situations de gestion de crises − − − − − − − Il sollicite et traite des informations précises provenant d’organismes de renseignement et d’autres informations pertinentes émanant de toutes les sources disponibles. Il assiste le CMUE dans ses contributions à la directive initiale de planification et aux directives de planification du Comité politique et de sécurité (COPS). Il élabore les options militaires stratégiques, organisées par ordre de priorité, qui constitueront la base des avis militaires du CMUE au COPS, en : • définissant des options initiales générales ; • faisant au besoin appel, pour la planification, à des sources externes, qui analyseront et développeront ces options ; • évaluant les résultats de ce travail plus approfondi et en faisant effectuer tout travail supplémentaire éventuellement nécessaire ; • présentant au CMUE une évaluation globale, assortie au besoin d’une indication des priorités et de recommandations. Il peut également contribuer aux aspects non militaires des options militaires. Il identifie, en coordination avec les équipes nationales de planification et, au besoin, avec l’OTAN, les forces qui pourraient participer à d’éventuelles opérations conduites par l’UE. Il assiste le commandant des opérations dans les échanges techniques avec les pays tiers qui offrent des contributions militaires à une opération conduite par l’UE et dans la préparation de la conférence de génération de forces. Il continue à surveiller les situations de crise. b) Fonctions supplémentaires pendant les opérations − − L’EMUE, agissant sous la direction du CMUE, suit en permanence tous les aspects militaires des opérations. Il effectue des analyses stratégiques en liaison avec le commandant d’opération désigné, afin d’aider le CMUE dans son rôle de conseil après du COPS, en charge de la direction stratégique. À la lumière des développements politiques et opérationnels, il fournit de nouvelles options au CMUE, sur lesquelles ce dernier se fondera pour donner des avis militaires au COPS. 213 5. Organisation − − − − − Il travaille sous la direction militaire du CMUE, à qui il rend compte. L’EMUE est un service du Secrétariat du Conseil directement rattaché au Secrétaire Général/Haut Représentant; il est composé de personnels détachés des États membres, dont l’action revêt un caractère international et relève du statut qui sera défini par le Conseil. L’EMUE est dirigé par un directeur général, qui est un officier général 3 étoiles, et travaille sous la direction du CMUE. Pour pouvoir s’acquitter de l’ensemble des missions de Petersberg, que l’UE ait ou non recours aux ressources de l’OTAN, l’EMUE est organisé de la manière décrite à l’annexe A. Dans les situations de gestion de crises ou lors d’exercices, l’EMUE pourrait mettre en place des cellules de crise, en tirant parti de l’expertise, du personnel et de l’infrastructure dont il dispose. Il pourrait en outre, si nécessaire, faire appel à du personnel extérieur en vue d’assurer un renfort temporaire qui serait demandé par le CMUE aux États membres de l’UE. 6. Relations avec les pays tiers Les relations entre l’EMUE et les membres européens de l’OTAN n’appartenant pas à l’UE et d’autres pays, candidats à l’adhésion à l’UE, seront définies dans le document relatif aux relations de l’UE avec les pays tiers. ANNEXE VI à l’ANNEXE VI ARRANGEMENTS CONCERNANT LES ÉTATS EUROPÉENS MEMBRES DE L’OTAN NE FAISANT PAS PARTIE DE L’UE ET D’AUTRES PAYS CANDIDATS À L’ADHÉSION À L’UE I. Principes directeurs A Helsinki, il a été convenu que : L’Union assurera le dialogue, la consultation et la coopération nécessaires avec les pays membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE, avec d’autres pays qui sont candidats à l’adhésion à l’UE, ainsi qu’avec d’autres éventuels partenaires dans la gestion des crises dirigée par l’UE, en respectant pleinement l’autonomie de décision de l’UE et le cadre institutionnel unique de l’Union. Des structures appropriées seront mises en place afin de permettre dialogue et échanges d’informations avec les membres européens de l’OTAN non membres de l’UE et d’autres pays qui sont candidats à l’adhésion à l’UE sur des questions liées à la politique de sécurité et de défense et à la gestion des crises. En cas de crise, ces structures permettront la tenue de consultations pendant la période précédant une décision du Conseil. 214 En cas de décision prise par le Conseil de lancer une opération, les membres européens de l’OTAN non membres de l’UE participeront à celle-ci, s’ils le souhaitent, s’il s’agit d’une opération nécessitant un recours aux moyens et capacités de l’OTAN. Ils seront invités, sur décision du Conseil, à participer à des opérations pour lesquelles l’UE n’a pas recours aux moyens de l’OTAN. D’autres pays qui sont candidats à l’adhésion à l’UE pourront aussi être invités par le Conseil à participer à des opérations dirigées par l’UE, une fois que le Conseil aura décidé de lancer de telles opérations. Tous les États ayant confirmé leur participation à une opération dirigée par l’UE par le déploiement de forces militaires significatives auront les mêmes droits et obligations que les États membres participants de l’UE, quant à la conduite au jour le jour de cette opération. Le Conseil, après la tenue de consultations entre les États participants au sein du Comité des contributeurs, prend la décision de mettre fin à cette opération. A Feira, ont été agréés les principes directeurs suivants : L’Union européenne assurera le dialogue, la consultation et la coopération nécessaires avec les États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE, et avec d’autres pays qui sont candidats à l’adhésion à l’UE, en ce qui concerne la gestion des crises dirigée par l’UE. Des arrangements appropriés seront mis en place afin de permettre dialogue et échanges d’informations sur des questions liées à la politique de sécurité et de défense et à la gestion des crises. L’autonomie de décision de l’UE et le cadre institutionnel unique de l’Union seront pleinement respectés. Il y aura une structure unique, incluant l’ensemble des quinze pays concernés (les États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et les pays candidats à l’adhésion à l’UE), au sein de laquelle ils pourront mener le dialogue, la consultation et la coopération nécessaires avec l’UE. Au sein de cette structure, des échanges auront lieu avec les États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE, en tant que de besoin, par exemple pour évoquer des questions relatives à la nature et au fonctionnement d’opérations dirigées par l’UE, avec recours aux moyens et capacités de l’OTAN. II. Arrangements permanents de consultation hors période de crise Sur la base de ce qui a été convenu à Helsinki et Feira, les modalités de consultation en période normale seront fondées sur les éléments suivants : 215 La fréquence et les modalités des consultations seront fonction des besoins et devront s’inspirer de considérations de pragmatisme et d’efficacité, étant entendu que deux réunions au moins en formation UE + 15, portant sur des questions liées à la PESD et leurs éventuelles implications pour les pays concernés, seront organisées sous chaque présidence. Dans ce cadre, deux réunions au moins seront organisées sous chaque présidence avec les six États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE (formation UE + 6). Une rencontre ministérielle associant les 15 et les 6 sera organisée sous chaque présidence. Le COPS jouera un rôle de premier plan dans la mise en œuvre de ce dispositif, qui inclura également deux réunions au moins au niveau des représentants au Comité militaire, ainsi que des échanges au niveau des experts militaires (notamment ceux relatifs à l’élaboration des objectifs de capacités se poursuivront afin de permettre aux États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et autres pays candidats, de contribuer au processus d’amélioration des capacités militaires européennes) ; des réunions d’experts pourront être convoquées pour d’autres sujets que les capacités, comme, par exemple, en période de crise, pour l’information sur les options stratégiques envisagées. Ces réunions compléteront celles qui se tiennent dans le cadre du dialogue politique renforcé en matière de PESC. Ce schéma de réunions est indicatif. Des réunions supplémentaires pourront être organisées si les circonstances l’exigent. Chaque Présidence présentera le calendrier projeté des réunions du semestre et leur ordre du jour. Les États concernés pourront également faire des propositions. Chaque pays tiers pourra, s’il le souhaite, désigner, au sein de sa mission auprès de l’UE, un représentant pour assurer le suivi de la PESD et servir d’interlocuteur au COPS. Afin de faciliter l’association des États tiers qui le souhaitent aux activités militaires de l’Union, ils pourront désigner un officier accrédité auprès de l’État-major de l’Union européenne qui servira de point de contact. Au moins deux réunions d’informations seront organisées au cours de chaque présidence au profit de ces officiers des 15 et des 6, qui pourront porter par exemple sur la façon dont le suivi des situations de crise sera traité. En outre, des arrangements de liaison spécifiques pourront être organisés, notamment pour la durée des exercices OTAN/UE. Ces arrangements seront particulièrement importants pour l’implication des 15 et des 6 dans le développement des capacités militaires à la disposition de l’Union pour des opérations dirigées par l’UE. III. Arrangements en période de crise A) Phase pré-opérationnelle Conformément à Helsinki et Feira, en cas d’émergence d’une crise, le dialogue et la consultation seront intensifiés à tous les niveaux, y compris ministériel, pendant la période précédant la décision du Conseil. Lors de l’émergence de la crise, cette intensification des consultations permettra de procéder à des échanges de vues sur l’évaluation de la situation 216 et d’évoquer les préoccupations des pays concernés, en particulier lorsque ceux-ci considèrent que leurs intérêts de sécurité sont en cause. Lorsqu’est examinée l’éventualité d’une opération militaire de gestion de cris e dirigée par l’UE, ces consultations, qui pourront se tenir au niveau des experts politico-militaires, auront pour objectif d’assurer que les pays qui sont des contributeurs potentiels à une opération de gestion de crise dirigée par l’UE soient informés des intentions de l’Union, notamment sur les options militaires envisagées. A cet égard, dès que l’Union s’engagera dans l’examen approfondi d’une option faisant appel aux moyens et capacités de l’OTAN, une attention particulière sera accordée à la consultation des six États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE. B) Phase opérationnelle Dès que la ou les options militaires stratégiques ont été choisies par le Conseil, les travaux de planification opérationnelle sont présentés aux États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et aux autres pays candidats à l’adhésion ayant exprimé leur intention de principe de participer à l’opération, afin de leur permettre de déterminer la nature et le volume de la contribution qu’ils pourraient apporter à une opération dirigée par l’UE. Dès que le Conseil a approuvé le concept d’opération, ayant pris en considération les résultats des consultations avec les États tiers susceptibles de participer à l’opération, ceuxci sont formellement invités à participer à l’opération selon les dispositions prévues à Helsinki ; celles-ci prévoient que : − − les membres européens de l’OTAN non membres de l’UE participeront à celle-ci s’ils le souhaitent, s’il s’agit d’une opération ayant recours aux mo yens et capacités de l’OTAN. Ils seront invités sur décision du Conseil à participer à des opérations pour lesquelles l’UE n’a pas recours aux moyens de l’OTAN ; d’autres pays qui sont candidats à l’adhésion à l’UE pourront être invités par le Conseil à participer à des opérations dirigées par l’UE, une fois que le Conseil aura décidé de lancer de telles opérations. La planification opérationnelle sera réalisée, pour une opération ayant recours aux moyens et capacités de l’OTAN, au sein des organes de planification de l’Alliance ou, pour une opération autonome de l’UE, au sein de l’un des États-majors européens de niveau stratégique. S’agissant d’une opération faisant appel aux moyens de l’OTAN, les Alliés européens non membres de l’UE sont impliqués dans cette planification selon des modalités déterminées au sein de l’OTAN. Dans le cas d’une opération autonome à laquelle ils sont invités à participer, les pays candidats et les alliés européens non membres peuvent mettre en place des officiers de liaison auprès des États -majors européens de niveau stratégique, ceci permettra un échange d’informations sur la planification opérationnelle et les contributions envisagées. Les États concernés adressent à l’UE une première indication de leur contribution qui est précisée au cours d’échanges avec le commandant d’opération assisté par l’EMUE. 217 Ces échanges permettent de constater le caractère significatif des contributions nationales proposées et leur adéquation avec les besoins de l’opération dirigée par l’UE. Les pays concernés confirment le niveau et la qualité de leur contribution nationale à la Conférence de génération de forces, à l’issue de laquelle l’opération est formellement lancée et le Comité des contributeurs mis en place. C) Comité des contributeurs Le Comité des contributeurs joue un rôle essentiel dans la gestion courante de l’opération. Il est le principal forum de discussion de tous les problèmes relevant de la gestion courante en vue des mesures prises par le COPS dans ce domaine. Les délibérations du Comité des contributeurs constituent une contribution positive à celles du COPS. À ce titre : − − − il est informé de façon détaillée de l’opération sur le terrain par l’intermédiaire des instances de l’UE qui en assurent le suivi. Il reçoit une information régulière du Commandant d’opération qui peut être entendu par le Comité ;. il traite des différents problèmes concernant le déroulement de l’opération militaire, l’emploi des forces et toutes les questions de gestion courante qui ne relèvent pas exclusivement, au titre de la directive qu’il aura reçue, de la responsabilité du Commandant de l’opération ; il fournit des avis et des recommandations sur les éventuelles adaptations de la planification opérationnelle, y compris sur d’éventuelles adaptations des objectifs pouvant affecter la situation des forces. Il se prononce sur la planification de la fin de l’opération et du retrait des forces. Dans ces domaines, le Comité politique et de sécurité, qui exerce le contrôle politique et la direction stratégique de l’opération, tiendra compte des vues exprimées par le Comité des contributeurs. Tous les États membres de l’UE ont le droit d’assister aux travaux du Comité, qu’ils participent ou non à l’opération, mais seuls les États contributeurs participent à la gestion courante de l’opération. Les alliés européens non membres et les pays candidats à l’adhésion déployant des forces militaires significatives dans le cadre d’une opération dirigée par l’UE ont les mêmes droits et obligations s’agissant de la gestion courante de l’opération que les États membres de l’UE participant à l’opération. Les travaux du Comité des contributeurs se déroulent sans préjudice des consultations qui se poursuivent dans le cadre de la structure unique incluant les États européens membres de l’OTAN ne faisant pas partie de l’UE et les pays candidats à l’adhésion à l’UE. De par la nature de ses missions, ce Comité peut se réunir dans le format approprié. S’agissant des États membres, il pourra comprendre les représentants au COPS et au Comité militaire. Il est normalement présidé par un représentant du Secrétaire Général/Haut Représentant ou la Présidence, assisté du Président du Comité militaire ou son adjoint. Le 218 Directeur de l’état-major et le commandant d’opération peuvent également assister ou être représentés au Comité. Le Président est responsable de la transmission des résultats des discussions du Comité au COPS et au Comité militaire. Le Comité sera consulté par le Comité militaire et le COPS sur les questions relatives à la planification de la fin de l’opération et du retrait des forces. Une fois l’opération terminée, il pourra être demandé au Comité des contributeurs de fournir son appréciation des leçons tirées de l’opération. ANNEXE VII à l’ANNEXE VI ARRANGEMENTS PERMANENTS COOPÉRATION UE/OTAN SUR LA CONSULTATION ET LA I. Principes directeurs : L’objectif de la relation entre l’UE et l’OTAN est, conformément aux conclusions du Conseil européen d’Helsinki, d’assurer une consultation efficace, une coopération et une transparence sur la réponse militaire appropriée à apporter en cas de crise et de garantir une gestion efficace de cette crise. Lors du Conseil européen de Feira, il a été décidé de fonder les consultations avec l’OTAN sur les principes suivants : − − − − − Le développement de la consultation et de la coopération entre l’UE et l’OTAN doit avoir lieu dans le respect total de l’autonomie de l’UE en matière de prise de décision. L’UE et l’OTAN ont entrepris de renforcer et de développer encore leur coopération en matière de gestion militaire des crises, sur la base de valeurs communes, du principe d’égalité et dans un esprit de partenariat. L’objectif visé est celui d’une consultation, d’une coopération et d’une transparence complètes et réelles, en vue de déterminer quelle est la réponse militaire la plus appropriée en cas de crise et de prendre des décisions rapides en la matière, ainsi que d’assurer une gestion efficace des crises. À cet égard, les objectifs de l’UE en matière de capacités militaires et ceux découlant, pour les pays concernés, de l’initiative de l’OTAN sur les capacités de défense se renforceront mutuellement. Si elles se renforcent mutuellement dans la gestion des crises, l’UE et l’OTAN n’en sont pas moins des organisations de nature différente. Il en sera tenu compte dans les dispositions concernant leur relations ainsi que dans l’évaluation qui sera faite par l’UE des procédures régissant actuellement les relations UEO/OTAN en vue de les adapter éventuellement à un cadre UE-OTAN. Les dispositions et modalités applicables aux relations entre l’UE et l’OTAN refléteront le fait que chacune des organisations traitera avec l’autre sur un pied d’égalité. Dans les relations entre l’UE et l’OTAN en tant qu’institutions, il n’y aura de discrimination à l’égard d’aucun des États membres. 219 Dans cet esprit et pour que cette consultation et cette coopération s’établissent dans un vrai partenariat stratégique dans la gestion des crises, l’autonomie de décision de l’OTAN et de l’UE seront pleinement respectées. Les consultations et la coopération entre les deux organisations seront développées sur les questions de sécurité, de défense et de gestion de crise d’intérêt commun en vue de permettre la réponse militaire la plus appropriée à une crise et d’assurer une gestion de crise efficace. II. Modalités de consultation hors période de crise 1. Un dialogue régulier sera établi entre les deux organisations afin d’assurer la consultation, la coopération et la transparence, notamment par des réunions entre le COPS et le Conseil de l’Atlantique Nord (CAN) et au niveau ministériel, avec une périodicité qui ne sera pas inférieure à une par présidence, et la possibilité pour chaque organisation de demander la tenue de réunions supplémentaires, en proposant un projet d’ordre du jour. Des réunions entre les comités militaires de l’OTAN et de l’UE pourront se tenir en tant que de besoin et à la demande de l’une ou l’autre organisation, avec une périodicité qui ne sera pas inférieure à une par présidence. Ces réunions se tiendront sur la base d’ordres du jour déterminés. Des réunions pourront également intervenir entre les groupes subsidiaires, (tels que le PCG7 et le GPM 8 , ou les groupes de travail du Comité militaire), en format de groupe ad hoc UE/OTAN (par exemple sur les capacités) ou en format d’experts du type de ceux qui ont été établis au sein du HTF Plus afin de recueillir l’expertise de l’OTAN sur des sujets précis. Les modalités d’organisation des travaux de ces réunions devront faire l’objet d’un arrangement entre les deux organisations. 2. Ce dialogue sera complété, en tant que de besoin et en particulier lorsque les compétences et l’expertise de l’Alliance sont concernés, par l’invitation de représentants de l’OTAN, conformément aux dispositions du TUE et sur une base de réciprocité. Cette invitation s’appliquera au Secrétaire Général de l’OTAN à l’occasion de réunions ministérielles, notamment celles auxquelles participent les Ministres de la défense, au Président du Comité militaire de l’OTAN pour des réunions du Comité militaire, et pour tenir compte de ses responsabilités au titre du pilier européen de l’OTAN et de son rôle potentiel dans les opérations dirigées par l’UE, au DSACEUR9 lors de réunions du Comité militaire. 3. Une relation suivie entre les Secrétaires généraux, les secrétariats et les États-majors de l’UE et de l’OTAN sera également utile pour assurer la transparence et l’échange d’informations et de documents. 7 Groupe de Coordination des orientations de l’OTAN. Groupe politico-militaire. 9 Adjoint au Commandant suprême des forces alliées en Europe. 8 220 À ce titre sont prévus : − − − des contacts entre Secrétaires Généraux, ou entre le Secrétaire Général Adjoint pour les affaires politiques et le responsable des Questions PESD de l’Union européenne ; des contacts entre le secrétariat international de l’OTAN et les services du Secrétariat du Conseil ayant à traiter de la PESD (UPPAR10 , DGE11 , Centre de situation, ...), en particulier pour la préparation des réunions et la transmission des documents qui y sont liés ; des contacts entre les experts de l’État-major de l’UE (EMUE) et leurs homologues dans les états -majors de l’OTAN sur la base des directives du Comité militaire, en particulier pour la préparation des réunions et la transmission des documents qui y sont liés (y compris les documents en matière de planification). L’ensemble de ces contacts et échanges feront l’objet de comptes rendus réguliers respectivement au COPS et au CMUE. III. Les relations OTAN/UE en période de crise A) Dans la phase d’émergence d’une crise, les contacts et les réunions seront intensifiés, y compris, le cas échéant, au niveau ministériel, pour permettre aux deux organis ations, dans un souci de transparence, de consultation et de coopération, de procéder à des échanges de vues sur l’appréciation de la crise et de son évolution possible, ainsi que sur tout problème de sécurité connexe à cette crise. L’État-major européen est chargé par le CMUE à la demande du COPS de développer et d’organiser par ordre de priorité les options stratégiques militaires. Pour ce faire, après avoir défini les options initiales générales, il pourra s’appuyer en tant que de besoin sur des sources externes en matière de planification, notamment sur l’accès garanti aux capacités de planification de l’OTAN, qui analyseront et élaboreront ces options plus en détail. Cette contribution sera évaluée par l’EMUE qui pourra commander tout travail supplémentaire éventuellement nécessaire. Dans l’hypothèse où l’Union envisagerait l’étude approfondie d’une option faisant appel aux moyens et capacités préidentifiés de l’OTAN, le COPS en informe le CAN. B) Dans le cas d’une opération faisant appel aux moyens et capacités de l’OTAN (cf. appendice à cette annexe) − 10 11 le COPS, sur la base des avis et recommandations du Comité militaire assisté par l’EMUE, adresse via le Comité militaire au Commandant d’opération désigné les directives stratégiques qui lui permettent de préparer les documents de planification nécessaires à l’opération (CONOPS, OPLAN), en faisant appel à l’accès garanti aux capacités de planification de l’OTAN; ces documents de planification sont soumis au COPS pour approbation ; Unité de Planification de la Politique et d’Alerte Rapide. Direction Générale des Relations Extérieures. − − − − − − 221 des experts des deux organisations, en liaison avec le DSACEUR coordonateur stratégique, se réunissent pour spécifier les moyens et capacités pré-identifiés de l’OTAN concernés par cette option ; une fois déterminés les moyens et capacités pré-identifiés qui seront utilisés dans le cadre de l’opération, l’UE transmet une demande à l’OTAN ; la cession des moyens et capacités pré-identifiés utilisés pour l’opération de l’UE, ainsi que les modalités de la mise à disposition, y compris les éventuelles conditions de rappel, sont identifiées lors d’une réunion COPS/CAN ; pendant la durée de l’opération, l’utilisation des moyens et capacités de l’OTAN fera l’objet d’une information de l’Alliance, y compris par la possibilité de réunir le COPS et le CAN ; le commandant de l’opération sera invité aux réunions du CMUE, afin de lui rendre compte du déroulement de l’opération. Il pourra être invité par la Présidence au COPS et au CAG ; le COPS propose au Conseil de mettre un terme à l’opération et en informe préalablement le CAN. L’UE met fin à l’utilisation des moyens et capacités de l’OTAN. C) Dans le cas d’une opération de l’Union européenne menée sans les moyens de l’OTAN Pendant toute la période où l’Union européenne assure la conduite d’une opération sans les moyens de l’OTAN, ou si l’OTAN conduit une opération de gestion de crise, chacune des deux organisations tiendra l’autre informée du déroulement général de l’opération. Appendice à l’ANNEXE VII à l’ANNEXE VI ANNEXE AUX ARRANGEMENTS PERMANENTS SUR LA CONSULTATION ET LA COOPÉRATION UE/OTAN, PORTANT SUR LA MISE EN ŒUVRE DU PARAGRAPHE 10 DU COMMUNIQUÉ DE WASHINGTON Sur la base des décisions adoptées par l’Alliance au sommet de Washington du 24 avril 1999, l’Union européenne propose que la mise en œuvre de Berlin Plus, intervienne entre les deux organisations selon les modalités suivantes : (1) Garantie d’accès aux capacités de planification de l’OTAN L’Union européenne aura un accès garanti12 et permanent aux capacités de planification de l’OTAN : − − 12 lorsque l’UE examine les options en vue d’une opération, l’élaboration de ses options militaires stratégiques pourrait impliquer une contribution des capacités de planification de l’OTAN ; pour assurer la planification opérationnelle d’une opération ayant recours aux moyens et capacités de l’OTAN. Sans autorisation au cas par cas de l’OTAN. 222 Cet accès sera garanti selon les dispositions suivantes : − − − − sous le contrôle du CMUE, le Directeur Général de l’EMUE adressera à DSACEUR, au titre de ses responsabilités dans le pilier européen de l’OTAN, des demandes techniques de planification pour contribuer à l’élaboration des options stratégiques ; dans le domaine de la planification opérationnelle, les États-majors de l’Alliance, qui seront chargés de traiter les demandes de l’UE, seront ouverts aux experts des États membres qui le souhaitent, sans discrimination entre ceux-ci ; dans l’hypothèse où DSACEUR fait savoir à l’UE qu’il ne peut assurer simultanément la satisfaction de la demande de l’UE et des travaux de l’OTAN pour une opération non article V, une consultation étroite entre les organisations aura lieu au niveau approprié, afin de trouver une solution acceptable pour les deux organisations en termes de gestion des priorités et d’affectation des moyens, la décision finale appartenant à l’OTAN ; dans l’hypothèse où l’OTAN s’engagerait dans une opération article V, et où elle aurait été amenée à refuser ou à rappeler les capacités de planification dans ce cadre, l’UE aura accès à celles des capacités de planification de l’OTAN qui demeurent disponibles. (2) Présomption de disponibilité de moyens et capacités préidentifiés En ce qui concerne la préidentification des moyens, les travaux de préidentification des moyens et capacités collectifs de l’Alliance utilisables pour des opérations conduites par l’UE seront réalisés entre les experts de l’UE et de l’Alliance et seront validés par une réunion des comités militaires des deux organisations en vue de leur approbation selon les procédures propres à chaque organisation. Dans l’hypothèse où l’UE envisagerait l’étude approfondie d’une option stratégique faisant appel aux moyens et capacités de l’OTAN, le COPS en informe le CAN. Dans le cas d’une opération de l’UE faisant appel aux moyens et capacités de l’OTAN, et s’agissant de la mise à la disposition de l’Union européenne de moyens et capacités ainsi préidentifiés, la procédure suivante sera établie : − − − − les experts des deux organisations se réunissent, après le choix par l’UE d’une option stratégique, pour préciser les moyens et capacités préidentifiés susceptibles d’être utilisés dans le cadre de cette opération ; le COPS, sur proposition du CMUE se fondant sur le rapport de l’EMUE prenant en compte les contacts d’experts, transmet au CAN une demande de moyens et de capacités préidentifiés ; le CAN répond à la demande du COPS. L’adéquation des moyens et capacités proposées par l’Alliance, à la demande de l’UE, est examinée techniquement par une réunion d’experts des deux organisations ; la mise à disposition est confirmée formellement en réunion COPS/CAN, sous forme de paquet global définissant pour toute la durée de l’opération les modalités pratiques de mise à disposition y compris administratives, juridiques, financières ; − − − 223 les moyens et les capacités mis à disposition de l’UE le sont pour toute la durée de l’opération, sauf dans le cas où l’Alliance devrait conduire une opération art. V ou pour une opération non article V devenue prioritaire au terme d’une consultation entre les deux organisations ; de nouvelles demandes qui apparaîtraient en cours d’opération feront l’objet de la même procédure que celle décrite pour le premier paquet ; pendant la durée de l’opération, l’UE informe l’OTAN de l’utilisation des moyens et capacités de l’OTAN mis à disposition de l’UE, notamment par des réunions entre le COPS et le CAN, et par l’intermédiaire du Président du Comité militaire de l’UE venant s’exprimer devant le Comité militaire de l’Alliance. (3) Identification d’une série d’options de commandement mis à disposition de l’UE Des travaux seront réalisés entre les experts de I’UE et de l’Alliance, en vue d’identifier une série d’options possibles pour le choix de tout ou partie d’une chaîne de commandement (commandants d’opération, commandants de force, commandants de composantes, ainsi que les éléments d’états-majors associés). Ces travaux incluront le développement du rôle du DSACEUR de façon à ce qu’il puisse assurer pleinement et effectivement ses responsabilités européennes. Ces travaux seront validés par une réunion des Comités militaires des deux organisations en vue de leur approbation selon les procédures propres à chaque organisation. − − − Dans l’hypothèse où l’UE envisagerait l’étude approfondie d’une option stratégique faisant appel à des options de commandement de l’OTAN notamment pour le commandement de l’opération, le COPS en informe le CAN. Après que le Conseil de l’UE ait arrêté une option stratégique et choisi de faire appel à un commandant d’opération, le COPS transmet au CAN une demande portant sur les options de commandement relatives à l’opération. Après la réponse du CAN, le Conseil nomme le commandant d’opération et le charge par l’intermédiaire du COPS d’activer la chaîne de commandement. L’ensemble de la chaîne de commandement devra rester sous le contrôle politique et la direction stratégique de l’UE, pour toute la durée de l’opération, au terme d’une consultation entre les deux organisations. Dans ce cadre, le commandant d’opération rendra compte de la conduite de l’opération aux seuls organes de l’UE. L’OTAN est informée de l’évolution de la situation par les instances appropriées, notamment le COPS et le Président du Comité militaire. 224 TRAITÉ DE NICE MODIFIANT LE TRAITÉ SUR L’UNION EUROPÉENNE, LES TRAITÉS INSTITUANT LES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES ET CERTAINS ACTES CONNEXES (…) L’article 17 est remplacé par le texte suivant : « Article 17 1. La politique étrangère et de sécurité commune inclut l’ensemble des questions relatives à la sécurité de l’Union, y compris la définition progressive d’une politique de défense commune, qui pourrait conduire à une défense commune, si le Conseil européen en décide ainsi. Il recommande, dans ce cas, aux États membres d’adopter une décision dans ce sens conformément à leurs exigencies constitutionnelles respectives. La politique de l’Union au sens du présent article n’affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains États membres, elle respecte les obligations découlant du traité de l’Atlantique Nord pour certains États membres qui considèrent que leur défense commune est réalisée dans le cadre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et elle est compatible avec la politique commune de sécurité et de défense arrêtée dans ce cadre. La définition progressive d’une politique de défense commune est étayée, dans la mesure où les États membres le jugent approprié, par une coopération entre eux en matière d’armements. 2. Les questions visées au présent article incluent les missions humanitaires et d’évacuation, les missions de maintien de la paix et les missions de forces de combat pour la gestion des crises, y compris les missions de rétablissement de la paix. 3. Les décisions ayant des implications dans le domaine de la défense dont il est question au présent article sont prises sans préjudice des politiques et des obligations visées au paragraphe 1, deuxième alinéa. 4. Le présent article ne fait pas obstacle au développement d’une coopération plus étroite entre deux ou plusieurs États membres au niveau bilatéral, dans le cadre de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) et de l’OTAN, dans la mesure où cette coopération ne contrevient pas à celle qui est prévue au présent titre ni ne l’entrave. 5. En vue de promouvoir la réalisation des objectifs définis au présent article, les dispositions de celui-ci seront réexaminées conformément à l’article 48. » (…) 225 L’article 25 est remplacé par le texte suivant : « Article 25 Sans préjudice de l’article 207 du traité instituant la Communauté européenne, un comité politique et de sécurité suit la situation internationale dans les domaines relevant de la politique étrangère et de sécurité commune et contribue à la définition des politiques en émettant des avis à l’intention du Conseil, à la demande de celui-ci ou de sa propre initiative. Il surveille également la mise en œuvre des politiques convenues, sans préjudice des compétences de la présidence et de la Commission. Dans le cadre du présent titre, le comité exerce, sous la responsabilité du Conseil, le contrôle politique et la direction stratégique des opérations de gestion de crise. Le Conseil peut autoriser le comité, aux fins d’une opération de gestion de crise et pour la durée de celle-ci, telles que déterminées par le Conseil, à prendre les décisions appropriées concernant le contrôle politique et la direction stratégique de l’opération, sans préjudice de l’article 47. » Les articles suivants sont insérés : « Article 27 A 1. Les coopérations renforcées dans l’un des domaines visés dans le présent titre ont pour but de sauvegarder les valeurs et de servir les intérêts de l’Union dans son ensemble en affirmant son identité en tant que force cohérente sur la scène internationale. Elles respectent : − − − les principes, les objectifs, les orientations générales et la cohérence de la politique étrangère et de sécurité commune ainsi que les décisions prises dans le cadre de cette politique ; les compétences de la Communauté européenne, et la cohérence entre l’ensemble des politiques de l’Union et son action extérieure. 2. Les articles 11 à 27 et les articles 27 B à 28 s’appliquent aux coopérations renforcées prévues par le présent article, sauf dispositions contraires de l’article 27 C et des articles 43 à 45. Article 27 B Les coopérations renforcées en vertu du présent titre portent sur la mise en œuvre d’une action commune ou d’une position commune. Elles ne peuvent pas porter sur des questions ayant des implications militaires ou dans le domaine de la défense. Article 27 C Les États membres qui se proposent d’instaurer entre eux une coopération renforcée en vertu de l’article 27 B adressent une demande en ce sens au Conseil. La demande est transmise à la Commission et, pour information, au Parlement européen. La Commission donne son avis notamment sur la cohérence de la coopération renforcée 226 envisagée avec les politiques de l’Union. L’autorisation est accordée par le Conseil, statuant conformément à l’article 23, paragraphe 2, deuxième et troisième alinéas, dans le respect des articles 43 à 45. Article 27 D Sans préjudice des compétences de la présidence et de la Commission, le secrétaire général du Conseil, haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune, veille en particulier à ce que le Parlement européen et tous les membres du Conseil soient pleinement informés de la mise en œuvre des coopérations renforcées dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité commune. Article 27 E Tout État membre qui souhaite participer à une coopération renforcée instaurée en vertu de l’article 27 C notifie son intention au Conseil et informe la Commission. La Commission transmet un avis au Conseil dans un délai de trois mois à compter de la date de réception de la notification. Dans un délai de quatre mois à compter de la date de réception de la notification, le Conseil statue sur la demande ainsi que sur d’éventuelles dispositions particulières qu’il peut juger nécessaires. La décision est réputée approuvée, à moins que le Conseil, statuant à la majorité qualifiée dans ce même délai, ne décide de la tenir en suspens; dans ce cas, le Conseil indique les motifs de sa décision et fixe un délai pour son réexamen. Aux fins du présent article, le Conseil statue à la majorité qualifiée. La majorité qualifiée est définie comme la même proportion des voix pondérées et la même proportion du nombre des members concernés du Conseil que celles prévues à l’article 23, paragraphe 2, troisième alinéa. » (…) 33 Rapport présenté au Conseil européen de Nice par le Secrétaire général/Haut représentant et la Commission Nice, 8 décembre 2000 AMÉLIORER LA COHÉRENCE ET L’EFFICACITÉ DE L’ACTION DE L’UNION EUROPÉENNE DANS LE DOMAINE DE LA PRÉVENTION DES CONFLITS SYNTHÈSE Principaux défis que l’Union européenne doit relever en vue d’une prévention effective des conflits • • • • • • • Réaffirmer que la prévention des conflits figure au rang des priorités établies de l’action extérieure de l’UE et l’y maintenir ; fixer des priorités d’action dans le domaine de la prévention des conflits et les appuyer ; avancer la séquence de l’action de l’UE en adoptant une approche progressivement anticipatoire moins réactive ; veiller à une utilisation cohérente des ressources désormais très variées dont dispose l’UE pour respecter ses priorités, et à une meilleure intégration des instruments de développement et des instruments commerciaux, économiques et humanitaires dans les instruments de la PESC et dans les capacités civiles et militaires de gestion des crises ; mettre en œuvre ces ressources de manière opportune, globale et intégrée ; mettre en place des partenariats effectifs avec ceux qui partagent nos valeurs et priorités aux niveaux mondial, régional, national et local, et les appuyer ; élaborer des approches communes ciblées sur les pays et régions risquant d’entrer dans un conflit en tenant compte des aspects touchant à la PESC, au développement, au commerce, à l’économie ainsi qu’à la justice et aux affaires intérieures. • Recommandations essentielles à court terme • Le Conseil « Affaires générales » devrait examiner sans délai la question de la prévention des conflits, éventuellement au cours du débat d’orientation annuel; les domaines d’action prioritaire de l’action de l’UE devraient être déterminés périodiquement ; le Secrétaire général/Haut représentant et la Commission devraient contribuer à superviser la mise en œuvre des politiques ; le Comité politique et de sécurité sera invité à renforcer son rôle de point de contact pour la définition des politiques de prévention des conflits dans le cadre de la PESC et de la PESD ; la Commission devrait présenter des communications sur la prévention des conflits et sur les liens entre l’aide d’urgence, la réhabilitation et le développement ; • • • 228 • le Conseil et la Commission devraient poursuivre l’examen des règlements et procédures budgétaires pertinents et examiner les questions de coordination entre les instruments communautaires et ceux des États membres ; • il conviendrait d’intensifier la coopération avec les Nations Unies, en s’appuyant sur les propositions de son Secrétaire général et en soutenant l’initiative en faveur d’une plus grande efficacité des Nations Unies lancée dans le cadre du rapport du millénaire et du rapport Brahimi ; • renforcer le dialogue avec les partenaires essentiels et le soutien à ceux-ci, y compris l’OSCE, le Conseil de l’Europe et le CICR, ainsi que les communautés universitaires et d’ONG ; • il conviendrait de tirer parti de l’expérience de nos partenaires pour l’élaboration des plans d’action et stratégies de l’UE à l’égard de pays et de régions donnés ; • le droit d’accès à des zones de conflit potentiels pour le CICR, l’OSCE et les rapporteurs des Nations Unies en matière de droits de l’homme devrait être systématiquement défendu ; • il conviendrait d’inscrire au rang des priorités le soutien à une action efficace dans le domaine des armes légères, notamment dans le cadre des Nations Unies et du G8 ; • de nouveaux instruments internationaux devraient être ratifiés et mis en œuvre, en particulier le nouveau Statut de Rome de la Cour pénale internationale et la Convention d’Ottawa sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert de mines antipersonnel et sur leur destruction ; • il faudrait réexaminer l’utilisation des instruments diplomatiques de prévention des conflits, y compris le rôle des représentants spéciaux et des chefs de mission ; • les groupes de travail du Conseil devraient être invités à organiser plus souvent des discussions informelles avec les organisations partenaires compétentes ; • il conviendrait d’assurer une meilleure coordination des sources d’information mises à la disposition de l’Union ; l’Unité politique et la Commission devraient élaborer régulièrement des documents sur les questions de prévention des conflits, pour examen par les décideurs politiques. I. Introduction 1. La prévention des conflits est l’essence même de l’Union européenne qui est elle-même la parfaite illustration d’une entreprise réussie de réconciliation, de stabilité et de prospérité par une coopération plus étroite et une meilleure compréhension. Le processus d’élargissement vise à étendre ces avantages à un cercle plus large d’États européens. Réserver la paix, encourager la stabilité et renforcer la sécurité internationale dans le monde constituent un objectif fondamental de l’Union ; la prévention des conflits violents, quant à elle, représente l’un de ses défis de politique extérieure les plus importants. 2. Les conflits entraînent des souffrances humaines et nuisent au développement économique. De même, ils sont contraires aux intérêts de l’UE en ce qu’ils engendrent l’instabilité, réduisent les échanges commerciaux, menacent les investissements, font peser une lourde charge financière due aux coûts de la reconstruction et, enfin, mettent en danger la sécurité des citoyens. Les dépenses liées à la prévention des conflits sont faibles si on les compare à ce qu’il en coûte de réparer les dommages causés par un conflit. Ces dernières 229 années, des millions de civils en Afrique sont morts en raison de conflits violents et nos efforts pour soutenir un développement économique et social durable sont sans cesse remis en cause par des conflits répétés. Depuis peu, ceux-ci se sont considérablement rapprochés des frontières de l’UE : on évalue à 200 000 le nombre de personnes tuées et à 1,8 million le nombre de personnes qui sont toujours déplacées après dix ans de conflits dans les Balkans occidentaux. Les changements démocratiques en RFY ont ouvert de nouvelles perspectives de paix et de stabilité durables dans la région, mais le processus de redressement sera long et coûtera cher. L’Union a déjà consacré 18 milliards d’euros environ à la reconstruction de la région dans son ensemble. Il suffit de suivre l’évolution récente de la situation au Moyen-Orient pour comprendre à quel point les conflits peuvent s’aggraver rapidement et pour saisir les conséquences que cela peut avoir non seulement pour la stabilité régionale mais aussi pour l’économie mondiale. 3. Dans le cadre de ses travaux en vue de renforcer la politique européenne commune en matière de sécurité et de défense, le Conseil européen de Feira a marqué sa détermination de prévenir les conflits et a invité le Secrétaire général/Haut représentant et la Commission à « soumettre au Conseil européen de Nice, dans la perspective des travaux futurs, des recommandations concrètes sur la manière d’améliorer la cohérence et l’efficacité de l’action de l’Union européenne dans le domaine de la prévention des conflits, en tenant pleinement compte et en tirant tout le parti voulu des instruments, des capacités et des orientations politiques existantes. » 4. Le présent rapport a pour but, en partant des travaux déjà entrepris par l’Union, de signaler quelques uns des défis plus vastes que celle-ci doit relever alors qu’elle se prépare à poursuivre ses efforts dans le domaine de la prévention des conflits, de formuler quelques recommandations concrètes en vue d’améliorer notre efficacité à court terme et d’instituer un cadre plus cohérent pour d’éventuelles actions futures. II. Des actions cohérentes : le défi central de la prévention des conflits 5. La prévention des conflits ne constitue pas un point nouveau de l’ordre du jour de l’UE. Cela fait déjà quelques années que l’Union déploie des efforts soutenus afin d’adapter son action extérieure à un environnement de sécurité internationale en constante évolution, qui se caractérise par une augmentation des conflits à l’intérieur même des frontières, dans lesquels les civils sont de plus en plus souvent les victimes mais aussi les cibles désignées des affrontements violents. Le Conseil a insisté à plusieurs reprises sur l’importance de prendre sans tarder des mesures efficaces afin de prévenir les conflits violents. Notre expérience des conséquences des conflits a joué un rôle essentiel dans la mise en place de capacités civiles et militaires de gestion des crises et elle sert maintenant de base pour la conception d’une politique étrangère et de sécurité commune plus efficace et mieux adaptée aux besoins. Un défi majeur que doit désormais relever l’Union européenne consiste à veiller à utiliser au mieux l’ensemble des instruments dont elle dispose aujourd’hui afin d’empêcher l’éclatement même d’un conflit. 6. L’Union européenne est bien placée pour se consacrer à la prévention des conflits. Parmi les moyens dont elle dispose, on citera les instruments de politique commerciale, les accords de coopération, l’aide au développement et d’autres formes de coopération 230 économique, les politiques sociale et environnementale, l’aide humanitaire fournie par ECHO et par les États membres, les capacités militaires et civiles en matière de gestion des crises, les instruments diplomatiques et la coopération dans le domaine de la justice et des affaires intérieures. L’influence exercée par l’Union dans nombre de ces domaines est considérable. Premier fournisseur d’aide au développement et d’aide humanitaire dans le monde, elle est également le partenaire commercial le plus important. 7. Certaines situations de conflit potentiel mettent l’Union en présence de défis sans précédent. Les politiques visant à désamorcer les tensions au Moyen-Orient seront bien différentes de celles mises en œuvre pour prévenir la résurgence de conflits dans les Balkans occidentaux ou dans la Corne de l’Afrique. L’enjeu essentiel pour l’Union est de faire preuve de cohérence en associant les bons instruments et en les utilisant dans un ordre judicieux, en temps opportun et de manière intégrée. Dès lors, il est nécessaire de renforcer cohérence et complémentarité à plusieurs niveaux : entre les instruments et moyens disponibles au sein de chaque pilier, entre les piliers eux-mêmes, entre les activités des États membres et celles de la Communauté ainsi qu’entre l’Union et ses partenaires internationaux en matière de prévention des conflits. 8. En outre, la cohérence des politiques de prévention des conflits ne peut être dissociée d’une problématique plus large, à savoir la manière dont l’UE fixe les priorités dans le domaine des relations extérieures. Alors que certaines régions, y compris celles proches de ses frontières, continueront de figurer au premier rang de ses priorités, l’Union doit être prête à intervenir ailleurs lorsqu’elle est confrontée à un risque manifeste de conflit violent. Les travaux mis en œuvre depuis la réunion d’Évian en vue de mieux coordonner les programmes d’assistance extérieure de l’UE serviront également à améliorer notre capacité à faire face à l’émergence de nouveaux conflits. 9. Les politiques menées par l’Union ne peuvent être efficaces que si celle-ci adopte une approche anticipatoire, en cernant les problèmes avant qu’ils ne deviennent graves et en concrétisant l’alerte rapide par une action rapide. Il est particulièrement difficile de mesurer l’efficacité des politiques de prévention des conflits et l’absence de résultats visibles peut constituer une pierre d’achoppement pour obtenir le soutien de ces actions au niveau politique. La volonté politique est essentielle si l’Union doit définir et respecter durablement une nouvelle priorité appliquée à tous les niveaux de notre action extérieure, à savoir le passage d’une culture de réaction à une culture de prévention. Recommandations • • La question de la prévention des conflits devrait être examinée par le Conseil « Affaires générales » éventuellement lors de son débat d’orientation annuel sur les relations extérieures, en l’intégrant à son travail et en traitant le problème plus général de la cohérence au niveau des formations du Conseil, dont le Conseil « Développement ». S’agissant de l’action de l’UE en matière de prévention des conflits, le Conseil « Affaires générales » devrait définir régulièrement les domaines prioritaires en tenant compte des recommandations du Secrétaire général/Haut représentant et de la Commission. Lorsque des priorités ont été définies, le Conseil devrait inviter le • 231 Secrétaire général/Haut représentant et la Commission à superviser la mise en œuvre des politiques et à lui faire rapport à ce sujet. L’Union devrait viser clairement à élaborer des approches ciblées et communes à l’égard des pays et régions exposés à un risque de conflit, en tenant compte des aspects touchant à la PESC, au développement, au commerce, à l’économie, à la justice et aux affaires intérieures. III. Mise en place de partenariats plus efficaces 10. Les causes des conflits sont généralement complexes et requièrent donc des mesures tout aussi complexes qui ne peuvent être mises en œuvre que par une vaste série d’acteurs, dont certains sont chargés de mandats spécifiques relevant du droit international. L’expérience récente montre clairement que l’Union européenne doit coopérer étroitement dans ce domaine avec d’autres organisations régionales et internationales ainsi qu’avec le secteur non gouvernemental. 11. Les Nations Unies, avec les responsabilités qui leur incombent en vertu de la Charte, leur présence dans le monde et leur large cadre institutionnel, sont tout particulièrement aptes à contribuer à s’attaquer aux causes profondes des conflits et à prendre des mesures préventives à plus court terme. Le Secrétaire général des Nations Unies a présenté récemment des propositions spécifiques visant à renforcer le dialogue avec l’Union. Les organes spécialisés tels que le HCNUR, le PNUD et l’UNICEF ainsi que le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et le Coordinateur des affaires humanitaires ont accès à de vastes réseaux d’information et peuvent jouer un rôle important dans la recherche de solutions à certains problèmes déterminés liés à un conflit. L’ONU prend actuellement des mesures pour rendre la prévention des conflits plus efficace. L’Union européenne peut jouer un rôle clé en contribuant à entretenir la dynamique de ces travaux. 12. La coopération régionale et le développement des organisations régionales et sousrégionales jouent à eux seuls, un rôle précieux dans la prévention des conflits. Des organisations telles que l’OEA, l’OUA, la CDAA, la CEDEAO, le FRA et l’ANASE assument actuellement un rôle opérationnel dans ce domaine. Pour l’UE, les partenaires essentiels sont l’OSCE et le Conseil de l’Europe. Chacun d’eux remplit une mission différente : l’OSCE par le biais de ses missions sur le terrain, de son Haut Commissaire pour les minorités nationales et de ses nouveaux mécanismes visant à prévenir et gérer les conflits ; le Conseil de l’Europe à travers son assemblée parlementaire et son action normative dans le domaine des droits de l’homme. Le Partenariat pour la paix, grâce à son travail sur les missions de Petersberg, ainsi que le CPEA peuvent également apporter une contribution précieuse à la prévention des conflits. 13. Le G8, le FMI et la Banque mondiale jouent un rôle actif par l’élaboration d’une stratégie de prévention des conflits axée sur les facteurs économiques généraux à l’origine des conflits, dont le commerce des armes légères et des diamants. 14. Les organisations non gouvernementales doivent exercer une influence croissante en matière de prévention des conflits. Nombre d’entre elles sont bien placées pour travailler auprès des victimes des conflits ainsi que pour déterminer rapidement les causes profondes 232 des conflits et les combattre. D’autres font un travail précieux en intervenant dans la définition des politiques ou dans l’arbitrage des conflits. L’expérience acquise en Serbie montre qu’une société civile solide et active et des médias indépendants constituent euxmêmes des facteurs non négligeables de changement démocratique et de stabilité à long terme. L’augmentation du nombre de civils victimes de conflits met en évidence le rôle de plus en plus important qui incombe au Comité international de la Croix-Rouge pour ce qui est de promouvoir et faire respecter le droit humanitaire. 15. Le dialogue politique élargi de l’UE offre régulièrement des possibilités d’aborder d’une manière plus flexible et opportune, la question de la prévention des conflits avec nos partenaires, à la fois avec ceux qui sont directement menacés par un conflit et avec ceux qui sont en mesure de les aider. 16. La mise en place de partenariats efficaces avec une telle diversité d’acteurs comporte pour l’Union des défis bien précis, à savoir : premièrement, établir un dialogue ciblé avec des points de contact convenus et fondé sur des priorités communes ; deuxièmement, intégrer leur contribution dans l’élaboration de notre propre politique ; troisièmement, mettre en place une coopération au niveau pratique sur des questions opérationnelles ; quatrièmement, soutenir les organisations mandatées pour qu’elles puissent, dans la prévention des conflits, s’acquitter pleinement de leur mission. Notre approche en matière de partenariat devrait, entre autres, reposer sur les principes de valeur ajoutée, d’avantage comparatif et d’institutions se renforçant mutuellement. Recommandations • • • • • • • Poursuivre le développement des mécanismes de coordination avec le système des Nations Unies en s’inspirant des propositions déjà présentées par le Secrétaire général des Nations Unies. Appuyer les efforts visant à renforcer l’efficacité des Nations Unies en matière de prévention des conflits, en entretenant la dynamique induite par le rapport du millénaire et par le rapport Brahimi sur le maintien de la paix. Approfondir le dialogue avec d’autres partenaires clés aux niveaux international et régional, tels que l’OSCE, le Conseil de l’Europe et le CICR, afin de définir des priorités communes, de renforcer le soutien apporté à leurs mandats et de coopérer dans le cadre de la mise en œuvre des politiques de l’UE. Tirer parti de l’expérience acquise par d’autres acteurs dans l’élaboration des plans d’action et des stratégies de l’UE à l’égard de certains pays et régions. Intensifier le dialogue avec les spécialistes et les ONG afin d’être plus efficaces lors de l’identification des risques de conflits et de garantir une convergence étroite des efforts sur les questions prioritaires. Promouvoir systématiquement les droits d’accès aux zones de conflit potentiel des autres organisations mandatées, y compris le CICR, l’OSCE et les rapporteurs des Nations Unies pour les droits de l’homme. Intégrer de manière cohérente les priorités de la prévention des conflits dans le dialogue politique avec nos partenaires internationaux (comme c’est déjà le cas avec le Canada et le Japon) a insi qu’avec ceux confrontés directement à un risque de conflit. • 233 Appuyer les initiatives en matière de prévention des conflits dans le cadre du G8, notamment dans les domaines où le G8 peut apporter une valeur ajoutée particulière, tels que les armes légères et le commerce illicite de produits de base de grande valeur. IV. Mesures à long terme 17. Il existe une vaste gamme de mesures qui peuvent être mises en œuvre à long terme pour étayer une stratégie globale de prévention des conflits. Nombre de ces mesures représentent un volet essentiel de l’action de l’Union dans le domaine des relations extérieures. De manière générale, l’action à long terme ne s’attache pas à éviter qu’un conflit spécifique et imminent n’éclate mais vise plutôt à s’attaquer aux causes profondes du conflit, contribuant ainsi à l’objectif global de paix et de stabilité. L’Union, en tant que partenaire de négociation au niveau mondial et principal dispensateur d’aide au développement, a la possibilité de prendre part à la prévention des conflits même dans les régions qui ne sont pas des zones d’action prioritaires. Le cadre normalisé pour les documents de stratégie par pays, récemment arrêté, devrait devenir une base importante pour assurer la cohérence entre les programmes de coopération à long terme et les autres actions complémentaires destinées à prévenir les conflits. L’action à long terme peut être constituée, d’une part, d’instruments horizontaux explicites quant à leur objectif global de prévention des conflits et, d’autre part, de mesures de portée plus large, portant sur des questions économiques et de développement plus générales mais jouant un rôle non moins important pour ce qui est de créer les conditions d’une stabilité à long terme. 18. Nombre de questions horizontales sont des questions relativement nouvelles en politique internationale. La mise en place de la Cour pénale internationale et la création de nouveaux instruments internationaux relatifs aux mines terrestres et à la question des enfants soldats nous permettront de faire face aux nouveaux problèmes qui apparaissent, mais ces initiatives doivent être suivies d’efforts soutenus et concertés pour que tous les États ratifient ces instruments et appliquent les normes qu’ils contiennent. Il faut pour cela assurer une plus grande convergence entre les programmes de la Communauté et ceux des États membres portant sur ces questions. L’importance que nous attachons au respect des droits de l’homme et des normes juridiques internationales guide largement ces efforts. Beaucoup de conflits s’accompagnent de violations des droits de l’homme et du droit humanitaire. Une des priorités de nos politiques de prévention des conflits doit être d’assurer une meilleure concordance entre les engagements internationaux et leur mise en œuvre concrète. 19. D’autres sujets de préoccupation doivent encore être abordés, avant tout la question du commerce des armes légères et celle du commerce des diamants. L’Union doit continuer à appuyer de telles initiatives, qui ont clairement un rôle à jouer dans la prévention des conflits. Elle doit demeurer ouverte aux suggestions (qu’elles viennent de ses membres ou de l’extérieur) formulant de nouvelles propositions imaginatives qui pourraient mériter son soutien. 20. Les nombreux instruments dans le domaine de la justice et des affaires intérieures revêtent également une importance croissante. Toutes les mesures de lutte contre la criminalité organisée, le trafic de drogues et le blanchiment de capitaux contribuent, à long terme, à assurer une plus grande stabilité et sont donc également un facteur de prévention 234 des conflits. Les initiatives menées ces dernières années sous l’égide des Nations Unies, du G-8, ainsi que dans d’autres contextes, ont permis de créer des cadres pour prendre des mesures concertées au niveau international. L’Union a participé à toutes ces initiatives et s’est efforcée d’adapter ses propres instruments dans cette optique. Le défi auquel se trouve désormais confrontée l’Union est de mettre en place des mécanismes de décision politique lui permettant d’intégrer ces initiatives dans son approche politique globale à l’égard des différents pays et régions, d’évaluer leurs apports respectifs et d’établir des priorités pour l’avenir. 21. Aux côtés de ces mesures horizontales, il existe une large panoplie d’instruments susceptibles de contribuer à la prévention des conflits. Ceux-ci doivent être utilisés de manière plus ciblée afin de s’attaquer aux causes premières des conflits violents, telles que l’inégalité des chances, le manque de légitimité et d’efficacité des gouvernements, l’absence de cadres permettant un règlement pacifique entre les intérêts de groupe et d’une société civile active et organisée. Dans de nombreux pays, la prévention des conflits peut également être considérée comme un objectif de développement, car en l’absence de paix et de stabilité démocratique il ne peut y avoir ni réduction de la pauvreté ni développement durable. 22. La façon la plus efficace pour l’Union d’utiliser ses instruments de coopération pour la prévention des conflits est d’intégrer des mesures à long terme de consolidation de la paix dans ses stratégies de coopération par pays. Dans les pays où la situation est instable, des projets et des programmes spécifiques dans les domaines de coopération inclus dans les documents de stratégie par pays devraient être consacrés à apporter un soutien à la résolution pacifique des conflits et au renforcement de la démocratie. Ils devraient viser à soutenir le dialogue politique et les efforts de médiation, les institutions démocratiques, l’état de droit et l’administration de la justice, la mise en place d’une police efficace et impartiale et, dans les pays qui sortent d’un conflit armé, la démobilisation et la réintégration des combattants, y compris des enfants soldats. En outre, dans les domaines traditionnels de la coopération au développement (infrastructures, santé, éducation, etc.), la réduction des déséquilibres existant dans une société, qu’ils soient d’ordre ethnique, régional ou économique, doit être prise en compte dans l’allocation des fonds à des secteurs spécifiques. 23. L’Union devrait également aider davantage les acteurs non gouvernementaux qui contribuent à développer une culture de démocratie, de tolérance et de règlement pacifique des conflits, en soutenant des projets et des programmes d’aide aux médias indépendants, à la société civile, aux organisations non gouvernementales locales, aux mouvements de femmes, etc. 24. Le déploiement efficace des mesures horizontales ainsi que des mesures visant à s’attaquer aux causes premières des conflits exige de coordonner bien plus étroitement les instruments communautaires et les instruments pertinents des États membres. Cela passe par une coopération précoce tant dans le pays qu’entre les capitales. 235 Recommandations • • • • • Il convient d’accorder une plus grande attention à la cohérence et à la coordination des mesures envisagées ou adoptées au cours des différentes phases d’une situation de conflit ou de crise. La Commission présentera en janvier 2001 une communication sur les liens entre l’aide d’urgence, la réhabilitation et le développement, qui comprendra notamment des propositions visant à assurer une transition plus rapide et plus cohérente entre les différentes phases d’assistance aux dans les pays traversant une crise, de nature politique ou autre. Il faudrait dresser l’inventaire des instruments et des politiques de l’UE susceptibles d’être mis à contribution dans les situations de conflit. La Commission prévoit de présenter au printemps 2001 une communication sur la prévention des conflits, qui sera axée sur l’utilisation et l’éventuelle adaptation des instruments communautaires dans ce sens. La Commission travaillera également au « Manuel de prévention des conflits » détaillant les instruments et procédures concernés. Dans le contexte des discussions, à l’issue du sommet d’Évian, sur les moyens d’améliorer la coordination entre les instruments communautaires de coopération extérieure et les instruments des États membres, il est recommandé de renforcer les échanges d’informations sur les questions économiques et politiques, tant entre les capitales que dans le pays même. Il s’agira notamment de donner un nouvel élan à l’Electronic Bulletin Board (EBB) créé par la Commission en 1999 pour relier les responsables géographiques de la Commission, du Conseil et des États membres. Une décision rapide du Conseil sur la proposition de refonte du règlement financier permettrait de faciliter l’aboutissement de la réforme des programmes de coopération extérieure de la Communauté. Dans ce contexte, la Commission s’efforcera, au plan interne, de mobiliser plus rapidement les fonds disponibles au titre de ses différents programmes de coopération. L’Union devrait s’attacher, en priorité, à préparer avec efficacité la Conférence internationale des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects ainsi qu’à la ratification et à la mise en œuvre des nouveaux instruments internationaux, notamment le Statut de Rome de la Cour pénale internationale et la Convention d’Ottawa sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction. 236 V. Mesures à court terme 25. Les situations susceptibles de déboucher sur un conflit à court terme sont souvent caractérisées par leur complexité et par la rapidité avec laquelle la situation évolue. Pour tirer le meilleur parti des instruments et capacités dont elle dispose, l’Union doit faire face aux défis spécifiques qui se posent pour l’élaboration et la mise en œuvre des politiques. 26. Premièrement, les efforts visant à prévenir les conflits doivent reposer sur un engagement diplomatique énergique et suivi, qui consiste notamment à adresser des messages clairs tant aux pays et aux régions dont la situation politique se dégrade qu’aux partenaires internationaux. Des progrès ont été accomplis. Les instruments diplomatiques traditionnels de l’UE, tels que le dialogue politique structuré, les démarches et les visites à haut niveau, sont de plus en plus efficaces. L’envoi de représentants spéciaux permet un engagement soutenu tant au Moyen-Orient qu’en Afrique ou que dans les Balkans occidentaux. La nomination du Haut Représentant, doté de ressources nouvelles, au Secrétariat général du Conseil a haussé le niveau de notre engagement diplomatique et élargi sa portée. Cet engagement doit néanmoins reposer sur une approche mieux définie, plus flexible et plus vigoureuse à l’égard du dialogue que celle qui est souvent adoptée à l’heure actuelle. Il est indispensable d’établir davantage de contacts informels avec un large éventail d’acteurs, de fixer des mandats précis et d’utiliser plus efficacement les liens privilégiés que peut avoir tel ou tel État membre pour atteindre un objectif politique commun. C’est cette politique qui a contribué efficacement à la transition pacifique vers la démocratie en Serbie. L’efficacité du dialogue sera encore améliorée par la mise en place de la PESD et la mise au point d’un éventail complet d’instruments civils et militaires, ce qui étoffera la panoplie disponible pour la prévention des conflits et permettra à l’UE de déployer des instruments civils et militaires de gestion des crises dans le but de prévenir les conflits. 27. Deuxièmement, un défi particulier pour l’Union consistera pour celle-ci à formuler ses politiques en anticipant les situations plutôt qu’en y réagissant. Plus l’Union sera en mesure d’anticiper et de traiter rapidement les problèmes, plus faible sera le coût humain et financier final. La prévention des conflits doit d’ores et déjà commencer dans des situations de « paix instable », lorsque des problèmes structurels sont apparents mais qu’ils n’ont pas encore été suivis d’une explosion de violence. L’Union a accès à de nombreuses sources d’informations et dispose de divers moyens, dont beaucoup sont nouveaux, pour évaluer les situations et formuler des options politiques. Leur potentiel doit encore être pleinement développé. Transformer l’alerte rapide en action rapide exigera du Conseil et de ses organes, à tous les niveaux, qu’ils fassent preuve de volonté politique afin de favoriser l’évaluation anticipée des problèmes potentiels et la formulation d’éventuelles options politiques. 28. Troisièmement, nous avons clairement besoin, comme pour nos mesures à plus long terme, de politiques globales et intégrées couvrant toute la gamme des facteurs susceptibles d’engendrer ou d’exacerber la violence. Il s’agit notamment de la discrimination à l’égard des minorités, du déplacement forcé de populations, des violations des droits de l’homme, de la faiblesse des institutions, de la disponibilité d’armes légères, des violations du droit humanitaire, de l’exclusion des organisations internationales et des atteintes à la liberté des médias. 237 29. Quatrièmement, être capable de déployer rapidement les instruments appropriés constitue un défi permanent. En effet, différentes autorités et procédures peuvent être nécessaires pour prendre des décisions et attribuer les responsabilités : l’aide humanitaire et la politique commerciale sont du ressort de la Communauté tandis que les instruments du troisième pilier et les nouvelles capacités civiles et militaires relèvent avant tout de la compétence des États membres. Parvenir à la cohérence et à la rapidité d’intervention n’est pas uniquement une question d’instruments mais de volonté politique. Recommandations • • • • • • Il conviendrait d’évaluer l’utilisation des instruments diplomatiques destinés à la prévention des conflits (dont l’envoi de représentants spéciaux) en ayant comme objectif un engagement diplomatique mieux défini, plus flexible et plus résolu. Le Comité politique et de sécurité devrait continuer à exploiter son potentiel en tant que point focal dans le cadre de la PESC et de la PECSD pour définir, mettre en œuvre et accompagner les politiques de prévention des conflits. Les groupes du Conseil devraient aider le Comité politique et de sécurité dans cette tâche et prendre l’habitude de tenir des réunions communes et des discussions informelles avec les organisations compétentes. Il conviendrait de recourir davantage, et de manière anticipatoire aux chefs de mission pour prévenir les conflits, notamment en les chargeant de se rendre dans les zones de conflit potentiel et d’établir des rapports systématiques et réguliers. Il conviendrait d’assurer une meilleure coordination entre les multiples sources d’information désormais disponibles pour identifier et surveiller les conflits potentiels, notamment par l’engagement des États membres à partager toutes les informations pertinentes. L’Unité politique et la Commission devraient élaborer régulièrement des documents sur la prévention des conflits en vue de leur examen par les décideurs politiques. VI. Conclusion 30. Pour que l’action de l’UE en matière de prévention des conflits soit efficace, il faut que la volonté politique soit déterminée et que cette action constitue une priorité. Il conviendrait de mener les travaux futurs en tenant compte de nos échecs mais aussi de nos succès. Ainsi, l’Union a contribué dans une très large mesure à la création d’une stabilité permanente en Europe centrale et orientale. La rapidité avec laquelle l’aide politique et financière a été apportée au Monténégro a fait beaucoup pour stabiliser une situation de conflit potentiel; le soutien que nous avons apporté aux forces démocratiques en Serbie ainsi que le récent sommet de Zagreb, qui a mis l’accent sur le processus de stabilité et d’association, permettent d’envisager une paix durable dans la région. Cette action peut également se prévaloir de succès dans d’autres régions du monde. Après une décennie où les échecs se sont succédé, la communauté internationale a, par exemple, agi pour mettre un terme à la spirale du conflit au Timor- oriental et a pris des mesures pour assurer le soutien et la sécurité nécessaires au rétablissement de l’autorité publique et de la société civile. 238 31. Les défis auxquels l’Union fait face en entreprenant d’améliorer sa cohérence et son efficacité en matière de prévention des conflits sont semblables à ceux qu’elle doit relever dans l’ensemble de son action extérieure. En effet, il s’agit d’établir et de maintenir des priorités d’action, d’assurer une utilisation cohérente de ce qui est aujourd’hui un éventail très large de ressources afin de respecter ces priorités, de mettre en œuvre ces ressources d’une façon clairvoyante, flexible et intégrée et de construire et poursuivre des partenariats efficaces avec ceux qui partagent nos valeurs et nos priorités au niveau local, national, régional et mondial. Traiter ces questions dans le contexte de la prévention des conflits peut imprimer un élan aux efforts que nous déployons pour une plus grande cohérence dans l’ensemble de notre action extérieure. C’est une entreprise politique ambitieuse, qui ne pourra être menée à bien que si nous exerçons notre volonté politique. Il n’en reste pas moins que nous devons accorder au traitement de ces questions une place de choix parmi les priorités du Conseil. Les avantages qui découlent d’une prévention efficace des conflits – pour la vie humaine, la stabilité politique, les budgets nationaux et communautaires, le commerce et les investissements – l’emporteront largement sur les efforts que nous aurons accomplis. 34 Conseil de l’Atlantique Nord Bruxelles, 14 et 15 décembre 2000 Lors du Conseil européen de Nice, les ministres réitérèrent le souhait et le besoin d’arrangements et de liens permanents entre l’UE et l’OTAN. Aucun accord à ce sujet n’intervint lors de la réunion du CAN à Bruxelles les 14 et 15 décembre 2000 en raison du mécontentement turc de la gestion de la « question de la participation ». Le dîner informel organisé à la dernière minute, le 15 décembre, à l’intention des ministres des affaires étrangères de l’OTAN et de l’UE ne permit pas de régler la question. Les extraits du Communiqué final de la réunion du CAN reproduits ci-après concernent les relations OTAN-UE, suite au Conseil européen de Nice. COMMUNIQUÉ FINAL (…) 28. Nous avons fait le point sur les progrès réalisés jusqu’à présent en ce qui concerne le développement de l’Identité européenne de sécurité et de défense, conformément aux décisions prises au Sommet de Washington et aux réunions ministérielles ultérieures. Nous avons réaffirmé notre détermination à renforcer le pilier européen de l’OTAN et demeurons attachés à un partenariat transatlantique équilibré et dynamique. Nous partageons l’objectif, entériné par les Étatss membres de l’UE au Conseil européen de Nice, d’un partenariat stratégique véritable dans le domaine de la gestion des crises entre l’OTAN et l’UE. L’Alliance restera le fondement de la défense collective de ses membres et continuera activement de jouer le rôle important qui est le sien dans le domaine de la gestion des crises, comme le prévoit le Concept stratégique. Le partenariat entre l’OTAN et l’UE et le développement d’une IESD effective et dotée de moyens, conformément aux principes établis au Sommet de Washington et aux réunions ministérielles ultérieures, renforceront l’Alliance, à travers laquelle nous restons disposés à poursuivre des objectifs communs en matière de sécurité chaque fois que possible. 29. Nous nous félicitons de l’intensification du dialogue entre l’Alliance et l’Union européenne depuis notre dernière réunion, à Florence. Dans ce contexte, nous attendons avec intérêt le dîner de travail des Ministres des affaires étrangères de l’OTAN et de l’Union européenne, ce soir, qui constitue un pas important dans l’établissement de relations étroites, fondées sur la confiance et mutuellement bénéfiques entre les deux organisations. Nous avons accompli des progrès au sein des groupes de travail ad hoc OTAN-UE qui se sont réunis pour examiner les questions de sécurité, les arrangements permanents pour la consultation et la coopération, les modalités de l’accès de l’UE aux moyens et capacités de l’OTAN, et les objectifs de capacités, compte tenu de toutes les questions pertinentes, y compris celles liées à la participation. Avec les deux réunions du Conseil de l’Atlantique Nord et du Comité politique et de sécurité intérimaire de l’UE tenues en septembre et en novembre, ils ont permis aux deux organisations et à leurs 240 membres de mieux comprendre comment ils pourraient coopérer le plus efficacement à l’avenir. Nous attendons avec intérêt la suite de leurs travaux, ainsi que les réunions à venir du Conseil de l’Atlantique Nord et du Comité politique et de sécurité, qui doivent permettre de développer tous les éléments des relations envisagées entre l’OTAN et l’UE. Nous accueillons aussi avec satisfaction l’établissement d’un accord de sécurité intérimaire entre les deux organisations, et notons que l’OTAN est disposée à conclure de façon prioritaire un accord de sécurité permanent avec l’Union européenne. 30. Les Alliés européens sont décidés à continuer de renforcer leurs capacités militaires et à consolider le pilier européen de l’Alliance. Cela améliorera leur aptitude à contribuer à la fois aux missions de l’Alliance et à des opérations dirigées par l’UE pour des tâches de Petersberg lorsque l’Alliance dans son ensemble n’est pas engagée. Nous notons que ce processus n’implique pas la création d’une armée européenne et que l’engagement de ressources nationales pour des opérations dirigées par l’UE sera fondé sur des décisions souveraines. Nous nous félicitons des efforts déployés par l’UE pour atteindre son Objectif global d’ici à 2003, comme prévu par le Conseil européen d’Helsinki, contribuant ainsi à l’amélioration et au renforcement des capacités militaires européennes. Sur la base d’une décision du Conseil, les experts de l’Alliance ont donné des avis militaires et techniques pour les travaux des experts de l’UE sur l’établissement d’un catalogue de forces et de capacités pour l’Objectif global de l’UE. Nous notons que celle-ci reconnaît la valeur de cette contribution. L’OTAN est prête à fournir d’autres avis d’experts, sous réserve des décisions nécessaires et sur demande de l’UE. Nous nous félicitons des engagements pris à la récente Conférence d’offres d’engagement de capacités de l’UE, et notons que celle-ci est reconnaissante des contributions additionnelles significatives offertes par les Alliés européens non membres de l’Union au pool de forces disponibles pour des opérations dirigées par l’UE. Comme il a été dit le 21 novembre 2000 à la réunion entre l’UE et les Alliés européens n’appartenant pas à l’Union, ces contributions sont importantes et renforceront l’éventail de capacités potentiellement à la disposition de l’UE. Nous notons que celle-ci reconnaît la nécessité d’apporter de nouvelles améliorations aux capacités. L’Initiative de l’Alliance sur les capacités de défense sert aussi le renforcement des capacités européennes. Les objectifs découlant de la DCI de l’OTAN et l’Objectif global de l’UE se renforcent mutuellement. 31. Nous prenons note et nous félicitons des propositions faites par le Conseil européen à Nice en ce qui concerne des arrangements permanents visant à garantir une transparence, une consultation et une coopération pleines et entières entre l’OTAN et l’UE. Nous sommes convenus que les consultations et la coopération seront développées entre les deux organisations sur des questions d’intérêt commun relatives à la sécurité, à la défense et à la gestion des crises, afin qu’il soit possible d’apporter à celles-ci la réponse militaire la plus appropriée et de gérer efficacement les crises. Nous attendons avec intérêt la mise en place prochaine de tels arrangements mutuellement satisfaisants, qui seront fondés sur les principes énoncés à Washington et aux réunions ministérielles ultérieures, lesquels seront pris en compte dans l’accord-cadre établissant ces arrangements. Ceux-ci sont essentiels pour le développement, entre les deux organisations, de relations étroites, fondées sur la confiance et transparentes, comme prévu au Sommet de Washington. 241 Nous nous félicitons de l’intention de l’Union européenne de faire en sorte que ce dialogue se poursuive au moyen d’une série régulière de réunions aux niveaux des Ministres, du Conseil de l’Atlantique Nord/Comité politique et de sécurité, des Comités militaires et des experts, de même que par des contacts avec les secrétariats afin d’assurer la consultation, la coopération et la transparence. Nous souscrivons au point de vue de l’UE selon lequel, dans la phase d’émergence d’une crise, les contacts et les réunions seront intensifiés. L’Alliance estime que, lors de chaque présidence de l’UE, il ne devrait pas y avoir moins de trois réunions entre le Conseil de l’Atlantique Nord et le Comité politique et de sécurité, en dehors des périodes de crise, et une réunion ministérielle; l’une ou l’autre des organisations pourra demander la tenue de réunions additionnelles, en cas de besoin. Nous nous réjouissons des dispositions arrêtées à Nice en vue d’inviter le Secrétaire général de l’OTAN, le Président du Comité militaire de l’OTAN et l’Adjoint au SACEUR, conformément à son mandat, à des réunions de l’Union européenne. De notre côté, sur la base de la réciprocité, nous inviterons la Présidence et le Secrétaire général/Haut Représentant de l’UE à des réunions de l’OTAN. De même, le Président du Comité militaire de l’UE ou son représentant seront invités à des réunions du Comité militaire de l’OTAN. L’Alliance estime que ces propositions constituent la base pour l’accord permanent OTANUE. Nous sommes prêts à nous efforcer de finaliser cet accord sans délai. 32. Comme nous l’avons fait au Sommet de Washington et aux réunions ministérielles ultérieures, nous soulignons qu’il importe de trouver des solutions satisfaisantes pour tous les Alliés à la question de la participation. Nous prenons note des dispositions agréées au Conseil européen de Nice en ce qui concerne le dialogue, la consultation et la coopération avec les Alliés européens non membres de l’UE sur des questions liées à la politique de sécurité et de défense et à la gestion des crises, ainsi que sur les modalités de participation à des opérations militaires dirigées par l’UE. Nous nous réjouissons de l’engagement à intensifier la consultation en période de crise, ce qui permettra également aux Alliés européens non membres de l’UE de faire part de leurs préoccupations lorsqu’ils considèrent que leurs intérêts de sécurité pourraient être concernés. Il est particulièrement important à cet égard que les Alliés européens non membres de l’UE puissent demander la tenue de réunions avec l’Union européenne et soumettre des propositions de points à inscrire à l’ordre du jour. Les Alliés attendent avec intérêt la mise en œuvre pratique, large et effective de ces arrangements, en particulier pour la consultation et la coopération avec le Comité politique et de sécurité de l’UE et le Comité militaire de l’UE, et, comme il conviendra, avec l’Étatmajor de l’UE, de manière à assurer que les Alliés concernés tirent un maximum d’avantages de ces arrangements et qu’ils puissent apporter une contribution efficace. Dans ce contexte, et conformément au Traité de Washington, nous soulignons l’importance que nous accordons au respect des intérêts de sécurité de tous les Alliés et des obligations qu’ils ont les uns envers les autres en tant qu’Alliés. Nous nous réjouissons également de la décision prise par l’UE à Nice sur des propositions initiales visant à développer le dialogue, la coopération et la consultation avec le Canada, ce 242 qui inclut un engagement à intensifier la consultation en période de crise, en particulier lorsque l’UE envisage une opération faisant appel à des moyens et capacités de l’OTAN. 33. Tenant compte de l’évolution des arrangements pertinents dans le cadre de l’UE, les travaux sur l’IESD se poursuivent au sein de l’Alliance conformément aux instructions données au Sommet de Washington et aux décisions prises aux réunions ministérielles ultérieures. Ils se fondent sur le principe selon lequel rien ne sera approuvé tant que tout n’aura pas été approuvé - la question de la participation est également pertinente dans ce contexte. Sur cette base, et conformément aux décisions prises à Washington et aux réunions ministérielles ultérieures, les travaux ont progressé sur les différents aspects de l’agenda de Washington. Cela étant, nous avons l’intention de mettre en place des arrangements pour : un accès assuré de l’UE à des capacités de planification de l’OTAN pouvant contribuer à la planification militaire d’opérations dirigées par l’UE; la présomption de disponibilité au profit de l’UE de moyens communs et de capacités de l’OTAN préidentifiés en vue de leur utilisation dans des opérations dirigées par l’UE; l’identification d’une série d’options de commandement européen pour des opérations dirigées par l’UE, qui renforceraient le rôle de l’Adjoint au SACEUR afin qu’il puisse assumer pleinement et de manière effective ses responsabilités européennes; et la poursuite de l’adaptation du système de planification de la défense de l’Alliance en tenant compte des activités pertinentes menées à l’Union européenne et des propositions émanant de celle-ci. Les Alliés seront consultés sur toute proposition d’utilisation de moyens et de capacités par l’UE, avant la décision de mettre à disposition ces moyens et capacités, et il seront tenus informés pendant l’opération. 34. Un important travail reste à accomplir, que nous mènerons de manière intensive. Nous demandons au Conseil en session permanente de continuer à travailler à la mise en œuvre des décisions sur l’IESD, sur la base de l’agenda ci-dessus, et de nous faire rapport à notre prochaine réunion. 35. Nous prenons note des décisions adoptées à la réunion ministérielle de l’UEO tenue en novembre à Marseille, et notons en particulier que les mécanismes de consultation ordinaires OTAN-UEO seront suspendus, à l’exception de ceux qui resteront nécessaires pendant la période de transition, en particulier pour l’étude théorique conjointe (JES 2001) qui aura lieu l’année prochaine, et que nous attendons avec intérêt. Nous saluons la contribution importante que l’UEO a apportée au développement de l’architecture de sécurité et de défense européenne. Nous avons apprécié l’étroite coopération entre l’OTAN et l’UEO et nous rendons hommage aux personnels des deux organisations pour le rôle qu’ils ont joué à cet égard.